"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 30 septembre 2011

Primaires socialistes : exercice démocratique ou cache-misère?


 
Les primaires socialistes, après une bonne opération de marketing, ont été présentées comme un exercice démocratique apprécié par tellement de Français, on ne sait pas bien sûr lesquels, que les autres partis et notamment l'UMP ne pourront plus s'en passer à l'avenir. Donc en 2017, attendons-nous à voir une bonne poignée de primaires citoyennes qui feront émerger les candidats de nos rêves. Démocratie à tous les étages oblige.
 
En fait, bien que je ne pense pas que les socialistes l'aient prévu à l'origine puisqu'il leur a fallu longtemps tergiverser pour savoir s'il y aurait débats télévisés ou non, alors que le principe des primaires était acté depuis longtemps, l'opération est particulièrement intéressante quand il s'agit de promouvoir ses idées hors campagne officielle sans risquer la contradiction. Ceci dit l'exercice est dur à tenir, on s'en rend bien compte déjà et on le verra sans doute de façon flagrante lors du prochain débat quand certains candidats, dopés par les sondages ou au contraire mis en difficulté par eux, vont sans doute jouer leur va-tout et montrer de manière très démonstrative leur différence. Même si cela ne servira à rien, comme on le verra. Par contre l'idée pourra paraitre séduisante à ceux qui n'ont pas les problèmes de leadership du parti socialiste et qui pourront aligner devant les caméras un vrai candidat entouré de candidats fantoches. L'illusion démocratique sera respectée, au plus grand bénéfice de l'occupation du temps d'antenne.
 
Vous pouvez donc d'ores et déjà imaginer ce que seront les futures élections présidentielles qui démarreront quasi-officiellement un an avant l'échéance avec leurs quatre tours de scrutin. Si avec ça on n'arrive pas à désigner enfin le sauveur de la France, on n'y arrivera jamais.
En tout cas, pour ce qui est de l'élection qui arrive, je ne sais pas comment le CSA va se dépatouiller pour offrir aux autres partis un temps de propagande équivalent à celui utilisé par le parti socialiste. Qui du coup sera perdant puisque d'une part ce temps de parole offert aux autres partis sera plus proche de la présidentielle et d'autre part ne sera pas un temps de confrontation entre personnages. Donc là, pas bien joué, les socialistes. A condition toutefois que ce temps de parole pris par les socialistes soit accordé aux autres. L'inverse serait évidemment une atteinte à ce principe d'équité qui est l'un des fondements de notre démocratie. On n'ose donc pas imaginer cela, imaginer un hold-up des médias télévisuels par le parti le plus démocratique qui soit.
 
Alors j'en entends déjà certains dire ou penser : "Mais les autres n'avaient qu'à faire pareil, hein?".
Oui peut-être, sauf qu'il ne me semble pas que le parti socialiste soit une référence très fiable. Par ailleurs, les règles de l'élection présidentielles sont précises. La constitution n'a jamais prévu de primaires, et le temps de prise de parole politique pour cette élection, mais aussi en général d'ailleurs, doit être équitablement partagé entre la majorité et l'opposition. Si donc les socialistes estiment nécessaire de faire des primaires, de cette manière, car il y en a d'autres plus confidentielles, ils doivent supporter le fait que ça doive avoir des conséquences sur le temps de parole dans les médias des autres partis. Sinon effectivement, ça ressemble à un hold-up.
En outre, les primaires ne sont pas un exercice obligé, et on peut même considérer, je parle à ceux qui seraient tentés de mettre en avant l'exemple américain, que le premier tout de l'élection présidentielle tient lieu de primaires. Chaque premier tour de l'élection présidentielle est effectivement une primaire permettant de désigner, sauf accident type 2002, le candidat le mieux placé d'une famille politique au sens large pour affronter au second tour le challenger de la famille d'en face. Donc le reste, c'est de la salade interne, mais effectivement les modalités retenus par les socialistes de désignation de leur candidat les a fait sortir de l'ambiance feutrée de Solférino. Solférino le bien nommé puisque comme chacun s'en souvient, il s'agit là d'une bataille du Second Empire qualifiée de boucherie dont les horreurs inspirèrent à Dunant la création de la Croix-Rouge. Choix inconscient des fondateurs du PS, ou juste prémonitoire? Imaginez un parti qui s'installerait rue de la Grande Truanderie!
 
De fait en faisant le choix d'une telle organisation de leurs primaires, les socialistes ont révélé quelques-uns de leurs handicaps, congénitaux allais-je dire avec la méchanceté qui me caractérise.
Le premier de ces handicaps est évidemment que depuis la disparition de François Mitterrand, jamais un leader n'est apparu au sein de ce parti. C'est donc naturellement au parti de trouver le moyen de trouver un candidat au milieu de toutes les médiocrités qui prétendent pouvoir le mener à la victoire, avec le succès que l'on sait.
Le second handicap c'est l'incohérence des idées au sein de ce parti. Comment concilier les prises de position d'un Montebourg et d'un Valls situés à ses deux extrémités? De fait si ce n'était la possibilité d'envisager de se partager le succulent gâteau du pouvoir avec les avantages afférents, ce parti devrait logiquement se scinder en deux, donc ne plus exister.
Ce handicap a induit d'ailleurs en échec la stratégie du parti socialiste de fédérer la gauche. Et les primaires sont l'illustration de cet échec. Etendues à toute la gauche, elles auraient dû faire émerger un candidat unique de la gauche. Il y en aura 4 ou 5 au moins. Elles se résument donc désormais à l'invitation faite à la gauche de désigner le candidat de second tour qui sera accessoirement le candidat de premier tour des socialistes, celui dont on suppose qu'il aura le plus de chances de battre Sarkozy, à moins que Marine Le Pen ne s'interpose.
En fait cette primaire, c'est devenu ça. L'affrontement sur les idées est passé au plan secondaire, l'essentiel étant de se débarrasser de Sarkozy. Ce sont donc les sondages de second tour de la présidentielle qui donnent le ton. Ceux-ci auraient-ils désigné une chèvre que nos électeurs de gauche se seraient adaptés en se rendant en bêlant dans les bureaux de vote ouverts à l'occasion des primaires socialistes...et citoyennes, j'allais oublier.
 
Ce que certains présentent comme un succès démocratique, qui ne sera effectivement démocratique que quand les autres partis pourront s'exprimer aussi longuement devant les caméras, n'est que le révélateur des handicaps profonds du parti socialiste. Ce n'est pas une envie d'innover qui est le moteur de ces primaires, c'est juste la nécessité d'éviter une nouvelle catastrophe électorale.

mardi 27 septembre 2011

En passant à gauche le sénat confirme son conservatisme


 
L'élection sénatoriale de dimanche dernier a donc vu le sénat passer à gauche. Les socialistes se sont donc bien entendu et très normalement réjouis en rappelant que c'était la première fois que le sénat connaissait l'alternance sous la 5ème République. A tort évidemment, et il est déjà regrettable que le candidat socialiste à la présidence de la chambre haute ne connaisse pas l'histoire récente de l'institution dont il brigue le perchoir, puisque, à ce que je sache, Gaston Monnerville, président de cette chambre pendant de longues années et jusqu'en 1968 était plutôt réputé pour être un homme de gauche. Mais passons, il n'est plus désormais utile de savoir pour diriger. Et il ne faut pas non plus compter sur la mémoire et les compétences des journalistes pour relever certaines erreurs factuelles.
 
Donc le sénat est passé à gauche. Même si cette alternance ne peut bouleverser en rien la politique gouvernementale, tout au plus peut-elle la gêner, on peut néanmoins en déduire certaines choses relatives au caractère du sénat et au-delà à certaines caractéristiques de la France profonde et de ses représentants locaux.
Evidemment il est facile et même logique pour les socialistes d'imputer leur victoire au sénatoriales sur le rejet de la politique menée par le gouvernement. On peut leur répondre que ce rejet s'est manifesté auparavant aux élections locales perdues par la droite, parfois et souvent d'ailleurs à cause de triangulaires avec le Front national car la droite, jusqu'à présent et contrairement aux socialistes ne fait pas d'arrangements électoraux avec les extrêmes, et que les défaites locales ont fait grossir le nombre de grands électeurs de gauche. Ce qui fait d'ailleurs que cette victoire a finalement peu d'impact médiatique tant elle était prévisible. On peut également arguer du fait que des listes dissidentes à droite ont empêché à celle-ci de conserver sa majorité. C'est vrai que peut-être deux ou trois sièges essentiels pour conserver effectivement une majorité ont été perdus, mais il est également vrai qu'existaient à gauche des listes dissidentes. De fait la bascule a été surtout le fait des grands électeurs sans étiquette, faisant échouer la droite dans certains de ses fiefs, comme le Morbihan par exemple. Alors rejet du sarkozysme? C'est une hypothèse mais qui ne doit pas en masquer une autre moins fondée sur des convictions politiques que sur des intérêts ou des craintes personnelles.
 
Je pense que la réforme territoriale annoncée pour 2014 n'a pas été sans influence dans le choix de certains grands électeurs. Cette réforme, quoique très insuffisante à mon goût, devrait avoir pour conséquence de dégarnir un peu ce mille-feuilles qu'est devenue l'organisation administrative et politique de la France. Mais avec en corollaire la suppression de quelques milliers de postes d'élus locaux. On peut en outre se demander si cette réforme n'en cache pas une plus profonde à venir si la droite emporte les seules élections importantes de ce pays. Une réforme qui serait sans doute nécessaire pour au moins deux raisons : l'efficacité et la maitrise des budgets. Que penser d'un pays qui compte plus de 36000 communes, tandis que l'Allemagne en dispose de 3 fois moins. La taille médiane de ces communes est d'environ 410 habitants, tandis qu'en Belgique par exemple, elle est de 11265 habitants, ou en Italie de 2340. Encore une exception française et dont il ne faudrait pas se montrer trop satisfait. Il est évident qu'un jour il faudra s'attaquer à ce problème et à d'autres concernant les collectivités. Or la France, depuis Louis XIV reste tiraillée entre la tentation centralisatrice qu'on baptisera plus tard de jacobine et la tentation féodale. Concernant cette dernière les liens de vassalité qui impliquaient des droits et des devoirs pour chacune des parties prenantes a été "avantageusement" remplacée par le clientélisme qui, mine de rien, nous coûte bonbon. Autant dire que les emplois fictifs de la mairie de Paris, c'est du pipi de chat à côté de ce qu'il nous coûte. Et pour ça le clientélisme, les socialistes ils savent faire, et le mille-feuilles constitue une aubaine à son épanouissement. Donc quoi de plus naturel quand on est un grand électeur, acteur essentiel de ces pratiques anciennes mais néanmoins juteuses, que de souhaiter faire perdurer ce système. Et donc le sénat dans sa constitution est le reflet de la volonté de surtout ne pas toucher à ce système. Aussi il est logique qu'il revienne à cette gauche devenue ou plutôt redevenue, puisqu'elle ne fait que renouer avec les vieilles pratiques radicales-socialistes, le véritable parti conservateur, le parti qui s'opposera à toutes les réformes nécessaires pour faire passer la France dans son époque.
 
Donc chers compatriotes, si vous avez envie que rien ne bouge, si vous voulez continuer toujours à vous plaindre de vos médiocres situations, pour empêcher les réformes nécessaires pour changer votre vie et tenant compte de l'environnement mondial, votez socialiste aux prochaines élections. Vous serez bien servis. On appelle ça le changement pour que rien ne bouge.

dimanche 25 septembre 2011

Affaire Karachi: de bons ingrédients mais de curieux raccourcis



L'affaire Karachi tombe vraiment à pic. Certes elle fut déjà évoqué dans une passé récent, en 2008 je crois, mais peu développée à l'époque. Du moins si des investigations furent faites à cette époque, elles furent gardées en réserve pour une période plus opportune, électorale par exemple. Car le boulot du journaliste, s'il est d'informer, parfois, certaines mauvaises langues diront rarement, est aussi de participer à la promotion ou le dénigrement de familles ou d'hommes politiques et d'influer pas tant sur le fonctionnement démocratique du pays que sur la désignation par le peuple de ses dirigeants.
Donc à l'instar de l'affaire Bettencourt devenue affaire Woerth, qui au passage n'a débouché sur rien d'un point de vue juridique, tombée à point au moment où le ministre du même nom devait promouvoir une nouvelle réforme des retraites, l'affaire Karachi est le nouvel os à ronger, à quelques mois de la présidentielle, d'une certaine presse dont le fer de lance est une nouvelle fois Mediapart.
Mediapart dont on se souvient que le patron Edwy Plenel, trotskyste notoire main néanmoins ami de Villepin, a pu se féliciter que ce genre d'affaire lui permette d'être à la tête d'un media bénéficiaire. Il ne faut pas non plus négliger cet aspect des choses. Et de même que la télé est devenue poubelle, ne nous étonnons pas que la presse suive la même pente, à l'occasion. La qualité et le sérieux ne font pas forcément vendre.
Ceci dit, camarades socialistes, qui une nouvelle fois avez oublié la présomption d'innocence que vous défendiez à corps perdu lors des affaires DSK et Guérini , vous qui vous frottez déjà les mains, vous pourléchez les babines et tournez dans le ciel tels des charognards, espérant être les premiers bénéficiaires de l'affaire, ne vous réjouissez pas trop vite. Car si demain, il se trouvait qu'une déficience de la raison du peuple français vous porte au pouvoir, vous ne seriez pas épargnés non plus par ces méthodes car :
  1. Le trotskyste, tendance villepiniste, même s'il peut être votre allié de circonstance, n'est pas l'ami des sociaux-traitres.
  2. Au nom de l'équilibre budgétaire du journal, il ne négligera pas de vous enfoncer.
  3. Vous n'êtes pas irréprochables, donc il aura du grain à moudre.
Donc pour en revenir à l'affaire Karachi elle-même, elle comporte tous les ingrédients pour que monte la sauce.
Tout d'abord elle ne concerne officiellement que la droite, même si on veut bien se souvenir que les marchés d'armement en question sont passés sous la présidence de cette vieille fripouille de Tonton. Mais sans doute que le "château" aussi indigent que son principal locataire, ne suivait plus les ventes d'armes à l'étranger.
Ensuite ça concerne des ventes d'armes, vous savez ces trucs qui sont destinés à tuer quand l'on s'en sert. Donc connotation forcément négative.
Et puis il y a des commissions occultes versées à l'occasion de ces ventes d'armes. Beurk! Pas beau du tout ça!
Et comme si ça ne suffisait pas une partie de ces commissions revient en France via la Suisse et après transit à Londres pour financer la campagne électorale d'un candidat de droite. Pas bon du tout, ca!
Là-dessus survient un attentat qui coûte la vie à des Français, comme par hasard liés à l'industrie de l'armement. Attentat attribué à Al Qaeda dans un premier temps, mais dans un second à une vengeance de ceux qui auraient cessé de percevoir leurs commissions bloquée par Chirac, désireux lui-même de se venger de son ami de 30 ans qui l'a trahi. Ça se passe à Karachi, d'où le nom de l'affaire, nom qui suppose que tout est donc lié. Evidemment s'il y a mort d'hommes, ça donne à l'affaire un aspect dramatique susceptible d'amplifier tout ce qui précède
Pour un peu de glamour quand même, on ajoute à ça une princesse désargentée mais encore appétissante, bien que vieillissante, qui au lieu d'épouser le prince charmant s'est fourvoyée avec un porteur de mallettes bourrées de Pascals. La princesse, suffisamment blonde pour signer des papiers à son insu et capables d'engager sa responsabilité, se dédouane en balançant le crapaud qu'elle avait pris pour le prince charmant.
Pour finir, on découvre, avec effroi, qu'en France, des hommes politiques peuvent violer le secret de l'instruction. On savait que les journalistes le faisaient, mais ça c'était normal dans le cadre du devoir d'informer, mais les politiques, faudrait quand même pas pousser.
Si on ne fait pas une affaire avec tous ces ingrédients, il faut changer de métier.
 
En fait tout cette suite ne mériterait pas l'acharnement que l'on connait si on n'y trouvait pas notre cher président-bientôt candidat. Ministre du budget sous le gouvernement Balladur, porte-parole de campagne de ce même Balladur, bon sang mais c'est bien sûr, c'est lui qui est à l'origine de toute cette affaire tordue qu'on résumera ainsi:
Il était une fois un homme politique de petite taille, mais à l'ambition démesurée qui suggéra à son maitre de l'époque un moyen pratique de financer une campagne électorale qui s'annonçait assez mal engagée puisque son principal concurrent mais néanmoins ami tenait les rênes du parti auquel il appartenait. Il monta ainsi un système occulte de rétro-commissions sur des ventes d'armes mais négligea l'hypothèse d'une défaite de son mentor suivie de la vengeance de son ex-mentor. Cette affaire malhonnête et l'inconséquence de l'individu, allaient mener à la mort quelques-uns de nos innocents compatriotes. Cet homme est donc un assassin. Donc ne le réélisez pas.
C'est du moins l'histoire telle qu'on la souhaiterait à Mediapart, bâtie grâce à la suite de syllogismes hasardeux mais auxquels on a envie de croire quand on est un opposant dans un espace-temps se situant à proximité de l'élection présidentielle. Hasardeux car ce qu'on nomme improprement l'affaire Karachi n'est actuellement qu'une suite de conjectures qui seront bien difficiles à prouver. Qui ne le seront sans doute jamais, et qu'à fortiori on ne pourra pas relier. Mais en fait cela n'a guère d'importance puisque l'essentiel est de faire naitre une rumeur capable d'atteindre l'honneur de l'homme visé. Woerth qui à ce jour n'a pas encore été mis en examen a bien été écarté par cette méthode, alors pourquoi pas Sarkozy après tout.
 
Dans cette histoire, il y a certainement du vrai. Du moins certaine pratiques sont suffisamment connues pour qu'il puisse y avoir un doute raisonnablement fondé d'agissements illégaux, sans que pour autant on puisse les prouver.
Prenons par exemple les marchés d'armements. Il est clair que pour vendre les pays producteurs d'armement utilisent cette méthode des commissions, certaines étant d'ailleurs parfaitement licites. Le pays qui y renoncerait échangerait des ventes contre un peu de morale. Hélas, la morale ne crée pas d'emplois et ne peut pas influer positivement sur la balance commerciale. Pensez bien que dans le cas contraire, je voterais à gauche où cette denrée à bon compte déborde de partout et notamment des bouches de nos clients à la présidentielle.
Les financements des partis, ou en l'occurrence d'une campagne. C'est un refrain connu que nulle loi ne pourra sans doute faire taire. Les valises aux diverses provenances, de l'extérieur, de l'intérieur, remplies à l'aide de marchés douteux, ou par des supporters qui supportent un camp ou parfois tout le monde (quand ELF pratiquait des largesses envers les politiques, notre vieille fripouille de Tonton avait bien dit de ne pas oublier la droite) continueront leurs déplacements aux mains d'amis de confiance jusqu'au jour où, laissés pour compte, déçus peut-être, mais jamais atteints par le remords, ils cracheront le morceau tout en étant incapables de fournir la moindre preuve des méfaits auxquels ils contribuèrent. Bref du classique, tellement classique que même quand une affaire sort, ça n'émeut plus grand monde.
 
Je crois que l'affaire dite Karachi pour l'instant ne se limite qu'à ces deux aspects. Et ça déjà ça sera dur à prouver. Pour le reste à moins qu'un assassin ou un commanditaire repenti ne vienne à s'exprimer, on pourra toujours continuer à conjecturer. Mais c'est vrai qu'au Pakistan les attentats sont rares, surtout les islamistes, tellement rares qu'on ne peut que se diriger vers la piste de la vengeance. Enfin de la double vengeance, celle de Chirac et celle des intermédiaires spoliés de leurs commissions.
 
Et Sarkozy là dedans? Ministre du budget qui, parait-il, était opposé au marché en question. Il parait que c'est dans les pièces. Porte-parole de campagne de Balladur. Même pas trésorier, ni directeur de campagne. Mais c'est vrai qu'il connaissait les protagonistes mis en examen ces derniers jours. Mis en examen, pas encore déclarés coupable. Ben oui, dans un même parti, au sommet, on se connait, on travaille ensemble, on lie même parfois des amitiés. C'est suffisant pour accabler un individu. Regardez, Tonton il était bien copain avec Bousquet. Mais néanmoins résistant.
Enfin, mise à part la haine qui s'exprime à son égard, rien de bien solide pour le trainer dans la boue. Au moins dans l'immédiat. Ce qui ne l'empêche pas d'être déjà déclaré coupable, non pas par la justice, mais par les justiciers modernes que sont les médias, relayés quand ça l'arrange, dénoncés dans le cas contraire, par le microcosme politique.

vendredi 23 septembre 2011

L'allégeance aux armes de la France, faux débat qui permet d'en éviter de vrais

 
Quand j'ai lu cette formule proposée par JF Copé, cette formule suggérant que les jeunes Français de souche ou ceux appelés à le devenir fassent un serment d'allégeance aux armes de la France, je me suis dit que quelque chose ne tournait pas vraiment rond à l'UMP et dans la tête de son président.
Il y avait deux principales raisons concrètes à cela. D'une part comment demander à de jeunes Français de prêter un serment que l'on ne demande même pas aux militaires; certains répondront peut-être que le fait de s'engager est la forme implicite du même serment, et là ils risqueraient d'être parfois déçus. D'autre part comment expliquer cette démarche alors que désormais tellement peu de Français ont un contact effectif avec l'armée ; certains pourront même ajouter qu'il est paradoxal de voir ceux-là même qui ont supprimé, mis en sommeil pardon, le service national, exiger ce type de serment. A ceux-là je répondrai simplement que cette fin du service national était programmée avec la décision de Mitterrand, conjuguée avec la chute du communisme à l'Est, de ne pas envoyer le contingent lors de la première guerre du Golfe et qu'il est quelque peu stupide d'imputer cette mesure à celui qui l'a prise.
 
Et puis j'ai réfréné mes sentiments et tenté d'aller voir d'où était sortie cette formule, aidé en cela par ma voisine de blog Cimabue. Bien évidemment ce sont encore des formules abruptes sorties d'un cadre plus général, en fait ici la convention "Défense" de l'UMP où d'ailleurs la formule n'a pas été prononcé telle quelle. La formule qui fait débat est juste une mauvaise synthèse de deux propositions énoncées dans une même phrase. Ce qui a été dit c'est que les jeunes Français et ceux qui le devenaient devraient prêter serment de loyauté à la France, et que cette loyauté revêtait évidemment aussi une dimension militaire. Je dois dire que formulé ainsi ça me va quand même beaucoup mieux, même si mon enthousiasme se révélera tout de même inversement proportionnel au caractère incantatoire du propos. Ce qui est tout de même assez attristant, mais évidemment pas étonnant de la part des journalistes dans leur majorité, c'est que d'une convention de 3 heures avec intervenants multiples dont certains étrangers, où on parlait d'industrie d'armement (laquelle constitue tout de même une part non négligeable de nos exportations assez mal en point par ailleurs), d'OTAN, de défense européenne, de budgets…. Ne reste donc du débat que l'allégeance aux armes de la France, même si les termes énoncés furent différents. Quel professionnalisme!!! Mais puisque on n'a retenu que ça, concentrons-nous sur ça.
 
En fait ce qui est sous-jacent au propos, puisque nous sommes bien évidemment dans un contexte politique, électoral de surcroit, c'est l'identité nationale devenue une valeur de droite depuis que la gauche à refusé de débattre à son sujet, et la défense nationale que la droite estime menacée si la gauche arrive au pouvoir. Et là évidemment on se trouve dans une autre dimension que celle qui relève des débats actuels relatifs à la primaire socialiste, élargie j'oubliais. Où le thème de l'identité nationale ne me semble pas abordé, et où la politique de défense semble bien moins importante que la conduite à tenir devant les fumeurs de chichon. Je crois même que ce thème n'a pas du tout été tout évoqué lors du dernier débat télévisé confrontant les 6 candidats, mais je ne l'ai pas regardé donc je me trompe peut-être. A moins que l'encadrement des délinquants par les militaires constitue une politique de défense.
Revenons donc brièvement sur les deux thèmes.
 
On se souvient du débat avorté sur l'identité nationale remplacé par le débat sur l'opportunité de débattre au sujet de l'identité nationale. Je pense que ce fut une grave erreur de la part de la gauche, qui non seulement se rend suspecte de snober nos valeurs, mais laisse supposer son incapacité à les défendre face à certaines menaces quand elle ne se rend pas complice de favoriser ces dernières. Les attaques justifiées contre une Martine Aubry dérogeant aux règles de la laïcité en créant des horaires halal de piscine en sont une illustration. Ce fut aussi je pense une erreur politique, parce que je pense, j'espère, que la majorité des Français attache encore une importance à une identité nationale, même si le concept demeure flou, d'autant plus flou qu'il semble impossible d'en débattre sans évoquer Vichy ou autres horreurs de l'histoire. J'essaie de voir une preuve de cet attachement à la France ou l'identité française dans les résultats de ce sondage Ifop pour France Soir qui révèle que les Français sont favorables à 62 % à "la création d'un serment d'allégeance aux armes" (47% pour les sympathisants de gauche, ce qui n'est tout de même pas négligeable). Evidemment il ne faut se montrer réservé vis-à-vis des sondages, mais enfin… Bon ça fait peut-être tendance FN que de parler d'identité nationale, mais quand la majorité des Français semble être interpelée par le concept, peut-être cela mérite-t-il davantage que des cris d'orfraie stigmatisant la stigmatisation. Et cela éviterait peut-être certains dérapages, car le débat même boycotté existe et continuera à exister d'autant plus, nonobstant le fait que certains en font leur gagne-pain, qu'il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas voir certaines évidences comme la modification des structures démographiques de la France d'un point de vue ethnique et des influences fortes sur la culture française, parfois franchement attaquée.
D'un autre côté l'idée de promouvoir l'idée d'un serment de loyauté envers la France me parait saugrenue dans le contexte actuel. Tout d'abord parce qu'un serment pour beaucoup d'individus n'est qu'une suite de mots quand l'honneur et la fidélité à la parole donnée sont absents. Par ailleurs ce type de serment n'a, à mes yeux, un véritable sens que s'il est l'aboutissement d'un long processus conférant aux individus une certaine conscience, et même fierté nationale. Or, il suffit de se pencher sur par exemple le contenu des programmes d'histoire, ainsi que je l'ai fait dans un billet précédent, pour se rendre compte qu'à la fierté nationale on tente, avec un certain succès, de substituer les notions de culpabilité et de repentance. Et là la majorité actuelle porte une évidente responsabilité, même si elle la partage avec la gauche.
 
S'agissant de la défense, il est clair que ça ne semble pas être la priorité de la gauche. Chez les écolos particulièrement, ainsi que l'indique la sortie d'Eva Joly à l'occasion du 14 juillet, l'armée semble avoir un caractère répulsif. Or sans les écolos pas de gouvernement de gauche. Du côté socialiste, il ne me semble pas, je l'ai déjà dit, que ce terme ait été abordé par les candidats à la primaire. Ça ne figure pas non plus dans le programme. Tout au plus avons-nous une certaine idée de ce que ça peut représenter pour eux en écoutant Martine Aubry réagissant à ce fameux serment d'allégeance aux armes de la France. Celle-ci estimant que le budget de la Défense n'avait "jamais été dans une aussi mauvaise situation en France aujourd'hui", a assuré que si elle était élue présidente de la République, elle ne procèderait pas à des coupes budgétaires dans ce domaine. "Je ne coupe pas mais je n'augmente pas". Ce qui est faire preuve d'une grande sollicitude envers les armées qui n'auront donc pas moins, mais surtout pas plus alors que leur situation est jugée désastreuse. Mais sans doute a-t-elle d'autres soucis en tête, notamment la dépénalisation du canabis. L'outil de défense et à travers lui la puissance diplomatique de la France sont évidemment des détails à côté de cela. Mais au moins on ne lui reprochera pas un manque de clairvoyance sur le diagnostic émis. Avec 1,65% du PIB consacré à la défense actuellement, ce qui constitue tout de même une progression depuis 2008 (1,56), on ne peut pas parler de priorité accordée à la défense, même si on fait mieux que les Allemands (1,14) mais qui ne disposent pas du nucléaire donc consacrent davantage en volume que la France au conventionnel, mais nettement moins bien que les Britanniques avec leurs 2,4. De fait dans l'ensemble l'Europe croyant sans doute que la force de ses vertus et de ses valeurs en plein déclin et menacées suffira à la faire rayonner et à empêcher qu'on l'agresse, délaisse son outil de défense qu'elle n'est pas parvenu et ne parviendra jamais à rendre commun. Vivent donc l'OTAN et les Américains!
De fait, les états-majors ont toutes les raisons de se méfier de la gauche. Les militaires qui ont connu les gouvernements de gauche se souviennent qu'à chaque fois le budget militaire a servi de variable d'ajustement, et souvent dans des proportions énormes. Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler que le gouvernement Jospin en période tout de même prospère, et alors qu'on était en plein processus de professionnalisation, a amputé le budget prévu par la loi de programmation 1997-2002 de 20%, donc d'une annuité. Donc au lieu de se mettre à aimer les militaires seulement quand ils se font trouer la peau en Afghanistan parce qu'ils leur servent d'alibi pour attaquer Sarkozy sur l'intervention (votée par eux) dans ce pays, les socialistes devraient se demander combien on peut leur imputer de morts du fait d'un matériel non renouvelé ou n'ayant pu subir les modifications demandées par les armées à cause des contraintes budgétaires imposées par eux. Enfin cela pour dire que même si la droite n'est pas prompte à faire des cadeaux aux armées, les états-majors s'en méfient un peu moins, mais juste un peu moins quand même, que des socialistes surtout quand ils sont alliés aux verts. Pour mémoire, et pour montrer que la sortie d'E. Joly n'était pas un dérapage individuel, voilà ce que déclarait la ministre Voynet en 1997 à l'issue du défilé du 14 juillet : "Ministre ou pas ministre, les militaires, il faut les fréquenter pour ne pas oublier à quel point ils sont cons". Voyez, on a la mémoire longue chez les militaires.
 
Heureusement que les journalistes n'ont retenu du colloque de l'UMP sur la défense que ce serment d'allégeance aux armes de la France, même si les propos ont été quelque peu modifiés. Ça évite de parler de choses qui fâchent et surtout de sujets de fond.

lundi 19 septembre 2011

Autopsie d'une fausse interview



 
Puisqu'on en parle beaucoup depuis hier soir, pourquoi pas moi? Même si mon veux copain Gérard me répète que du fait de la distance qui m'en sépare mon jugement sur ce qui se passe en France est altéré.
J'ai donc, grâce à Internet, pu regarder tard dans la nuit, ce qu'on nomme l'interview de DSK. Sauf que ça ressemblait peu à une interview puisqu'au minimum, il était clair que les questions étaient connues de l'interviewé, sans qu'il soit possible d'écarter le fait qu'il y ait eu répétition générale dans les jours précédent ce faux événement, avec l'interviewé bien sûr, mais aussi avec la journaliste. Donc tout ça ne pouvait se passer que fort bien. Encore une fois grâce à sœur Anne dont les réseaux d'influence dans les médias et particulièrement TF1 semblent loin d'être éteints, et dont la fortune permet à son cher époux, qui fut volage mais ne le sera plus, de disposer à plein temps d'une équipe de communicants, la même qui devait mener ce couple de rêve à l'Elysée. Car DSK/Sinclair, c'est un ticket. Sauf qu'une extrémité de ce ticket est maintenant écornée.
 
Revenons à l'interview.
L'impression générale que j'en retire c'est que l'acteur DSK n'est pas fait pour le cinéma. Ou il est surdoué, ou il a trop répété, mais son rôle surjoué n'est pas adapté aux caméras mais au théâtre. Peut-être un trio futur avec Johnny et Nanard Tapie? Quand tout est parfait, que la parole coule comme une rivière paisible, que les gestes, la mine et les regards tombent juste, il y a quelque chose qui dérange. On n'est plus dans la vraie vie, mais dans la représentation théâtrale. A la décharge (osons le mot) de DSK, il faut avouer que faute de contradicteur, il n'a pu que s'enfoncer confortablement dans son rôle dans cette pièce à deux actes.
 
Premier acte : l'acte de contrition de l'homme léger mais néanmoins innocent et pourquoi pas victime.
Bien évidemment nous n'avons rien appris sur la nature de la relation entre DSK et N. Diallo. On le savait d'avance. Ceux qui espéraient des révélations un peu salaces en sont pour leurs frais. Sur ce qui s'est passé dans la suite dont j'ai oublié le numéro, mais c'est sans importance puisque je suis bien incapable de me la payer, on ne saura jamais rien. La version de DSK vaut bien celle de N. Diallo après tout, et même davantage, nous allons le voir. Car selon DSK, les choses furent d'une banalité extrême : elle est entrée dans la chambre, ils se sont plus et ils ont baisé. Vite fait. Sans doute parce qu'il fallait que la soubrette termine son service dans les délais. Rien de plus, rien de moins. Juste deux adultes consentants. Sauf que la traitresse avait d'autres idées en tête et était sans doute entrée dans cette suite avec des intentions peu nobles. Bref, une salope qui en voulait au fric de DSK, ou d'Anne. Et si vous voulez des preuves de tout ça, facile. Consultez le rapport du procureur. Tout y est écrit : la reconnaissance de l'innocence de DSK et la moralité douteuse de la soubrette. Ça ne vous suffit pas ça? Sauf que le rapport ne dit pas cela. Je vous renvoie pour en être convaincu à l'excellent billet d'Usbek sur le sujet. Pour faire rapide, le rapport n'innocente pas DSK tout en insistant de manière sujette à caution sur le peu de fiabilité de la plaignante. En gros ça veut dire que le procureur, pas sûr du tout de l'unanimité d'un jury, jette l'éponge en masquant sa lâcheté derrière des doutes sur la moralité de la plaignante qu'il a lui-même mis en exergue.
Donc DSK, pas coupable, donc forcément innocent, mais néanmoins fautif. Moralement fautif, car ne confondons surtout pas droit et morale. Fautif vis-à vis de la pauvre Anne, de ses enfants, de ses proches et aussi bien entendu des Français qui attendaient tant de lui. Le messie déchu, quoi! Ou une légende fabriquée par ses communicants. Mais l'homme reste de gauche et souhaite bien évidemment la victoire de son camp qu'il ne pourra plus représenter… dans l'immédiat du moins. Si ses rapports à l'argent, tellement visibles lors de ces quelques derniers mois, ont pu écorner cette image d'homme de gauche, il en est conscient, mais c'est pas de sa faute si l'argent a occupé tant de place. Par exemple, Anne avait bien trouvé un modeste deux pièces pour qu'il soit hébergé, mais les riverains n'ont pas voulu à cause de la pression des journalistes. Et puis ensuite un studio même. Mais pas possible, toujours à cause des riverains. Il nous aura quand même épargné la chambre de bonne en sous-pente ou l'entresol poussiéreux. Restait donc uniquement l'option de louer une maison. Et pour ça à New-York faut du pognon, et même beaucoup surtout pour une belle maison luxueuse. Et vous qui critiquez, vous auriez fait quoi à sa place pour ne pas retourner à Rikers. Hein?
Donc pour conclure ce premier acte, nous avons un DSK qui, certes, a fauté moralement et qui s'en excuse, mais est la première victime de cette faute commise. Au passage, il nous laisse supposer qu'on l'a peut-être poussé un peu à la faute. Un complot donc aurait peut-être été ourdi contre lui. On n'en saura pas plus sur ce complot, la pugnace Claire Chazal ayant sans doute eu une absence à ce moment de l'interview. Reste que sans un hypothétique complot, la faute morale n'aurait pas été découverte et que donc DSK pourrait actuellement pavoiser en haut des sondages relatifs à l'élection présidentielle. La faute morale, c'est d'avoir été "mis à jour" en fait.
 
Second acte : le brillant économiste est de retour.
L'homme DSK, avec tous ses défauts bien humains somme toute, n'en reste pas moins un brillant économiste, peut-être le meilleur de notre temps, même si je n'ai aucun souvenir d'une de ses réalisations dans ce domaine qui aurait changé les choses, à part peut-être cette fumeuse idées des 35 heures que lui a reprise son amie Martine Aubry à laquelle au passage il a rendu un vibrant hommage hier ressemblant comme deux gouttes d'eau au baiser de la mort. Donc le brillant économiste invité à le faire par une Claire Chazal sans doute subjuguée déjà par l'individu, nous livre son analyse de la situation en Europe. L'euro ne va pas mal, mais l'Europe si. Difficile à comprendre pour quelqu'un comme moi qui ne suis pas économiste, je le rappelle, et qui croyais que la santé d'une monnaie était corrélée avec la santé de son pays. Mais évidemment l'Europe n'est pas un pays, ou ça se saurait. Donc DSK, ancien directeur du FMI nous explique que les dirigeants européens n'agissent et trop peu et/ou trop tard, notamment dans le cas de la crise grecque. A la limite, je suis d'accord. Et de déclarer que la Grèce ne pourra pas payer sa dette et que donc les Européens, Etats (donc nous), banques (nous ainsi quand même) allons devoir se la partager cette dette. D'accord sur le diagnostic, moins sur la solution, même si c'est celle-là qui plait aux marchés. Mais à ce moment de sa déclaration, je suis saisi d'un affreux doute. DSK a-t-il alors qu'il était président du FMI tenu de tels propos, affirmé que les Grecs nous avaient bien entubés avec leurs compte falsifiés et les nombreuses aides reçues de la part de l'Europe, bien au chaud en Suisse et ailleurs actuellement? Je cherche et ne trouve pas. D'ailleurs je ne devrais pas trouver. Puisque le FMI ne prête jamais à fonds perdus et qu'il a prêté à la Grèce l'an dernier et, même s'il est plus réservé désormais, n'a pas encore exclus de participer avec l'Europe à une nouvelle aide. Le président du FMI et le FMI peuvent-ils avoir des analyses différentes d'une même situation? Un peu curieux. Bien évidemment Claire Chazal, sans doute en train de regarder discrètement les chiffres d'audience immédiate n'a pas relevé. Ni relevé que l'Europe défaillante est le produit en particulier d'un certain Delors, dont DSK partageait il y a peu encore une même vision de l'Europe.
Mais on peut débiter n'importe quoi. Si c'est fait avec l'autorité suffisante et si en plus on dispose d'une réputation d'homme immensément compétent, ça passe toujours. L'image du brillant économiste n'a donc pas été écornée. Au contraire, on ne peut que regretter que tant de compétences ne puissent être pour l'instant mises efficacement à contribution.
 
Pour conclure, pour faire une synthèse de cette brillante interprétation en deux actes, il apparait que même si DSK a beaucoup perdu dans cette affaire, ceux qui ont le plus perdu sont bien les Français et même les Européens. Souhaitons que le sens réaffirmé par lui du service public incite DSK à ne pas rester trop éloigné des responsabilités. Et dans cinq ans peut-être….. C'est d'ailleurs peut-être la condition pour que sœur Anne continue à cracher au bassinet.

vendredi 16 septembre 2011

Encadrement militaire des délinquants : compléments


 
Le billet précédent s'est attaché à tenter de montrer que cette idée de Ségolène Royal, sans doute inspirée de l'expérience des JET bien qu'elle se soit gardée d'en faire mention, et reprise désormais par le président de la République lui-même se heurtait à quelques inconvénients que j'estime pour ma part insurmontables au moins en période de crise budgétaire.
Les arguments principaux développés étaient la non adaptation des militaires à ce genre d'activité et surtout les fortes réticences à prévoir de leur part à faire ce travail qui échappe à leur vocation initiale, les dégâts que ça pourrait occasionner à l'outil de défense, à moins de créer 20000 postes supplémentaires dans les armées alors qu'on ne cesse de réduire leurs effectifs, et dans le cas où on passerait d'un encadrement militaire à un encadrement de type militaire, ce qui pourrait être acceptable peut-être, les coûts induits par la création d'une structure nouvelle, voire l'adaptation d'une structure déjà existante (l'EPIDe) mais largement sous-dimensionnée.

 
Ce billet ayant été reporté sur un blog ami, je constate que je n'ai pas forcément été encore assez convaincant. Mais peut-être cela est-il dû au fait que pour certains une idée ne vaut que par celui ou celle qui la porte. Illustration d'une époque éminemment superficielle où l'analyse et la critique du fond ont cédé la place à des critères de jugement subjectifs, dont l'esprit partisan) mais bien plus confortables quant la mobilisation de ses neurones. Le "qu'a-t-il (ou elle) dit?" se trouvant avantageusement remplacé par " qui l'a dit?". C'est effectivement beaucoup plus simple ainsi et évite même à avoir à se pencher sur le contenu. Je ne me fais donc guère d'illusions, mais il ne sera pas dit que je n'aurai pas essayé. Donc je me permets d'enfoncer le clou.
Pour cela, je m'appuierai encore un peu sur mon expérience et m'efforcerai de démontrer qu'on en est au niveau des politiques qui soutiennent cette idée qu'à un niveau de réflexion à peu près nul et que derrière la formule il n'y a rien de concret, même pas une analyse sommaire de la forme que pourrait revêtir cet encadrement.

 
De fait dans les armées, surtout l'armée de terre, les délinquants réels ou potentiels on les connait et surtout depuis la professionnalisation.
A titre anecdotique, il y a une dizaine d'années alors que la professionnalisation était quasiment achevée, j'étais consultant en organisation auprès de l'état-major de l'armée de terre (j'ai fait plein de choses pendant ma carrière, commençant en tant que chef de section parachutiste pour terminer comme "rat" d'état-major. Et donc pendant 6 ans j'ai exercé les fonctions de consultant en organisation, fonctions pour lesquelles j'ai été formé, je le précise. A ce propos quand on parle de formation continue, il serait intéressant de voir ce que font les militaires. Mais là je m'égare). Et me voilà donc un jour chargé de résoudre le problème suivant : l'incapacité de l'armée de terre à former un nombre de conducteurs suffisant malgré des moyens conséquents mis en œuvre pour cela. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, mais comme effectivement (promesse présidentielle) il fallait que tous les nouveaux engagés aient le permis de conduire, il fallait honorer ladite promesse tout en garantissant que les permis utiles (dans le cadre opérationnel évidemment) soient prioritairement honorés. Or ça coinçait à cause d'un taux d'échec assez extraordinaire qui engorgeait les centres puisque les recalés revenaient tenter leur chance et que les flux d'entrée ne se tarissaient pas. Donc parmi les causes supposées, outre les procédures et l'organisation du dispositif, se trouvait l'hypothèse d'un niveau intellectuel moyen trop faible chez les jeunes engagés pour le type de formation dispensée (qui était accélérée). Donc pour tester cette hypothèse je me déplace dans quelques régiments. Et dans l'un deux, situé en Ile-de-France, le chef du bureau de gestion des ressources humaines me présente un tableau excel comportant les renseignements essentiels sur les militaires du rang de l'unité. Et dans ce tableau, il y avait plein de lignes surlignées de rouge, environ la moitié. Ma curiosité me poussant à demander la signification de ce code, il me fur répondu que c'étaient tous les engagés qui avent eu affaire avec la justice ou qui étaient en attente de jugement. J'ai été sans doute un peu long pour montrer que les délinquants c'est déjà quelque chose de connu dans les armées. Mais surtout qu'on ne vienne pas me dire qu'alors, ils savent faire, car je le rappelle, ces délinquants ou ex sont des militaires formés pour des missions militaires qu'ils exécutent.
Mais du temps de la conscription on les connaissait déjà. A une certaine époque, j'étais alors commandant de compagnie dans un régiment stationné en Allemagne, je recevais des jeunes venant pour une grande partie d'entre eux de la région parisienne. Et bien entendu parmi eux il s'en trouvait. J'avais l'habitude de recevoir individuellement les soldats qui m'étaient affectés. Pour discuter un peu et leur poser quelques questions. Et comme à l'époque nous connaissions pas mal de problèmes de drogue je leur posais la question de savoir s'ils avaient déjà consommé. Sans espoir de réponse bien entendu mais au moins pour qu'ils sachent qu'on était vigilant sur le coup. Pourtant un jour l'un d'eux m'a répondu : "Ben, mon capitaine ! un peu, comme tout le monde quoi". Comme tout le monde. Et finissant l'entretien alors que je lui demandais s'il n'avait rien d'autre à me dire, il hésita "Je ne sais pas si je dois" avant de se lâcher : "j'ai des copains qui font des casses et qui viennent parfois planquer ça chez moi". Bon vous voyez, le gars très naturel et qui en plus faisait confiance à son chef. Mais des comme ça, même s'ils n'étaient pas tous prompts aux confidences, il y en avait beaucoup. Et qui ne posaient aucun problème sans qu'on ait à les surveiller particulièrement. Un coup de pied dans le cul de temps en temps quand ils s'oubliaient et c'était reparti pour deux mois. Alors vous me direz que ceci milite effectivement pour un encadrement militaire des délinquants. Et bien non encore, parce que, une nouvelle fois ils étaient là pour être formés comme soldats et non réhabilités et en plus ils avaient la chance de sortir de leur milieu, j'y reviendrai, et de rencontrer d'autres jeunes venant d'autres horizons. Et l'encadrement ne les considérait et ne les traitait pas comme des délinquants, chose également importante.

 
Si donc maintenant on encadre militairement les délinquants, on rassemblera une population éparse dans des mêmes lieux et dont le critère identitaire principal aura été d'être passé par la case justice. Ils se considéreront donc eux-mêmes uniquement en tant que délinquants et se comporteront évidemment comme tels, sans parler de l'amplification due à l'effet de groupe. Pour échapper à cela ils n'auront même pas l'aide d'un regard extérieur favorable ou indifférent car ceux qui les encadreront ne les considéreront que comme des délinquants. Donc les marqueurs sociaux seront aussi forts qu'en prison. Cela n'a donc rien à voir avec les formes de socialisation qui existaient à l'époque du service national. L'expérience n'est donc pas reproductible.
Si les délinquants que j'ai eu sous mes ordres ne se comportaient pas en délinquants, c'est parce qu'ils étaient dans un autre milieu où la délinquance n'était pas une valeur, et où les opportunités étaient faibles. Et je suis prêt à parier que ce jeune qui fumait du hasch comme tout le monde et planquait des objets volés chez lui a recommencé dans les jours qui ont suivi son retour chez lui. Parce qu'il avait retrouvé son milieu, ses références culturelles. Encadrer militairement des délinquants n'ouvrirait donc que très provisoirement une parenthèse chez la majorité de ces jeunes et qui se refermerait dès lors qu'ils rejoindraient le milieu d'où on les avait extrait pour quelque temps.

 
Tiens puisqu'on parle de temps, je n'ai encore jamais entendu parler la forme, donc contenu et durée, que prendrait cette période passée sous la garde (bon la tutelle, d'accord) des militaires. Pour l'instant on a le bocal qui ressemble à une caserne avec des miradors. Mais on ne sait pas ce qui devrait se passer dedans. Sans doute que pour certains les termes d'encadrement militaire suffisent à garantir un résultat, mais on en est là encore qu'au niveau de l'incantatoire ou de l'illusion. Car il serait quand même dommage que les militaires transmettent à des délinquants leurs savoir-faire. Technique de combat au corps à corps, maniement des armes, combat urbain, etc., voilà des compétences qui devraient intéresser nombre de délinquants, certes, mais est-il vraiment bon de leur délivrer. Que fait-on alors à la place ? On marche au pas, on apprend des chants, on nettoie le casernement, on fait son lit au carré ? ça n'occupe pas une journée tout ça et l'intérêt risque vite de se fissurer.
Ou alors on en vient à la solution EPIDe. Une formation pédagogique qui consiste en gros à apprendre à lire, écrire et compter, une formation civique et une pré-formation professionnelle, le tout n'étant pas assuré par le personnel d'encadrement. (Voir leur site pour plus de détails). Mais le problème est de nature différent. La population des centres EPIDe est détectée lors des journées d'appel de la la défense à cause de son niveau extrêmement bas. Donc il y a homogénéité intellectuelle au moins de la population, ce qui n'est sans doute pas le cas pour les délinquants. En plus il s'agit de volontaires. A titre d'information sur les 20000 attendus ou potentiels, seuls 2000 ont accepté cette seconde chance qu'on leur donnait. J'ai un doute énorme sur les résultats de tels enseignements sur une population contrainte et forcée. L'effet de groupe au contraire dissuaderait certainement ceux qui souhaitent s'en sortir de se manifester ou de faire preuve de trop de zèle dans les apprentissages. Je ne dis pas que là n'est pas la solution mais, outre les problèmes logistiques à régler (je rappelle d'ailleurs que les casernes vides ont été vendues), il y a un vrai travail de fond à faire au sujet du contenu de ce temps passé sous l'œil des militaires dont finalement on voit dans cette hypothèse leur rôle se réduire à celui de gardes-chiourmes.

 
On a en fait en lançant cette idée répondu qu'à une seule question : qui? Le reste, durée, lieu(x), contenu, et comment, demeure dans le domaine de l'inconnu. Mais malgré cela certains trouveront encore que c'est une bonne idée, le slogan d'encadrement militaire devant sans doute se suffire à lui-même.

mercredi 14 septembre 2011

L'encadrement militaire des délinquants en passant par l'emploi des militaires.



Le président-candidat non encore déclaré officiellement vient de se ranger à l'idée de la candidate Royal à la présidentielle 2007, jugée aussi iconoclaste que stupide à l'époque tant par la gauche que par la droite, de faire encadrer les jeunes délinquants par les militaires. Idée saugrenue en effet dont je tenterai de montrer autant l'inefficacité que l'infaisabilité sans oublier de préciser en route les inexactitudes de langage qui se cachent derrière ces glorieux projets. Mais avant, parce que ce n'est peut-être pas inutile pour au moins montrer l'idiotie du projet si on s'en tient à l'énoncé d'"encadrement militaire des délinquants", je souhaiterais parler de l'emploi des militaires, enfin surtout de leur emploi quand ils ne font pas leur travail disons normal, c'est-à-dire participer à des opérations, s'entrainer, et entretenir le matériel.

 
Pour disserter au sujet de l'emploi des militaires je vais me situer dans une perspective disons historique, en fait sur une durée d'une trentaine d'années, donc en me référant à mon expérience d'officier.
Quand j'entrai dans l'armée, c'était un peu moins d'une quinzaine d'années après l'Algérie. Comme de Gaulle avait "bien" fait les choses avec une épuration des brebis galeuses, enfin une épuration de ceux qui s'étaient plus ou moins mouillés au moment du putsch, et surtout des lois de dégagement des cadres, l'Algérie paraissait quasiment aussi lointaine à ceux de ma génération que la seconde guerre mondiale. Les officiers se taisaient et les sous-officiers avaient été très largement renouvelés si bien qu'à l'époque, pour respecter une pyramide des grades à peu près cohérente, il n'était pas rare de voir des adjudants-chefs de 30 ans, quitte à ce qu'ils le restent pendant 25 ans sans autre espoir de promotion sauf pour quelques-uns. Il restait bien quelques anciens, mais disons que dans l'ensemble, l'armée s'était profondément renouvelée et avait donc connu une véritable rupture culturelle. A l'époque les choses étaient assez simples. Il y avait un ennemi potentiel qui se trouvait derrière la ligne Oder-Neisse, à trois jours de Paris auquel faute de pouvoir le vaincre de façon classique s'il attaquait il fallait prouver notre volonté de nous battre avant d'utiliser l'arme nucléaire d'abord tactique, celle qui immanquablement irait frapper l'Allemagne de l'Ouest devenue notre alliée, puis stratégique, celle qui était en mesure de détruire Moscou ou Leningrad d'où je vous parle. C'était quand même un peu le "désert des Tartares" même si nous nous entrainions activement, même très activement en vue de cette éventualité. C'était aussi l'époque de l'armée de conscription, avec donc des effectifs importants. A côté de cette armée qui attendait en s'entrainant, il y avait une autre armée, plus légère, pus souple, davantage professionnalisée et dont les terrains de manœuvre préférés étaient l'Afrique, surtout le Tchad et la Centrafrique (impossible de dire République Centrafricaine puisqu'il y a eu aussi un épisode impérial), ainsi que le Liban mais là sous l'égide de l'ONU. La possibilité de passer de l'une à l'autre des structures, parce que dans les années 80 une situation de fait allait effectivement se décliner en organisation, permettait au personnel de carrière de ne pas s'encrouter ou au contraire de prendre un peu de repos.
Mais disons que dans l'ensemble il y avait un réservoir important d'hommes surtout pour lesquels la probabilité d'avoir à "monter au front" rapidement était très faible. Ce qui a permis de lui faire faire plein d'autres trucs. Je citerai en vrac, le ramassage du foin pendant la sécheresse, le ramassage des poubelles à Paris, les secours au moment des inondations ou incendies, le renforcement des contrôles aux frontières, les marées noires et un tas de tâches dites prestations autant pénibles qu'inutiles pour la collectivité nationale. C'était par exemple le prêt de tentes pour une manifestation organisée par la municipalité qui comprenait bien évidemment le montage et le démontage des guitounes ainsi que le gardiennage (évidemment ça se passait toujours en week-end et bien évidemment ce n'était ni rémunéré, ni compensé en temps de repos), le soutien logistique à la manifestation sportive du coin, ou plus confidentiellement l'organisation à prix défiant toute concurrence, même si ça paraissait toujours trop cher au demandeur, du buffet suivi d'une sauterie de l'association des joueurs de pétanque du coin qui avait le bonheur de compter parmi ses membres un colonel à la retraite. Donc c'était ça en gros jusqu'au début des années 90.
C'est à ce moment que les choses ont commencé à voler en éclat. La chute du mur de Berlin d'abord qui mettait de facto une partie importante de l'armée dans une perspective de chômage et la première guerre du Golfe ensuite qui a montré l'incapacité de l'armée française d'avoir des structures cohérentes en cas de projection importante loin des frontières, non pas tant à cause des structures elles-mêmes qu'à cause de la décision de Mitterrand de ne pas envoyer le contingent. A ce propos ceux qui reprochent à Chirac la professionnalisation et la rupture du lien armées-nation (là je rigole, mais peut-être en débattrai-je une autre fois) devraient reporter la responsabilité de cette décision sur son prédécesseur. Sauf à changer de doctrine, donc à considérer que la guerre n'était plus le problème des militaires qu'on pourrait officiellement reconvertir en éducateurs pour la jeunesse et en absorbeurs de quelques milliers de chômeurs potentiels. Mais c'est un autre sujet.
C'est aussi à partir de cette époque que les choses ont changé et que les prestations des militaires au profit du civil ont été revues à la baisse. Vous aurez donc maintenant moins de chances de voir les militaires transformés en briseurs de grève des éboueurs. Quant aux prestations au profit des communes, des collectivités ou des associations de joueurs de pétanque, elles sont devenues payantes (location de matériel et RDS du personnel nécessaire à la prestation, et ceci au prix fort) ce qui fut assez dissuasif pour les faire quasiment cesser. Car évidemment cette époque correspond à la multiplication des interventions, notamment dans les Balkans et à des contraintes budgétaires de plus en plus pesantes. Et il faut le dire également, à un ras-le-bol des militaires.
Et donc sans penser beaucoup me tromper, car ça fait déjà 4 ans que j'ai posé le képi, les militaires se sont, selon la phraséologie en vigueur, largement recentrés sur leur mission.

 
Sauf que la tentation reste forte de les utiliser à d'autres tâches que celles pour lesquels ils sont prévus. Et donc pendant la dernière campagne présidentielle on a vu une candidate proposer de placer les primo-délinquants sous encadrement militaire. Idée reprise par un député de cette fraction de l'UMP appelée "droite populaire" et désormais par le Président de la République lui-même.
N'étant plus soumis à un quelconque devoir de réserve (et non un droit comme je l'ai parfois entendu dire, notamment par certains généraux confondant ce devoir avec un confortable joker sans doute) je peux donc livrer mon opinion à ce sujet.  
Sur le fond, ça signifie déjà de la part de ceux qui défendent cette idée, le constat d'un terrible échec de la justice française, échec qui se manifeste par un taux important de multirécidivistes. On parle parfois de jeunes délinquants interpelés des dizaines de fois et toujours dans la nature. Et donc devant un échec aussi patent, sans doute de peur de le verbaliser, de désigner des coupables, de dégager des dysfonctionnements majeurs, d'avoir à proposer des solutions restant dans un cadre normal, on en vient à imaginer de repasser le bébé à l'armée. Donc de transformer les militaires au mieux en éducateurs, au pire en garde-chiourmes, et les casernes en centre éducatifs fermés ou en taules sordides. Et ben donc! Certains rappelleront pour justifier cette brillante solution qu'il y eut un service national il n'y a pas si longtemps et que l'armée a aidé des générations de jeunes à devenir des citoyens, à connaitre le goût de l'effort (en général ils connaissaient sans doute l'effort, mais n'y goûtaient pas forcément), la discipline, les contraintes dont celle de la vie en collectivité. A cela j'ajouterai même la lutte contre l'illettrisme (c'était d'ailleurs étonnant de voir ce que pouvaient faire des gens qui n'étaient pas enseignants en quelques mois, là où l'école publique avait échoué en plus de dix ans, mais c'est un autre problème). Et bien oui, tout cela est à peu près vrai. Sauf que c'étaient des effets collatéraux du service militaire dont l'objectif premier était de former des combattants. Je ne parle pas bien sûr de tous ces postes, notamment ceux de larbins permettant d'utiliser une main d'œuvre peu couteuse, postes néanmoins très recherchés surtout quand ils permettaient de rentrer chez papa et maman le soir. Mais là on entre dans un autre débat qui touche à la scandaleuse inégalité du service national.
Donc considérons que la norme était de former des soldats. Je ne me souviens pas une seule fois quand j'étais cadre de contact, donc lieutenant et capitaine, m'être dit fièrement que je formais des citoyens. J'essayais de former des gens aptes à faire campagne le cas échéant et j'étais satisfait quand j'estimais cet objectif atteint. Le reste c'était un plus que je ne faisais pas ou que je faisais sans en voulant en prendre conscience, puisque ça allait avec le reste. C'en était indissociable. Dès lors que les militaires du contingent voyaient les probabilités d'être engagés en opération réduites à néant du fait de la décision de Mitterrand de ne plus engager le contingent, tout cela était amené à s'écrouler à terme puisque l'objectif majeur de la formation militaire disparaissait. La vocation des militaires n'était pas en effet d'assurer cette transition entre deux mondes, celui des ados ou post-ados et celui des adultes. Donc espérer des résultats tangibles en confiant des délinquants à des militaires n'est qu'une illusion si en fond de tableau l'objectif n'est pas militaire. Même si le militaire est un être obéissant ou docile, doté de merveilleuses vertus éducatives dont les effets les plus probants pour ce genre de population à traiter se trouvent sans doute à la pointe des rangers.
Et puis figurez-vous, ça a déjà été fait. Sur une population réduite entre 1984 et 2003. Une association créée par un amiral sans doute plus humaniste que la plupart des militaires a réussi à se doter d'une convention d'une part avec le ministère de la justice, d'autre part avec le ministère de la défense, le premier fournissant la matière première et le second les moyens humains chargés de la modeler pour s'occuper de délinquants. Ça s'appelait Jeunes en Equipes de Travail ou JET. Les résultats sont restés très mitigés, 20% de réinsérés deux ans après être sorti de l'association d'après ce que j'ai lu. De plus quand on demandait des volontaires pour aller encadrer ces jeunes, quasiment toutes les têtes de baissaient, comme quoi leur vocation d'éducateur n'apparaissait pas forcément aux militaires. Mais c'est du passé car puisque d'un côté les juges estimaient que ce n'était pas aux militaires de traiter de réinsertion des délinquants, et je n'ose imaginer qu'ils aient changé d'avis, et d'un autre côté le ministère de la défense considérait exactement la même chose. Donc en 2003 l'expérience fut close. Mais il faut se souvenir que l'idée de madame Royal n'est pas une nouveauté et avant de faire un traitement industriel des jeunes délinquants, il conviendrait peut-être de s'interroger sur une expérience à échelle réduite qui donc normalement aurait dû mieux fonctionner.

 
Passons maintenant aux aspects matériels. Il y a en France 60000 mineurs délinquants présentés au juge chaque année et sur cette masse 80% de primo-délinquants. Donc environ 50000 délinquants à traiter annuellement. Dans l'armée de terre, la moins technique, le taux d'encadrement ou ratio gradés (officiers, sous-officiers)/militaires du rang est d'environ 50%. Evidemment on peut considérer que ce ratio inclut un nombre important de postes administratifs et logistiques d'où les militaires du rang sont relativement absents. Mais au bas mot, compte-tenu d'une population réputée difficile il faudrait compter, mais ça me parait trop faible encore, 2 encadrants pour 5 délinquants, ceci sans compter l'administration et la logistique qui, mettons, pourrait être prise en compte par l'unité militaire de rattachement. Ce qui fait tout de même, soit 20000 postes à créer, soit autant à détourner de leur mission principale, sans doute dans l'armée de terre, la marine nationale ne disposant plus de galères, qui en compte à peu près 100000. Donc un cinquième, ce qui serait criminel si on considère les missions et le taux d'activité actuel des militaires.
Mais si on crée ces postes, qui paie? Eternelle question. Peut-être le budget de la défense déjà tellement étrillé que beaucoup de militaires s'équipent chez Décathlon tellement leur équipement est de mauvaise qualité, et surtout que le matériel est dans un état pitoyable du fait de la remise éternellement à plus tard de la livraison des nouveaux équipements. Pourquoi pas? Ou le budget de la justice au risque de voir se réveiller toutes les pleureuses habituelles? Ça sera le budget de la défense. Faudrait pas que les juges manquent de stylos.

 
Reste à lever certaines ambigüités de langage au passage et se poser ainsi d'autres questions. On parle chez Sarkozy ou Royal d'encadrement militaire tout en se référant à l'EPIDe (établissement public d'insertion de la défense). L'EPIDe qui dispose actuellement de 20 centres en France est placé sous la triple tutelle des ministères chargés de la Défense, de l'Emploi et de la Ville. Pas de la justice puisqu'il ne traite pas de délinquants mais de jeunes volontaires en grande difficulté. On l'appelle aussi centre deuxième chance. Si c'est effectivement soutenu pour partie par le ministère de la défense, on n'y trouve normalement aucun militaire, même si l'encadrement se compose essentiellement d'anciens militaires peut-être nostalgiques d'un certain cadre de vie ou simplement ayant besoin de travailler, mais ce n'est pas statutaire. Ce type de structure si elle était retenue impliquerait donc que l'encadrement ne soit pas militaire, mais de type militaire. D'où la nécessité de recruter dans ce cas de figure. L'EPIDe reçoit actuellement environ 2000 jeunes par an. En conséquence s'il se voyait confier la mission il faudrait revoir les tutelles, le dimensionnement des capacités d'accueil, les effectifs. Donc quelque chose d'énorme. 

 
Et bien entendu une masse de difficultés devant laquelle, habitués qu'ils sont à suivre la pente de la facilité, nos grands promoteurs de cette idée reviendraient vite à l'option militaire dont vous aurez compris que je la rejette complètement. Reste à espérer qu'en bons politiciens ils ne tiendront pas leurs promesses après leur arrivée aux affaires.

vendredi 9 septembre 2011

L'homme nouveau : sans sexe, ni racines. Ou l'école à l'œuvre


Le candidat Sarkozy nous avait promis qu'avec lui comme Président c'en serait terminé de la repentance. Il nous avait également promis que c'en serait fini du politiquement correct.
On peut certes imaginer que ce double combat représentait un enjeu difficile, mais que sa nécessité allait mobiliser les énergies. Or que constate-t-on? Non seulement rien n'a changé, mais on s'attelle au contraire à faire en sorte que le futur adulte arrive dans le monde en ne sachant plus qui il est. Ou plutôt qu'il est un citoyen du monde asexué ou au sexe incertain. Et pour cela quoi de mieux que l'école?
Cette dernière, outre l'acquisition d'un certain nombre de connaissances, dont certaines jugées fondamentales, mais on voit le résultat, devrait permettre à l'individu de se déterminer, de se définir lui-même, de se forger une identité. Mais le désir sans doute de rentrées paisibles ou relativement paisibles alors que les syndicats ne cessent de pleurer sur un manque de moyens chronique et allant en s'aggravant, plutôt que de s'interroger sur la répartition et l'utilisation de moyens qui si on juge du volume de personnel de l'éducation national et de l'argent injecté chaque année dans l'éducation ceci en comparaison avec nos voisins devraient amplement suffire, a favorisé cette abdication face à ces mêmes syndicats de la part du gouvernement. On vous enlève des effectifs et en compensation, vous pourrez continuer à pourrir le cerveau de notre jeunesse. De toute façon à quoi cela sert-il dans une société où l'idéal commun est de se faire suffisamment de fric pour mieux, à prendre au sens quantitatif évidemment, consommer, dans une société où le désir de posséder est devenu le droit de consommer davantage et encore davantage? A pas grand-chose. L'idéal serait même d'aboutir à un enseignement à objectif fonctionnaliste où chacun n'aurait à connaitre finalement de ce qui lui serait nécessaire pour trouver sa place dans un système productivo-consumériste. Alors la culture générale, vous pensez! Et la citoyenneté et la connaissance de soi, encore plus! Tout ça n'a plus aucune importance et pourrait même avoir des inconvénients. En plus de cela il faut prendre en compte les modifications démographiques du pays, ne pas oublier que les "divers" deviennent de plus en plus nombreux et qu'il serait malséant de vouloir leur faire connaitre, adopter une culture pluriséculaire.
Donc apprenons à devenir personne.
 
Pour devenir personne, les choses ne sont pas simples. C'est effectivement un travail de longue haleine qui peut même s'étendre sur une, deux ou trois générations. Un des premiers moyens est le dégout de soi. On voit là le rôle primordial de la repentance. Car apprendre qu'on est l'héritier de salauds qui ont colonisé, qui ont pratiqué l'esclavage, qui ont déporté des juifs n'est quand même pas vraiment sympathique, surtout quand on l'entend rabâché à longueur de temps et que rien ne vient relativiser cela. La repentance bien ancrée dans une partie importante de la population permet aussi de marginaliser, de réduire au silence les horribles salauds qui n'auraient pas intégré ce qui précède. Ceux-ci sont vite réduits au silence si l'envie leur prenait de s'exprimer, ce qu'ils osent de moins en moins, grâce à des invectives que ceux qui les prononcent souhaiteraient sans nul doute létales. Ainsi si on ne s'inscrit pas dans ce processus de repentance on est votre qualifié de réac, de facho, de pétainiste, de raciste. Inutile de continuer. La repentance a donc intégré les registres de la bienpensance, y tient même une place essentielle.
Mais on se rend bien compte qu'il existe quand même des résistances à ce mouvement inéluctable (du moins c'est ce qu'ils voudraient) de l'histoire. Même si quand même quelques digues qu'on croyait solides cèdent. Regardez les résultats en la matière de ce gouvernement élu en partie sur justement sa résistance au phénomène. Il convient donc de s'armer de patience en laissant les générations anciennes s'éteindre tout en préparant les nouvelles à cet ordre nouveau, l'ordre du néant. Et c'est là qu'intervient l'école et notamment des disciplines comme l'histoire.
L'histoire enseignée à l'école a un potentiel de transmission idéologique assez impressionnant. C'est d'ailleurs ce potentiel qui fut employé, ça commence à faire longtemps maintenant, pour transformer les enfants des immigrés polonais, italiens, espagnols, portugais, et même arabes (le même pour ceux qui penseraient cela impossible ou criminel), en petits français qui très vite ne se poseraient plus de question métaphysique sur leurs origines ou leur identité. Donc un des moyens, et peut-être le plus puissant pour assimiler les enfants étrangers ou d'origine étrangère. C'est l'école que j'ai connue il y a un demi-siècle avec, je me rappelle ces grands panneaux cartonnés qu'on affichait au tableau et qui représentaient Clovis, Louis XIV ou Napoléon et d'autres s'agissant d'hommes célèbres et des scènes diverses mais ramenant un certain patriotisme devenu bien désuet, même insultant. Des méthodes fascistes certainement, mais dont on se remet fort bien et qui n'empêchent surtout pas d'avoir par la suite un esprit critique et même de faire de la vraie histoire.
Il suffisait donc de prendre conscience de ce potentiel idéologique et de le retourner, de faire de cette matière un outil combattant tout ce qu'elle avait soutenu jusque là.
Pour cela il suffit de mettre en œuvre des recettes simples : insister sur les zones dites sombres de notre histoire et retirer du programme les éléments-clés donnant une cohérence à un récit national. Aussi désormais insiste-t-on dans les programmes sur les traites négrières (mais évidemment on se focalisera sur celle atlantique), ou sur Vichy et la collaboration et autres joyeusetés de ce genre. Par contre Clovis (imaginez il a imposé la chrétienté à ce qui allait devenir la France), Charles Martel (devinez pourquoi), ou Saint-Louis sont sortis des programmes. Louis XIV pourra être éventuellement étudié, mais c'est en fin de programme dans la thématique consacrée à l'absolutisme, et Napoléon ne sera considéré que sous son aspect de législateur avec le code Napoléon qui deviendra le code civil. Exit donc l'Empire et les conquêtes napoléoniennes. Voilà donc une histoire à la fois culpabilisante et privant les écoliers de leurs racines. Cependant dans un souci d'intégration, car ce sont les Français dits de souche qui doivent aller vers les enfants d'immigrés, on étudiera une civilisation orientale (Chine ou Inde) en 6ème et une civilisation africaine en 5ème.
Et voilà comment passez d'une discipline au service de la nations ou de l'idée nationale à une discipline interdisant le lien national. On remerciera les syndicats de gauche et autre ennemis intérieurs de la France sans oublier ceux, qui bien que tenant des discours inverses, les laissent tranquillement faire.
 
Mais bien évidemment tout cela ne suffit pas à déconstruire les individus, du moins les plus jeunes. Après les avoir privés de leurs racines, il convient maintenant de les priver de leur sexe ou au moins de faire naitre en eux une incertitude sur leur genre sexuel. Ce qui est somme toute sympathique et certainement sans conséquences sur des adolescents, n'est-ce pas? Alors ce coup-ci, ce n'est plus l'anti-France qui est à l'œuvre, mais sans doute des lobbies certainement dans la même mouvance tout de même tendant à vouloir normaliser leurs pratiques sexuelles, ou plutôt de ramener l'hétérosexualité à un choix possible mais certainement pas dominant. Ou alors plus simplement est-ce un moyen de résoudre définitivement le problème de la parité, car si personne n'est ni homme ni femme, ou ne l'est que de façon conjoncturel, le problème tombe de lui-même. On nous a bien répété à l'envi depuis pas mal d'années que les races biologiques n'existaient pas et que donc le racisme était bien entendu une aberration de la pensée puisque fondé sur absolument rien de scientifique. Sauf que là c'est exactement l'inverse : la donnée objective scientifique est mise à mal par des représentations naturellement subjectives. Bon faudrait quand même choisir : on s'appuie sur les sciences dures pour démontrer l'imbécillité de certains systèmes de pensée, ou on les relativise pour faire admettre d'autres systèmes de pensée. Faut choisir, faut être cohérent.
Car désormais en SVT, contre toute attente on a introduit des notions relevant des sciences humaines ou sciences molles. Ce qui ne fait pas forcément bon ménage. Car je pense qu'il existe tout de même des données objectives pour définir scientifiquement un individu comme étant un homme ou une femme. Ça c'est la science dure. Mais son enseignement, peut-être une manière camouflée de gonfler les heures de philosophie peut-être, nous dit que les choses ne peuvent être vues juste à l'aune d'une observation objective, et que même si vous avez un truc qui pend entre les jambes ça ne fait pas de vous un homme. Car ça dépend comment vous le sentez et comment la société le ressent. Enfin ça c'est parait-il la théorie du gender qui nous vient directement des Etats-Unis, qui n'a évidemment aucun fondement scientifique et qui peut-être considérée éventuellement comme une hypothèse philosophique ou sociologique. Voilà donc ce qu'on peut lire par exemple chez Hachette: "Seul le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, mais ce n'est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou féminin" ou encore chez Bordas : "L'identité sexuelle est le fait de se sentir totalement homme ou femme. Cette identité dépend d'une part du genre conféré à la naissance, d'autre part du conditionnement social". Tout ça ça constitue des hypothèses, éventuellement des thèses de discussion, peut-être en cours de philo, mais certainement pas en cours de SVT. Car par amalgame on donne à des théories philosophiques un fondement scientifique. Ce qui décribilise au passage la science.
 
Voilà donc l'école de ce début de XXIème siècle, une école qui n'a plus vocation à aider l'individu à se construire, mais qui tend à le priver de son identité à la fois socialement et biologiquement. Un individu venu de nulle part et incapable même de trouver sa place dans le processus de reproduction de son espèce animale. Un bon petit robot dont les envies, les goûts, les objectifs seront centrés sur la consommation. Admirable synthèse d'une gauche qui piétine l'idée nationale et autres valeurs jugées ringardes et d'un capitalisme optimisé.

mardi 6 septembre 2011

La règle d'or


Je ne suis pas du tout économiste et peut-être sur ce sujet de la règle d'or serait-il prudent que je m'abstienne. Mais après tout bien d'autres que moi parlent de choses auxquelles ils ne connaissent pas grand-chose sinon rien. Je suis toujours d'ailleurs toujours étonné de voire tant de gens s'exprimer doctement et avec aplomb sur les blogs, entre eux, au café du coin, sur les remèdes à la crise que nous connaissons. Tant de Nobels d'économie en puissance dont les solutions géniales restent et resteront ignorées de nos gouvernants. Quel gâchis !
Donc conscient de mes lacunes et m'effaçant devant ces prodiges de l'économie, je me bornerai à énoncer ce que m'inspire cette fameuse règle d'or dans le contexte actuel.
 
Pour commencer il faut souligner que cette règle qui, je le rappelle, vise à inscrire dans la Constitution le fait l'Etat doit limiter équilibrer son budget, en gros ne pas dépenser plus que ses recettes avec néanmoins une marge possible fixée à 3% selon Maastricht, est devenue très populaire dans les pays européens ces derniers temps. La Hongrie et l'Espagne viennent de l'adopter. L’Allemagne qui avait déjà cette règle dans sa Constitution de 1949, et après l'avoir violé quelques fois, l'a revue en 2009 mais en se fixant des objectifs dans le temps.
Il semblerait donc que cette règle devienne un impératif dicté surtout par l'Allemagne aux autres pays européens ou au moins membres de la zone euro, histoire essentiellement de rassurer les marchés ou peut-être de rappeler à leurs responsabilités des gouvernements peu regardant sur la dépense ou plus simplement la maitrise de leur équilibre budgétaire. Dans les faits ça me parait être un outil destiné à rassurer l'électeur allemand, celui qui se serre la ceinture depuis plus de 10 ans pour que l'économie de son pays reste compétitive et qui en a marre de payer pour ceux qui bénéficient ailleurs d'une retraite à 60 sur 14 mois après avoir passé leur vie de labeur à avoir fraudé le fisc de son pays. C'est peut-être aussi un moyen de pression sur ceux qui souhaiteraient oublier des vertus imposées par la raison et les marchés à qui finalement on pourrait signifier que leur laxisme ne sera plus récompensé par la solidarité interétatique dont on voit déjà les difficultés de sa mise en œuvre. En gros, c'est comment se débarrasser des boulets. On les appelle en Allemagne le Club Med.
Car, à mon humble avis, la zone euro finira bien par éclater : on peut supporter le défaut de paiement, sur lequel il n'y a aucune illusion à se faire, de la Grèce, mais au-delà ça devient pour le moins problématique. Sans compter que les peuples ne se laisseront pas faire. Comment en effet me faire comprendre que je dois payer pour des Grecs que je ne connais pas et dont on m'a dit que d'une part ils ont triché pour rentrer dans mon club et que d'autre part ils se sont goinfrés déjà avec mon argent? Ça sera d'autant plus difficile à me faire avaler cette idée que je ne suis pas, comme je l'ai dit en préalable, un économiste distingué. On voit d'ailleurs que cette façon de considérer les choses constitue un obstacle important, peut-être insurmontable, à la mise en place des fameux euro bonds, manière indirecte de mutualiser la dette. Même si c'est peut-être le seul moyen actuel de rassurer les marchés, les peuples appartenant aux pays les plus vertueux n'en veulent pas. Au passage ceci donne une indication remarquable de l'intégration européenne. Donc la zone euro va sans doute éclater. Reste à savoir comment. Une simple scission entre les pays les plus riches ou ayant des performances économiques voisines et les autres, ou un retour généralisé aux monnaies nationales? Mais dans les deux cas ce sont les fondements mêmes de cette Europe sans limites et sans gouvernance qu'il faudra reconsidérer.
 
Mais là je me suis égaré. Je souhaitais en effet centrer mon propos sur la règle d'or et en particulier en France où elle a clairement d'autres enjeux qu'économiques.
 
On peut d'emblée se demander la pertinence d'une règle que le traité de Maastricht nous impose depuis des années. Au passage il n'y a plus grand monde dans les clous en Europe : à ma connaissance seule la Finlande, le Luxembourg et l'Estonie sont sous la limite des 3% de déficit budgétaire, ce qui peut expliquer au passage les réticences de la Finlande à aider la Grèce sans contreparties palpables.
Peut-on donc imaginer que l'inscription de la règle d'or dans leur Constitution ramène les Etats concernés à des pratiques plus vertueuses? Au moins pendant un temps les Etats qui ne respectaient pas les critères de Maastricht étaient sanctionnés, mais ça c'est de l'histoire ancienne. Mais là qui sanctionnera et comment? Un Etat ne peut guère s'infliger lui-même des sanctions. Reste les électeurs. Mais quand on leur aura dit que c'est la conjoncture qui l'imposait, donc qu'on va très vite faire en sorte de retrouver une situation saine et que c'était pour sauver leur sécu, la CAF, le RSA, la CMU, l'AME, les allocations chômage, le minimum vieillesse et autres joyeusetés de l'Etat providence ou leurs équivalents européens (y a tout ça dans les autres pays européens?) ils se calmeront et applaudiront même si on leur présente ça comme il faut. Et puis de toute façon il fait bien qu'il y ait de temps à autre alternance. Ça n'a jamais mis les professionnels de la politique sur la paille après tout. En fait la seule vraie sanction sera celle infligée par les agences de notations, ces fameuses agences qui semblent gouverner le monde grâce à leur préscience, grâce à leur faculté de prédire un avenir qu'elles provoquent rien qu'en le prédisant, mais qui, boule de cristal cassée peut-être ou prudence envers ses clients, n'avaient rien vu venir de la crise des subprimes. Une dégradation de note coûte cher. C'est un peu comme avec votre banquier : quand il commence à rejeter vos paiements, donc quand vous n'avez plus de fric et que cette situation semble devoir durer, il en profite pour vous facturer des frais exorbitants parfois supérieurs au montant du paiement rejeté par lui-même et qu'évidemment sauf aide extérieure ou héritage opportun vous ne pourrez pas payer. Et ce qui vous appartenait devient peu à peu et même parfois brutalement la propriété de vos créanciers. Cherchez bien mais il y a des similitudes. En théorie donc la règle d'or pourrait être considérée comme un rempart contre cette fatalité qui semble nous guetter. Mais ce n'est que de la théorie et la pratique ou les pratiques de nos gouvernements devraient être suffisamment éclairées pour agir selon une règle encore plus stricte, sans qu'elle soit inscrite dans la Constitution et qui fut respectée dans notre pays sous de Gaulle et Pompidou par exemple : on ne dépense pas plus que ce que l'on gagne. L'idée même d'inscrire une telle règle et en de telles circonstances indique clairement qu'on a manqué de clairvoyance ou de responsabilité mais ne prouve pas qu'on sera plus raisonnable à l'avenir même si on se colle des obstacles à soi-même pour éviter des dérapages. Les patchs de nicotine ne remplacent pas la volonté pour arrêter de fumer et cette dernière peut se passer des premiers. Néanmoins, malgré les doutes qu'on peut avoir sur les effets de la règle d'or, il faut quand même donner des signes de bonnes volontés. Et c'est urgent. Car malgré son triple A qui lui permet d'emprunter encore à bon compte actuellement (2,66% sur 10 ans), les suspicions augmentent quant à la solvabilité de la dette de la France. Aujourd'hui pour assurer 10 millions de dollars de dette française à 5 ans il faut payer 180000 dollars. Au 1er juillet, c'était "seulement" 70000 dollars. Il n'est donc peut-être pas inutile de frapper les esprits (des investisseurs) en donnant des signes, même s'ils restent symboliques, qu'on est conscient du problème et qu'on veut faire des efforts, même si hélas à côté on pond un pseudo plan de rigueur bien loin du compte.
Donc pour résumer, la règle d'or dans la Constitution pourquoi pas? Les effets sont loin d'être garantis mais ça ne peut pas nuire. Contrairement par exemple à cet absurde principe de précaution qui constitue un frein notable à la recherche et au développement au moment où il devient urgent de s'investir dans de nouveaux domaines innovants.
 
Reste maintenant à voir comment en France le débat s'est déplacé sur la scène politicienne. Alors qu'en Espagne, à la limite, les socialistes de Zapatero ont anticipé une mesure prônée par l'opposition qui très bientôt sera majoritaire, et que cette dernière de façon logique ne s'est pas opposé, en France les politiciens ont transformé ça en outil tactique électoral. En France les choses ne peuvent évidemment pas se passer comme ailleurs. Surtout à cause d'une opposition qui a compris son rôle de manière très restrictive, enfin une opposition qui s'oppose systématiquement même sur des mesures qu'elle avait proposées ou des mesures sur lesquelles, pire encore, elle affirme son accord. C'est vrai que ça donne envie de voter pour eux! Les socialistes, c'est un peu comme les musulmans : pour ces derniers peu importe qu'ils soient tués, ce qui importe c'est qui les tue; pour les socialistes peu importe la mesure, ce qui importe c'est qui la propose. Evidemment avec une opposition pareille Sarkozy joue sur du velours avec la règle d'or. Car d'avance il connait les premières réactions, du moins les reflexes pavloviens de ses ennemis politiques. Ceux-ci ne voteront pas la règle d'or en congrès empêchant la réalisation d'une majorité des 3/5 nécessaire pour modifier le Constitution. Et si effectivement il y a piège ils sont tombés en plein dedans. Car voter une mesure approuvée par une majorité de Français qui ont peut-être besoin d'être rassurés, même si ce n'est que symboliquement, en ces temps troubles aurait été montrer des signes de responsabilité, le prééminence de l'intérêt national sur les querelles politiciennes. Maintenant reste à Sarkozy de décider s'il convoquera le congrès ou non tout en sachant qu'il risque d'être désavoué même s'il est sûr d'obtenir la majorité, mais ce qui n'est pas suffisant. Ce serait une première sous la 5ème République, mais il pourrait ainsi facilement montrer du doigt l'irresponsabilité d'une gauche se déterminant davantage par rapport à lui qu'aux intérêts nationaux. Il peut s'éviter les frais d'une telle défaite présentant moult avantages en déclarant simplement qu'après consultation de l'opposition, persuadé de ne pas atteindre la majorité qualifiée des 3/5, il s'en remet aux Français qui décideront en avril et mai prochains, en n'oubliant pas au passage de dénoncer l'irresponsabilité de la gauche et en l'accusant au passage de ne pas vouloir ou pouvoir s'attaquer au problème de la dette ainsi que le prouve un programme coûteux. Enfin tout ça parait tellement simple qu'on peut se demander si quelqu'un pense chez les socialistes.
Ces derniers, enfin certains comme la diva du Poitou ou Flamby le sec, sans doute conscients d'une impasse et ne sachant trop comment s'en sortir, continuent à s'enfoncer en prétendant que la mesure est bonne et qu'ils ne manqueront pas eux-mêmes de l'inscrire dans la constitution quand ils seront élus avec un brouillard d'arguments pour justifier leur position. Donc effectivement ils s'enfoncent car plutôt que de parler de la mesure en elle-même, de son opportunité, de son efficacité, ils résument leur position à un refus de vote d'une bonne mesure, selon eux, parce qu'elle est proposée par Sarkozy. 
Ainsi va la politique en France.

samedi 3 septembre 2011

Retour à la civilisation


Gare de Mikhaïlovskaia

Après plusieurs semaines passées dans notre datcha où tout d'abord la piteuse qualité de la liaison internet me permettait à peine de lire mes e-mails et en tout cas m'interdisait toute publication avant, les quatre dernières semaines, de se mettre complètement en berne bien que j'eusse réglé ma redevance à l'opérateur bien évidemment incontactable en ces lieux complètement perdus, me revoilà donc sur ce blog bien délaissé.
Evidemment quand on est un peu coupé de l'actualité, quand le seul lien avec cette dernière consiste en une seule chaîne (Rossyia ou Russie) dont la médiocre qualité de réception ne vous fait allumer votre poste de télévision qu'avec regrets, vous vous dites d'une part que pour l'an prochain il faudra investir dans un équipement satellitaire et trouver un autre opérateur internet, et d'autre part vous vous résignez vous disant que finalement c'est l'été et qu'il ne se passe pas grand-chose en cette période, même si finalement c'est complètement faux.

J'ai donc loupé, ou du moins aperçu derrière les parasites, quelques événements majeurs et mineurs de ces dernières semaines.
 
Globalement rien de bien réjouissant.
Dans l'ordre je crois, la ixième crise de l'Euro conjuguée à celle du déficit américain, le non-lieu pour DSK et la prise de Tripoli. J'oublie certainement d'autres choses que je considère moins importantes comme la tempête tropicale qui a mis les New-Yorkais en panique, le plan d'austérité français et l'université d'été du parti socialiste. Les deux derniers événements cités n'ont toutefois pas été évoqués par l'unique chaine me reliant à l'actualité. On comprend pourquoi. D'autant plus qu'il n'y a pas de rubrique insolite ou humour durant le journal télévisé. Quoi de plus insolite en effet qu'une réunion du PS où on ne s'étripe pas de manière ostentatoire, quoi de plus drôle (mais là on rit jaune quand même) qu'un plan d'austérité qui ressemble à un emplâtre sur une jambe de bois alors que tout s'écroule. Mais dans les deux cas élections proches obligent.
 
Revenons donc aux quelques points soulevés et jugés essentiels.
 
Crise de l'euro, crise de l'Europe, on n'en finit pas. Si j'étais méchant je dirais "bien fait pour eux" moi qui ai voté non à Maastricht dans la ligne Séguin-Pasqua à l'époque. Parce que tout vient de là ou presque. L'idiotie de créer une monnaie unique au lieu de commune alors qu'il n'y a aucune convergence économique, sociale, fiscale dans cette Europe bien trop grande et diverse dans les intérêts de chacun de ses membres. La seule chose qui les unit vraiment est aussi (merci Chirac) ce qu'ils n'ont pas voulu mettre dans leur constitution : les racines chrétiennes de l'Europe donc un corpus de valeurs essentielles. Je le dis d'autant plus facilement que selon les jours je suis athée ou agnostique. Mais si dieu n'existe pas, peut-être, les valeurs elles existent et devraient constituer les fondations de notre soi-disant civilisation européenne, celle qui part en vrille assassinée par les internationalistes, les nihilistes et les hédonistes, celle qui regarde les barbares la détruire tranquillement.
Crise aux Etats-Unis aussi. Fallait-il que l'opposition républicaine menace faussement d'un blocage et de la nécessaire banqueroute qui en serait le résultat pour qu'on s'en rende compte, pour qu'une agence de notation ose, car c'est le mot, dégrader la note de ce pays dont globalement l'état des finances n'a rien à envier à celles du Portugal. Remarquez, il reste tout de même toujours une alternative à la première puissance militaire mondiale. Inutile d'en dire plus. Au moins sur ce plan elle ne risque pas d'être concurrencée ou empêchée par une Europe franchement minable dans le domaine. Et on ne peut donc surtout pas blâmer les Etats-Unis de conserver cet atout essentiel.
 
DSK innocent! Selon la loi américaine bien sûr. Puisque, comme dans beaucoup d'endroits, tant qu'on n'a pas été reconnu coupable on est innocent et que le procès n'aura pas lieu, du moins celui qu'on attendait, DSK est donc innocent. Comme Guérini pour l'instant. Ceux qui comme moi après le début de cette affaire se félicitaient de voir la justice américaine ne pas faire de différence entre les puissants et la plèbe en seront pour leurs frais, même si ces derniers resteront nécessairement beaucoup plus bas que les sommes dépensées par DSK, enfin sa femme trompée et qui aime ça et qui aura dû sans doute vendre quelques toiles heureusement exclues de l'assiette de l'ISF instauré par les socialistes, car il est de notoriété publique que le patrimoine artistique est un moteur essentiel de l'économie d'un pays et à ce titre ne doit pas être touché. Reste à gérer son retour. Bien que son club se fan se soit réduit comme peau de chagrin au fil des semaines dans la mesure où il n'y avait plus rien à attendre de lui, et surtout pas de maroquin, sa présence embarrasse un peu les socialistes dont certains regrettent sans doute qu'il l'ait été, officiellement s'entend, et redoutent sans doute encore davantage qu'il s'en réclame encore. Il est donc sommé de la fermer par certains, avec l'approbation silencieuse des autres. Adieu DSK ! On t'aimait bien tu sais. Avant.
 
Tripoli libérée! Là ça me laisse un dubitatif. Ou plutôt le cul entre deux chaises. Je fais partie de ces générations de militaires qui ont combattu, souvent indirectement, Khadafi au Tchad et qui ont vraiment une très mauvaise opinion du personnage. Sa réception en grande pompe à Paris m'avait quand même quelque peu sidéré. Du coup le fait qu'il soit renversé est loin de me déplaire. Et si demain on le retrouve accroché à un lampadaire, je ne verserai pas une larme bien entendu. Reste que maintenant la responsabilité de la coalition qui a permis, outrepassant, soyons honnêtes, largement la résolution de l'ONU préalable à l'intervention, est grande et elle pourra être amenée à répondre, au moins devant l'opinion, des événements futurs. La France évidemment est la première visée. Car, même si certains me reprocheront de voir des islamistes partout, il est clair que cette engeance a largement infiltré les rebelles. L'avenir reste donc très incertain et peut-être aurons-nous au final remplacé un salaud par des salauds qui auront vite fait d'oublier l'aide déterminante qui leur fut fournie à certains moments. Comme pour la Tunisie, comme pour l'Egypte, et sans doute bientôt comme pour la Syrie, les réjouissances actuelles et les discours laudatifs des intellectuels sur la démocratie arabe à venir me semblent très prématurés.
 
Donc voilà ! Un tour d'horizon très rapide au sujet d'événement que ma situation géographique et technique m'ont permis d'occulter, soyons positif. Maintenant c'est la rentrée qui s'annonce avec sans doute, conformément aux traditions, de l'agitation sociale, juste histoire de ménager une transition entre le repos estival et la reprise effective du travail. Et bien sûr pour les syndicats tellement représentatifs en France, l'occasion de rappeler leur existence et de justifier les subsides inversement proportionnels à leur représentativité. Mais c'est une autre histoire. Enfin je pense que les sujets de réflexion (non je rigole) ne manqueront pas.