L'élection sénatoriale de dimanche dernier a donc vu le sénat passer à gauche. Les socialistes se sont donc bien entendu et très normalement réjouis en rappelant que c'était la première fois que le sénat connaissait l'alternance sous la 5ème République. A tort évidemment, et il est déjà regrettable que le candidat socialiste à la présidence de la chambre haute ne connaisse pas l'histoire récente de l'institution dont il brigue le perchoir, puisque, à ce que je sache, Gaston Monnerville, président de cette chambre pendant de longues années et jusqu'en 1968 était plutôt réputé pour être un homme de gauche. Mais passons, il n'est plus désormais utile de savoir pour diriger. Et il ne faut pas non plus compter sur la mémoire et les compétences des journalistes pour relever certaines erreurs factuelles.
Donc le sénat est passé à gauche. Même si cette alternance ne peut bouleverser en rien la politique gouvernementale, tout au plus peut-elle la gêner, on peut néanmoins en déduire certaines choses relatives au caractère du sénat et au-delà à certaines caractéristiques de la France profonde et de ses représentants locaux.
Evidemment il est facile et même logique pour les socialistes d'imputer leur victoire au sénatoriales sur le rejet de la politique menée par le gouvernement. On peut leur répondre que ce rejet s'est manifesté auparavant aux élections locales perdues par la droite, parfois et souvent d'ailleurs à cause de triangulaires avec le Front national car la droite, jusqu'à présent et contrairement aux socialistes ne fait pas d'arrangements électoraux avec les extrêmes, et que les défaites locales ont fait grossir le nombre de grands électeurs de gauche. Ce qui fait d'ailleurs que cette victoire a finalement peu d'impact médiatique tant elle était prévisible. On peut également arguer du fait que des listes dissidentes à droite ont empêché à celle-ci de conserver sa majorité. C'est vrai que peut-être deux ou trois sièges essentiels pour conserver effectivement une majorité ont été perdus, mais il est également vrai qu'existaient à gauche des listes dissidentes. De fait la bascule a été surtout le fait des grands électeurs sans étiquette, faisant échouer la droite dans certains de ses fiefs, comme le Morbihan par exemple. Alors rejet du sarkozysme? C'est une hypothèse mais qui ne doit pas en masquer une autre moins fondée sur des convictions politiques que sur des intérêts ou des craintes personnelles.
Je pense que la réforme territoriale annoncée pour 2014 n'a pas été sans influence dans le choix de certains grands électeurs. Cette réforme, quoique très insuffisante à mon goût, devrait avoir pour conséquence de dégarnir un peu ce mille-feuilles qu'est devenue l'organisation administrative et politique de la France. Mais avec en corollaire la suppression de quelques milliers de postes d'élus locaux. On peut en outre se demander si cette réforme n'en cache pas une plus profonde à venir si la droite emporte les seules élections importantes de ce pays. Une réforme qui serait sans doute nécessaire pour au moins deux raisons : l'efficacité et la maitrise des budgets. Que penser d'un pays qui compte plus de 36000 communes, tandis que l'Allemagne en dispose de 3 fois moins. La taille médiane de ces communes est d'environ 410 habitants, tandis qu'en Belgique par exemple, elle est de 11265 habitants, ou en Italie de 2340. Encore une exception française et dont il ne faudrait pas se montrer trop satisfait. Il est évident qu'un jour il faudra s'attaquer à ce problème et à d'autres concernant les collectivités. Or la France, depuis Louis XIV reste tiraillée entre la tentation centralisatrice qu'on baptisera plus tard de jacobine et la tentation féodale. Concernant cette dernière les liens de vassalité qui impliquaient des droits et des devoirs pour chacune des parties prenantes a été "avantageusement" remplacée par le clientélisme qui, mine de rien, nous coûte bonbon. Autant dire que les emplois fictifs de la mairie de Paris, c'est du pipi de chat à côté de ce qu'il nous coûte. Et pour ça le clientélisme, les socialistes ils savent faire, et le mille-feuilles constitue une aubaine à son épanouissement. Donc quoi de plus naturel quand on est un grand électeur, acteur essentiel de ces pratiques anciennes mais néanmoins juteuses, que de souhaiter faire perdurer ce système. Et donc le sénat dans sa constitution est le reflet de la volonté de surtout ne pas toucher à ce système. Aussi il est logique qu'il revienne à cette gauche devenue ou plutôt redevenue, puisqu'elle ne fait que renouer avec les vieilles pratiques radicales-socialistes, le véritable parti conservateur, le parti qui s'opposera à toutes les réformes nécessaires pour faire passer la France dans son époque.
Donc chers compatriotes, si vous avez envie que rien ne bouge, si vous voulez continuer toujours à vous plaindre de vos médiocres situations, pour empêcher les réformes nécessaires pour changer votre vie et tenant compte de l'environnement mondial, votez socialiste aux prochaines élections. Vous serez bien servis. On appelle ça le changement pour que rien ne bouge.
j'attendais beaucoup de la réforme territoriale secteur source de redondances aux trésoreries faramineuses à commencer par les postes pourvus noyés dans cette bureaucratie
RépondreSupprimerLe conseil général et ses postes soignants assis sur un maintien à domicile discutable en efficacité et ce poncif qu'est la prévention
je n'ai qu'une chose à dire, la gauche, faute de savoir accéder au plus haut, emmerde tout le monde en local, et quand elle sera en haut devra assumer ce gaspillage
1983 loi de décentralisation...le malheur
que cette gauche s'installe sur sa petite victoire à deux sièges et que les français continuent à croire à ces fadas flanqués des écolos et des ultra gauche
Effectivement ces lois de décentralisation sont un véritable fléau pour ce pays vulnérable à toutes les forces centrifuges.
RépondreSupprimerD'autant plus que si on n'y regarde de plus près c'est de la zoubia. C'est bien davantage une déconcentration des dépenses que des pouvoirs. Si vous allez vous établir dans une autre région votre vie n'en sera pas modifiée, ce qui n'est pas le cas en Allemagne par exemple.
Donc on entretient des armées d'élus et de fonctionnaires pour pas grand chose.