"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 26 janvier 2012

Méfiez-vous de votre blog ou de celui de vos amis

Voilà ce qu'on peut lire sur le blog du premier élu socialiste d'une petite ville du sud-ouest parisien, et accessoirement sénateur:
"Je suis fier que la Première Secrétaire du PS ait choisi Clamart pour illustrer la nouvelle politique du Logement que les socialistes veulent au service de tous les Français." 
C'était en février 2011.

Et voici la vidéo qui se promène sur le net depuis peu, reprise aujourd'hui par au moins deux quotidiens :


Avouez que ça la fout mal. D'autant plus que des mauvaises langues pourraient par induction* dégager certaines caractéristiques de la politique socialiste du logement. D'où le titre de ce billet.

Affaire à suivre puisqu'elle est entre les mains de la justice.

* Je précise qu'un raisonnement par induction n'assure pas la vérité de sa conclusion étant donné les préalables.

mardi 24 janvier 2012

Cohérences socialistes 2



Je dois avouer que puisque les médias russes n'ont pas daigné retransmettre le discours du candidat Hollande qui, n'en doutons pas, s'il est élu, deviendra la nouvelle terreur du Kremlin, je n'ai pas pu suivre le discours inaugural du Bourget. De toute façon je n'aurais pas pu le suivre puisqu'avec le décalage horaire il tombait en plein dans l'heure de l'apéro dominical, moment suffisamment privilégié pour ne pas être gâché par n'importe quoi. Non, je rigole. J'aurais bien aimé voir et écouter le candidat curieux de voir à quelle sauce il compte nous manger, ceci à double titre, celui du citoyen français et celui du contribuable que je reste malgré mon expatriation. Et puis accessoirement je reste électeur aussi, au moins pour cette élection ainsi que les législatives, même si ça c'est nouveau pour les expatriés..
C'est donc à travers la presse internet que j'ai pu glaner ici ou là quelques informations. J'y ai appris que, contredisant sa côte chez les bookmakers, Hollande avait été asses bon, même bon sur la forme. Quant aux quelques éléments de fond que j'ai pu récolter, ils m'ont paru quand même moins bons, voir contradictoires avec les attitudes généralement observées chez les dirigeants socialistes, à part quelques-uns. C'est donc de certains de ces points que je voudrais débattre.
 
Mais avant de commencer, je voudrais tout de même revenir sur la forme. J'ai trouvé curieux le choix de l'artiste devant ouvrir le spectacle, mais peut-être était-ce une provocation à laquelle ont réagi quelques-uns, mais fort peu, et à laquelle je me permets maintenant de réagir. J'en avais déjà parlé dans le billet précédent, mais autant enfoncer le clou. Comment peut-on en première partie de son show faire intervenir une personne qui est un des symboles de ce qu'on se promet de combattre? Même si cette personne a remplacé l'abbé Pierre dans le cœur des Français, sans doute au nom d'une alternance qui voudrait qu'à un altruiste désargenté succède un fortuné assez avare de ses deniers vis-à-vis de son pays natal et dont il est citoyen, il n'en demeure pas moins qu'elle est en délicatesse avec le fisc pour une somme dont un smicard ne peut même pas rêver quand il coche sa grille du loto. Je précise que tous les recours ont été épuisés et que donc je ne m'assieds pas sur une supposée présomption d'innocence. Un riche, même très riche, fraudant le fisc, avouez que ça la fout quand même un peu mal quand il s'agit d'ouvrir le spectacle alors que l'artiste principal ne cesse de fustiger ses confrères. Une Georgette Lemaire nommée en son temps, et à cause de sa situation économique précaire, au Conseil Economique et Social par Mitterrand, ce qui montre au passage dans quelle estime il pouvait tenir cette institution qui a vu d'autres individus comme Harlem Désir y pantoufler, un autre héros de notre temps qui fut lui aussi en délicatesse avec la justice pour malversation (jugé et condamné aussi, mais amnistié je crois), donc une Georgette Lemaire aurait été plus en phase avec le discours du candidat. Georgette Lemaire à gauche, Mireille Mathieu à droite, quels beaux symboles cela aurait-il fait!
Evidemment de ça à droite on ne s'est que timidement indigné, tant il est vrai que l'exilé fiscal de Gstaad aurait pu être cité comme contre exemple. Mais quand on prétend incarner la vertu face à ceux qui ont le fric pour passion et les riches pour amis, on ne peut guère être davantage maladroit.
 
Tiens puisqu'on parle de fric et de riches, passons tout de suite à l'ennemi désigné du candidat socialiste : la finance. Ennemi qu'il n'aura cesse de combattre évidemment, même s'il n'a ni nom, ni visage. Don Quichotte est de retour! Mais celle-là il fallait bien la placer. En 81, on avait eu droit aux puissances de l'argent qui corrompt. On sait ce qu'il en est advenu après le tournant de 83 sans parler des fréquentations intimes du chef de l'Etat de l'époque, au hasard Pelat, Tapie, Dumas, Peyrelevade, Haberer, enfin rien que des pauvres gens honnêtes.
Oui c'est sûr, on verra ce qu'on verra. C'est-à-dire rien ou pas grand-chose, juste un peu d'affichage. Car quand on voit les positions du candidat Hollande vis-à-vis de l'Europe, vis-à-vis des solutions à la crise, on est bien loin de celui qui va renverser les tables. Hollande est un européen convaincu et il se pliera aux diktats de Bruxelles. Si vous voulez quelqu'un qui veut combattre réellement la finance, allez voir du côté de Mélenchon et même de Le Pen. Bref on ne sort pas des formules incantatoires auxquelles nous ont habitués les socialistes depuis longtemps pour au final mener des politiques économique et financière que ne renierait pas la droite. Au passage je rappellerai que ce sont eux qui nous ont jeté dans ce guêpier de l'euro. J'entendais l'autre jour Attali se vanter d'avoir été négociateur de cela et qui semblait même se réjouir de la crise dans un certain sens parce qu'elle allait sans doute nous amener vers une Europe fédérale. En somme il avouait son forfait qui était de faire évoluer la structure de l'Europe vers une structure fédérale par le biais de la monnaie unique, en mettant la charrue avant les bœufs en quelque sorte. J'ai voté contre l'acte unique. Je vois que je n'avais pas tort. Quand Hollande se démarquera de tout ça on pourra commencer à le prendre au sérieux. Il en est loin.
Et puis parmi les gens qui l'ont acclamé je me demande combien possédaient une assurance-vie qui leur donnait tant de baume au cœur quand elle leur rapportait 5% et parfois plus quand l'inflation était inférieure à 2% et la croissance aussi. Dans ces moments-là la finance était un peu leur amie. Mais l'essentiel, n'est-ce pas, c'est de se positionner… en paroles. Et puis ça leur évite de se poser la question de leur responsabilité au niveau de la dette. Ont-ils trop tiré sur la corde que leur tendait l'Etat-providence? Bien sûr que non! C'est la finance, cette s….e qui ne veut pas leur donner l'argent dont ils ont besoin.
 
Il a parlé aussi de la laïcité. Il parait qu'il fut très applaudi quand il déclara vouloir intégrer la loi de 1905 dans la Constitution. Pauvre Constitution qui devient avec le temps un vrai fourre-tout. Enfin le problème est que le candidat Hollande ignore, ou fait mine d'ignorer, que la Constitution précise déjà dans son article premier que la France est une République laïque. Je pense que ça devrait suffire.
Mais au-delà de ça, qui n'est que parlote sans intérêt, il convient de s'interroger sur les actes de ceux qui se trouvent vouloir être les nouveaux champions de la laïcité. Au hasard, citons la Première Secrétaire qui dans sa bonne ville de Lille a permis la mise en place d'horaires particuliers pour les musulmanes dans les piscines. Ce n'est pas une grave entorse à la laïcité, ça? Parlons également du vote de la loi sur la burqa auquel une grande partie des socialistes n'a pas pris part. Mis à part Valls, tous les ténors du socialisme ont boycotté ce vote. Le candidat Hollande aussi. Et après ça se déclarer comme le défenseur en pointe de la laïcité, c'est un peu gonflé, non? A moins que ne soient visés les quelques agités catholiques qui protestent contre les œuvres dites artistiques qu'ils trouvent blasphématoires. C'est sûr que ces gens sont un réel danger pour la République et l'ordre public. Je n'ose pas croire que le combat entre écoles privées catholiques et publiques va être relancé presque 30 ans plus tard. Mais sait-on jamais? Enfin quand j'entends les socialistes se placer en champions de la laïcité, eu égard aux attitudes qu'ils ont eu depuis pas mal de temps maintenant avec certaine religion, d'une part je me gausse, d'autre part je me méfie. Cette méfiance s'incarne dans une phrase prononcée il y a quelques mois par le maire de Strasbourg et qui n'a jamais été démentie : "Nous servons de la viande halal par respect pour la diversité, mais pas de poisson par respect pour la laïcité". Il parlait de ce qui se passait dans les écoles de sa ville en réponse à des interrogations de parents d'élèves. Et lui aussi semble être attaché à la laïcité. La sienne, pas la mienne.
 
Bon je vais m'arrêter là pour aujourd'hui. Je voulais parler aussi d'égalité et de Révolution. Mais ce serait trop long. Ça fera l'objet d'un prochain billet.

samedi 21 janvier 2012

On a les soutiens qu'on peut



Je ne sais pas si à droite Mireille Mathieu et Enrico Macias vont être à nouveau mobilisés. En tout cas Hollande, lui s'offre deux soutiens pipeules de premier choix. Dont les comparaisons de l'un me font penser à une phrase ayant trait à la vieillesse qu'aurait citée de Gaulle et que par charité je ne reprendrai pas, et dont la conduite fiscale de l'autre peuvent faire germer un doute sur les velléités de justice fiscale affichées par le candidat socialiste.
 
Comment faire, comment dire pour ne pas offenser une célébrité dont les succès littéraires, bien que tardifs, très tardifs, ont suscité un enthousiasme inversement proportionnel à l'épaisseur de l'ouvrage qui a révélé celui qui devrait marquer le siècle présent de son empreinte artistique comme Proust, Céline, Malraux, au hasard, ont marqué de la leur le précédent? Jamais on ne pourra d'ailleurs oublier l'injustice (la dégueulasserie aurait dit Céline) faite à notre vieil auteur à succès par les académies, Goncourt, Renaudot, et aussi française, incapables de récompenser ce nouveau maitre de la littérature.
Comme on ne parle que de lui, je ne prendrai même pas la peine de citer son nom. Sa présence, son aura sont telles que ce serait grandement superflu. Et puis il est partout, avec ou sans bonnet phrygien sur la tête, donc on ne peut ni le rater, ni le confondre.
Invité très récemment à débattre avec le jeune François Hollande, d'ores et déjà assuré de son soutien, il n'a pas manqué de couvrir ce dernier de lauriers. Chose qui d'ailleurs était parfaitement inutile tant la simple approbation tutoyeuse du grand homme devrait suffire à conduire n'importe qui vers les marches de l'Elysée sur un tapis de pétales de roses, fleurs tout à fait de circonstance pour notre candidat qui tente toujours en vain d'en extraire quelques épines bien plantées dans sa peau. Mais quand on aime, on ne compte pas, ni ses louanges, ni ses comparaisons aussi dithyrambiques que douteuses.
Et voilà donc notre candidat socialiste comparé d'emblée à de Gaulle. Pas moins. Plus, à moins d'invoquer, je ne sais pas moi, Louis XIV ou Napoléon, ça aurait pu faire désordre. Mais de Gaulle, pourquoi pas, hein? D'ailleurs n'avez-vous pas remarqué chez le candidat Hollande cette grandeur, ce charisme, cet aplomb qui caractérise l'homme du 18 juin 1940 et fondateur de la Vème République. Ne voit-on pas dans les yeux de Hollande cette lueur qui évoque en nous épopées et grandeur de la France éternelle? D'ailleurs et peut-être, désormais Hollande cessera t-il se singer Mitterrand lors de ses discours pour adopter la posture de l'homme de Colombey. A partir de ce jour plus question de s'affaler sur son pupitre, de tenir des discours syncopés. Tout commencera par un "je vous ai compris!" et se terminera par un "vive la France!" entrecoupés de grandiloquence, celle que possédaient les hommes politiques quand n'existaient pas encore les micro-cravates.
Reste que quand même, et là j'en viens à justifier l'épithète de douteuses que j'accolais plus haut à comparaisons, parce que bien entendu ne viendrait jamais à mon esprit l'idée de contester l'analogie faite entre notre candidat socialiste et de Gaulle, que le contenu du débat me pose soudain problème. Car en même temps qu'il tenait cette comparaison aussi juste que hardie, notre grand homme voyait déjà Hollande ressusciter le régime parlementaire de la IVème République. Celui-là même que de Gaulle a combattu avec, il faut le dire, un certain succès puisqu'il y mit fin. J'ose donc ici avouer ma circonspection. Mais sans doute ne suis-je pas capable de m'élever à la hauteur du grand homme pour que la comparaison et la contradiction qui la suit ne m'apparaissent pas comme une suite logique. C'est en ces circonstances qu'on se sent vraiment petit.
 
Le second soutien est lui un peu plus jeune de presque un demi-siècle que son illustre ainé. Mais tout aussi célèbre. C'est même, parait-il, et depuis que l'abbé Pierre a quitté ce monde pour un meilleur, la personnalité préférée des Français. Inutile donc également de citer son nom. On se contentera de rappeler qu'il fut tennisman avant de se convertir dans la variété. Mais sous le tennisman on sentait déjà percer l'homme de spectacle, ce qui donne une certaine cohérence au bonhomme. De mère française et blanche et de père camerounais et noir, il incarne aux yeux de certains un idéal de ce que pourrait devenir une France rêvée, celle qui pourrait advenir après la diversité, un peu comme le communisme aurait dû advenir après le socialisme, enfin je m'entends car il ne s'agit pas là du socialisme que nous propose Hollande. Je signale ça à tout hasard à ceux qui penseraient qu'il va mener, s'il est élu, une politique économique de gauche. Il a aussi une autre particularité bien intéressante. Il aime (peut-être) la France même s'il n'y vit que de façon épisodique, un peu comme moi donc. Mais contrairement à moi, il évite quand il le peut d'y payer ses impôts. Il a d'ailleurs, suite à une longue procédure, été condamné dernièrement à un sévère redressement fiscal de près d'un millions d'euros.
Et donc j'avoue là un certain désarroi. Comment se peut-il que l'homme qui n'aime pas les riches, fustige ceux qui tentent d'échapper à l'impôt, se pare du soutien d'un représentant de cette espèce d'hommes qu'il exècre? Mais peut-être que, comme notre grand écrivain espère voire Hollande restaurer le régime parlementaire, notre ancien champion devenu artiste espère-t-il qu'une amnistie fiscale saluera l'avènement du couronnement de notre nouveau de Gaulle? Qui sait?
En attendant, vous pourrez l'entendre chanter, pas la réincarnation de de Gaulle bien sûr, mais notre artiste, en ouverture du grand meeting en vue de la présidentielle prévu au Bourget, demain je crois. Un petit coup de "Saga Africa" qui ne fera pas de mal en cette période morose devant précéder un tonitruant "Je vous ai compris!". Tout est dans le style.
 
Cette campagne va être désopilante.

 

vendredi 20 janvier 2012

La discorde chez l'ennemi



Ce titre volé à l'ouvrage du capitaine de Gaulle (1923), le premier écrit publié du fondateur de la Vème République, lequel doit faire des saltos dans sa tombe quand il voit ce que l'époque nous propose pour diriger la France alors qu'il n'y a qu'une quarantaine d'années seulement qu'il nous a quittés, reflète assez bien ce qui se passe au parti socialiste depuis des années, ce qui n'est à la limite pas très grave, mais aussi depuis la "triomphale" désignation de François Hollande pour être le candidat de ce parti à la reine des élections, ce qui là est quand même un peu plus gênant.
 
Avant d'aller plus loin, pour nuancer le titre de ce billet,  je dois tout de même avouer que je ne considère pas les socialistes comme mes ennemis. Peut-on considérer comme ses ennemis des gens qui vous amusent depuis tant d'années, au moins depuis 2002, depuis qu'ils ne sont plus aux affaires? L'agacement que je peux ressentir actuellement vient juste du fait que ce parti se trouve remis en selle, non pas grâce à des qualités retrouvées ou à l'hypothèse d'une alternance crédible, mais à cause des erreurs et défaillances du gouvernement actuel, et aussi, et sans doute davantage d'ailleurs, à cause des conséquences d'une crise dont on ne dissocie pas ce gouvernement alors qu'elle est mondiale.
Dès lors, et parce qu'on n'aime pas pour autant le changement, le vrai, la tentation de voter pour des gens qui ne bouleverseront pas ce qui est, mais qui se réclament néanmoins d'un autre bord, ce qu'ils marqueront, à la manière dont un chien marque son territoire, de mesures sociétales qui ne seront pas du meilleur goût, peut, et même si l'hypothèse est effrayante elle reste plausible, ramener les socialistes, peut-être avec leurs "alliés" verts, au pouvoir pour une période de 5 ans. Pas davantage bien sûr, comme le confirment toutes ces alternances à l'Assemblée nationale que nous avons connues entre 1981 et 2002. Chose d'ailleurs qui ne semble jamais n'avoir ému les socialistes qui apparemment ne se sont pas jusqu'à présent posé la question de savoir pourquoi ils ne parvenaient jamais à dépasser le cap d'une législature.
 
Revenons-en au cœur du sujet. A l'heure où le parti socialiste semble en pointe dans les sondages concernant les prochaines échéances, n'importe quel observateur honnête, ou faisant preuve d'une parcelle d'objectivité, ce qui ne peut pas être le cas si on est sympathisant de ce parti, s'apercevra que ce parti est une coquille vide en phase d'explosion imminente.
Je passe rapidement sur la vacuité idéologique du PS dont on se demande à quoi se réfère le "S" depuis que ce parti a abandonné les classes populaires et laborieuses que se partagent désormais le FN, le front de gauche et l'UMP (pas sûr de l'ordre en ce qui concerne le Front de Gauche et l'UMP) au profit des femmes, des divers, des bobos et des fonctionnaires.
 
Par contre je voudrais insister sur ce qui justifie mon titre à savoir la discorde.
Un observateur honnête, parfaitement objectif comme votre serviteur ne pourra que constater qu'au PS les dirigeants, les nombreux dirigeants, ne s'aiment guère. La pré-campagne et la campagne des primaires nous l'ont prouvé. Encore une fois prouvé. Parce que depuis au moins 10 ans, on ne peut pas dire que ce soit la franche camaraderie et la cordialité qui caractérisent les rapports entre les femmes et les hommes qui comptent au sein de ce parti. Je ne parlerai bien sûr pas d'amour et même de respect tellement on se situe en deçà. Donc à l'occasion des primaires démocratiques, citoyennes et tout et tout que tout le monde leur a envié, mais peut-être moins désormais tant on peut se rendre compte à quel point elles peuvent fournir des arguments difficiles ensuite à parer aux partis adverses, les critiques n'ont pas manqué de fuser, se concentrant d'ailleurs essentiellement sur le candidat retenu qui il est vrai avait la faveur des sondages et était donc l'homme à abattre. L'homme mou, indécis, qui n'a jamais rien accompli, qui a laissé un parti qui faisait pitié, tout ça ça ne vient pas de la droite, mais bel et bien du PS. La droite a su en faire bonne usage pouvant pilonner consciencieusement le candidat socialiste sur sa personnalité sans qu'on puisse le défendre efficacement à partir du PS à l'origine de ces critiques. Mais, conformément aux ralliements, aux professions de foi des uns et des autres, on aurait pu penser que l'attrait de quelques maroquins allait calmer les esprits et impliquer une unité au moins de façade de la part des multiples dirigeants du parti.
Or qu'a-t-on pu constater? D'abord des accords avec les "alliés" verts qui ont mis le candidat en porte à faux et qui ont dressé certains barons, et ça continue aujourd'hui avec Montebourg contre la direction du parti; des commissions d'investiture pour les législatives en lien d'ailleurs avec l'accord avec les verts qui "sanctionnaient" les soutiens de Hollande pendant la primaire lesquels ont sans doute apprécié la hargne qu'a mis leur champion à les soutenir, un peu comme la corde soutient le pendu; une fausse vraie proposition sur la suppression du quotient familial qui a vu s'opposer deux membres éminents du comité de campagne du candidat; et cette semaine une attaque frontale et publique de l'aile gauche du PS sur les modalités de recrutement de 60000 fonctionnaires dans l'éducation nationale.
 
Je m'arrête une seconde sur cette dernière affaire, car si les précédentes marquaient le peu de respect accordé au candidat par le PS, celle-ci constitue une attaque frontale.
Petit résumé de l'affaire. Hollande pendant la primaire a promis la création de 60000 postes dans l'éducation nationale en 5 ans, mesure chiffrée en milliards par son ex qui lui signifiait pas là que ce n'était pas très sérieux en période de disette. Ce qu'il a démenti à l'époque avec force calculs. Désormais au pied du mur, partagé entre le désir de promesses pas tenables et celui de passer pour quelqu'un de sérieux, parce que ce qui a pu passer à la primaire risque cette fois de ne plus passer du tout dans les débats avec la droite, il tranche pour un compromis, c'est un expert de la chose, en promettant 60000 postes dans l'éducation nationale, mais à effectifs constants dans la fonction publique. C'est ce qu'on appelle savamment du redéploiement, mais qui signifie en clair que des postes de policiers, de contrôleurs des impôts, de facteurs ou je ne sais quoi vont être transformés en postes de profs ou autres fonctionnaires dont l'EN dégorge déjà. Evidemment on est là sur un autre portage. Du coup la gauche du PS qui subit Hollande plutôt qu'elle ne le soutient rue dans les brancards avec à la tête de la mutinerie rien de moins que le porte-parole du PS. Ça fait quand même un peu désordre, non?
Donc, dernièrement réunion de crise du politburo pour désamorcer le schmilblick. Les éléphants, enfin tout ce qui semble compter un peu au PS est présent… sauf le mutin en chef certainement mis à l'abri par la première secrétaire, à moins que ce ne soit le candidat qu'elle ait voulu protéger d'attaques face auxquelles son caractère placide aurait pu être désarmé. Bien qu'à ce qui parait le candidat Hollande se serait fâché, ce qui a dû terroriser les gens présents autour de la table. J'imagine bien un truc du genre : " Z'êtes pas sympas les mecs. Je peux pas être élu si vous me soutenez pas. Regardez! Ségolène ici présente sait ce que c'est de ne pas être soutenue par le parti, elle pourrait vous expliquer. Euuuuh!". Mais il parait que c'est surtout Aubry qui était en colère. Elle aurait déclaré selon un participant : "je ne veux voir qu'une tête!". Et la réponse fut fournie en l'instant par une douzaine de voix à l'unisson qui clamèrent haut et fort : "Oui, la mienne!"
Bref! Tout ça me donne du baume au cœur et l'espérance que le parti socialiste n'en a pas fini de me faire marrer encore pour des années.
 
Tien au fait! Je voudrais juste poser une petite question. Comment fait-on pour recruter des milliers de professeurs en plus alors qu'au dernier recrutement il y a eu moins de postes honorés que de postes ouverts? Pas tant à cause d'un manque de candidats que du niveau trop faible d'une grande partie d'entre eux. Car on en est arrivé, et il faut quand même relever cet exploit, à avoir une éducation nationale si défaillante qu'elle ne peut même plus assurer la reproduction de son corps enseignant.

mardi 17 janvier 2012

Cohérences socialistes



Lorsqu'en début de semaine dernière l'agence de notation Fitch déclare qu'elle ne devrait pas baisser la note (maximale) de la France en 2012, silence dans les rangs du parti socialiste.
Lorsque vendredi dernier l'agence de notation Standard and poor's abaisse la note de la France d'un cran, la socialie se réveille et impute l'événement à grands bruits au Président Sarkozy. Le candidat Hollande s'en donne à cœur joie.
Lorsque lundi l'agence de notation Moody's maintient la note maximale de la France, le candidat Hollande déclare "J'ai pris comme principe de ne pas livrer l'appréciation de la France à une agence de notation en particulier…". Ce qui semblerait signifier, vu la conjoncture, que l'avis de Moody's compte pour du beurre. Sinon, silence dans les rangs du PS.
 
Que peut-on en conclure? Que les mauvaises nouvelles qui affectent, ou qui pourraient affecter la France, car en la circonstance et à l'heure où j'écris ce billet, soit moins de 2 jours ouvrables après l'annonce de Standard and Poor's, le CAC 40 a progressé de plus de 2,5%, tandis que l'euro progresse, donc on peut penser que les mauvaises nouvelles pour la France en sont de bonnes pour le parti socialiste. Tandis que les bonnes en sont de mauvaises pour ce même parti. Même si en termes électoraux, c'est sans doute objectivement vrai, peut-être qu'un minimum de décence s'imposerait. Mais une chose bien plus grave apparait : c'est que le sort de la France, ses intérêts, passent très largement au second plan quand on est dans l'opposition. C'est que l'affaiblissement du pays peut-être un bonne nouvelle quand on est un opposant.
C'est juste un constat que tout esprit honnête ne pourra que faire. Et je sais qu'il en existe. N'est-ce pas Marius?
Je dois dire qu'en l'occurrence, je préfère l'attitude d'un Mélenchon qui, plutôt que d'accabler le Président et le gouvernement, s'en va manifester devant les locaux de l'agence à Paris, je préfère l'attitude d'un Montebourg qui prône notamment la mise hors-la-loi des agences de notation, qui sont selon lui "des charlatans". Il y a au moins de la cohérence dans leurs attitudes. Aucune dans celle de Hollande qui donne du crédit à l'information qui l'arrange et minimise celle qui ne l'arrange pas.
 
Pourtant, eh oui pourtant, il y en aurait eu à dire sur le sujet de la part d'un candidat à la présidentielle, et bien d'autres choses. Quelques petites choses que je ne ferai qu'évoquer.
Tout d'abord, on pourrait parler de la véritable légitimité des agences de notation, à travers les prismes des intérêts cachés qu'elles pourraient défendre ou à travers l'évaluation de leur compétence. Rappeler la composition de l'actionnariat de ces agences, rappeler que les établissement notés sont aussi ceux qui les paient pour ça, rappeler qu'elles se sont maintes fois trompées sur la passé, que par exemple en 2001 elles donnaient 4 jours avant sa faillite un triple A à Enron, que la veille de son effondrement en 2008 Lehman Brothers était noté A, qu'elles n'ont rien vu venir de la crise de 2008, etc.
On pourrait ensuite parler de la France. Car quels que soient les failles qu'on pourrait trouver aux agences de notation, celles-ci ne devraient pas masquer la mauvaise gestion de la France depuis plus de 30 ans et qui nous a conduit là où nous en sommes, à la veille sinon d'une catastrophe, à coup sûr à la veille d'un changement sévère de train de vie collectif. D'une certaine façon, je regrette que les agences n'aient pas baissé la note de la France depuis longtemps, obligeant les politiques de tous bords, car il ne s'agit pas ici de droite et de gauche, mais d'une responsabilité collective, à se réveiller, à rendre des comptes à un peuple ensuqué dans les bienfaits de l'Etat providence et nommant droits acquis ce qui n'était qu'artifices financés à crédit depuis trois décennies au moins.
Voilà ce dont devrait parler un homme politique responsable, en proposant les mesures nécessaires pour sortir de cette crise, en affirmant aux Français que désormais il faudra vivre autrement. Peut-être comme les Allemands qui se serrent la ceinture depuis plus de 10 ans, à l'initiative d'un gouvernement socialiste d'ailleurs, qui ne connaissent ni smic, ni 35 heures, qui connaissent pour une part sensible de la population, celle en particulier qui ne travaille pas dans l'industrie des salaires de misère, qui disposent d'une protection contre le chômage de bien moins grande qualité que la nôtre. En fait c'est ça la convergence. Et on ne pourra guère y échapper. Seulement voilà, le candidat qui dirait cela n'aurait aucune chance d'être élu. Donc continuons à fermer les yeux, à fustiger les agences de notation, les marchés qui eux, contrairement aux agences, ne se trompent guère.
 
En attendant, il parait que Hollande n'a pas renoncé à embaucher 60000 fonctionnaires dans l'Education nationale. Et qu'il veut renforcer la décentralisation qui nous coûte si cher, en proportion de ce qu'elle rapporte à d'autres.

samedi 14 janvier 2012

Le mariage homosexuel relancé encore une fois



A force d'avoir des points de vue convergents sur l'économie, sur la crise, sur l'Europe et d'autres sujets fondamentaux les deux principaux candidats à la présidentielle ou donnés comme tels, car finalement la probabilité d'avoir quatre candidats, trois de droite et un de gauche empocher à peu près 20% des suffrages chacun me semble assez forte, ce qui au passage montre de quel côté penche réellement la France, devront se départager sur des sujets sociétaux comme le droit de vote des étrangers ou encore le droit à l'adoption pour les couples homosexuels et la possibilité pour ces derniers de se marier. Et donc selon "Libé" Sarkozy serait devenu favorable au mariage homosexuel. Chose démentie quelques heures plus tard. Mais ça permet de relancer le débat.
J'ai mis volontairement ensemble le droit à l'adoption et au mariage car, à mon avis, les deux sont indissociables. J'y reviendrai. Mais avant je vais me permettre une digression sur le mariage en général.
 
Je ne suis pas un grand fana du mariage pris dans son sens religieux, à savoir un engagement pour la vie devant une entité abstraite et supérieure. Peut-être parce que je ne suis pas croyant, peut-être aussi parce que l'observation de l'augmentation du taux de divorce montre combien ce lien du mariage est ténu. Je ne veux pas me lancer dans des considérations philosophiques sur l'amour, mais force est de constater que la solidité de ce sentiment laisse souvent à désirer, ceci occasionnant une séparation pour environ la moitié de ceux qui un jour se sont juré fidélité et assistance. Et je ne parlerai pas des mariages vides de sens au bout de quelques années et qui se maintiennent pour un tas de raisons, bonnes ou mauvaises. Le mariage civil et le droit au divorce qui l'accompagne, l'égalité hommes-femmes, l'émancipation économique des femmes ont en fait définitivement ébranlé l'institution du mariage pris au sens religieux du terme. Le mariage est en fait devenu un contrat à durée indéterminée, avec même souvent des indemnités financières en cas de rupture de ce contrat, alors qu'auparavant, quand il n'était que religieux, il était à durée déterminée ("jusqu'à ce que la mort vous sépare").
Ce constat que certains jugeront cynique n'empêche pas néanmoins que le mariage conserve tout de même un lourd aspect symbolique. A commencer par la tenue de vierge falsifiée revêtue souvent par la jeune mariée à laquelle on évitera désormais d'avoir à faire égorger un poulet pour maculer les draps. Mais tout est en fait dans le symbole de cette robe blanche à usage unique et qui aura coûté un bras. C'est le passage d'un état à un autre. Celui de l'insouciance d'une vie parfois débridée à celui de la responsabilité, la responsabilité de créer une famille. Celui de la disponibilité sur le marché à celui de propriété d'autrui. Un changement qui se fait en grandes pompes devant l'assemblée des parents, des amis et autres connaissances qui souvent ne se connaissent pas entre elles et qu'on prendra pour témoin de cette métamorphose.
Mais le mariage, c'est aussi autre chose. Une chose bien plus durable que le symbole. C'est un cadre juridique qui donne des droits mais aussi des devoirs, les droits de l'un étant souvent les devoirs de l'autre. Mais au-delà de ce contrat balisant les comportements des époux, c'est surtout un cadre juridique destiné à protéger les intérêts des enfants à venir ou peut-être déjà présents, notamment et principalement en cas de rupture du mariage par divorce ou pas décès de l'un ou des deux conjoints. C'est moins romantique que le symbole, mais tellement plus essentiel.
 
Et les homosexuels là-dedans?
 
Voyons tout d'abord l'aspect symbolique.
On peut reconnaitre une certaine légitimité à vouloir officialiser en grandes pompes, autrement que par un bout de papier signé discrètement en mairie et appelé PACS, un attachement réciproque entre deux hommes ou entre deux femmes. Pour montrer qu'on s'aime et qu'on veut fonder une famille. En fait c'est justement là où le bât blesse. Peut-on fonder une famille quand on est homosexuel? La nature, jusqu'à présent répond par la négative. Et c'est sans doute pour cela que l'homosexualité a été longtemps dans nos contrées, et toujours dans certaines autres considérée comme une perversion criminelle, au même titre que d'autres pratiques sexuelles celles-là proscrites et condamnées par la loi sans doute partout. Quoique pour la pédophilie, je n'en suis pas persuadé... Même si dans les années post-68, la pédophilie ne connaissait chez nous pas le même rejet mâtiné d'abjection dans certains milieux libertaires. Mais je crois qu'on en est arrivé à des choses davantage raisonnables autorisant finalement des pratiques amoureuses marginales, je vais y revenir, du moment qu'elles avaient lieu entre adultes consentants. Ce qui exclut donc d'office la pédophilie et la zoophilie. Reste néanmoins le cas de l'inceste qui reste interdit ou du moins qui n'offre aucune tolérance juridique bien qu'il soit le fait de personnes généralement adultes et consentantes. Mais c'est sans doute parce qu'il peut déboucher sur une procréation atypique pour ne pas dire indésirable du fait de tares liés à la consanguinité, mais pas seulement. Je vous renvoie à Lévi-Strauss pour davantage d'explications.
J'en reviens donc à ce point essentiel: d'un couple homosexuel ne peut pas émerger une famille. Et, à mon sens, cela suffit pour que le mariage en tant que symbole soit interdit aux homosexuels. Car c'est quelque part le sens du mariage qui serait atteint si ce mariage était autorisé, tout un pan de la symbolique qui s'effondrerait. En fait je ne comprends pas cette revendication. Les homosexuels, longtemps rejetés, socialement et juridiquement, ont dans un premier temps lutté pour l'indifférence. Et à peine leur a-t-elle été accordée qu'ils se sont battus pour la différence en se déclarant homos alors qu'on en avait rien à faire, en se ghettoïsant parfois, en organisant de grandes fêtes proclamant leur fierté homosexuelle, comme si finalement ils ne se réduisaient qu'à cela. Et les voilà maintenant, alors que finalement on commence à se lasser de leurs douteuses exhibitions, à revenir en quelque sorte à un espèce de droit à l'indifférence en voulant faire comme les hétéros, comme les futurs papa et mamans qu'ils ne seront jamais, biologiquement du moins sauf par le biais de la procréation assistée. Non, ceci est trop réducteur. Ils ne veulent pas l'indifférence, mais veulent simplement imposer à la société ce qu'ils considèrent comme une normalité : voilà, il n'existe pas de norme, homos et hétéros s'équivalent. Ce qui est une hérésie. Parce que l'humanité a bien davantage besoin des hétéros, simplement pour se perpétuer. Parce que nos sociétés occidentales en déclin démographique ne peuvent compter sur eux pour au moins freiner ce déclin. Leur utilité sociale se résume le plus souvent à la durée de leur vie puisque la perpétuation leur est interdite par la nature. Et rien qu'à ce titre ils ne doivent pas accéder à l'institution du mariage.
 
Considérons maintenant l'aspect juridique.
J'ai dit plus haut que le mariage constituait une protection juridique pour les enfants présents ou à venir. Dès lors que les homosexuels sont privés par la nature de cette faculté d'avoir des enfants, dès lors que le droit à l'homoparentalité n'est pas reconnu, même s'il arrive par des détours juridiques que des enfants soient élevés par des homosexuels (mais dans ce cas un seul des membres du couple, l'adoptant ou le parent s'il a eu un enfant issu préalablement d'un couple hétérosexuel, est parent légal et exerce devant la loi l'autorité parentale), cet élément fondamental qu'est la protection juridique des enfants via le mariage est sans objet pour eux. De fait ce n'est qu'après la légalisation de l'homoparentalité, avec autorité parentale partagée, qu'on pourrait envisager le mariage comme solution à une protection des enfants élevés par un couple homo. C'est pour cela qu'en préambule je souhaitais ne pas dissocier adoption et mariage, puisque, à mon sens, celui-ci ne pourrait tirer sa légitimité que de la légalisation de l'homoparentalité. Mais d'autres solutions pourraient être envisagées en dissociant cette protection du mariage en tant que contrat juridique, pourquoi pas par un aménagement du PACS.
Reste que je suis très circonspect sur l'homoparentalité, non pas que je dénie la capacité des homosexuels à élever un enfant, non pas que je ne les pense pas capable de les aimer autant qu'un couple hétérosexuel, mais parce que la société, pour l'instant et pourvu que ça dure, privilégie le modèle père-mère-enfants, qui même s'il connait beaucoup d'entorses, reste le modèle dominant. Et que quoiqu'en disent certains psychologues, mais pas tous, un enfant d'homosexuels risque, à mon avis, de connaitre quelques problèmes psychologiques, d'une part, et d'être marginalisé par les autres enfants, d'autre part, ce qui d'ailleurs pourrait être la source des problèmes psychologiques évoqués.
 
La question de la légalisation du mariage homosexuel comporte des enjeux suffisamment importants, avec notamment des implications pour les enfants, que se servir de ça comme argument électoral semble bien léger pour ne pas dire irresponsable. On sait qui est capable de cela. Les mêmes qui agitent le vote des étrangers à chaque échéance électorale nationale.

mercredi 11 janvier 2012

Quand le candidat Hollande propose ou optionne



Jusqu'à ces derniers temps, le pédalo dirigé avec la fermeté qu'on lui connait par son improbable capitaine semblait n'avoir pas encore été en mesure de lever l'ancre. En effet à force de ne rien dire, ou de limiter son discours à la critique, en poussant la hardiesse jusqu'à frôler l'insulte, le candidat par défaut que se sont choisi les socialistes depuis sa triomphale désignation à la primaire citoyenne, démocratique et tout et tout, donnait l'impression de se reposer sur ses lauriers au point d'en avoir oublié ce pourquoi il avait été élu. A moins qu'il ne pensât, et peut-être pense encore que l'impopularité de notre Président actuel est telle que même une chèvre pourrait être élue si on la présentait contre lui. Ce qui est quand même assez fâcheux, puisque se comparer à une chèvre n'est déjà pas terrible, mais se comporter comme telle en n'apportant rien au débat politique est encore pire. Oh, François! On te paye pour faire un boulot, alors fais-le!
 
Remarquez, comment s'étonner du comportement de cet individu? N'ayant jamais rien accompli ainsi que le rappelait sournoisement son ex-compagne, mère de ses 4 enfants qui lui ont valu d'intéressantes réductions fiscales dont désormais il voudrait priver les autres, donc comme le rappelait Ségolène Royal lors de la primaire citoyenne, démocratique et tout et tout, il serait étonnant qu'à presque 58 ans il se découvre une âme de conquérant. Donc finalement il ne surprend guère, ne pouvant guère étonner ceux qui le fréquentent depuis 30 ans, ainsi que les journalistes politiques conscients de son "œuvre" quand il dirigeait le PS.
Et puis aussi comment être rassuré sur les capacités d'un homme qui vraisemblablement ne s'aime guère. Son régime et ses teintures nous ont appris qu'il appréciait peu son apparence naturelle. On ne lui reprochera pas tant il est vrai que ce même sentiment est partagé par beaucoup d'entre nous. Et puis, en 2007 on a appris qu'il ne s'aimait pas non plus du fait de sa condition de riche. Ayant fixé lui-même la barre à 4000 € mensuels, qu'il dépasse allégrement grâce à ses multiples mandats, nous avons donc pu apprendre que le premier secrétaire du parti socialiste ne s'aimait guère au quotidien. Avouez que ce n'est quand même pas banal de voir un homme politique de cette "envergure" (les guillemets sont très importants) avouer publiquement son mépris de lui-même à une heure de grande écoute, face à des millions de téléspectateurs. Mais François étant un grand blagueur, à ce qu'il parait, on ne sait pas si c'est du lard ou du cochon.
Enfin bref, nous avons affaire à un homme qui visiblement à une piètre estime de lui-même, ce qui est quand même un peu gênant quand on aspire à la plus haute fonction de l'Etat. A moins qu'il ne confonde celle-ci avec une thérapie, ce qui reste néanmoins très gênant pour nous. Mais en tout état de cause, cela nous explique peut-être son incapacité chronique à s'imposer au sein de son parti et vis-à-vis de ses "alliés". Ainsi que son attitude très attentiste depuis sa désignation pour la candidature à laquelle il y a moins d'un an encore personne ne pouvait croire, même pas lui certainement, candidature d'ailleurs dont l'hypothèse faisait sourire de façon incrédule, pour être sympa, dans son propre camp. Rappelez-vous de la réflexion de Laurent Fabius à ce sujet.
 
Cependant nous sommes désormais placés devant l'incroyable et il faut donc faire avec. Et il faut dire que depuis la fin des primaires citoyennes, etc., on n'est pas déçu du casse-croûte. L'incapacité à éviter un accord calamiteux avec les "alliés" verts, l'incapacité à résister à l'éviction de ses soutiens aux investitures pour les législatives, ceci souvent au profit des verts, de fait l'incapacité à s'imposer au sein de son propre parti, rejoignent celle du candidat à nous présenter un vrai programme ou un projet de société. Rien, du vent, un vide sidérant… jusqu'à il y a quelques jours.
 
Car ne voilà-t-il pas que sans doute perturbé par un clapotis ayant fait tanguer le pédalo, notre bon candidat socialiste se décide enfin à lever l'ancre et à nous balancer un truc sur une éventuelle réforme fiscale visant à supprimer le quotient familial qui favoriserait les riches et dont ne profiteraient pas les pauvres. Je parle d'éventuelle réforme parce qu'avec lui on ne sait jamais. Parce que ce n'est pas vraiment l'homme à aller au charbon comme celui qu'il vise à remplacer. Lui il laisse parler un de ses lieutenant pour tâter le terrain. Si ça ne plait pas, on retire, si ça plait on y va. C'est ce qu'on appelle le volontarisme en politique. Alors là comme on ne sait pas trop si ça plait, on passe de la proposition à une option selon un fidèle lieutenant, tandis qu'un autre affirme dans la foulée que ça se fera mais on ne sait pas encore vraiment comment. Bon, à part le fait que de n'être pas capable de synchroniser deux bonhommes parmi ses proches fait un peu désordre quand on prétend en gouverner plus de 60 millions, on voit déjà la claire visibilité qu'a le candidat socialiste de son projet d'une part, et sa capacité de résistance face aux ténors de la politique internationale et accessoirement chefs d'Etat ou de gouvernement étrangers qu'il sera bien obligé de rencontrer, si effectivement et par malheur le syndrome de la chèvre était encore davantage développé que je ne le pense.

Juste quelques mots sur ce fameux projet.
Je ne veux pas revenir sur le fait que l'intéressé avec 4 gosses en a largement profité avant de ne plus en être désormais bénéficiaire pour pouvoir enfin dénoncer cette infamie. Ça me fait un peu penser à l'ISF dont le concepteur a souhaité écarté les œuvres d'art. On se demande pourquoi, hein M. Fabius!
Déjà observer que les 50% de ménages qui ne paient pas l'impôt ne profitent pas de ce quotient familial est une hérésie car parmi ces 50% combien justement n'en paient pas parce qu'ils bénéficient de ce quotient. Question à poser à Bercy. Car en effet un couple composé de 2 smicards est déjà imposable (537 €), mais ne l'est pas s'il a deux enfants. Par ailleurs les revenus globaux constitués par les salaires augmentés des aides diverses et variées dont bénéficient les plus pauvres ne sont pas pris en compte dans le calcul de l'impôt sont un avantage appréciable qui permet en final de ne pas pouvoir distinguer les revenus des gens en fonction de trains de vie sensiblement identiques. On a les très riches, très peu en vérité, les très pauvres, et au milieu une masse de personnes qui n'ont pas de différences énormes quant à leurs modes de vie. Pour être clair quelqu'un qui gagne 3000 € mensuels, dont imposé, ne pouvant bénéficier d'aucune aide, vit peut-être mieux qu'un smicard, mais ça ne saute pas aux yeux.
C'est certainement vrai que les plus riches, donc ceux qui paient le plus d'impôts bénéficient davantage que les autres de ce quotient. Leur avantage fiscal est proportionnel à l'effort fiscal qui leur est imposé. Si je ne me trompe pas, 10% des contribuables paient 80% de l'impôt dur les revenus. Ce n'est sans doute pas assez, j'imagine.
Et évidement les classes moyennes vont encore trinquer. Un couple gagnant 4000 € avec 2 enfants mensuels paie 2031 € d'impôts. Si on supprime le quotient familial, on monte tout de suite à 3370 €, c'est-à-dire une augmentation de plus de 50%.
En fait si j'ai bien compris la manip, il s'agirait objectivement en supprimant le quotient familial de transformer les revenus induits en allocations familiales, celles-ci n'étant plus saisissable. Parce que le crédit d'impôts quand on en paie pas, c'est pas très crédible.
Pour ma part, qui considère déjà l'impôt progressif comme une escroquerie, je suis partisan de la flat tax, j'estime que la situation actuelle pressure suffisamment ceux qui paient l'impôt au nom d'un principe d'une solidarité redistributive destinée à aplanir les inégalités. Autant je suis pour l'égalité des chances, autant l'idée d'une société égalitaire me révulse. Certains pays ont déjà donné avec le succès qu'on connait. Alors si c'est ça le projet de société de Hollande, qu'il se le garde. Mais au moins qu'il le dise clairement.
Mais comme je suis sympa, je vais lui suggérer d'autres idées. Toujours d'un point de vue fiscal, il serait bon de supprimer la déduction des pensions versées à ses enfants, car plus on est riche, plus ces pensions sont élevées. Il faudrait aussi réglementer les soldes, parce que plus les choses qu'on achète en solde sont chères, plus important est la remise accordée, ce qui doit sans doute aussi profiter aux riches.
Et puis finalement, pourquoi ne pas franchir le pas et lier les familles par un pacs en fonction de leurs revenus. Je m'explique. Mettons qu'une famille ayant des revenus de 4000 € devrait prendre à sa charge par exemple une famille n'en gagnant que 2000 et veiller à ce qu'elle ne manque de rien, du moins à ce qu'elle ne vive pas moins bien qu'elle. Quant à lady gaga, ce sont des centaines de familles qui lui seraient attachées par ce type de pacte. Enfin, vous voyez, quoi! L'émergence d'une société égalitaire qui permettrait d'encourager l'assistanat et la fainéantise et rangerait le goût de l'effort, le mérite et la compétence au placard des valeurs ringardes, mais favoriserait aussi l'expatriation. On y arrive. Doucement mais surement.

dimanche 8 janvier 2012

Orban, le mauvais garçon de l'Europe



"Quand on veut se débarrasser de son chien, on dit qu'il a la rage !". C'est un peu la même méthode qui est utilisée par l'Europe et les Etats-Unis pour discréditer le ministre-président de Hongrie, Viktor Orban. Depuis quelques temps et plus particulièrement depuis le 1er janvier, date de l'entée en vigueur de la nouvelle constitution hongroise, ce chef de gouvernement est dans le collimateur de la commission européenne, de la Maison Blanche, en fait de la BCE et du FMI, et bien entendu des médias heureux d'avoir à se mettre sous la dent le nouveau fasciste de l'Europe. En fait que reproche t'on à Orban : à peu près tout, mais dans les faits, surtout, de reprendre en main les outils monétaires de son pays en plaçant sous la coupe du politique, horreur, la banque centrale de Hongrie. Dès lors, devant ce crime majeur, tout sera bon pour discréditer Orban. En vain sans doute, et même au risque de le renforcer auprès de l'opinion publique hongroise.
 
Un peu d'histoire récente avant de traduire l'accusé devant ses juges.
Après une quarantaine d'années de communisme marquées par la révolution avortée de 1956 et la mise à mort de ses dirigeants à la tête desquels on trouve Imre Nagy, et par un règne sans partage de Janos Kadar, premier secrétaire du parti socialiste ouvrier hongrois, la Hongrie est le premier pays qui démantèle le rideau de fer. Nous sommes en mai 1989. La même année le parti socialiste ouvrier hongrois est dissous, en fait se débarrasse de son épithète "ouvrier". Car comme dans les autres pays de l'Est, les rats n'ont pas vraiment quitté le navire mais se sont adaptés, avec un certain bonheur (pour eux, bien sûr) à la nouvelle donne politique. Aussi le parti socialiste hongrois, après s'être pris logiquement une veste aux premières élections libres, revient en force dès les élections suivantes de 1994, phénomène assez typique alors que les premières années de liberté retrouvée ne coïncident jamais avec la prospérité mais plutôt avec un appauvrissement général qui incite à revenir vers les démons du passé. Néanmoins en 1998 l'alternance se déroule avec l'arrivée au pouvoir du parti conservateur de Viktor Orban qui arrive au pouvoir à 35ans. Orban est connu pour les positions anticommunistes qu'il a tenues lors des dernières années du régime maudit avec notamment ses discours demandant le retrait des troupes soviétiques. Ce n'est donc pas un homme de l'ancien régime, mais un opposant farouche qui ne dissimule pas sa haine pour ceux qui furent les larbins du Kremlin, même s'ils se sont depuis reconvertis. Les résultats d'Orban d'un point de vue économique sont très bons puisqu'il fait passer le niveau de l'inflation de 15 à moins de 8% en 3 ans tandis que le taux de croissance s'élève à plus de 4% du PIB et que l'endettement passe sous la barre des 4%. Parallèlement il réduit le déficit budgétaire et le chômage. S'agissant de la politique étrangère, il fait entrer son pays dans l'OTAN en 1999 et prépare l'entrée de la Hongrie dans l'Union Européenne. Tout ceci lui permet d'arrivée en tête des élections de 2002, mais une alliance de circonstance du parti socialiste avec l'alliance des démocrates libres lui fait perdre sa majorité d'une courte tête à l'assemblée. Les socialistes et leur nouvel allié, défenseur du droit des femmes, des homosexuels, des minorités ethniques et favorable à la consommation de drogues douces (ça ne vous rappelle rien?) vont donc diriger pendant 8 ans la Hongrie pour son plus grand malheur puisque les indicateurs passent rapidement au rouge. La victoire de cette coalition aux élections de 2006 se fait au prix de mensonges ainsi que le révèle le ministre-président de l'époque qui, dans un enregistrement fait à son insu et diffusé, avoue avoir menti sur l'été du pays et de ses finances pour être réélu. Mensonges des socialistes et incurie gouvernementale propulsent en toute logique aux élections de 2010 le parti conservateur au pouvoir avec une marge telle qu'il détient à lui seul plus des deux-tiers des sièges à la chambre unique qui constitue le parlement hongrois. Les socialistes quant à eux se prennent une veste historique passant de près de 47% des voix en 2007 à moins de 20% 4 ans plus tard.
 
Que reproche-t-on au juste à Orban? Eh bien plein de choses.
Fort d'une majorité très confortable lui permettant entre autres de modifier sans problème la constitution, Orban s'est lancé dans toute une série de réformes qui effraient bien naturellement les bonnes âmes. Celles-ci sont bien évidemment pour la démocratie, mais à condition qu'un gouvernement élu démocratiquement reste dans les limites qu'on veut bien lui imposer de l'extérieur.
 
Ça a commencé avec une loi sur les médias qui, par de véritables sanctions financières, obligeaient ces derniers à respecter certains points. La loi jugée, et sans doute à juste titre abusive par l'UE, a été amendée par la Hongrie. Que reste-t-il donc de cette loi? La création d'une autorité sur les médias, une sorte de CSA à vocation élargie puisque la presse entre dans ses compétences. En France, le CSA c'est normal, mais en Hongrie sans doute moins. Certes les membres de cette autorité appartiennent au parti au pouvoir, mais qu'en est-il en France par exemple du CSA avec 3 membres désignés par le Président de la République, 3 désignés par le Président de l'Assemblée Nationale et 3 désignés par le Président du Sénat? Avec en outre les présidents des chaines publiques désignés par le Président? La loi hongroise contraint les journalistes à révéler leurs sources dans des affaires liées à la sécurité nationale. Et puis les médias à garantir une information équilibrée. L'incitation à la haine et à la discrimination est également interdite. Personnellement tout ça me convient. Evidemment la première mouture de la loi allait bien plus loin, condamnant en particulier les outrages aux personnes et aux minorités et majorités, ce qui n'avait pas l'heur de plaire. De fait tout cela supposait que la loi ne soit pas appliquée de manière impartiale et équitable. Ça relevait du procès d'intention donc. Si les amendements apportés à cette loi ont semblé satisfaisants, avec le temps il semblerait que ce ne soit plus le cas, parce que comme je le soulignais en début de ce texte, rien n'est de trop pour fustiger Orban.
 
Il y a aussi ces modifications apportées à la constitution et qui ne plaisent pas.
Tout d'abord la référence aux racines chrétiennes de la Hongrie en choque beaucoup. Assez curieux alors qu'en Europe, existe par exemple dans les constitutions suisses et allemandes une référence à Dieu, et que certains pays européens, le Danemark, l'Islande, la Norvège, le Royaume-Uni ou la Grèce par exemple disposent d'une religion d'Etat. Ne parlons même pas des Etats-Unis où le Président prête serment sur la bible et où sur la monnaie officielle est inscrit "in God we trust". Pour ces pays et bien d'autres non cités, notamment ceux pour lesquels on considère le passage d'une dictature laïque à un Etat régi par la charia comme un progrès, ça ne pose pas de problème. Mais pour la Hongrie, si. Va comprendre!
 
Les références à l'histoire font aussi jaser. Peut-être est-ce la référence aux crimes contre l'humanité commis pas les communistes qui voisinent ceux commis sous la domination de la dictature nationale socialiste? Je ne serai pas aussi mesquin quoique… Mais qu'une nation face référence à son histoire multiséculaire, sans même s'en repentir, fait sans doute désordre dans notre Europe bienpensante.
 
Il y a également cette interdiction du mariage homosexuel. Quelle horreur! Mais horreur partagée par 22 membres de l'UE. Au passage notons qu'il existe un statut de concubin€ pour les homos en Hongrie, pas encore révoqué à ce que je sache, tandis que 11 pays de l'UE ne reconnaissent aucune forme d'union légale pour eux. Mais c'est la Hongrie qui fait tâche dans l'Union.
 
Il y a aussi cette reconnaissance du statut d'être vivant à l'embryon dès le début de la grossesse ce qui devrait selon toute logique mener à l'interdiction ou la limitation du droit à l'avortement existant actuellement (jusqu'à la douzième semaine et prolongation possible de ce délai en cas de viol ou sur indication médicale). Donc en cas de remise en cause de l'IVG, la Hongrie rejoindrait l'Irlande, la Pologne, Chypre et Malte, pays très dangereux. D'un autre côté, peut-être peut-on se féliciter de voir un dirigeant européen s'inquiéter de la démographie déclinante depuis 30 ans de son pays. Car je ne sais pas s'il y a lieu, toute considération morale ou religieuse étant exclue de ce jugement, de se féliciter d'être recordman d'Europe de l'avortement avec près de 210000 interruption de grossesse par an, soit un quart du nombre des naissances. Ah, mais j'oubliais notre remarquable taux de natalité grâce à nos allogènes qui comblent volontiers le déficit engendré par les IVG.
Donc Déjà 4 pays dans l'UE qui interdisent ou limitent strictement l'IVG, mais c'est la Hongrie qui ne l'a toujours pas interdit d'ailleurs qui est une honte pour l'Europe démocratique.
 
J'ai entendu parler aussi d'un redécoupage de la carte électorale. Horreur! Eux aussi ils font ça? Oui mais eux, c'est grave, car ça pourrait les aider à gagner les prochaines élections, tandis que chez nous, hein, c'est pour d'autres raisons qu'on fait ça, des raisons éminemment supérieures bien entendu.
 
Il y a certainement bien d'autres motifs de s'inquiéter, et rassurez-vous, on les trouvera, car rien ne nous empêchera d'être vigilants pour stopper l'avènement d'un Etat fasciste en Europe.
 
Du coup j'allais oublier l'essentiel. La goutte d'eau qui fait déborder le vase et qui permet opportunément d'émettre des critiques sur tout ce qui précède. Imaginez-vous qu'Orban remet en cause l'indépendance de la banque centrale hongroise, imaginez qu'il a décidé de s'approprier les outils monétaires qui lui échappaient en cette période de crise particulièrement grave dans une Hongrie surendettée (situation héritée) et qui emprunte à des taux de plus de 9%. Imaginez qu'il refuse de faire comme la Grèce, de profiter de ne pas être dans la zone euro pour financer éventuellement sa dette par la planche à billet et l'inflation.
Enfin bref, imaginez qu'Orban, fort de son élection, de sa confortable élection, revendique sa souveraineté économique et financière. Qu'il refuse que la Hongrie finisse comme la Grèce, sous tutelle du FMI et de la BCE. La chose est pour le coup simplement inadmissible, pour les deux précités relayés dans leur courroux par les Etats-Unis et la commission européenne et confortés dans leur indignation par les agences de notations dont à cette occasion on perçoit le véritable objectif qui est de livrer le monde aux financiers.
 
En fait, que reproche-t-on à Viktor Orban? Simplement de vouloir gouverner! Ce qui devient de nos jours proprement insupportable.
Et au passage vous aurez compris pourquoi il n'est pas envisageable une seconde de voir quelqu'un d'autre que Hollande ou Sarkozy emporter la prochaine élection présidentielle chez nous. Mais ça les médias libres sauront nous en convaincre.

 

jeudi 5 janvier 2012

Vers un nouveau statut pénal pour les syndicalistes?



Alors que le procès Chirac vient de se conclure de la façon que l'on sait après une douzaine d'années de procédure dont quelques unes gelées à cause d'un statut pénal, particulier, se trouve une nouvelle fois posée la question de ce statut que certains trouvent avantageux et donc forcément inique, que d'autres veulent conserver en l'Etat, non pas pour protéger le président, mais la fonction et par delà la bonne marche de l'Etat, je me suis déjà exprimé à ce sujet. Soit! Il n'est pas interdit de se poser des questions sur ce statut, d'exposer ses opinions, voire d'envisager de le modifier si la sanction des urnes le permet. Par contre ce qui est troublant, c'est que ceux-là même qui sont les plus ardents pourfendeurs de ce statut, ceux-là même qui voudraient faire du Président de la République un justiciable normal, la normalité semblant à ce propos être une qualité très en vogue actuellement, semblent envisager très sérieusement un statut pénal particulier pour les syndicalistes.
 
Ce sont en effet pas moins de 4 candidats à l'élection présidentielle, tous d'extrême-gauche, qui battaient le pavé mercredi à Amiens alors qu'allait se dérouler le procès en appel de Xavier Mathieu, ex-leader CGT des "contis", relaxé en première instance parce qu'il avait refusé un prélèvement d'ADN suite à une condamnation précédente, je vais y revenir. On a pu voir en effet à l'occasion de ce procès voir Joly, Mélenchon, Arthaud, et Poutou, classés de droite à gauche, sauf pour les deux derniers classés par ordre alphabétique, et bien que j'ai quand même quelques doutes sur la pertinence de mon classement pour les deux premiers, donc quand même quatre candidats à la présidentielle, qui s'ils étaient élus devraient être garants de la Constitution et des lois, s'insurger contre le fait que les empreintes ADN d'un syndicaliste délinquant, l'ordre des mots est important, puissent être relevées. Ils étaient accompagnés dans leur démarche par une xième couteau du parti socialiste, donc représenté mollement à l'image de son candidat et qui pourra donc dire, selon les circonstances futures qu'il était là, mais aussi pas là. Mais j'en reviens à ceux qui étaient bien présents et qui parlaient carrément de fichage des syndicalistes, comme si ces derniers, vu leur nombre, n'étaient pas connus. Car pour eux un syndicaliste délinquant n'est pas un délinquant quelconque, ce qui le caractérise en premier c'est sa qualité de syndicaliste, et ce qui fait que son délit n'est pas assimilable à un délit de même ordre commis par un non-syndicaliste, c'est que celui-ci est commis lors d'une activité syndicale. Je ne sais pas si je suis clair, mais pour résumer, si moi, non syndiqué, je commets un délit il est normal que j'encours toutes les rigueurs de la loi, tandis qu'un syndicaliste commettant le même délit, dans le cadre de ses activités, mettons, doit bénéficier d'un régime spécial. Un peu comme le Président de la République, quoi!
 
Revenons une seconde sur les faits. Lors d'une manifestation contre le sort qui leur est réservé par Continental, une bande d'abrutis, syndiqués, avinés peut-être, je ne sais pas, pénètrent dans la sous-préfecture de Compiègne qu'ils saccagent en bonne et due forme. Il y a dans cet acte au moins deux choses qui me gênent : la première est que l'action syndicale ne me semble devoir autoriser la violence, la seconde est que la sous-préfecture de Compiègne est équipée grâce aux impôts que je paie. La destruction de biens publics étant punie par la loi, il se trouve que Xavier Mathieu qui menait les opérations a été condamné à 4000 euros d'amende. Il faut dire que ça a été peut-être d'autant plus facile de le condamner car souvent on est clément avec les syndicalistes saccageurs, bien qu'en l'occurrence on puisse trouver qu'une amende de cet ordre sans peine de prison à la clé, même avec sursis, est un verdict relativement clément vu la nature des dégâts imputés finalement en grande partie aux contribuables, que Xavier Mathieu s'était démarqué de son syndicat, la CGT, ou du moins du dirigeant de ce syndicat jugé trop accommodant. Ceci dit il n'avait pas forcément tort puisque la récente unanimité au Parlement pour étouffer un rapport sur le financement des syndicats est bien le révélateur de ce jeu que jouent ces derniers et le pouvoir en place, quelle que soit sa couleur d'ailleurs. Je suggérerai en conséquence à Xavier Mathieu, la prochaine fois qu'une envie violente le prend de manifester son mécontentement face aux injustices que connait le monde salarié, d'aller saccager le siège de la CGT. Il ne se trompera pas de cible cette fois. Par contre la peine risque d'être plus lourde, au nom de la même connivence.
Donc Mathieu, condamné, officiellement délinquant, doit en plus se soumettre à cette formalité qu'ont les délinquants de voir leur ADN figurer dans un fichier des délinquants. Ce qu'il refuse et ce qui lui vaut de repasser devant le juge qui, contrairement au réquisitoire du parquet, le relaxe. Parce que notre système judiciaire est comme cela : un juge n'est pas tenu de faire appliquer la loi. Et c'est donc l'appel du même parquet qui nous conduit à cette très récente manifestation dont semblent absents les syndicats mais où on trouve donc nos quatre bien rouges candidats à la présidentielle assistés de loin par une vague sénatrice du PS, envoyée là au cas où. Hollande est à Bordeaux et les autres grands pontes du PS sans doute en train de l'acclamer, même si nulle part il n'en est fait mention.
 
Alors la question qui se pose est la suivante : le relevé d'empreintes ADN sur un syndicaliste délinquant correspond-t-il à une volonté de ficher les syndicalistes, ou simplement à une application de la loi? Une loi générale, comme le sont toutes les lois d'ailleurs, mettant tous les délinquants et criminels jugés dans le même sac, qu'ils soient pédophiles, serials killers, voleurs de sacs de mémés, dealer, casseurs ou syndicalistes ayant commis les mêmes crimes et délits. Cette loi est ce qu'elle est, on peut l'approuver, la trouver débile, mais en tout état de cause, tant qu'elle n'est pas abrogée elle est opposable à tous. Moi-aussi il y a quelques lois qui me dérangent, et même qui nuisent à mes intérêts. Pourtant je les respecte. Parce que c'est comme ça, parait-il que ça fonctionne dans les Etats de droit. D'où ma surprise de voir des candidats à la présidentielle, d'extrême-gauche il est vrai donc peut-être pas très attachés à l'Etat de droit, et le PS, représenté par sa sénatrice, revendiquer pour un individu et même au-delà, un groupe d'individus ayant pour caractéristique commune d'être des syndicalistes, la non-application de la loi.
Certes, on peut nuancer. Eva Joly, par exemple, mais je crois que c'est la seule des quatre, a déclaré qu'il fallait changer la loi, ce qui est une démarche normale. Mais ceci nous ramène au début de ce billet: pourquoi ceux qui exigent une réforme du statut pénal du Président de la République pour en faire un justiciable comme les autres, sont également ceux qui envisagent des dérogations à la loi pour les syndicalistes, voire même une réforme de la loi qui leur donnerait un statut particulier, notamment celui de ne pas pouvoir figurer au fichier des délinquants même s'ils sont condamnés comme tels?
Je sais que malgré la Révolution, que malgré presque 150 ans d'Etat républicain, il existe encore en France un réel attachement à un ordre féodal d'ancien régime, ou un certain corporatisme, mais on aurait pu espérer que des leaders d'extrême-gauche, et en particulier Madame Joly à qui tellement de choses déplaisent en France, échappent à ce travers.
 
Quoiqu'il en soit le jugement sera rendu en février. On verra à cette occasion si le juge, peut-être lui-même syndiqué, est partisan d'un retour en arrière avec l'édiction de nouveaux privilèges pour un certain groupe d'individus ou un défenseur de l'ordre républicain.

 

mardi 3 janvier 2012

Lettre ouverte à Tonton


Cher Tonton,
 
Puisque tu croyais aux forces de l'esprit, et comme on ne sait jamais, je t'adresse cette petite bafouille pour te tenir au courant de ce qui se passe chez tes héritiers. Car rassure-toi, après avoir cessé pendant un certain temps d'être leur référence, imagine que certains, bien ingrats au demeurant puisqu'ils te devaient tout, revendiquaient un droit d'inventaire, donc rassure-toi, tu ne sens plus le roussi et c'est à qui s'est réclamé de ta personne pendant l'année 2011 pour être choisi pour représenter le parti socialiste lors des prochaines échéances présidentielles. Il faut dire qu'avec le temps tout s'oublie et comme désormais, grâce aux réformes que toi et tes ministres de l'éducation nationale ont initiées, rien ne s'apprend plus non plus, tu es bien évidemment pardonné de toutes les saloperies que tu as pu accomplir, et elles sont nombreuses, au cours de ta vie. J'espère d'ailleurs que ton épouse, la légale, qui elle aussi devait suffisamment croire aux forces de l'esprit pour ne pas vouloir être inhumée à tes côtés, aura su te le rappeler lorsqu'elle arriva dans ce monde qui est désormais le tien et qui sera aussi le nôtre, ça au moins nous en sommes sûrs.
 
Bon excuse-moi Tonton, ce n'est pas que je veuille t'accabler, mais en voyant celui que les socialistes et quelques autres de gauche, mais peut-être aussi de droite, les sournois, ont choisi pour devenir le second président de gauche de la Vème République, je me dois de faire quelques petits rappels et comparaisons pour te montrer dans quelle misère nous sommes, misère que tu as peut-être d'ailleurs programmée en choisissant pour t'entourer un bande de nuls et en prenant soin de ne pas faire émerger un successeur digne de ce nom. Je ne sais pas si tu lis les journaux ou regarde la télé, mais imagine que c'est Hollande, François Hollande, qui a été choisi pour conquérir l'Elysée. J'imagine que là, tu dois être en train de te creuser le citron et te demander qui peut bien être cet Hollande. Essaie de te souvenir, un petit gros, le concubin de Ségolène qui fut ta ministre ou secrétaire d'Etat de je ne sais quoi, enfin quelque chose de peu d'importance mais qui te permettais de la zieuter pendant le conseil des ministres. T'avais pas vraiment tort puisqu'elle s'est bonifiée avec l'âge et l'orthodontie. Si tu ne vois pas encore qui c'est, cet Hollande, fait rappliquer ton esprit fissa. Au premier abord, si tu le croises alors qu'il fait un discours, tu risques de le confondre avec la réincarnation de Thierry Le Luron, en plus épais, en train de t'imiter. Faut dire qu'il y met du cœur. Les mimiques, l'avachissement sur le pupitre, le ton. C'est vrai que comme imitateur il n'est pas trop mal. Un petit coup d'orthodontie également pour faire sortir les incisives vers l'avant et des lentilles de contact, et un myope comme moi en viendrait presque effectivement à croire dans les forces de l'esprit et à ton retour. Brrr!
 
Bon. Voilà je t'écris cette lettre pour que tu te rendes compte par toi-même de l'imposture qui est en train de se dérouler, là, sous nos yeux, avec ce bonhomme qui ne cesse de se réclamer de toi alors que tu avais bien pris soin de le laisser au fond d'un placard de ton vivant. Et pour que tu fasses quelque chose, si c'est possible là où tu es, pour nous épargner ce spectacle qui, imagine-toi, pourrait durer 5 ans, pas 10 bien évidemment. Mais 5 ans c'est quand même long. Je sais que tu es un esprit facétieux capable de nous embêter rien que pour rigoler. Mais quand même, c'est de ton nom dont il s'agit. Tu ne voudrais quand même pas que l'histoire fasse un amalgame en lui et toi, que dans quelques décennies on en arrive à vous confondre. Alors réagis, nom de dieu! Evite-toi cette infamie.
Qu'y a t-il effectivement de commun entre vous-deux? Toi qui commenças à l'extrême-droite, toi qui servis le maréchal jusqu'à ce que tu sentes le vent tourner, toi qui permis au collaborateur Eugène Schueller avec ton pote Bettencourt, le mari de lady Gaga, fille elle-même du premier, d'échapper à l'épuration et même d'obtenir la légion d'honneur, contre un emploi bien rémunéré c'est vrai, toi qui avant de l'abolir usa moult fois de la peine de mort quand tu étais ministre de l'intérieur, toi qui nous mentis pendant des années sur ton état de santé avant de nous l'exposer au moment du référendum de Maastricht parce que c'était mal barré, toi qui nous mentis sur ta situation familiale et qui usa de ta fonction pour protéger ton mensonge par des moyens illégaux, toi qui nous engluas dans l'Europe et l'euro par le traité sus-mentionné, toi qui nous balanças la retraite à 60 ans sous le regard effrayé des plus lucides de tes ministres, toi que la clairvoyance en politique étrangère fit féliciter les auteurs du putsch manqué contre Gorbatchev en 1991, toi qui en fait n'avais rien compris aux changements du monde, toi qui…, bon j'en passe et des meilleures, mais toi, il faut le reconnaitre, qui possédais une vraie culture, avais une certaine classe, et même un vrai talent de menteur, ne nous faisais pas honte à l'étranger, ne dépareillais pas à côté de mrs Thatcher, Reagan ou Kohl (sauf sur la photo à Verdun où le Kohl avait l'air de tenir un petit garçon par la main), toi, qu'as-tu de commun avec celui qui se réclame de toi désormais et veut se poser comme ton successeur? Lui qui, comme le rappelait Ségolène, qui quand même le connait bien, n'a jamais rien accompli, lui qui, comme l'a prétendu la première secrétaire du parti socialiste qu'il aurait d'ailleurs laissé, selon elle, dans un état qui faisait pitié, a le testicule mou (ce qui au demeurant n'a pas été confirmé par Ségolène), lui qui quand il envisagea de participer à la primaire socialiste il y a un an fut un objet de risée, lui de qui il fut dit d'un ton goguenard par ton ancien premier ministre Fabius "vous imaginez Hollande président?", en quoi peut-il faire penser à un personnage roué comme tu le fus? D'ailleurs lui-même se qualifie de normal. C'est une qualité pour être président, ça? Tu étais un homme normal, toi?
 
Bon, Tonton, faut faire quelque chose là. Tu n'en as peut-être rien à battre de la renommée de la France, mais la tienne je sais que tu y tiens. On a déjà échappé au libidineux de service, peut-être que c'est toi d'ailleurs même si tu ne crachais pas sur la chose, mais avec quand même une certaine discrétion. Faudrait quand même pas pour autant se fader un mec normal. Imagine même qu'il est capable d'aller déposer une rose sur ta tombe une fois élu, pour te compromettre une fois encore. Je sais que tu ne veux pas ça et que tu empêcheras ça. Je compte sur toi et je ne suis pas le seul.
 
Grosses bises
 

lundi 2 janvier 2012

Bonnes résolutions ou l'angoisse de la page blanche



Il parait qu'avec la nouvelle année vient généralement la prise de quelques bonnes résolutions. Qui n'a jamais sacrifié à ce rituel? Même si je dois avouer que pour moi c'était souvent plutôt que début janvier à mon retour de vacances d'été quand il faisait encore beau, que j'étais reposé et en pleine forme. Et souvent c'était quand même des choses assez basiques comme me coucher moins tard pour pouvoir me lever plus tôt en forme, un peu comme celle que j'avais à ce retour des vacances, tout en sachant néanmoins instinctivement que d'ici à quelques semaines, avec le raccourcissement des jours, c'est en grognant que je sortirais de mon lit avant de prendre un café sur le pouce, parfois, afin de ne pas arriver à la bourre au boulot, à défaut de ne pas y arriver le gueule dans le cul. J'ai toujours pensé que le monde n'était pas fait pour les gens qui comme moi se couchent à des heures pas possibles parce que c'est là où ils se sentent le mieux.
Bon là je m'égare ou plutôt je noie le poisson car face aux bonnes résolutions que je devrais prendre, là maintenant, afin d'avoir au moins quelques instants de bonne conscience dans l'année, je reste un peu sec. De fait je me rends compte que pour prendre de bonnes résolutions, il faut-être capable au préalable de faire son autocritique. Car prendre de bonnes résolutions c'est envisager soit de se bonifier, voire de se corriger, soit d'agir de façon davantage bénéfique sur son environnement, ce terme devant être pris bien sûr au sens le plus large. Or pour cela il faut avoir pris la mesure de ses défauts, de ses faiblesses ou de ses lacunes. D'où la nécessaire autocritique préalable à toute prise de bonne résolution. Et là bien sûr je commence à m'inquiéter. Pourquoi ma feuille reste-t-elle désespérément blanche quand il s'agit d'exposer mes bonnes résolutions de début d'année? Serait-ce pour moi le signe d'une incapacité à effectuer cette fameuse autocritique préalable au reste? Pourtant je ne me sens pas véritablement fier et sûr de moi, arrogant, au point de ne pas me trouver quelques défauts, hors des classiques que ma femme ne cesse de me rappeler bien sûr, de ne pas découvrir de possibles voies d'amélioration de ma personne, de ne pas penser à certaines attitudes qui pourraient être bénéfiques à mon environnement. Mais les personnes fières et sures d'elles, arrogantes ont-elles toujours conscience de l'être? Pas sûr. Peut-être le suis alors à mon insu? D'où cette incapacité à faire une autocritique préalable. Mais alors là, si je me mets à admettre cette hypothèse, du moins à la transformer en vérité, j'ai donc trouvé un premier lot de bonnes résolutions car être fier et sûr de soi ainsi qu'arrogant ce n'est pas un ensemble de qualités (à prendre au sens de caractéristiques) très en vogue en ce moment où les faveurs se dirigent plus volontiers vers les faibles et les opprimés. Alors certes, je ne peux guère me transformer en Palestinien génocidé depuis une bonne soixantaine d'années, je ne peux guère me transformer en chômeur puisque je bénéficie déjà d'une pension de retraite, je ne peux guère me transformer en SDF, du moins pas dans l'immédiat, je ne peux guère me transformer en sans-papiers sauf à vouloir provoquer les autorités de mon pays d'accueil. Alors, que faire?
 
A partir des caractéristiques personnelles que j'ai devinées et admises pour vraies, faute en ce début d'année d'avoir les idées assez claires (noter : moins forcer sur la vodka lors du prochain réveillon – au moins voilà déjà une bonne résolution) pour envisager d'autres approfondissements je peux quand même imaginer quelques pistes pour m'améliorer et contribuer à un meilleur épanouissement de mon environnement.
 
Prenons tout d'abord la fierté. Mais qu'est-ce d'abord que la fierté? Ça peut être la dignité, l'amour-propre, enfin en gros le respect de soi-même. Ça peut-être aussi une certaine autosatisfaction, le sentiment d'avoir bien mené sa vie, ou d'avoir réussi quelque chose, ponctuellement ou sur la durée. Ou encore quelque chose qui pourrait s'apparenter à du mépris pour les autres. Du coup je ne sais pas si je dois choisir ou prendre le lot. De fait la récente découverte de mes qualités intrinsèques commence déjà à me mettre dans l'embarras. Que dois-je faire? Me mépriser après m'être superbement négligé? Cracher sur mon passé, sur tout mon passé? Devenir un grand philanthrope? Pas simple.
D'autant plus qu'il y a des trucs là-dedans qui ne devraient pas trop plaire à ma femme. Qui fait quand même partie de mon environnement. Et en même temps il faut que les effets de mes bonnes résolutions se fassent sentir, notamment auprès de ceux qui se donnent parfois la peine de me lire, et que je dois considérer comme faisant aussi partie de mon environnement. Je crois que j'ai trouvé un truc qui devrait contenter tout le monde. Car je sais ce qu'on me reproche parfois sur la blogosphère. Je pense que je devrais abdiquer de la fierté que je revendique d'appartenir à la civilisation européenne, à la nation française et à ses vieilles valeurs. Il faut que désormais je me fasse le chantre de la diversité, du relativisme culturel et du communautarisme. Bref que je renonce à une certaine fierté d'être français. Et ça devrait peut-être même satisfaire mon épouse qui ne l'est pas, elle (je rajoute ce "elle" assez inélégant, je dois le reconnaitre, d'un point de vue stylistique. Mais ayant appris à mes dépens que sévissent sur cette blogosphère d'éminents et surtout d'éminentes exégètes ainsi qu'ils mais surtout elles le revendiquent, capables de me faire dire ce que je n'ai pas dit, je préfère préciser par ce "elle" que mon épouse est effectivement mon épouse mais n'est pas française).
Voilà donc une première bonne résolution de prise.
 
Passant maintenant à l'assurance. Ou la confiance en soi. Etre sûr de soi a pu passer autrefois pour une qualité, mais généralement méprisée par ceux qui ne la possèdent pas et vous vanterons les vertus de l'humilité ou de la modestie. Je n'ai pas forcément le sentiment d'être toujours sûr de moi, le doute venant parfois ronger mon esprit. Signe quand même qu'il y a peut-être des pistes d'amélioration chez moi. Ceci dit si ce défaut peut être perçu pas certains de mes lecteurs, il n'en est pas moins partagé par beaucoup de ceux qui s'expriment sur la blogosphère, tellement sûrs d'eux-mêmes souvent qu'ils ne prennent même plus la peine de distinguer entre faits et idées, les secondes devenant dans leur cerveau dont je me demande parfois s'il n'est pas en voie de calcification, aussi solides que les premiers. Ce qui conduit parfois à des situations bizarres chez des gens qui hurlent à la tolérance mais ne peuvent supporter la contradiction, comme si effectivement leurs opinions étaient des faits lesquels sont par nature dès qu'ils sont révélés incontestables, sauf parfois par des esprits tordus qui transforment les faits qui leurs déplaisent en opinions pour pouvoir les discuter, ou plutôt les contester. Même que désormais la loi commence à s'en mêler pour punir ceux qui nient certains faits.
Mais tout cela est même plus compliqué encore. Prenons par exemple le racisme et les religions. Il y a un siècle et moins encore, l'anthropologie, mesures à l'appui, tentait de nous démontrer que les races existaient, qu'il y en avait de supérieures et des inférieures. Avec les dégâts occasionnés que nous connaissons tous. Mais le racisme, faute d'éléments probants, ne pouvaient être qu'une opinion, une idée à partir de laquelle tout devenait possible : l'horrible ou la volonté de faire bien quand il s'agissait d'aller civiliser les races inférieures. Quand plus tard la génétique a démontré que l'idée de race était complètement farfelue, et que les faits s'y opposaient, c'est devenu non plus une opinion que d'être raciste mais un délit. Mais ça aurait pu aussi rester du niveau de la connerie ou de l'inculture. Et voilà maintenant que certains veulent étendre les conséquences d'une donnée scientifique aux religions, en fait surtout une religion, et donc transformer en délit les actes ou paroles blasphématoires vis-à-vis de cette religion. Et force est de reconnaitre que cette connerie rencontre quand même un succès assez large. Comment cela serait-il possible d'en arriver là sans un certain aplomb des individus parvenant à transformer une religion en race dès lors qu'on ose la critiquer. Il faut quand même avoir une certaine confiance en soi-même pour en arriver là. J'ai quand même beaucoup de mal à me reconnaitre là-dedans.
D'où mon questionnement sur l'attitude nouvelle que je devrais adopter dans le cadre des bonnes résolutions de début d'année. Soit peut-être être plus nuancé, par exemple ne plus dire en réaction aux "printemps" arabes que ce n'est certainement bas une bénédiction pour les peuples des pays concernés, et surtout pas pour nous. Soit carrément jouer les gentils, ceux qui projettent leurs rêves dans le réel et dire sur le même sujet que c'est magnifique, que ces peuples vont enfin connaitre une liberté qu'ils auront été cherché eux-mêmes et qu'il n'y a surtout pas lieu de s'inquiéter de voir les islamistes gagner les élections puisque ces derniers sont évidemment modérés et n'auront de cesse de nous le prouver. Il s'agit donc pour moi de devenir assez nuancé pour ne plus finalement exprimer ce que je pense, ou encore de faire la carpette et de rentrer dans le moule de cette sirupeuse bienpensance avec son monde de bisounours.
J'y réfléchirai.
 
Finissons par l'arrogance, qui est certes un vilain défaut. Comme synonymes de ce terme, on trouve supériorité, mépris, dédain, morgue, insolence, impertinence. Et comme antonyme la déférence, le respect ou la courtoisie. Il est d'usage désormais d'entendre à tout bout de champ le mot "respect". Utilisé d'ailleurs souvent par des personnes qui n'en manifestent guère pour les autres et qui en fait se lamentent, mais parfois de bien curieuse façon, pas courtoise en tout cas, qu'on ne leur reconnaisse pas une certaine supériorité. Alors ça peut venir du trou du cul de banlieue qui exige le respect en brûlant la bagnole de son voisin, ou encore de celui, souvent blogueur, n'accepte pas d'avis contradictoires à sa pensée forcément supérieure. Certes, il vous criera sa tolérance mais en accusant l'autre, non pas d'irrespect, mais de connerie, connerie qu'il ne peut d'ailleurs souvent pas supporter. Il pourrait certes s'abstenir de prendre cette connerie en pleine poire en s'abstenant de l'aller observer de trop près, mais même quand celle-ci l'évite soigneusement, elle le dérange malgré tout. Je me méfie toujours des gens qui se déclarent prêt à discuter de tout, qui le clament haut et fort, mais qui dans les faits n'acceptent au mieux que les nuances et, au pire, le cirage de pompe, pour rester poli. C'est une engeance pas mal répandue finalement sur les blogs cachant son autosatisfaction, l'assurance d'être dans le bon camp, celui de la morale évidemment, la certitude d'avoir toujours raison derrière une fausse humilité, derrière une tolérance purement de façade.
Je crois finalement qu'avec le temps les mots ont perdu beaucoup de leur sens. Alors qu'une discussion peut-être animée certes mais polie et surtout argumentée, opposant des conceptions parfaitement différentes aurait pu passer à une certaine époque comme une marque de respect, ce n'est plus le cas désormais. Car le respect maintenant exige forcément qu'on soit d'accord avec la personne que l'on interpelle. Tout au plus peut-on lui opposer quelques nuances qui ne feront que conforter la thèse initiale. Sinon on est un impertinent, un arrogant et même un con qui n'a pas sa place là quand la blogosphère en question est plutôt circonscrite à des gens ayant des opinions proches et n'ayant donc qu'à s'auto-congratuler, se féliciter entre eux de tant de hauteur de vue, d'humanisme ou je ne sais quoi, se faire la bise, se pâmer d'aise devant leurs écrits respectifs, se déclarer amis pour la vie…
Que faire alors pour mériter le respect et ne plus être assimilé à un arrogant, un impertinent ou un importun? Eh bien peut-être s'adapter. Compter les jours jusqu'au 6 mai et bientôt les heures et rappeler comment les choses allaient merveilleusement bien il n'y a même pas 10 ans quand la gauche gouvernait. En fait passer du statut d'arrogant à celui de faux-cul.
 
Tout compte fait, faisons fi pour cette année encore des bonnes résolutions. Les temps de la repentance et de la rédemption ne sont pas encore venus.