"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 4 avril 2012

L'islamisme dans le collimateur et polémiques


Les récents coups de filets contre les milieux islamistes et qui semblent devoir se poursuivre au moins jusqu'aux élections, on verra ensuite ce qu'il demeurera de cette offensive en particulier en fonction du vainqueur, amènent évidemment un certain nombre de questions. Surtout pour les ignorants et pour ceux que, davantage que les arrestations elles-mêmes, leur médiatisation dérange. Mais au-delà de ce dernier point concomitant à une période électorale, la question de l'accueil de ses arrestations par certaines franges de la population, à relier avec les réactions qui ont suivi l'affaire Merah, reste brûlante.
 
Si on prend l'enchainement des faits sur un plan purement événementiel et superficiel, en gros tout ce qui se voit à la télé, on a donc eu successivement les crimes commis par le terroriste islamiste Merah, sa neutralisation, les mises en cause de la DCRI dont certains n'ont pas hésité à dire qu'elle aurait pu, voire dû, empêcher les massacres, et du RAID, avant une phase d'arrestations d'islamistes radicaux dont certains désormais sont sous les verrous après leur mise en examen.
 
Ce qui gêne désormais ces braves gens de gauche, c'est le fait que les coups de filets aient connus une forte médiatisation. Il y a peu encore ce seraient sans doute, pour certains, les arrestations qui les auraient gênés, au nom du respect des libertés qui suppose qu'on ne mette pas sous les verrous des gens qui n'avaient que des intentions de nuire mais qui n'étaient pas passé à l'acte. Il suffit de revenir en arrière et de se pencher sur l'affaire Hicheur, ce physicien du CERN soupçonné en 2009 d'avoir envisagé des actes terroristes contre l'armée et appréhendé et écroué, actuellement en attente de verdict à l'issue de son récent procès. Son incarcération à titre préventif en avait ému plus d'un. Les mêmes sans doute qui se sont plaints que la DCRI n'ait pas neutralisé Merah avant qu'il ne commette ses crimes. Car c'est comme ça chez ces bonnes gens, on n'en est pas à une contradiction près, en se maintenant dans cette posture bien commode de maudire les conséquences des causes que l'on chérit et qui permet quoiqu'il arrive de se trouver toujours dans le camp des vertueux. Seulement cette fois-ci, c'était quand même moins simple de s'indigner à bon compte après cette série d'arrestations. L'affaire Merah est bien trop récente pour qu'on puisse condamner les services de renseignement d'avoir agi à titre préventif.
Il reste donc à trouver d'autres raisons de s'indigner. Car ce serait trop beau que face à un danger qui menace la France, on puisse avoir une attitude sinon commune, au moins discrète quand on a quelques réserves. On va donc chercher ce qui pourrait nuire au gouvernement. Et là on trouve deux choses. La première qui ne tient absolument pas la route, c'est que ces coups de filets arrivent juste à point après l'affaire Merah et avant les élections. La seconde qui est sans doute davantage sérieuse, c'est que ces coups de filet ont été médiatisés.
 
Concernant le premier reproche il est fort bien exprimé par le candidat du parti socialiste à la présidentielle, le gros dur qui a voté contre toutes ces lois liberticides proposées par la droite. Il dit : "S'il y a des soupçons, s'il y a des risques, ils doivent être conjurés. Ce qui peut surprendre, c'est pourquoi le faire après un acte terroriste qui a profondément affecté les esprits". Eh oui le calendrier ne lui plait pas. Et on comprend aisément pourquoi. Reste que ce qu'il dit est une manifestation de la plus mauvaise foi. En effet, les forces de l'ordre ont agi après autorisation des juges antiterroristes lesquels avaient été saisis par la DCRI en octobre ou novembre dernier et n'avaient donné leur aval que début mars. On comprend aisément alors que les opérations n'aient pu être menées avant de funeste mois de mars. L'affaire Merah les a peut-être d'ailleurs retardées de quelques jours. Quoiqu'il en soir le temps de monter les opérations, on conçoit qu'il n'y a pas lieu de s'interroger sur le fait qu'elles aient eu lieu à la fin du mois de mars. Mais peut-être doit-on demander à l'opposition si les dates lui conviennent quand il s'agit d'interpeler des islamistes soupçonnés de vouloir passer à l'acte! Par ailleurs un des trois juges saisis étant le juge Trévidic, celui qui instruit actuellement l'affaire abusivement nommée Karachi par les médias, et donc un magistrat qu'on ne peut guère soupçonner de sympathies vis-à-vis de l'exécutif, on comprendra que l'objection de Hollande ne tient pas du tout la route.
De fait le reproche explicite fait par le triste individu qui prétend diriger le pays, le place dans une situation où c'est finalement lui qui passe pour un calculateur. Celui qui juge les actions de l'Etat, non pas en fonction de leur opportunité, mais en fonction du calendrier qui l'arrange.
 
S'agissant du second reproche, la médiatisation, il est exprimé entre autres par la bouche de Aubry, peut-être future premier ministre et soutien inconditionnel dans sa ville de Lille des musulmans que la laïcité dérange. Elle déclare en effet : "Je suis pour la fermeté mais pas pour le spectacle, je suis toujours choquée de voir que les télévisions sont là, laissons la justice faire son travail". Certains pourront peut-être lui donner raison sans pousser leur réflexion plus loin, sans voir que dans un sens ce reproche de médiatisation rejoint celui du calendrier exprimé par son illustre prédécesseur à la tête du PS.
Mais on pourra aussi comprendre qu'après avoir été trainés dans la boue par les mêmes personnes qui les ont accusés de défaillances dans leur travail de prévention, les services n'aient pas hésité à pousser à la médiatisation de ces coups de filet. Car, en effet, les services, DGSE, DCRI, restent en principe assez discrets sur leurs opérations, sauf malgré eux et quand elles échouent comme dans l'affaire du Rainbow Warrior. Nul, à part eux et les gens bien informés ne savent combien d'attentats sont déjoués chaque année. Peut-être d'ailleurs que le climat de peur qu'on reproche à Sarkozy de vouloir instiller serait-il autrement plus dense que ce qu'il est actuellement. Nous avons donc des gens discrets qui ont permis à la France de ne pas connaitre d'attentats islamistes depuis pas mal d'années maintenant et qui brutalement se font trainer dans la boue par ceux-là mêmes qui s'opposent à toutes les lois qui pourraient leur faciliter la tâche. Reconnaissons qu'il faut un certain sang froid pour accepter cela. Alors peut-être peut-on considérer que la médiatisation des opérations n'est pas étrangère à ce manque de reconnaissance évident de la part de certains responsables (!) politiques, à cette insinuation de l'inefficacité des services servie au peuple français dont on oriente la perception de ceux qui les protègent. Plutôt que de déballer tout ce qui a été fait dans la lutte antiterroriste depuis des années et ignoré de la population, afin de restaurer l'honneur des services et la confiance des Français vis-à-vis d'eux, peut-être a-t-il été délibérément choisi de montrer ce qu'ils savaient faire. Cette option est aussi recevable que celle du coup politique.
 
Evidemment c'est ce genre d'insinuations qui retiennent toute l'attention alors que comme d'habitude les vraies questions sont ailleurs.
Je reste en effet très surpris par la réaction de Mohammed Moussaoui, président du CFCM, qui déclare : "Je ne peux que prendre acte de toutes les arrestations qui ont été faites" et appelle "au respect de la légalité et du respect des droits de chacun". Vous admettrez qu'on n'est pas là dans le type de déclaration de soutien aux forces antiterroristes de ce pays. On note même un certain degré de suspicion quant à la bonne application de la loi. C'est quand même un peu fort de la part de quelqu'un qui appelle à ne pas faire d'amalgames, qui a peur de la stigmatisation.
C'est d'ailleurs ce même individu, qui au souhait émis par le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, de voir s'organiser une grande manifestation des musulmans modérés (c'est lui qui emploie ce terme que personnellement je réprouve) à laquelle pourraient participer d'autres Français dont la communauté juive pour dire "stop" à l'islamisme radical, réponde que ce n'est pas possible parce que cette manifestation pourrait être instrumentalisée et parce que l'islam de France est mal organisé. Il est vrai que si cette manifestation était un échec, à cause d'une faible présence de musulmans, ça pourrait faire désordre. Et puis on ne peut guère compter, si on en croit ce monsieur, sur la conscience individuelle de chacun des musulmans de France, lesquels ont besoin d'une structure bien organisée pour s'exprimer. Si c'est le cas, je les plains.
 
C'est surtout ce dernier aspect qui m'interpelle. Le reste étant surtout du folklore ou de l'instrumentalisation par tous d'événements qui méritent mieux dans leur analyse.

3 commentaires:

  1. bonsoir
    je rumine en web et remonte chez vous prendre un peu d'air
    la médiatisation de tout acte sécuritaire musclé est de mise, les armes, la drogue, le terrorisme et c'est la moindre des choses
    Mon quotidien jonche ici dans le Sud Est qui n'est pas à la traîne pour des antres à keffieh

    J'en reviens toujours à cette loi anti nikab, peut être qu'au fond elle pourrait être utile si on constate que sous le nikab il y avait bien autre chose, CQFD, mais ça tout le monde le savait
    cet islam en France commence vraiment à faire désordre et on ne compte pas sur les manif de musulmans modérés mais sur une clarification des instances , CFCM, UOIF, de leur position des organisations des mosquées....
    de ces mosquées d'où partent bien des enfants vers un Allah à caution
    la République ménage la chèvre le choux marche sur des oeufs noie le poisson....
    Merci au RAID pour ces descentes, c'est déjà ça, la justice a quand même un reste d'indépendance quoi qu'on en dise!

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  2. Bonjour
    Dans tout ce remue ménage, il y a une question, et une seule, qui me vient:
    Les autorités ont interdit la venue d'un prédicateur qatari invité par l'uoif, ok, très bien, logique et évident au vu de ses prêches
    Les mêmes autorités expulsent 5 zèbres pour le moins très offensifs dans leurs paroles, discours antisémites, pro burqa, anti occident et j'en passe, parfait, bon débarras
    Tout ceci après les tueries mehra, et là le timing me pose problème, quid de ces expulsions s'il n'y avait pas eu tous ces morts ??? Et je laisse de côté ces arrestations de fondus de dieu, qui eux étaient surveillés depuis un bout.....
    Sans ces assassinats récents, je ne suis pas persuadé du tout que ces expulsions seraient intervenues de façon aussi claire, je tique un peu.....
    Car je suppose que ces 5 spécimens devaient nous cracher à la gueule depuis un bon moment
    Mais alors, quelle est la position des organisations sensées représenter l'islam de France ???? Loin d'être limpide tout ceci.....

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  3. Bonjour à tous,

    plutôt que de développer sur la partie politique ou plutôt électoraliste de ces affaires, je préfère vous renvoyer sur la chronique de Zemmour ce matin sur RTL. Tout y est dit.

    http://www.rtl.fr/actualites/politique/article/eric-zemmour-operation-anti-islamistes-ou-electoraliste-7746309124

    En ce qui concerne les réactions des musulmans, ou plutôt cette posture de se placer en victimes potentielles de la stigmatisation sans pour autant jamais rien faire de notable pour condamnent les crimes commis ici ou ailleurs au nom de l'islam, je continue à penser qu'il n'existe pas d'islam modéré, ni même de musulmans modérés. Je veux bien admettre qu'il existe des musulmans réformateurs,comme l'imam de Drancy par exemple, en fait des gens courageux car ils risquent leur vie, qui souhaitent sortir l'islam de son totalitarisme, c'est à dire une doctrine à la fois religieuse, morale, politique et sociale, pour la réduire à un champ purement religieux mais ramenant ensuite le lien spirituel à un dialogue entre l'individu et dieu. Autant dire que c'est un sacré boulot qui sera aussi difficile que celui mené par la Réforme et avec des massacres interreligieux au moins aussi cruels que ceux qui se déroulèrent sur notre sol à d'autres époques. L'imam de Drancy parle d'un islam de France. Il a tort, c'est un autre islam qu'il propose en vérité, un véritable schisme. Et c'est là la seule voie.

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