"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 27 décembre 2012

Pas de trêve de Noël


On aurait pourtant aimé que soit respectée pour quelques jours ce moment particulier qui devrait accompagner Noël. Et pourtant non, même de cela ils ne veulent pas nous en faire profiter!
Nous avons appris, en effet, que notre majesté Normal 1er avait enjoint ses ministres de continuer à travailler pendant la période des fêtes, de ne pas s'éloigner de plus de deux heures de la capitale, de rester en alerte rouge. Alors que nombre d'entre nous espéraient justement qu'ils allaient nous foutre la paix au moins pendant quelques jours, cesser leurs activités qui s'apparentent, sans doute à l'insu de leur plein gré, ne chargeons pas trop le bourricot, à un travail de sape. Certes, on peut se consoler en se disant que quand on n'aura touché le fond, au moment où leur cote de popularité se rapprochera de poches de gaz de schiste que leurs bons alliés écolos ne veulent surtout pas qu'ils touchent, on peut se consoler en se disant qu'on ne pourra alors que remonter la pente. Le temps n'est sans doute pas très éloigné de cela, mais nous aurons tout de même bien voulu souffler pendant quelques jours. Hélas, ce répit ne nous sera pas épargné.

Nous le méritions bien pourtant ce moment où nous aurions pu savourer les instants qui passent sans nous demander quelles mesures parfois idiotes, parfois destructrices, ils allaient bien pouvoir nous concocter. A moins que ce ne soit qu'un misérable coup de com destiné à rattraper les anormalement longues vacances d'été prises par notre président qui jusqu'à cette période estivale pensait pouvoir se faire aimer de son bon peuple en prenant ostensiblement le train, chose à laquelle il semble avoir renoncé. Il semblerait même que pour se rendre à Angers, chez sa belle-mère, ou plutôt la mère de la première dame de France, car ce n'est pas vraiment sa belle-mère, afin d'y réveillonner, il ait opté pour un autre moyen de transport que le TGV, bravant ainsi ses alliés verts en augmentant son bilan carbone personnel. Donc la com présidentielle serait passé de l'image de l'homme normal qui prend le train, sans bagages, pour se rendre en vacances, à celui du président s'offrant une rapide escapade non médiatisée et sacrifiant la période des fêtes au travail. En le faisant savoir, évidemment, car sinon à quoi servirait ce sacrifice annoncé de la part du président et des ministres? En tout cas certainement pas à améliorer la situation de la France et des Français. Ne reste donc que la com. Mais je doute que ça suffise à donner un regain de crédit à cette équipe qui nous dirige, si j'ose employer ce terme. Parce que le bilan des 7 premiers mois est lourd, bien lourd. Et à la fête colorée par les drapeaux étrangers de la Bastille a vite succédé un profond désenchantement qui ne fait de s'accroitre chaque jour qui passe, un désenchantement qui vire désormais au cauchemar surtout quand on envisage qu'on en a encore, en théorie, pour plus de 4 ans. Ce sera peut-être finalement la seule chose positive qu'on leur reconnaitra plus tard : cette capacité à rallonger le temps.
Mais revenons sur quelques une des réalisations de notre équipe de bras cassés.

En fait de réalisations, en regardant bien, on se rend compte qu'il n'y a pas grand-chose, sinon quelques projets. Car mis à part le retour à la retraite à 60 ans pour quelques-uns, mesure sur laquelle on va d'ailleurs peut-être revenir quand on devra plancher une nouvelle fois sur le problème des retraites, et les mesures fiscales aux effets dramatiques, pas grand-chose n'a été fait. Un pacte de compétitivité certes, mais qui ressemble à une usine à gaz et dont on a compris qu'il ne bénéficierait pas à tout le monde, et qui n'est pas encore véritablement en œuvre, le fameux mariage pour tous avec les options en série qui vont l'accompagner, qui crée une fracture inattendue chez les Français, mais qui ne sera voté que d'ici deux mois, peut-être. Sinon quoi de notable? Rien! Ah, si, j'oubliais, une augmentation du SMIC hors inflation de 0,6% en juillet et une à venir en janvier de 3 centimes d'euros. Au moins ceux qui n'ont pas voté pour Hollande n'auront pas eu à être déçus. Mais les autres!
Bon, évidemment on oubliera ceux qui contre vents et marées soutiendront ce gouvernement jusqu'au bout, même si parfois il leur arrive d'émettre quelques réserves timides et de circonstances quand les choses deviennent inacceptables. La militance nuit à la bonne compréhension des choses et provoque des accès de mauvaise foi aussi chroniques que de moins en moins espacés dans le temps à mesure que les choses vont de plus en plus mal. Je ne citerai évidemment personne, mais peut-être qu'un éclair de lucidité aidera certains à se retrouver dans ce que je viens d'écrire. C'est un peu comme les supporters d'une équipe de foot, par exemple le Doha-Paris-Saint-Germain, qui soutiendront toute une vie une équipe à cause de son nom (gardons au moins Paris ou Germain, même si Saint a vocation à disparaitre au nom de la laïcité évidemment), mais sans jamais prêter véritablement prêter attention à l'âme de l'équipe, les joueurs et l'entraineur en particulier, justement parce que les équipes n'ont plus d'âme. Au lieu de former, elles achètent et considèrent leurs joueurs comme une marchandise ce qui ne déplait pas d'ailleurs à ces derniers tant qu'ils ont une bonne cote. Là c'est un peu pareil. On soutient le PS parce que c'est le PS. Et plus généralement si on n'est pas du PS mais de gauche on soutiendra le parti qui est le mieux placé à gauche. Et inutile de comprendre pourquoi. Parce que la gauche c'est bien et qu'il ne faut pas, j'ai lu ça l'autre jour, émettre la moindre critique sur ses maitres à penser, auraient-ils soutenu les régimes les plus abjects portés par cette terre. Mais à droite c'est sans doute la même chose, même si j'ai l'impression, mais c'est juste une impression, que les gens de droite sont plus libres dans leurs jugements et surtout ne se prennent pas au sérieux comme les gens de gauche. Mais c'est vrai que leur tâche est rude de vouloir apporter le bonheur à l'humanité. Objectif tellement louable qu'effectivement toute critique sur les méthodes serait malvenue.
Non, en fait les grands déçus sont les gens qui pensaient que l'arrivée de la gauche au pouvoir aller changer leur vie, pas complètement bien sûr mais suffisamment pour qu'ils aient l'impression de vivre un peu mieux. J'ai déjà évoqué les smicards de plus en plus nombreux. Il y a aussi les retraités qui vont mettre la main à la poche, et ce n'est sans doute qu'un début. Mais il y en a tant d'autres encore qui pensaient par exemple à une meilleure redistribution qu'ils attendront vainement, les grandes ponctions fiscales les atteignant eux-aussi, et ce n'est sans doute aussi que le début, et allant alimenter essentiellement les caisses d'un Etat qui n'en peut plus mais n'est toutefois pas regardant sur la dépense et aussi des collectivités locales qui ne semblent pas avoir encore découvert que c'est la crise et continuent donc à vivre de manière somptuaire.
Quant aux autres qui ne sont pas déçus, ils ne peuvent que constater, et c'est une bien maigre consolation, combien ils ont eu raison de ne pas faire confiance dans cette équipe qui promettait le changement sans pour autant dire que ce serait pire. Non, ceux-là ne se sont pas trompés quand ils ont déposé leur bulletin dans l'urne. Mais tyrannie de la majorité, fût-elle courte, ils sont condamnés à subir. Ou à partir.

Et c'est ce que font de plus en plus de gens. On a certes beaucoup parlé de Depardieu, un peu moins d'autres riches partis sous d'autres cieux plus cléments d'un point de vue fiscal. Mais ceci n'est que l'arbre qui cache la forêt. Car il se trouve que plus de 130000 Français quittent leur pays chaque année, ce chiffre étant en nette augmentation depuis cette année. Et évidemment, étant donné le nombre ce ne sont pas que des riches. Certes le mouvement est ancien, mais il semble que l'arrivée des socialistes au pouvoir lui ait donné une nouvelle ampleur. Sans vouloir être trop méchant, et en excluant du nombre des expatriés les retraités, les gens en mission temporaire ou quelques routards, on perd des gens de qualité souvent dont l'absence n'est pas palliée par une immigration plus importante quantitativement. J'en ai déjà parlé dans un précédent billet alors que je mettais en évidence l'absence totale de politique de régulation des flux humains (entrées mais aussi sorties) dans notre pays. Enfin, le vote avec les pieds a toujours eu une signification qu'il serait simpliste de résumer, comme le font nos dirigeants actuels quand ils parlent des riches, les autres ne les intéressant sans doute pas, à un déficit de patriotisme. Je dirai d'ailleurs que dans certains cas, mais nous n'en sommes pas encore là, même si l'hypothèse future n'est pas à exclure, que le départ peut être signe de patriotisme.

Bon, je m'égare et en oublie de parler plus précisément de ce qu'a fait ce gouvernement pour mériter tant de défiance de la part des Français.
Chacun aura compris très vite que les promesses de campagne du candidat Hollande s'agissant de la politique économique et sociale n'étaient que du vent. Même les moins avisés auraient dû s'en rendre compte quand après avoir déclaré la guerre à la finance il s'est précipité à Londres, haut lieu de la finance mondiale, pour déclarer que "c'était pour rire qu'il avait dit ça". Il a donc mis ses pas dans ceux de son prédécesseur, signant un traité dont aucun mot ne fut changé et qu'il avait promis qu'il renégocierait. Et ainsi pour le reste, dont la fameuse règle d'or. La loi de régulation bancaire qui va entrer en vigueur dès le mois prochain est moins contraignante que ce qui existe aux Etats-Unis, ce qui donne la mesure de sa portée. Enfin bref, ce gouvernement ne semble pas vraiment de gauche.
Donc pour faire de gauche, il va pratiquer l'excès dans d'autres domaines.

La stigmatisation des "riches" était déjà dans la campagne électorale. Cette catégorie est assez vague pour trouver les boucs-émissaires qu'on veut quand on veut, surtout si on considère comme le fit un ancien premier secrétaire du PS qu'on est riche à partir de 4000€ de revenus mensuels par mois, en gros 10% de la population. Cette stigmatisation se concrétisa par des mesures fiscales, affirmées comme transitoires, ce qui fait que le conseil constitutionnel ne les censura pas, permettant de taxer à des taux confiscatoires un certain nombre de Français, de vrais riches ceux-là. Mais je ne sais pas si le terme confiscatoire est assez fort quand on peut payer davantage d'impôts que ses revenus, transitoirement bien sûr, ce qui doit rassurer les victimes de ce vol en bande constituée et pouvant user de la violence consubstantielle à l'appareil de l'Etat. Bien sûr, beaucoup choisissent l'exil, ce qui montre l'imbécillité de mesures qui rapporteront moins au final que le bouclier fiscal honni. Mais dans un sens ces départs sont une forme d'aubaine quand on recherche des boucs-émissaires pour masquer une incurie chronique. On a pu croire un instant que c'était Depardieu qui était parti avec les clés du succès français. Du moins l'outrance des mots qui caractérisèrent son passage de frontière pouvait le laisser penser.
Mais le problème, c'est que montrer du doigt les riches et tenter de les punir, ça ne remplit pas la gamelle des autres. J'aurais même tendance à penser le contraire, persuadé que la cupidité des uns peut-être une opportunité pour les autres. Evidemment ça change de cette conception du vase communicant que vous assénez à ce petit peuple qu'on prend pour idiot.
La punition des riches a un prix. Ce sont par exemple les PME qui selon un récent rapport périclitent, n'investissent plus, ne se transmettent plus au sein de la famille (de gratuit c'est devenu payant), et sont finalement rachetées de plus en plus par les étrangers, et parmi eux de plus en plus par les Chinois qui en accaparent environ 30% mais dans des buts autres que de les faire se développer en France. Effectivement, comme promis par notre président, le chômage va donc encore augmenter. Mais pas seulement pendant une année.

Et puis évidemment comme cache-misère, il y a aussi ces fameuses mesures sociétales : le mariage pour tous et ses options gratuites, et bientôt la mort pour tous ceux qui la veulent, enfin surtout les vieux inutiles et qui coûtent tant. Il parait que tout ça c'est le progrès, le sens de l'histoire comme diraient certains qui n'ont pas compris que l'histoire n'a jamais eu de sens mais que les aspirations de l'homme, si elles ne sont pas canalisée, peuvent rapprocher finalement celui-ci de l'état animal qu'il s'était évertué à quitter en se civilisant.

Bon, tout ça c'est bien beau, façon de parler, mais la chasse aux riches et les mesures sociétales ne suffisent pas à masquer que ce gouvernement n'a qu'une hâte : celle d'attendre. Attendre que la situation se renverse, que les cycles continuent de rouler jusqu'à ce que ça aille mieux. C'est du moins ce qui transparait dans certains discours présidentiels. En gros il suffit d'attendre pour que la situation s'améliore. Parce qu'avant elle s'est toujours améliorée. Toujours les cycles. En attendant il est urgent de ne rien faire et de suivre le chemin dicté ailleurs, par l'Europe qui elle-même suit d'autres consignes et dont le travail finalement est de bien veiller à ce que les Etats membres ne tentent pas de s'émanciper en jouant cavaliers seuls, des pays comme la Hongrie ont compris le prix à payer, en tentant d'exercer une souveraineté déjà perdue. Avec Hollande, c'est chose gagnée pour l'Europe. D'autant plus qu'il n'économise pas son énergie, enfin ce qu'il en reste, appliqué qu'il est à montrer la France historique sous ses aspects les plus sombres. Quand les peuples n'aiment plus leurs pays, ils acceptent d'autant plus facilement leur disparition. Et c'est bien ça qui se joue avec comme force d'appoint une immigration de masse devenue non-intégrable puisque comment faire adhérer à ce qu'on n'aime pas soi-même. Face à cette situation, on compense en vantant les mérites de la diversité.

On pourrait aussi disserter sur ce gouvernement, sur son mode de fonctionnement. C'est en effet quelque chose de rare. Par exemple des ministres écolos donc faisant censément partie d'une majorité de gouvernement alors que les parlementaires du même parti sont dans l'opposition. Des gens qui parlent, qui se contredisent, qui se reprennent, qui ont dit mais n'ont pas dit, qui se font désavouer publiquement. Une suite de ce qu'on appelle des couacs, et qu'en organisation on appelle dysfonctionnements. Et à ce niveau-là, ça craint un peu. En tout cas, ça ne donne pas très confiance en l'avenir, dans la capacité de cette équipe de nous sortir du pétrin.

Alors s'il-vous-plait, monsieur le président, monsieur le premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, prenez des vacances et ne lésinez pas sur la durée. Ça vous fera du bien! Et à nous donc!

PS: j'ai noté que notre président, sans doute débordé par son travail ou pris par une digestion difficile n'avait pas eu le temps d'adresser un message aux catholiques de France à l'occasion de Noël. Cet été alors qu'il se faisait dorer la pilule au soleil du sud, il a pensé à en envoyer un aux musulmans de France à l'occasion de la fête de fin du Ramadan. Donc catholiques, ne vous offusquez surtout pas. On vous a oubliés juste à cause du travail. Sinon, vous pensez bien que…

vendredi 21 décembre 2012

Lettre ouverte à notre président-pseudo-historien


Monsieur le président,

J'ai hésité avant de vous écrire cette lettre. J'aurais pu me contenter d'un méchant texte dénonçant la partie de votre discours devant les parlementaires algériens, cette partie où vous abaissez la France, la salissez, elle et ces générations qui nous ont précédés et ont fait sa grandeur qui visiblement vous dérange. La gravité des choses mérite que je m'adresse à vous directement, ce qui surtout me garantira, du fait du respect dû à votre fonction, car, le ciel en soit loué, vous n'êtes que de passage, ce qui me garantira donc de maitriser mon expression et de ne pas sombrer sans la vulgarité, chose qui m'arrive hélas trop fréquemment. Ça vient peut-être de mon passage chez les parachutistes, même si ce fut, et il m'arrive de le regretter parfois, bien après les événements dont vous parlâtes à Alger.

Passés la colère et le dégout, il faut le dire, je suis revenu à des dispositions d'esprit plus urbaines qui me permettent de tenter d'analyser ce qui s'est passé là-bas, en Algérie pendant ces deux jours.
Ce matin, en y pensant, m'est revenu un souvenir vraiment anodin, et même hors sujet, qui, malgré tout, me permet de vous caractériser, au moins pendant ces deux jours. Figurez-vous qu'il y a une vingtaine d'années de cela je me suis mis à la bureautique en achetant mon premier PC. Je n'y connaissais pas grand-chose, et même, pour tout avouer, rien du tout. Je me suis donc fait aider par un ami qui avait cet avantage de travailler dans l'informatique et qui pouvait donc m'éclairer de ses conseils. Je passe sur la partie hardware pour en venir tout de suite à la partie software. Avec la machine était livré un logiciel qui s'appelait "works" et qui faisait un tas de choses dont ce qui m'intéressait le plus, à savoir traitement de texte et tableur. Mon ami qui connaissait mes besoins, et qui savait notamment que j'écrivais beaucoup à l'époque, me conseilla de laisser tomber ce logiciel et de me fournir un logiciel pour chacune des fonctions que j'utiliserais le plus. Un peu étonné, je lui demandé pourquoi dépenser encore davantage d'argent, c'était cher à l'époque, alors qu'on m'offrait un logiciel qui faisait tout ce dont j'avais besoin. Et il m'a répondu que comme beaucoup de choses multitâches, ce logiciel qui faisait tout ne faisait rien de bien. Si ce souvenir, on se demande pourquoi il est resté coincé dans un coin de mon cerveau, m'est revenu en mémoire, c'est bien parce que ce qu'il m'a dit ce jour-là vous convient parfaitement : vous n'avez pas été un bon historien, loin s'en faut, et vous avez été un mauvais président, même indigne si j'ose me permettre. Allez, osons!

Je dois dire que ma méfiance est apparue dès mercredi soir quand vous avez dit que vous ne veniez pas pour faire repentance, mais pour dire la vérité historique. Le premier point m'a étonné et je me suis même dit que vous aviez peut-être retrouvé deux pièces qui vous manquaient. Quant au second, il m'a laissé pour le moins pantois. Je me suis dit : "mais quelle présomption pour un homme, fût-il président de la République, de vouloir révéler la vérité historique!" Qui êtes-vous donc pour prétendre dire l'histoire? Même les vrais historiens, du mois ceux qui n'ont pas chopé le melon, savent se montrer plus humbles. Et qu'aviez-vous à nous dire que nous ne sachions déjà? On ne vous a pas attendu pour connaitre ce que fut la colonisation de l'Algérie. On ne vous a pas attendu non plus pour connaitre la guerre d'Algérie, même s'il reste quelques zones d'ombre qui n'ont peut-être pas d'ailleurs vocation à être éclairées avant que tous les acteurs des événement aient disparus. Mais on en sait bien assez pour en connaitre le déroulement général, les faits les plus marquants, et même comprendre que les armées françaises ont vaincu les rebelles algériens sans que pour autant on sache en tirer avantage. Mais finalement tout cela importe peu ici. Ce qui importe c'est la manière dont vous vous êtes fait historien.
Historien de pacotille devrais-je ajouter. Même pas d'ailleurs puisque ce n'était pas votre intention réelle que de faire œuvre de pédagogie. Il vous fallait brader l'honneur de la France dans des buts politiques. Vous n'avez pas hésité à le faire, même si vous avez essayé d'y mettre les formes.

 
Vous devriez pourtant savoir, monsieur le président, vous qui avez fait de brillantes études, que l'histoire n'est pas un saucisson en rondelles qu'on sélectionne en fonction de son interlocuteur, en fonction de ce qu'il veut entendre. C'est pourtant ce que vous avez fait. Or l'histoire est un tout, une chose complexe, un enchainement de causalités, de faits, d'intentions dans un environnement particulier. Comme on ne peut détacher la Terreur de la Révolution française, pour affirmer que cette dernière fut un grand moment de fraternité retrouvée. C'est pourtant ce que vous avez fait en résumant 132 ans de colonisation aux souffrances des Algériens et la guerre d'Algérie à une suite d'atrocités commises par l'armée française. C'est un peu court.

Je ne vais pas tenter de vous éclairer d'autant plus que vous savez très bien que ce que vous avez dit est plus que réducteur. Mais je me permettrai de vous rappeler certains points de manière brève.
Tout d'abord le peuple algérien dont vous parlez. Pour qu'il y ait peuple il faut qu'il y ait patrie. Or voilà ce que disait Ferhat Abbas un des leaders du FLN en 1936 : "… Et cependant je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n'existe pas. Je ne l'ai pas découverte. J'ai interrogé les vivants et les morts; j'ai visité les cimetières : personne ne m'en a parlé…" Eh oui, monsieur le président, l'Algérie, c'est une créature de la France qui s'est bâtie avec elle et contre elle. Sans la France pas d'Algérie et pas d'Algériens. Et puis qu'appelez-vous Algériens? Les Français qui étaient installés depuis des générations sur cette terre, ces Français dont nombre n'avaient jamais foulé le sol de la métropole, n'étaient-ils pas Algériens. Quand en France certains parlent des Français de fraiche date auxquels ont pourrait éventuellement retirer la nationalité à cause de leur conduite, vous êtes l'un des premiers à vous révolter en prétendant qu'on ne peu faire de différence entre les Français selon leur ancienneté dans la nationalité. Pourquoi n'en aurait-il pas été de même avec tous ces gens qui avaient leur vie là-bas, et souvent une vie bien modeste qui les éloigne de l'image qu'on veut leur donner d'exploiteurs des richesses locales. Ces gens-là, monsieur le président, vous les avez délibérément voués au mieux à l'oubli, au pire à l'opprobre.

Vous avez parlé des massacres de Sétif. Vous n'en avez pas cité les causes. Et surtout vous avez omis de dire que ces massacres ont donné dix ans de répit, comme l'avait prédit le général Duval qui en fut le maitre d'œuvre. Et qu'ont fait de ces dix ans les gouvernements de la IVème République. Rien, absolument rien! Vos amis socialistes de l'époque ont laissé pourrir une situation au point d'interdire toute possibilité aux gens qui peuplaient ce département français de pouvoir continuer à vivre ensemble, en tant que Français ou en tant qu'Algériens, ce n'est pas le problème.

Devrais-je vous parler aussi des apports positifs de la colonisation? Du travail des médecins, des hôpitaux, de l'hygiène, de toutes ces choses qui ont permis à la population indigène de décupler en 132 ans? Des travaux d'irrigation ou d'assèchement qui ont permis l'extension des cultures? De l'alphabétisation? Du développement des voies de communication? Certes les rapports n'étaient pas égaux, et personne ne le niera. Mais étaient-ils davantage équitables quand le colonisateur était ottoman avant que la France ne le déloge? Les Arabes qui ont colonisé les Berbères pus tôt, ont-ils été assez généreux pour leur laisser conserver leur religion et leur culture? En quelques mots, vous avez noirci un tableau aux multiples nuances en condamnant de façon définitive 132 ans de présence française.

La guerre non plus ne fut pas cette suite de crimes et de tortures que vous avez indiquée en tribune. Inutile de développer, car c'est une évidence. Comme c'est une évidence que si crimes et torture il y a eu c'est bien du fait de la démission des politiques, vos amis socialistes encore. Mais c'est tellement plus simple de salir les militaires qui ont satisfait aux objectifs qu'on leur avait donnés. Alger fut nettoyé, les attentats cessèrent et des dizaines de vies furent sauvées. Les militaires n'ont aucune honte à avoir de ce qu'ils ont fait. Ils ont fait les choix qu'il fallait faire étant données les circonstances.

Et pour en terminer avec ce survol, vous avez oublié et les circonstances de la colonisation et ses motifs. Vous avez oublié de contextualiser, vous avez oublié de rappeler que beaucoup de dirigeants politique de la IIIème République, ceux de gauche essentiellement, car les autres y étaient généralement opposés, parlaient du devoir d'apporter la civilisation à des peuples en retard. Même Blum tenait ce discours. Pour eux ce n'était pas un crime que de coloniser. Mais vous, vous préférez juger avec les valeurs, vos valeurs, actuelles. Mais peut-être ne jugez-vous-même pas, peut-être adaptez-vous simplement vos propos à votre auditoire. C'est encore pire!

Tiens! Votre auditoire, parlons-en! Les Algériens eux, n'ont sans doute fait que souffrir. La guerre, ils l'ont faite à la loyale comme on dit, sans exactions, sans tortures, sans massacres sans doute. Ils n'ont jamais tué de civils innocents, ni d'enfants. De vrais saints! Oui, monsieur le président, quand on se targue de dire la vérité historique, on parle de tout. On rappelle par exemple que les accords d'Evian ont été violés, on rappelle le massacre des harkis, on rappelle les massacres d'Oran, et toutes sortes d'horreurs. Mais il semblerait que de l'autre côté de la Méditerranée la vérité historique ne soit pas la bienvenue dès lors qu'elle attente à l'honneur et à la dignité du pays.

Vous voyez, monsieur le président, nous les Français, du moins ceux qui aiment leur pays, on n'en demande pas tant. On ne demande pas que la face sombre de notre histoire soit occultée. Nous sommes prêts à l'assumer. Mais nous ne voulons pas que seule cette face sombre soit montrée. Et c'est ce que vous avez fait en résumant 132 ans de colonisation aux souffrances des uns et aux crimes des autres. Des vôtres aurais-je dû écrire. Mais le sont-ils vraiment?
Oui, vous avez été un bien piètre historien en ce jeudi 20 décembre. Et un président indigne, car un vrai chef d'Etat ne salit pas son pays surtout devant d'anciens ennemis. Votre visite d'hommage à la plaque commémorative du traitre Maurice Audin en dit long sur votre attachement à la France. J'aurais préféré vous voir à la récente cérémonie d'inhumation du Général Bigeard à Fréjus. Il ne fallait pas y compter. Vous avez préféré salir sa mémoire et celle de tous ses compagnons d'armes lors de votre visite en Algérie. Quand un chef d'Etat célèbre les traitres à leur patrie et crache sur la mémoire de ceux qui se sont battus pour elle, il n'y a plus aucun espoir.

A un de ces jours. Les occasions ne manqueront pas avec vous.

mercredi 19 décembre 2012

Premier faux pas : l'hommage à Audin


Derrière la visite en grandes pompes de notre astre suprême en Algérie, on trouvera évidemment, et ça intéresse ceux qui n'aiment guère leur pays, comme aurait dit Mitterrand, que ceux qui y verraient une honte, la question d'une éventuelle repentance au nom de la France sur ce qui s'est passé en Algérie entre 1830 et 1962.
Evidemment il peut y avoir des variantes : la condamnation de l'ensemble de l'œuvre colonisatrice de la France malgré les réalisations dont on trouve toujours les traces, ou plus simplement une repentance ciblée, l'armée pouvant alors très bien faire l'affaire, avec l'utilisation de la torture ou quelques exécutions sommaires, même si par ailleurs ces faits consacrent soit l'impuissance soit la complicité des politiques de l'époque, et aussi si tout cela a été amnistié depuis bien longtemps. L'amnistie devant permettre de tourner la page sur un ensemble d'événements tragiques, ce que d'aucuns semblent ne pas avoir compris en ravivant des braises tandis que nombre de protagonistes de ces événements sont encore bien en vie, sans parler de la mémoire transmise à la génération suivante.

Donc demain on sera fixé. Mais malgré tout on s'attend à quelque chose. D'ailleurs quelque chose est d'ores et déjà prévu qui montre à quel point les valeurs peuvent vite évoluer dans un pays dont le chef de l'Etat, sans doute sous les applaudissements de toutes les bonnes âmes de ce pays ira rendre hommage à un traitre à la France.
On apprend en effet que notre Phare se rendra sur la place Maurice-Audin du nom d'un militant communiste français, militant pour l'indépendance de l'Algérie et disparu dans des conditions jamais encore élucidées, même si on a une idée assez claire de ce qui a pu se passer pour lui.

Maurice Audin était un jeune universitaire, né en 1932, membre du parti communiste algérien et, selon la phraséologie en vigueur, un militant de la cause anticolonialiste. C'est évidemment le second terme, même s'il découle sans doute du premier qui fait de lui un traitre à sa patrie. Puisque il a suffisamment été actif, sans doute pas en portant lui-même les armes, mais par des actions de propagande et une aide pratique à l'exfiltration hors d'Algérie du premier secrétaire du parti communiste algérien interdit en 1956, pour être arrêté par les parachutistes pendant la bataille d'Alger en 1957.
C'est donc un traitre auquel notre président de la République va rendre hommage. Car la manière dont meurt un homme n'absout pas, à ma connaissance, ses actes. Qu'il se soit évadé, selon la version officielle, et ait disparu de la circulation, ou que plus vraisemblablement il soit mort soit par accident, soit à la suite d'une exécution sommaire, les faits antérieurs à sa mort ne sont pas modifiés. Que les Algériens l'honorent au point d'avoir donné son nom à une grande place de la ville d'Alger me parait assez logique, qu'il soit honoré en France et par le premier personnage de l'Etat constitue une honte.

Bon! On pourra reconnaitre que d'autres l'ont précédé et que plusieurs villes de France sous l'impulsion de maires de gauche sont déjà entré dans cette logique où des Audin, des Boudarel ou des Jeanson, valent beaucoup mieux que les soldats qui se battaient pour leur pays, quelle qu'en soit d'ailleurs la cause, car un militaire se bat pour son pays et non pour une cause.
Delanoë a donné son nom à une place dans le 5ème arrondissement, suite à une demande du PCF. Ce fut bien plus rapide que de trouver un endroit pour apposer une plaque au nom de Soljenitsyne par exemple. Et on ne risque pas de trouver dans Paris, du moins tant que cette majorité y sévira, une place Philippe-Erulin, qui comme chacun s'en souvient commandait l'opération sur Kolwesi en tant que chef de corps du 2ème REP, et qui fut accessoirement un des deux officiers qui arrêté Audin à son domicile. Il était alors lieutenant.

Enfin! A chacun ses héros, et à chacun sa conception du patriotisme!

 

 

 

mardi 18 décembre 2012

Flux migratoires et incohérences


L'affaire Depardieu a désormais dépassé le cadre de l'affaire d'Etat pour devenir une affaire internationale. Pour la petite histoire, même en Russie, cette affaire a donné lieu à des sujets aux informations télévisées. Mais de façon moins anecdotique, la Belgique, mise finalement en accusation, mais ça aurait pu être l'Irlande ou la Suisse par exemple, a réagit officiellement par la voix de son ministre des affaires étrangères qui demande d'une part au gouvernement français de s'interroger sur les causes du départ de certains de ses ressortissants, et qui affirme d'autre part être favorable à une harmonisation fiscale européenne mais qui ne devrait pas s'aligner sur les pratiques françaises dans ce domaine. Oui car si l'harmonisation fiscale peut sembler nécessaire, si elle se réalise elle ne manquera pas d'avoir des implications pour les pays exerçant une forte pression fiscale qui seront nécessairement obligés de s'aligner sur une position plus douce les obligeant à trouver d'autres ressources, ce qui ne sera pas facile alors qu'on prévoit de manière durable une faible croissance pour l'UE, ou alors à restreindre leurs dépenses publiques.

 
Quoiqu'il en soit si ces polémiques ont vu le jour, ce n'est pas seulement à cause des différentes politiques fiscales entre les membres de l'UE, et même au-delà d'ailleurs, mais aussi parce que ceux qui nous gouvernent, comme ceux qui nous ont gouvernés depuis désormais quelques décennies ont permis, en en vantant les mérites, outre la libre circulation des biens et des capitaux celles des personnes, avec dans la cadre de l'UE une possibilité de s'établir sans réelle contrainte. On ne peut guère en même temps porter aux nues la liberté de circuler et de s'établir, et une citoyenneté européenne et quand cela ne fait pas nos affaires accuser ceux qui sont entrés dans cette logique de manquer de patriotisme. Les grands principes ne valent que quand ils sont effectivement des principes donc permanents, et non pas circonstanciels. Depardieu est peut-être quelqu'un d'égoïste, comme des centaines et peut-être davantage d'autres, et je ne parle que de ceux qui ont les moyens de mettre leur égoïsme en pratique, car sinon ces chiffres seraient multipliés, les positions vertueuses se confondant souvent avec un constat de son impuissance à faire ce que l'on critique (c'est le misanthrope qui parle), mais ce que d'aucuns appelle sa défection a été très largement permis, voire encouragé par ceux qui aujourd'hui lui reprochent. Et ceux là auraient pu être raillés par Bossuet quand il disait : " Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes."

 
Cette maxime de Bossuet pourrait d'ailleurs être ressortie très fréquemment, montrant l'indigence chronique de notre classe politique incapable de mesurer les effets des mesures qu'elle décide et devant se réfugier dans le verbe, enfin surtout l'anathème, pour masquer ses insuffisances.
Mais limitons-nous simplement aux flux migratoires qui sont en eux-mêmes une parfaite illustration de l'absence de pensée cohérente chez ceux qui nous gouvernent.

 
Je ne sais pas si quelqu'un l'a fait, mais je pense qu'une personne comme Christophe Guilluy (auteur de "Fractures françaises" ) par exemple en serait tout à fait capable en même temps que de donner un vrai sens à cette carte, donc je ne sais pas si quelqu'un a dressé une carte des flux migratoires concernant la France. C'est-à-dire les entrées et les départs. Certes les flèches si on s'en tenant au quantitatif n'auraient pas la même épaisseur entre les entrants et les sortants, mais pondérées par d'autres éléments comme le niveau d'études ou la richesse (les deux pouvant être séparés) prendraient de tout autres volumes. L'idéal serait, pour disposer d'éléments de comparaison, de dresser la même carte pour tous les membres de l'UE. Et je ne doute pas que nous aurons, en tant que Français de bien mauvaises surprises, mais dont nous pourrions nous montrer aussi fiers. Par exemple, j'imagine fort bien qu'un tableau explicatif décrivant les critères d'attractivité et de répulsivité de la France on trouverait dans les points positifs (attractifs) un système social permettant à toute personne même étrangère de se faire soigner, et même au frais complets du contribuable dans certains cas. Comme je ne doute pas que la pression fiscale serait classée en bonne place dans la colonne des éléments répulsifs.

 
En fait une vraie politique migratoire, et on n'en a pas eu depuis bien longtemps devrait être capable de maintenir au moins des équilibres pour que le coût financier pour la France des partants soit neutralisé les apports financiers des entrants. J'en imagine déjà certains sourire (jaune) et d'autres grincer des dents. Les uns diront que c'est une véritable catastrophe et que nous sommes dans un cruel état de déséquilibre qui s'aggrave à chaque fois qu'on en remet une couche sur la fiscalité, je que personnellement je suis enclin à penser sans toutefois avoir de données sérieuses pour le prouver, parce qu'il n'en existe pas ou alors elles sont bien camouflées. Les autres se basant sur des chiffres bidon, puisque d'autres peuvent leur être opposés sans que personne ne puisse jamais rien vérifier, affirmeront le contraire et pour appuyer leur soutien à une trop forte immigration, à moins que ce ne soit parce qu'ils ne sont pas sûrs de leurs chiffres, en remettront une couche en nous parlant de traditions d'accueil, de droits de l'homme ou encore de je ne sais quelle foutaise destinée à faire pleurer dans les chaumières.
Mais comme je l'ai dit, mon opinion ne pouvant s'appuyer sur des données scientifiques et non tronquées par l'INSEE, je ne peux rien affirmer. Mais je peux constater.
Je peux constater que la politique migratoire (im et ém) ne repose guère sur autre chose que des incantations. On veut maitriser l'immigration, mais ce ne sont que des mots qui se traduisent par quelques charters remplis de gens qui seront bientôt de retour puisque les chiffres sont gonflés de manière aussi opportune qu'artificielle par les Roms jusqu'à présent. On ne parle pas de maitriser l'émigration, mais on ne fustige certes pas tout le monde. Quand j'ai quitté la France, personne ne m'a ni insulté, ni demandé de revenir. Je suis pourtant comme l'atteste ma croix de la Légion d'Honneur un homme de valeur, mais, hélas, surtout pour moi, sans valeurs, financières et mêmes morales si ça vous chante. En fait ce sont les riches qui sont seuls montrés du doigt. Preuve qu'il n'y a pas de politique sérieuse, car on devrait s'interroger sur le fait que des gens de valeur partent à l'étranger pour souvent ne pas en revenir. Je ne parle pas de moi bien sûr, trop âgé désormais pour représenter un réel espoir, mais de tous ces jeunes diplômés, désirant fonder leur entreprise, ou simplement s'enrichir. Pourquoi partent-ils? Pourquoi pensent-ils qu'ils auront un meilleur avenir à l'étranger? Et surtout que faire pour les inciter à rester? Voilà les questions que devraient se poser nos gouvernements. Mais non, il est plus simple d'organiser une chasse à courre médiatique avec en tête de meute les membres du gouvernement qui pensent sans doute, peut-être avec raison d'ailleurs, mais ce n'est pas sûr, masquer leur incurie.
Je viens de parler des sorties, mais au niveau des entrées c'est la même chose. Déjà la grande majorité des entrées provient du regroupement familial dans lesquels on inclura les mariages mixtes. Et face à ça on est impuissant sauf à changer la loi. Ce qu'il faudrait peut-être faire. Par exemple, ici en Russie, il est demandé, entre autres à l'étranger qui s'installe dans ce cadre de prouver chaque année qu'il a les moyens financiers de vivre sur le territoire. Je crois que depuis peu en France il y a une mesure équivalente pour le regroupement familial, mais pas pour les mariages mixtes. En tout cas je me souviens que quand mon épouse a dû demander une carte de séjour en France, on nous a demandés plein de justificatifs de vie commune (c'est d'ailleurs très facile à obtenir) mais jamais nos moyens de subsistance. Le second grand volet de l'immigration, ce sont les étudiants, 40000 par an. Puis vient enfin l'immigration de travail, moins de 10% des entrées et qu'on voudrait encore réduire. C'est la seule susceptible de rapporter immédiatement aux finances publiques, mais elle est minoritaire. J'oubliais les demandeurs d'asile qui sont plus nombreux que les étudiants (56000) et qui grossissent les rangs des clandestins une fois leur demande rejetée. En fait on ne maitrise rien et parler d'immigration choisie relève de l'escroquerie parce qu'on ne choisit absolument rien et surtout pas les qualités des gens qui entrent sur le territoire.
Donc quant on nous parle d'immigration on nous enfume. On ne nous parle quasiment jamais d'émigration qui constitue pourtant aussi certainement un problème et pas seulement pour les rentrées fiscales de l'année à venir. Sauf quand Depardieu part.
Lamentable!

 
Pour terminer sur les incohérences et les contradictions, je voudrais vous remettre en mémoire les réactions qui ont fusé à quand Guéant a pondu une circulaire pour que les étudiants étranger à l'issue de leur formation regagnent bien leur pays, la circulaire ne faisant d'ailleurs que rappeler une législation existante. Ce fut un tollé à gauche, sans doute au nom des libertés individuelles qui devraient permettre à tout un chacun de s'établir où il veut. Il n'était pas question de se dire que ces étudiants formés pourraient être utiles à leur pays, que les efforts consentis par celui-ci pour les envoyer étudier à l'étranger devaient implicitement s'accompagner d'un retour sur investissement, de dire que ces étudiants étaient des gens peu recommandables, pas du tout patriotes et ne voyant que leurs intérêts personnels. Non ça on ne l'a pas entendu. Pourtant toutes ces choses, c'est bien ce qu'on reproche aujourd'hui à Depardieu. Mais qui notera ces contradictions?

 
A moins que la politique des flux migratoires de la France se résume en ces termes: "circulez, entrez, sortez comme vous le souhaitez, ça ne nous regarde pas (au nom des libertés sans doute). Sauf vous les riches qui seriez bien ingrats, pour ne pas dire davantage, en refusant de régler la note de l'incurie budgétaire des gouvernements successifs depuis plus de 30 ans."
Je ne dois guère me tromper.

dimanche 16 décembre 2012

Une curieuse affaire d'Etat


La France aura du mal à s'en remettre apparemment. Du moins le bruit que fait cette affaire le laisse largement supposer. Car on commence à chercher qui parmi les membres du gouvernement, premier ministre en tête, qui parmi les personnalités politiques de tout bord parvenues on ne sait comment au premier plan, quel média, quel donneur de leçon patenté, ne s'est exprimé avec l'indignation de circonstance sur cette affaire qui risque sans doute de remettre en question, et bien plus que la trop faible croissance, le respect des objectifs budgétaires de la France pour 2013 et les années suivantes. Même le président s'en est mêlé se lançant dans des négociations avec certains de nos pays voisins pour limiter l'impact de l'événement.
Donc Français, mais aussi étrangers qui tirez vos revenus de votre travail en France, et non pas de votre seule présence, attendez-vous au pire. La pression fiscale va être terrible. En effet, Gérard Depardieu a quitté le bateau France pour se réfugier dans la chaloupe Belgique. Et c'est une horreur.

De traitre à la patrie, de minable, et de toutes sortes de noms d'oiseaux on a traité cet acteur dont on loue d'autant plus les talents pour mieux stigmatiser son infâme conduite. Obélix est à Néchin, petite cité belge au demeurant probablement très accueillante vu l'effet attractif qu'elle produit, et nous fait des pieds de nez à partir de l'autre côté de la frontière pourtant débarrassée depuis longtemps de ses gabelous. La raison invoquée par tous: la pression fiscale. Effectivement notre Gégé déclare avoir versé au fisc en 2012 85% de ses revenus. Ce qui fait quand même pas mal. Mais ce qui semble sans doute encore insuffisant puisque ce volume ne prend pas en compte la nouvelle mesure de taxation à 75% au-delà du premier million d'euros. Je me demande d'ailleurs s'il est possible de payer davantage d'impôts que ses revenus. Ça doit sans doute l'être si on cumule tout ce qui existe, CSG, RDS, ISF et impôt sur les revenus et sans doute d'autres bricoles que j'oublie. Parait que le président d'Air Liberté a quitté la France car rein que l'ISF représentait 93% de ses revenus. Ceci dit de lui on n'a guère entendu parler. Comme de beaucoup d'autres d'ailleurs.

En fait on n'a commencé à vraiment s'intéresser à quelques gens qui partaient que depuis que la gauche est arrivée au pouvoir avec cette mesure phare des 75% évoquée plus haut. On est donc tombé dans un premier temps sur Arnault, première fortune de France, mais les choses se sont vite tassées, puis sur notre Gégé sur lequel on semble vraiment s'acharner au-delà de toute mesure. Ses excès, et surtout le soutien qu'il a apporté à Sarkozy pendant sa campagne, font sans doute de lui un bouc-émissaire parfait. Permettant au passage de faire oublier les autres.
Ben oui, car notre Gégé a été précédé par bien d'autres, hommes d'affaires, industriels, sportifs, chanteurs, acteurs dont la liste est bien trop longue pour que je la publie ici. Et il ne manquera pas d'être suivi par d'autres.

Reste que l'affaire prête à rire. Parce qu'on a entendu évidemment comme d'habitude un peu n'importe quoi sur cet exil fiscal de Depardieu qui n'est sans doute pas la meilleure cible. Parce qu'il va encore laisser beaucoup, au moins indirectement d'impôts en France.
L'affaire prête à rire déjà quand on se souvient que le candidat Hollande a fait chauffer la salle lors de sa première prestation du Bourget par un ancien exilé fiscal (je ne connais pas sa situation actuelle) encore en délicatesse avec le fisc. Mais évidemment il est officiellement de gauche et même, parait-il, la personnalité préférée des Français. Tandis que notre Gégé devrait vu la campagne montée contre lui devenir la personnalité la pus détestée.
L'affaire prête à rire quand on voit Emmanuelle Béart, surnommé Coin-Coin par les intimes, exilée de longue date en Belgique s'absoudre de ses péchés que personne d'ailleurs ne songe à lui reprocher en signant une pétition pour le vote des étrangers, en France, bien sûr.
Mais je suppose, même si Depardieu a été catalogué dernièrement à droite suite à son soutien de Sarkozy alors qu'il a assez navigué d'un bord à l'autre pour qu'on ne puisse guère lui prêter de convictions d'ordre politique, qu'il y a les bons et les mauvais exilés fiscaux. Ceux de droite sont évidemment des traitres, tandis que ceux de gauche démontrent leur ouverture au monde. Pour peu qu'ils aient le toupet de s'exprimer sur ce qui se passe en France, pour peu qu'ils viennent réchauffer de leur présence, et non en les accueillant dans une de leur résidence surchauffée, quelques SDF, mais à condition évidemment que les caméras soient là, ils deviendront même des idoles ou des personnalités préférées.

Oui tout cela prête à rire. Mais on commence à rire un peu jaune quand ceux qui nous gouvernement se lancent dans la curée en prenant la tête de la chasse à l'homme, en guidant la populace.
Car évidemment il n'y aura pas de pédagogie accompagnant cette affaire et tout pourra être entendu.
On a entendu par exemple un député socialiste demander le retrait de la nationalité pour les exilés fiscaux. Alors que c'est juridiquement impossible, puisque les lois internationales interdisent d'une part de générer des apatrides, et que d'autre part les procédures de retrait pour ceux qui disposeraient d'une autre nationalité sont compliquées. Au passage on remarquera qu'il est pour certains bien plus grave de fuir la France pour des raisons fiscales que de tuer un policier. On se souviendra pour s'en convaincre des réactions au discours de Grenoble de la part de ceux qui maintenant veulent priver Depardieu et peut-être (mais pas sûr) les autres de leur nationalité. Au passage il est également difficile de renoncer à sa nationalité, et même impossible si on n'en dispose pas d'une de rechange.
Par contre si on nous a dit beaucoup d'âneries, on ne nous a pas dit que Depardieu en tant que chef d'entreprise continuera à payer des impôts sur celles qui sont en France. On a oublié de rappeler que Depardieu fournit du travail à quelques dizaines de salariés pour lesquels il s'acquitte de charges patronales. En fait on ne nous a pas dit l'essentiel qui est que quelque soit l'endroit où on décide de poser durablement ses fesses, on continue à payer des impôts en France dès lors que ses revenus sont de source française (c'est ainsi que votre serviteur contribue à remplir modestement les caisses de l'Etat). Ce n'est pas tant là où on demeure qui compte, mais là où est la source de ses revenus. Bien évidemment dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres, c'est peut-être davantage l'ISF que fuient les grandes fortunes que l'impôt sur le revenu. Et ce qui est sans doute aussi recherché, c'est la possibilité d'organiser sa succession de la meilleure manière, dans l'intérêt de ses héritiers, et pas dans ceux de l'Etat.

Je ne suis pas là pour excuser ceux qui quittent la France pour des raisons fiscales, ni ceux qui disposent de comptes en banque non déclarés à l'étranger. Mais peut-être faudrait-il se poser les bonnes questions, sur le niveau de fiscalité, sur l'ISF en particulier, et aussi se mettre à combattre sérieusement la concurrence fiscale que se livrent notamment les membres de l'UE. S'acharner sur Depardieu ne peut pas permettre définitivement d'éluder ces sujets.

Dernière chose, je me marre vraiment, mais dans un sens négatif, quand j'entends l'argument patriotique mis en avant pour fustiger Depardieu, de la part de gens pour qui cette notion de patriotisme est considérée comme la plus profonde des ringardises dans toutes les autres circonstances. Parmi ceux-là, dès cette semaine on ne manquera pas d'en retrouver en première ligne pour encourager à des paroles de repentance lors du déplacement du président de la République en Algérie.

Avenir radieux (fiction cauchemardesque)


"Que de chemin parcouru!" pensa-t-elle avec un sentiment de fierté mêlé d'orgueil. Cela faisait une vingtaine d'années maintenant que les fondations avaient été posées de la grande œuvre qui allait modifier radicalement la société française et montrer la voie aux autres, enfin à celles qui avaient assez douté de leur passé qu'on avait cru glorieux jusqu'à une certaine époque, c'était avant la grande lessive de la repentance, pour vouloir se débarrasser de ses oripeaux désormais. Certes la France n'avait pas été la première à prendre à contrepied l'ordre établi depuis des siècles et même davantage en remettant en cause les fondements de la famille. La Belgique, l'Espagne et d'autres pays en perdition l'avaient précédée dont les dirigeants avaient fait le pari du sociétal dans l'espoir de faire oublier leurs impuissances. Les uns ne pouvaient plus assurer une certaine cohésion et même une cohérence nationale, mais ça c'est désormais du passé pour tous quasiment, les autres ne savaient plus quoi faire pour éviter une paupérisation généralisée qui paraissait devoir perpétuellement s'aggraver. D'ailleurs les deux phénomènes ne manquaient pas parfois de se conjuguer. Non, la France n'avait pas été la première, mais elle se devait d'aller plus loin que les autres, et même d'effacer leurs initiatives de l'histoire. N'avait-elle pas fait de même avec sa Révolution sanguinaire en faisant oublier les révolutions anglaises qui l'avaient précédée d'un siècle au moins et qui pourtant avaient mis fin également à l'absolutisme?

Oui elle se rappelait. Certes elle n'avait pas été un élément essentiel de l'ébranlement qui allait avoir lieu. Son seul mérite était d'avoir pris le train en marche après s'être fait confier des responsabilités qu'au fond d'elle-même, à l'époque, elle savait ne pas tout à fait mériter et devoir essentiellement à son état de femme et son origine étrangère. Ceci dit en regardant autour d'elle, elle s'était vite rassurée en comprenant qu'elle ne déparerait pas dans l'équipe qui avait été constituée en grande partie sur des fondements qui n'avaient pas grand-chose à voir avec la compétence ou le mérite. De ça les Français ne mettraient pas longtemps à se rendre compte. Juste quelques mois allaient suffire. D'où cette volonté acharnée de se manifester sur le plan sociétal qui allait pouvoir faire diverger les esprits, assez mal d'ailleurs, des problèmes éminemment essentiels que devait affronter la France en cette période trouble et qu'elle n'affronta pas préférant dans les domaines considérés abandonner sa souveraineté pour la confier à quelques technocrates souvent inconnus qui avaient quand même eu la bonne grâce de laisser aux élus nationaux les apparences du pouvoir. Enfin surtout les signes. Et aussi quelques initiatives dans le domaine sociétal, ceci d'autant plus volontiers qu'à terme ça leur fournirait un terreau favorable à l'extension de leur projet mondialiste. Entendez par là qu'un peuple coupé de ses racines, simplement sensible à sa qualité de vie, c'est-à-dire à sa capacité de consommer, est bien plus malléable qu'un autre peuple revendiquant son identité avec fierté et donc refusant les compromissions mettant en cause cette dernière. Et il fallait bien que ce fût un régime de gauche, enfin social-libéral ou démocrate qui le fît, la droite bien que comprenant des tendances franchement libérales ayant tout de même quelques scrupules à brader ouvertement l'identité nationale ou d'autres fondements ramenant les individus à autre chose que des électrons libres ou se croyant tels, mais juste axés sur la jouissance immédiate.

Mais sur tout cela elle ne s'était jamais vraiment interrogée. Elle avait pris le train et avait joué son rôle de petit soldat, le confondant avec celui de la militante qu'elle fut. Elle avait pris le taureau par les cornes et était allé jusque dans les crèches et les maternelles les tares des croyances passées, enfin ce qu'elle considérait comme des tares et passées, pour mieux les expurger de ces lieux où commencent à se forger les personnalités. Lors des grands changements sociaux, surtout quand ils sont imposés, il vaut mieux se concentrer effectivement sur le savoir-être que sur les savoir-faire. Et c'est ainsi que dans les écoles dès la maternelle on sacrifia à l'apprentissage du français pour donner de la place à un ensemble de disciplines regroupées sous le nom de morale laïque pour bien assujettir les jeunes cerveaux au nouveau monde qui avait été décrété par quelques penseurs dits progressistes qui avaient su se servir comme auxiliaires des associations malfaisantes, toutes ne le sont pas, et de quelques lobbies braillards, suffisamment braillards pour qu'on puisse croire qu'ils représentaient bien davantage qu'eux. Et en plus les médias, dans leur grande majorité, étaient entré dans le jeu, les quelques uns qui avaient des réserves à exprimer ne le faisant que timidement, presque en s'excusant tant ils avaient la crainte de passer pour réacs ou fachos, comme on disait à l'époque Une vraie forme de totalitarisme qui ne disait pas son nom, parce qu'il différait de ceux violents qui l'avaient précédé, avait posé sur la société une véritable chape de plomb qu'on avait tapissée de soie colorée, de couleur arc-en-ciel.

Mais ça n'avait pas marché aussi bien qu'ils l'avaient escompté, sa bande et elle. Certes, malgré de fortes oppositions notamment dans la rue avant que le projet de loi soit déposé devant le Parlement, malgré quelques recours constitutionnels qui n'aboutirent pas, c'était passé assez facilement. Même si le parlement mandaté en secret par un président trop couard pour assumer avait ajouté au projet de loi initial la PMA exigée par les lobbies qui ne représentaient qu'eux-mêmes. Le peuple n'avait pas eu la parole. Et quand quelque temps plus tard, un député proposa qu'on légalise la gestation pour autrui (GPA) pour les couples gays discriminés, ça passa aussi. On balaya d'un revers de la main l'objection de quelques féministes qui parlaient de commercialisation du corps des femmes en décrétant la mise sur pied une commission d'éthique où on les fit entrer en tant que membres hautement rémunérés. Car si l'amour rend aveugle, l'argent possède les mêmes vertus.
Tout se passait donc pour le mieux. Sauf que les esprits n'avaient pas été suffisamment purgés des scories du passé, lavés de leurs préjugés, pour être simple, éduqués. Et donc une quinzaine d'années après le vote de ces lois on assista à une soudaine et inattendue vague de suicides parmi les jeunes adolescents qui vivaient dans des familles homoparentales. Ce qui les tua ne fut pas tant de vivre au sein de familles artificiellement constituées que le regard des autres enfants dont on connait la cruauté. Ils ne constituaient en effet qu'une encore infime minorité et à ce titre étaient victimes de toutes les vexations notamment dans ces quartiers dont la culture admettait mal, et c'est un euphémisme, cette forme de famille. Je ne parle pas forcément de Versailles. Ce fut une tragédie dont on se garda bien d'analyser les causes profondes qui auraient pu remettre en cause ce qui avait été imposé une quinzaine d'années plus tôt. Il n'était pas question en effet de faire machine arrière et de revenir à une forme de famille, disons plus naturelle, dont le modèle privilégié était un père, une mère (ou le substitut de l'un d'eux mais du même sexe) et des enfants qui pouvaient se réclamer de géniteurs dument identifiés. On évita de se rappeler la mise en garde du défenseur des droits qui avait déclaré qu'on n'avait peut-être pas suffisamment pris en compte les intérêts des enfants dans cette affaire. Tout ceci était d'autant plus impensable qu'après avoir été sèchement battue en 2017, la gauche venait de revenir au pouvoir.

Elle était toujours là. Elle avait pris de l'âge et aussi du poids. Elle qui avait été une disciple de Ségolène Royal avait opté à son corps défendant pour celui de son ancienne rivale et maire de Lille. Lui restait son sourire que faisait ressortir son teint mat. Mais en même temps que les kilos elle avait pris de l'assurance et s'était suffisamment imposée au sein du parti pour qu'on en fasse un premier ministre. Ce fut donc à elle de se coltiner la crise occasionnée par cette vague de suicides. Admirablement conseillée, elle sut retourner la situation non pas vraiment à son avantage, mais au désavantage de la France ou de ce qu'il en restait.
L'idée lui vint ou plutôt lui fut suggérée que pour que cessent des discriminations contre lesquelles on ne pouvait pas grand-chose, il fallait aller encore plus loin dans la réforme de la famille et finalement, en quelque sorte, dissoudre celle-ci ou lui ôter sa substance en éliminant définitivement les liens du sang qui pouvaient exister en son sein et auxquels malgré les endoctrinements prodigués par l'éducation nationale il demeurait évident que trop de familles étaient attachées. Il fut donc décidé après d'âpres combats, il faut le reconnaitre, mais qui pouvaient être gagnés puisque là encore une fois il n'était pas obligatoire de demander son avis au peuple, de détruire ces liens. Ainsi, au nom de l'égalité pour tous bien sûr, il fut interdit aux couples hétéros de procréer pour eux-mêmes. Les enfants issus d'un mariage ou même d'un accouplement de circonstance devraient être mis à disposition de la collectivité, c'est-à-dire rejoindre la cohorte d'enfants destinés à être adoptés par tous, même par ceux qui pouvaient procréer de manière naturelle. La PMA dans cette même logique fut interdite. Tandis que la GPA fut largement encouragée. Il fut d'ailleurs facile, en regard de la conjoncture économique de recruter des femmes qu'on rémunéra grassement pour devenir mères porteuses au profit de la collectivité. Et afin d'assurer le remplacement de la population, voire une progression raisonnable, on fit appel à l'importation qui s'avéra d'ailleurs bien moins couteuse que la GPA et garantit une progression de la diversité bien plus rapide que par les processus anciens et naturels.
On appela le programme "enfant à la carte" même si les parents ne pouvaient choisir ni le sexe ni la couleur de celui qu'ils allaient adopter. Mais on fit valoir les avantages de choisir le moment où on voulait avoir un enfant. Le stock permettait en effet de satisfaire chacun quand il le voulait. C'était encore plus simple que d'acheter une voiture. Quel progrès, n'est-ce pas!

Tout le monde devait être gagnant dans cette affaire. Les parents, même si leurs choix étaient réduits, et les enfants qui se déchargeraient enfin du poids de leur hérédité et aussi de leur histoire. La possibilité de changer de prénom à l'âge adulte leur permettrait même de rompre définitivement avec leur famille de circonstance et de signifier qu'ils se débarrassaient aussi de leurs liens affectifs pour mener enfin une vie libérée de toute entrave du passé. Venus de nulle part, ils pouvaient aller partout et mener une vie de consommateur libéré.

Oui, elle pensait à tout ce chemin parcouru avec un sentiment de fierté mêlé d'orgueil. Et elle se disait que maintenant il serait temps de s'occuper des vieux. Le droit de mourir dans la dignité était désormais chose acquise depuis longtemps. Et elle se demandait s'il ne serait pas intéressant, au moins pour les finances publiques toujours sous perfusion des marchés, de transformer ce droit en obligation. Ce ne serait sans doute pas simple dans un premier temps, même en constituant un nième comité d'éthique. Mais avec les nouvelles générations, avec ces enfants sans attaches qui allaient bien finir par grandir, ce serait dans quelques années une formalité. Eux au moins comprendraient qu'il ne faut pas s'embarrasser de fardeaux aussi encombrants, enfin surtout couteux, qu'inutiles. Elle avait semé les graines qui allaient permettre ça. Elle se rengorgea en pensant à la trace qu'elle allait laisser dans l'histoire et saisit un loukoum dans l'assiette qu'elle avait toujours à portée de main. Elle le méritait bien.

mercredi 12 décembre 2012

Les socialistes et la justice


Non contents du fait que la majorité des juges se situe à gauche et rende de façon parfois très ostentatoire des jugements ne pouvant pas tromper sur l'idéologie défendue, le pouvoir s'arroge d'une façon même pas discrète le droit d'influer sur le cours de la justice. Certes tous les exécutifs sont tentés d'infléchir le cours de la justice en leur faveur ou d'en limiter les dégats, cela en fonction de leur positionnement politique, mais disons que les uns font ça d'une manière qu'ils espèrent discrètes, tandis que les autres n'hésitent pas à montrer leur toute puissance. Laquelle est évidemment confortée par un silence ou quasi-silence des médias sur le sujet.
Deux affaires récentes nous ont en effet montré quel cas faisait notre président de ses promesses de campagne et notamment de sa proposition n°53 dans laquelle il affirme qu'il assurera l'indépendance de la justice. Proposition rappelée dans la longue, pénible et ridicule litanie dont il nous affligea dans le débats d'entre les deux tours de la présidentielle.

Ainsi donc alors que sa concubine, en fait je ne sais quel terme adopter, celui de maitresse utilisé il y a peu par un député ayant provoqué un scandale, celui de petite amie ne correspondant guère à l'âge des personnages concernés, pas davantage que celui de copine d'ailleurs, donc alors que Madame Trierweiler née Massoneau, se parant ou étant parée de l'appellation de première dame de France, rang que je lui récuse puisque, bien qu'il en coûte au contribuable par le biais d'un cabinet pléthorique offert par son compagnon à l'intéressée, la fonction n'existe pas dans la constitution, se pourvoit en justice en diffamation après la parution d'un livre lui prêtant des relations extraconjugales déjà avec un personnage politique de l'opposition avant qu'elle ne succombe aux charmes de celui auquel des Français peu regardant, comme elle, ont confié leur destin, donc à l'occasion du procès qui s'ensuit, notre président se fend d'une lettre expliquant que les pages 46 et 47 du livre en question relatent des faits qui sont faux.
Là évidemment je commets peut-être une erreur, ou du mois certains me diront que je fais fausse route car ce ne serait pas le président qui aurait écrit mais le citoyen Hollande ayant bien pris soin de ne pas utiliser du papier à en-tête de la République et de faire figurer son adresse privée. Ce ne serait donc pas le président normal qui serait allé à la rescousse de celle qui partage sa vie, pour le reste je ne sais pas, mais le citoyen normal soucieux de soutenir celle qui le détend, c'est une pure hypothèse dont parfois je doute, après des journées harassantes de travail. Là aussi j'ai un gros doute.
Nous aurions donc à la tête de l'Etat un personnage atteint de schizophrénie, président à certaines heures et citoyen à d'autres. Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça, que ça ne peut pas fonctionner comme ça. Pour une raison bien simple. Si Mr. F Hollande résidant je ne sais pas où, se permet d'adresser des documents à la justice, il est normal qu'il puisse avoir à répondre devant cette dernière du contenu de ces documents. Imaginons que le contenu de la lettre qu'il a adressé au tribunal soit un tissu de mensonge, il devrait pouvoir être poursuivi pour outrage à la cour, par exemple. Or, c'est purement et constitutionnellement impossible. Car dès que la justice veut se retourner contre Mr. Hollande, elle se retrouve invariablement devant Mr. Le président de la République du même nom contre lequel elle ne peut rien jusqu'à la fin de son mandat dans l'état actuel des choses. Certes les choses peuvent changer d'ici là, si on suit les recommandations à ce sujet de la commission Jospin, ce que pour ma part je ne souhaite pas, mais en attendant il faut faire avec les pratiques légales en vigueur. Et donc l'argument selon lequel il n'y aurait pas d'ingérence dans les affaires judiciaires parce que ce n'est pas le président qui s'exprime mais le citoyen ne tient pas. Mais peut-être que Hollande n'avait pas compris les choses ainsi et pensait qu'après avoir fait ses 35 heures hebdomadaires, il redevenait un anonyme libéré de ses contraintes professionnelles. C'est un peu comme si un fonctionnaire ou un militaire, hors de ses heures de travail ou se service s'octroyait le droit de rompre le devoir de réserve qui accompagne son statut.
Il y a donc bien intervention du chef de l'Etat dans une affaire judiciaire touchant à la vie privée de celle qui l'accompagne dans la vie. Et ça ce n'est pas bien, pas bien du tout.
Sur un autre plan, celui du fond, on pourra noter également le ridicule de la démarche. Hollande réfute des affirmations le concernant aux pages 46 et 47. Mais ce sont des affirmations qui le concernent personnellement, lui, puisqu'elles prétendent qu'il a failli lui-même succomber au charisme de Balladur à peu près équivalent au sien. Or, même si le contenu des deux pages susdites est faux, ça ne préjuge pas de la véracité du contenu des la page 235 ou 121. Je cite ces pages tout à fait au hasard bien sûr, ne lisant jamais ce genre de bouquin qui aurait tendance à me répugner, enfin en tout cas qui ne m'intéresse en aucune manière. Je comprends certes que des journalistes succombent à l'appât du gain facile puisque ce genre de littérature, si nous pouvons employer le mot, même si elle ne fait pas la grandeur du journalisme, intéresse visiblement assez de gens pensant peut-être trouver là les explications à leurs vies médiocres, est en plein développement.

Notre très populaire ministre de l'intérieur, comme quoi c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, ou pour être plus clair c'est en utilisant des méthodes ayant déjà fait leur preuve qu'on remporte l'adhésion du peuple, lui, pour sa part ne s'est pas embarrassé. Papier à en-tête du ministère, tampons officiels. Au moins pas d'hypocrisie pour un travail de commande certainement, comme celui effectué par le citoyen Hollande dont on imagine les pressions conjugales qu'il a dû subir pour commettre une telle faute, sinon juridique, au moins politique. Au moins on sait qui commande à la maison. Mais qui en aurait douté?

Une autre affaire, est celle qui concerne notre charmante garde des sceaux et ministre de la justice.
Une association nommée "anticor" et censée lutter contre la corruption avait déposé une plainte suite à des sondages organisés par l'exécutif précédent, estimant d'une part que ces sondages portaient sur des intérêts particuliers et avantageant financièrement un collaborateur du président de la République. Les deux choses sont fort plausibles. Mais la plainte n'a pas eu de suite à cause du statut du président de la République qui protégerait également ses collaborateurs. L'affaire est actuellement en cassation, la cour du même nom devant se prononcer le 19 décembre.
Curieusement et avant même que la cour de cassation ne se prononce une nouvelle plainte a été déposée courant octobre de cette année et instruite avec diligence par le parquet alors qu'il aurait sans doute été logique d'attendre les résultats de la procédure en cassation.
Or, il se trouve que l'association "anticor" a pour marraine Christiane Taubira, ce qui explique peut-être, c'est du moins ce que prétendent Buisson et son avocat, une telle célérité à prendre en compte cette nouvelle plainte de la part du parquet. Par ailleurs, cette fois, le parquet revient sur ses avis antérieurs et donne suite à la plainte.
Tout cela n'est-il pas curieux? Une justice qui change d'avis avec l'alternance, une ministre marraine de l'association qui s'acharne contre les mêmes personnes?
Pour ceux qui salivent déjà, Sarkozy ne risque rien, tout ceci s'étant passé pendant l'exercice de son mandat et étant couvert par l'immunité. Buisson, lui, risque une condamnation.

Les choses ne changent donc pas. La proposition n°53 vaut autant que les promesses de renégociation du traité de stabilité budgétaire européen et de la règle d'or. C'est-à-dire, rien, absolument rien. Quelqu'un en doutait?

dimanche 9 décembre 2012

Crimes de guerre, justice, et affaire Mahé


Depuis quelques années, il est devenu établi que chaque conflit devait donner lieu à son "Nuremberg". Pour simplifier les choses et d'une certaine manière pour institutionnaliser cette donnée, on a créé en 2002 la Cour Pénale Internationale (CPI) qui devrait remplacer les Tribunaux Pénaux Internationaux (TPI) qu'on avait pris l'habitude de créer à l'issue et même pendant chaque conflit. Certains de ces tribunaux dont on ne peut guère se féliciter de la rapidité des procédures, et si ce n'était que ça, sont encore en fonction. On a donc actuellement en fonctionnement le TPIY (Yougoslavie) créé en 1993, donc en plein conflit, le TPIR (Rwanda) créé en 1994, à l'issue du génocide, auquel on peut ajouter le tribunal spécial pour le Sierra Leone, créé en 2002, juridiction hybride car incluse dans le système judiciaire du pays. Le TPIY et le TPIR nous montrent effectivement qu'on avance lentement dans ce type de justice, pour diverses raisons dont l'une des principales est la difficulté de retrouver ou de se faire livrer les suspects de crimes de guerre ou contre l'humanité. Il est probable que la CPI ne fasse guère mieux. Ayant seize dossiers individuels à traiter elle ne dispose que de 7 personnes à juger, les autres étant en fuite ou supposées décédées. La centralisation, puisque les TPI étaient dispersés (TPIY à La Haye, TPIR à Arusha –Tanzanie-, et tribunal spécial pour la Sierra Leone sur place à Freetown) de la CPI permettra sans doute de faire des économies d'échelle, mais ça risque de s'arrêter là tant au point de vue de l'efficacité comme de l'équité.

Ces juridictions émanent de l'ONU. La CPI, qui ressemble donc à une volonté de rationaliser la poursuite des crimes de guerre et contre l'humanité, est issue du Statut de Rome, on ne pouvait sans doute pas l'appeler traité, datant de 1998. Ce statut pose d'ores et déjà les limites de la compétence de la CPI. Sur les 193 Etats, hors Palestine, que compte l'ONU, 121 ont signé et ratifié ce Statut, 32 l'ont simplement signé, donc ne sont pas vraiment engagés dans le processus. Quant aux autres, il ne leur convient pas. Parmi les signataires qui n'ont pas ratifié, on trouve les Etats-Unis et la Russie, et parmi ceux qui n'ont ni signé ni ratifié, on trouve la Chine et l'Inde, ce qui met pas mal de gens à l'abri de se retrouver un jour devant la cour.

Mais au-delà de ses limites d'ordre juridique, au-delà des délais prohibitifs menant à un jugement, au-delà des difficultés matérielle de contraindre tous les accusés de se présenter devant la justice internationale, détail important, il ne peut s'agir que d'individus, je vais y revenir, les jugements rendus laissent parfois un goût amer et ne manquent pas de semer un doute sur l'impartialité des tribunaux en question. On pourrait même suspecter une justice de vainqueurs. A cet égard la justice en question serait aussi l'héritière des tribunaux militaires de Nuremberg ou de Tokyo. Les gens qui y furent jugés et condamnés le méritaient certainement, mais s'agissant de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité, ils auraient pu être accompagnés.
Voilà par exemple ce que reproche Bernard Lugan, historien et expert (cité par la défense) auprès du TPIR à ce même tribunal : le refus de prise en compte l'évolution des connaissances
le refus obstiné d'enquêter sur l'attentat du 6 avril 1994, les manipulations du Procureur, le recours aux faux témoins, les témoins à décharge récusés et les moyens de preuve à décharge refusés, le viol du principe de neutralité. Ce tribunal juge avant tout les Hutus et Paul Kagamé contre lequel Carla Del Ponte affirmait avoir suffisamment de charge pour qu'il comparaisse comme accusé ne mettra jamais un pied dans ce tribunal, du moins en tant qu'accusé de crime contre l'humanité.
S'agissant du TPIY, on remarquera aisément qu'il vaut mieux être kosovar ou croate que serbe pour avoir quelques chances d'être acquitté. Juste histoire de détendre l'atmosphère le TPIY a réussi le tout de force d'inculpé un personnage monté de toutes pièces, mais n'est pas allé jusqu'à le condamner. Un Serbe évidemment. D'autres, mais non serbes, qui semblent pourta,t avoir eu des choses à se reprocher à l'aune des critères de référence du tribunal, ont été épargnés par ses foudres. Ainsi l'ancien commandant de l'UCK et ancien premier ministre du Kosovo, Ramush Haradinaj, accusé de meurtres et tortures a-t-il été renvoyé dans ses foyers. Il faut dire que les témoins à charge dans son procès avaient une fâcheuse tendance à être assassinés, 9 en tout, et que, à ce qu'il parait et toujours selon Carla Del Ponte, certains juges ne souhaitaient pas partager leur sort.
Le général croate Ante Gotovina, condamné en 2011 à 24 ans de prison pour crimes contre l'humanité a été relaxé en appel il y a moins d'un mois alors que sa défense n'avait aucun élément nouveau à apporter. Mais, considéré comme héros national, il aurait été sans doute malvenu de condamner le nettoyeur de la Krajina alors que la Croatie va nous rejoindre dans l'UE. De fait certaines mauvaises langues prétendent que les Américains et d'autres tirent les ficelles. Ce qui est finalement normal. On nous a assez bourré le mou dans les années 90 avec ces méchants serbes pour qu'une autre vision des choses puisse désormais être légitimée.

Par ailleurs comme je l'ai écrit plus haut, une des grandes limites de cette justice est qu'elle ne s'applique qu'aux individus. Les Etats sont dégagés de toute responsabilité. Certes, chez les vaincus on remontera assez haut dans la hiérarchie civile et militaire. Ainsi Milosevic a-t-il fini ses jours à La Haye pendant son procès. Sinon, on s'en prendra le plus souvent à des subordonnés dont on finira par croire qu'ils agissaient de façon totalement autonome sur le terrain, portant le massacre ici ou là en fonction de leur humeur du jour. En fait il est loin d'être certain, et c'est même le contraire qui est probable, que les vraies responsabilités soient toujours dégagées et que les vrais coupables soient traduits en justice. Du coup ces tribunaux peuvent paraitre comme un artefact de justice destiné à satisfaire plus ou moins bien, plutôt moins bien, les victimes ou leurs proches, et à légitimer notre foi en la justice d'occidentaux repus, surtout quand ces derniers n'ont jamais vu la guerre qu'à travers des médias prompts au misérabilisme et à diviser le monde entre bons et méchants. On voit ça régulièrement dans la manière dont est relaté le conflit israélo-palestinien et qui est une insulte à l'intelligence. Ce dont certains et certaines s'arrangent fort bien au demeurant.

 
J'en étais donc au registre des responsabilités ou de la culpabilité effectives. Ce qui m'amène à l'affaire qui m'a décidé à écrire ce billet auquel j'avais pensé quand Gotovina fut acquitté. Il s'agit évidemment de l'affaire Mahé dont le dénouement, au moins provisoire, vient de se produire devant la cour d'assises de Paris.
Je ne vais pas revenir en détail sur cette affaire. Je me contenterai d'en décrire les principaux éléments connus ou supposés et d'en déduire quelques généralités valables pour le passé mais aussi pour l'avenir, car ce genre d'événement se reproduira, on peut en être sûr.

Donc l'affaire Mahé, c'est quoi? En Côte d'Ivoire, en 2003,alors que s'étripent les partisans de Gbagbo et les rebelles, ou les gens du sud et les gens du nord, ou les chrétiens et les musulmans, tout ça au choix, est établie sous l'égide de l'ONU, à l'issue des accords de Marcoussis une zone appelée sans humour zone de confiance qui traverse le pays sur 650 kilomètres et dispose d'une profondeur de 20 kilomètres en moyenne. Cette zone tampon, ne relevant d'aucune juridiction étatique devient vite une zone de non droit. Les accords de Marcoussis avaient certes prévus une force multinationale de policiers, mais ces derniers n'étaient pas armés et n'avaient pas pouvoir d'OPJ, donc ne pouvaient établir de procédure. Ils ne servaient donc à rien et évitaient du fait de leur désarmement même la zone. La sécurité échut donc aux militaires de l'ONUCI et de la France sous mandat ONU. Le principe était que tout individu interpelé était remis au sud ou au nord en fonction de son ethnie, évidemment du côté où il ne serait pas exécuté immédiatement. Mais prétextant l'absence de procédure judiciaire les autorités relâchaient immédiatement les individus qui leur étaient remis et qui donc pouvaient continuer leur business usuel. Les coupeurs de routes, bandits de grands chemins, pas des poètes, mais des tueurs et des violeurs, posaient le plus de problèmes. Problèmes insolubles si on considère ce qui vient d'être écrit. Les militaires français sont d'ailleurs d'accord pour dire que ces coupeurs de route sont instrumentalisés par Gbagbo qui veut prendre prétexte de l'insécurité pour réoccuper la zone. En attendant les bandits perturbent fortement l'économie et provoquent des massacres de nature ethnique.
S'agissant de la bande à Mahé, on lui attribue pour le seul mois d'avril 2005, celui qui précède son exécution, 24 morts, 8 blessés et 4 viols. Et peut-être peut-on alors comprendre que devant l'impasse juridique débouchant sur une réelle impuissance à sécuriser la zone de manière durable, il ne soit pas apparu incongru aux acteurs, aux militaires qui viennent d'être condamnés, qu'on leur donne l'ordre d'éliminer ce triste individu.
J'entends déjà les cris de ceux qui ayant passé leur vie bien au chaud, derrière un bureau et le cul sur un fauteuil confortable vont crier au scandale après la lecture de mes propos. Je ne cherche pas à les convaincre. C'est bien le dernier de mes soucis. L'essentiel est que la cour d'assises qui vient de juger ces militaires soit finalement entrée dans cette logique.

Mais tout ceci n'est qu'une répétition de l'histoire, les mêmes causes produisant invariablement les mêmes effets. Lors de la bataille d'Alger, par exemple, le gouvernement se défia et donné les pleins pouvoirs aux militaires avec un objectif de retour au calme. A partir de là on peut évidemment comprendre l'utilisation de la torture dans le cadre du recueil du renseignement destiné à éviter des attentats meurtriers, dirigés contre des civils. Question d'urgence. Ensuite on critique, ensuite on condamne. Mais combien de gens qui l'ignorent ont été sauvés à cause de cette pratique? Et combien d'Ivoiriens qui l'ignorent ont été sauvés parce que Mahé a été assassiné au fond d'un VAB? On entre là dans une logique que tous ne peuvent pas comprendre, mais à laquelle doivent se soumettre, à moins de se mettre à l'écart, comme le fit le général de Bollardière en Algérie, les combattants qui sont sur place.

Et j'en reviens donc à mon propos sur les responsabilités et la culpabilité effectives. Qui est responsable et coupable de la torture en Algérie parce qu'il s'est dérobé devant ses responsabilités en donnant les pleins pouvoirs aux militaires en Algérie, et n'a pas réagi aux informations qu'il avait sur les méthodes employées, parce qu'elles fonctionnaient? Qui est coupable d'avoir dans un accord défini une zone sans en assurer la couverture judiciaire et laissé les militaires se débrouiller? "Faites pour le mieux" ont-ils évidemment entendu quand ils faisaient part de leurs difficultés, étant sous-entendu qu'ils avaient carte blanche dès lors que ce qu'ils pouvaient faire de contraire à l'éthique des bouquins et au droit ne s'ébruite pas.
Quatre hommes ont été jugés, trois condamnés, avec sursis certes, mais condamnés. Je ne suis pas sûr que ce ne sont pas d'autres individus ou organisations qui auraient dû être sur le banc des accusés. Et je me dis que j'aurais pu être aussi assis sur ce banc.

La justice quand elle s'occupe de ce qui s'est passé pendant les conflits armés est bien imparfaite.

 

jeudi 6 décembre 2012

Vacance du pouvoir, gouvernement fantoche


Si la crise de l'UMP a permis au président et au gouvernement d'échapper à une salve de critiques ces trois dernières semaines, l'événement détournant avantageusement pour eux l'attention, sa banalisation permet de retourner peu à peu à l'actualité et de constater que les choix de mai et de juin sont une véritable catastrophe. La France n'est visiblement pas dirigée et on peut même se demander finalement, comme les Belges nous l'ont prouvé pendant de long mois, s'il ne serait pas préférable, au moins plus économique de se passer carrément de gouvernement et juste de confier la gestion des affaires courantes à une équipe restreinte. Au moins n'aurions-nous pas à supporter le spectacle de l'impuissance, de la cacophonie et serions-nous épargnés par les propos débiles de certains, ou plutôt certaines de nos ministres qui démontrent définitivement que ceux qui nous dirigent n'en ont pas le niveau.
Prenons quelques affaires qui se sont déroulées récemment.

La plus emblématique et celle qui défraie la chronique depuis quelques jours est cet accord passé entre le gouvernement et Mittal. Comme je l'avais prévu dans un précédent billet, puis illustré par deux photos dans le dernier, tout ça est parti en jus de boudin. Le matamore qui ne jurait que par une nationalisation a été désavoué par son premier ministre, lequel a signé un accord qui n'apporte rien ou en tout cas ne change en rien la situation globalement. En fait les choses se sont éclaircies depuis, malgré un accord qu'on aurait voulu nous camoufler. Mittal n'a jamais eu l'intention de recourir à un plan social couteux, préférant résorber ses sureffectifs par des moyens plus souples, les haut-fourneaux de Florange finiront par s'éteindre ceci assez rapidement, et les investissements dans la partie froide du site ne seront pas supérieurs à ce qui était initialement prévu. Tout ça pour ça. Telle pourrait être la conclusion de cette affaire qui démontre de façon éclatante l'impuissance désormais acquise du politique face à l'économie. Car c'est bien l'industriel qui dicte sa loi, et de façon d'autant plus évidente qu'il est étranger et règne sur un empire industriel mondialisé.
En tout cas, ça nous aura appris qu'au sein de ce gouvernement on ne se parle guère ou que quand le président parle à un ministre il le fait sans en informer le premier d'entre eux, et réciproquement. Ça nous aura appris que Montebourg n'est guère là que pour jouer un rôle de baveux, c'est sa profession, destiné à faire croire à l'aile gauche du parti socialiste et à la gauche de la gauche, les gaugaux, que ce gouvernement mène une politique économique et sociale de gauche, alors qu'il ne mène rien et s'est soumis, comme il en a déjà fait la preuve en signant le traité budgétaire européen, aux marchés et à la finance dont il avait fait pourtant son ennemi. Les cocus comptez-vous!

Il ne lui reste donc qu'à couvrir ses infamies, la forfaiture qui l'a porté au pouvoir par une hyper-agitation dans d'autres domaines.
Evidemment c'est au niveau du sociétal qu'il s'agite le plus, de façon dangereuse pour l'avenir de la société. Je ne sais pas si Hollande croit en ce qu'il fait, sur le mariage pour tous notamment, mais il se sent obligé de le faire pour justifier sa présence.
Et à on atteint vite des niveaux de délire dont une des porteuses est notre ministre du droit des femmes qui s'en va pister jusque dans les maternelles, et pourquoi pas les crèches et les maternités demain, les éléments de socialisation du petit enfant qui pourrait lui laisser croire qu'il existe deux sexes différents et que certains comportements pourraient être liés à l'appartenance à l'un ou à l'autre. On peut certes affirmer que tout est social, comme l'affirmait Durkheim, mais il est plus difficile de le prouver. Si, pour ma part, je ne veux surtout pas nier la prééminence du social dans le fonctionnement du monde, je veux tout de même accorder une place à certains déterminismes naturels qui feraient par exemple qu'il faut un homme et une femme pour faire un enfant. Comme je pense que certains comportements sont parfaitement sexués. L'appétence pour certains métiers, par exemple, me semble être davantage déterminé par le sexe que par des assignations sociales, ce qu'on peut vérifier assez facilement alors que depuis pas mal d'années maintenant les verrous juridiques ont pratiquement sauté partout, du moins dans les pays disposant d'une civilisation supérieure, concernant l'accès aux professions diverses et variées offertes désormais à toutes et à tous. Du coup, même s'il faut s'attendre encore à un certain rattrapage, je suis assez effrayé par les démarches de notre jeune ministre, qui certes a compris les éléments qui lui ont permis d'accéder à un poste ministériel, visant à instaurer de force, sous la contrainte, une parité généralisée qui n'est rien d'autre qu'une politique de quotas ou de discrimination positive, à laquelle je suis résolument hostile puisque c'est la négation de ce qui devrait présider au fonctionnement de la société par le dégagement des élites capables de la diriger, c'est-à-dire la méritocratie qui, il est vrai, a déjà été taillée en pièces par notre système éducatif que plus personne ne nous envie, si ce n'est pour ses budgets.
Par ailleurs, toujours concernant notre jeune et peu brillante ministre, on peut être surpris de l'entendre se satisfaire, pour des raisons de "business", des investissements du Qatar où la condition des femmes, comme chacun le sait, est exemplaire. L'argent peut donc compenser certains manques de vertus. Si même la gauche s'y met, où va-t-on? Enfin dans ce cas particulier, il s'agissait plutôt, suis-je bête, de minimiser, non pas minimiser, nier, une menace religieuse qui évidemment n'existe pas.

Et puis il y a ceux, enfin surtout celles ou même celle, qui racontent n'importe quoi, juste pour se faire mousser, pour faire un peu de communication pour justifier leur présence dans un gouvernement d'où ils auraient dû être éjectés après des prises de position suffisamment ambigües pour douter de leur loyauté.
Je pense évidemment à notre ministre écolo, chargée du logement, qui s'est déjà fait remarquer dans son travail par une méconnaissance des procédures parlementaires lui ayant valu de premiers déboires et ayant prouvé son amateurisme. Cela ne serait rien si encore elle se taisait.
La voilà donc alors qu'elle se préoccupe légitimement du logement des SDF, à s'en prendre à l'archevêché de Paris dont la solidarité avec les démunis ne serait pas avérée puisqu'il dispose de locaux qui ne seraient pas occupés. Pensait-elle aux églises quasiment vides pendant les services religieux, et même assez vides pendant? Ou aux locaux des congrégations qui ne dépendant pas de l'archevêché? Ou bien pensait-elle que la charité exercée par la communauté chrétienne se distingue de la solidarité autrement que par le mot? En fait tout ça n'est pas clair et la cible semble assez mal choisie, pour au moins deux raisons.
La première comme je l'ai suggéré juste au-dessus, c'est que l'église a déjà une assez longue tradition de charité, engageant, d'après ce qu'en dit l'évêché, un nombre important de bénévoles, et donc participe déjà à cette solidarité qu'exige d'elle notre ministre de pacotille. Collez votre oreille contre la sienne et vous entendrez le bruit de ma mer.
La seconde est que l'église catholique possède 0,3% du patrimoine immobilier parisien. Tandis que la mairie de Paris, avec à sa tête Delanoë qui applaudit à l'intervention de Duflot pensant sans doute ainsi se dégager de ses responsabilités, en possède 9%, tandis que l'Etat en possède 3,2%. L'église peut peut-être faire davantage, mais la mairie de Paris, rien que la bâtiment du même nom (mais faudrait pas que les SDF salissent) et l'Etat sans doute beaucoup plus. Nous apprenons qu'un logement social a été libéré par une autre lumière du gouvernement, Delphine Batho, qui occupait indument un appartement au loyer modique géré par la ville de Paris tandis qu'elle était députée. Il a quand même fallu en faire une ministre pour qu'elle consente à le troquer contre un logement de fonction gratuit.
La cible est donc mal choisie. A moins que ce ne soit une évidemment juste réplique à ces rétrogrades ensoutanés qui s'opposent au mariage pour tous. En laissant croire qu'ils ne se montrent pas solidaires des plus démunis, ils sont ainsi discrédités. Car évidemment chez les bouffeurs de curés, alors que l'église ne communique pas sur ses actions, ce message doit bien passer. Auquel cas c'est indigne mais tout à fait dans le style de notre ministre qui de par son ascension démontre que même les plus médiocres peuvent réussir dans la vie. Ce qui n'incite pas à bosser et rend peut-être inutile na ixième réforme de l'éducation nationale.

Je terminerai, même si c'est un peu en dehors de mon sujet sur l'affaire Médiapart-Cahuzac. Vous remarquerez que je n'ai pas parlé d'affaire Cahuzac, n'ayant pas à me prononcer sur quelque chose qui n'est que de l'ordre de la pure rumeur. Et d'autant plus que le Cahuzac me semble être un des rares ministres qui ont une place dans un gouvernement. Ce serait donc dommage de le perdre.
Ce qui est intéressant là-dedans ce sont les réactions à gauche et même à droite. A droite on a cette discrétion dont n'ont pas su faire preuve les gens de gauche lors de l'affaire Woerth. Chaque papier de ce torchon constituait à leurs yeux la preuve irréfutable de la culpabilité d'un ministre qui devait donc démissionner. Il a d'ailleurs été viré. Quand c'est un homme de gauche qui est accusé c'est une autre limonade. On n'y croit pas, on a confiance dans l'honnêteté du ministre dont on est solidaire, et tout et tout. C'est une belle leçon, mais dont évidemment ils ne tiendront pas compte.
Ce qui devrait maintenant préoccuper la gauche, enfin surtout Hollande et le gouvernement, c'est de savoir qui tire les ficelles. Comme ce n'est pas la droite, il faut aller chercher chez eux ou leurs alliés. Et là ils devraient s'affoler. Car si la droite est hors jeu pour l'instant, ce n'est pas gage de sérénité pour eux.