"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 1 mai 2012

Hollande, toujours loin du cœur de l'action


Il y en a un qui doit être bien surpris, à condition toutefois qu'existent les forces de l'esprit auxquelles se raccrochait son maître Mitterrand. Je veux parler de Pierre Bérégovoy, dernier premier ministre de gauche du précédent, et retrouvé , le 1er mai 1993, au bord d'un canal, avec une balle dans la tête, une seule balle accréditant ou rendant plausible la thèse du suicide perpétré avec l'arme d'un garde du corps assez distrait pour le moins et dont on espère qu'il aura bénéficié d'une reconversion après les faits. Mais inutile de relancer les débats sur la cause réelle de cette mort, comme celle d'autres proches de Tonton, de Pelat à Grossouvre en passant par Bousquet, dont on peut dire que s'ils n'avaient guère de chance ils avaient au moins l'élégance de mourir en période opportune.

Donc Pierre Bérégovoy, du moins son esprit, a dû être surpris en ce jour du remue-ménage qui s'est déroulé autour de sa tombe. Car, je ne pense pas que depuis bien longtemps il ait été l'objet de tant d'intentions au point de voir un attroupement hors et dans l'enceinte du cimetière où il repose, et tant de journalistes, les mêmes que ceux qui avaient jeté son honneur aux chiens. Il fut sans doute encore plus surpris de la qualité de celui qui était à l'origine de cette agitation peu coutumière et qui ne devait guère qu'à son GPS d'avoir trouvé le chemin d'une tombe ordinairement peu visitée. Rien de moins que celui qui se prépare, si la chance lui sourit, à devenir le second président socialiste de la 5ème République. La surprise d'ailleurs dut être double. Surprise de la visite, d'une part, et surprise de l'identité de l'impétrant, d'autre part, sur lequel, j'imagine, il n'aurait pas parié une paire de ses chaussettes tire-bouchonnées qui suscitaient les moqueries de ses camarades du gouvernement qu'il dirigeaient et qui eux, bien nés, ayant fait l'ENA et tout ce qui va bien, connaissaient au moins les bonnes manières, pas comme ce rustre de fils d'immigrés ukrainiens titulaire du certificat d'études et d'un CAP d'ajusteur et qui gravit les échelons à la force du poignet mais sans se préoccuper de ses chaussettes.

"Mais que me vaut donc cet honneur?" a-t-il dû penser. "Ça fait 19 ans, même pas 20, que cette foutue balle est venue percuter mon crâne. Et même pour les 10 ans de ma mort, il ne s'est pas passé grand-chose!". Bien sûr il ne pouvait pas imaginer que sa mort, un 1er mai, allait permettre 19 ans plus tard au candidat socialiste à la présidentielle de s'éloigner de là ou se déroulait l'actualité, à savoir les diverses manifestations ponctuant ce 1er mai 2012.

En effet, la capitale est aujourd'hui en effervescence. Au traditionnel, mais peut-être devrais-je mettre ça au pluriel tant ils ont souvent du mal à en organiser un unitaire, défilé du 1er mai organisé par les syndicats, au non moins traditionnel rassemblement du FN succédant à un hommage à la Pucelle, s'ajoutait cette année le rassemblement organisé par le candidat de la droite à la présidentielle, pour la vraie fête du travail, ou la fête du vrai travail, au choix, événement destiné d'une part à assurer une visibilité en ce jour particulier entre les deux tours, et d'autre part, à répondre aux syndicalistes, qui sortant de leurs prérogatives et brisant une tradition de neutralité, ont appelé à voter pour le candidat de gauche. Pour résumer, une réponse du berger à la bergère ayant cet avantage de replacer le candidat de droite au cœur de la problématique du travail tout en déniant aux syndicats et à la gauche en même temps de s'arroger le monopole sur cette valeur. Cela lui permet en plus de reprendre une des ses thématiques de campagne fustigeant les corps intermédiaires, dont les syndicats sont les plus éminents et malfaisant symboles.
Car il est clair, et là c'est bien moi qui parle, que le syndicalisme en France est une honte, et est effectivement à l'image de ses dirigeants. Je suis tout à fait d'accord qu'on leur dénie le droit de représenter symboliquement les travailleurs. Vu le taux de syndicalisation en France, le plus bas d'Europe et sans doute des pays développés, comment nos syndicats peuvent-ils prétendre représenter les travailleurs? Avec 8% de salariés syndiqués, dont à peine plus de 4% dans le secteur privé, chiffres en perpétuelle baisse, il serait temps qu'ils se posent des questions. Mais pensez-donc! La soupe est tellement bonne que pour représenter si peu de monde, ils se sont multipliés, un peu comme les associations antiracistes. Pas de problèmes pour eux. L'argent tombe avec ou sans adhérents car l'Etat y pourvoit. Et si l'Etat ne suffit pas, il y a les CE qui peuvent faire l'appoint sans parler de certaines malversations comme celles dont on a pu avoir connaissance au moment de la liquidation de Seafrance. Je ne m'étendrai pas non plus sur la responsabilité de ces groupuscules, le nom me parait davantage approprié, sur la dégradation de l'emploi, à cause de leurs mouvements paralysants et grèves à répétition, leur jusqu'au-boutisme, mais qui ne touche pas bien entendu les permanents, leur irréalisme, leur politique de favoritisme honteux, et fort éloigné des valeurs d'équité qu'ils prétendent défendre, comme par exemple sur le port de Marseille qu'ils finiront bien par faire fermer définitivement.
Ces gens-là, en aucune façon, ne peuvent prétendre représenter les travailleurs, qui d'ailleurs ne s'y trompent pas en n'adhérant pas. Sarkozy a raison de le dire. Il a eu tort de ne pas le faire avant et même d'avoir de trop bonnes relations avec ces individus dont les pouvoirs et surtout celui de nuisance sont inversement proportionnels à leur représentativité. Et puisqu'il a raison il a aussi le droit, voire le devoir de dénoncer symboliquement par sa manifestation au Trocadéro, l'illusion de ce monopole que s'octroie la gauche sur le travail.

Et Hollande dans tout ça? Eh bien, lui, il a préféré mettre les bouts, s'éloigner du cœur de l'action, laisser à ses "amis" de gauche le soin de défiler derrière les drapeaux rouges de la CGT, curieux symboles après les meurtriers échecs du communisme. On ne pourra pas le critiquer de suivre les drapeaux rouges, puisqu'il ne sera pas là. Car il avait mieux à faire, un rendez-vous important. Quand on lui a demandé "François, tu défiles mardi?", il a répondu "J' voudrais bien, mais j'peux point. J'ai un rendez-vous important dans la Nièvre. Je dois y rencontrer les mânes de Pierrot."

Eh oui, Pierrot, voilà la cause de ce remue-ménage. Ce n'est pas ton souvenir, ta mémoire qui l'ont appelé auprès de toi. C'est l'opportunité que tu lui as offerte de se dérober, comme à son habitude, en décédant un 1er mai. Il avait le choix juste entre toi et Ranasinghe Premadasa, premier ministre du Sri Lanka et décédé le même jour que toi. Comme il y a débat demain, on aurait pu penser qu'il allait choisir l'autre. Mais trop c'est trop, quand même! Enfin il y a peu de chances que tu le revoies de sitôt.

3 commentaires:

  1. par delà le résultat du 6 mai, l'hypocrisie minable vient de se fracasser à la fenêtre du palais ducal et quelque chose de la France, quelque chose d'invincible vient de scintiller au Tocadéro

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  2. Un discours flamboyant à ce que je peux lire, opposé aux propos d'un pleutre qui prétexte l'hommage et le recueillement à un homme dont il n'arrive pas à la cheville pour balancer son fiel. On rend hommage ou on fait campagne. On affronte en face ou on se dérobe. Faut choisir.

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  3. pas photo, être Président est un mystère et Hollande ne le sait pas, il le prouve dans cette fenêtre nivernaise

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