"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 30 novembre 2012

Et pendant ce temps là…



Les tristes ou amusantes affaires de l'UMP auront eu au moins cet avantage pour ceux qui nous gouvernent d'échapper à la volée de critiques qu'auraient dû leur valoir ces dix derniers jours. Il y a en effet eu une accumulation de faits qui auraient dû monopoliser l'attention et précipiter sans doute encore vers le bas la côte de popularité de notre couple exécutif. Certes il a encore baissé dans les sondages d'opinion atteignant de nouveaux records d'impopularité après 7 mois au pouvoir, mais ça aurait pu encore être pire.

Pour ne pas oublier listons quelques un de ces événements qui ne seront pas présentés dans l'ordre de leur apparition.

Tout d'abord le mariage pour tous, réforme sociétale phare de notre président qui semble de moins en moins emballé par la chose, lui-même n'étant pas d'ailleurs un adepte du mariage, et dont on se demande s'il ne regrette pas finalement d'avoir engagé cette réforme. Car sans doute s'est-il rendu compte que celle-ci, conçue sans doute pour faire plaisir à une minorité dans la minorité homosexuelle ne passera pas comme une lettre à la poste. Bien évidemment une majorité de Français étaient favorables ou plutôt favorablement indifférents à une revendication qui aurait pu passer pour du folklore, du style mariage entre Coluche et Thierry le Luron, avant qu'ils ne se rendent compte que derrière ça se cachait quelque chose de plus vaste qui eux-mêmes les toucherait, remettant en cause, en particulier leurs statuts de père ou de mère. On ne touche pas comme ça à la famille.
Il faut donc maintenant prendre en compte ces oppositions qui se manifestent jusque dans la rue avec un succès véritable, même si minoré par les comptages policiers et les médias, ainsi que l'opposition de certains élus, même de gauche, ce qui n'arrange pas les affaires. Auraient-t-ils tous été de droite qu'on aurait pu fustiger la réaction, voire une homophobie consubstantielle à la droite sans doute. Face à ces élus Hollande le mou a donc mis en avant la liberté de conscience de chacun permettant ainsi aux élus de ne pas appliquer la loi si elle ne correspondait pas à leurs convictions. Ce qui est tout de même assez étonnant dans un Etat de droit. Bien sûr la loi serait quand même appliquée, un maire pouvant toujours se trouver un adjoint pas hostile et l'habiliter à devenir officier d'état-civil. Tollé chez la minorité d'agités qui veulent absolument ce mariage pour tous et le pack complet qui va avec. Et donc Mollande effectue en moins de 24 heures son second recul sur le sujet. J'imagine que ses conseillers ont dû fermer son agenda pour éviter une nouvelle rencontre avec un quelconque autre lobby et éviter un nouveau pas de danse en arrière. Mais on peut donc considérer que l'affaire n'est pas close et que vu le caractère ferme de notre chef à tous, chacun peut encore espérer l'issue qu'il souhaite sur ce sujet.

Par contre quand il est loin des intéressés directs notre président peut prendre de surprenantes décisions aussi téméraires que discutables. Tandis qu'il est plutôt va-t-en guerre avec les islamistes qui occupent le nord du Mali, mais ils ne sont pas seuls et sans prise en compte et même règlement en amont du problème touareg on imagine mal comment s'en sortir, il reconnait la rébellion syrienne elle-même noyautée par des islamistes comme seule représentant du peuple syrien. Assez curieux ces précipitations qui me semblent contradictoires et ne pas prendre en compte, loin de là toutes les données du problème. Mais peut-être qu'au Quai d'Orsay on a remplacé trop de monde par des nouveaux qui par exemple, ne se seront pas posé des questions au sujet des Touaregs, ou ne se seront pas demandé pourquoi les minorités religieuses, dont la chrétienne, en Syrie sont plutôt favorables au régime en place. Pourtant ce qu'elles ont subi ou subissent dans l'Irak démocratique, ne lésinons pas sur les mots ou les maux, devrait amener à réfléchir. Mais peut-être qu'après tout on s'en fout, l'essentiel étant que nos minorités à nous se sentent bien en France et puissent vivre comme bon leur semble. J'ajouterai que l'aide financière accordée à la rébellion, de l'ordre de 1,2 millions d'euros, ce qui représente sans doute bien moins que l'aide humanitaire envoyée là-bas, fait mauvais genre au moment où on ouvre les restos du cœur qui se demandent comme tous les ans comment boucler leur budget. Mais c'est un exemple parmi d'autres dans une France parait-il ruinée et dont le nombre de nécessiteux, dépendants de l'aide de l'Etat ne cesse d'augmenter.
Tiens puisqu'on parle de ça, les réactions à la nouvelle augmentation du chômage, 45000 chômeurs de plus quand même, n'a pas fait l'objet de commentaires particuliers. C'est vrai que quand l'opposition, même elle n'a pas si sur ce sujet à faire la fière, préfère s'étriper, ça arrange les choses. Mais quand même on pensant au départ qu'avec les socialistes et surtout le renvoi de Sarkozy à ses occupations domestiques les choses allaient aller mieux. Je dis au départ, car notre président a quand même mis les choses au point lors de sa conférence de presse : c'est pas fini la hausse du chômage! Du coup inutile de commenter.

Mais vous comprendrez quand même qu'on puisse s'étonner avec tout ce ramdam qui entoure la fermeture des hauts-fourneaux de Florange sur laquelle on a beaucoup entendu notre fringant ministre du redressement productif et aussi un peu n'importe quoi..
Curieuse agitation et même chantage mâtiné de quelques insultes au passage alors que la fermeture de ces hauts-fourneaux mettrait environ 600 personnes au chômage. Certes chacune de ces 600 personnes éprouverait évidemment la même amertume ou autre sentiment désagréable que les 45000 cités plus haut, mais enfin. Mais enfin est-il normal de plonger dans l'émoi les 20000 salariés de Mittal en France (dont ma sœur) en déclarant que l'Indien n'a plus sa place en France.
Mais revenons sur l'affaire. En 2003 Arcelor planifie la fermeture des hauts-fourneaux de Florange et quelques autres notamment en Belgique à Liège, mais ça on s'en fout me direz-vous, sauf peut-être les Belges qui s'aventurent parfois sur ce blog. Il se trouve que les hauts-fourneaux éloignés des ports où arrivent les matières premières coûtent trop cher (surcout de 15 € la tonne). En fait Florange aurait dû fermer en 2009. Quand Mittal réussit son OPA en 2006, dans des conditions assez curieuses d'ailleurs, préféré en fait au Russe Severstal (ce qui veut dire acier du nord), peut-être le repreneur dont nous parle Montebourg et qui approvisionne actuellement la partie froide et rentable de Florange, il est considéré comme le sauveur de la sidérurgie européenne. Il a fait effectivement des promesses. Mais c'était en 2006. Depuis la crise est passée par là, l'empire Mittal est endetté à hauteur de 18 milliards, au-delà de sa capitalisation, l'action a chuté de 75% par rapport à 2006, et évidemment il réagit en tant qu'entrepreneur en se délestant de ce qui lui coûte de l'argent, de ce qui n'est pas rentable. On peut le comprendre. Il n'a ni vocation à être un saint, ni une assistante sociale. Laissons ça à l'Etat et aux collectivités locales.
S'agissant du site de Florange il souhaite conserver uniquement ce qui est rentable donc la parie froide. Or l'Etat, Montebourg, veut lui faire larguer l'ensemble pour qu'un repreneur puisse se manifester. Et évidemment Mittal ne souhaite pas se débarrasser de ce qui lui rapporte de l'argent. Bon 30 secondes de pause pour se mettre à sa place. Ça y est?
Donc Montebourg brandit la menace de la nationalisation qui ferait de l'Etat en fait l'intermédiaire entre Mittal, mis au pied du mur, et le repreneur encore inconnu du public.
Passons sur le fait que l'Etat n'a pas un fifrelin pour réaliser l'opération, passons sur le fait que la procédure sera longue suite à de probables recours de Mittal qui trouvera l'indemnisation insuffisante, passons sur le fait que la commission européenne intermédiaire sans doute l'opération au nom de la garantie du libre marché, passons sur le fait qu'entre temps le repreneur inconnu se sera sans doute tiré ailleurs pour investir, et que de toutes façons ce n'est pas non plus ni un saint, ni une assistante sociale et que si les hauts-fourneaux ne sont pas rentables il les fermera aussi, passons sur tout ceci pour nous demander si tout ça en vaut la peine et si c'est simplement intelligent. Car si beaucoup applaudissent en France, pays où on n'aime pas les patrons, à l'étranger les réactions sont dans l'ensemble défavorables et indiquent une position déraisonnable tandis que la France a besoin d'investisseurs étrangers. Et puis après pourquoi ne pas nationaliser toutes les boites qui menacent de fermer. Après tout, si l'Etat veut jouer les assistantes sociales sans en avoir les moyens en achetant des entreprises non rentables, allons-y!
Au fait dans le même temps SFR annonce la suppression d'un millier d'emplois. Pas entendu que Montebourg voulait nationaliser SFR pour le fourguer à free ensuite.
Tout ça ne semble pas raisonnable et ressemble davantage à des moulinets dans le vide à effets contre-productifs.

Bon, je vais m'arrêter là pour aujourd'hui. J'ai sans doute oublié pas mal de choses concernant l'incurie de ce gouvernement. Mais on aura le temps d'y revenir. En attendant que ce gouvernement continue à profiter de la crise de l'UMP pour qu'on ne parle pas trop de ce qu'il fait.

mardi 27 novembre 2012

La fin de l'UMP? Et alors!


Ce serait enfin une bonne nouvelle pour la France si c'était vrai, et donc une mauvaise pour la gauche. En effet, celle-ci, à travers les paroles de certains de ses membres, pas très nombreux d'ailleurs au moins chez les socialistes qui ont appris avant le grand parti de droite que la démocratie interne dans les partis politiques était source d'ennuis et en ont tiré les conséquences quand il s'est agi de désigner (c'est le mot qui convient) un nouveau premier secrétaire, donc la gauche pourrait se réjouir de voir le principal parti d'opposition dans de telles difficultés, au moins parce que pendant qu'on parle de ça on néglige le reste beaucoup plus important et concernant la France et les Français et leurs hôtes désirés ou indésirables du moment. Par exemple pour un certain nombre de travailleurs, les conséquences des propos de Montebourg sur la famille Mittal sont sans doute bien plus importantes que la guerre qui oppose Fillon à Copé.

Mais j'en reviens à mon propos initial. L'éclatement de l'UMP serait effectivement une mauvaise nouvelle pour la gauche, car cela marquerait le retour inéluctable d'un vrai parti de droite alors que ça fait bien longtemps qu'il n'en existe plus. Chirac en trahissant ceux qui l'ont fait, Marie-France Garaud et Pierre Juillet, allait progressivement vider la droite de son idéologie, l'éloigner de la nation en tant qu'idée. D'abord la scission avec la vraie droite incarnée au début des années 90 par Séguin et Pasqua puis la création par lui et Juppé de l'UMP allaient consacrer cette dérive. Chirac et Juppé peuvent donc être considérés comme les fossoyeurs de la droite qui s'est coupée depuis, malgré quelques soubresauts mais sans suite, et pour cause, j'y reviendrai, incarnés par Sarkozy, du peuple français et de la nation. Une explosion de l'UMP et la reconstitution d'une vraie droite qui pourrait en résulter pourrait donc permettre de combler un vide dans lequel s'est glissé le front national, pour le plus grand bonheur de la gauche qui ne peut qu'apprécier la montée en puissance de ce parti. Sauf quand elle en subit les conséquences comme en 2002.

Mais avant de développer cela, je voudrais revenir sur la place des partis dans la vie politique française des 50 dernières années. Car elle a bien évolué à mesure que la médiocrité du personnel politique croissait. On est passé en gros du parti outil ou marchepied pour accéder au pouvoir au parti tout puissant qui sort de son chapeau, on appelle ça désormais primaires, un individu pouvant être choisi par défaut, c'est-à-dire pas vraiment pour sa valeur ou son charisme mais pour son caractère terne, on dira consensuel, pas à cause de son passé, l'absence de réalisations ou de prises de responsabilités mettant à l'abri de la critique. Et c'est comme ça qu'on se retrouve avec un Hollande à la tête de la France. Pourquoi pas Désir demain? A une autre époque, le parti se fédérait autour d'un homme et se mettait à son service. Il n'avait donc qu'un rôle tout à fait secondaire, dont l'importance était relative et dont le rôle était de fournir les notables qui allaient permettre au président, moyennant prébendes et honneurs, de mener sa politique. Il parait (entendu de la bouche de Max Gallo) que Mitterrand disait que le PS c'étaient des rats. Il s'en est d'ailleurs tout de suite affranchi une fois élu. La seule exception avant ce nouveau rôle du parti incarnée par l'élection de Hollande, ce fut le cas Royal et dont la défaite est imputable, en partie, au parti socialiste qui ne l'a pas vraiment soutenue. La droite manquant désormais de vrai leader en est arrivée donc au même niveau que le parti socialiste et, faute d'avoir trouvé celui qui allait prendre le parti de force, malgré les simulacres accompagnant cette action, s'en est trouvée réduite à s'essayer au processus démocratique interne pour se trouver un chef. Une catastrophe, évidemment. Car les partis en tant que machines de guerre pour le pouvoir n'ont pas à fonctionner démocratiquement. Seule l'efficacité compte. Mais sans véritable chef, il y a effectivement un problème de fond.

Car vous conviendrez, et là j'en appelle surtout à ceux raisonnables dont le cœur penche à droite, que ni l'un, ni l'autre des deux candidats à la présidence de l'UMP ne fait véritablement envie. Et quand aucun ne fait envie, on en arrive à du 50/50, les fraudes d'un camp compensant sans doute peu ou prou celles de l'autre. Un tel résultat implique, dès lors que l'un ne veut pas céder, comme l'a fait Royal en 2008 au moment du congrès de Reims, une déchirure. Mais qui peut-être dans le cas présent salutaire. Ce qui tempère tout de même mon optimisme c'est qu'entre Fillon et Copé il n'y a pas vraiment de divergence d'ordre idéologique. Ce sont tous deux de purs produits du Chiraquisme, donc d'une tendance molle s'tant détachée des vraies valeurs de la droite pour embrasser celles du centre. Libéraux, acquis tous deux à l'Europe et à son emprise progressive sur les Etats, ayant intégré la mondialisation (en tout ça finalement ils ressemblent à Hollande), ils ne se sont distingués que par leurs discours. Fillon a tenu celui des notables, tandis que Copé qui devait rattraper un retard important a durci le sien mettant ses pieds dans les traces de la dernière ligne droite de la campagne de Sarkozy. Mais globalement rien ne sépare vraiment les deux hommes en termes de convictions politiques. Celles-ci étant à relier aux idées portées par le centre.
Il faut donc dépasse ce combat entre deux egos pour envisager ce qui peut se passer. Le discours de Copé a choqué les oreilles sensibles, celles entre lesquelles se situent les esprits qui voient le monde d'une façon pacifiée et ferment les yeux devant les problèmes qui accablent le peuple quotidiennement et qui ne sont pas que des problèmes de chômage ou de pouvoir d'achat en baisse. Quand il ne rester que ça, ça voudra dire soit que le reste va bien, soit que nous avons définitivement fait le deuil de notre identité, de notre histoire, pour devenir de bon petits consommateurs participant par leurs achats inutiles souvent à une vague prospérité générale et la fortune de quelques-uns. Un monde donc sans saveur qui ne demandera qu'à être pris par d'autres davantage sensibles à leurs valeurs identitaires, culturelles ou religieuses. Copé donc en parlant de racisme anti-blanc ou de pains au chocolats dérobés au moment du ramadan a tenu un langage assez inattendu, même s'il reste bien en deçà des réalités quotidiennes de beaucoup de Français. Mais le fait de parler de certaines choses, d'évoquer des sujets tabous, sauf pour le FN, même si elles restent bien atténuées par rapport à la vérité et ne constituent en rien une révélation, peut suffire à vous valoir un regain de sympathie dans le peuple. Et c'est donc ainsi que Copé a comblé son retard. Comme Sarkozy qu'on voyait humilié face à Hollande n'a subi finalement qu'une défaite très honorable qu'un événement inattendu, et non souhaitable, je précise, entre les deux tours aurait peut-être même pu transformer en victoire.
Chose également intéressante, c'est cette victoire de la motion "la droite forte" portée par quelques jeunes du parti, face aux motions portées par les poids lourds de la droite. La motion arrivée en second exposition loin derrière, "la droite sociale" porte pour sa part des valeurs que le centre ne renierait pas.
Le discours (que j'estime contre nature) de Copé et la motion arrivée en tête d'une part, le discours de notable de Fillon et la motion arrivée en second portée par un de ses lieutenants, c'est là-dedans qu'il faut voir la rupture au sein de l'UMP. Il faut comprendre en effet qu'une partie des militants de ce parti n'est plus en phase avec ceux qui le dirigent et souhaitent voir le retour d'une vraie droite.
L'UMP de par sa construction allant de cette sensibilité que je viens d'évoquer à des idées dites humanistes, en fait centristes, est un parti bancal qui fédère des idées sans rapport en elles, donc qui ne fédère rien, si ce n'est ses cadres dans leur quête des postes. Les militants ne s'y retrouvent pas et viennent de le montrer. Ils ne veulent plus se contenter de discours fermes comme savait en tenir le Sarkozy de 2007, ramenant dans cette droite beaucoup d'électeurs par défaut du FN qui ne se retrouvaient pas dans le centrisme d'un Chirac ou d'un Raffarin, mais qui ne furent pas suivi d'effets. A tel point que le discours de 2012 du même candidat ne parut pas assez crédible à tous ceux nombreux qui retournèrent au FN. Car la véritable cause de la défaite de Sarkozy se trouve là et pas ailleurs, dans cette incapacité de passer du verbe à l'action au niveau des thèmes se rapportant à la nation. Faut dire que secondé par un tel parti, dont certains élus ne manquaient pas d'états d'âmes, ce n'était peut-être pas jouable.

L'idéal donc serait qu'une véritable scission ait lieu. Pas entre les partisans de bonnet blanc et ceux de blanc bonnet, mais entre les tenants de lignes politiques différentes. Pour que les électeurs de droite quand leur parti arrivera au pouvoir, et même si les centristes sensibles à l'odeur de la soupe le rejoignent dans la dernière ligne droite, pour faire l'appoint, puissent enfin espérer voir appliquer une politique de droite dans ce pays, sensible notamment au thème de la nation. Là, le front national perdra en influence. 2007 l'a prouvé. Et les socialistes auront du souci à se faire, eux qui ont abandonné les milieux populaires et ont souvent la nation en exécration.
C'est un rêve, c'est un souhait. C'est peut-être maintenant ou jamais.

samedi 24 novembre 2012

Fiction et optimisme, et compléments



Mon récent billet "FICTION" m'a valu sur un autre blog quelques commentaires et aussi des mails privés qui notaient un certain pessimisme de ma part quant à notre avenir.
La question suivante me fut aussi directement posée "une fiction peut-elle être optimiste?" avec dans la foulée une réponse négative de la part d'une personne n'ayant pas du tout les mêmes conceptions que moi de la vie politique mais qui pourtant me rejoint dans mes constats et réciproquement.
J'en viens donc dans ce billet à préciser les fondements de ma pensée qui m'ont amené à écrire le billet en question.

Cette question de savoir si une fiction peut être optimiste est finalement plus difficile que j'aurais pu le penser au premier abord. Car répondre NON n'est certes pas suffisant et pourrait être considéré comme le simple reflet d'une humeur passagère.

De fait le genre de fiction en cause peut-être considérée comme une vision de la fin de l'Histoire. Or on sait au moins depuis Hegel qui s'est trompé à ce sujet et depuis, plus près de nous, Fukuyama qui n'a pas tardé à être démenti que l'Histoire n'est jamais terminée. Ce qui devrait finalement inciter à un certain optimisme car si même nous envisageons en fonction de nos connaissances et de nos humeurs le pire, il est toujours possible de se dire qu'un après sera sans doute meilleur. Un jour.
Mais nous sommes ainsi faits que cet après ne peut se situer dans nos esprits trop loin sans devenir complètement incompréhensible, inaccessible à nos schémas cognitifs finalement très datés. Nous sommes donc condamnés à envisager uniquement le court terme, quelques petites décennies ce qui n'est rien au regard de l'histoire de l'humanité. Même si en tellement peu de temps cette dernière s'est accélérée à tellement de niveaux que le contenu de chacune de nos années s'est démultiplié par rapport à celui des années des siècles passés.
Par ailleurs chose fondamentale le champ de nos connaissances s'est tellement élargi que la cohérence de l'ensemble a fini par nous échapper.

Quand il y a encore peu de siècles, nous étions dans des sociétés d'ordres avec de tellement fragiles passerelles entre eux, l'optimisme ou le pessimisme n'avaient pas véritablement de place. Les choses étaient ainsi établies par un ordre supérieur qui nous échappait et, au moins pour les catholiques, très majoritaires en occident, les malheurs sur cette terre ne manqueraient pas d'être compensés au ciel. Les derniers seront les premiers, ça c'était une formule puissante qui tant qu'on y a cru a pu finalement donner une cohérence à la vie de la majorité des gens, cohérence d'autant plus renforcée que leur horizon était souvent très limité.
Et il a donc fallu que les protestants avec leur recherche des signes de l'élection sur terre et les "Lumières" commencent à saper ce "bel" édifice pour que les perspectives changent.

Et puis nous avons eu ce siècle de révolutions qui va de celle d'Amérique, en passant par les françaises et les européennes (notamment 1848) pour se terminer sur les champs de bataille de la première guerre mondiale. Ce siècle qui a connu l'émergence des peuples-nations et de la démocratie pour directement aller se fracasser dans celui des idéologies meurtrières porteuses pour l'une d'entre elle au moins de l'idée de progrès et d'harmonie entre les hommes et réduisant la nation au néant. En gros nous avons tout essayé et rien n'a marché véritablement. Rien, même pas la démocratie, même pas ces tentatives de vaincre les déterminismes hélas trop tôt avortées à cause du socialisme sauce molle égalitariste, car le communisme avait eu au moins ce mérite d'y parvenir un temps, même pas cette fausse liberté qu'on nous vend comme progrès quand il s'agit de casser les structures sociétales comme la famille, quand il s'agit de brader la citoyenneté.

Un long processus d'individuation a réduit la société occidentale en miettes. Miettes d'humain dont le but commun s'est réduit peu à peu à la satisfaction égoïstes de besoins majoritairement artificiels. Ce processus tend à transformer les désirs en droits. Droit à l'amour, droit à l'enfant, droit à la mort digne, droit au dernier e-pad… Tout se confond et la liberté se résume en la possibilité de revendiquer toujours de nouveaux droits qui n'ont d'autre finalité que de satisfaire des envies tout à fait personnelles, même si l'expression peut-être collective.
Au niveau collectif, au niveau de la façon dont on veut vivre ensemble, selon l'expression à la mode, il n'existe rien ou pas grand choses. Justes de vagues slogans, morale, justice, égalité qui ont été vidé de leur sens originel. Ou l'affichage de quelques valeurs qu'on dit propres à la civilisation occidentale mais qu'on est incapables de défendre, ou même qu'il est mal vu de défendre car cela implique forcément le rejet d'autres valeurs liées à d'autres civilisations. Or de ça il n'est évidemment plus question puisque ça nous ramène à un passé honni. Car figurez-vous que tout ce qui a été acquis au cours des siècles, tant au niveau matériel qu'au niveau de l'esprit l'a été par les armes et le sang, des autres en particulier. Et ça ce n'est évidemment pas bien. Donc le passé, les fondations en quelque sorte sont rejetées. Et puisque nous sommes le produit du mal finalement, sans doute ne sommes-nous pas des références. C'est le grand renoncement. Le grand renoncement à être ce que l'on est, le grand renoncement à faire partager nos valeurs. De toutes façons quand on ne s'aime pas comment peut-on faire aimer ce qu'on est aux autres. Alors les autres on les laisse, on les laisse vivre selon leurs schémas même s'ils ont parfois de quoi nous répugner, et même on les encourage à conserver leurs identités. Pour cela on chante des odes à la diversité qui soi-disant nous enrichit alors qu'elle nous dissout dans quelque chose sans gout ni saveur. Et du coup tout devient à prendre et ce sont ceux évidemment qui auront dans cet ensemble informe conservé le mieux leur identité, ceux qui auront une vision claire de leur destin collectif, quel que soit le jugement qu'on peut porter dessus, qui emporteront la mise. C'est déjà fait dans certaines "poches" de notre territoire, là où les gens de souche se sont convertis dans tous les sens du terme et ont donc abandonné leur culture et même civilisation d'origine. Peut-être d'ailleurs une question de survie pour eux, pas tant physique qu'existentielle.
Bien sûr, il existe des résistances à ce mouvement. Mais bien faibles. Quelques discours qui en resteront à ce stade ou encore des projets dont l'outrance fait peur. Mais finalement attire de plus en plus de monde. Nous sommes dans un entre-deux, sur le fil du rasoir, et quel que soit le côté vers lequel on basculera ça risque de ne pas être très joli.

Le propos est certes très occidentalo-centré. Mais si on élargit ça à la planète on se rend compte que la civilisation qui porte les valeurs qui sont le plus à vocation universelles, au point que même leurs ennemis jurés s'empressent de les singer souvent de façon grotesque, ne croit plus en elle-même. Minée de l'intérieur par ses contradictions, elle subira de plus en plus les coups de boutoirs de ceux qui continuent à en appeler à des principes dictés par une puissance supérieure et invisible dont l'existence ne peut guère être remise en cause du fait de son emprise totalitaire incluant un contrôle de tous par tous.

Mon propos est bien sûr et hélas, par nécessité, très condensé et mériterait pour chacun des items d'amples développements. C'est une vision très raccourcie d'un long processus qui aboutit au bout de celui de désenchantement du monde et qui réduit les valeurs pour lesquelles tant de gens se sont battus et sont morts à pas grand-chose, en tout cas pas assez pour qu'on puisse encore se battre pour lui. Et les mirages sociétaux accompagnés des slogans minables qu'on nous sert à longueur de temps ne changeront rien à cet abandon de nous-mêmes. Peut-être la peur ou le danger rallumeront-ils la flamme éteinte. Mais dans des conditions qui ne pourront être que terribles.


 
COMPLEMENTS

La table rase ou vers un nouveau totalitarisme

Si j'en viens à évoquer la notion de table rase (suggérée par une bloggeuse ailleurs), c'est parce qu'elle me semble correspondre au fondement de ma pensée.
Car c'est bien de ça dont il s'agit. J'ai parlé au-dessus d'une haine de soi qui s'est emparée de l'occidental et qu'il l'amenait à renoncer à la défense des valeurs de sa civilisation. Par-delà ce constat on peut en dresser un autre qui le complète de manière dangereuse. C'est celui du dévoiement des termes qui désignaient nos valeurs. Je pense en particulier à l'égalité qui devient l'égalitarisme, et la liberté qui devient le libertarisme.
L'égalitarisme même s'il ne peut pas s'opposer à des données objectives naturelles ou autres qui impliquent que les hommes sont différents, tend à réduire les conséquences de ces données dans une société libre, où chacun devrait pouvoir exprimer ses caractéristiques et ses compétences et se situer dans la société par rapport à elles et notamment par rapport à leur utilité sociale quand il s'agit des compétences. Si aucune société n'y est jamais réellement parvenue, on peut toutefois noter que fut une époque où la méritocratie dite républicaine devenait de plus en plus une réalité. L'école en était sans doute le principal outil de promotion. Sa destruction par quelques individus rongés par l'idéologie égalitariste qui leur a fait rejeter la sélection, la hiérarchie même entre le maitre et les élèves, a relancé de plus belle les déterminismes sociaux et culturels et figé la reproduction des élites. D'une façon plus générale, c'est toutes les différences qu'on souhaite voir disparaitre. Bientôt il n'y aura plus d'hommes et de femmes (en Suède une réforme grammaticale à supprimé les genres), juste des gens indéterminés dans leur appartenance sexuelle. Plus de père ni de mère, mais des parents numérotés. L'horreur.
Le libertarisme soutient ce mouvement égalitariste supprimant les distinctions institutionnelles ou détruisant tout simplement les institutions. En ce sens le mariage pour tous peut-être considéré non pas comme un élargissement d'une possibilité, mais la perte de sens d'une institution, sa fin objective.
Les deux conjugués sont une profonde régression en termes de liberté car ils assignent à une identité vidée de son sens, car ils impliquent l'impossibilité d'exprimer ses différences, sa personnalité, ses gouts, ses compétences, tout ce qui fait un homme.
Pour parvenir à cela, il faut évidemment rejeter un passé qui pendant une courte période d'environ deux siècles, des Lumières à une époque encore récente qui a constitué justement la période phare pour la conquête de la, des libertés. La période fut certes chaotique, même très violente, jalonnée de ce qui nous parait maintenant des erreurs et parfois des crimes, mais elle aboutit non pas à une situation parfaite mais à une forme suffisamment enviable pour que tout le monde, même les plus hostiles à la liberté se mettent à vouloir l'imiter ou au moins à en pratiquer le simulacre. De cette période on nous a apprend à ne retenir que le plus mauvais.
Il faut donc faire effectivement table rase du passé et même des caractéristiques de chacun pour avancer vers un monde nouveau où l'indifférenciation sera la valeur dominante. C'est donc effectivement un nouveau totalitarisme dont la plus grande perversion, outre le fait de s'appuyer sur des valeurs tronquées, est assez soft, se limitant à isoler médiatiquement ceux qui lui résistent ou à les parer de caractéristiques honnies (facho est très à la mode). Au moins les totalitarismes qui précédèrent, nazisme ou communisme étaient-ils assez violent pour susciter des vraies résistances.

 
Le rapport à la vie (variations occidentales)

On peut distinguer ou pouvait distinguer deux grands groupes d'individus classés en fonction de leur civilisation d'appartenance. Il y avait ceux qui aimaient la vie, et ceux qui aimaient la mort. Ceux qui trouvaient dans la vie, pas la leur, mais la vie en général, et notamment celle de ceux qui viendraient après eux, le vrai sens à leur présence sur terre. Les autres, ceux qui aiment la mort sont ceux pour qui leur passage sur terre est une préparation à l''après, ceux qui par leurs comportements sur terre préparent leur "vie" au-delà. Disons de façon assez grossière que l'occident sécularisé entrait dans la première catégorie tandis que des groupes d'hommes soumis à une religion dans leur comportement de chaque instant entraient dans la seconde. Cette dernière existe toujours. Certains le disent d'ailleurs ouvertement quand ils disent autant aimer la mort que les autres la vie et le prouvent assez régulièrement. Quant à la première, disons qu'elle diminue de plus en plus en volume. Car de plus en plus de gens on cessé d'aimer la vie pour aimer la leur, seulement la leur et s'y consacrer uniquement pour qu'elle soit plus belle selon leurs critères souvent uniquement matériels.

Si les gens aimaient la vie au sens premier où je le décris, peut-être et sans doute que les problèmes d'environnement que vous citez ne seraient plus un problème. Peut-être que les cycles économiques défavorables seraient-ils compensés par des attitudes plus altruistes. Peut-être que le terrorisme auraient moins d'impact sur des gens tous d'accord pour le combattre quel qu'en soit le prix individuel à payer.
C'est peut-être une utopie ce que je raconte. Peut-être. Mais le fait de voir des gens attendre de plus en plus de choses de l'Etat pour tous les domaines que vous citez sans eux-mêmes penser un instant à ce qu'ils pourraient faire pour améliorer les choses n'est sans doute pas ce qui est le plus souhaitable. C'est pourtant ce que nous vivons.

Mais si vous n'êtes pas convaincu, je voudrais quand même vous faire toucher du doigt l'évolution que nous avons connu en quelques petites décennies, 5 pour être précis. En vous citant juste une phrase d'un discours d'un démocrate américain, Kennedy :
"Que tous les pays le sachent, qu'ils nous veuillent du bien ou du mal : nous sommes prêts à payer n'importe quel prix, à supporter tout fardeau, à endurer toutes les épreuves, à soutenir tous nos amis et à nous opposer à tout ennemi afin de garantir la survie et le succès de la liberté."
Pensez-vous qu'on puisse entendre désormais, 51 ans plus tard, un tel discours appelant au sacrifice pour défendre une valeur fondamentale. Personnellement je ne le crois pas. On est passé du discours volontaire, ferme sur les valeurs, au discours de compromis, de lâche compromis devrais-je dire, pour le plus grand bonheur de tous. Et les conséquences en sont déjà terribles, rien que sur nos territoires. Et ce n'est qu'un début.

 


 

 

mercredi 21 novembre 2012

Désinformations, contradictions, morale à géométrie variable


Le monde occidental et en particulier la France quand elle est gouvernée par la gauche placent de plus en plus les idées, les faits, les actions sous le microscope de la vertu morale. Chaque événement ne peut être perçu que sous cet angle. C'est peut-être finalement l'aboutissement de la séparation des églises et de l'Etat qui fait que ce dernier se sent obligé de combler un vide. Ce que ne font plus les prêtres, parce que pas asses nombreux ou plus simplement parce qu'on ne va pas les écouter, c'est Najat Valaud-Belkacem qui le fait au nom du gouvernement ou les médias au nom de leurs inclinaisons politique ou plus simplement leur soumission à l'air du temps. A moins que ce ne soient juste la paresse ou l'incompétence qui leur indique les voies de la facilité.
Au passage vous remarquerez que mes propos sont incomplets. Car quand une religion tient encore son rôle, quand celui-ci semble devenir de plus en plus important et quant certaines de ses interprétations semblent en contradiction avec justement la morale officielle, les mêmes, gouvernement et médias, sauf quelques exceptions, regardent ailleurs ou invoquent je ne sais quel droit à la différence. Morale à géométrie variable en quelque sorte. Par contre les exceptions dont je parle, et dont le nouvel obs, sous la plume vigilante de Renaud Dély, se fait un devoir régulier remettre à jour la liste, se retrouvent généralement mises au ban de la société morale et de progrès dont il n'est guère possible de ne pas partager les valeurs.
En fait tout cela vous en conviendrez est bien confus et par conséquent perturbe la clarté de mon expression. Aussi plutôt que de continuer dans cette voie qui au lieu d'éclairer et même de dénoncer un phénomène, le rendra encore moins compréhensible, aussi vaut-il mieux que je limite mon propos à un certain nombre d'exemples montrant le caractère hypocrite et inopérant de cette logique de la morale.

Il y a quelques petites semaines, notre président de la République se rendait en République Démocratique du Congo, la mal nommée assurément, pour y assister au sommet de la Francophonie. Il parait qu'il a beaucoup hésité avant de monter dans l'avion, tellement le régime de son homologue Kabila le répugnait. Mais il s'y est contraint considérant sans doute que c'était son devoir. Sur place il s'est montré particulièrement odieux vis-à-vis de son homologie, n'hésitant pas à montrer ses réticences vis-à-vis de son hôte en arrivant avec plus de 40 minutes en retard à la session du sommet, faisant au passage poireauter les autres chefs d'Etat et de gouvernement, ainsi que le président en exercice de la francophonie, Abdou Diouf, invités malgré eux à partager, ou à en subir les conséquences, ce positionnement moral de notre chef de plus en plus mal aimé. Sans doute était-ce les marques des résidus d'une attitude colonialiste permettant à l'homme blanc, au bwana, de marquer sa supériorité par l'impolitesse vis-à-vis de ses sujets colonisés. D'aucuns ont salué évidemment cette attitude courageuse et morale de notre président qui n'avait même pas peur de manifester son dégout pour un régime vraiment peu démocratique.
Il faut dire qu'il l'avait annoncé alors qu'il n'était encore que candidat notre président. C'en était fini de la complaisance avec les dictateurs que manifestait son prédécesseur. Au passage par simple honnêteté il aurait pu parler de prédécesseurs au pluriel. Donc depuis il les reçoit en catimini à l'Elysée, interdisant même de publier sur l'agenda présidentiel ces embarrassantes visites pour la morale. Embrassades et poignées de main chaleureuses se font hors du champ des médias pas convoqués évidemment pour l'événement. La morale est sauve. Et que se taisent les mauvaises langues qui verraient dans ces différences des manifestations sélectives des indignations de notre président.
Même si parfois certains de ses déplacements pourraient le laisser injustement penser. Ou suggérer que la morale a ses limites que franchit allégrement le réalisme de la politique étrangère. Donc récemment, c'est un exemple, notre président s'est rendu en Arabie Saoudite, pays bien connu pour son attachement aux droits de l'homme et surtout des femmes. Il aurait d'ailleurs pu noter un progrès sensible dans ce domaine de l'émancipation des femmes qui consiste désormais à avertir par SMS le mâle responsable de chacune d'elle, mari souvent, fils parfois quand la femme est divorcée ou veuve, quand elle quitte le territoire national. On n'arrête pas le progrès en effet, et on attend avec impatience les avancées des recherches en nanotechnologies pour que le contrôle des femmes puisse encore évoluer. Sur ce sujet notre ministre des droits des femmes est évidemment bien muette, elle qui traque les attitudes machos jusque dans les crèches désormais, participant avec une joie non dissimulée (véridique) à la mise au pilon de "Petit ours brun" cet ensemble de livres pour les tout petits illustrant une société patriarcale bien évidemment dépassée. On se souviendra à ce propos l'indignation ayant provoqué le retrait avant correction d'un dictionnaire numérique rédigé par des enfants ayant eu la mauvaise idée de décrire le réel. Honteuse effectivement cette définition de la femme qui serait "une maman, une mamie ou une jeune fille. Elle peut porter des bijoux, des jupes et des robes. Elle a de la poitrine.", puisque comme chacun le sait les hommes peuvent être aussi des mamans sans être obligés de se faire greffer des implants mammaires. Mais là je m'éloigne du champ de la morale pour m'enfoncer dans celui de la bêtise, fût-elle parée des oripeaux idéologiques de la bienpensance.

La morale, c'est aussi sous cet angle que sont analysés les conflits, enfin certains. Là les choses sont assez simples. C'est celui qui tue le plus ou qui a les capacités de le faire qui est le méchant. La Libye, la Syrie en sont de parfaites illustrations. On s'en moque de savoir que si le rapport de force était inverse les gentils deviendraient les méchants. Et c'est donc au nom de cette morale que nous intervenons en Libye ou reconnaissons l'opposition syrienne comme seule représentante du peuple syrien, sans vraiment nous demander pourquoi les minorités religieuses de ce pays auraient plutôt tendance à soutenir le régime en place. Enfin on ne va quand même pas chipoter sur la possibilité d'exister de ces minorités quand les gentils seront enfin au pouvoir. Comme il serait idiot de se demander pourquoi les chrétiens d'Irak finalement préféraient Saddam Hussein au régime démocratique offert par la coalition du bien à leur pays. On ne s'attardera d'ailleurs pas sur le sort des minorités. Ça pourrait perturber les notions que nous avons du bien et du mal. Les médias sont donc invités à se taire sur ces sujets dérangeants. Ils ont d'ailleurs bien trop à faire avec la défense de nos minorités à nous qui si nous ne les massacrons pas les traitons quand même fort mal, vous en conviendrez.
Il y a par contre un conflit qui nous met dans l'embarras. C'est bien sûr le conflit israélo-palestinien. Qui permet d'appliquer la règle du bon et du méchant décrite ci-dessus, mais en nuançant quand même puisque nous avons sans doute des choses à nous faire pardonner, à moins que la volonté d'anéantissement d'un peuple par certains, passée et présente, soit une raison suffisante pour considérer celui-ci sous un autre angle que l'habituel. Dans ce cas, on fait des pirouettes. Fidèle à la stratégie présidentielle de ne mécontenter personne, notre ministre des affaires étrangères déclare que les torts sont partagés. Tous reconnaissent à Israël le droit d'exister. Mais quand même! Un peu de retenue s'il-vous-plait, amis israéliens! Vous voyez bien comme les artilleurs qui vous balancent quotidiennement des roquettes sont maladroits. Ne ripostez donc pas! Servez-vous de vos abris ou rentrez la tête dans les épaules en attendant qu'ils se calment ou que manquent les munitions que votre cruel blocus les empêche d'obtenir! Vous voyez bien! Et puis, quand vous êtes des victimes, on vous aime tellement plus et mieux! Ça devrait compter ça pour vous, non? La tenue rayée vous sied bien mieux que le treillis du combattant!
L'exercice est quand même difficile pour certains de naviguer entre deux morales leur laissant dire parfois des choses assez bizarres comme par exemple que l'occupation nazie était bien plus sympa que l'israélienne. Venant de la bouche d'un demi-juif, selon la définition qu'a donnée de lui son épouse, il doit y avoir un peu de vrai là-dedans. Mais ce qui est vrai sans doute encore davantage c'est que si les gens cessaient de se camoufler derrière la morale pour expliquer leurs points de vues, fussent-ils contradictoires, on aurait peut-être enfin un langage de vérité.

Dernier exemple des prouesses gymnastiques de la morale, et après je vous laisse, c'est cette histoire récente de la très méchante agression des gentilles Femen, et de Caroline Fourest, par de vraiment méchants militants catholiques intégristes donc nécessairement d'extrême-droite.
Imaginez! Nous avons un groupe de jeunes et parfois moins jeunes femmes, produit d'importation venu d'Ukraine sans doute pour passer l'hiver dans un climat plus adapté à leurs prestations, à moins que les sévices policiers soient moins méchants en France et en tout cas intégralement pris en charge par le biais de l'AME, décidant de montrer la voix à quelques retardataires hostiles au mariage homo et ce qui va avec, et donc nécessairement homophobes. Maniant facilement l'humour selon Caroline Fourest ces charmantes femmes "habillées" en nonnes, si on peut considérer qu'une coiffe, un short et un porte-jarretelles puissent constituer l'habit d'une nonne, arborant dessinés sur leurs poitrines dénudées de charmants slogans spirituels du type "fuck the church", entrent dans un cortège de personnes sans doute croyantes en les pulvérisant de poudre blanche. Et ces cathos coincés n'apprécient même pas! Et refoulent les donzelles avec une fermeté égale à leur résistance. Quelques journalistes, enfin au moins Caroline Fourest selon ses dires, se seraient pris aussi des coups. C'est un scandale!
Le gouvernement ne tarde pas à réagir par la voix de sa porte-parole n'hésitant pas à nous asséner quelques vérités bien senties. Du style "nous n'accepterons pas les violences venues d'extrême-droite". Intéressant et surtout encourageant pour les auteurs de violences venues d'autres mouvements de pensée. Là-dessus la bien-pensance, partis politiques, associations, députés,…, réclament l'interdiction du mouvement sous l'égide duquel se tenait la manifestation. Réflexe sans doute devenu pavlovien si on se souvient qu'il en fut de même il y a quelque semaines avec les identitaires venus occuper le chantier d'une mosquée à Poitiers.
Un ou deux jours plus tôt un vigile s'était fait tabasser à Saint-Jacques de la Lande près du site du futur aéroport cher à notre premier ministre, d'autant plus cher que bientôt il retournera sans doute dans sa commune de Nantes. Bon, il faut admettre que les militants écolos qui ont tabassé ce vigile ont fait preuve tout de même de mesure et même d'un esprit charitable. Puisque après délibération ils ont convenu de ne pas le laisser griller dans sa voiture qu'ils ont incendiée et de se contenter de le rouer de coups. Donc rien de bien méchant finalement. Et surtout pas un événement de nature à faire sortir notre jeune ministre porte-parole de son bureau pour faire une déclaration, ni à faire réclamer par d'autres la dissolution du groupe auquel appartenaient des agresseurs libres comme l'air. Faut dire que la cause n'est pas la même que dans le cas précédent et qu'on peut les comprendre.
Il y a morale et morale, que voulez-vous!

Au fait on ne sait pas ce que pense notre porte-parole du gouvernement et accessoirement ministre des droits de la femme, du mouvement Femen qui ne respecte pas vraiment ni la parité, il n'y a que des femmes, ni la diversité, il n'y a que des blanches (plus pratique pour les inscriptions sur le corps, c'est vrai), ces deux autre mamelles de la morale qui lui ont fourni de sérieux avantages concurrentiels pour entrer dans le gouvernement. Sinon, je n'en vois pas d'autre.

vendredi 16 novembre 2012

Fiction



 
Il remontait l'avenue. Derrière le "monument" il n'aurait que quelques dizaines de mètres à faire avant de frapper à la porte de cet ami auquel il avait sauvé la vie, il y a longtemps, pendant la guerre du Golfe. Du moins l'autre le croyait, et au fond c'est ce qui comptait.
Il marchait les mains dans les poches, à cause du froid, les épaules voutées, à cause de l'âge. Il aurait pu prendre un taxi, mais il préférait marcher dans cette ville qu'il avait si bien connue, où il avait habité de longues années, où était restée une partie de sa vie. Chaque fois qu'il rentrait en France, il en était parti depuis longtemps par dépits, eh oui plusieurs, c'était un peu le même rituel. De longues marches avec un objectif plus ou moins vague au bout. Cette fois-ci ce serait une grande rasade de whisky chez cet ami à qui il avait peut-être finalement sauvé la vie. Ça lui permettait de se souvenir, mais surtout de voir les différences. Une manière de justifier ses choix, à posteriori. Car il ne trouvait plus grand-chose de beau.

 
Il remontait l'avenue. On disait avant que c'était la plus belle du monde. Derrière lui la Concorde, rebaptisée place du "vivre-ensemble" depuis longtemps. Il pensait que concorde ça voulait dire un peu la même chose ou au moins un mode de vie partagé et harmonieux. Mais de grands esprits avaient dû trouver ça insuffisant, ou pas à la mode. Lui trouvait l'expression moche et assez vide de sens finalement. Mais il était vieux. L'obélisque était toujours là. Offert à la France par une puissance qu'elle n'a jamais colonisée, il a pu survivre à la purge. Son jumeau resté à Louxor n'avait pas eu cette chance, les vestiges des croyances pré-islamiques ayant depuis longtemps disparu du paysage égyptien, rasées, comblées, explosées. Il restait quelques photos dans quelques vieux livres de toute cette grandeur qu'il avait eu la chance de visiter quand il était encore jeune et que l'Egypte attirait encore les touristes mais aussi les chefs d'Etat et ministres français, mais pas seulement eux. Maintenant il n'y avait plus rien à voir. Et sans doute bientôt, faute d'entretien le barrage d'Assouan céderait et les eaux du Nil emporteraient les derniers vestiges cachés en même temps que ces femmes nubiennes portant autour de leurs cous, de leurs poignets et de leurs chevilles, ainsi qu'accroché à leurs oreilles, le patrimoine familial converti en bijoux en or. Souvenirs!

L'avenue n'avait pas été rebaptisée. Pas encore. Car les progressistes ne manquaient pas d'imagination pour rompre avec un passé révolu à leurs yeux et dont notre héros était un sinistre vestige déambulant dans le vent et le froid de cette soirée d'hiver. L'expression qui semblait avoir le plus de succès pour renommer cette vieille avenue, sinistre avant de devenir prestigieuse, était "avenue de la laïcité ouverte". Expression vide de sens bien entendue mais qui voulait peut-être traduire que trois demies journées par semaine l'avenue était interdite à la circulation et ouverte aux cultes. Les catholiques, arguant du fait qu'ils ne parvenaient déjà pas à remplir leurs églises déclinèrent l'offre, les juifs également. Les musulmans par contre occupent, depuis cette mesure d'ouverture, l'avenue tous les vendredi matin. Ça aurait pu être une curiosité pour les touristes si le lieu n'avait été interdit pas une milice locale à ceux qui refusaient de se déchausser.
L'avenue de la Grande-Armée, par contre avait été débaptisée et renommée depuis longtemps. Comment pouvait-on en effet alors que les gouvernements successifs depuis le début du siècle s'acharnaient à jeter l'opprobre sur ce qui était constitutif de l'histoire de France continuer à honorer une armée dont la seule gloire avait été de soumettre les régimes d'Europe continentale les uns après les autres avant qu'une Europe coalisée ne parvienne enfin à la défaire. Tout ça faisait partie désormais des taches de notre histoire qu'il fallait effacer de façon résolue non sans avoir fait auparavant acte de contrition. Rebaptisée "avenue de l'harmonie-entre-les-peuples", elle n'en conservait pas moins fière allure.

Mais tout ça n'était qu'histoire de plaques déboulonnées ici, reboulonnées là. Le pire selon les uns, le mieux selon les autres, avait été cette destruction de l'Arc-de-Triomphe, symbole de grandeur passée pour les uns, symbole d'une France belliciste pour les autres. On avait commencé par ôter du centre de cette place rebaptisée pour la circonstance place de la diversité, le soldat inconnu qui après avoir été honoré pendant plus d'un siècle allait rejoindre à Thiais la fosse commune de ceux dont personne ne réclamait jamais la dépouille. Il parait que de façon aussi furtive que discrète quelques anciens viennent maintenant jeter quelques fleurs sur cette fosse commune à l'occasion du 11 novembre et du 14 juillet. La première date est devenue celle de la paix entre les peuples, et la seconde la fête de la diversité. On défile encore à cette occasion mais de manière évidemment désordonnée, sans armes ni uniformes sauf peut-être ceux portés par les enfants des écoles qui ouvrent le cortège portant sur leur nez de ridicules lunettes rouges ou vertes, comme en portait celle qui eut la première l'idée d'une telle fête. On faillit d'ailleurs donner son nom à la place qui, au lieu de l'Arc-de-Triomphe accueillait désormais en son centre ce "monument" que le monde entier enviait désormais à la France. On lui préféra néanmoins celui de place de la diversité, ce qui allait très bien avec cette "Nef de la Diversité Radieuse" ainsi que se nommait le "monument". Ensemble de verre transparent, on y voyait évoluer des intermittents du spectacle et même des bénévoles de toutes couleurs, toutes religions, tous genres, enfin tout ce qu'on peut imaginer en termes de différences, et qui passaient leur temps à s'embrasser, se frotter les uns contre les autres et même parfois prier. C'était le symbole, parait-il, de l'indépassable horizon humain. Au-dessus en lettres arc-en-ciel on pouvait lire le mot "NATION".

Un haut le cœur le saisissait à chaque fois qu'il apercevait le "monument". A ce moment-là, il se souvenait avoir tenté d'avoir une discussion avec son jeune fils, quand on détruisait le vieux monument, piétinant ainsi plus de deux siècles d'histoire nationale. Celui-ci, malgré son jeune âge l'avait tout de suite repris en lui rétorquant que Mohammed avait dit que…. Il avait cessé d'écouter la suite la connaissant déjà. Ah ce Mohammed! Ce n'était pas un de ses copains de classe. Non, c'était juste son professeur de morale laïque. Pas plus arabe que lui d'ailleurs puisque son père était alsacien de souche et sa mère une magnifique blonde venue de Suède. Ils avaient juste voulu que leur fils s'intègre mieux à la société qu'ils voyaient venir. Ils réussirent sans doute au-delà de leurs espérances puisque d'intégré il devint intégrateur, ou du moins façonneur de jeunes cerveaux. Bref, Mohammed, ses prédécesseurs, et ses successeurs parvinrent à détruire la conscience d'une génération et à l'asservir à l'idéologie nouvelle.
Il ne parlait plus à son fils. C'était peut-être l'inverse d'ailleurs. Surement. Il savait qu'il avait profité du mariage pour tous et de ses accessoires. Pourtant il l'avait vu avec des filles et même surpris en pleine action un jour qu'il était rentré à la maison de façon impromptue pour y récupérer un dossier oublié. Faut croire que ça ne faisait pas assez moderne. Il avait appris que son fils avait deux enfants. Le premier issu de la location d'un ventre moldave, encore bon marché à l'époque, et le second venu d'une filière africaine qui pratiquait des tarifs très concurrentiels sans pour autant garantir l'origine des enfants qu'elle fournissait. Il avait donc deux petits-enfants, administrativement parlant, que pourtant il ne considérerait jamais comme tels. Il ne les avait jamais vus, et il ne souhaitait pas que cette situation change. Ces enfants pour lui ne pouvaient pas représenter davantage que ceux de ses voisins ou d'inconnus quelconques, même s'ils portaient son nom. Un acte administratif ne remplacera jamais les liens du sang, pensait-il.

Songeant à tout cela, il marchait les mains dans les poches, les épaules voutées. A une autre époque il se serait arrêté dans un bar pour s'y réchauffer avec un café allongé d'un calva. Désormais le calva était impossible depuis que pour ne pas choquer nos amis originaires d'autres contrées l'alcool avait été prohibé. A la place, puisque les gouvernements par sécurité, puisque connaissant les besoins d'évasion de leurs peuples, et par intérêts financiers, puisqu'il fallait bien combler la perte des taxes sur l'alcool, on servait du cannabis. Quelques lieux disposaient d'une licence spéciale pour les drogues dites dures pour les riches accros. Mais d'alcool point dont la fabrication était devenue un crime contre l'Etat qui vous amenait directement en prison selon une procédure simplifiée.

Il dépassait maintenant le "monument". Dans quelques petites minutes il sonnerait à la port de son ami Abdelaziz, l'officier saoudien devenu général et à qui il avait sauvé la vie bien des années plus tôt.
Il savait qu'il y trouverait un excellent whisky hors d'âge et autres gâteries s'il le souhaitait, et aussi une oreille compatissante.
Demain il repartirait vers son autre pays, sans regrets. Il y retrouverait son autre fils, bien plus jeune que l'autre, et qui avait eu cette chance de ne pas faire sa scolarité en France.

 

lundi 12 novembre 2012

A propos du 11 novembre et des commémorations en général


On a en France un véritable problème avec les commémorations de nos victoires au point même qu'on en vient à vouloir fêter celles de nos "défaites", puisque le Sénat dans sa grande sagesse veut nous imposer le 19 mars pour commémorer le fin de la guerre d'Algérie. Date assez curieuse pour célébrer le fin d'une guerre que nous avons perdue, même si vainqueurs militairement, et qui donnait le feu vert à l'ennemi d'hier pour commettre davantage d'exactions qu'il n'avait pu en commettre pendant toutes les hostilités : massacre des harkis, enlèvement et meurtres en masses d'Européens, enlèvement et meurtres de militaires. Mais au-delà de cette date fort discutable, sans doute plus encore discutable est cette idée saugrenue de célébrer la fin d'hostilités d'où nous ne sortîmes pas vainqueur. Les connaitre est une chose nécessaire bien sûr, les célébrer est pour le moins bizarre pour ne pas dire davantage.
Les militaires ont l'habitude de célébrer leurs défaites quand elles furent glorieuses. Ainsi la Légion Etrangère fête-elle Camerone, tandis que les Troupes de Marine fêtent Bazeilles. Mais ce n'est pas la défaite qui est célébrée mais ses conditions, les faits d'armes héroïques accomplis par ceux qui connaissaient le funeste destin attaché à leur conduite. Quand on fête Camerone, on célèbre 60 hommes qui tinrent tête à 2000 Mexicains pendant toute une journée et dont les 6 derniers valides chargèrent à la baïonnette leurs ennemis. Quand on fête Bazeilles on célèbre le courage de la division bleue qui reprit 4 fois le village, se battant à la fin à 1 contre 10 et ne l'abandonnant que par faute de munitions, au prix de 2655 morts contre le double infligé à l'adversaire.
Mais que fêtera la France le 19 mars? Le soulagement de la fin d'une guerre, la fin de la colonisation, la victoire (politique) du FLN? Depuis 2003, la date du 5 décembre, date neutre, avait été retenue pour un hommage aux morts pour la France en Afrique du Nord. Cette date neutre avait cet avantage de ne pas avoir à célébrer nos morts en même temps que l'ennemi d'hier célébrait sa victoire. Et c'était bien ainsi.

De fait il me semble que l'Etat a bien du mal à regarder l'histoire de la France. La gloire semble l'effrayer, notre grandeur passée lui donner honte.
Ainsi a-t-on pu voir en 2005 le gouvernement français sous Chirac se refuser à commémorer le bicentenaire de la victoire d'Austerlitz, tandis qu'il envoyait la même année le Charles-de-Gaulle commémorer la victoire anglaise, donc notre défaite de Trafalgar. Il faut dire qu'à la même époque une campagne anti Napoléon battait son plein ne voulant retenir de l'œuvre de l'Empereur que le rétablissement de l'esclavage.
Aussi voit-on la difficulté pour le gouvernement de se "débarrasser" des cendres du général Bigeard, soldat glorieux qui participa à tous les combats de la France entre 1940 et 1962. Je ne rappellerai pas la biographie du général Bigeard que vous pourrez retrouver ici. Décédé en juin 2010, on ne sait quoi faire des cendres de l'officier parachutiste, combattant de la France libre, combattant de l'Indochine fait prisonnier à Dien Bien Phu, combattant en Algérie et un des protagonistes majeurs de la bataille d'Alger. On ne sait pas quoi faire des cendres de celui qui fut secrétaire d'Etat à la défense sous Giscard et membre de la représentation nationale pendant une dizaine d'années. Bigeard souhaitait que ses cendres fussent larguées sur Dien Bien Phu. Les autorités vietnamiennes refusèrent. C'est leur droit. Longuet, ministre de la Défense proposa qu'on les transfère aux Invalides. Ce fut un tollé de la part de toute la bienpensance qui voit en ce héros national l'officier colonial type. L'actuel gouvernement préfère se replier sur Fréjus, au Mémorial des guerres d'Indochine. Les mêmes bienpensants, LDH en tête, relayés par le très patriotique journal Médiapart, refusent évidemment cette option qui comporte une cérémonie d'hommage au soldat présidée par le ministre de la Défense, le 20 novembre. Affaire à suivre donc.
Ces deux exemples montrent que la France héberge des individus qui se comptent par milliers qui n'ont d'autre but que de mettre en exergue une partie de l'histoire de leur pays pour mieux le salir. Selon eux l'épopée napoléonienne, les institutions mises en place par le premier Consul puis l'Empereur, tout cela doit disparaitre derrière celui qui a rétabli l'esclavage. Selon eux, l'officier qui s'est battu avec courage pour son pays pendant 20 ans, a connu l'internement dans les camps viets, a été blessé plusieurs fois au combat, est devenu une légende pour toutes ses qualités, doit s'effacer derrière l'officier colonial, forcément un individu peu recommandable et qu'il conviendrait sans doute d'effacer de notre mémoire collective, sauf pour rappeler tout le mal que la France a pu commettre dans son passé.

On pourrait certes les laisser braire, tous ces individus qui montrent à chaque occasion qui se présente leur détestation de leur pays. S'il n'existe plus de châtiments pour ces viles personnes, on pourrait se contenter de leur renvoyer leur mépris et de donner à leurs mots l'importance qu'ils ont : rien. Mais non, peu à peu, on en fait des directeurs de conscience collective, on les écoute, on décide en faisant attention à ne pas s'attirer leurs foudres. Pour eux, rien que pour eux, on a refait les livres d'histoire de nos enfants en en expurgeant la grandeur passée de la France. Pour eux, on commémore davantage nos victimes que nos héros. D'ailleurs les héros de ce type n'ont plus lieu d'exister. Qu'on ne les cite même plus, qu'on ne leur rende surtout pas hommage. Plutôt que Bigeard, célébrons les Boudarel, les Jeanson et autres porteurs de valise et traitres à leur patrie. C'est cela leur but ultime sans doute.

 
La manière de voir le 11 novembre n'est pas étrangère à cette façon de considérer notre histoire. D'une guerre se passant sur notre territoire certains veulent sortir les éléments susceptibles d'altérer le sens qu'on donnait aux célébrations de cette victoire qui fit 1,4 millions de morts parmi les Français. Ceux-là finiront bientôt par compter bien peu à côté des 600 fusillés sur 2500 peines de mort prononcées pour automutilation, désertion, mutinerie, refus d'obéissance, ou faits de droit commun, les deux-tiers ayant d'ailleurs été exécutés en 1914 et 1915 alors qu'on ne se souvient que des mutineries de 1917. Ce sont ces derniers qui de plus en plus focalisent l'attention. En 1998, Jospin estimait que "les mutins devaient réintégrer pleinement, notre mémoire collective nationale" et en 2008 Sarkozy déclarait que "beaucoup» des soldats français exécutés ne s'étaient pas déshonorés". Et maintenant chaque année à l'occasion du 11 novembre certains, LDH en tête, réclament une réhabilitation des fusillés.
Certes le sujet est délicat puisqu'on sait que nombre de fusillés l'ont été injustement à tel point qu'avant même que ne soit terminée la guerre des recours étaient déjà lancés. Les années qui suivirent l'après-guerre virent la réhabilitation d'une quarantaine de fusillés. La procédure, bien que compliquée, avait au moins cette avantage de pouvoir s'appuyer sur des témoins. Tandis qu'évidemment ce n'est plus le cas. Et s'il est encore possible parfois, au cas par cas, de réhabiliter un fusillé pour l'exemple à partir de données factuelles, il me parait inopportun de mener combat pour une réhabilitation générale dont on peut comprendre qu'elle mettrait sur le même pied ceux qui ont failli, même si humainement on peut en comprendre des raisons, et les centaines de milliers de ceux qui ont fait leur devoir. Certains sans doute les placeront même au-dessus, confondant une défaillance ou une lâcheté avec l'honneur qu'il y a à s'opposer à la guerre.
C'est d'ailleurs sans doute cet esprit qui a fait sortir des livres d'histoire de 3ème les maréchaux Joffre, Foch et Pétain (celui de Verdun, parce qu'évidemment celui de 40 est bien présent) tandis que les mêmes manuels consacrent une part importante à l'indépendance de l'Algérie. Devoir de mémoire! Devoir de repentance!

Le drame français est bien là. L'Etat dont s'est le devoir met tout en œuvre pour que l'histoire perde tout sens. Larbins des syndicats d'enseignants les ministres successifs de l'éducation nationale, ont accepté de sacrifier le mythe national à la repentance généralisée. Quant à l'Etat plus généralement, il ne cesse de brouiller les pistes.
Là encore le 11 novembre en est l'illustration. L'an dernier Sarkozy décidait de faire de cette date la commémoration de tous les morts pour la France. Certains y on vu un memorial day à la française. A l'époque je m'étais exprimé contre y voyant un amalgame qui avec les années ferait disparaitre la spécificité d'une guerre, certainement la dernière qui engagea toutes les forces spirituelles et physiques de la France vers le même but, l'ultime sursaut national avec le déclin.
Cette année, le gouvernement nous annonce que pour le centenaire de la première guerre mondiale on commémorera aussi le 70ème anniversaire du débarquement et de la libération. Essayez de trouver une logique là-dedans. Alors que la fête du 11 novembre correspond à la fin de la guerre on va célébrer le début de cette dernière (3 août pour la France) tandis qu'on va célébrer en même temps un événement ponctuel de la seconde guerre mondial, le débarquement du 6 juin, et, si j'ai bien compris, la libération de la France qui ne sera effective qu'en 1945 (mars pour l'Alsace et le 8 mai pour les poches de l'Ouest). Déjà que les Français et notamment les plus jeunes ne connaissent pas grand-chose à leur histoire, il est évident qu'avec cela on va les aider.
Au-delà des dates ou des jours anniversaires inconciliables, comment faire comprendre que ces deux guerres sont de natures parfaitement différentes, de par leurs motifs, de par les chocs idéologiques qu'elles consacrèrent, de par les moyens mobilisés, de par le nombre de victimes (4 fois plus lors de la seconde guerre)? Comment situer la France dans deux conflits qu'elle subit ou géra selon le cas de manières totalement différentes? Etc. Il n'y a aucune raison de célébrer deux événements aussi distincts en même temps. Seul un vague chiffre 4, fort discutable d'ailleurs, les relie entre eux.

On est décidément bien fâché en France avec les commémorations.

mercredi 7 novembre 2012

La tyrannie des minorités ou de l'usage du principe de précaution


Je suis assez effaré de la manière dont certains se jouent de la démocratie lorsqu'il s'agit de prendre des mesures suffisamment importantes pour ébranler un des fondements de notre société. Je pense bien entendu au fameux "mariage pour tous", et pourquoi pas avec mon chien qui m'aime et que j'aime, présenté aujourd'hui en conseil des ministres (les minuscules s'imposent ici).
Je suis aussi effaré quand pour satisfaire une minorité d'hurluberlus on se refuse, alors que nous sommes dans une crise profonde, alors que notre dépendance énergétique constitue un de nos principaux points faibles, on se refuse à étudier les possibilités d'exploiter des potentielles ressources qui nous libéreraient au moins partiellement de cette dépendance. Je pense ici au gaz de schiste.
Gouverner selon la volonté du peuple, gouverner en ayant pour guide l'intérêt national semble être devenu quelque chose de vain. Au moins avec ce gouvernement plus sensible à flatter son électorat, celui défini par terra nova (minuscules aussi), et ses alliés même si ces derniers ne représentent pas grand-chose ou quasiment rien.

Donc aujourd'hui en conseil des ministres la calamiteuse ministre de la justice présentait son projet de loi sur le mariage pour tous. Un petit tour ensuite dans les assemblées où les socialistes ajouteront, le gouvernement pourra s'en laver les mains, les amendements nécessaires pour que ce qui touche à la parentalité sans aucune barrière puisse être reconnu aux homosexuels, et c'en sera fini de la famille dont la conception, reposant sur la nature, s'était imposée depuis des siècles et même davantage. Le seul endroit où la parité sera considérée comme un archaïsme sans doute sera le couple, et les enfants n'auront plus ni père ni mère mais des parents numérotés 1 et 2. Les désunions et recompositions familiales imposeront sans doute un jour des parents 3, 4, 5 ou davantage. La filiation de fait cessera d'exister au moins administrativement remplacée par des liens de circonstance, des liens dépendant en particulier du nomadisme sexuel des parents 1 et 2. Les enfants, jamais on ne parle d'eux, de leurs intérêts, finiront comme des électrons se raccrochant au gré des événements à des noyaux éphémères. Huxley n'est plus guère loin.
Notre chef suprême et de circonstance, de malheureuse circonstance, nous dit que c'est un progrès, un progrès pour toute la société. Et la société elle e pense quoi de ce progrès. Si on nous abreuve de sondages qui nous disent que les Français sont favorables au mariage homosexuel, les mêmes sondages montrent qu'en ce qui concerne l'homoparentalité, c'est relativement partagé. Pourtant les deux vont ensemble, c'est le paquet cadeau avec le kit désintégrateur complet. Eh bien soit. Faisons en sorte que ces sondages trouvent leur concrétisation dans un vote, dans un referendum. Si le gouvernement est si sûr de lui, si le gouvernement est persuadé qu'une majorité de Français approuve ce soi-disant progrès, qu'il se lance. Il en tirera d'ailleurs des bénéfices, redorera un blason bien terni, et même boueux. Mais il ne le fera pas parce qu'il n'en est pas sûr, parce que peut-être il sait que ces sondages sont de la pure intox. Donc il passera en force, puisque la loi le lui permet, puisque la constitution ne doit pas être modifiée. Pour les vote des étrangers, mesure de progrès aussi sans doute à ses yeux, il se dégonfle, parce que dans ce cas il faut modifier la constitution et qu'il n'en a pas les moyens.
Pourtant le sujet est suffisamment important, bien plus important que l'abolition d'une peine de mort quasiment plus appliquée, bien plus important qu'un pacs qui aurait pu servir de base à un élargissement des droits des homosexuels, pour qu'il soit soumis à l'examen du peuple. Ce dernier est soumis à la tyrannie d'une minorité et peut-être d'une minorité dans la minorité dont l'objectif n'est peut-être autre que de faire exploser en la privant de sens l'institution familiale. Demander et obtenir le mariage avec les enfants pour mieux détruire le mariage et la famille, voilà quel est peut-être le but de ces militants du néant. En cela il est normal qu'ils soient entendus par un président qui est très distant dans sa vie privée de cette institution.
Le résultat sera sans doute, alors que l'homosexualité posait de moins en moins de problèmes à notre société, alors que malgré les manifestations tumultueuses comme la gay pride, le droit à l'indifférence peu à peu se faisait jour, que ceux qui, alors qu'ils ne demandaient rien, se transformeront de père et de mère en parents 1 et 2, que ceux qui comprendront que pour satisfaire une minorité, une très faible minorité, on casse une institution à laquelle ils étaient attachés, le résultat sera sans doute le réveil d'une certaine défiance, si ce n'est davantage.
Et les enfants là-dedans, Eh bien on semble s'en moquer. Ils sont un enjeu pas en tant que tels, en tant qu'hommes et femmes en devenir, mais en tant que marchandise qu'on se dispute le droit de posséder. Les couples hétéros ont droit à l'enfant parce que la nature, sauf exception, leur ouvre cette possibilité. Les couples homos doivent donc l'avoir aussi, même si la nature leur interdit de manière rédhibitoire cette possibilité. L'ordre naturel doit être définitivement aboli au nom de ce qu'on appelle l'égalité, dusse celle-ci avoir des conséquences terribles sur la société. Au moins, non mesurée et non mesurables avant un certain nombre d'années. C'est comme l'amiante, une pensée pour Aubry, on n'en découvre les effets nocifs qu'après 20 ou 30 ans. Eh bien là c'est la même chose. Et ce qu'en disent certains pédopsychiatres n'a aucune importance, ne mérite pas d'être pris en compte au nom du sacro-saint principe de précaution.

Par contre, dans d'autres domaines, surtout quand il ne touche pas à la place de l'homme dans la société, on n'hésite pas à le mettre en avant, ce fameux principe, pour empêcher tout progrès.
C'est ce que nous voyons avec le gaz de schiste actuellement et les préconisations du rapport Gallois dans ce domaine.
Gallois qui de par sa formation (HEC, ENA) ne doit absolument rien connaitre aux gaz de schiste, écrit dans son rapport : "Dans la plupart des scenarii de transition énergétique, la part du gaz augmente ou ne se réduit pas à moyen terme. Nous plaidons pour que la recherche sur les techniques d'exploitation des gaz de schiste soit poursuivie... L'exploitation du gaz de schiste soutient l'amorce de réindustrialisation constatée aux États-Unis (le gaz y est désormais 2 fois et demi moins cher qu'en Europe) et réduit la pression sur sa balance commerciale de manière très significative." (nota : ma facture de gaz, ici, s'élève à environ 2,5 euros par mois!) J'ai mis en gras et en couleur pour que tout le monde voit bien de quoi il s'agit. Il ne s'agit pas de lancer l'exploitation des gaz de schiste, mais de rechercher les moyens les meilleurs, prenant en compte les problèmes environnementaux, pour dans un avenir non précisé pouvoir bénéficier de cette manne, si d'ailleurs elle existe. Mais sans exploration, désormais interdite depuis l'avènement de l'homme de progrès qui nous dirige, on ne peut pas en être sûr.
Cette préconisation est simplement de bon sens. Elle ne cause, en cas de réalisation aucun dommage à l'environnement et a en plus cet avantage de donner du grain à moudre à notre recherche. Et elle permet de ne pas louper l'avenir. Mais par principe, elle a été d'emblée rejetée. Il parait d'ailleurs qu'il y a eu une passe d'armes entre Gallois et Batho, ministre de l'environnement et accessoirement grande spécialiste des énergies non conventionnelles, si, si, elle est bachelière, pour que la préconisation soit ôtée du rapport avant parution. Ce qi aurait peut-être permis au gouvernement de ne pas passer pour une bille, ou un irresponsable, davantage soucieux de satisfaire ses rétrogrades alliés verts, ceux qui préfèrent le charbon au nucléaire, et sans doute la déforestation aussi pour satisfaire nos besoins domestiques, que de l'intérêt national. Dépendance énergétique et chômage ne sont pas des éléments suffisants pour infléchir une position de principe, ce qui au passage doit désoler quelques ministres moins obtus dans ce domaine comme Montebourg ou Valls.
Plutôt que se figer sur une position injustifiable, le gouvernement aurait dû saisir cette opportunité. Et étudier les moyens de faire adhérer les communes et riverains à de futurs projets d'exploration et éventuellement d'exploitation. Par exemple en réformant le code minier qui fait que si on vous colle un derrick dans votre jardin pour en extraire des millions de barils le pétrole, vous ne toucherez absolument rien. Aux Etats-Unis, on fait fortune avec son sous-sol, en France on ne subit que les désagréments de son exploitation. Si ce gouvernement voulait faire quelque chose d'utile pour une fois, il ferait en sorte de faire évoluer cette vieille législation (elle date du Consulat, je crois) dans ce sens. Mais non, c'est trop intelligent pour eux. Les verts ne seraient pas d'accord et ils pèsent. Pas dans le pays mais dans les assemblées, grâce aux socialistes d'ailleurs, comble de l'imbécillité politique. Et donc on nous ressort ce non moins imbécile principe de précaution placé dans la constitution par un Chirac qui ne faisait pas grand-chose, mais ne lésinait pas sur la bêtise quand il agissait.

Voilà, deux cas, et un seul principe de précaution éludé ou mis en avant selon les circonstances, mais dont le principe d'application est visiblement soumis à la satisfaction de l'intérêt des minorités. C'est terra nova qui commande.

 

dimanche 4 novembre 2012

Pleurnicheries présidentielles


Il y a quelques jours de cela, notre mal-aimé président se morfondait dans les jupes de deux journalistes du Monde indiquant pas là que s'il était un homme normal, il n'était pas du tout un président du même qualificatif. Rares et peut-être inexistants peut-être sont les chefs d'Etat capables de tenir de tels discours. Quelques éléments extraits de ses propos laissent en effet pantois et mettent en doute des capacités à tenir cette fonction de chef de l'Etat, chose sur laquelle je n'ai eu pour ma part jamais aucun doute.

A-t-on jamais en effet entendu un président déclarer : "Exercer le pouvoir, aujourd'hui, c'est très dur. Il n'y a plus aucune indulgence, aucun respect. Mais je le savais." Il y a deux choses qui me gênent : le fait qu'il le dise, et ce mot "aujourd'hui".
A-t-on jamais entendu un de ses prédécesseurs se plaindre de la dureté de son sort? Je n'en ai pas souvenir.
Quant au terme "aujourd'hui", il laisse supposer qu'auparavant les gens étaient plus respectueux et montraient davantage d'indulgence devant l'incurie. Lui-même a-t-il été respectueux vis-à-vis de son prédécesseur lequel pendant son quinquennat a été insulté sans aucune retenue par la gauche. Rappelons-nous par exemple des propos d'Aubry le comparant à Madoff. Pense-t-il que les chefs d'Etats qui ont dirigé la France depuis toujours on eu ce privilège de diriger le pays dans une tranquillité absolue. Le jeune Louis XIV, avant même d'avoir atteint sa majorité devait lui aussi penser au moment de la Fronde que c'était dur de gouverner. Louis XVI, au matin du 21 janvier 1793 a sans doute trouvé qu'on n'avait guère été indulgent avec lui. Sortant de sa voiture criblée de balles au Petit-Clamart, de Gaulle a pu mesurer le respect que certains avaient pour lui. En mai 68, il a peut-être aussi pensé que c'était dur. Et en juin 69 peut-être encore davantage. Giscard quand on le trainait dans la boue avec les histoires de diamants de Bokassa trouvait sans doute aussi que la vie de président n'avait pas que des avantages. Etc.… J'en passe et des meilleures.
Non, monsieur Normal, ce n'est pas aujourd'hui que c'est dur. Ça a toujours été dur et parfois pire que ça. Alors vos jérémiades sont très mal venues. D'autant plus, parait-il que vous le saviez. Seriez-vous donc un peu masochiste sur les bords pour avoir fait un choix dont vous saviez qu'il serait une épreuve. Dans tous les cas, si vous aviez un minimum de fierté, de décence, vous n'iriez vous épancher auprès des journalistes. En fait vos états d'âmes ne nous intéressent pas et si vous espérez inspirer suffisamment de pitié pour que votre chute dans les sondages s'arrête, je crois que vous vous trompez.

Mais puisque vous saviez que ce serait dur, peut-être est-ce parce que vous vous êtes sacrifié. Vous auriez sacrifié votre petit bonheur de petit notable corrézien bien nourri pace que vous vous êtes senti l'homme de la situation, l'homme providentiel qui allait sortir la France de la crise.
Eh bien nom. Dans vos propos on ne retrouve pas ça mais quelque chose de bien pire. Vous déclarez en effet : ""Eh puis, je l'ai voulu ! Pas simplement pour des raisons personnelles, le destin d'une vie. Mais parce que je pense que pour la France, c'est mieux que ce soit la gauche qui fasse cette mutation, qu'elle le fasse par la négociation, dans la justice, sans blesser les plus fragiles ni les déconsidérer. Les autres l'auraient fait sans doute, mais brutalement".
C'est donc le souci de votre destin personnel qui vous a amené là ou vous êtes. Pas seulement, dites-vous, mais quand même. Que vous ayez des ambitions n'est pas un problème. On ne connait pas de chef d'Etat qui n'en aurait pas eues. Mais qu'elles soient mises au service de votre petit destin personnel et non au service de plus grandes choses, comme la France par exemple, en est un sérieux. Car vous ne parlez pas de vos ambitions pour la France, mais simplement du fait que c'est mieux que ce soit la gauche qui fasse ce que la droite aurait finalement fait aussi, mais d'une manière que vous qualifiez de plus brutale confondant sans doute brutalité et efficacité. Vous, enfin la gauche, vous apportez la vaseline ce qui se traduit actuellement par des reculades, des renonciations et toutes ces choses qui font que beaucoup de vos électeurs se sentent un peu trompés. Vous déclarez implicitement que voter pour la gauche ou la droite n'avait finalement qu'une importance relative puisque " Les autres l'auraient fait sans doute". En fait vous vous présentez un peu comme un gestionnaire dont la politique n'existe pas, et donc chargé d'en appliquer une venue d'ailleurs. Des marchés sans doute. En fait on vote pour une méthode, pas une politique. Ce que vous semblez dire quand vous déclarez " "J'assume cette méthode. Il faut prendre le temps de décider. Car une fois que c'est décidé, c'est fait." Pas de prise de risque surtout. C'est vrai qu'on a le temps après tout. Tous va si bien dans pour la France et les Français!

D'ailleurs pourquoi se précipiter, pourquoi décider puisqu'il suffit d'attendre que ça se passe. Après la puis le beau temps, après la nuit le jour, après la gauche la droite. En effet vous sortez ce propos qui est proprement ahurissant et qui montre qu'effectivement vous maitrisez la situation, savez quelles mesures il fait appliquer : "Nous en sommes à la troisième année de crise. La reprise va arriver, c'est une question de cycle." En fait vous nous rappelez votre parfaite inutilité. Il suffit d'attendre, ls choses s'arrangeront d'elles-mêmes. C'est cyclique, que voulez-vous! Vous auriez dû nous faire part de cette brillante analyse avant les élections, tandis que vous avez tenté de nous faire croire que vous alliez régler le problème et que le problème c'était même la majorité en place. Or de problème il n'y avait pas puisque c'est cyclique. Remarquez c'est rassurant, ça redonne de l'espoir. Mais ça ne nous explique pas pourquoi, mise à part l'accomplissement de votre destin personnel vous êtes là.

C'est sans doute dur d'être président, mais c'est aussi dur pour nous de vous avoir comme président.

vendredi 2 novembre 2012

Cachez cette une que je ne saurais voir


Dans mon dernier billet j'évoquais la couverture du magazine Le Point composée d'une photo montrant une femme dont on ne voit que les yeux, bleus d'ailleurs, avec comme titre "Cet islam sans gêne" avec en titre secondaire "hôpitaux, cantines, piscines, jupe, programmes scolaires…". Et donc je disais que cette couverture avait réveillé quelques indignés prompts à sortir du bois dès que l'on ne parle pas de l'islam en termes élogieux, dès que quelqu'un se met à enquêter sur la place de l'islam en France. Il est vrai que les couvertures s'inquiétant de revendications de catholiques voulant vivre leur foi de façon ostensible dans l'espace publique ne sont pas légion et qu'on pourrait voir dans cette disproportion une certaine iniquité propre à mettre en évidence un sentiment d'islamophobie de la part de ceux qui en sont à l'origine.
On pourrait certes s'arrêter là si les faits, hélas, ne donnaient pas davantage l'occasion de parler de l'islam et des sentiments que cette religion peut inspirer en réaction aux attitudes de certains, ce qu'exprime le titre secondaire de la couverture du Point. Qui en parlant de CET islam, évidemment ne met pas en cause l'islam en général. Ce que certains ne semblent pas avoir compris, à moins qu'ils n'adhèrent tout simplement aux revendications religieuses exprimées par les tenants de CET islam-là. Et donc qui s'indignent

Nous avons un beau spécimen de ces indignés en la personne de Pascal Boniface et d'un certain Médine qui s'expriment dans le plus du Nouvel Obs. On connait Boniface dont l'islamophilie et le soutien à la cause palestinienne ne sont plus à démontrer. Quant à Médine, je dois avouer que je ne connais pas cet individu. Sans doute parce que c'est un rapeur et que j'ai un peu de mal avec cette expression que certains diront artistique. Tous les goûts sont dans la nature. Un coup d'œil sur sa fiche wikipédia n'en dit guère plus. Juste une info a retenu mon intention : dans une de ces…, zut, je ne sais pas si on doit dire chanson, enfin dans une de ses productions il dénonce le massacre du 17 octobre. Ce qui suffit à me le rendre définitivement antipathique.
Donc nos deux compères, représentant sans doute une allégorie du couple modèle du futur, se sont insurgés contre cette couverture du Point, ce qui leur a permis en même temps d'éreinter Charlie Hebdo et l'Express pour le même motif : oser parler de CET islam (ou le dessiner) qui est susceptible d'inquiéter les Français.

Une première lecture du texte en question m' a fait me demander si il suffisait d'être un "intellectuel" reconnu (de gauche évidemment) pour avoir le droit de faire publier un papier aussi insipide dont la hauteur de l'argumentation laisse entrevoir la possibilité de trouver bientôt du gaz de schiste. Si j'étais comme eux je pourrais d'ailleurs arrêter mon billet ici pour sans doute la plus grande satisfaction de ceux qui osent encore parfois s'aventurer par ici. Mais comme moi je ne suis pas un intellectuel, je vais donc aller un peu plus loin et reprendre quelques-uns des poncifs qu'ils nous ont servi pour dénoncer les trois publications qui ont osé.

Ça commence par l'incrédulité. Quoi Le Point, journal réputé sérieux! Lui aussi comme Charlie et l'Express ose cette une que même les musulmans pourront voir avec ce titre racoleur. A noter que le CET islam se transforme chez eux en l'islam, ce qui effectivement change le sens. Mais mettons cela sous le coup de l'émotion qui les a empêchés de différentier un article défini d'un pronom démonstratif.
Cet une, selon eux va faire penser aux musulmans qu'on ne les aime pas et aux Français qu'ils sont menacés. Car ce sont les titres des journaux qui rapportent des faits ou qui enquêtent (à noter que dans ce numéro du Point, même Tarik Ramadan a la parole) qui induisent ce genre de perceptions. Pas les faits bien sûr. En fait non, c'est vrai, pas les faits tant qu'on les passe sous silence, ce qu'aimeraient sans doute nos deux compères.

Car voyez-vous, ce genre d'enquête indiqué par une couverture racoleuse est une catastrophe. Pour quoi? Pour qui? Eh bien pour le vibre ensemble qui régresse et pour les musulmans qui seront davantage stigmatisés.
Vivre ensemble et stigmatisation. Les mots qui font sens sont lâchés. Ne manque plus que diversité. Le vouloir vivre ensemble régresserait donc. Comme s'il existait ce vouloir vivre ensemble. Peut-être que Boniface et Médine veulent vivre ensemble, mais force est de constater que depuis quelques dizaines d'années, les gens préfèrent se séparer. Une lecture du livre de Christophe Guilluy (Fractures françaises) ne ferait pas de mal à nos deux amoureux du vivre ensemble. Ils y apprendraient que c'est une utopie. Surtout depuis que l'assimilation est devenue un crime (contre l'humanité selon les très démocrate et progressiste Erdogan). Et même des unes proclamant la merveilleuse bonté de l'islam ne changeraient rien, absolument rien.
Quant à la stigmatisation, on en parle beaucoup, mais encore faudrait-il qu'elle soit étayée par des faits. Si par exemple il s'agit d'accès à l'emploi, on pourra peut-être s'interroger sur l'adéquation entre niveaux de compétence et nature des emplois offerts dans les grandes villes ou autour là où se concentrent certaines populations. Par choix. Par esprit grégaire. Car le refus de vivre ensemble a au moins cette caractéristique d'être réciproque.

Et donc, c'est là que l'on voit le cynisme de ces publications, elles ont trouvé le bon filon économique. Dans un premier temps elles font s'éloigner les gens attisant les sentiments de rejet et d'incompréhension, dans un second elles regrettent le fossé qui se creuse, et dans tous les cas, dès que les musulmans sont montrés du doigt c'est le jackpot pour elles. Car ce sont les bas-instincts du public qui sont visés par ce type de publication. Et moi qui croyais que plus personne ne lisait la presse et que de ce fait elle n'avait plus guère d'influence. On m'aurait trompé!
Vous remarquerez évidemment en filigrane le mépris affiche pour le public, donc le populo, qui vit non pas en être de raison, mais guidé par ses instincts. On peut être de gauche et penser des choses pareilles, et sans doute ce qu'il serait bon de donner en pâture à cette bande de péquenots qui ne voient sans doute pas ce qu'ils pensent voir, et qui sont incapables d'avoir une quelconque distance avec les unes du Point, de l'Express ou de Charlie-Hebdo.

D'ailleurs pour nous prouver à quel point les 3 publications visées sont suspectes de vouloir creuser un fossé entre l'islam et les Français, nos deux compères n'hésitent pas à prétendre que Boniface a contacté l'une des trois rédactions au sujet d'une convention dans une cité et qui fut un grand succès. Comme on ne sait pas laquelle des trois, aucune ne pourra au moins nier la chose, pouvant penser que c'est une des deux autres qui était concernée. Ficelle un peu grosse ou simple maladresse?
Et puis aussi aucun de ces trois journaux ne s'est intéressé au travail de sensibilisation (à quoi, on ne sait pas) et de pédagogie mené par Médine au Havre. Surement quelque chose d'intéressant au demeurant mais dont on ignore la portée après lecture.
Ceci est définitivement la preuve que pour ces journaux l'information est secondaire et passe loin derrière les intérêts économiques qui les amènent à une politique ouverte de racolage. CQFD.

 
Je ne pense pas avoir trahi ou déformé la teneur du texte de Boniface et Médine, ce qui est aisément vérifiable. Mais après avoir lu ce texte, je dois dire que j'ai quand même été surpris par la faiblesse de l'argumentation qui se résume en gros à "on ne doit pas dire du mal de l'islam parce que ça divise ", et c'est juste une histoire de fric ce genre de publication.
J'aurais préféré que nos deux penseurs s'attaquent au fond et nous prouvent que jamais il n'y a de problèmes dans les hôpitaux notamment dans les services d'obstétrie, que jamais il n'y a eu de revendications pour que les enfants de confession musulmane puissent manger hallal, que dans aucune piscine de France il n'y a d'horaires spéciaux pour les femmes, que toutes les femmes musulmanes peuvent se promener en mini-jupe dans toutes les cités, que si Charles Martel et Clovis ont été virés des programmes d'histoire, c'est un pur hasard, etc… S'il n'y a rien à dire sur tous ces sujets, s'il n'y a aucun problème, on comprendra que le Point ou l'Express ou Charlie-Hebdo commettent des fautes professionnelles. Dans le cas contraire on pourra admettre que le débat est souhaitable.
Boniface et son compère Médine préfèrent casser les thermomètres.