"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 30 janvier 2013

Taubira, GPA ou le paradoxe d'une circulaire


Il est assez rare d'avoir un ministre de la justice dont une des activités est d'encourager à contourner la loi. Et pourtant nous avons ce grand privilège d'avoir ça en France, sans doute en guise de dédommagement pour la traite atlantique au sujet de laquelle la même personne s'est par le passé illustrée en inscrivant dans la loi notre repentir au sujet d'une activité qui pourtant toucha fort peu de nos ancêtres. Au passage, elle oublia, afin, selon elle, de ne pas traumatiser les descendants lointains des auteurs de crimes similaires, de citer les autres formes d'esclavages qui touchèrent durement l'Afrique pendant des siècles. Mais quand on aime son pays, on doit aussi savoir le châtier n'est-ce pas? Et seulement lui. Belle preuve d'amour que voilà!

Arrivée à la Chancellerie, elle décida que la mansuétude vis-à-vis des délinquants était préférable à leur enfermement, imaginant sans doute que touchés par sa bonté et sa grâce ces derniers, parfois aux casiers judicaires à rallonge et n'ayant encore jamais tâté de la prison, allaient se transformer en doux agneaux travailleurs préférant dans les meilleurs des cas un SMIC aux revenus de leurs trafics et larcins divers. Elle décida que les mineurs coupables des pires crimes et délits devaient pouvoir continuer à profiter de dispositions anciennes prises à une époque où il y avait fort peu de cas de ce genre. Et elle fut chargée de nous concocter un projet de loi sur ce qu'on appelle le "mariage pour tous" formule assez curieuse quand il ne s'agit que d'étendre la chose aux couples homosexuels. Car le mariage à toujours été autorisé à tous les humains d'un certain âge, mais en excluant certains cas de figure que la nouvelle loi maintiendra sauf un. Ainsi on ne pourra toujours pas se marier avec un de ses enfants ou un de ses parents, ni avec son frère ou sa sœur et on ne pourra pas convoler en justes noces avec une personne déjà mariée, même si sur ce dernier point il y aurait des choses à dire. Il y a encore du pain sur la planche pour un prochain quinquennat. Enfin pour ça ne nous pressons pas. Tout ça pour dire que le mariage pour tous correspond à un slogan plutôt qu'à une réalité, cette réalité étant de satisfaire une minorité au sein d'une minorité. Et au passage d'ébranler une institution millénaire. Mais les apprentis sorciers aiment ça, ébranler. Si tout enfin s'écroulait ils applaudiraient des deux mains. Alors ils s'y emploient. Doucement mais avec une sérieuse application.
A l'origine notre ministre-punition montra tellement d'enthousiasme qu'elle était prête à accompagner cette loi de tout ce qui pourrait causer le plus de dégâts à l'institution qu'est la famille. Freinée dans ses ardeurs par un président sentant quand même que le peuple n'était pas prêt à tout, elle dut revoir sa copie et notamment virer la PMA du texte initial. Elle pensa que les parlementaires allaient pallier ce manque cruel, ce qui fut un instant envisagé avant une retraite en rase campagne de l'exécutif qui sentait que ça commençait sans doute à sentir le roussi. Mais elle se vengerait. Je vais y revenir.

La fameuse loi est donc en ce moment en discussion devant l'assemblée nationale, après avoir été moult contestée dans la rue. Il n'y aura pas de consultation du peuple à ce sujet, la démocratie ayant quand même ses limites, faut pas pousser. Et voilà donc qu'en même temps que les discussions s'enflamment dans l'hémicycle, on prend connaissance d'une circulaire destinée à favoriser l'accession à la nationalité française des enfants issus d'une gestation pour autrui. La GPA est interdite en France et même assez sévèrement punie par la loi. Je cite (extrait de l'article 227-12 du code pénal): " Le fait, dans un but lucratif de s'entremettre entre une personne désireuse d'adopter un enfant et un parent désireux d'abandonner son enfant né ou à naître est puni d'un an d'emprisonnement et de 15000 € d'amende .Est puni des peines prévues au deuxième alinéa le fait de s'entremettre entre une personne ou un couple désireux d'accueillir un enfant et une femme acceptant de porter en elle cet enfant en vue de le leur remettre .Lorsque ces faits ont été commis à titre habituel ou lucratif les peines sont portées au double." Ça me semble clair : c'est interdit.
Mais il se trouve que dans d'autres pays c'est autorisé. Par exemple dans les pays suivants : Afrique du Sud, Australie, Brésil, Canada, Corée, Danemark, certains Etats des Etats-Unis, Géorgie, Grande Bretagne, Grèce, Hong-Kong, Iran, Israël, Roumanie, Russie, Ukraine. Il faut noter que les législations sont différentes : par exemple au Canada ou en Grande-Bretagne, la GPA est autorisée à condition que ce ne soit pas à but lucratif, ce qui réduit son champ d'application, au cercle intime sans doute. Et dans d'autres ce n'est ni interdit, ni autorisé, comme en Belgique par exemple. Donc il est possible d'aller se faire faire un enfant ailleurs et ensuite de revenir avec l'objet, j'allais dire du délit, en France. Taubira veillant à simplifier les formalités administratives, soi-disant pour le bien des enfants, il ne fait surtout pas hésiter.

Tout ceci est un peu curieux et très hypocrite.
On considère qu'un acte est délictueux en France, pour principalement des raisons éthiques, mais on accepte que nos ressortissants aillent le commettre ailleurs et reviennent avec le résultat de leur acte. Non seulement on l'accepte, mais on veille à ce que surtout rien n'entrave le "bonheur" acquis ailleurs, parce que chez nous ce n'est pas bien. C'est un peu compliqué, et surtout hypocrite. C'est un peu comme si un Français souhaitant acquérir une voiture non homologuée en France allait l'acheter dans un pays où elle a le droit de rouler et se voyait au retour délivrer un certificat des mines en bonne et due forme. La comparaison n'est peut-être pas heureuse, mais finalement on peut lui trouver une certaine pertinence quand on comprend que la GPA est un véritable business, et l'enfant considéré comme une marchandise, et pas seulement et même sans doute très rarement un acte accompli de façon totalement désintéressée. J'en veux pour preuve ce qu'on peut trouver comme "offres" sur le net par des boites spécialisées à l'étranger qui doivent bien comprendre que le marché français est porteur puisqu'elles font l'effort de traduire leurs sites en langue française. Et là on voit ce que veut dire business quand on parle de GPA. A titre d'exemple vous pourrez jeter un œil ici (Californie) ou ici (Ukraine) (voir page 3 pour les tarifs). C'est moitié moins cher en Ukraine, mais ça reste cher, non? Mais l'Inde ou l'Afrique doivent offrir de meilleures opportunités.
Du coup on se rend quand même compte que la GPA, c'est pas pour toutes les bourses et qu'il vaut mieux être un bobo du Marais qu'un ajusteur chez PSA/ Aulnay pour pouvoir bénéficier de ces offres. Il ne reste plus donc au nom de l'égalité qu'au gouvernement de prendre en compte ces distorsions de possibilités dues à la fortune de chacun et d'y remédier en apportant une aide substantielle aux plus démunis. Et pourquoi dans ce cadre ne pas passer un appel d'offre international. Puisque c'est interdit en France, c'est peut-être la solution. Moi je dis qu'il ne faut pas manquer d'audace maintenant qu'on est parti dans cette voie. Allons-y franchement. Et puis l'éthique reste sauve puisque c'est toujours interdit en France.

Reste maintenant à se poser la question de la parution de cette circulaire maintenant. En pleins débats. Une manière pour Taubira de se venger du retrait de la PMA à laquelle elle tenait tant? Une envie d'exciter les opposants au projet de loi? Un appel du pied à ceux qui regrettent le retrait de la PMA?
En tout cas cette circulaire constitue un signe très fort adressé à ceux qui envisagent d'utiliser la GPA pour satisfaire leur désir de pouponner. C'est même un encouragement. A condition évidemment qu'ils aillent faire ça ailleurs, parce que chez nous, hein, on ne mange pas de ce pain-là. L'éthique, vous comprenez!
La loi est respectée, mais les moyens d'en contourner les rigueurs sont maintenant bien établis.

 

lundi 28 janvier 2013

Point de situation


Les derniers jours ont été assez riche en actualités. Certes la manière dont est traités celle-ci par les médias et les ceux qui nous gouverne est parfois déconcertante, les choses importantes étant parfois reléguées à l'arrière plan à la faveur d'événement dignes des meilleurs journaux pipeules

Voilà quelques uns des points que j'ai retenus.

Tout d'abord, car on ne pouvait pas le louper, le retour de Florence Cassez, retour glorieux s'il s'en fut avec tapis rouge à l'aéroport. Etait-ce pour elle ou pour notre ministre des affaires étrangères dont on connait les gouts fastueux? Et puis nuit dans un des nos palaces parisiens. On ne sait pas qui a payé. Peut-être l'Elysée puisque notre président avait plus d'une heure à perdre le lendemain avec l'ex-otage. Ah non, pas otage, entends-je dire? Pourtant on aurait cru. Aussi marquée pourtant qu'Aubenas après sa détention en tant que telle.
Peu de temps avant l'atterrissage de l'avion de Cassez, celui transportant le corps de notre otage mort à In Amenas s'était posé au même endroit. Il s'appelait Yann Desjeux pour ceux que ça intéresse. La cérémonie d'accueil fut très intimiste. Fabius n'y fut pas présent. Le gouvernement y délégua la sous ministre dédiée aux Français de l'étranger. Tiens ma ministre! Du coup j'ai appris son nom.
Un otage mort vaut sans doute moins qu'une prisonnière libérée pour vice de procédure. En tout cas c'est moins drôle, et moins paillets aussi. Et s'il s'agit de se montrer autant le faire avec une jolie femme qu'avec un cercueil. Surtout quand celui qui est à l'intérieur se trouve être l'un des morts consécutifs à une opération de libération dont on a affirmé la pertinence quand aux méthodes utilisées. Les journalistes l'ont compris. Je n'ai pas lu non plus que la famille de la victime avait été accueillie à l'Elysée. Sans doute la faute à Frigide Barjot qui avait occupé les seules dix minutes libres dont disposait encore notre très occupé président.

Tiens puisqu'on parle d'elle, disons quelques mots sur le mariage pour tous. La manifestation des "pour" a eu moins de succès, beaucoup moins de succès, que celle des "contre". Un peu normal. C'est plus dur de se bouger quand on est pour que quand on est contre. Et puis pourquoi faire des efforts alors qu'on sait que tout est déjà joué. Enfin presque. Car s'il est évident que la loi passera, on aura pu remarquer que sur la PMA, le gouvernement, président en tête, est en train de pratiquer un repli dont je ne sais s'il est stratégique ou consécutif à un certain affolement devant une mesure très impopulaire. Car s'il semble acquis qu'une majorité, peut-être, de Français n'ait rien contre un mariage entre gens du même sexe, ou du moins contre des dispositions juridiques offrant une protection équivalente à chacun des membres d'un même couple, il n'en est pas de même en ce qui concerne la réforme de la filiation qu'on veut nous faire avaler. Même si la possibilité d'adoption est conservée, les effets en seront marginaux puisqu'il existe davantage de couples hétéros actuellement que d'enfants en attente d'adoption et qu'on peut espérer que le bon sens les rendra prioritaires, à moins qu'une politique des quotas soit établie, désignant de façon arbitraire les enfants qu'on obligera à vivre dans des familles d'un nouveau genre. Pauvres enfants doublement accablés par le destin!
En tout cas, la mobilisation des "contre", même menés par une femme qu'on a voulu discréditer à cause de son image, même si on a voulu faire croire que leur moteur était l'homophobie (et même l'antisémitisme selon Pierre Bergé qui nous confirme avec ses absurdités à répétition que la vieillesse peut être un naufrage), donc la mobilisation a porté ses fruits puisque le gouvernement recule sur la PMA.

Si Pierre Bergé nous vend de façon absurde les opposants au mariage homo comme des antisémites, on peut constater a contrario que les Français dans leur grande majorité (74% selon un sondage publié dans le Monde) ont une défiance particulière vis-à-vis de l'islam qu'ils considèrent comme contraire à nos valeurs républicaines. Un récent sondage (octobre 2012) que j'avais commenté à l'époque disait que 63% des Français pensaient que l'islam était hostile aux valeurs occidentales. Les chiffres de défiance continueraient donc à augmenter. Il va devenir de plus en plus difficile de montrer du doigt une majorité de Français qui augmente en volume de sondage en sondage en la stigmatisant pour islamophobie et en nous expliquant benoitement qu'elle est dans l'erreur. Peut-être faudra-t-il songer à comprendre les raisons objectives d'un phénomène allant en s'amplifiant et à prendre en compte ces dernières avant d'atteindre un point de non retour. Certes il est plus confortable pour la gauche d'ignorer un phénomène qui est supposé aller gonfler les rangs du FN et déchirer la droite dont une partie est intoxiquée aux valeurs bienpensantes de la gauche, mais à terme c'est peut-être criminel.

Le conflit au Mali n'est peut-être pas pour rien dans cette défiance des Français vis-à-vis de l'islam, les prudences langagières du gouvernement et de notre président, évitant d'appeler un islamiste un islamiste, renforçant sans doute une méfiance bien installée déjà. C'est un peu comme dans les rubriques "faits divers" où on tait systématiquement les noms à consonances étrangères dès lors qu'il s'agit de rapporter un acte criminel ou délictueux, sauf évidemment quand les porteurs de ces noms sont victimes. Les effets sont garantis.
Puisqu'on est sur cette guerre, juste deux mots. Le manque d'informations sur les opérations est patent. Et aussi normal. Tout ce qu'on peut constater, c'est que les forces françaises et maliennes avancent vite puisqu'elles sont déjà à Tombouctou. A moins qu'on nous les cache, ce à quoi je ne crois pas, il ne semble pas y avoir de victimes dans nos rangs au cours de cette progression, ce qui laisse supposer que les forces terroristes, (terminologie officielle) se replient sans combattre. Ce qui nonobstant les frappes aériennes, laisse à penser qu'elles conservent un potentiel de nuisance peut-être pas intact mais encore assez important, et qu'elles pourront aller reconstituer dans des zones refuges sans doute hors du Mali, dans des pays où elles seront sans doute bien accueillies.
A moins que le chef de l'Etat n'ait simplement voulu gagner une petite guerre facile, il faut donc imaginer que les forces françaises sont là pour longtemps, sans doute plusieurs années s'il s'agit de passer la main à l'armée malienne en état de profonde déliquescence. En même temps ne pas régler la situation politique du Sahel (et pas seulement malien) et notamment des Touaregs, car les événements actuels sont bien issus d'une nième rébellion touarègue dans laquelle se sont engouffrés les islamistes par l'intermédiaires d'autres Touaregs radicalisés, rendra la zone particulièrement instable et vulnérable à de nouvelles incursions des islamistes dans l'avenir. Et dans cette configuration la solitude de la France est quelque peu inquiétante. Comme l'absence de communication du gouvernement sur l'après reconquête du Nord-Mali, ce qui ne devrait pas tarder.

jeudi 24 janvier 2013

Affaire Cassez ou l'indépendance de la justice selon les socialistes




L'affaire Cassez enfin se termine et de façon favorable pour l'intéressée. On peut s'en réjouir, s'en désintéresser ou encore se dire que la justice n'y a pas trouvé son compte. Chacun peut se forger sa propre opinion sur le sujet. Quoique le bel enthousiasme unanime doive imposer le silence à ceux qui ont des doutes. La dame est forcément innocente. Pas de sa faute si elle avait de mauvaises fréquentations : peut-on reprocher à quelqu'un les agissements criminels de son compagnon? Pas sa faute si elle n'avait rien remarqué même si les otages étaient retenus sur les lieux où elle vivait. Peut-être une grande naïve qui pensait que son compagnon hébergeait des SDF? Et puis bien sûr, il y a eu cette procédure pas très orthodoxe et ces mises en scène. Et puis cette condamnation à 90 puis 60 ans de prison. La justice mexicaine n'y va pas avec le dos de la cuiller et Taubira ne pourrait faire carrière là-bas. Bon, on ne l'a pas laissée tomber, et après 7 ans d'emprisonnement, elle recouvre sa liberté. Tant mieux pour elle, tant mieux pour ses proches, pour la justice et les victimes de son compagnon, on ne sait pas. Mais puisque en France le doute doit profiter à l'accusé…

Mais on n'aurait quand même pu nous épargner les flonflons, l'accueil par le ministre des affaires étrangères, une réception prochaine à l'Elysée. Pourquoi pas la légion d'honneur pendant qu'on y est?
Mais il est de bon ton de faire du bruit autour de cette affaire. Pour des raisons politiciennes bien entendu. A droite on dira que les efforts ininterrompus de Sarkozy ont enfin porté leurs fruits et à gauche que la méthode Hollande a seule permis une issue heureuse à cette affaire. Une parmi d'autres dont on ne parle pas beaucoup ou jamais. Il parait qu'il y a 2000 français incarcérés dans des prisons étrangères. Et pas toutes fréquentables. On a par exemple Mickaël Blanc condamné à perpétuité en Indonésie pour avoir transporté 3,8 kilos de haschisch. Ça fait 14 ans qu'il est enfermé. Et on ne constate guère d'agitation diplomatique pour lui, ou alors c'est très discret. Les prisonniers à l'étranger c'est un peu comme les otages, il y a ceux dont on vous rebat les oreilles en permanence et ceux qui sombrent dans l'oubli. Il y a peut-être ceux qu'on espère avoir de bonnes chance de faire libérer et les autres. Les lauriers devant suivre.
Dans le cas de Florence Cassez, Sarkozy a marqué un certain acharnement sans doute parfois excessif à la faire libérer. C'est après son départ que la libération a eu lieu. Ce qui ne veut pas dire non plus qu'il a manqué d'efficacité, mais juste qu'il a été remplacé avant l'échéance. D'ailleurs Cassez a-t-elle eu au moins cette élégance de le remercier chaleureusement de ses efforts. Les socialistes de leur côté ont dû en éprouver une certaine amertume, du moins ceux qui ont décidé d'attribuer à Hollande le mérite exclusif de cette libération. Quelle élégance! Mais je vais y revenir. En tout cas les réactions des uns et des autres indiquent clairement le niveau de désintéressement politicien dans ce genre d'affaire.

Mais ce qui est peut-être davantage intéressant c'est ce qu'on ne voit pas, ce qu'on ne nous dit pas, ce qu'on ne sait pas, les dessous de l'affaire. Par chance, un homme a parlé. Et pas n'importe qui! Juste le troisième personnage de l'Etat, celui qui assurera peut-être l'intérim présidentiel, sauf si la droite regagne le Sénat en 2014, quand notre superbissime normalitude aura démissionné, accablée par le poids de sa tâche et surtout par les critiques quelque peu évacuées en ce moment pour cause de conflit armé en terre étrangère. Je veux parler de Monsieur Bel, ci-devant président du Sénat. Lui est bien placé pour savoir et il raconte.
Je passe rapidement sur l'inélégance traditionnelle des socialistes quand il s'agit de dénigrer l'action du prédécesseur à l'Elysée de notre nouveau prince. Selon lui, c'est la méthode Hollande qui a payé et qui tranche évidemment avec celle de Sarkozy. Du classique qui montre qu'on peut arriver jusque dans les sphères supérieures de l'Etat en ayant conservé l'esprit mesquin du militant de base. Mais pas de surprise à ce niveau puisque même au-dessus de lui on se comporte comme cela. Il est le numéro 3.
Non, ce qui est intéressant c'est ce qu'il dit sur cette fameuse méthode Hollande. Tant pis si je heurte ici les nombreux démocrates soutiens du nouveau régime en dévoilant les vérités confiées par Monsieur Bel à la presse.
Tout d'abord il nous explique que Hollande a rencontré le futur président Nieto avant son investiture et que le dialogue a été constructif et que lui-même était présent à la cérémonie d'investiture de ce dernier avec lequel il s'est entretenu en espagnol, précise t-il, peut-être pour nous montrer qu'avec un n°2 parlant allemand et un n°3 parlant espagnol on est particulièrement armé. Mais c'est ce qu'il dit ensuite qui est proprement ahurissant. Soit Monsieur Bel pense que c'est normal, soit il a un neurone qui a dérapé au moment de l'entretien. Je le cite : "trois jours après mon entrevue avec lui, il avait changé deux juges de la Cour suprême. Deux juges ont été exfiltrés, ceux qui étaient particulièrement défavorables à Florence. Nous étions là dans des conditions différentes qui ont permis à la justice mexicaine de juger en droit et en toute indépendance. Nous avons simplement mis fin à une anomalie." Est-ce à dire que les juges "exfiltrés" n'étaient pas indépendants et que ceux "rapportés" l'étaient pour leur part? Enfin on voit là une conception assez particulière, socialiste peut être, de l'indépendance de la justice. Si vous voulez avoir le jugement qui vous convient choisissez les juges qui rendront la sentence qui vous arrange le mieux. La France, par l'intermédiaire de son président et du président du Sénat, aurait ainsi fait modifier par le nouveau président mexicain la composition de la cour suprême afin d'obtenir le jugement qui permettrait de libérer une de ses ressortissantes. C'est extraordinaire et ça en dit long effectivement sur cette conception que peuvent avoir ces gens de l'indépendance de la justice.
Imaginez juste qu'un haut dignitaire étranger déclare un jour : " notre ressortissant ayant été déclaré coupable en appel en France, j'ai organisé une rencontre avec le président Hollande qui m'a dit qu'il allait user de toute son influence pour que le jugement soit annulé en cassation. Et aujourd'hui je suis heureux de vous annoncer qu'il a tenu parole et que notre compatriote est libre."

Le plus drôle, si j'ose dire, c'est que Monsieur Bel insiste sur la discrétion de Hollande lors de cette manœuvre. On comprend cette discrétion. Et il aurait été bien inspiré de son côté de faire preuve de la même réserve.

 

mercredi 23 janvier 2013

Autour d'une photo "glaçante"


"Glaçante", c'est le terme que j'ai pu lire et qui qualifiait cette fameuse photo d'un de nos légionnaires en opération au Mali. Le misérable, pensez-donc, avait couvert le bas de son visage d'un foulard sur lequel était imprimé la partie inférieure d'une tête de mort, ce qui avec ses lunettes anti-sable lui donnait un look d'enfer, si j'ose m'exprimer ainsi. Pour ma part quand j'ai vu cette photo, j'ai regretté que ce genre d'accessoire n'existât pas quand j'étais jeune chef de section, car j'en aurais volontiers équipé mes hommes, histoire de rigoler. Je me serais sans doute fait remonter les bretelles par mon capitaine, bien que j'en ai connu certains qui n'auraient rien dit, mais en tout cas la probabilité que je me fasse prendre en photo par un journaliste était assez faible pour qu'on en reste là. Je ne sais pas ce qui leur prend à ceux-là de vouloir suivre désormais les armées. Je crois que ça a commencé avec la guerre du Golfe, cette manie bien inutile puisqu'ils ne peuvent que ramasser les nonos qu'on veut bien leur laisser. D'ailleurs fort peu s'aventurent là où ça pourrait être dangereux, préférant suivre les événements depuis leur hôtel climatisé. Et c'est tant mieux. Tout ça pour dire que jusqu'à une époque assez récente les militaires avaient leur propre service chargé d'immortaliser sur pellicule leurs actions. Certains noms de ces journalistes de guerre sont entrés dans l'histoire. Je citerai le regretté Pierre Schoendorffer dont quand même pas mal de monde a entendu parler. Le service existe toujours, mais désormais il faut faire avec les éléments rapportés en espérant qu'ils n'aillent pas se perdre chez l'ennemi.

AFP / Issouf Sanogo
 Mais revenons à notre photo. Donc un journaliste de l'AFP qui accompagne les militaire français saisit l'image d'un légionnaire avec le fameux foulard. Il n'y avait sans doute rien d'intéressant à voir et donc l'insolite a du attirer notre reporter qui ne semble pas par ailleurs être un mauvais bougre puisque lui-même désormais essaie de désamorcer la polémique. Il déclare en effet sur le site de l'AFP :
"Je me trouvais aux côtés de militaires français stationnés à côté d'un terrain vague, près de la préfecture de Niono. Un hélicoptère était en train d'atterrir et soulevait d'énormes nuages de poussière. Instinctivement, tous les soldats à proximité ont mis leurs foulards devant leurs visages pour éviter d'avaler du sable. C'était le soir. Les rayons de soleil filtraient à travers les arbres et les nuages soulevés par l'hélico. C'était une belle lumière. J'ai repéré ce soldat qui portait un drôle de foulard et j'ai pris la photo. Sur le moment je n'ai pas trouvé la scène particulièrement extraordinaire, ni choquante. Le soldat ne posait pas. Il n'y a aucune mise en scène dans cette image. Le gars ne faisait que se tenir là, en se protégeant le visage de la poussière, en attendant qu'un hélicoptère se pose. Personne, non plus, n'a tenté de m'empêcher de prendre la photo." Et d'ajouter : "Les soldats travaillent dans des conditions difficiles. Ils avalent des milliers de kilomètres de route, alors ils font ce qu'ils peuvent pour se distraire un peu. Je ne sais pas qui est le soldat au foulard et j'aurais bien du mal à le reconnaître si je le croise à nouveau. Je crois, et j'espère, qu'il sera impossible de l'identifier. Je ne suis même pas sûr qu'il soit au courant de tout ce que les gens racontent sur son dos!" Voilà tout est dit "se distraire un peu".
Lui n'y voyait pas grand mal, ni même de mal du tout. Mais c'était sans compter avec les rapaces du ministère, civils ou militaires, poltrons confirmés, plus rapides au baisser de pantalon qu'au tir sur cibles vivantes. Eux ne manquent jamais de réactivité quand il s'agit de se couvrir, la défense des subordonnés passant loin derrière.

Et c'est donc fissa qu'on charge le porte parole de l'état-major de condamner cette inadmissible atteinte à l'action de la France dans la zone. Dur à entendre de la part d'un ancien du REP. Mais sans doute n'a-t-il pas eu le choix. Et donc ce bon colonel dont les étoiles ne devraient pas tarder à remplacer les cinq barrettes de déclarer : "Cette image n'est pas représentative de l'action que conduit la France au Mali à la demande de l'Etat malien et de celle que mènent ses soldats souvent au péril de leur vie", avant de préciser que le militaire fautif était en cours d'identification. J'ose juste espérer que ce n'est que du pipeau, qu'on va laisser ces gars en paix, façon de parler, cesser de les embêter avec ce genre d'histoire sans aucun intérêt. Reste que cette déclaration est significative de ce que devient notre armée. Le "au péril de leur vie" inscrit dans la citation mérite bien qu'on les traite avec une autre indulgence qua quand ils sont au quartier pour ce genre d'écart.

Et puis j'ai envie de dire à notre porte-parole et surtout à ses commanditaires qu'ils se trompent. Car le foulard en question est tout à fait représentatif de ce que nous faisons au Mali. Et ce n'est pas moi qui le dit mais notre nouveau stratège national, notre Clausewitz à nous, qui est passé de la toumolliitude à une attitude martiale exprimée par des mots très durs qui apparemment et curieusement n'ont choqué personne. Pour être honnête il est rare de se voir confier une mission dans des termes aussi clairs. Voilà ce que disait notre chef des armées à Dubaï lors d'un récent déplacement : "Vous demandez ce qu'on va faire des terroristes si on les retrouvait. Les détruire, les faire prisonniers si c'est possible…"
"Détruire" est une mission claire. Ce n'est pas neutraliser, mettre hors de combat, ces deux expressions n'excluant pas l'anéantissement physique de l'ennemi, mais n'en faisant pas non plus un aboutissement. Quant aux prisonniers, c'est si possible. Ceci dit c'est toujours un lourd fardeau les prisonniers pendant et surtout après. Surtout ceux-là.
Les propos du chef de l'Etat sont donc clairs. Et aussi d'une grande violence. Le foulard à côté, c'est à ranger dans le rayon des farces et attrapes. Même si dans un sens ça traduit assez bien l'état d'esprit du président. Doit-on donc alors punir un militaire qui figure par l'intermédiaire d'une allégorie la volonté de son chef suprême? Moi je ne pense pas.

Et puis, avant de sanctionner le militaire en question, mais aussi son chef de groupe, son chef de peloton et éventuellement son commandant d'unité, lesquels n'auront ni suffisamment briefé leurs subordonnés sur la bonne attitude à avoir, ni contrôlé leur tenue, peut-être faudra t-il se poser la question de l'impact que ça pourrait avoir sur le moral de la troupe. Et il ne sera pas négligeable, ce qui en tant de conflit n'est pas forcément souhaitable.

dimanche 20 janvier 2013

Orange mécanique


On se souvient de ce film de Stanley Kubrick sorti au milieu des années 70 et qui nous décrivait les péripéties du jeune Alex, grand amateur de Beethoven, chef d'une bande de délinquants hyperviolents jamais économes des coups portés à leurs victimes de rencontre et ne dédaignant pas de temps en temps de commettre un viol. Le film fut très controversé, certaines de ses scènes furent soumises à censure. Ce genre de chose ne pouvait pas exister. Et pourtant…
Et pourtant ce n'est pas ce que semble nous dire un jeune journaliste, Laurent Obertone, qui après avoir épluché statistiques et faits divers, après avoir interrogé membres des forces de l'ordre et victimes, en vient à des conclusions assez effrayantes pour oser donner à son livre le même titre que celui du film de Kubrick. " La France Orange mécanique".

Evidemment je n'ai pas lu encore le livre, sorti il y a à peine quelques jours et non encore disponible dans les bonnes librairies péterbourgeoises où les rayonnages consacrés aux livres en langue française font très pâle figure par rapport à ceux où l'on trouve les ouvrages en langue anglaise ou allemande. Et dire qu'il y a un siècle, le français était parlé couramment par les gens distingués ou tous ceux qui voulaient s'en donner l'air et qui étaient sans doute les plus nombreux! Peu de chances également que je le trouve à la médiathèque de l'Alliance française dont les liens avec le ministère des affaires étrangères sont sans doute trop étroits pour que certaines publications n'allant pas dans le sens du vent puissent être diffusées à l'étranger. Je remarque en plus que bien que les inscriptions aient augmenté de 100% cette année, les nouvelles publications se font de plus en plus rares. Le rayonnement de la culture et de la langue françaises dans le monde ont sans doute un prix trop lourd à payer en ces périodes de disette. Je devrai donc attendre quelques mois pour me procurer l'ouvrage en question. En attendant j'ai lu plusieurs recensions du livre et écouté une émission radiophonique qui lui était consacrée. L'éditeur ayant accepté de publier ce brûlot étant un très petit éditeur, faute de pouvoir trouver mieux de la part de l'auteur sans doute, car il est des sujets dont se méfient les soi-disant diffuseurs d'idées, du moins ce qu'ils prétendent être, la promotion en a donc été assurée par son unique contenu qui n'a pas manqué d'alerter certaines personnes qui soit sont en phase avec les propos de l'auteur, soit éprouvent naturellement une répulsion à ce genre de prose.

Quelles sont donc les thèses de l'auteur?
Le premier constat qu'il fait est que depuis longtemps les chiffres officiels de la délinquance et de la criminalité sont sous évalués. Et pas qu'un peu. Ces chiffres officiels s'appuient sur les plaintes enregistrées par les forces de l'ordre uniquement. Elles ne prennent donc pas en compte tous les faits d'insécurité qui ne sont pas déclarés par les victimes et qui seraient en nombre exponentiel. Par exemple, on estime que seul un viol sur dix fait l'objet d'une plainte. Donc en s'appuyant sur les statistiques de l'office national de la délinquance et des réponses pénales, il donne des chiffres assez inquiétants : chaque jour il y a en France près de 6000 atteintes aux bien, 1300 atteintes à l'intégrité physique, 200 viols, 1000 escroqueries économiques et infractions financières, 470 véhicules détruits ou dégradés, 330 violences physiques crapuleuses, 100 incendies volontaires de biens privés… Chaque jour en France! L'auteur affirme que les chiffres ont été validés par Manuel Valls. Taubira a gardé le silence.
Toutes les formes de délinquance ont explosé à commencer celles commises par les mineurs et les mineures qui ne sont pas en reste. Et vive la parité! Et le sordide est souvent au rendez-vous. L'ouvrage, parait-il, est largement alimenté par la relation de faits de cet ordre.

Si les chiffres sont dévalués par les autorités successives, il en va de même des médias qui sous-estiment (volontairement?) la violence quotidienne. Parce que, selon une explication de Xavier Raufer, c'est anxiogène et donc mauvais pour la publicité, donc on minore pour ne pas effrayer les annonceurs. Et puis aussi parce qu'il semblerait qu'il n'est pas très bien considéré de relater les méfaits commis par les minorités, ou la diversité si on préfère. Là on tait les noms, ce qui permet d'ailleurs de savoir à tous les coups qu'il ne s'agit pas d'un Français de souche, ou plus simplement l'information.
Et comme les minorités, selon l'auteur, moi je n'oserais pas, sont à la pointe de la délinquance, évidemment beaucoup de choses passent à la trappe.

Car l'auteur ne se contente pas d'un simple constat de la délinquance et de sa sous-évaluation volontaire. Il en cherche les causes. Et là il sort des poncifs classiques de nos belles âmes qui corrèlent la délinquance à la pauvreté. Si c'était vrai la Creuse, le Cantal et le Lot seraient à feu et à sang. Or, ces départements qui ont le PIB le plus bas de France ont aussi les taux de criminalité et de délinquance les moins élevés. Par contre "l'Essonne, le Val-de-Marne ou la Seine-et-Marne, beaucoup plus riches, beaucoup plus entreprenants, et aussi, beaucoup plus subventionnés", ont un taux de criminalité très élevé. L'auteur rejoint donc là d'autres études, bien rares, car leurs auteurs savent ce qui les attend en retour de telles conclusions. Assez récemment Hugues Lagrange, chercheur (plutôt de gauche) auprès du CNRS, et auteur du "déni des cultures" en a fait les frais. N'est-il pas honteux de supposer et surtout démontrer que la criminalité et la délinquance peuvent avoir des causes culturelles? C'est d'autant plus facile de nier la réalité que les statistiques ethniques sont interdites en France, officiellement.
Mais notre auteur, peu impressionnable sans doute, n'hésite pas à faire ce rapport, liant sans honte aucune insécurité et immigration. Peut-on lui donner tort quand si on fait une photo de la population dans les prisons françaises?

Et puis bien sûr, il ne manque pas de relever la faillite de la justice.
Il dénonce cette idéologie dont l'icône actuelle est notre ministre de la justice qui rejette la prison comme solution à la délinquance. Mais sans rappeler que depuis pas mal de temps déjà, la prison devient l'exception ou presque. Par idéologie, ou simplement par pragmatisme, parce que le nombre de places en prison est insuffisant et que ça coûte cher d'en construire. 60000 places de prison, et 80000 peines de prison prononcées et non exécutées. Selon la loi de 2009, en dessous de deux ans on "passe l'éponge", du moins on n'enferme pas, sauf exception. Il en résulte un sentiment d'impunité chez les délinquants qui après avoir été interpellés après un certain nombre de délits, parfois important, on dépasse très souvent la dizaine, sans jamais avoir vu autre chose qu'une cellule de garde à vue, se sentent autorisés à continuer leurs petites affaires, en allant souvent crescendo. Il faut également noter le lien qui existe entre le nombre de refus de déposer plaine et des jugements estimés bien trop indulgents. Pourquoi perdre son temps, et même parfois prendre des risques en représailles de votre plainte quand vos agresseurs ne risquent rien.
Les mineurs qui sont de plus en plus nombreux en délinquance doivent bénir Taubira qui a supprimé les tribunaux correctionnels spéciaux pour certains d'entre eux. Entre 12 et 18 ans, certains d'entre eux ont le temps de se former sans aucun risque ou presque pour eux.
Il manque donc beaucoup de places de prison, mais l'auteur estime qu'à long terme, malgré le coût ça devient rentable économiquement de construire de nouveaux établissements pénitentiaires. Par ailleurs, partant du fait que les auteurs de délits se retrouvent dans une part très minoritaire de la population, en écartant ceux-ci de la société pendant un temps normal et en rapport avec la gravité de leurs actes, en plus de leur faire comprendre que le laxisme c'est terminé, on diminuera mécaniquement les taux de délinquance. Ça se tient.

J'entends déjà aboyer la meute prétendant que ce genre de livre fait le jeu du front national. L'auteur répond à cette accusation qu'il attend évidemment, tellement c'est classique, en tentant de montrer que la politique proposée par le FN ne résout absolument rien (il parle de gauchisme social), et en rappelant que cacher une réalité que beaucoup peuvent observer au quotidien apporte sans doute plus d'électeurs au FN que la prise en compte lucide et franche de la vérité.


 

mercredi 16 janvier 2013

Tour d'horizon



 
Je parlerai successivement et de façon brève, si je peux, du mariage pour tous, de l'accord national interprofessionnel, de la réforme des retraites et de l'intervention au Mali.

Donc dimanche dernier s'est déroulée la grande manifestation contre la future loi concernant e mariage pour tous et l'adoption homoparentale, un recul ayant été enregistré en ce qui concerne la PMA. Ce fut en effet une grande manifestation. Disons 600000 participants avec une marge d'erreur de 250000, ce qui est quand même une grosse marge d'erreur qui permet de s'interroger sur les méthodes de comptage ou sur l'honnêteté de ceux qui diffusent les chiffres. Passons. Les quelques photos aériennes que 'ai pu voir, à moins qu'elles aient été retouchées ou concernent un autre événement sont significatives du succès de cette manifestation. Ce qui fut d'ailleurs reconnu par l'Elysée.
Et alors quoi? Eh ben rien. Quand intimidé par les maires de France notre chef vénéré que j'adore, leur reconnut le droit d'exercer une clause de conscience, c'est-à-dire le droit de ne pas célébrer les mariages homos si ça heurtait leurs convictions, dès le lendemain étaient reçus à l'Elysée les associations LBGT qui à leur tout intimidèrent notre vénéré président que j'adore et le firent exécuter le pas de danse qui est son préféré. Le collectif qui s'est mis à la tête de la croisade anti-mariage homo ne bénéficiera pas de ces égards. Peut-on imaginer que les conseillers de l'Elysée aient posé leur veto, craignant qu'une fois de plus notre glorieux président se montre intimidé et remise son projet?
C'est fort possible, notre chef à tous démontre une telle force de caractère qu'il faut parfois le réfréner dans ses tentations d'aller de l'avant.
Le projet de loi a donc de bonnes chances de passer. Il n'y aura pas de referendum. On n'ose même nous faire croire que ce serait anticonstitutionnel. Pourtant, je cite "Le Président de la République […]peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la Nation". Quand d'aucuns, ministres en tête parlent d'évolution sociale majeure quand ils évoquent le sujet, il me parait évident que ce dernier peut être soumis au peuple. Et s'il se trouvait que tous les constitutionnalistes abondent dans le sens du gouvernement ça vaudrait dire qu'il faut dare-dare réformer cet article 11, car si un changement fondamental des structures familiales ne concerne pas les citoyens, on se demande ce qui pourrait les concerner.

Passons à ce fameux accord national interprofessionnel qui illustre, dit-on, le succès de la méthode Hollande. On commencera par dire que deux syndicats et pas des moindres, puisqu'il s'agit de la CGT et de FO, n'ont pas signé l'accord et que celui-ci quand il devra être transformé en loi va certainement impliquer des joutes oratoires intéressantes à l'Assemblée. Pas entre le PS et la droite, mais entre le PS et sa gauche, voire son aile gauche. Car cet accord, jamais la droite n'aurait espéré pouvoir l'obtenir sans voir le lendemain de sa signature défiler ceux qu'on avait l'habitude de voir quand Sarkozy dirigeait ce pays, enfin pas là puisque c'était un samedi je crois, donc le jeudi suivant car il faut bien le vendredi pour récupérer d'une manifestation.
Prenons l'article 18 du texte, prévoyant la mise en place d'
« accords de maintien dans l'emploi ». Celui-ci prévoit que peuvent être arrêtés «des accords d'entreprise permettant de trouver un nouvel équilibre, pour une durée limitée dans le temps, dans l'arbitrage global temps de travail / salaire / emploi, au bénéfice de l'emploi. » Ce qui veut dire en clair que l'employeur peut faire varier le temps de travail et diminuer les salaires en contrepartie de la garantie de l'emploi sur une période donnée dont, sauf si ça m'a échappé, il n'est pas fixé de limite supérieure en durée. Le salarié récalcitrant peut être licencié illico pour motif économique sans recours possible aux prud'hommes. C'est anticonstitutionnel, mais c'est dans l'accord quand même. Donc s'il n'y a pas de saisine…
Personnellement, cette flexibilité m'agrée, bien que j'aimerais en voir préciser quelques limites. Mais je me dis quand même qu'il fallait que ça vienne d'un gouvernement de gauche pour que ça puisse passer. Comme quoi l'alternance peut avoir ses utilités. Quant à ceux qui se trouvent à la gauche ou à gauche du PS, ils pourront avec profit se concentrer sur le mariage pour tous pour se persuader qu'ils sont bien dirigés par un gouvernement de gauche. On comprend pourquoi notre vénéré président s'arcboute sur ce dernier projet de loi, dusse-t-il se mettre une autre partie de la population à dos.

La réforme des retraites maintenant. On n'en sait pas grand-chose, sinon rien. Sauf quelques pistes.
Mais avant d'en parler, je trouve quand même bien qu'enfin la gauche ait à se pencher sur les retraites. On se souvient que Jospin s'était dérobé à la demande du premier secrétaire du PS de l'époque (devinez qui?) à cause des élections de 2002. Le problème fut donc repoussé et les élections perdues. Mais là il y a urgence, encore une fois, les réformes précédentes n'ayant pas été suffisamment profondes. Faut dire qu'avec les mouvements contestataires soutenus par le PS, les gouvernements Raffarin et Fillon n'ont sans doute pas pu aller là où ils auraient dû et ses sont contenté de colmater quelques brèches en attendant… en attendant peut-être que la gauche s'y colle puisque cette qualité ou cette prétention de s'affirmer ainsi suffi à faire passer quelques pilules bien amères.
Parmi les pistes évoquées on parle de l'annulation de l'alignement de la revalorisation des retraites sur l'inflation. L'inflation officielle bien sûr sans doute calculée sur l'évolution du prix du manche à balai en bois. La mesure est quasiment actée pour les retraites complémentaires. Le MEDEF a su imposer ses vues. Et par voie de fait, pourquoi pas, c'est Cahuzac qui le dit cette fois, pas Parisot, le régime de base? Oui, pourquoi pas? Mais faudra quand même bien les indexer sur quelque chose, les retraites, sinon celui qui a 1000€ mensuels actuellement n'aura plus qu'à demander à bénéficier d'un suicide assisté dans moins de 20 ans tellement sa vie sera devenue impossible.
De mon côté, je pense qu'il n'est pas forcément logique d'indexer les retraites sur l'inflation. C'est décorréler les retraités de l'état économique de la nation. Je verrais, mais je crois que c'était le cas auparavant, une indexation sur l'évolution des salaires, les fonctionnaires voyant leurs retraites indexées sur l'évolution de la valeur du point d'indice. C'est une mesure qui me parait plus juste même si par les temps qui courent elle pénalise les retraités par rapport à une situation qui ne va pas durer, à priori.

Terminons-en avec l'intervention au Mali.
Je pense qu'elle était nécessaire vu l'urgence, même si elle ne suffira pas à régler le problème lié notamment au sort qu'on voudra bien faire aux Touaregs. C'est une opération de type classique qu'on connaissait bien jusque dans les années 80 quand on intervenait de cette manière quand par exemple les Libyens s'enfonçaient dans le Tchad poussant devant eux leur fantoche du moment qu'on soutiendrait peut-être l'année suivante quand ils en auraient changé eux-mêmes. On est dans le cadre de la françafrique, donc dans la continuité. On défend nos intérêts. Inutile de faire d'autres discours.
Ce qui est intéressant c'est de voir avec quel entrain nos alliés nous emboitent le pas. Tous ils applaudissent à nos futurs faits d'armes, mais sans songer un instant à en tirer une parcelle de gloire pour eux-mêmes. Tout ça nous montre bien dans quel état se trouve l'Europe actuellement dont l'action se focalise uniquement sr les problèmes économiques et financiers. Pas plus de politique étrangère commune qu'il y a 10 ans quand la guerre en Irak commençait, même si on a placé une brillante lady à la tête de la diplomatie européenne. Et évidemment pas davantage de défense européenne.
Mais par ailleurs, je me pose quand même la question de savoir si ce manque d'empressement n'est pas la monnaie d'une pièce, d'une pièce qui est en train de ce jouer. Pourquoi alors qu'on les a abandonnés en rase campagne en Afghanistan, nos alliés qui s'y trouvent encore pour un an, s'empresseraient-ils à nous donner un coup de main et à partager le fardeau financier.

Voilà, c'étaient 4 sujets d'actualité vus de façon très aérienne. Quelqu'un a vu la marque de la gauche là-dedans, mis à part le premier évidemment qui mérite donc qu'on s'y accroche.

vendredi 11 janvier 2013

Socialie en vrac, exécutif en vrille



Alors que se prépare la grande manifestation contre le mariage homosexuel, alors que les chiffres du chômage ne cessent de se dégrader, alors que de plus en plus de Français choisissent l'exil et pas seulement les riches, car bien plus nombreux sont ceux qui veulent entreprendre, ceux qui veulent valoriser leurs diplômes,…, en fait les vraies chances pour la France de demain découragées par tant de taxes, découragées par tant de haine surtout, alors que tout part en jus de boudin, il n'est pas anormal de constater que la cote de notre exécutif continue sa vrille plongeante. D'après un dernier sondage CSA, ce sont 62% des Français qui ne font pas confiance au chef de l'Etat. Seuls 35% lui font confiance, tandis que pour le premier ministre on tombe à 33. Encore quelques semaines, et autour de notre pitoyable couple exécutif ne restera plus qu'un dernier carré de fidèles. Un remake de Waterloo, sauf que Hollande n'est pas l'Empereur, loin s'en faut, et que le dernier carré ressemble davantage à une bande de cloportes qu'aux fiers grenadiers de la garde.

Pour reprendre l'allégorie de Waterloo, tandis que l'Empereur recherchait le boulet ou la balle qui allait mettre un terme à son épopée, ce qui aurait hélas gâché la légende, Hollande lui, se méfie. L'homme a peur. Preuve en est la cérémonie obligée, car j'imagine que l'un comme l'autre s'en seraient volontiers passés, des vœux aux forces armées. Ça se passe à Olivet, près d'Orléans au sein du 12ème Régiment de Cuirassiers. La prise d'armes organisée pour rendre les honneurs dus au chef de l'Etat (es fonction) se fait sans armes. Enfin presque. Car un fusil sans percuteur, comme un pistolet sans platine sont aux armes ce qu'est le Canada dry au whisky. Ça en a l'apparence mais ça s'arrête là. Et bien c'est ce qui s'est passé ce jour là : les percuteurs des Famas et fusils mitrailleurs ainsi que les platines des pistolets sont restés à l'armurerie. Des fois qu'un homme en kaki, voire une femme, se soit assigné la mission de nous priver d'une présidence si remarquable. Ou alors des fois que l'armée ait décidé de fomenter un putsch. Sait-on jamais. Jamais vu ça en 30 ans de carrière. Pourtant des présidents j'en ai vu auxquels j'ai rendu les honneurs. Trois. Même Mitterrand qui aurait dû être échaudé par l'attentat contre lui commis à l'Observatoire ne s'est pas abaissé à ça. Peut-être apprendra-t-on que ce jour là la cravate était droite parce qu'en kevlar. Non mais! Vous vous rendez compte.
C'est vrai que les militaires après quelques mois peuvent avoir une dent contre le pouvoir actuel qui a fait porter l'essentiel de l'effort de réduction des dépenses sur la défense, qui a bloqué les recrutements prévus et diminué d'un tiers les tableaux d'avancement, eh oui déjà tout ça en si peu de temps, et que le discours "rassurant" prétendant que l'armée ne serait pas la variable d'ajustement préférée du pouvoir (elle l'a été de tous les pouvoirs depuis longtemps), ils n'y ont pas cru une demie seconde. Mais de là à assassiner le chef de l'Etat, il y a quand même une marge que je ne vois personne franchir. Et puis qui voudrait offrir à notre président un rôle de martyr. Ça se mérite, seuls les hommes d'envergure ont droit à cet ultime "honneur". Mais là…. Quant au putsch, ce serait du délire. L'armée est sans aucun doute l'institution la moins politisée de notre pays. Il n'y a vraiment aucune crainte à avoir de ce côté-là.
Pourtant Hollande a peur. Et ça, ça devrait nous faire peur. Car qu'attendre de quelqu'un qui vit dans la crainte permanente d'être la cible des mécontents alors qu'il y en a tant et de plus en plus?

En attendant il verrouille et essaie de satisfaire quelques mécontents.
Il vient de nommer à la tête du CSA Mr Schrameck, haut fonctionnaire, issu du Conseil d'Etat et accessoirement ancien chef de cabinet de Lionel Jospin quand celui-ci était premier ministre. Donc un très proche politiquement. Alors certes, ce n'est pas une nouveauté, le précédent d'ailleurs, nommé par Chirac, ayant exactement le même profil seul le nom du premier ministre ayant changé. C'est devenu depuis longtemps une habitude de notre République qui d'ailleurs peut se comprendre. Reste que Hollande nous avait promis qu'il romprait avec cette habitude, et prendrait en compte les compétences des gens avant leurs idées politiques, les deux n'étant pas d'ailleurs incompatibles. Mais Monsieur Schrameck, sans doute un homme de grande valeur, ne semble n'avoir aucune compétence particulière dans l'audiovisuel. Promesse non tenue donc et mise en place d'un homme sûr politiquement à un poste-clé. Verrouillage.

Mais une autre histoire du même genre, même si le poste en question n'a aucune réelle importance, on pourrait même dire que le poste et l'officine qui va avec sont de ces machins qu'on invente pour caser quelques personnes "méritantes", enfin quelques copains, le conseil économique et social et désormais environnemental en plus, si je me souviens bien, ne suffisant pas à cela.
Nous avons donc un ancien député socialiste, Monsieur Serge Blisko qui a été nommé en aout dernier président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), un truc dont l'utilité apparait sans doute clairement aux yeux de chacun.
Monsieur Blisko donc était député jusqu'en juin de l'année dernière. Ila perdu son siège non pas parce qu'il a été battu, se serait-il représenté qu'il l'emportait sans problème, mais parce qu'il a dû céder sa place à un écolo dans le cadre des accords électoraux entre les PS et les verts. Vous savez ces accords où Aubry a dézingué un maximum de proches de Hollande pour offrir leurs postes aux verts, sans que Hollande fasse rien évidemment, terrorisé qu'il était par la mère tape-dur (c'est de là que vient le danger, pas des militaires). Blisko sacrifié donc a un temps envisagé une candidature dissidente. Il a donc fallu le faire renoncer, et donc sans doute lui faire quelques promesses. Enfin peut-être, c'est une supposition, hein. Et même je n'y crois pas, ça ne se passe pas comme ça au PS; pas possible, des gens si vertueux. Et notre normalitude ne s'abaisserait jamais à ça lui qui a déclaré que son comportement serait toujours exemplaire. Donc grâce à ses compétences remarquées, Monsieur Blisko s'est retrouvé en aout propulsé à la tête de la Miviludes, poste bien modeste puisque sa rémunération n'est que de 1800 euros par mois, peut-être calculée sur son utilité. Enfin ça c'était jusqu'à hier ou avant-hier. Car brutalement, la rémunération a été portée à 4000 euros, soit une augmentation de 122%, ce qui en ces temps difficiles pour tous est la preuve que quand on veut on peut s'en sortir.
Explication officielle: le prédécesseur de Monsieur Blisko était haut-fonctionnaire et recevait donc son salaire de la fonction publique en plus de ces 1800 euros. Lui n'étant pas fonctionnaire (il était médecin dans le temps) ne bénéficie pas de ce cumul. Il s'agit donc d'un réalignement même pas complet car le prédécesseur touchait 30% en plus au total.
Objections de ma part : c'est la première fois que je vois un poste dans un organisme sous tutelle de l'Etat dont la rémunération est fixée en fonction de la situation personnelle du titulaire. Par ailleurs Monsieur Blisko, d'après sa fiche Wikipédia, est adjoint au maire du XIIIème arrondissement de Paris, président du conseil de surveillance du centre hospitalier Sainte-Anne, et président du Conseil d'administration de la Fédération hospitalière de France d'Île-de-France. Je doute que ces activités soient exercées de manière bénévole. Mais cerise sur la gâteau, mais plutôt qu'une cerise c'est une pastèque, Monsieur Blisko a été député pendant 18 ans, et ayant 63 ans donc ayant atteint l'âge de la retraite (60 ans pour les parlementaires) perçoit à ce titre environ 5500 euros mensuels. Ce qui compte tenu de toutes ses autres activité le mène sans doute au-delà de 10000 euros par mois. Pas mal, hein! Mais reconnaissons que cette augmentation de 2200 euros est sans doute méritée. On ne baisse pas son pantalon, pardon on ne s'efface pas pour donner la place à un vert, sans compensation quand on est proche de notre irréprochable président.

Tout va bien en socialie. Les copains profitent bien. Et feront rempart de leur corps pour protéger leur grand chef si le besoin s'en fait sentir.

jeudi 10 janvier 2013

Evolutions sociétales


La lecture hier d'un commentaire hier au sujet du mariage pour tous m'a inspiré ce billet. Le commentaire, pour résumer très vite, faisait part d'une nécessaire évolution de notre société française, déjà bien en retard par rapport à d'autres, au moins dans ce domaine, mais dans d'autres aussi si j'ai bien compris, par rapport à certains de ses voisins. La chose était donc considérée comme un progrès, et la loi une évolution bénéfique.
Certes on peut le voir comme cela. Enfin certains. Je me suis largement exprimé sur le sujet pour qu'on comprenne que ma préoccupation n'est pas que des homosexuels s'unissent de manière formelle, mais qu'ils puissent prétendre fonder une famille avec des enfants. Les homos et leurs modes de vie ne m'intéressent pas. Ils voulaient initialement le droit à l'indifférence et avec moi, c'est gagné. Par contre le sort des enfants m'importe. Mais je n'y reviendrai pas, les choses ayant été dites depuis longtemps à ce sujet.

C'est d'autres évolutions sociétales dont je voulais parler.
En fait un fait divers récent a retenu mon attention. Je veux parler de cette vieille dame de 94 ans virée de sa maison de retraite pour être jetée tel un encombrant à la poubelle, aux urgences les plus proches du domicile de l'un de ses enfants absent et donc pas en mesure de la recueillir.
Ça fait réfléchir. D'abord parce que certains d'entre nous deviendront peut-être vieux et atteindront cet âge. J'allais dire que c'est tout ce que je leur souhaite. Mais là je m'avance un peu. Car ce genre de fait divers rappelle que la solidarité intergénérationnelle, sauf quand elle est imposée par la loi, n'est pas ou plus une caractéristique de notre société, mais ça c'est une banalité, mais surtout il nous fait prendre conscience que la vieillesse de beaucoup ne sera ni heureuse, ni paisible et que les conditions de fin de vie de beaucoup de gens risquent de ne pas être des plus enviables. Car quand on commence à entendre les prix d'une vieillesse dans des conditions dignes, mais vraiment pas plus, on comprend que ce n'est pas à la portée de tout le monde. Si on se réfère à ces chiffres on se dit qu'à moins de 3500 ou 4000 euros par mois, un couple de vieux ne peut espérer avoir un refuge décent pour ses vieux jours. Et à ce tarif là on n'est pas dans le luxe, loin de là. Or combien de nos retraités touchent de pareilles sommes? Certes il y a les enfants, contraints, je dis bien contraints, par la loi de subvenir aux besoins de leurs parents, mais reste que beaucoup, au regard des possibilités de chacun, le compte est loin d'y être. Donc ça fait peur, au moins pour ceux qui peuvent considérer que vieillir ne sera peut-être pas une chance pour eux, mais une calamité dès lors que leurs jambes commenceront à refuser de les porter, dès lors que leur autonomie sera remise en cause.
Oui ça pose un problème et les réponses apportées ne me semblent guère à la hauteur. On parle de chantier sur la dépendance suivi d'une loi forcément grande, mais on ne voit rien de bien concret venir. Ce qui fait que ceux qui font de la vieillesse un business, et là je pèse mes mots, car j'en ai connu et je n'ai pas décelé chez eux la moindre once d'altruisme ont encore de beaux jours devant eux, d'autant plus que la demande ne risque pas de se tarir. Et ceux-là continueront à virer des vieilles dames. C'est la logique du business.

Je voudrais mettre ça en parallèle avec d'autres évolutions sociétales forcément bien accueillies. Prenons par exemple l'avortement gratuit pour toutes. Une prime à l'irresponsabilité qui transforme donc l'avortement en moyen de contraception. C'est beau, c'est grand, penseront certains. Voilà une évolution sociétale qu'elle est bonne, allant dans le sens des désirs exprimés par la société. Il y a environ 250000 avortements en France chaque année. Certes je ne peux pas distinguer de ceux qui ressortissent de l'avortement thérapeutique ou à des circonstances exceptionnelles, des autres. Mais je me permets de penser que ceux-là sont les plus nombreux. Multipliez leur nombre par 500 euros et voyez combien de jours en maison de retraite on peut assurer avec cette somme. Mais les priorités ne semblent pas définies ainsi. Prime à l'électorat potentiel. Les vieux ça ne vote guère, et souvent ça vote mal. Néanmoins notre mamie de 94 ans aura eu cette chance avant de mourir d'avoir pu bénéficier de cette avancée, en tant que femme. Et ça, j'imagine que ça compte.
On pourrait aussi parler de ces nuitées d'hôtel payées à grands frais par nos impôts à des gens qui n'ont rien à faire en France puisqu'ils y sont entrés illégalement. Et aussi de l'AME, cette fameuse aide qui profite aux illégaux sur le territoire contre laquelle je n'aurais rien si elle était circonscrite à des soins nécessaires et n'était pas détournée par des gens malhonnêtes avec la complicité de praticiens peu scrupuleux faisant leur beurre de cette façon (Marius pourrait en parler je crois, au moins dans son domaine). Ça coûte combien tout ça à la collectivité? Combien de jours en maison de retraite?
Je n'ajouterai pas à ce bilan nécessairement incomplet la PMA qui sera sans doute offerte à toutes les femmes, même si elles n'ont aucun problème de fertilité, dans le cadre des avancées sociétales sur la famille. Tout cela sans doute suivi dans un souci d'égalité par une participation de l'Etat à la GPA qui finira bien par être autorisée pour les hommes et même les femmes qui ne veulent pas abîmer leur joli ventre. Combien d'argent tout ça qui aurait pu aller aux bénéfices de nos vieux.
De fait comme on a l'habitude de sectoriser les choses, on finira bien par le répondre que ça n'a rien à voir, que ce ne sont pas les mêmes caisses, de toutes façons toutes déficitaires. Mais c'est quand même de l'argent public et à vocation sociale et médicale. C'est donc juste une question de priorités.

Ah, mais oui, j'allais oublier! On y pense à nos vieux, et aussi à nos malades en très mauvais état. On se demande comment on va faire pour les faire mourir dans la dignité. La fin de vie dans la dignité, on appelle ça. Mais la fin de vie, ce n'est pas seulement les derniers instants, ce sont aussi les dernières années, celles où l'avenir n'existe plus vraiment. Et ce ne sont pas que quelques jours. Ça peut-être des années. Jeanne Calment a eu une fin de vie très longue.
Je dois avouer que ces réflexions sur la fin de vie m'inquiètent. S'agissant de la toute fin de vie, pour être précis, la loi Léonetti m'apparaissait claire et sensée. Maintenant qu'on remet ça sur le tapis, je me demande si derrière il n'y a pas d'autres enjeux que la dignité qui sont présents. Parce que la fin de vie, les derniers jours, coûtent effectivement très cher.
Mais vous me direz que ça n'a rien à voir avec les maisons de retraite. Oh que si! Car comme le disait Alphonse Allais "quand on a dépassé les bornes, il n'y a plus de limites". Quand on discutait le PACS à l'assemblée il y a une bonne dizaine d'années, on promettait que ce n'était surtout pas une étape vers le mariage homo et la construction de familles homoparentales, mais que c'était un aboutissement. Guigou qui portait le projet l'avait affirmé. On voit ce qu'il en est advenu de cette promesse. Et donc peut-être qu'un jour, pas maintenant, même si je suis persuadé que certains esprits y sont préparés, mais plus tard, ce n'est pas la possibilité de finir ses jours décemment qui se monnaiera, mais simplement la possibilité de vivre dès lors qu'on sera devenu un fardeau pour la société, et aussi les siens.

vendredi 4 janvier 2013

Démocratie française


Quelques uns se sont émus des derniers propos de Depardieu du l'état de la démocratie russe qualifiée en l'occurrence de grande. Evidemment comme aucun de ceux-là ne s'est tenu informé des réalités politiques de la Russie, de la perception de la politique par les Russes, et n'a sans doute jamais mis les pieds en Russie, on peut mettre ça sur le dos de leur ignorance qu'ils ont tenté de compensé par ce qui se raconte dans nos médias et qui me fait souvent soit bien rigoler ou m'énerver selon l'humeur du jour tant cette information est orientée. Par exemple, en 2008, quand démarrait la crise, j'ai appris par la correspondante locale du Figaro que je faisais la queue dans les magasins pour me ravitailler en produit de première nécessité. Comme je ne l'avais pas remarqué, j'au donc dû m'y résoudre.
Certes je ne reprendrai pas les propos de Depardieu sur l'Etat de la démocratie russe, mais ceux qui le critiquent sont au moins aussi loin de la réalité que ce dernier. Quant à vouloir projeter notre système, du moins son aspect théorique, car au niveau de la pratique la France est loin d'être exemplaire, c'est aussi montrer une forte ignorance des réalités d'un pays finalement très peu connu.
Mais comme l'indique le titre de ce billet, ce n'est pas sur ces réalités que je veux vous éclairer, et d'ailleurs je pense que ce serait vain tant les préconçus à ce sujet sont puissants, mais sur quelques aspects de notre système démocratique que devraient sans doute nous envier tous les peuples de la planète. C'est vrai, après tout, le pays de la grande Révolution, des droits de l'homme et tout et tout, ça devrait faire rêver les autres. Sauf que la réalité n'est pas vraiment sur le modèle de cette image d'Epinal.
Je pourrais parler du système représentatif à la française qui est une prime au vainqueur, je pourrais parler de la très faible utilisation du referendum qu'on préfère remplacer par un processus législatif simple, ou plus complexe quand il y a nécessité de modifier la Constitution. Ainsi par exemple, au sujet du mariage pour tous, mesure phare de ce gouvernement sur laquelle depuis que tout le monde a enfin compris que ça ne s'arrêterait pas là, mais remettait en cause la structure même de la famille sans que l'intérêt des enfants ait été jamais envisagé, c'est le parlement qui passera en force alors qu'il semblerait qu'une majorité de Français soit favorable au referendum. Et si la majorité qualifiée avait été réalisée, c'est le Congrès réuni à Versailles qui aurait entériné le vote des étrangers auquel une majorité de Français est hostile. Sur ce type de sujets pourtant fondamentaux, on ne peut que remarquer que le peuple est délibérément écarté du processus décisionnel. Démocratie parfaite? Certes on pourra me répliquer qu'une démocratie représentative ne peut être parfaite, reste que, alors que la Constitution le permet, il est regrettable de ne pas demander l'avis du peuple sur certains sujets fondamentaux, comme les deux que je viens de citer : la famille et la citoyenneté, deux piliers de notre société.
Je pourrais parler de la fonction publique, dont il apparait que les gouvernements successifs doutent assez de la neutralité pour en remplacer après chaque alternance les éléments-clé. Je pourrais parler de la justice rendue "au nom du peuple français" dont on se rend compte de plus en plus qu'il ne se reconnait pas dans les verdicts rendus par les juges. Je pourrais parler des effets délétères de la décentralisation avec l'avènement d'une classe de notables locaux avec le clientélisme associé et qui grève les finances publiques. En fait il y a tant de choses à dire sur le fonctionnement de notre démocratie qu'on peut se demander si ce régime est finalement meilleur que d'autres. Certes il respecte certaines formes qui peuvent le rendre préférable. Mais ces formes maquent aussi par leur caractère insidieux certaines dérives comme, en particulier, une restriction du droit d'expression. Eh oui, notre démocratie ne connait pas ce fameux premier amendement américain qui permet de tout dire, et par la mise en place d'une série de lois assez vagues pour y coller différents propos qui pourraient paraitre anodins ou qui pouvaient paraitre anodins à une certaine époque pas si éloignée, car en même temps se livre un travail sur les esprits forgeant une image de ce qu'est la pensée autorisée, ou du moins la bonne façon de pensée, donc par la mise en place d'une série de lois dont en particulier les lois mémorielles, on met en danger la libre expression. Chacun peut désormais à case de propos publics banals, mais envisageant par exemple une menace, se retrouver devant un tribunal pour incitation à la haine, homophobie ou je ne sais quoi. D'ici peu, j'en suis sûr, nous aurons une loi contre le blasphème. Et donc bientôt ce sera en cercles privés, secrets, en vérifiant que les téléphones portables ont été laissés éteints à l'entrée, que personne ne porte de micro, qu'on pourra s'exprimer. Hortefeux, pourtant ministre de l'intérieur à l'époque l'a appris à ses dépens. Quand s'exprimer devient dangereux, on peut estimer que le système politique, même s'il se pare du qualificatif de démocratique, est perfectible. Mais comme nous nous régressons, le diagnostic est grave.
Mais au-delà de ces généralités, je souhaiterais insister sur un point particulier, noté après la lecture d'une lettre adressés par le ministre de l'éducation nationale aux recteurs. (à lire ici)
Il se trouve que courant décembre un responsable de l'enseignement catholique a appelé à débattre ou à rappeler la position de l'église sur le mariage pour tous. Je dois dire que personnellement, bien qu'étant opposé à ce mariage universel, du moins on ne peut plus savoir maintenant où ça s'arrêtera, j'avais trouvé cette initiative assez malheureuse. Je pense qu'on peut épargner aux enfants ce genre de débats qui peuvent provoquer des dérapages. Ceci dit, renseignement pris, c'est dans un cadre tout à fait légal que cette initiative malheureuse, à mon avis, a été prise. En effet, la loi de 1959 (loi Debré) qui régit l'enseignement privé sous contrat autorise les établissements concernés à rappeler la position officielle de l'église sur certains sujets "en respectant la liberté de conscience de chacun et sans que cela se heurte à l'application des programmes scolaires nationaux". Pourtant ça fait réagir notre ministre de l'éducation nationale qui estime que c'est une faute et adresse donc aux recteurs une lettre les engageant à vérifier que les établissements privés sous contrats respectent la neutralité qui sied "afin que l'école ne fasse l'objet d'aucune instrumentalisation". Certes, dans l'esprit c'st tout à fait acceptable, reste que par rapport à la loi de 1959 ça l'est moins. Mais le pire n'est pas là.
Je reprends les premiers termes de la lettre en question : "Le gouvernement s'est engagé à s'appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités notamment…". La suite de la phrase concerne la diversité des orientations sexuelles. Mais ça importe peu. Je retiens le notamment qui fait de ce sujet l'un des différents sujets sur lesquels le gouvernement veut changer les mentalités. Nous avons donc un ministre qui dans la même lettre explique clairement que l'école est un lieu pour façonner les esprits, pour la part je dirais endoctriner puisque là il s'agit de faire l'apologie de valeurs que le gouvernement trouvent bonnes, et déclare que l'école ne doit pas être un lieu d'instrumentalisation. Est-ce bien logique? Ou faut-il comprendre qu'il y a instrumentalisation seulement quant on fait la promotion de valeurs qui ne sont pas celles du gouvernement. Du coup, moi qui voyais d'un assez bon œil le retour de la morale à l'école, je sens que je vais en devenir un farouche opposant. Parce que Monsieur Peillon, la neutralité axiologique qui devrait prévaloir à l'école, j'emploie un conditionnel car le n'ai guère d'illusion là-dessus, ne peut pas être à géométrie variable.
Pour en revenir à mon sujet, est-on encore bien en démocratie quand l'école n'est plus un endroit où les individus en plus de l'acquisition de connaissances doivent accéder à la liberté du choix de leurs valeurs, mais un lieu où on façonne les cerveaux pour qu'ils assimilent ce qu'est le bien et le mal à la sauce socialiste?
D'ailleurs, Monsieur Peillon, vous qui prônez la neutralité sur le sujet particulier du mariage pour tous, n'avez-vous rien à dire quand votre collègue, ministre du droit des femmes va faire de la propagande dans les écoles pour ce même mariage.


Dans mon précédent billet, j'ai montré comment le gouvernement démocratique de la France se servait ou voulait se servir de la fiscalité pour punir des "délits" selon lui absents du code pénal.
Dans celui, ci entre autres considération, j'ai montré quel rôle il donne à l'école dans le cadre de sa conquête idéologique des esprits.
Quand on veut donner des leçons de démocratie aux autres, encore fait-il avoir soi-même les fesses propres.

jeudi 3 janvier 2013

"Une amende davantage qu'un impôt!" J'en reste baba



Je viens de lire l'interview donnée au Point par Christian Eckert, rapporteur PS du budget à l'Assemblée Nationale suite à la censure de la mesure visant à imposer à 75% les revenus à partir du premier million d'euros. Et donc dans cette interview, Monsieur Eckert nous explique pourquoi ni le président, ni mes ministres concernés, ni les conseillers et petites mains rédacteurs du projet n'avaient pensé voir cette mesure censurée par le Conseil Constitutionnel.

La réponse est effectivement simple : le Conseil a examiné l'affaire au regard de la pratique fiscale en France tandis que les initiateurs de la mesure la considéraient comme une punition vis-à-vis des nantis qui gagnaient individuellement plus de 1 million d'euros par an. Au passage, je ne sais pas si présenté de cette manière, hors du cadre budgétaire, cette mesure envisagée comme sanction aurait davantage passé sous les fourches caudines de ceux qu'on appelle les Sages, chose à laquelle je ne me risquerai pas étant donné la composition dudit conseil.

En tout cas ça en dit long et montre à quel point l'idéologie peut faire perdre tout bon sens et ignorer les simples fondements de notre République, en l'occurrence l'égalité, comme le souligne le CC dont il met en avant la rupture du principe pour expliquer sa censure.
Hollande avait dit qu'il n'aimait pas les riches. Et donc ça se confirme et se traduit en n'importe quoi. Le discours de Eckert sont à se propos véritablement édifiants. Je cite : "Nous ne cherchons pas à percevoir un impôt pour alimenter le budget de l'État, mais à éviter que des salaires supérieurs à un million d'euros par personne ne soient versés", "Alors, cette taxe, c'est une amende plus qu'un impôt. Nous disons : Si vous dépassez la ligne jaune, vous payez.", "Le Conseil constitutionnel a considéré qu'il s'agissait d'un impôt, alors que le Parlement - et François Hollande aussi - a considéré que c'était une taxe dissuasive, temporaire puisque prévue pour durer deux ans, donc exceptionnelle, et qu'on n'avait pas à lui fixer les règles de l'égalité devant l'impôt.", "C'est une mesure symbolique, qui ne rapporte pas énormément d'argent, 200 millions d'euros par an…Elle a joué un rôle important durant la campagne électorale."

Ces quelques phrases extraites de l'interview sont éclairantes. Sans les reprendre dans l'ordre, on peut en déduire une certaine philosophie qui s'est, heureusement, heurtée au mur de la constitutionalité.
Cette mesure n'apporte rien ou très peu aux finances de l'Etat, elle est donc d'une utilité pratique assez limitée. Néanmoins, elle a permis par son aspect symbolique d'attirer le gogo de gauche, le limité en nombre de neurones qui pense toujours que les riches sont a cause de sa vie médiocre, mais surtout jamais lui, et à qui il plairait sans doute de voir quelques têtes se promener entre Bastille et République platées au bout d'une pique. Comme nous n'en sommes plus là, ou pas encore, on se contentera du symbole de l'amende, de la punition, de la confiscation. Non mais!.
Reste qu'il y a une contradiction dans les propos puisque cette amende ne devait être que temporaire. Deux ans. C'est tout? Donc 400 millions de piqués aux riches pendant deux ans pour satisfaire les individus décrits ci-dessus. Le compte n'y est pas, ni pour les caisses de l'Etat, ni pour eux. Bon, c'est vrai qu'on n'avait pas dit ça pendant la campagne et qu'une fois élu, Hollande devait bien ménager la chèvre et le chou. "Excusez-moi, chers riches, la promesse de vous taxer m'a fortement aidé à être élu, alors vous comprenez que je suis quand même obligé de faire quelque chose. Allez, deux ans, c'est pas la mer à boire. Après on efface l'ardoise et on essaiera peut-être de compenser. Bon, mais ça je ne peux pas le dire". A moins que le doué, parait-il en fiscalité, ce serait au moins une chose sauf qu'en l'occurrence on n'a pu que vérifier l'inverse après la censure, ne savait que le Conseil allait le censurer. Il aurait fait ce qu'il a pu. Mais vous comprenez un Conseil Constitutionnel entièrement désigné par la droite ne pouvait que lui mettre des bâtons dans les roues. On va sortir les mouchoirs!

Mais j'en reviens à la notion d'amende. Elle est explicite dans l'interview et, de plus, est renforcée par cette expression "dépasser la ligne jaune". Donc gagner de l'argent en France serait devenu un crime ou un délit qu'il conviendrait de punir par une amende proportionnelle aux gains enregistrés. On s'éloigne quand même de la notion de justice sociale ou fiscale qui voudrait, et c'est logique, que plus on gagne d'argent davantage on contribue. Ceci n'est pas critiquable, et on comprendrait même aisément que le système fiscal avec ses niches qui permettait aux grosses fortunes de payer moins en proportion que les classes moyennes soit complètement révisé pour effacer certaines aberrations. On comprendrait par exemple que quelqu'un ayant un revenu imposable de 78516 euros, célibataire et n'ayant qu'un enfant à charge et ne payant que 5217 euros d'impôts sur le revenu, soit invité à contribuer davantage. Au fait j'avais oublié, mais ces chiffres concernent notre président, du moins Monsieur Hollande pour sa situation fiscale en 2011, publiée en début d'année. Comme quoi c'est peut-être finalement un bon fiscaliste. Et aussi quelqu'un qui ne doit guère s'aimer, car quand on n'aime pas les riches… Reste qu'ne l'occurrence on s'éloigne là de la justice sociale ou fiscale, car le terme d'amende n'est pas anodin. Il ne s'agit plus de faire contribuer davantage, pour d'ailleurs un rapport discutable, mais carrément de punir. C'est une drôle de la conception de la gouvernance, et surtout d'une gouvernance apaisée, puisqu'il parait que c'est un objectif de notre président, dont la réalisation, comme celle de tous les autres d'ailleurs, est assez douteuse. On ne peut donc se réjouir que la mesure ait été censurée. Ce n'est pas une satisfaction personnelle parce que le million d'euros, je ne suis même pas sûr de l'avoir gagné depuis que je travaille. Et comme je ne travaille plus…

Enfin on remarquera que Monsieur Eckert peut avoir quelques éclairs de lucidité, à moins que la censure ne lui ait ramené les pieds sur terre. Il déclare que "On peut craindre que si l'on passe par l'impôt dans la nouvelle version le Conseil constitutionnel explique que la taxe est confiscatoire, puisque c'est ce qu'il a fait pour la taxation des bénéfices sur les stock-options et sur les retraites-chapeaux." et "Mais après, c'est toujours pareil, on nous oppose la concurrence internationale et la liberté d'entreprendre. Sans parler de quelques Gérard Depardieu...". En clair ça veut dire que la taxation à 75%, même bidouillée pour la ramener au niveau du foyer fiscal, est d'ores et déjà abandonnée, et que si par hasard, elle n'était pas censurée ou était même allégée, elle se heurterait aux réalités de la mondialisation pourtant chérie par les socialistes, à savoir un départ de ceux qui peuvent envisager de gagner beaucoup d'argent ailleurs sans être rackettés.

mardi 1 janvier 2013

Réponses à deux commentaires sur ma lettre ouverte au président-pseudo-historien



 
Je réponds ici à deux commentateurs de ma note " lettre ouverte à notre-président-pseudo-historien". Ma réponse est effectivement trop longue pour figurer en tant que commentaire. Ou j'aurais dû tronçonne, ce qui ne facilité pas la compréhension.

Le premier que j'appellerai A1 (anonyme 1) me parait d'après la teneur de ses propos être soit africain, soit originaire d'Afrique. Je lui souhaite d'ailleurs de ne pas faire partie de la seconde catégorie, car comme nombre de ses congénères parvenus en France par on ne sait quel coup funeste du destin, il devrait alors éprouver beaucoup de souffrance à vivre au milieu d'un peuple autant honni.

Voilà son commentaire :
"Les Français sont prêts à insulter la mémoire des Africains, ils ne veulent et ne supportent pas qu'on révèle leurs tristes vérités.
Voici pour exemple, l'insulte de la France à l'Afrique: Tout le monde sait que les présidents africains ne célèbrent jamais leurs héros, de peur que la France encore coloniale dans son esprit et ses pratiques ne s'abattent sur eux. Curieusement, au cinquantenaire des indépendances africaines, la France a fait la récupération en emmenant les Africains à venir célébrer en France celui là même qui a été le véritable bourreau des Africains, le Général de Gaulle.
Notre ami de Moscou se fout du monde; j'admire son verbe, mais il me semble très peu civilisé et ne mérite pas la France plus que Hollande. Si la France veut être respectée, elle doit d'abord restituer les indépendances africaines confisquées à travers la monnaie Franc CFA en prison dans le trésor français, dégager les bases militaires en Afrique et qui génèrent des génocides, et mettre fin aux accords d'escroquerie, secrets et léonins avec les dictatures africaines."

Les Français ne supporteraient donc pas "leurs tristes vérités". Mais quelles vérités, mon cher A1? Les Français vivent dans un pays libre, ont accès à une littérature abondante, variée et non censurée sur leur histoire, et quand cette histoire veut être dite par l'Etat, le Président, le Parlement, c'est souvent pour mettre la France en accusation sur une période particulière de son histoire, et sans faire de nuances. Quand par exemple, notre président parle de la culpabilité de la France lors de la rafle du Vel d'Hiv, il amalgame une France occupée, avec une France qui a pris les armes contre l'occupant. Personnellement je préfère l'image de la France de Londres que celle de l'autre sans toutefois ignorer le rôle qu'on tenu des Français pendant ce tragique épisode de leur histoire. Vous voyez, cher A1, je, mais aussi nombre de Français, ne me voile pas la face, suis capable de regarder ce que vous appelez les tristes vérités, et qui en sont. Mais en même temps j'essaie de voir les événements dans leur globalité, pas ce qui me plait ou ce qui me déplait. Tout, toute l'histoire. Et dans le discours de Hollande, je n'ai pas retrouvé cela, mais juste une histoire épurée, juste une vision, celle qui pouvait plaire à l'ancien ennemi, mais qui ignorait le reste, les réalisations coloniales, la souffrance des Français d'Algérie dont 80% étaient des gens bien modestes et non des exploiteurs comme on voudrait le faire croire, et dont nombre d'entre eux n'avaient jamais vu la métropole et se sentaient sans doute aussi Algériens que les Français musulmans, selon l'appellation en vigueur à l'époque. Hollande a parlé de la torture, de crimes. Personne ne peut nier qu'il y ait eu torture et même des crimes, mais la guerre ne se résume pas à cela. Et les tortures et les crimes du FLN, envers les Français, envers leur propre peuple, ne devrait-on pas en parler aussi, alors qu'on annonce qu'on va dire la vérité sur l'histoire?

Vous parlez de célébrations de héros africains. Mais célébrez! Seulement dans un nombre de cas significatifs ces héros ont eux-mêmes été assassinés par d'autres Africains qui ont pris leur place et ainsi de suite, si bien que finalement vos héros sont sans doute mieux connus et peut-être célébrés davantage dans certains milieux, en France qu'en Afrique. Mais rassurez-vous! On commence à avoir du mal à célébrer nos propres héros, nos propres grands hommes. Vous avez peut-être suivi les péripéties pour trouver un lieu de sépulture digne de son rang et de sa gloire au général Bigeard . Il aura fallu deux ans pour cela, à cause des oppositions de toute une frange de gauchistes patentés, intellectuels, politiques, journalistes et autres sinistres individus. Vous aurez peut-être noté aussi que le bicentenaire de l'Empire fut copieusement oublié en France et davantage commémoré en Europe, là où la Grande Armée avait pourtant livré ses plus grandes batailles que dans notre pays. On envoya même en 2005 le Charles-de-Gaulle pour célébrer Trafalgar, mais aucun ministre ne participa aux commémorations d'Austerlitz. Napoléon et Louis XIV s'éloignent des manuels d'histoire au profit de Mahomet et du Monomotapa. Quant à Clovis, fondateur mythique de la France ou Charles Martel, ils sont passés depuis longtemps aux oubliettes de cette histoire enseignée à nos enfants, pour ne pas heurter ceux dont les parents sont venus d'ailleurs..
Eh oui, voilà où nous en sommes, mon cher A1. Ce ne sont pas les Africains que nous insultons, mais notre propre histoire.

Vous nous dites que le véritable bourreau des Africains fut de Gaulle. J'avoue ne pas trop comprendre. De mon côté je vois que les plus grands bourreaux des Africains furent les Africains eux-mêmes, et ça continue. On pourrait citer par exemple leur rôle dans l'histoire de l'esclavage, avec la traite arabe ou la traite interne concernant les noirs et même leur participation active à la traite Atlantique qui sans leur aide très active n'aurait pu avoir lieu. On pourrait rappeler leur rôle dans la colonisation qui sans eux n'aurait guère été possible non plus. Et on pourrait aussi parler du Libéria, de la Sierra Leone, du Rwanda, et de ce qui se passe au Congo actuellement. La liste n'est bien sûr pas exhaustive. Vous parlez des bases françaises en Afrique qui génèrent des génocides. Donnez quelques exemples pour être crédible. Pour ma part, je pourrais vous parler des génocides évités grâce à l'intervention des forces françaises.

Certes, je comprends que vous puissiez avoir des griefs contre la France. Et pas seulement contre elle, la communauté internationale est aussi dans le coup. Les décolonisations ont sans doute été mal menées, avec notamment leurs frontières ridicules ne correspondant à rien et dont on ne veut pas revenir sur l'intangibilité. Les occidentaux ont sans doute fait preuve de trop d'optimisme ou d'ethnocentrisme, mais peut-être de cynisme aussi, en pensant que finalement les rapports entre les Africains pourraient dépasser les appartenances ethniques. Certes ils ont eu bien tort. Chaque vote, pour peu qu'il ait quelque apparence de vote libre et démocratique, nous le démontre : ce n'est plus un vote mais un recensement ethnique et/ ou religieux. Evidemment ça nous ne connaissons pas, même si un jour ça risque de nous rattraper. Nous entreront alors dans les mêmes impasses que les Africains.
Mais de tout cela, de la décolonisation, de l'ingérence étrangère qui change de couleur, qui passe du blanc au jaune, et donc du constat que les Africains restent incapables après plus de 50 années d'indépendance d'affirmer leur pleine souveraineté et la prise de leur destin en main, nous pourrions en parler longtemps. Que les anciens colonisateurs qui ont prolongé leur présence, économiquement, militairement,…, aient des responsabilités, c'est un fait. Mais ça n'exonère pas les Africains des leurs.
Vous constaterez d'ailleurs ce qu'ont fait les dirigeants algériens depuis l'indépendance, et sans vraiment entrer dans la cadre de la Françafrique, je pense que vous en conviendrez, d'un pays pourtant disposant de richesses naturelles énormes. Rendre la colonisation responsable de leur incurie me semble bien malhonnête.

Sinon à part ça, j'habite Saint-Pétersbourg et non Moscou et je ne me moque de personne. Je ne sais pas si je mérite la France plus que Hollande et si je la mérite tout court. Ce n'est pas à moi d'en juger. Mais au moins j'aurai essayé de le faire, à ma manière, sous l'uniforme… et parfois en Afrique.
Je ne suis peut-être pas non plus civilisé. Pourtant je fais des efforts.

 

 
Je réponds maintenant à A2 (anonyme 2). Ça sera plus court, les thèmes abordés étant moins nombreux. Je crois deviner qu'A2 est algérienne.

Voilà son commentaire :
"Pourquoi vous qualifiez les Algériens de traitres? en quoi le sont-ils? parcequ'ils ont défendu leur terre? parcequ'ils ont voulu récuperer leurs biens? parcequ'ils ont voulu une vie digne et libre? On nie pas les aspects positifs de la colonisation.... mais ils valent quoi devant la souffrance des Algériens. Je ne parle pas seulement de la souffrance passée, mais celle vécue jusqu'a aujourd'hui conséquence de 132 ans de dénigrement, mépris, de dépuillement...de la crise d'identité que les Algériens vivent.
En quoi serait ce dégrandant pour une grande nation de reconnaitre ses crimes? de reconnaitres que les principes et les objectifs de la colonisation, même si louables, ont fini par produire une machine de massacre de peuples entiers.
l'Algérie n'était pas une patrie, peut être je ne connais pas trés bien l'histoire, mais il y'avait un peuple aussi ancien que celui de la France et peut être même plus ancien. Un peuple, dont le seul crime, était de vivre sur une terre trés convoitée...l'histoire le prouve avec tous les colonisateurs passés, car il faut dire que vous n'êtes pas les seuls.
Vous savez quand j'etais jeune, en lisant un livre d'histoire en Français, j'ai remarqué que les algériens étaient désignés d'indigenes, toute inocente que j'étais j'ai demandé aux grands sur la signification du terme, on m'a répondu que ca voulait dire " les natifs". En lisant un autre, j'ai découverts qu'on usait d'un autre terme pour tous les autres colonisés " autochtones", mais pas les Algériens, eux c'est des " indigenes". Vous voyez qu'est ce que la France a fait à l'Algérie et aux Algériens? 132 ans d'indigenat avec toutes les implications humaines, sociètales, psychologiques et culturelles induites?
Entre l'Algérie et la France, le passé demeure une page noir qu'il faut tourner pour vivre le présent et construire l'avenir!!!!!!! reconnaitre les crimes commis c'est permettre aux vivants de commencer une nouvelle page et aux morts de se reposer dans leurs tombes!!!! ( les Français et les Algériens)."

Vous dites que je qualifie les Algériens de traitres. C'est faux, complètement faux. Dans mon texte ce qualificatif s'applique à Audin et aux autres Français qui ont rallié les indépendantistes pendant la guerre. Les Algériens indépendantistes étaient des ennemis, pas des traitres, et donc respectables contrairement aux traitres.

Vous parlez de la souffrance des Algériens. Mais quels Algériens. L'Algérie est une construction de la France. Je vous renvoie à la citation de Fehrat-Abbas dans mon texte. L'Algérie en tant que patrie avant 1962 n'existe pas. Et à ce titre les Français d'Algérie étaient aussi Algériens que les autres.
Vous parlez de massacres de peuple. Certes il y a eu des massacres. La pacification n'a pas été un chemin semé de pétales de roses. Mais n'oubliez pas non plus de dire que la population locale a été multipliée environ par 10 pendant la période. Et les apports de la colonisation y sont sans doute pour quelque chose aussi.
Vous dites que les Algériens traversent une crise d'identité. Ce qui tendrait à prouver qu'ils ne sont pas vraiment un peuple ou que la nation algérienne, la toute jeune nation algérienne n'est pas fédératrice. Enfin, moi je crois surtout que c'est d'une crise économique chronique dont ils souffrent, leurs richesses étant confisquées par quelques-uns.
Je tiens par ailleurs, et c'est à double tranchant, à rappeler que la France a assez respecté l'identité des populations colonisées, en ne les forçant pas à se convertir en particulier, ce qui ne fut pas le cas lors des colonisations précédentes. En même temps, la conservation des identités permettait de traiter en inférieurs ces populations. Avec en corolaire cette notion d'indigénat que vous rappelez.

Reconnaitre ses crimes, dites-vous? Mais qui les a niés? La conquête de l'Algérie est connue et a été racontée. La guerre connait encore quelques zones d'ombres sur quelques points particuliers, mais l'ensemble est suffisamment connu pour que les crimes des uns et des autres soient bien connus. Que faut-il de plus? Prendre des morceaux de cette longue histoire commune, ceux qui nous montrent comme des assassins, des criminels, des tortionnaires, des exploiteurs, donc des choses très partielles pour en faire une histoire partiale. C'est un peu comme si un jour les Allemands en venaient à réclamer de la part des alliés des excuses pour le bombardement de Dresde qui, à l'aune de notre vision actuelle des choses est bien un crime de guerre. On sait que ça a eu lieu, personne ne le nie, personne n'essaie d'en faire porter la responsabilité dur d'autres, comme les Soviétiques tentèrent de la faire après le massacre de Katyn. Tout ceci entre dans le domaine de l'histoire, donc des historiens dont le rôle est d'expliquer, pas de porter des jugements moraux sur tel ou tel événement. Sinon, nous n'en finirions plus. A chaque déplacement d'un chef d'Etat, celui pourrait commencer à faire l'inventaire des saloperies commises dans le passé, récent ou lointain par son pays dans le pays qui l'accueille. L'Algérie ne doit pas être un cas à part, surtout quand elle-même a tant de choses à se reprocher (massacres des Harkis, d'Européen, de militaires après l'entrée en vigueur des accords d'Evian, en particulier).

Quant à tourner la page, je ne crois pas que c'est en ressassant le passé, surtout quand on ne l'a pas connu comme c'est le cas de la majorité des Français et des Algériens encore en vie, en attendant des excuses sur tel ou tel point, en faisant un concours de victimisation, qu'on y parviendra. L'histoire a eu lieu. Depuis 50 ans, les choses ont changé. Les historiens ont à faire leur travail et ils ont déjà bien commencé. Ce n'est pas aux politiques d'un côté ou de l'autre de la Méditerranée de le faire. Leur rôle c'est de gérer un présent difficile des deux côtés, et de préparer l'avenir. Et si les intérêts de leurs pays coïncident, ils doivent être capables de dépasser des rancœurs souvent hypocrites car n'étant là que pour les mettre en valeur, et d'œuvrer pour le bien commun de leurs peuples respectifs.