"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 30 mai 2012

Hauts salaires : quelques chiffres


Quelques salaires de millionnaires en 2011 (en millions d'euros):

Bernard Arnault (LVMH) : 4,4

Franck Riboud (Danone) : 4,3

Jean-Paul Agon (L'Oréal) : 3,9

Sébastien Loeb (pilote de rallye): 7,2

Yoann Gourcuff (footballeur) : 6,8

Jo-Wilfried Tsonga (tennisman) : 5,5

Dany Boon (acteur, réalisateur) : 7,5

François Cluzet (acteur) : 3,1

Vincent Cassel (acteur) : 2,5

Baudouin Prot (BNP) : 2,2

Jean-Paul Chifflet (Crédit agricole) : 2

Frédéric Oudéa (Société générale) : 2

David Guetta (DJ) : 3,2

Eddy Mitchell (chanteur) : 4,3

Jean-Louis Aubert (chanteur) : 3,9

 
Et maintenant quelques salaires 2013 (après l'avènement d'une société juste):

PDG EDF* : 0,35 (maximum)

 PDG AREVA* : 0,35 (maximum)

PDG La Poste* : 0,35 (maximum)

PDG entreprise publique quelconque* : 0,35 (maximum)

*Je suis désolé, mais je n'ai pas encore les noms.

  
Donc si vos enfants vous disent que quand ils seront grands ils veulent être sportifs de haut niveau, acteurs ou chanteurs, encouragez-les dans cette voie : non seulement ils pourront peut-être gagner beaucoup d'argent, énormément d'argent, et en plus ils ne seront pas insultés, ou comment on dit?, ah oui, stigmatisés. A défaut, s'ils ont un pied bot, une voie de crécelle, un physique ingrat, conseillez leur le secteur public s'ils ont un esprit d'entrepreneur. Les risques de finir accrochés à une lanterne seront moins grands.

mardi 29 mai 2012

Bien-pensance contre pensée nauséabonde


Il y a peu j'écoutais Laurent Joffrin face à Elisabeth Lévy interrogés par Alain Finkielkraut, alors qu'on lui faisait remarquer que l'argumentation mensongère et outrancière pouvait faire partie des armes de ceux qui défendent becs et ongles les minorités, de ceux qui, pour résumer, se targuent de penser bien, répondre qu'après avoir été autant opprimées on pouvait bien leur pardonner ces excès et que ceux de l'antiracisme, par exemple, étaient inoffensifs par rapport à ceux du racisme. C'était bien ce dernier qu'il fallait combattre, et non son contraire quels que fussent ses excès. On peut déjà trouver choquant ce genre de propos de la part d'un journaliste dont le métier, la mission même, est tout de même, mais peut-être me trompai-je, la promotion de la vérité quelle qu'en soit ensuite l'utilisation faite à des fins idéologiques (après tout chacun peut faire le tri à partir du moment où les faits qui servent de soutien à une thèse sont avérés), mais surtout on peut ne pas être d'accord. Car si les lois protègent du racisme qui constitue tout de même un délit, elles ne protègent pas des anathèmes lancés à la tête de leurs boucs émissaires préférés par les associations diverses, ce qui prouve au moins leur rentabilité assurée par le contribuable, chargées de protéger notre société des actes et paroles racistes. Enfin quand je dis protéger notre société, il ne s'agit pas de la société dans sa globalité puisque, semblerait-il à la lueur des nombreuses interventions médiatico-judicaires de ces officines que le racisme vis-à-vis des blancs, par exemple n'existe pas.

Mais j'aurais tort de limiter mon propos aux associations antiracistes, même si elles sont une de mes cibles préférées, car ce phénomène est loin d'être circonscrit à elles seules. C'est effectivement un phénomène médiatique et même politique et social auquel nous assistons depuis plusieurs années, allant sans doute en s'amplifiant. La dernière campagne présidentielle, la pré-campagne et même la période qui précédait nous ont effectivement montré que si dans notre pays, la liberté d'expression existait encore, formellement du moins, il n'était pas bon et bien de dire certaines choses, et en particulier la vérité. Nous avons pu, effectivement ces dernières années, voir la monté en puissance d'une gauche qualifiée par certaines de ses victimes d'olfactive ou de gauche-pince-à-linge. Evidemment ce n'est pas un courant de pensée, car derrière cela il n'y a hélas aucune pensée. C'est tout au plus un mode de rejet, comment le qualifier, allons-y pour pavlovien.

Alors comment fonctionne ce réflexe? C'est une réaction à un, deux ou trois stimuli, parfois combinés totalement ou partiellement, parfois non.
Le premier, bien qu'il n'y ait pas d'ordre de préférence est la contenu du message incriminé, mais objectivé à partir de critères simples: par exemple, ce sera une critique remettant en cause les merveilleux principes de diversité, de parité ou bien s'en prenant à certains aspects de la religion islamique. Ceci est inadmissible bien entendu.
Le second ce sera l'identité de la personne qui aura tenu certains propos. Dans ce cas, inutile de s'attacher au contenu car il ne peut-être que répugnant : ces personnes ce sont par exemple, Eric Zemmour, cible privilégiée, d'autant plus privilégiée qu'elle dispose encore d'un espace médiatique assez important pour s'exprimer, Elisabeth Lévy, Ivan Rioufol, Robert Ménard, Alain Finkielkraut, en fait ceux qu'on nomme pour plus de simplicité les néo-réacs. La liste se complète avec le temps, elle peut s'allonger mais on n'en sort que mort. Ce sont dernièrement Renaud Camus et Denis Tilinac qui ont bénéficié du soutien des Inrocks pour y faire leur entrée.
Le dernier stimulus est celui auquel est adressé le message : ça peut-être un collectif, comme les jeunes de banlieue ou un individu dont le caractère vertueux est souvent associé à son sexe ou sa couleur de peau : je pense ici, puisque c'est quand même un peu d'actualité à Christiane Taubira.
Alors évidemment si vous commettez une chronique sur une radio mettant en cause les dernières décisions ou projets de madame Taubira, si ces projets sont assimilés à du laxisme vis-à-vis de certaines populations délinquantes, et qu'en plus vous vous appelez Zemmour, vous êtes foutu. Vous aurez beau tenter d'expliquer que le sexe et la couleur de la personne en question n'a aucune importance et que c'est au contenu de sa ligne politique que vous vous en prenez, et même si n'importe quelle personne dotée d'un minimum de bon sens et d'objectivité, donc non atteinte de la pathologie décrite plus haut, pourra le confirmer, rien n'y fera : vous êtes un affreux raciste doublé d'un misogyne. C'est comme ça et il n'y a rien à dire.

Car c'est aussi une des caractéristiques de cette posture qui n'est pas une pensée, je vous le rappelle. Elle n'admet aucune argumentation. La classification est définitive et se caractérise par les qualificatifs suivants : pensée nauséabonde, qui sent mauvais, qui suinte, qui pue, qui fleure bon le Français de souche, répugnante, malodorante. Bref, en ces temps difficiles, si vous avez peur de perdre votre argent, n'hésitez pas, investissez ce qui vous reste dans la pince à linge, c'est un marché porteur. Bien entendu il peut exister quelques variantes pour ceux que les aléas de la vie auraient privés de leur sens olfactif ou l'auraient altéré. Ceux-là seront volontiers choqués ou heurtés face à un discours brutal, voir fascisant, tellement choqués qu'ils ne pourront bien évidemment pas émettre un seul argument.
Or, qu'est-ce que tout cela signifie? Quand le dialogue est rompu, quand la métaphore olfactive remplace l'argumentation, quand chaque phrase prononcée par quelqu'un du camp considéré comme adverse est rejetée sans appel, ça signifie le refus d'envisager la réalité telle qu'elle peut se présenter de façon la plus factuelle, ça signifie le refus d'accorder à ceux qui distinguent cette réalité le droit de s'exprimer. C'est la négation de l'autre. Ou alors quand la réalité s'impose vraiment, que rien ne peut être fait pour l'éluder, on la pare de fausses vertus ou encore on voudrait en faire une norme opposable à tous, donc interdite de critique.

 
Quelques exemples de l'une ou l'autre configuration.

Quand Zemmour affirme que la majorité des trafiquants sont noirs et arabes, c'est inadmissible car c'est faux. On ne peut pas le prouver alors que lui peut prouver le contraire, mais c'est faux quand même et on lui fait un procès. Il est d'ailleurs relaxé sur ce point particulier. Mais comme il est condamné en même temps sur un autre point, celui où il affirme le droit à la discrimination parce que, dit-il, la vie n'est qu'une suite de discriminations dans la mesure où en permanence s'opèrent des choix, on fait vite l'amalgame et la majorité des gens sont persuadés qu'il est condamné sur le premier point. Déni de réalité.

Quand une chaine publique diffuse un reportage accablant sur la nourriture hallal, ça ne pose pas initialement de gros problèmes sans doute parce que peu de monde a vu ce documentaire. Marine Le Pen reprend les conclusions de ce documentaire et c'est un tollé. On n'ira pas jusqu'à dire que le hallal est bon pour la santé, mais on dit tout de même que c'est faux ou que ce n'est pas un problème? Déni de réalité. Même si dans ce cas les choses évoluent assez pour que même le candidat Hollande évoque ce sujet en assurant de sa fermeté entre les deux tours lors du débat télévisé qui l'oppose à Sarkozy. Tout ça parce que la stratégie de déni est refusée par un nombre important de Français.

La victoire de François Hollande s'accompagne d'un déploiement impressionnant de drapeaux étrangers lors de la fête organisée place de la Bastille. C'est indéniable, tout le monde l'a vu au moins sur sa télé, sur internet ou en photos. Ceux qui légitimement s'en offusquent sont vite renvoyés dans leurs buts. Ils n'ont pas vu le drapeau français qui était au fond à gauche ou encore ils ne comprennent une manifestation de liesse de ceux qui veulent seulement montrer leur fierté d'avoir une double appartenance mais qui comme ils n'ont que deux mains et que l'une est déjà prise pour tenir la clope, ne peuvent pas prendre les deux drapeaux symbolisant leurs amours duales et laissent donc le hasard choisir pour eux l'emblème qui sera déployé. J'exagère sans doute un peu, mais je ne suis pas très loin de ce que j'ai pu lire et entendre ici ou là. Pas de déni de la réalité ici. Mais une interprétation de celle-ci selon ses fantasmes. Et ceux qui ne se plient pas à cette interprétation entrent dans la catégorie des racistes ou xénophobes qui n'ont rien compris à la richesse de la diversité.

Estrosi, maire de Nice et accessoirement ami de l'ancien président de la République, prend un arrêté municipal destiné à calmer les manifestations de "joie" un peu bruyantes lors de certains mariage et proscrit la déploiement de drapeaux étrangers lors des épousailles. Personne ne nie, même pas l'opposition qu'il existe des manifestations particulièrement bruyantes lors de certains mariages et de nature à perturber le voisinage. Mais le truc, c'est que cette même opposition en fait tout de suite un arrêt anti-maghrébins. C'est d'ailleurs intéressant puisque c'est elle, et non l'arrêt municipal ou Estrosi, qui relieте ces manifestations à certains membres de la communauté maghrébine. Dans ce sens l'opposition municipale va même au-devant de la réalité, mais pour condamner les mesures prises pour la modifier parce qu'elle toucherait essentiellement les Maghrébins. Parce que dans cette configuration, question de culture à respecter peut-être, la réalité devient acceptable et n'a pas à être corrigée. Tant pis pour le voisinage qui est sommé d'accepter, ou qui devrait en l'occurrence, ce qui est censé devenir une norme.

 
Ces quatre exemples ont évidemment un point commun que vous trouverez sans mon aide. Et c'est évidemment ce dernier qui chatouille souvent les narines des contempteurs de la pensée nauséabonde, les indignés professionnels qui à partir de quelques stimuli sortent non pas leur mouchoir, mais leur pince à linge. Une manière originale de faire progresser le débat et surtout de nous aider à trouver des solutions à un problème de société qui semble de plus en plus profond. Enfin, grâce à eux, le front national a de beaux jours devant lui. Bien évidemment ils s'en montreront émus, et émettront des protestations nasillantes à cause de leur nez bouché. A ceux-là s'applique fort bien cette maxime de Bossuet : "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes".

samedi 26 mai 2012

Petit bilan des 10 premières journées (suite et fin)


Bien! Nous en étions restés au jeudi, 3ème jour, avec le premier conseil des ministres.
Passons donc à ce grand week-end qui aura eu le mérite de mettre notre président tout frais encore, dans l'ambiance internationale. Puisqu'il parait qu'il s'agit là du domaine réservé du président de la République, bien que rien ne le précise dans la Constitution, ces différents sommets, du G8 et de l'OTAN, tombaient à pic, d'autant plus que Hollande avait des choses à dire.

Tout commença par une visite à celui dont il est toujours bien d'être le copain, Sarkozy nous l'avait montré, je veux parler de Barack Obama. J'aurais pu dire le président des Etats-Unis puisque c'est avec l'homme es fonction qu'il est préférable d'avoir de bons rapports, mais avec Obama on a atteint une autre dimension, sans doute due à cette touche d'exotisme qui le caractérise, et qui confine à la pipeulisation. Les retours de manivelle risquent d'être durs si, comme le pense et l'espère mon ami Osceola, les élections de novembre renvoient notre prix Nobel à Chicago.
La visite fut, d'après ce qu'on en sait longue et chaleureuse et montra des points d'accord entre les deux hommes. Mais aussi de désaccord, mais de ça on parla moins. De fait cette visite aurait pu épargner la suite des opérations puisque le G8 et le sommet de l'Otan qui suivirent n'apportèrent aucun autre élément.
Hollande pouvait être content de sa première entrevue avec Obama. Il avait convaincu ce dernier de ses thèses sur la croissance. C'est du moins ce qu'on voudrait nous vendre. Sauf qu'en l'occurrence, les intérêts personnels du président, mais néanmoins candidat à sa succession, Obama coïncident avec les vues de Hollande qui ne jure que par la croissance. Toute bouffée d'oxygène est bonne à prendre pour le président des Etats-Unis dont on connait justement l'échec de sa politique de croissance qui n'a abouti guère davantage qu'à faire exploser la dette américaine. Il semble pourtant rester une référence puisque notre président se targue de son soutien. Allez comprendre!
Le point de friction c'était le retrait anticipé des forces françaises d'Afghanistan. Mais là des points d'accord purent être trouvés qui nous coûteront sans doute cher pour honorer une promesse électorale qui n'était finalement qu'une surenchère par rapport à celle de Sarkozy de quitter ce pays à la fin 2013. Si ce dernier avait dit fin 2012, nos soldats auraient pu défiler sur les Champs-Elysées, à condition cette cérémonie soit maintenue, dès le 14 juillet. Enfin en théorie, puisque derrière une annonce de retrait des forces combattantes, on verra vite une demi-mesure qui ressemblera davantage à un symbole, coûteux certes, qu'à une promesse honorée.

Donc après cette entrevue si riche se déroula le G8. Je passe sur les impairs vestimentaires de notre président qui a sans doute mal choisi son responsable du protocole, à moins que ce soit Fabius qui l'ait choisi pour lui en tant que ministre des affaires étrangères et vieil ennemi, et qui lui ont donné, du moins c'est ce que j'ai vu sur les photos, l'allure rafraichissante d'un pingouin. Mais l'important n'est pas là, évidemment. L'important c'est qu'on ait parlé de croissance. Bon on ne sait pas ce qu'on en a dit, et surtout on ne sait pas, mais si on le sait, s'il existe des divergences sur les moyens et les conditions préalables pour atteindre cette croissance dont je pense que personne n'est l'ennemi, et même pas Merkel dont chaque jour qui passe on charge la barque des pires turpitudes et même incompétences même si par ailleurs l'Allemagne ces jours-ci parvient à emprunter à quasiment 0%. Quoiqu'il en soit, et les photos de famille en témoignent, le G8 n'est sans doute pas le lieu où on doit de fâcher et parler sérieusement des sujets qui dérangent. Du coup, Poutine, fraichement réélu, n'a même pas cru bon devoir se déplacer, préférant sans doute une partie de chasse à cette réunion.
Mais le mot croissance a été prononcé au moins 12 fois et c'est bien là l'essentiel.

Vint ensuite le sommet de l'OTAN, annoncé comme crucial. Notre président annonça évidemment que la France souveraine quitterait l'Afghanistan selon des modalités quelque peu différentes de ses promesses de campagne. Mais réalités obligent. Il ne fut pas insulté. Le secrétaire général de l'OTAN lui fit même part de sa compréhension lui signifiant donc que la notion de continuité de l'Etat était devenue caduque et que les engagements internationaux pouvaient être rompus à la faveur d'une élection. En fait il n'était pas question de se fâcher publiquement lors de ce sommet, l'OTAN traversant une mauvaise passe notamment financière puisqu'en 10 ans les Européens sont passés d'un financement à hauteur de la moitié du budget global de l'alliance à un financement inférieur à un tiers de celui-ci. Finalement quelques compensations financières de la part de la France sont assez bienvenues en cette période de vaches maigres d'autant plus que le retrait de peut-être 2000 hommes, en tout cas pas 3500 comme prévu, avant la fin 2012, ne constitue pas un véritable problème. Et puis ça a permis de faire accepter comme une lettre à la poste la participation de la France au bouclier antimissiles vis-à-vis duquel Hollande, avant d'être président, émettait de fortes réserves.
J'ai déjà eu l'occasion récemment de dire ce que je pensais de la chose. Il est facile de dire que "La France n'est pas n'importe quel pays" (si, si, c'est lui qui l'a dit!) tout en se comportant de la manière la plus désinvolte, tout en affaiblissant le crédit de ce pays qui n'est pas n'importe quel pays.

Et nous voilà déjà mercredi. Avec comme point fort un départ pour Bruxelles après une conférence de presse conjointe avec Rajoy, premier ministre espagnol dont on se souviendra l'air ahuri de celui qui se demandait "mais qui est donc ce Montebourg dont il me parle" quand notre délicat président se servit de lui pour éluder un sujet délicat qu'il avait pourtant demandé qu'on n'hésite pas à lui rappeler si on estimait que sa promesse de ne pas s'entourer de gens condamnés n'était pas tenue. Là encore il n'est pas question pour moi de remettre en cause la légitimité de la présence de Montebourg dans le gouvernement mais de rappeler l'imbécillité de la promesse faite.
Je ne reviendrai pas sur les modes de déplacement présidentiels qui relèvent du gadget d'autant plus coûteux que nos présidents disposent d'une sécurité assez incroyable, en tout cas très largement disproportionnée avec celle de nos voisins. Sans vouloir médire, et d'après ce que je sais, c'est Mitterrand qui inaugura ce phénomène que ne renièrent pas ses successeurs.
Ce diner proposé par notre chef à tous, le président de l'Europe ou presque, Herman van Rompuy, permit une nouvelle fois à notre président, rien qu'à nous celui-là, de rencontrer la chancelière allemande à laquelle parait-il, il fit grise mine. Fin du couple franco allemand? Ce serait dommage. Ou simplement posture préélectorale pour un président en quête d'une majorité qu'il souhaiterait confortable, ce que n'augurent pas les sondages qui néanmoins se trompent souvent? En tout cas les choses ne sont pas simples entre un président qui ne jure que par les eurobonds, donc la mutualisation de la dette européenne, et une chancelière qui ne veut pas en entendre parler, respectant au passage la volonté de son peuple qui lui reproche déjà d'avoir été trop généreuse avec son argent. Ce qui au passage signifie que le SPD, dont beaucoup attendent la victoire, ne risque pas s'il arrive aux affaires en 2013 d'inverser la vapeur. Et puis d'ailleurs, malgré des échecs aux élections locales Merkel reste favorite pour l'échéance 2013. Tout au plus les Allemands lui demandent-ils de cesser de se serrer la ceinture ainsi qu'ils le font depuis plus de 10 ans, avec les résultats que l'on connait, mais surtout pas, en aucun cas, de renflouer les dettes des pays affectueusement nommés du Club Med. Il n'y aura donc pas d'eurobonds. Et je ne vois pas l'utilité de s'arcbouter sur ce sujet à moins de vouloir faire porter à la chancelière allemande le poids de la responsabilité d'une possible et même probable catastrophe.
L'Allemagne parlera de croissance, d'euro projects bonds, et acceptera même des transferts de souveraineté sous certaines conditions bien définies par la cour constitutionnelle de Karlsruhe et qui consistent en une plus grande démocratisation des institutions européennes. L'Allemagne est prête à beaucoup de choses pour l'Europe, mais pas à en être l'éternel débiteur. Il faudrait ajouter pour être complet, et ça on omet souvent de nous le dire, que la position de Merkel est partagée par d'autres pays européens, notamment les Pays-Bas, la Finlande, la Suède et plus généralement les pays du nord. Tandis que les pays du sud dans lesquels on inclura désormais la France verraient évidemment d'un très bon œil l'Europe, donc l'Allemagne, se porter garante de leurs dettes. Ce n'est donc pas l'Europe, représentée par Hollande, contre Merkel, c'est le nord contre le sud. Et donc malgré un affaiblissement relatif de la chancelière allemande qui ne dispose plus du soutien de Sarkozy, on voit qui est le mieux armé pour l'emporter.
En tout cas l'idée de renégocier le traité en cours de ratification a été purement abandonnée par Hollande, contrairement à ses premières promesses de campagne à ce sujet et dont on avait déjà remarqué qu'elles s'étiolaient à mesure que l'échéance approchait. Certes le prochain conseil européen accouchera bien d'un texte sur la croissance, mais reprenant essentiellement les propositions de la commission imaginées évidemment avant l'arrivée de Hollande aux affaires mais qu'il soutiendra, et rappelant que la croissance reste subordonnée à la maitrise des déficits. On pourra évidemment en oubliant de préciser certaines choses présenter ça comme une victoire de notre président.

Pour en terminer avec ces 10 premiers jours de mandat, et ce sera bref car l'essentiel à ce sujet a déjà été évoqué, on ne peut pas ne pas parler de la visite surprise en Afghanistan. Fort heureusement le déplacement ne se fit ni en train, ni en ULM, par soucis d'économie. Le président rencontra nos soldats sur le terrain, ça on ne peut que le mettre à son crédit, pour leur expliquer les raisons de leur prochain (?) retour en France. Un risque terroriste atténué ne justifierait plus notre présence et le temps serait venu de passer la main aux Afghans qui il y a peu encore disaient être en mesure de prendre les rênes en Kapisa mi 2013. Il annonça également que le retrait serait ordonné, ce qui est quand même une grande nouvelle. Imaginez qu'il l'ait prévu bordélique! Au moins là, on est rassuré, surtout ceux qui sont concernés par ce retrait qu'ils doivent d'ailleurs regretter, à ce que j'ai pu lire, du fait de la perte de leur solde OPEX. Car il est vrai que le métier des armes est essentiellement choisi par ceux qui l'exercent par ses énormes potentialités d'enrichissement personnel. Si, si!

Voilà donc le bilan de 10 jours d'exercice du pouvoir par notre nouveau président. Il aura certainement parcouru davantage de distance pendant ces quelques jours que dans toute sa vie précédente et se sera montré. Du moins ceux qui pratiquent les médias français n'auront-t-ils pu ne pas le voir. Maintenant chacun pourra mesurer à l'aune de son objectivité ou de ses convictions le poids réel de ce qu'il a accompli pendant ce temps.

Je vous livre ici mes sources :


 


 

 

vendredi 25 mai 2012

Petit bilan des 10 premières journées (1)


Au moins on ne pourra pas dénier à François Hollande une certaine habileté, il faut dire amplifiée par les bonnes grâces des médias. On a eu un aperçu très récemment de cette complicité entre les médias et lui quand lui fut posée une question concernant Arnaud Montebourg fraichement condamné à laquelle évidemment il ne répondit pas, se livrant à une pirouette peut-être digne du premier secrétaire du PS mais certainement pas d'un président de la République se servant de son hôte pour détourner la question, ce qui, au lieu de soulever au moins la critique de celle qui posait la question, provoqua l'hilarité générale. Il suffirait donc désormais de lancer une bonne vanne pour ne plus répondre aux questions posées et se faire sans doute encore davantage encenser.
C'est vrai que d'une part un calendrier auquel il n'était pour rien, et pour cause, et, d'autre part, la nécessité de brasser beaucoup d'air avant les législatives du fait d'une victoire pas si écrasante qu'espérée à la présidentielle lui ont permis et l'ont obligé à occuper le devant de la scène. Et bien entendu, il savait qu'il serait attendu au virage selon l'expression, d'autant plus que son inexpérience et son manque de caractère avaient été mis en avant pendant la campagne électorale. Il lui fallait donc convaincre qu'il n'était pas celui qu'on pouvait croire. Et il semblerait qu'il l'aurait fait, selon certains du moins.
Mais reprenons toutes les péripéties qui ont marqué ces 10 premiers jours.

On passera très vite sur le premier jour qui se présenta sous de mauvaises augures, au moins météorologiques. On se rappellera son inélégance, pour ne pas dire sa grossièreté, ses trois costards à mettre eu pressing, en espérant que comme Mitterrand il n'avait pas laissé la clé comportant le code nucléaire dans la poche de l'un d'eux (raconté par l'intéressé dans un dîner chez Séguéla peu après sa prise de fonction), son avion foudroyé ce qui arrive très régulièrement et n'oblige pas en principe à se poser en urgence, ses premiers pas maladroits heureusement guidés par une Angela vigoureuse sur un tapis rouge étranger, et une discussion dont évidemment rien de concret ne sortit mais qui allait augurer d'autres rencontres sans doute moins courtoises. Bref, une journée bien remplie mais qui aurait sans doute finie dans le journal d'un monarque marquée d'un "rien". Mais il est tellement vrai que les "rien" donnent souvent davantage de grain à moudre que les choses importantes, tant il est plus facile de les traiter.
Ah si j'oubliais sans doute l'essentiel : le premier acte décisionnel d'un président de la République qui est de nommer son premier ministre. Ce fut pour les Français l'occasion de vérifier une fois de plus que les promesses n'engagent que ceux à qui elles sont adressées. Ce n'est pas en soi que la nomination de celui-là plutôt qu'un autre me dérange du fait d'une vieille histoire. Mais promesse fut donnée sans que des restrictions à son champ d'application soient définies, comme par exemple une réhabilitation (terme qui me semble assez peu approprié puisqu'il suppose que la personne en question a été blanchie, mais comme c'est le terme juridique ad hoc, nous devons l'utiliser).

Le lendemain, ce fut la désignation du gouvernement. Un gouvernement idéal, black, blanc, beur, jaune, et avec un nombre de ministres nécessairement pair pour que puisse être respectée la parité. C'était une promesse de campagne, donc du sérieux. Bon on n'y regardera pas trop si les femmes se sont plutôt retrouvées confinées à des rôles assez traditionnels pour elles, à la fibre évidemment plus sensible, et donc à des rôles plutôt secondaires. Seule exception, Taubira à la justice, ce qui fait jaser et les raisons ne manquent pas. Mais je n'ai pas le temps ni la place d'en parler ici. Un gouvernement composé essentiellement de professionnels de la politique, énarques et fonctionnaires dont beaucoup de membres de l'éducation nationale, donc taillé sur mesure pour régler des problèmes économiques et financiers qui sont tout de même les plus urgents à régler. C'est tellement bien d'avoir des gens de terrain à la tête des ministères. Les conseillers nommés un peu plus tard pour entourer le président à l'Elysée ont sensiblement les mêmes caractéristiques au niveau origine. Mais l'impératif de parité ne s'applique pas à eux puisqu'il y a environ 80% d'hommes. Peut-être une volonté de Valérie qui aura son propre cabinet dirigé par un vieil ami journaliste, bien sûr, et qui pourra rappeler au président sa promesse d'élargir la niche fiscale des journalistes. Ou simplement parce que les conseillers, même si ce sont eux qui finalement dirigent, restent souvent dans l'ombre et que donc leur sexe, leur genre pardon, on s'en moque quand même un peu.

Vient ensuite le jeudi. Premier conseil des ministres, première photo officielle. Combien en restera-t-il après les législatives puisque le premier ministre déclare que les battus aux législatives devront quitter le gouvernement? Du coup la toute nouvelle porte-parole du gouvernement et accessoirement ministre des droits des femmes (ce qui laisserait supposer qu'il y a des droits spécifiques aux hommes) s'estime trop surchargée de travail pour faire campagne pour les législatives. En fait c'est dur d'être ministre en début de quinquennat. Parce qu'on n'est pas sûr d'y rester 5 années et qu'il est quand même utile d'avoir un point de chute quand on sera viré. Et à ce niveau-là, grâce à Sarkozy d'ailleurs s'opposant ainsi à l'esprit de la 5ème République tel que pensé par de Gaulle qui voulait justement des ministres fiables et qui donc ne pourraient retrouver facilement un refuge à l'assemblée puisqu'il fallait que leur suppléant et remplaçant veuille bien démissionner et que soient organisées des élections partielles, l'assemblée nationale est un endroit assez accueillant pour les ministres en déshérence. Encore faut-il être élu.
Sinon, on signe une charte de déontologie qui quand on en voit le contenu laisse à penser que ce qui pouvait passer pour évident par le passé ne l'est plus. Ça rassure. On diminue son salaire de 30%, ce qui ne veut pas dire grand-chose car la limite entre ce qui est pris en compte par le ministère donc l'Etat et le ministre en tant que salarié est toujours évidemment floue. Mais ça permet de camoufler que ce gouvernement n'est pas vraiment ramassé, est même plus étoffé que le précédent et que tout ça, avec les cabinets, les conseillers, les larbins supplémentaires, ça se paie.


Pour des raisons de longueur, suite et fin (sans doute) demain.

jeudi 24 mai 2012

Du bling-bling au plouc-plouc


Notre nouveau président aime les symboles visibles. Son souci de se démarquer de son prédécesseur ne devrait d'ailleurs pas tarder à lui faire reprendre son scooter pour sillonner l'Europe. Mais en attendant ce grand jour où nous verrons un bande de scootéristes fous sur nos routes de campagne, juste histoire de ne pas à avoir à payer les péages, composée du couple présidentiel, de Fabius et Moscovici, suivis et précédés par une cohorte de gardes du corps à cheval sur leurs machines dos à dos, les uns conduisant, les autres épiant les dangers l'arme à la main, sans parler des journalistes, sans doute ceux qui relaient le tour de France car ce sont les mieux préparés à cet exercice, en attendant ce grand moment dont la venue est soumise à quelques préparations et entrainements sur un circuit désaffecté sans doute, notre chef bien-aimé opte pour le train et la voiture pour se déplacer quand un océan ne sépare pas la France du pays de destination. Mais dans ce dernier cas, il est fortement envisagé de s'équiper d'une flotte à voile.

C'est donc en train que s'est déplacé notre président au dîner de travail organisé par van Rompuy à Bruxelles. C'est vrai que Paris-Bruxelles, ça ne fait que 300 kilomètres et que le Thalys semble être un moyen rapide et économique pour circuler entre les deux capitales. Vous remarquerez que je n'ai pas dit sûr, rapide et économique. Car s'agissant de la sûreté ou de la sécurité, notre président normal, homme très ordinaire par ailleurs, n'arrive pas encore à se persuader qu'il peut prendre tranquillement sa réservation par internet, se pointer en taxi à la gare du Nord 15 minutes avant le départ, monter dans le train et assis dans son fauteuil de seconde classe, la condition normale l'impose, regarder paisiblement le paysage en attendant l'entrée en garde de Bruxelles où il trouvera bien, ma foi, un taxi local pour le conduire à son dîner.
Et pourtant! Quand on nous annonce que le président prend le train, c'est forcément à cela que le quidam moyen est invité à penser, à un homme ordinaire, un banal VRP que sa condition professionnelle amène à beaucoup voyager. Tout au plus pourrait-on penser, comme c'est quand même le président et que des malveillants revanchards de l'UMP pourraient vouloir lui faire des misères, qu'une moumoute blonde et des lentilles de contact bleues pourraient être utilisées comme artifice pour camoufler une identité gênante.

Eh bien non! Ce n'est pas comme cela que ça se passe dans la vraie vie d'un président. Avant son arrivée, on envoie une équipe pour sécuriser la gare, on vide sans doute les quais avoisinants celui du train présidentiel, pardon banal qu'emprunte le président, on passe les wagons au scanner et au rayons X, on filtre les voyageurs qui empruntent le train, enfin ceux dont la réservation n'a pas été annulée pour faire de la place au président, à ses ministres accompagnateurs, à ses conseillers, à ses secrétaires, à ses gardes du corps, et à la meute de journalistes invités spécialement en nombre pour montrer que le président est vraiment un homme ordinaire, ce qui lui donne son caractère de président extraordinaire. Je n'ai pas parlé non plus de la sécurisation du trajet imposant notamment de sécuriser les ponts sous lesquels passe le train, et de tout l'arsenal en transmissions sécurisées permettant au président d'être joint à tout moment et selon des protocoles pas ordinaires eux. Sans doute aussi qu'un ou deux hélicoptères surveilleront la progression du train et peut-être même que la chasse est en alerte au cas où. Il y a même des mauvaises langues qui disent qu'on envoie quand même un avion sur place. Vous aurez compris que le prix du billet présidentiel n'est pas vraiment ordinaire. Evidemment je suis bien incapable de chiffrer cela et de dire si au final un vol en avion ou même en hélicoptère, parce que ça existe les hélicoptères aménagés pour ce genre de périple court, aurait coûté davantage ou non. Mais comme ça à vue de nez, étant donné les moyens de sécurité déployés, je penserais plutôt le contraire. Car, ce que je peux affirmer par contre c'est qu'au niveau de la sécurité, c'est un autre casse-tête d'organiser ce genre de ballade que celui de prendre l'avion, casse-tête qu'auront partagé également les Belges qui évidemment ne peuvent se désintéresser du passage d'un chef d'Etat étranger sur leur territoire.
Mais finalement cela n'a que très peu d'importance. L'essentiel c'est, après un président bling-bling, de passer pour un président plouc-plouc.

Et puis le train c'est bien, sauf quand il n'y en n'a plus pour rentrer. Car ce cochon de van Rompuy invite les gens à dîner sans se soucier de leur retour. Et quand on est dans une assemblée de bavards, eh bien parfois le dîner se termine à pas d'heures, et il n'y a plus de métro pour rejoindre la gare, ce qui d'ailleurs n'est pas gênant puisqu'il n'y a plus de train non plus.
Et quand c'est comme ça, on fait quoi? Eh bien on prend la voiture, enfin les voitures, le cortège de voitures blindées ou pas, avec la même meute qu'à l'aller, ce qui fait un certain nombre de véhicules. Les hélicoptères de surveillance et la chasse doivent être encore là, et le trajet est encore sécurisé. En plus il faut se méfier des points sensibles que constituent les péages qu'un homme normal se doit de payer. Parait qu'ils ont mis 3 heures et demie pour rentrer. Donc pas d'excès de vitesse.

Bon moi qui suis un homme normal, très ordinaire même, il ne me viendrait pas effectivement à l'idée de prendre l'avion pour faire un aller-retour Paris-Bruxelles, ni d'ailleurs de partir en train pour revenir en voiture. Mais je crois que si j'étais un président ordinaire, je ferais comme mes prédécesseurs, je prendrais l'avion. Mais peut-être n'avaient-ils pas ce souci de passer pour des ploucs?

lundi 21 mai 2012

Quel week-end !


Ce week-end qui vient de s'achever aura sans doute permis de me convaincre définitivement que désormais les symboles et l'accessoire tiendraient lieu d'information. Ceci sans doute pour une période très durable qui l'est d'autant plus que les moyens pour nous informer sont devenus tellement multiples et redondants qu'ils en ont perdu le sens initial de leur mission au profit d'un travail de marketing destiné à se positionner pour le mieux dans un marché concurrentiel leur imposant, non plus d'éclairer leurs lecteurs, auditeurs ou spectateurs, mais de répondre à leurs attentes qui au demeurant sont bien faibles puisqu'elles se limitent à une demande se spectacle. La pipolisation de l'information est désormais un fait social et ce que nous rapportent les médias n'a plus rien à envier aux contenus de la star'ac ou autres niaiseries qui permettent aux chaines de télévision de faire leur beurre.

Il y a peu de temps, dans un billet ou un commentaire, je ne me souviens plus, je disais qu'un sourire, une poignée de main appuyée constitueraient la marque d'un succès diplomatique. Cette prophétie n'avait rien d'auto-réalisatrice, reste qu'elle s'est avérée exacte. C'est du moins ce que je conclus après ce premier week-end diplomatique de notre président et de sa compagne qui, bien que là en tant qu'accompagnatrice, touriste en quelque sorte, aura retenu quasiment autant l'attention des médias que les prestations de notre jeune président.
Quelles prestations au fait? Quelques sourires complices échangés avec Obama, l'homme avec qui il faut se montrer copain encore pour quelques mois, ou une cravate en trop mais vite ôtée sur l'injonction du big boss, un souci de décontraction affiché en compagnie des grands de ce monde, quelques blagues ou évocations de hamburgers désormais proscrits d'une alimentation qui se veut saine. Le tout saupoudré, de "first girlfriend", évoquant à la fois Katherine Hepburn et Lauren Bacall, visitant la Maison-Blanche, déjeunant à la Maison-Blanche, visitant une école américaine, visitant le lycée français de Chicago, etc..

Non, j'exagère. Mon aversion pour le personnage qui désormais préside à nos destinées me fait oublier l'essentiel. Et l'essentiel, c'est quoi? La croissance et notre retrait programmé en avance de phase de l'Afghanistan.
Mais quitte encore une fois à paraitre mauvaise langue, qui a été capable de nous décrire la portée exacte de ces deux choses? Et ce que d'aucuns qualifient déjà comme les débuts prometteurs d'un nouveau président sur la scène international, mérite-t-il vraiment tant d'éloges.

S'agissant de la croissance, on a voulu nous convaincre que notre président avait réussi à se mettre Obama dans la poche. Et si on inversait le propos. Obama est à quelques mois d'une échéance électorale qui se présente assez mal pour lui et quelques résultats économiques dans ce court laps de temps qui le sépare de l'élection ne seraient pas pour lui déplaire. Il faut dire que lui-même a eu beaucoup de mal, et malgré un creusement de la dette américaine qui le ferait pour passer pour un conducteur d'un énorme Caterpillar, tandis que Sarkozy aurait les apparences d'un cantonnier muni d'une simple pelle, n'a pas eu de résultats vraiment probants. Si donc l'Europe pouvait venir à son aide, il ne s'en plaindrait pas. Je me permets de vous livrer, j'espère qu'il me pardonnera, un extrait de ce que m'a adressé très récemment mon ami O., américain francophone et francophile, bon connaisseur de l'Europe où il a vécu : "Obama est un bandit de Chicago, un menteur prêt a tout, et tout il le fait. Vous avez bien compris et formulé que la seule chose qu'il attende de votre président c'est que celui-ci injecte de grosse quantités de liquidités qui aura pour effet de donner une bouffée momentanée sur la consommation qui se répercutera immédiatement sur nos chiffres, c'est la seule chose qu'il attend, il sait que son plan de relance a été un fiasco total. La position de Merkel est rigide et douloureuse, mais c'est la bonne." Mais ce n'est qu'un avis, n'est-ce pas? Que je partage néanmoins.
Donc on a parlé de croissance au G8. N'en aurait-on pas parlé sans l'élection de François Hollande? J'en doute. Mais une fois achevée la litanie des incantations que reste-il? Qui est contre le croissance à part Cécile Duflot et Eva Joly? Aurait-on à faire dans notre monde développé d'un côté à des brutes se frottant les mains dans la perspective de la récession et des millions de chômeurs qui l'accompagneront, et de l'autre de gentils sociaux-démocrates souhaitant de la croissance pour que tout les travailleurs puissent être heureux? Ce serait bien trop simple. Pourtant à en lire ou écouter certains, on en est déjà à ce niveau de simplicité. Je ne m'adresse donc pas à ceux-là que je renvoie à leurs illusions ou à leurs shows télévisés. Prochaine épisode : les toilettes d'Air Sarko One qu'on ne s'est pas encore résolu à mettre en vente sur e-bay, étaient bouchées au retour de Chicago, ce qui a beaucoup contrarié Valérie.
Bien évidemment que personne ne refuse la croissance à part les deux précitées. Mais le problème est quand on n'est pas d'accord sur les moyens de l'obtenir. Il y a de grosses nuances entre ceux qui pensent pouvoir l'obtenir tout en réduisant les déficits publics et les autres qui sont prêts à relancer cette dépense, en passant par ceux qui se situent bizarrement entre les deux, qui par exemple jurent qu'ils vont réduire le déficit public mais en même temps stoppent la diminution du nombre de fonctionnaires, pensent même en embaucher de nouveau, veulent augmenter diverses allocations, sans doute pour relancer l'économie des pays émergeants, reviennent partiellement sur la réforme des retraites (j'oubliais qu'il y a encore des riches à taxer).
Je voudrais ajouter que les Européens eux-mêmes n'ont pas, avant l'élection de Hollande, mis une croix sur la croissance ou même oublié d'y réfléchir. La commission de Bruxelles, en particulier, a mené un certain nombre d'études débouchant sur des propositions intéressantes qui seront discutées prochainement et qui curieusement ont été reprises par Hollande. Il tentera sans doute de faire croire qu'il est à l'initiative de ces mesures imaginées avant son élection alors que dans les faits il ne pourra guère faire mieux que les soutenir. Je devrais faire un billet sur ce sujet particulier, ce qui pourrait permettre de remettre les pendules à l'heure.
Enfin tout ça pour dire que tout ça c'est du vent. Qu'on en est resté juste au niveau des objectifs finaux sur lesquels tout le monde pouvait s'accorder mais sans que rien n'ait été réglé. Mais c'est bien là le propre des G machin, et notamment du G8 dont la niaiserie des photos de groupe laisse à penser que rien ne peut en sortir de concret.

Le second sujet, bien plus sensible, et même douloureux pour certains est ce désengagement de la France de l'Afghanistan.
Sur l'aspect douloureux, je commencerai sur cette déclaration des talibans, bizarrement très peu relayée, et que les anglophones pourront lire ici dans son intégralité. La France et son président y sont nommément cités et disons-le, remerciés pour leur sagesse. Au moins avec Hollande, on n'aura pas manqué de se faire très vite de nouveaux amis. Entre humanistes, on devrait bien s'entendre. Il y a quelques morts qui doivent se retourner dans leurs tombes. Et les drapeaux de la Bastille vont pouvoir reprendre l'air.
Depuis le débat de l'entre-deux tours, quand le candidat socialiste déclara qu'il ne se sentait pas engagé par l'accord PS-verts, on avait compris que pour certains le mot alliance avait fort peu de sens. Alors que certains et certaines, de façon responsables déclarent "on a commencé ensemble, on finira ensemble", ou quelque chose du même genre, d'autres disent "moi je pars quand je veux, je ne me sens pas engagé par notre alliance, ni par la parole donnée par la France". Chacun a la morale qu'il peut. Reste que quand c'est la parole de la France qui est bafouée, certains peuvent s'en montrer touchés au fond d'eux-mêmes, mais pas tous, j'en conviens, et ceux-là même ne manqueront pas d'applaudir la force de caractère de quelqu'un qui aura préféré tenir une promesse électorale sans doute imaginée sur un coin de table de Solférino un soir de grande fatigue, en tout cas inconsidérée, plutôt que de respecter son rôle d'allié, plutôt que d'honorer la parole de son pays.
Promesse inconsidérée effectivement. Et qui va se traduire par de l'affichage, du symbole encore une fois, quelque chose qui, finalement ne devrait pas trop gêner la coalition, sauf si l'idée essaime, mais qui permet d'ores et déjà aux talibans de crier victoire.
J'avais déjà souligné l'impossibilité d'un désengagement total d'ici la fin de l'année, ne serait-ce que pour des raisons bassement logistiques. C'est confirmé. Donc on fera partir les unités combattantes et on laissera ce qu'il faut (?) pour garder et entretenir le matériel, c'est-à-dire 900 véhicules dont 500 blindés, quelques hélicoptères et 1200 containers, sauf erreur. Tout ça rejoindra la France plus tard… peut-être. Car actuellement c'est soit trop dangereux, si on passe par le Pakistan, soit trop cher, si on passe par l'Ouzbekistan et la Russie ou si on loue des gros porteurs toujours absents de notre arsenal militaire. Pour être clair, on est complètement dans le bleu et les états-majors devront plancher pour savoir combien d'hommes laisser sur place et dans quelle configuration. Ça doit être déjà fait car généralement dans l'armée on anticipe ce genre de conneries quand elles sont annoncées avant les élections, de manière à sauver ce qui peut l'être et surtout à préserver la sécurité des hommes. Eh oui, car derrière chaque promesse inconsidérée il y a quand même des conséquences auxquelles les spécialistes tentent de pallier. Ce qui veut dire qu'il restera quand même des unités combattantes sur place pour protéger les maintenanciers et le matériel.
Et bien évidemment, il faudra aussi penser simultanément à trouver des gens pour nous remplacer sur le terrain. La Kapisa devait passer sous contrôle afghan en 2013. C'est à ce moment-là qu'ils s'estimaient prêt à prendre les rênes. Ben il va donc falloir soit qu'ils anticipent, soit que nos alliés nous remplacent. Après tout on n'est pas à une honte près.
Enfin, désormais, on sait que la France est un allié bien moins fiable désormais au sein de l'OTAN qu'elle ne l'était quand elle (s')était exclue du commandement intégré. Mais pour faire accepter ça, on est près à payer, notamment une partie du fameux bouclier anti-missiles.

Et dire qu'il y en a qui ont trouvé ce week-end super.

Pendant ce temps en France. Touraine cède aux syndicats et élargit le champ d'application du retour à la retraite à 60 ans en incluant dans les trimestres comptant les congés maternité; d'autres concessions sont attendues. Taubira renvoie tous les mineurs délinquants devant les juridictions définies par l'ordonnance de 1945. 23 nouveaux conseillers à l'Elysée dont 18 hommes : conseiller c'est quand même plus sérieux que ministre, donc là la parité ne joue pas. Valérie va disposer d'un cabinet de 4 à 6 personnes dont le chef sera un ami proche, ancien journaliste chez lequel le couple présidentiel a passé quelques jours de vacances en 2011.
Le changement c'est maintenant!

 

 

jeudi 17 mai 2012

Le gouvernement des quotas


La nomination d'un gouvernement est toujours attendue avec au moins une certaine curiosité. Les profils retenus, en fonction de l'importance des ministères qui leur sont attribués, peuvent donner une idée de la direction qui va être prise. C'est vrai que Sarkozy, s'immisçant dans toutes les affaires de l'Etat nous avait un peu déshabitué à cela, en nommant des ministres qui s'avérèrent assez souvent n'être que des figurants. C'était son style, sa compréhension des institutions finalement peut-être pas si éloignée que ça de l'esprit de la 5ème République qui faisait du Président un monarque avec tout ce que cela peut comporter comme concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul homme. La différence avec certains de ses illustres prédécesseurs, ceux qui voulurent effectivement se consacrer à leur travail de chef d'Etat et rien qu'à ça, ce qui fait quand même peu de monde au demeurant, c'est qu'il le fit de façon ostentatoire, ce qui ne manqua pas de choquer les âmes sensibles toujours effrayées par un vrai chef, et ce qui les amena à choisir un individu que sa réputation éloignait largement de cette caractéristique de chef. Ils voulaient une bonne pâte, un homme de consensus, de compromis, et ils l'ont eu. Sauf qu'on a pu remarquer récemment que l'homme en question n'était pas aussi gentil qu'il pouvait le paraitre et qu'il ne se privera pas de régler quelques comptes. Il le fit de façon fort inélégante avec son prédécesseur. Il a commencé à le faire avec ceux de son camp qui lui montrèrent par le passé leur mépris. Et comme le nombre de ces derniers est important, il n'aura peut-être pas assez des 5 ans qui lui sont offerts pour se faire plaisir en rudoyant ceux qui non seulement ne croyaient pas en lui, mais moquaient ses prétentions. Il faut toujours se méfier des gens qu'on a trop bafoués ou humiliés.

Mais je m'éloigne de mon propos qui voulait se centrer sur le profil du nouveau gouvernement. Comme le nouveau Président avait déclaré qu'il reviendrait à d'autres pratiques, peut-être celles de Chirac ou Mitterrand qui se camouflèrent souvent derrière leurs premiers ministres, non plus collaborateurs, mais fusibles, il paraissait intéressant de voir quelle équipe allait diriger la France, du moins son profil général. Or, pour le coup on n'est pas déçu par l'une ou l'autre des orientations possibles, car on a vraiment du mal à en distinguer une. Tout le monde est servi, ce qui veut dire que personne ne l'est vraiment. C'est un patchwork prenant en compte à peu près tout ce qui pouvait l'être, la non nomination de Delanoë laissant apparaitre que les homos étaient peut-être écartés du jeu (mais je me trompe peut-être ne connaissant intimement aucun des nouveaux ministres). A part cela, le souci a été grand de ménager les femmes, les jeunes, les plus âgés, les arabes, les noirs, les alliés d'avant le scrutin (écolos qui avaient signé un accord, et radicaux de gauche ralliés avant même le premier tour) et tous les courants du PS, dont les nonistes de 2005. Personne ne pourra dire qu'il n'est pas représenté dans ce gouvernement s'il appartient à une de ses catégories. C'est donc merveilleux. On retrouve là la patte de l'ancien premier secrétaire du PS, l'homme du consensus mou, ou de la synthèse non moins molle si on préfère. Seule ombre au tableau, l'absence de Martine Aubry dans ce gouvernement qui voulait Matignon sinon rien. Pourtant nul doute qu'un grand ministère l'attendait si elle l'avait souhaité car même s'il est loin d'en avoir la stature Hollande aurait volontiers fait sienne cette devise de Clémenceau parlant d'un de ses adversaires "Je préfère qu'il soit dedans et pisse dehors plutôt que dehors et pisse dedans ". Il y a donc risque d'un contre-pouvoir à l'assemblée nationale, non pas exercé par la droite, mais par les parlementaires socialistes futurs desquels Aubry, dès le lendemain des primaires, a bien pris soin d'éliminer un maximum d'hollandistes. On n'a donc pas fini de se marrer.

J'imagine donc ce qu'a pu être la difficulté à constituer ce gouvernement qui n'est en fait qu'un gouvernement de quotas. Une chance encore que parmi les nouveau ministres, il y a ait des deux en un, comme par exemple Najal Belkacem, femme et arabe, et même des trois en un comme Taubira, femme, noire et membre du PRG, ce qui lui valu sans doute l'attribution d'un ministère important dont on se demande aujourd'hui, et pas seulement moi, quelles sont les compétences ou les antécédents qui ont pu le lui faire attribuer. Sans ces ministres, on aurait sans doute dépassé les 40 portefeuilles, ce qui aurait pu réduire à néant les efforts d'économie que marque cette mesure symbolique de réduire de 30% le salaire des membres du gouvernement.
Le seul problème, c'est que je ne vois guère de cohérence pour l'action dans ce gouvernement. Je vois même des potentialités de conflit en son sein. Prenons par exemple le chantre de la démondialisation Montebourg chargé du redressement productif qui ne manquera pas d'avoir à traiter avec le ministre des finances Moscovici, strauss-kahnien opportunément reconverti dont on peut imaginer qu'il sera un fervent tenant de l'orthodoxie budgétaire. Quelle sera donc la ligne directrice de l'action de ce gouvernement? Malin qui pourrait le dire. A moins qu'on s'oriente simplement vers de la navigation à vue. Mais attendons les législatives et les nouveaux rapports de force au sein de l'assemblée nationale qui amèneront inévitablement à un premier remaniement qui nous éclairera peut-être davantage cette fois.

Je souhaiterais juste terminer dans cette attente et sur la composition de ce gouvernement sur un point qui a tendance à m'énerver au plus haut point et qui d'ailleurs peut se décliner quand on pense notamment au respect de la diversité. Il s'agit de la parité. 34 ministres, 17 femmes. Il fallait absolument un nombre pair de ministres pour que la parité soit respectée. Sarkozy sur ses 15 ministres initiaux avait tenu à faire nommer 7 femmes. C'était moins bien. S'agissant des secrétaires d'Etat, fonction a priori disparue et remplacée, sémantique avantageuse oblige, par des ministres délégués, il n'avait pas jugé utile de respecter cette parité, cette obsession qu'ont désormais les politiques de faire comme si les femmes étaient aussi bien représentées que les hommes dans les institutions élues de ce pays, alors qu'on en est encore bien loin et que peut-être il ne faut pas en faire un objectif absolu.
Car on est passé très vite, en quelques années même d'une situation où une femme, sauf cas exceptionnel comme Simone Veil par exemple, ne pouvait guère espérer être ministre dotée d'un poste important parce qu'elle était une femme, à une situation grotesque où des femmes sont nommées ministres parce qu'elles sont des femmes. Entre les deux, on a fait un peu de cinéma, ou de l'affichage digne du village Potemkine, avec la nomination calamiteuse d'une femme premier ministre qui aurait pu être un aboutissement si on s'était référé à cette phrase de Françoise Giroud "La femme sera vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignera une femme incompétente", ou avec le gadget des "jupettes" dont la plupart fut d'ailleurs très vite remerciée. J'avais pensé, à tort sans doute et même évidemment, que la pratique des dernières années qui avait permis à des femmes d'être ministres avec des portefeuilles importants eu égard à leurs compétences supposées, comme Martine Aubry ou Michèle Alliot-Marie pour ne pas faire de jaloux, suffirait pour qu'on sorte de cette tyrannie de la représentativité visible et proportionnelle aux volumes existant à l'état naturel si j'ose m'exprimer ainsi. Pour être parfaitement clair et honnête, cette tyrannie que je dénonce est le fait de toutes les tendances politiques. C'est devenu une mode, ou plus grave un fait social. Et qui se décline maintenant selon d'autres variables. Plus de gouvernement possible sans arabes ou noirs par exemple. Ça ne me gène absolument pas qu'il y ait de des femmes, des arabes et des noirs dans les gouvernements et autres institutions, où d'ailleurs il y en a beaucoup moins et là peut-être il faudrait en comprendre les raisons, mais j'aimerais être sûr que ce sont bien leurs réelles compétences qui les ont amenés là. Or, un équilibre quantitatif aurait tendance à m'éloigner de cet espoir.

Cette politique des quotas me semble au contraire aller dans un mauvais sens dans la mesure où elle fait passer les compétences au second plan et risque donc d'être contre-productive (voir le cas de la première ministre précédemment évoquée). Il serait tout aussi choquant de voir un homme compétent écarté à cause de son sexe, qu'il était honteux à une certaine époque que je crois révolue, au moins dans les milieux politiques de voir une femme compétente écartée pour les mêmes raisons. S'il parait, à juste titre, inconcevable de voir un gouvernement sans femme, il me parait tout aussi incongru que ce soit la parité qui préside à sa formation.