"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 28 décembre 2013

2013, un bilan désastreux






Une fin d'année invite souvent à faire des bilans. On se contentera ici d'en faire un sur ce qui s'est passé en France, en oubliant sans doute beaucoup de choses, mais en tentant néanmoins de relever l'essentiel ou du moins ceux qui ont marqué celui qui le dresse.

Dans l'ensemble, ce n'est vraiment pas terrible. C'est même désastreux pour la France, pour les Français et pour ceux qui les gouvernent. L'incapacité notoire de ces derniers étant évidemment à l'origine  de la mauvaise année des autres.
Je vais dans les lignes qui suivent énoncer les choses essentielles que j'ai retenues, sans grand souci de la chronologie, préférant m'appuyer sur quelques thématiques.

L'année 2013 nous a fait découvrir un président chef de guerre. Sa détermination dans ce domaine a pu étonner tant elle contraste avec celle qu'il démontre généralement. Difficile d'imaginer un individu incapable de gérer quelques ministres turbulents devenir une espèce de Bush miniature allant porter l'épée sur de lointains territoires. Pourtant il l'a fait ou a voulu le faire, révélant peut-être, je dis bien peut-être, une certaine détermination, mais aussi de grandes faiblesses sur le plan international.
Car du Mali à la Centrafrique, en passant par le lamentable épisode diplomatique syrien, Hollande nous aura démontré le peu de poids qu'il possède au niveau international à mettre en corrélation avec son incapacité à se trouver des véritables alliés capables d'autre chose que d'un appui logistique, néanmoins bienvenu car vu l'état de notre armée celui-ci est devenu indispensable, ou d'approbation morale. Il contraste en cela avec son prédécesseur qui avait réussi à mobiliser une coalition pour intervenir en Libye.
Mais relativement à ces conflits il démontre comme lui une absence de perspective stratégique.
Le Mali devait être une guerre facile. Les opérations l'ont en effet été, mais reste que nous n'en sommes pas sortis et que finalement rien n'est réglé. Le problème initial de nature ethnique, sur lequel sont venus se greffer les islamistes, n'est toujours pas réglé et tout peut rebasculer. Nous y sommes donc pour un but de temps.
L'épisode syrien, ou la tentative avortée, heureusement, d'intervention armée dans ce pays, a montré d'une part l'inconstance d'un président désirant soutenir, et soutenant d'ailleurs, les mêmes que ceux qu'il s'enorgueillit de combattre au Mali, et d'autre part le mépris qu'ont ses alliés pour lui, et donc par conséquence pour la France.
Quant à l'opération engagée il y a peu en Centrafrique, elle démontre un certain retard à l'allumage, car c'était évidemment en début d'année qu'il fallait intervenir, avant que les seleka s'emparent de Bangui. Elle indique ensuite que le président n'a pas mesuré dans quel bourbier il engageait nos soldats, tout d'abord en limitant quantitativement le contingent envoyé là-bas, et en pensant pouvoir rester "neutre" alors que la vraie solution aurait été de désigner un adversaire (facile à trouver) et de le renvoyer de là où il venait. Ne pas avoir d'ennemi désigné fait de toutes les parties des ennemis en puissance, au gré des circonstances. Et l'affaire sera rude.
Nous avons donc peut-être un chef de guerre, mais particulièrement inconséquent.

Notre président devait rassembler les Français. Incapable de rassembler sa famille, propre et politique, incapable de rassembler un gouvernement dont la cohésion et au-delà la cohérence n'existent pas, on voit mal comment il aurait pu avancer dans cette rude tâche. Même si, il faut le reconnaitre, des avancées significatives peuvent être observées, mais pas celles qu'il espérait sans doute, à la lecture des différents sondages qui ont vu passer un exécutif d'une côte déjà pas terrible d'environ 35% de satisfaits à environ 20%, de janvier à décembre. Si notre président rassemble, c'est donc contre sa personne. A part un dernier carré composé soit d'autistes, soit de militants aveugles (c'est quasiment la même chose), soit de profiteurs du système (dans ce domaine du clientélisme, les socialistes savent faire), soit d'imbéciles, tout le monde est d'accord sur le fait qu'il est nul et pas à sa place. Mais ça ne suffit pas pour rassembler, car les jugements négatifs sont issus de raisons différentes. Pour les uns ce seront des mesures sociétales dont le but est de détruire nos fondamentaux (famille, nation) tandis que pour d'autres les mêmes mesures ne vont pas assez loin (PMA, GPA, vote des étrangers), pour une frange de la population ce sera une pression fiscale inacceptable, tandis qu'une autre partie jugera qu'on ne redistribue pas encore assez (entendre qu'on ne pique pas encore assez dans les poches de ceux qui travaillent ou donnent du travail), pour beaucoup c'est l'effroi devant tant de dépenses de la part de l'Etat, souvent discutables quand il ne s'agit pas de gaspillage tandis que certains en demandent encore davantage…
Dans d'autres domaines, c'est au sein même du gouvernement que les oppositions des Français trouvent écho. Dans le domaine de la sécurité et celui qui lui est corrélé de la justice nous avons deux ministres qui jouent depuis des mois à "je t'aime, moi non plus" sans qu'on sache quelle est la position du premier ministre et du président. Dans le domaine de l'immigration, de l'accueil des étrangers, de l'intégration, nous avons aussi des sons de cloche différents s'exprimant publiquement (Valls vs Duflot par exemple - le terme de cloche est finalement bien choisi dans ce dernier cas).
On pourrait ainsi continuer longuement et inutilement car il est clair que le pays n'est pas dirigé, pas plus que ne l'est le conseil des ministres. Nous sommes passés d'un omniprésident, et on le lui reprochait assez, à un président virtuel, un qui compte pour du beurre, un inutile, en tout cas incapable ni d'indiquer une voie, ni de faire la police au sein d'une majorité que ne semble rassembler que l'attrait du contenu de la gamelle toujours bien remplie par des Français qui voient le contenu de la leur fondre avant même d'y toucher.

2013 aura aussi démontré l'incohérence et la propension au ridicule de celui auquel une majorité d'électeurs aura confié les destinées de la France.
J'ai déjà mentionné l'incohérence à propos des velléités d'intervention en Syrie. On pourrait aussi mentionner ce refus de se rendre aux jeux olympiques d'hiver de Sotchi au prétexte qu'une loi interdit la propagande homosexuelle auprès des mineurs (c'est bien le moins, à mon avis), tandis que le même n'hésite pas à se répandre en salamalèques auprès de ceux qui pendent les soi-disant victimes de cette loi.
Quant à la propension au ridicule, déjà mentionnée à propos de l'affaire syrienne également, elle a trouvé toute sa dimension à propos de l'affaire Leonarda quand une gamine de 15 ans a renvoyé sèchement en direct notre président dans ses buts.
Alors évidemment la crédibilité du personnage en a pris un sérieux coup, de même que le respect normalement dû à celui qui exerce la fonction présidentielle. Désormais chaque sortie, et elles se font effectivement à cause de cela de plus en plus rares (oubliées en effet les virées de deux jours au sein de la population pour en tâter le pouls), est ponctuée de lazzis et sifflets, même aux moments les plus inopportuns. Du coup, les voyages à l'étranger sont privilégiés, mais là encore il traine toujours un micro et une caméra pour immortaliser certains moments dont se passerait bien l'hôte de l'Elysée. "Il est où l'avion?" par exemple.

On ne peut pas terminer cet inventaire, hélas, trois fois hélas, très incomplet, sans mentionner l'échec non assumé d'inverser la courbe du chômage, ceci malgré tous les artifices déployés pour y parvenir au moins en apparence. Il est effectivement nécessaire de le mentionner dans la mesure où c'était une promesse, un engagement, répétés à l'envi et sur lequel le président demandait à être jugé. Et là on le jugera d'autant plus sévèrement qu'il montre en plus d'un paquet de défauts celui de ne pas avoir de courage. On pourrait gloser sur les causes de cet échec, tandis que chez nos voisins les choses vont un peu mieux dans ce domaine, on pourrait s'étendre sur une politique fiscale désastreuse pour les entreprises et donc l'emploi, on pourrait mentionner les incertitudes liées à une politique erratique et qui nuisent à l'investissement. Mais ce serait inutile puisque le fait de ne pas assumer cet échec laisse penser que les choses continueront comme avant, qu'aucune leçon n'en sera tirée. Evidemment on ne peut pas imputer à ce gouvernement la volonté de ne rien faire dans le domaine de l'emploi. Mais au moins peut-on lui reprocher de ne pas comprendre que sa politique a amené à une impasse et qu'il faut en changer.
Et au président on reprochera une analyse contredisant les chiffres qui, outre démontrer un manque de courage évident, peut être considérée comme une marque de mépris pour tous ceux qui sont touchés par cette calamité et aussi ceux qui peuvent être touchés par elle demain.

Cette année aura effectivement été une mauvaise année pour la France, une des pires qu'elle aura connues depuis pas mal de temps. Et on peut supposer que les deux prochaines au moins ne seront pas meilleures. Les motifs de nous mettre en colère ne risquent pas de nous manquer, à commencer peut-être par l'exploitation prochaine des fameux rapports honteux sur l'intégration et qui nous demandera d'être particulièrement vigilants. Car le plus grand danger pour la France n'est pas la crise qu'elle connait mais la volonté d'une partie de la gauche de l'effacer en torpillant son passé, sa culture et ses piliers. Elle a commencé avec la famille par le biais de cette loi tant controversée du mariage pour tous, et elle continue avec cette imposition de la théorie du genre dans les écoles dès le plus jeune âge. L'enseignement de l'histoire, donc de ce patrimoine commun que nous souhaitons faire partager à ceux qui désirent vivre parmi nous est aussi attaqué depuis quelques années. Donc soyons conscients que l'offensive ne s'arrêtera pas là et aussi que ce n'est pas ce gouvernement qui pourra constituer un frein efficace à cette poussée des ennemis de la France, lui-même étant noyauté par des forces centrifuges.



Ce billet étant très certainement le dernier de l'année je présente tous mes vœux à ceux qui passeraient par là pour l'année 2014.

samedi 21 décembre 2013

Europe-Centrafrique, Rafale, autant de mauvaises nouvelles pour l'armée



Cette semaine aura été marquée pour l'armée par deux mauvaises nouvelles : l'échec de Hollande à "européaniser" l'intervention en Centrafrique et le choix des Brésiliens de choisir un avion suédois plutôt que le Rafale qui reste à ce jour invendu à l'exportation.

Il y a quelques jours Fabius annonçais triomphalement devant l'Assemblée Nationale que des pays européens allaient nous rejoindre sur le théâtre centrafricain . Mais sans apporter de précisions. Celles-ci ne justifiaient pas en effet une attitude triomphale. Car dans les faits, c'est un avion mis à disposition par l'un, la possibilité du déploiement d'une antenne médicale par un autre. Sans vouloir négliger ces apports, force est de constater qu'ils demeureront minimes par rapport à l'effort fourni par la France.
Pourtant on pouvait penser qu'on allait voir ce qu'on allait voir. Notre glorieux chef des armées et incidemment porté sur leur utilisation tandis que dans le même temps il leur impose une nouvelle cure d'amaigrissement (et à ce stade pour encore perdre du poids ce sont des os qu'il faut retirer de la carcasse – et c'est ce qui se passe), donc notre mal-aimé président allait profiter de la réunion des chefs d'Etat des 28 pays membres de l'UE à Bruxelles pour, s'aidant de son charisme, imposer à l'Europe de prendre toute sa place dans cette opération. Eh bien figurez-vous qu'il fut soutenu… moralement.
De fait personne n'a vraiment l'intention à ce stade de contribuer, sinon à dose homéopathique, et en tout cas pas pour financer cette opération. Et donc selon une habitude polie de renvoyer les importuns à leurs doux rêves sans trop les froisser, car chez ces gens on est correct, on a demandé à Madame, pardon, Lady Ashton, de préparer un rapport avec tous les scénarios possibles de manière à étudier tout cela calmement, en janvier, lorsque les dernières traces des agapes des fêtes de fin d'année auront disparu. L'efficacité de Lady Ashton, qui lui vaudra de conserver son poste encore longtemps certainement puisqu'elle ne dérange personne, laisse évidemment présager du meilleur…pour ceux qui  n'ont aucune intention  de mettre la main à la poche.
Toujours est-il que dans l'immédiat ce sera rien et que même pour l'avenir il ne faut compter, Angela l'a dit donc…, sur aucune rétroactivité. La France paiera. Elle paiera parce que son intervention n'entre dans aucun cadre, il en existe (Athéna) où l'Union Européenne pourrait participer au moins dans le domaine de la logistique qui, au passage, n'est pas le moins coûteux. En fait il aurait fallu que l'intervention soit approuvée par les 28 avant qu'elle commence.

Pas possible, me direz-vous, parce qu'il y avait urgence. Pas d'accord. Car, c'est mon avis, et qui repose sur une expérience du passé concernant nos intervention en Afrique, et notamment dans le pays concerné, ce n'est pas maintenant qu'il fallait y aller, mais en début d'année, au moment ou les séléka progressaient vers Bangui. C'est comme ça qu'on faisait avant quand on assumait la Françafrique. On ne laissait pas un gouvernement tomber s'il nous agréait ou si ceux qui voulaient le remplacer ne nous agréaient pas. Une intervention quelques mois plus tôt nous aurait évité de nous engager dans un bourbier. Par ailleurs puisque le prétexte officiel est humanitaire dès cette époque on connaissait le comportement des milices musulmanes, pouvait-il y en avoir un autre, vis-à-vis des populations ennemies parce que pas de la même religion. Mais admettons comme hypothèse, mais elle ne tient guère puisque nous y sommes encore et en volume, que l'opération qui venait de débuter au Mali nous en empêchait. Les quelques mois qui nous séparent de la date de l'opération souhaitable de celle de l'opération réelle auraient alors pu être mis à profit justement pour gagner l'Europe à cette cause que nous voulions défendre. Et là on aurait pu peut-être avoir une opération européenne. A défaut, on aurait pu glaner quelques alliés potentiels capables de nous offrir un soutien autre que moral et qui nous auraient accompagnés. Or, semble-t-il rien n'a été fait ou si quelque chose a été fait ça n'a pas porté ses fruits. Et dans ce cas on se demande pourquoi maintenant les choses changeraient.
Néanmoins et à la décharge de notre bon seigneur qui nous gouverne si mal, cet épisode sans doute sans suite nous montre ce que nous savions, à savoir la nanisme politique de l'Europe. Il  venait d'ailleurs selon une démarche assez stupéfiante. Il voulait relancer l'Europe de la défense en demandant des sous. Personne ne lui a donc jamais soufflé qu'une défense n'est qu'un instrument, pas un but en soi. L'instrument d'une politique étrangère, d'une diplomatie. Penser à une défense commune avant ça, relève de la même logique qu'un euro sans politiques économique, budgétaires, fiscales communes. Donc un bide assuré. Mais passons ce n'est pas le sujet. Comprenons juste que nous devrons si nous voulons continuer à intervenir continuer à jouer les mendiants, faute d'avoir décidé, et ça c'est politique, de nous en donner les moyens.


La vente du Rafale maintenant.
La loi de programmation militaire, en plus d'assumer une baisse des budgets, une baisse des effectifs, une baisse des commandes en matériels majeurs est gagée sur des ressources dont une partie est virtuelle. Vente du patrimoine par exemple, et aussi vente du Rafale. Le Rafale a 13 ans maintenant et en est à son huitième échec consécutif en termes de ventes à l'étranger.  Je ne vais pas m'étendre sur les raisons qui ne sont pas dues aux qualités de l'avion qui est un des meilleurs sur le marché et peut-être le meilleur, mais aussi le plus cher. Entre les possibilités budgétaires des acheteurs potentiels, la concurrence, des capacités dépassant les besoins de certaines armées et sans doute d'autres causes, les raisons de cet échec commercial sont multiples.
Reste néanmoins que si on ne vend pas cet avion au moins en quantité suffisante et selon des conditions acceptables, les ressources consacrées à la défense seront insuffisantes pour assurer le déroulement d'une loi de programmation par ailleurs déjà problématique. La démarche de Hollande hier et aujourd'hui à Bruxelles montre déjà nos difficultés à honorer deux théâtres d'opération, mais dans 5 ans, à l'issue de la LPM, et selon les experts ce ne sera même plus envisageable. Ce que Hollande fait actuellement il ne pourrait plus le faire dans 5 ans. C'est vrai que ce n'est pas trop son problème puisqu'à cette époque il pantouflera au conseil constitutionnel. Mais c'est quand même quelque part assez malhonnête. Car il laissera derrière lui des capacités inférieures à celles qu'il a trouvées et ceci par son unique volonté. Ceci n'est pas une excuse mais en cela il est fidèle à la démarche engagée par au moins de ses 3 prédécesseurs.

Cette semaine aura donc été une mauvaise semaine pour l'armée française victime d'un acharnement à faire d'elle une variable d'ajustement depuis une bonne vingtaine d'années. On retiendra par exemple qu'elle assurera à elle seule plus de 60% des suppressions d'effectifs dans la fonction publique en 2014. Mais il n faudrait pas que ce soit son seul titre de gloire.

vendredi 13 décembre 2013

Le rapport contre la France






Je ne sais quels sont les objectifs réels de ce rapport, en fait de ces 5 sous-rapports mais dont les contenus indiquent au moins une grande concertation (d'autres appelleront cela convergence) de leurs différents et nombreux auteurs et contributeurs. Au passage, en tant que contribuable, j'aimerais que chacun des nombreux rapports dont s'abreuve me gouvernement pour l'alimenter dans sa réflexion, pardonnez-moi cet humour, indique en annexe son coût total détaillé avec en particulier les sommes versées aux contributeurs.
En tout cas ceux-là auront bien gagné leur croute s'il s'agit d'acter et d'accélérer le processus déjà engagé de disparition de la France en tant que nation. J'ai de mon côté d'autres idées sur la forme de la rétribution qu'ils méritent mais, son explicitation étant contraire à la loi, je m'abstiendrai de l'expliciter.

Pour en revenir aux objectifs, on peut envisager 2 hypothèses principales. La première est pour le gouvernement de dégager des éléments pour définir la place en France des immigrés et de leur descendance. La seconde, purement politicienne est de faire exploser le vote au profit du FN. Les dernières sorties de la part de l'UMP sur l'immigration semblent indiquer que de ce côté-là c'est bien cette hypothèse qui a été privilégiée.

Il ressort de la lecture des différents sous-rapports une franche hostilité à ce qu'on pourrait appeler encore la nation et l'identité nationale, du moins ce qu'il en reste. L'identité nationale et donc la nation sont présentées comme un danger.
Je cite : " Le recours à la notion d’identité nationale présente le risque de faire appel à une idée de la nation d’ordre existentialiste. La tentation est forte de se référer à une nation ayant des caractéristiques que toute personne désireuse d’en faire partie se voit contrainte d’accepter sans conditions. " La nation serait donc une contrainte.
On opposera cet extrait à un autre de Renan (Qu'est-ce qu'une nation?): "Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme, Messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements."

Pour que les étrangers venant en France devenant français, ainsi que leurs rejetons, se sentent français, il est nécessaire que le Français de souche, ou disons le carrément blanc, européen, cesse lui-même de se considérer comme français. Mais même là, je reste en deçà de la volonté affichée dans le rapport puisqu'il devrait être parfaitement inutile de devenir français selon les préconisations avancées pour avoir les mêmes droits que les Français. Tout nouvel arrivant pourrait par exemple accéder à la fonction publique et à tout le panel de prestations auquel il pouvait accéder parfois après un certain délai sur le territoire.

Pour détruire les bases de l'identité nationale, notre héritage, notre patrimoine, toutes ces choses que nous offrions à ceux qui faisaient l'effort, j'espère que ce gros mot ne sera pas censuré, de vouloir devenir français, les recettes sont explicitées. On y parviendra par le biais de l'enseignement de l'histoire, déjà bien entamé depuis une trentaine d'années, par la culture et par la ou les langues.
L'histoire devra être commune. Exit l'histoire du pays. Or évidemment dans cette communauté historique on trouvera évidemment, et il faudra insister sur ces points, toutes ces vilaines choses que les Français d'autrefois ont fait subir aux ancêtres des nouveaux arrivants. Colonisation et esclavagisme devront trouver une place de choix (je n'invente rien, tout ça est écrit!). C'est Christiane qui va être contente. Il faudra aussi renouveler notre panthéon, l'aérer, le dépoussiérer, bref faire le ménage (et pourquoi pas raser celui qui ferme la rue Soufflot, du nom de son architecte). Imaginez la honte. On ne trouve guère que des mâles blancs hétérosexuels dans notre panthéon (c'est écrit aussi). Et ça ça ne va pas, ça ne va plus. Il nous faut de la couleur, du genre, du LGBT.
S'agissant de la culture il faudra bien que la France assume "la dimension "arabo-orientale" (comme afro-antillaise, océanindienne, mélano-polynésienne ou sud-est asiatique) de son identité et sortir de son attitude postcoloniale". Nous y voilà : l'identité française, je parle de la moisie selon l'expression de notre grande ministre de la culture, ne devra constituer qu'une dimension parmi d'autres de l'identité nationale. Ceci s'accompagne d'un panel de proposition sur la promotion des cultures exogènes qui ne le sont plus évidemment.

Dans ces conditions et dans le même ordre d'idée, il ne faudrait pas considérer la langue française comme supérieure aux langues des migrants. Celles-ci doivent être également enseignées à l'école, partout sur le territoire et non pas en des lieux élitistes (référence à H IV et l'arabe). L'arabe et le turc, sans doute par pragmatisme, sont plusieurs fois cités comme des langues dont il faut généraliser l'enseignement. Mais une langue africaine serait aussi la bienvenue.
N'en doutons pas, même si je ne l'a pas vu écrit dans le rapport, la logique voudra, si ce genre de mesure est acceptée à ce que l'administration prenne en compte ces langues. On comprend alors mieux la proposition d'ouvrir la fonction publique aux étrangers.

Je passe sur un tas de mesures qui pourront être lues dans les différents sous-rapports, et qui vont toutes dans le même sens, c'est-à-dire la nécessité pour les Français de souche de s'adapter, à eux les devoirs, aux autres les droits, et, il faut en être conscient, la disparition de la France en tant que nation.

Evidemment les auteurs de tous ces délires, entre deux bouffées de chichon, se sont bien rendu compte que ça risque de mal passer. D'autant plus mal que dans tous les sous-rapports apparait explicitement une dimension franchement raciste et discriminatoire de la France actuelle, un des bras armés de cette dernière étant évidemment la police dont on a bien pris garde à limiter le champ d'action dans les propositions.
Et donc pour que ça se passe "mieux", en attendant que la lobotomie fasse ses effets, on prévoit des mesures coercitives, dopées par des institutions ad hoc (fait bien aussi penser à se placer). Ainsi prévoit-on par exemple un délit de harcèlement racial, ou une prise en compte de la "bonne conduite" (soumission?) des entreprises dans l'attribution des marchés publics.
Ce ne sont pas que de simples propositions, c'est tout un système qui se dessine dans ce rapport.

Je ne veux pas présumer de l'avenir de ce dernier. Le retour en arrière concernant les signes religieux (comprendre le voile) à l'école a déjà été refusé par le gouvernement. Peut-être par opportunisme puisque le retour du voile est la mesure présentée en premier par les médias.
Reste que quelles que soient les suites de ce rapport, le fait qu'un tel torchon puisse apparaitre en tant que force de proposition sur le site du gouvernement en dit long sur l'état de déliquescence de notre société.

mercredi 11 décembre 2013

Pourquoi meurent-ils?







Je veux parler évidemment de nos militaires en opération de par le monde.

Il y a actuellement selon le site du ministère de la Défense 8500 militaires français en opération (voir la carte). Parmi les opérations en cours on peut distinguer celles qui relèvent d'un conflit armé et celles qui se situent dans le cadre d'une présence, parfois dans le cadre des Nations-Unies. Un autre type de classification pourrait être opéré en distinguant les opérations à risques et les opérations moins dangereuses. On pourrait aussi distinguer les opérations dont on parle et celles dont on ne parle pas ou plus.

Mais il n s'agira pas ici de faire le point sur ces différentes opérations, même s'il sera inévitable d'en dégager certaines caractéristiques. Il s'agira de tenter de comprendre, peut-être, pourquoi nos soldats risquent leurs vies, en 2013.

Evidemment quelques crétins diront qu'ils sont payés pour cela. Payés pour mourir. Bien peu en tout cas. Et comme si on pouvait être payé pour mourir. Laissons ces abrutis à leurs délires antimilitaristes.

Il est clair qu'un soldat, d'autant plus que désormais nous nous situons dans le cadre d'une armée professionnelle, donc ne faisant appel qu'à des volontaires, doit (ou devrait) prendre conscience que son engagement à servir sous les armes peut le conduire à une issue fatale. Les deux jeunes soldats morts récemment au premier jour de l'opération se déroulant en Centrafrique y avaient sans doute pensé. D'autant plus que ce sont principalement des militaires du même régiment qui sont tombés lors de l'embuscade d'Uzbin en 2008. Et pourquoi sont-ils morts, ces deux jeunes parachutistes, et aussi ceux tombés il y a plus de 5 ans déjà? Pourquoi sont morts aussi 7 militaires au Mali depuis le début de l'opération Serval et les 89 tombés en Afghanistan? Et les 116 morts en ex-Yougoslavie?  Et les 158 au Liban? (les deux dernières opérations se passent sous casque bleu essentiellement). Sans oublier le Tchad (158 morts également), et diverses autres opérations, la guerre du Golfe par exemple, peu meurtrières dans nos rangs.
Parmi tous ces morts moins de la moitié a eu droit à la mention "mort pour la France". La mention est restrictive en effet, d'autant plus restrictive que la situation de temps de guerre n'est pas toujours avérée, officiellement du moins, ce qui permet de considérer le militaire mort accidentellement de la même manière que s'il était mort en permission. Tant pis pour les veuves et les orphelins. On leur épargnera quand même la mention "mort par imprudence" avec, pourquoi pas, imputation du coût des dégâts aux héritiers. Bon, eux sont donc morts pour rien. Et les autres?

Le président de la République de passage à Bangui s'est incliné sur les dépouilles des deux soldats tués lors d'un accrochage. Il a déclaré que "Nicolas Vokaer et Antoine Le Quinio sont tombés pour la France, pour une noble et belle mission: sauver des vies" et que "La France, ici en Centrafrique, ne recherche aucun intérêt pour elle-même. (...) La France vient défendre la dignité humaine". Ainsi les militaires français actuellement en Centrafrique seraient donc susceptible de mourir ni pour la France, ni pour ses intérêts, mais pour la dignité humaine et pour sauver d'autres vies. Sans vouloir commenter plus avant ces déclarations, le président de la République donne sa définition des  raisons actuelles qui peuvent amener un militaire à sacrifier sa vie. Mais au Mali les raisons étaient différentes. C'était pour stopper les terroristes islamistes (la la demande du gouvernement malien et après accord de l'ONU). En Afghanistan c'était dans la cadre de la lutte contr le terrorisme et pour instaurer la démocratie. Où se situent la France et ses intérêts là-dedans? Ne serait-il plus question d'en parler? Les intérêts du pays sont-ils devenus un sujet tabou? L'armée est-elle devenue l'instrument des bonnes œuvres? Soyons sérieux.

Il fut un temps où c'était facile pour le militaire. C'était quand la menace pesait sur le territoire national et l'empire colonial. En choisissant de servir sous l'uniforme, on connaissait la raison du possible sacrifice de sa vie. Disons que cette période fut longue, même très longue et qu'elle s'acheva avec la fin de la guerre froide. Certes la guerre froide, c'était un peu le "désert des Tartares" et les opérations extérieures en Afrique, et au Liban, essentiellement, permettaient de s'aguerrir et aussi d'affirmer le rang international de la France. Celui-ci était adossé, au moins pour partie, à une armée digne de ce nom avec des effectifs conséquents, un budget correct et des perspectives quant à l'évolution de son matériel, les trois éléments étant évidemment liés.  Quand nous intervenions au Tchad, en Centrafrique déjà, à Kolwezi, nous savions quels étaient les enjeux. Les intérêts de la France y apparaissaient clairement. Et la mention "mort pour la France" avait tout son sens quand elle accompagnait le patronyme d'un soldat mort en opération. C'était aussi l'époque de la conscription qui s'accommodait fort bien de ce principe de base que le militaire était là pour se sacrifier pour son pays. Elle n'a pas résisté à la disparition de la menace extérieure. En refusant d'engager le contingent dans les opérations extérieures, les seules qui pouvaient encore exister, la conscription n'avait plus sa raison d'être. Comment justifier encore qu'on mourrait pour la France dès lors que la mort survenait loin, à l'étranger, tandis que le territoire national n'était pas menacé. Celui qui signa la mort de la conscription ne fut pas Chirac, mais Mitterrand en refusant d'engager le contingent lors de la guerre du Golfe (il mettait ainsi l'armée de terre notamment dans une situation des plus délicates dans le cadre de cette opération). Sa décision, mais pouvait-il en prendre une autre, impliquait  que seule une professionnalisation de l'outil militaire était en mesure de faire face aux interventions qui attendaient l'armée française.

Tandis que celles-ci se multipliaient, on récoltait dans le même temps les dividendes de la paix (dixit Fabius) en diminuant sans cesse les budgets, en faisant fondre les effectifs, en privant les militaires du renouvellement nécessaire de leurs matériels. Et ça continue, les militaires assumant actuellement la presque totalité de la réduction des effectifs des agents de l'Etat. Ou de leur stabilité.
Néanmoins ils sont toujours autant sollicités pour stopper les islamistes, mais ils ont failli l'être pour les aider en Syrie, ou défendre la dignité humaine. Heureusement pas partout car ils n'y suffiraient pas, loin de là. De fait on pourrait se demander légitiment "pourquoi nous?". Les autres pays occidentaux, européens notamment, ne sont-ils pas concernés par la dignité humaine et l'enrayement de la progression de l'islamisme en Afrique. Certes cette dernière mission pourra nous rappeler avec une possible nostalgie l'époque coloniale qui constitua de fait un endiguement de la poussée de l'islam en Afrique. Mais nous ne saurions nous référer à cela, horreur!, pour justifier notre action. Pas plus également que nos responsabilités en tant qu'anciens colonisateurs. Ça fait quand même un demi-siècle qu'on a tendu les clés. Et le gouvernement actuel pourfendeur de la Françafrique qui caractérisait les gouvernements de droite évidemment ne pourrait tomber dans le même travers qu'eux.

Alors pourquoi meurent-ils? Plus vraiment pour la France, plus pour ses intérêts selon le président. Quand même pas pour ceux des Chinois, pour pacifier des zones où ils pourront mener leurs affaires en toute quiétude! L'opacité de notre diplomatie ne permet guère de donner une réponse à ceux qui en sont le bras armé. Pourtant je pense qu'ils en auraient besoin. Ainsi qu'autre chose que de beaux discours qui ne sauraient remplacer les moyens manquants.


vendredi 6 décembre 2013

Réflexion sur le général Aussarsses





Le général  Aussaresses est mort il y a peu. On se souvient de cet homme parvenu à la notoriété publique à plus de 80 ans. Lui ne s'indignait pas mais ramenait à la surface un épisode de notre histoire pas très lointaine que certains voudraient bien oublier tandis que d'autres s'en servent avec délectation pour salir la France. En faisant ça, en témoignant de son expérience, il ne pouvait donc que s'attirer le rejet des premiers et la haine des seconds.



Oui Aussaresses fut celui qui mit en œuvre la torture et les exécutions sommaires pendant la bataille d'Alger. Il était à l'époque chef de bataillon, commandant, et avait été appelé par le général Massu, commandant la 10ème division parachutiste à l'époque. Son expérience et ses résultats dans le renseignement l'avaient en effet imposé comme responsable du domaine à l'état-major de Massu. Et à ce titre il fut un des maillons essentiels qui permit de remporter cette fameuse bataille d'Alger qui n'en était guère une au sens commun du terme puisqu'elle consistait du coté du FLN à pratiquer un terrorisme aveugle visant essentiellement la population civile.  

Deux fillette victimes de l'attentat du milk bar
 

Non la bataille d'Alger n'était pas une bataille comme les autres. Elle se manifesta en France par l'abandon par le pouvoir politique de ses responsabilités qu'il délégua entièrement à l'armée. Elle fut d'un point de vue militaire un cas d'école. L'armée américaine notamment s'y intéressa beaucoup et  Aussaresses fut détaché en tant qu'officier de liaison à Fort Bragg, le sanctuaire des forces spéciales. La bataille d'Alger, c'est la guerre subversive, asymétrique, où l'ennemi ne porte pas d'uniforme, ne respecte pas les lois de la guerre, prend pour cibles civils, femmes, enfants, commet des actions qui le sortent de l'humanité. C'était ça le FLN pendant la bataille d'Alger, et il fallait éradiquer ce mal dans une course contre la montre. Or quand on confie aux militaires les pouvoirs politiques, de justice, de police, et enfin militaires, en leur assignant la mission d'en terminer au plus vite, en prenant soin de leur faire comprendre qu'ils ne seront ni contrôlés, ni jugés sur leurs actes car seul le résultat compte, il faut s'attendre, compte tenu des circonstances, compte tenu des caractéristiques de cette bataille que ça ne se passera pas d'une manière disons classique.



D'un point de vue technique, il faut aller vite, pour prévenir les attentats à la bombe, et il faut reconstituer les réseaux. Le renseignement est donc au cœur du dispositif. Or le renseignement, à l'époque et compte tenu des circonstances ne peut guère être que d'origine humaine. La terreur appliquée par le FLN à la population qu'elle prétend libérer du joug français limite les candidats à la délation. On peut donc infiltrer ou … ou? Il y a bien eu des opérations d'infiltration, mais essentiellement dans une seconde phase, notamment par le biais d'agents du FLN retournés… dans la première phase. La seconde phase s'est d'ailleurs effectuée sans Aussaresses et sans le colonel Trinquier autre acteur clé de cette première phase, ce qui semble indiquer peut-être que la torture et autres méthodes coercitives n'ont été envisagées  que dans une période transitoire parce qu'elles semblaient nécessaires. C'est d'ailleurs le propos d'Aussaresses qui déclarait que c'était une nécessité à ce moment-là et que de ce fait il ne regrettait rien.



J'ai évidemment lu son livre qui est très descriptif et ne laisse aucune place à d'autres considérations que les faits. Un livre documentaire, qu'on peut trouver froid car ni les sentiments, ni le regret, ni la satisfaction n'y trouvent place. Il estime avoir fait ce qu'il devait faire compte tenu des circonstances.



Alors maintenant comment faut-il juger cet homme? La difficulté réside déjà dans ce qu'on lui reproche.

Si on ne devait s'attacher qu'aux résultats pour juger de l'opportunité de la méthode, c'est-à-dire être purement rationnel, on pourrait dire que ce qu'il a fait a porté ses fruits. La bataille d'Alger a été gagnée. Le FLN a été éradiqué d'Alger et jusqu'à la fin de la guerre il n'y a plus jamais eu d'attentats dans cette ville. Des dizaines de gens lui doivent peut-être leur vie ou leur existence sans le savoir.

Le colonel Godard présente à la presse 33 bombes récupérées lors d'une fouille dans la Casbah d'Alger.

Si on se place sur un plan éthique la bonne question à se poser est : "peut-on se rabaisser au niveau de son adversaire pour mieux le combattre?" C'est la question complète qu'il faut se poser évidemment même si ceux qui ont pris l'habitude de  critiquer sans réserve l'armée française pendant cette période bénissent souvent les salauds qui se trouvaient en face.

Cette question pourrait être éludée facilement. On pourrait juste dire qu'Aussaresses, vu son grade à l'époque n'était qu'un exécutant, que les vrais responsables se trouvaient plus haut dans la hiérarchie militaire et surtout peut-être politique. On y reviendra plus loin pour mieux comprendre ce qui lui est arrivé après son témoignage. Mais en attendant, on ne peut se contenter de cela. Un homme reste un homme, même inséré dans une hiérarchie et possède le droit de dire non. Or il n'a pas dit non. Certains l'ont fait et ont été sanctionnés… parle pouvoir politique.

Pour ma part je me garderai bien de le juger. Parce que je suis bien incapable de dire ce que j'aurais fait dans les mêmes circonstances. Je ne sais pas si à la vue de ces cadavres d'innocents, de ces corps d'enfants mutilés par les bombes, je n'aurais pas mis un voile sur ma conscience, sur mes valeurs pour faire cesser ça. Mais je ne doute pas que certains connaissent la réponse. D'ailleurs certains commentaires lus ailleurs sont clairs : c'est un criminel et rien ne justifie la torture. J'envie les gens qui ont des certitudes. Moi, je me suis posé la question pendant longtemps et je bénis le ciel de ne pas m'avoir donné l'occasion de trouver la réponse.



Maintenant, et c'est peut-être le cœur du problème, ce n'est peut-être pas tant d'avoir torturé et pratiqué des exécutions qui fit reproché à Aussaresses, que de l'avoir assumé. Je n'ose pas dire révélé car évidemment l'usage de la torture et la pratique des exécutions sommaires, appelées communément corvée de bois, étaient bien connues. Mais on n'en parlait pas ou plus. La loi d'amnistie y avait contribué.

Et voilà qu'un vieil homme sort du silence, se dépare de la discrétion qui fut la sienne pendant toute sa vie et sa carrière, et jette le pavé dans la marre. Et ça on ne lui a pas pardonné. Certes les indignés de l'époque trouvent enfin un visage, un nom à mettre sur la torture. Ceux qui l'ont pratiquée généralement le nient. Mais les autres…

Les autres, ce sont le président de la République en personne, et le commandement militaire de l'époque du la publication du livre. Parmi les chefs militaires de l'époque, aucun n'a fait la guerre d'Algérie, et à fortiori été confronté à ce type de situation où il faut choisir. Trop jeunes. Bien sûr, ni le président, ni les militaires n'ignorent rien de ce qui s'est passé. Mais ce vieux général en deuxième section est insupportable, pas à cause de ce qu'il a fait, mais parce qu'il le dit et même sans se repentir. Il faut donc qu'il paie. Et pour cela on agit comme si on découvrait les faits, comme si la vérité apparaissait brutalement et avait en plus cet avantage d'avoir un visage.

Le général Aussaresses est donc, sur proposition des plus hautes autorités militaires de l'époque, mis à la retraite d'office, ce qui est davantage symbolique qu'autre chose, mais le symbole est fort, c'est un symbole d'exclusion. Et sur l'initiative du président de la République, Jacques Chirac, il se voit exclu de l'ordre de la légion d'honneur. C'est sans doute la sanction la plus dure, car elle balaie d'un revers de main l'ensemble d'une carrière, dont une bonne partie se passe en temps de conflit. Elle balaie de la main les actions effectuées en territoire occupée par le lieutenant Aussaresses et qui lui vaudront la croix de chevalier de la légion d'honneur, elle balaie son action dans la création du 11ème choc, l'ancêtre du service action de la DGSE. Et ceci pour moi est une honte. Car en toute logique seuls les faits auraient pu justifier ça, il est pourtant monté en grade dans l'armée et dans l'ordre de la légion d'honneur postérieurement aux faits, connus, et non leur rappel. On n'aura pas l'hypocrisie de parler de révélation.



Du fait de son témoignage, il a été condamné avec ses éditeurs pour apologie de la torture. Les historiens n'ont plus qu'à se méfier. Les éditeurs ont fait condamner la France pour ce jugement par le CEDH. Aussaresses pour sa part n'avait pas soumis de recours devant cette juridiction.



Il a tété abandonné par tous, même sa famille. Il a servi de parfait bouc-émissaire.

Seule aujourd'hui l'union nationale des parachutistes ose encore célébrer sa mémoire.



Son histoire reste à méditer. Bien sûr à cause de ce qu'il a fait, mais surtout à cause de la manière de considérer la vérité quand elle est exposée publiquement. Notre société préfère visiblement le mensonge ou le non-dit à la vérité. Et malheur à celui qui l'exprime, surtout quand il ne peut être démenti.