Non contents du fait que la majorité des juges se situe à gauche et rende de façon parfois très ostentatoire des jugements ne pouvant pas tromper sur l'idéologie défendue, le pouvoir s'arroge d'une façon même pas discrète le droit d'influer sur le cours de la justice. Certes tous les exécutifs sont tentés d'infléchir le cours de la justice en leur faveur ou d'en limiter les dégats, cela en fonction de leur positionnement politique, mais disons que les uns font ça d'une manière qu'ils espèrent discrètes, tandis que les autres n'hésitent pas à montrer leur toute puissance. Laquelle est évidemment confortée par un silence ou quasi-silence des médias sur le sujet.
Deux affaires récentes nous ont en effet montré quel cas faisait notre président de ses promesses de campagne et notamment de sa proposition n°53 dans laquelle il affirme qu'il assurera l'indépendance de la justice. Proposition rappelée dans la longue, pénible et ridicule litanie dont il nous affligea dans le débats d'entre les deux tours de la présidentielle.
Ainsi donc alors que sa concubine, en fait je ne sais quel terme adopter, celui de maitresse utilisé il y a peu par un député ayant provoqué un scandale, celui de petite amie ne correspondant guère à l'âge des personnages concernés, pas davantage que celui de copine d'ailleurs, donc alors que Madame Trierweiler née Massoneau, se parant ou étant parée de l'appellation de première dame de France, rang que je lui récuse puisque, bien qu'il en coûte au contribuable par le biais d'un cabinet pléthorique offert par son compagnon à l'intéressée, la fonction n'existe pas dans la constitution, se pourvoit en justice en diffamation après la parution d'un livre lui prêtant des relations extraconjugales déjà avec un personnage politique de l'opposition avant qu'elle ne succombe aux charmes de celui auquel des Français peu regardant, comme elle, ont confié leur destin, donc à l'occasion du procès qui s'ensuit, notre président se fend d'une lettre expliquant que les pages 46 et 47 du livre en question relatent des faits qui sont faux.
Là évidemment je commets peut-être une erreur, ou du mois certains me diront que je fais fausse route car ce ne serait pas le président qui aurait écrit mais le citoyen Hollande ayant bien pris soin de ne pas utiliser du papier à en-tête de la République et de faire figurer son adresse privée. Ce ne serait donc pas le président normal qui serait allé à la rescousse de celle qui partage sa vie, pour le reste je ne sais pas, mais le citoyen normal soucieux de soutenir celle qui le détend, c'est une pure hypothèse dont parfois je doute, après des journées harassantes de travail. Là aussi j'ai un gros doute.
Nous aurions donc à la tête de l'Etat un personnage atteint de schizophrénie, président à certaines heures et citoyen à d'autres. Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça, que ça ne peut pas fonctionner comme ça. Pour une raison bien simple. Si Mr. F Hollande résidant je ne sais pas où, se permet d'adresser des documents à la justice, il est normal qu'il puisse avoir à répondre devant cette dernière du contenu de ces documents. Imaginons que le contenu de la lettre qu'il a adressé au tribunal soit un tissu de mensonge, il devrait pouvoir être poursuivi pour outrage à la cour, par exemple. Or, c'est purement et constitutionnellement impossible. Car dès que la justice veut se retourner contre Mr. Hollande, elle se retrouve invariablement devant Mr. Le président de la République du même nom contre lequel elle ne peut rien jusqu'à la fin de son mandat dans l'état actuel des choses. Certes les choses peuvent changer d'ici là, si on suit les recommandations à ce sujet de la commission Jospin, ce que pour ma part je ne souhaite pas, mais en attendant il faut faire avec les pratiques légales en vigueur. Et donc l'argument selon lequel il n'y aurait pas d'ingérence dans les affaires judiciaires parce que ce n'est pas le président qui s'exprime mais le citoyen ne tient pas. Mais peut-être que Hollande n'avait pas compris les choses ainsi et pensait qu'après avoir fait ses 35 heures hebdomadaires, il redevenait un anonyme libéré de ses contraintes professionnelles. C'est un peu comme si un fonctionnaire ou un militaire, hors de ses heures de travail ou se service s'octroyait le droit de rompre le devoir de réserve qui accompagne son statut.
Il y a donc bien intervention du chef de l'Etat dans une affaire judiciaire touchant à la vie privée de celle qui l'accompagne dans la vie. Et ça ce n'est pas bien, pas bien du tout.
Sur un autre plan, celui du fond, on pourra noter également le ridicule de la démarche. Hollande réfute des affirmations le concernant aux pages 46 et 47. Mais ce sont des affirmations qui le concernent personnellement, lui, puisqu'elles prétendent qu'il a failli lui-même succomber au charisme de Balladur à peu près équivalent au sien. Or, même si le contenu des deux pages susdites est faux, ça ne préjuge pas de la véracité du contenu des la page 235 ou 121. Je cite ces pages tout à fait au hasard bien sûr, ne lisant jamais ce genre de bouquin qui aurait tendance à me répugner, enfin en tout cas qui ne m'intéresse en aucune manière. Je comprends certes que des journalistes succombent à l'appât du gain facile puisque ce genre de littérature, si nous pouvons employer le mot, même si elle ne fait pas la grandeur du journalisme, intéresse visiblement assez de gens pensant peut-être trouver là les explications à leurs vies médiocres, est en plein développement.
Notre très populaire ministre de l'intérieur, comme quoi c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, ou pour être plus clair c'est en utilisant des méthodes ayant déjà fait leur preuve qu'on remporte l'adhésion du peuple, lui, pour sa part ne s'est pas embarrassé. Papier à en-tête du ministère, tampons officiels. Au moins pas d'hypocrisie pour un travail de commande certainement, comme celui effectué par le citoyen Hollande dont on imagine les pressions conjugales qu'il a dû subir pour commettre une telle faute, sinon juridique, au moins politique. Au moins on sait qui commande à la maison. Mais qui en aurait douté?
Une autre affaire, est celle qui concerne notre charmante garde des sceaux et ministre de la justice.
Une association nommée "anticor" et censée lutter contre la corruption avait déposé une plainte suite à des sondages organisés par l'exécutif précédent, estimant d'une part que ces sondages portaient sur des intérêts particuliers et avantageant financièrement un collaborateur du président de la République. Les deux choses sont fort plausibles. Mais la plainte n'a pas eu de suite à cause du statut du président de la République qui protégerait également ses collaborateurs. L'affaire est actuellement en cassation, la cour du même nom devant se prononcer le 19 décembre.
Curieusement et avant même que la cour de cassation ne se prononce une nouvelle plainte a été déposée courant octobre de cette année et instruite avec diligence par le parquet alors qu'il aurait sans doute été logique d'attendre les résultats de la procédure en cassation.
Or, il se trouve que l'association "anticor" a pour marraine Christiane Taubira, ce qui explique peut-être, c'est du moins ce que prétendent Buisson et son avocat, une telle célérité à prendre en compte cette nouvelle plainte de la part du parquet. Par ailleurs, cette fois, le parquet revient sur ses avis antérieurs et donne suite à la plainte.
Tout cela n'est-il pas curieux? Une justice qui change d'avis avec l'alternance, une ministre marraine de l'association qui s'acharne contre les mêmes personnes?
Pour ceux qui salivent déjà, Sarkozy ne risque rien, tout ceci s'étant passé pendant l'exercice de son mandat et étant couvert par l'immunité. Buisson, lui, risque une condamnation.
Les choses ne changent donc pas. La proposition n°53 vaut autant que les promesses de renégociation du traité de stabilité budgétaire européen et de la règle d'or. C'est-à-dire, rien, absolument rien. Quelqu'un en doutait?
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