L'affaire Depardieu a désormais dépassé le cadre de l'affaire d'Etat pour devenir une affaire internationale. Pour la petite histoire, même en Russie, cette affaire a donné lieu à des sujets aux informations télévisées. Mais de façon moins anecdotique, la Belgique, mise finalement en accusation, mais ça aurait pu être l'Irlande ou la Suisse par exemple, a réagit officiellement par la voix de son ministre des affaires étrangères qui demande d'une part au gouvernement français de s'interroger sur les causes du départ de certains de ses ressortissants, et qui affirme d'autre part être favorable à une harmonisation fiscale européenne mais qui ne devrait pas s'aligner sur les pratiques françaises dans ce domaine. Oui car si l'harmonisation fiscale peut sembler nécessaire, si elle se réalise elle ne manquera pas d'avoir des implications pour les pays exerçant une forte pression fiscale qui seront nécessairement obligés de s'aligner sur une position plus douce les obligeant à trouver d'autres ressources, ce qui ne sera pas facile alors qu'on prévoit de manière durable une faible croissance pour l'UE, ou alors à restreindre leurs dépenses publiques.
Quoiqu'il en soit si ces polémiques ont vu le jour, ce n'est pas seulement à cause des différentes politiques fiscales entre les membres de l'UE, et même au-delà d'ailleurs, mais aussi parce que ceux qui nous gouvernent, comme ceux qui nous ont gouvernés depuis désormais quelques décennies ont permis, en en vantant les mérites, outre la libre circulation des biens et des capitaux celles des personnes, avec dans la cadre de l'UE une possibilité de s'établir sans réelle contrainte. On ne peut guère en même temps porter aux nues la liberté de circuler et de s'établir, et une citoyenneté européenne et quand cela ne fait pas nos affaires accuser ceux qui sont entrés dans cette logique de manquer de patriotisme. Les grands principes ne valent que quand ils sont effectivement des principes donc permanents, et non pas circonstanciels. Depardieu est peut-être quelqu'un d'égoïste, comme des centaines et peut-être davantage d'autres, et je ne parle que de ceux qui ont les moyens de mettre leur égoïsme en pratique, car sinon ces chiffres seraient multipliés, les positions vertueuses se confondant souvent avec un constat de son impuissance à faire ce que l'on critique (c'est le misanthrope qui parle), mais ce que d'aucuns appelle sa défection a été très largement permis, voire encouragé par ceux qui aujourd'hui lui reprochent. Et ceux là auraient pu être raillés par Bossuet quand il disait : " Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes."
Cette maxime de Bossuet pourrait d'ailleurs être ressortie très fréquemment, montrant l'indigence chronique de notre classe politique incapable de mesurer les effets des mesures qu'elle décide et devant se réfugier dans le verbe, enfin surtout l'anathème, pour masquer ses insuffisances.
Mais limitons-nous simplement aux flux migratoires qui sont en eux-mêmes une parfaite illustration de l'absence de pensée cohérente chez ceux qui nous gouvernent.
Je ne sais pas si quelqu'un l'a fait, mais je pense qu'une personne comme Christophe Guilluy (auteur de "Fractures françaises" ) par exemple en serait tout à fait capable en même temps que de donner un vrai sens à cette carte, donc je ne sais pas si quelqu'un a dressé une carte des flux migratoires concernant la France. C'est-à-dire les entrées et les départs. Certes les flèches si on s'en tenant au quantitatif n'auraient pas la même épaisseur entre les entrants et les sortants, mais pondérées par d'autres éléments comme le niveau d'études ou la richesse (les deux pouvant être séparés) prendraient de tout autres volumes. L'idéal serait, pour disposer d'éléments de comparaison, de dresser la même carte pour tous les membres de l'UE. Et je ne doute pas que nous aurons, en tant que Français de bien mauvaises surprises, mais dont nous pourrions nous montrer aussi fiers. Par exemple, j'imagine fort bien qu'un tableau explicatif décrivant les critères d'attractivité et de répulsivité de la France on trouverait dans les points positifs (attractifs) un système social permettant à toute personne même étrangère de se faire soigner, et même au frais complets du contribuable dans certains cas. Comme je ne doute pas que la pression fiscale serait classée en bonne place dans la colonne des éléments répulsifs.
En fait une vraie politique migratoire, et on n'en a pas eu depuis bien longtemps devrait être capable de maintenir au moins des équilibres pour que le coût financier pour la France des partants soit neutralisé les apports financiers des entrants. J'en imagine déjà certains sourire (jaune) et d'autres grincer des dents. Les uns diront que c'est une véritable catastrophe et que nous sommes dans un cruel état de déséquilibre qui s'aggrave à chaque fois qu'on en remet une couche sur la fiscalité, je que personnellement je suis enclin à penser sans toutefois avoir de données sérieuses pour le prouver, parce qu'il n'en existe pas ou alors elles sont bien camouflées. Les autres se basant sur des chiffres bidon, puisque d'autres peuvent leur être opposés sans que personne ne puisse jamais rien vérifier, affirmeront le contraire et pour appuyer leur soutien à une trop forte immigration, à moins que ce ne soit parce qu'ils ne sont pas sûrs de leurs chiffres, en remettront une couche en nous parlant de traditions d'accueil, de droits de l'homme ou encore de je ne sais quelle foutaise destinée à faire pleurer dans les chaumières.
Mais comme je l'ai dit, mon opinion ne pouvant s'appuyer sur des données scientifiques et non tronquées par l'INSEE, je ne peux rien affirmer. Mais je peux constater.
Je peux constater que la politique migratoire (im et ém) ne repose guère sur autre chose que des incantations. On veut maitriser l'immigration, mais ce ne sont que des mots qui se traduisent par quelques charters remplis de gens qui seront bientôt de retour puisque les chiffres sont gonflés de manière aussi opportune qu'artificielle par les Roms jusqu'à présent. On ne parle pas de maitriser l'émigration, mais on ne fustige certes pas tout le monde. Quand j'ai quitté la France, personne ne m'a ni insulté, ni demandé de revenir. Je suis pourtant comme l'atteste ma croix de la Légion d'Honneur un homme de valeur, mais, hélas, surtout pour moi, sans valeurs, financières et mêmes morales si ça vous chante. En fait ce sont les riches qui sont seuls montrés du doigt. Preuve qu'il n'y a pas de politique sérieuse, car on devrait s'interroger sur le fait que des gens de valeur partent à l'étranger pour souvent ne pas en revenir. Je ne parle pas de moi bien sûr, trop âgé désormais pour représenter un réel espoir, mais de tous ces jeunes diplômés, désirant fonder leur entreprise, ou simplement s'enrichir. Pourquoi partent-ils? Pourquoi pensent-ils qu'ils auront un meilleur avenir à l'étranger? Et surtout que faire pour les inciter à rester? Voilà les questions que devraient se poser nos gouvernements. Mais non, il est plus simple d'organiser une chasse à courre médiatique avec en tête de meute les membres du gouvernement qui pensent sans doute, peut-être avec raison d'ailleurs, mais ce n'est pas sûr, masquer leur incurie.
Je viens de parler des sorties, mais au niveau des entrées c'est la même chose. Déjà la grande majorité des entrées provient du regroupement familial dans lesquels on inclura les mariages mixtes. Et face à ça on est impuissant sauf à changer la loi. Ce qu'il faudrait peut-être faire. Par exemple, ici en Russie, il est demandé, entre autres à l'étranger qui s'installe dans ce cadre de prouver chaque année qu'il a les moyens financiers de vivre sur le territoire. Je crois que depuis peu en France il y a une mesure équivalente pour le regroupement familial, mais pas pour les mariages mixtes. En tout cas je me souviens que quand mon épouse a dû demander une carte de séjour en France, on nous a demandés plein de justificatifs de vie commune (c'est d'ailleurs très facile à obtenir) mais jamais nos moyens de subsistance. Le second grand volet de l'immigration, ce sont les étudiants, 40000 par an. Puis vient enfin l'immigration de travail, moins de 10% des entrées et qu'on voudrait encore réduire. C'est la seule susceptible de rapporter immédiatement aux finances publiques, mais elle est minoritaire. J'oubliais les demandeurs d'asile qui sont plus nombreux que les étudiants (56000) et qui grossissent les rangs des clandestins une fois leur demande rejetée. En fait on ne maitrise rien et parler d'immigration choisie relève de l'escroquerie parce qu'on ne choisit absolument rien et surtout pas les qualités des gens qui entrent sur le territoire.
Donc quant on nous parle d'immigration on nous enfume. On ne nous parle quasiment jamais d'émigration qui constitue pourtant aussi certainement un problème et pas seulement pour les rentrées fiscales de l'année à venir. Sauf quand Depardieu part.
Lamentable!
Pour terminer sur les incohérences et les contradictions, je voudrais vous remettre en mémoire les réactions qui ont fusé à quand Guéant a pondu une circulaire pour que les étudiants étranger à l'issue de leur formation regagnent bien leur pays, la circulaire ne faisant d'ailleurs que rappeler une législation existante. Ce fut un tollé à gauche, sans doute au nom des libertés individuelles qui devraient permettre à tout un chacun de s'établir où il veut. Il n'était pas question de se dire que ces étudiants formés pourraient être utiles à leur pays, que les efforts consentis par celui-ci pour les envoyer étudier à l'étranger devaient implicitement s'accompagner d'un retour sur investissement, de dire que ces étudiants étaient des gens peu recommandables, pas du tout patriotes et ne voyant que leurs intérêts personnels. Non ça on ne l'a pas entendu. Pourtant toutes ces choses, c'est bien ce qu'on reproche aujourd'hui à Depardieu. Mais qui notera ces contradictions?
A moins que la politique des flux migratoires de la France se résume en ces termes: "circulez, entrez, sortez comme vous le souhaitez, ça ne nous regarde pas (au nom des libertés sans doute). Sauf vous les riches qui seriez bien ingrats, pour ne pas dire davantage, en refusant de régler la note de l'incurie budgétaire des gouvernements successifs depuis plus de 30 ans."
Je ne dois guère me tromper.
Vous prétendez que ce sont les gouvernements socialistes de l'époque qui n'ont rien fait en Algérie au lieu de suivre les conseils du Général DUVAL après les massacres de Sétif.
RépondreSupprimerLes gouvernants socialistes avaient rédigé un projet de statut dit statut de 1947 qui proposait de donner le droit de vote aux algériens dans un collège unique, qui proposait d'alphabétiser les algériens (90% étaient analphabètes), d'ouvrir aux indigènes les emplois administratifs, jusqu’alors réservés aux français, etc, etc. Ce statut s’il avait été adopté n’aurait peut-être pas évité une évolution vers l’indépendance mais il aurait sûrement évité la guerre de libération et ses 4 à 500 000 morts.
Et qui c’est-y qui a refusé ce statut d’émancipation du peuple algérien ?
Hein qui c’est-y ?
Les BLACHERE, BORGEAUD, SCHIAFFINO, Gratien FAURE, Amédée FROGER, René MAYER, tous opposés au projet de statut de 1947, tous bénéficiaires du système colonial, tous élus, bien élus et réélus, par l’immense majorité des "petits blancs" qui votaient dans le premier collège et que l’on présente toujours comme les victimes de la guerre de libération.
Victimes certes ils l’ont été, mais de leur propre aveuglement.
Cher anonyme,
RépondreSupprimervous parlez là d'un statut qui entérine les inégalités de citoyenneté en Algérie et concernant une assemblée uniquement algérienne. Donc d'un statut qui ne satisfaisait pas grand monde finalement, certains colons y voyant l'avancée que vous supposez, sans que pour autant elle soit si extraordinaire que cela, et ceux qu'on appelait les Français musulmans, soit à cause des inégalités, soit parce qu'il y avait peut-être un risque de tentative progressive d'assimilation allant à l'encontre des velléités indépendantistes.
De toutes façons, et à avec la complicité du gouverneur général de l'époque, un dénommé Naegelen, ancien ministre socialiste, plus tard partisan de l'Algérie française, les premières élections furent truquées de façon à limiter le nombre de représentants des musulmans favorable à l'indépendance.