"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 30 décembre 2011

Bernard Lugan victime de censure, diffamation et insultes


Il n'est pas bon désormais dans notre bon vieux pays de sortir des rails d'une pensée aussi conformiste que figée. En fait, vu sous cet angle, cette loi sanctionnant la négation du génocide arménien que je dénonçais dans mon dernier billet est en parfaite cohérence avec notre époque et notre société. On pourrait presque croire que la représentation nationale est vraiment représentative du peuple français.
 
Une des dernières victimes de cette bienpensance généreuse qui déborde du cœur de nos élites et de celles et ceux qui leur ont obligeamment délégué leur faculté de penser est Bernard Lugan, africaniste suffisamment renommé pour être considéré comme un expert mondial de l'Afrique dont l'expertise est requise notamment auprès du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) mais sentant néanmoins un peu le souffre à cause de positions refusant de se conformer au prêt-à-penser du moment. Il faut noter également qu'on l'a surpris à s'exprimer dans des publications de droite et même d'extrême-droite et que même, comble de l'ignominie, il s'est exprimé et s'exprime encore peut-être sur Radio Courtoisie. On pourrait à ce propos d'ailleurs se demander si désormais en France les pensées que d'aucuns qualifieraient d'iconoclastes et même de nauséabondes, mais que d'autres qualifieraient de tabous ou d'originales mais néanmoins fondées sur une véritable expérience de terrain puisque l'intéressé a vécu et enseigné plusieurs années en Afrique où il passa notamment son enfance, ne pourraient s'exprimer que dans certains médias jugés malsains car non verrouillés par un ensemble d'interdits nous dictant ce qu'il est bon et bien de penser. Pour en terminer avec ce tableau, l'individu semblerait faire subir son influence néfaste auprès de nos élites militaires ou civiles s'intéressant à la défense puisqu'il est intervenant auprès du Collège Interarmées de Défense (CID), pépinière des futurs officiers généraux, et de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN).
 
Pour bien vous montrer à quel point cet individu est dangereux, je vous cite, avant d'en arriver au cœur du sujet, quelques unes de ses réflexions.
S'agissant du Rwanda où il a vécu une dizaine d'années, il rejette toute accusation concernant l'attitude de la France et en particulier de son armée au moment du génocide. Mais pire peut-être, ne voilà t-il pas qu'il ose suggérer que les vrais responsables du génocide sont ceux-là même qui actuellement exerce le pouvoir à Kigali. Hypothèse que partagent d'ailleurs d'autres individus à l'esprit mal tourné, comme le juge Bruguière, et que le TPIR, s'il avait le courage d'aller au bout de la logique de certains de ses verdicts, notamment de certains acquittements démontrant que ce génocide n'était pas prémédité et que la cause première et sans doute définitive du génocide est la destruction en vol de l'avion du président Habyarimana dont la responsabilité du FPR de Kagamé n'est pas écartée. Elle est même jugée probable.
S'agissant de l'Afrique du Sud, non seulement il ose minorer l'œuvre réelle de Mandela après sa libération, mais ose également prétendre que les Africains du Sud avaient des conditions de vie matérielles supérieures du temps de l'apartheid. Chose assez incroyable si on considère par exemple un taux de chômage des noirs multiplié par deux ou par trois, une recrudescence du SIDA et de l'insécurité, pour ne citer que quelques points marquants. Et bien évidemment qui ose prétendre cela ne peut-être qu'un pourri nostalgique de l'apartheid, un peu comme celui qui dirait, comme moi, que les Russes avaient de meilleures conditions matérielles de vie sous Brejnev que sous Eltsine serait un nostalgique de communisme.
Ces deux simples exemples, mais vous allez voir plus loin, il y a peut-être pire, vous montrent donc la nocivité de l'individu dont il faut bien évidemment circonscrire l'expression. Laissons-le par exemple s'exprimer chez les militaires qui eux-mêmes doivent avoir un cerveau assez pourri et être irrécupérables pour avoir choisi ce métier. Mais pas davantage.
 
Eh bien ce pas I-Télé du groupe Canal+ vient de le franchir en annulant la diffusion d'une interview de Bernard Lugan par Robert Ménard à l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage "Décolonisez l'Afrique". Vous pouvez retrouver le texte de cette interview ici, mais pour ceux qui auraient peur de perdre un œil en allant sur le blog de Bernard Lugan, je consens à en faire le résumé en quelques phrases.
Bernard Lugan reproche aux Européens d'avoir voulu créer un homme africain à leur image, en le sommant d'adopter nos codes moraux et nos comportements. Attitude qu'il juge arrogante mais traditionnelle en France puisque Léon Blum parlait déjà du devoir des races supérieures de civiliser les inférieures (j'ajouterai que déjà Jules Ferry avait ce discours). A cette position il préfère celle de Lyautey qui ne considère pas l'Africain comme inférieur mais comme un "autre".
Concernant l'aide versée depuis une cinquantaine d'année à l'Afrique, il estime que non seulement elle l'a été en pure perte, mais que ses effets sont négatifs. En effet, elle interdit aux Africains de se prendre en main et de se responsabiliser. Et de mettre en parallèle l'évolution d'une Afrique qui dans les dernières années de la colonisation ne souffrait ni de la faim ni de la guerre et est devenue ce qu'on sait, et celle d'une Asie où à la même période sévissaient conflits et famines et qui est devenue ce qu'on sait aussi et sans aide. Il en attribue la cause à ce qu'il nomme, et j'aime bien cette formule à ce couple sado-masochiste composé de la repentance européenne et de la victimisation africaine qui a enfanté d'une Afrique immobile attribuant tous ses maux à la colonisation.
Il intervient ensuite au sujet de l'intervention en Libye, camouflée derrière l'ingérence humanitaire qu'il qualifie d'hypocrite impérialisme. Il prétend que la cause initiale de l'intervention soit le danger exhibé de massacres à Bengazi ressemble à s'y méprendre à l'intox bien connue de Timisoara (prélude à la chute de Ceaucescu pour ceux qui n'auraient pas connu), ou celle encore des armes de destruction massive prétexte à l'intervention en Irak. En fait cette intervention en Libye est une aberration puisqu'elle a conduit à soutenir les mêmes que ceux que nous sommes censés combattre en Afghanistan, à savoir des fondamentalistes musulmans. Nos véritables intérêts étaient de ne pas intervenir pour renverser certes un dictateur peu recommandable, mais qui avait au moins ce mérite de contrôler un pays désormais livré aux luttes tribales et aux islamistes qui dispose d'une frontière littorale de 1900 kilomètres faisant face au ventre mou de l'Europe. Sans parler des conséquences pour e Sahel où nos intérêts, notamment au Niger fournisseur principal de notre uranium sont désormais davantage menacés. Tout ceci au nom des fumeux et incontournables droits de l'homme (en l'occurrence ici fondés sur une intox) qui ont donc supplanté nos intérêts nationaux et européens
Il termine en rappelant son expérience de terrain qui l'a amené, en particulier, que dès décembre 2010 il avait prévu ce qui se passerait dans les trois mois suivant en Egypte et annoncé aussi le mirage des printemps arabes, miroir aux alouettes et qui n'était que le signe précurseur de l'objectif des frères musulmans qui reste la construction d'un califat supranational.
Voilà donc les propos résumés de Bernard Lugan qui ont paru suffisamment dérangeants à Canal+ pour déprogrammer la diffusion de l'interview. Effectivement ces propos vont souvent à l'encontre de lieux communs, tellement communs qu'ils ne sont même plus discutés par la plupart des gens. Ces propos communs sont bien évidemment que l'Afrique subit encore et toujours les effets de la colonisation et que l'aide apportée (surtout en devises) n'est qu'une bien faible compensation de nos agissements et que même elle pourrait durer éternellement que nous ne nous acquitterions jamais de notre dette. Ces propos communs, mais quand même on y revient timidement même si on invente au passage le concept d'islamisme modéré pour prolonger les effets du mirage, sont que les populations arabes nous ont montré leurs aspirations à un monde démocratique et libre en se débarrassant de leurs dictateurs. Ces propos communs sont que tout vaut mieux que Kadhafi, inventeur de l'auto-génocide d'un peuple, ou encore que Saddam Hussein ou autres salopards, ce qui permet de justifier des situations parfois pires ensuite ou en tout cas opposées à nos intérêts objectifs.
Il faut donc veiller à ce que des propos contraires, que dis-je, révisionnistes puissent s'étaler sur la place publique. Des fois qu'ils pourraient éveiller des consciences, pas très nettes bien entendu.
 
Bon, je vous ai gardé le meilleur pour la fin, car en période de fête on peut aussi s'amuser et rigoler un petit peu.
Imaginez que Bernard Lugan a été insulté par ce vermiceau de Bruno Julliard-Landeau. Vous savez, c'est cet ancien dirigeant de l'UNEF récompensé par le parti socialiste pour les dizaines de milliers d'heures de cours qu'il a fait perdre grâce aux multiples grèves par lui organisées. Eh oui, car maintenant qu'il est devenu grand, après des études laborieuses mais surtout longues puisqu'on le retrouve quand même à 27 ans en master de droit, soit 8 ans après son entrée en fac (je ne sais pas s'il a eu son diplôme), faute sans doute de pouvoir trouver un vrai travail, il s'est trouvé propulsé adjoint au maire de Paris ainsi que, non ne riez pas, secrétaire à l'éducation du PS. C'est un peu comme mettre, vu les brillantes prestations universitaires de l'intéressé, un objecteur de conscience en charge des problèmes de défense. Voilà un parcours qui ressemble quand même un peu en une apologie de la médiocrité. Enfin on est rassuré, on voit que la relève est assurée au PS.
Voilà donc que Môssieur l'adjoint au maire de Paris, chargé de la jeunesse, responsable de l'éducation au PS, s'en est pris à Bernard Lugan dernièrement chez Ardisson. Lui qui n'a jamais sans doute lu un livre de cet historien en vient tout de même à le traiter de raciste, d'antisémite, de colonialiste et je ne sais encore quelle gracieuseté. Quand même un peu idiot ce garçon puisqu'il avait déjà été condamné en 2004 pour diffamation envers le même personnage qu'il avait qualifié à l'époque de négationniste. Ou un peu masochiste sur les bords puisqu'il va encore ramasser puisque Bernard Lugan a encore déposé plainte.
Bon allez, puisque c'est bientôt nouvel an, je vous balance la vidéo qui va permettre à Julliard-Landeau de se retrouver une fois encore en calcif. Vous remarquerez l'intelligence de l'individu qui dit faire attention à ce qu'il dit en référence au premier procès perdu et qui en même temps se met la corde au cou. Vive la relève (du PS).


 


 

 

mercredi 21 décembre 2011

Génocides, histoire et politique


A quelques jours d'un repos sans doute bien mérité, et ayant sans doute épuisé tous les sujets importants méritant qu'on s'y attache, ce qui d'ailleurs semble une évidence tant la société française se porte bien, nos députés, afin de finir l'année en beauté, afin de marquer leur rejet des choses abjectes, ont décidé de voter une loi punissant la négation du génocide arménien perpétré par les Turcs en 1915 et 1916.
 
C'est à la limite une chose qui pourrait me faire plaisir à cause des réactions énervées d'Erdogan, islamiste "modéré" très en vogue, mais raisonnablement je laisserai de côté ce petit plaisir furtif pour m'attaquer au principe même de ce genre de lois. Je dis "ce genre" puisqu'il y a en gros deux niveaux dans notre législation : les lois qui reconnaissent des crimes commis indifféremment par la France et ou avec d'autres pays, et des lois qui interdisent de nier des crimes du même genre. Auxquelles, on pourrait dans une certaine mesure ajouter les lois sanctionnant le racisme, mais là je dis bien une certaine mesure parce que ce n'est pas la même chose bien que je m'en servirai plus loin pour montrer le danger des lois anti-négationnistes et également dans une certaine mesure des lois reconnaissant certains crimes historiques.
 
Alors en France, actuellement il existe trois lois à classer dans ces catégories : la loi dite Gayssot de 1990 qui est un peut un fourre-tout, une loi réprimant le racisme et une loi condamnant la négation des crimes définis par le tribunal de Nuremberg; la loi de 2001 reconnaissant le génocide arménien; la loi dite Taubira qui reconnait la traite transatlantique et dans l'Océan Indien et l'esclavage comme crimes contre l'humanité (loi très sélective puisqu'elle ignore délibérément la traite musulmane et la traite intra-africaine, plus longues en durée, plus massives, et pour la première pouvant être sujette à être qualifiée de génocidaire à cause de la castration des esclaves). A ces lois on pourra éventuellement ajouter la loi de 2005 sur la présence française outre-mer qui avait fait beaucoup polémique à cause du "rôle positif de la présence française" retiré bien évidemment sous la pression bienpensante.
La loi qui devrait être votée très prochainement serait donc une prolongation de celle de 2001 reconnaissant le génocide arménien.
 
D'un point de vue "utilitaire", je ne comprends pas l'intérêt d'une telle loi. Puisque tout le monde ou presque va la voter, l'hypothèse d'une récupération du vote de la communauté française d'origine arménienne me parait douteuse. La droite finirait avec le concours de la gauche ce que celle-ci avait initié en 2001 avec le concours de la droite!
D'un point de vue diplomatique, c'est évidemment une catastrophe. Les relations de la France et de la Turquie à ce niveau-là sont déjà très mauvaises du fait de l'opposition justifiée de la France, en vraie convergence avec l'Allemagne, sur une entrée de la Turquie dans l'UE. Elle-même liée au passage à une reconnaissance du génocide arménien et à certaines petites choses, le tout interdisant pour des décennies au moins cette éventualité d'une ouverture de l'UE à un pays non européen, ou si peu.
D'un point de vue économique, ce vote amènerait de grands inconvénients, la Turquie étant la troisième destination mondiale des exportations françaises hors UE et Suisse. La loi de 2001, et celle votée par le Sénat en 2006 identique à celle actuellement en discussion à l'Assemblée, mais restée au fond des cartons jusqu'à aujourd'hui, avait provoqué la mise à l'écart des entreprises françaises des appels d'offre touchant l'armement, les transports et le nucléaire. Areva, déjà bien mal en point, malgré la gestion "exceptionnelle" de son ancienne présidente Lauvergeon, et sans doute remerciée en partie pour celle-ci, peut y voir un gros inconvénient alors qu'il espérait revenir en Turquie.
Donc voter une telle loi revient en gros à se tirer une balle dans le pied. A moins que des considérations hautement morales supplantent désormais nos intérêts économiques, diplomatiques et culturels. Enfin il y en a certains qui, rien que dans l'UE, doivent commencer à se frotter les mains.
 
Mais admettons, imaginons, rêvons ou cauchemardons que le Parlement se mette désormais à légiférer en ayant la seule morale pour guide. Dans ce cas il devrait passer les prochaines années d'abord à reconnaitre puis à sanctionner les génocides qui ont ponctué l'histoire du monde. Et ils sont nombreux, même si les instances onusiennes se sont limitées actuellement à quatre : le génocide arménien, la shoah, le massacre des Tutsis par les Hutus au Rwanda en 1994, et le massacre de Srebrenica (classement dans l'ordre chronologique, je précise). D'ailleurs on peut se demander pourquoi l'ONU n'en a également retenu que quatre. Car ils sont bien plus nombreux, évidemment. En vrac et en en oubliant encore beaucoup : le génocide des populations indigènes d'Amérique latine, le génocide des Indiens d'Amérique du Nord, l'holodomor ou génocide des Ukrainiens par la faim sous Staline, le génocide tibétain, le génocide khmer, le génocide kurde par Saddam et d'autres voisins, le génocide du Darfour, le génocide des aborigènes, le génocide vendéen… Bref, il y a de quoi faire, il y en a pour au moins une législature, il y a de quoi se fâcher avec le reste du monde et nous-mêmes. Donc pourquoi se limiter au génocide arménien? Est-ce que 500000 personnes d'origine arménienne vivant en France constituent un lobby assez puissant pour que d'un vote on mette un point final à un événement historique?
 
Car c'est bien de cela dont il s'agit. Chaque loi mémorielle existante ou future consiste et consistera à fermer définitivement une page de l'histoire ou plutôt à interdire que désormais on continue à se pencher dessus. Il ne s'agit bien évidemment pas pour moi de contester la réalité de la shoah ou du génocide arménien. Néanmoins il serait souhaitable que l'histoire reste de la compétence des historiens et n'entre pas dans le domaine du politique quand il s'agit de l'écrire. Et s'il s'agit de se défendre contre le négationnisme, je pense sincèrement que de vrais arguments historiques, scientifiques demeurent plus forts qu'une amende ou une peine de prison. D'autant plus que cela présente également des risques.
La loi Taubira, par exemple, ne s'attachant qu'à la traite négrière exercée par les européens risque de faire passer aux oubliettes les autres traites, bien plus longuement inscrites dans le temps et également plus meurtrières. Les attaques violentes subies au nom de la loi Taubira par Pétré-Grenouilleau spécialiste dans ce domaine des traites, attaques qui sont allées jusqu'à des demandes d'interdiction d'enseigner, parce qu'il ne considérait pas la traite transatlantique comme un génocide, fort justement d'ailleurs puisque l'esclave n'a de valeur que vivant, indique à quel point certains essaient de verrouiller l'histoire en s'appuyant sur la loi.
Pour tenter de montrer l'absurdité de ce type de loi, transformant des opinions en délit, même si elles sont parfois abjectes, je vais m'appuyer sur le racisme. L'expression raciste est réprimée en France par la loi. Soit! Mais c'est l'inverse qui aurait pu prévaloir légalement il n'y a pas si longtemps. Il suffit pour cela de se référer aux travaux fort nombreux dans la seconde moitié du 19ème siècle et plus tard encore tendant à démontrer la supériorité de la race blanche, de considérer que la pertinence de ces travaux était suffisamment admise chez une majorité de politiques de la 3ème République pour que Jules Ferry, par exemple, puisse tenir un discours très applaudi devant l'Assemblée Nationale de l'époque décrivant les droits et les devoirs (de civilisation et par la force si besoin) de la race blanche. Et si le racialisme, considéré comme théorie scientifique avait été décliné en lois, il y a fort à parier que les oppositions auraient été très faibles, sur les bancs des assemblées, dans le peuple. Alors sans doute, peut-être, les événements tragiques du 20ème siècle auraient remis cela en cause, mais avec sans doute plus de difficultés et avec un moindre appui de la science qui n'aurait pas pu démontrer l'inanité de ces théories racialistes parce qu'empêchées de le faire… par la loi.
 
Car finalement je trouve qu'il y a une certaine arrogance chez le politique quand il s'empare de certains sujets, et notamment l'histoire. Jules ferry, nos grands-pères ou arrière-grands-pères (n'oublions pas les grands-mères et arrière-grands-mères, parité oblige) n'étaient sans doute pas plus idiots ou plus barbares que nous. Mais leurs connaissances n'étaient pas les mêmes et l'air du temps non plus. En particulier, ils n'avaient pu appréhender où allait mener les théories sur l'inégalité des races. Mais au moins on peut leur reconnaitre au moins deux vertus: l'humilité et la sagesse. L'humilité de ne pas transformer leurs convictions ou leurs croyances en certitudes opposables à tous. La sagesse de laisser ouvertes les possibilités de discussion. Or mettre un point d'arrêt à l'histoire en l'inscrivant dans la loi est une démarche tout à fait inverse, une démarche arrogante. La démarche de ceux qui pensent qu'on est au bout d'un chemin, que plus rien ne reste à chercher où à démontrer dans certains domaines, la démarche finalement de l'homme arrivé dans la plénitude du savoir. Or on en est loin. En fait cet état n'est jamais atteignable. Et si un effort devait être porté c'est sur les actions rendant impossibles une régression. Chez nous par exemple, ça pourrait être la défense acharnée de la laïcité tant certains fanatismes religieux risquent de nous entrainer à terme vers un nouvel obscurantisme s'affranchissant par nature des connaissances supposées acquises par l'humanité et de certaines valeurs morales à vocation universaliste. Ce combat serait bien plus grand, bien plus noble, bien plus utile que des discussions sur la pénalisation de la négation d'un crime par quelques crétins ou idéologues dont les arguments pourraient être vite mis en pièce.

dimanche 18 décembre 2011

A bas la culture générale



Ceci pourrait être un slogan faisant l'unanimité tant à droite qu'à gauche. L'une et l'autre ayant pris conscience de l'inculture chronique de pans entiers de la population, en étant même parfois frappés en leur sein, ont effectivement décidé de reléguer la culture générale aux oubliettes, en tout cas de ne plus en faire un élément discriminatoire. Et c'est normal me direz-vous, car discriminer ce n'est pas bien du tout selon les nouveaux poncifs en vigueur. Comment oserait-on priver quelqu'un d'un poste dans une grande école, dans une administration, d'une promotion sous prétexte que d'autres sont plus cultivés que lui et méritent donc ces avantages? Oui parce que les récompenses ou l'accès à certains postes ou à certaines écoles sont devenus des avantages, des privilèges et non plus le résultat de compétences, de travail, de mérite. Et comme les privilèges on veut enfin que ça cesse, il importe d'en supprimer les causes. Autrefois ce fut la noblesse qui elle-même renonça à ses privilèges en cette fameuse nuit du 4 août 1789 qu'on aimerait voir se répéter à l'infini. Aujourd'hui, c'est l'argent, ce qui peut parfois se comprendre, mais ce sont aussi les qualités intrinsèques des individus. Pourquoi donc un individu doté d'une solide culture générale devrait-il être avantagé par rapport à un parfait connaisseur des péripéties de secret story? Les connaissances sont-elles hiérarchisables? Et en fonction de quels critères, s'il-vous-plait? L'égalité à tous les étages, s'il-vous-plait, et que les crétins et les dilettantes soient aussi bien servis que ceux ayant eu à cœur de se forger une solide culture générale.

Pauvres idiots encore en train de se référer à cette vieille citation de 1934 du lieutenant-colonel de Gaulle "La véritable école du Commandement est la culture générale. … Au fond des victoires d'Alexandre, on retrouve toujours Aristote." (Vers l'armée de métier), ceux-là n'ont pas su s'adapter à leur époque qui donc n'a pas à leur reconnaitre de mérites particuliers. Quelle formule inadéquate d'ailleurs! Qui oserait encore parler de commandement? Même dans l'armée on l'évite. On est passé du commandement au management et désormais on tourne autour du terme de collaboration, en évitant soigneusement de parler de supérieurs et de subordonnés, termes, ô combien, discriminants. Peut-on être supérieur à quelqu'un? Ou subordonné à un autre? Non, ceci n'est pas sérieux et s'il s'avérait qu'au-delà des mots, dans les faits, on s'apercevait d'une forme quelconque de hiérarchie, celle-ci ne serait qu'inégalité. 

Car c'est ce qu'est devenue la hiérarchie : une inégalité, donc quelque chose à combattre. Et donc pour la combattre pourquoi ne pas s'attaquer à ce qui, malgré quelques imperfections certes, la fondait : la méritocratie. Vous savez cette chose qui permettait, à condition d'en faire l'effort, de se soustraire à son milieu social d'origine quand on était de basse extraction (référence directe à la France d'en bas), cette chose qui permettait si on avait certes les moyens intellectuels, mais aussi un certain gout de l'effort doublé d'une certaine ambition de dépasser la condition dans laquelle semblaient vous vouer, selon certains sociologues très en vogue, votre origine : soit aux honneurs et à la fortune soit à la médiocrité. Et bien entendu pour bouleverser ces déterminismes il fallait s'attaquer non pas à ce qui les fondait, mais à ce qui permettait de les perpétuer. Car s'attaquer à ce qui les fonder n'aurait pu guère consister en autre chose que de priver les parents de leurs enfants et réciproquement et d'élever ces derniers en batterie, comme les poulets. Mais ne brûlons pas les étapes, les esprits ne sont pas encore près, même si pourtant cette méthode aurait l'avantage certain, voire la certitude d'en finir avec les héritiers et la reproduction sociale. 

Donc plus modestement ces doctes hommes par le biais d'hommes politiques et d'éminents pédagogistes autoproclamés leur servant de nervis se sont attaqué avec un succès incontestable à ce qu'ils considéraient comme le vecteur principal de la reproduction sociale : l'école. Le résultat a été étonnant, inimaginable encore pour des gens comme moi qui ont eu 20 ans à la fin des années 70 et donc faisant partie de la dernière génération de sacrifiés, celle qui a connu encore l'ancien système élitiste, celui qui se permettait encore de sélectionner et osait même prétendre apporter des connaissances aux élèves qui le subissaient. Quelle impudence! Oui, le résultat a été tellement stupéfiant que, alors qu'elle ne cessait d'augmenter de façon très significative, la proportion d'enfants d'ouvriers et d'employés qui accédaient à aux grandes écoles ne cessait d'augmenter de façon significative a été réduite pratiquement à néant. Ceci dit on a quand même permis quasiment à tous d'accéder à l'enseignement supérieur en faisant du baccalauréat un droit quasiment inaliénables plutôt qu'une épreuve. Comme on ne pouvait pas encore pratiquer l'élevage en batterie on se limita donc à l'enseignement selon les mêmes pratiques. On a appelé ça l'enseignement de masse. Coup de masse sur le crâne, oui! 
Mais bien évidemment comme tout système est imparfait, avec les années on s'est rendu compte qu'il pouvait encore être amélioré. Pour ce qui est de l'université le passage au système LMD a permis de repousser d'une année la terrible sélection que constituait le DEUG. Et selon ce que j'ai pu lire ici ou là, par des systèmes de compensations, entre semestres de trois mois, entre matières dont certaines n'ont aucun rapport avec l'enseignement majeur, auxquels s'ajouteront sans doute des consignes impératives de mansuétude, on ne serait pas loin de mettre à bas l'obstacle constitué par la licence pour que tous, même les crétins puissent continuer à profiter sereinement d'un enseignement universitaire de masse. Objectif probable : bac+5 pour tous, droit qui sera peut-être inscrit un jour dans la constitution. Reste que quand même le système reste imparfait à cause d'une verrue dont certains aimeraient bien se débarrasser définitivement, mais qu'on attendant on entend traiter de façon efficace. Je parle évidemment des grandes écoles.
Oui, car les grandes écoles osent encore se permettre de sélectionner leurs élèves. Et c'est vrai que ceux-ci qui ont réussi à s'abstraire de l'enseignement de masse pour accéder à une certaine connaissance ne se recrutent plus guère dans les classes sociales les plus basses. Et pour cause! Car il faut disposer d'un capital financier et/ou culturel pour compenser les bienfaits de l'enseignement en batterie et assurer à sa progéniture certain potentiel. En voulant supprimer les héritiers on n'a fait que renforcer la reproduction sociale. Et ceci c'est inadmissible.
Donc faute de pouvoir d'ores et déjà supprimer les grandes écoles, mais rassurez-vous ça viendra, on peut commencer à les affaiblir en s'attaquant à leur mode de recrutement, en faisant baisser la qualité de ce dernier et donc en pourrissant à terme ces écoles de l'intérieur.
 
Pour cela on n'a pas manqué d'imagination. C'est surtout sciences-po qui fut et reste à la pointe du combat. Avec tout d'abord la mise en place de recrutements différenciés, par le biais des contrats d'éducation prioritaire (CEP) permettant aux jeunes de ZEP, enfin de banlieue, d'accéder à m'école non tant par leur mérite puisqu'ils ne se confrontent pas aux autres, que par leur origine. C'est en effet la diversité, une fois de plus qui est la cible (les 2/3 des admis par cette voie ont au moins un parent né hors de France –source sciences-po), pas les enfants d'ouvriers, pensez-donc! Ils n'auront qu'à voter FN comme leurs parents. Reproduction sociale, vous avez dit? Peut-être que quelqu'un pourra au passage m'explique comment au nom de l'égalité des chances, on crée des conditions d'admission inégales par le biais de concours différenciés en fonction essentiellement du lieu de résidence.
L'ENA a tenté une expérience similaire avec une préparation spécifique pour ces jeunes jugés défavorisés. Là il y a eu ce qu'on appelait auparavant un dysfonctionnement majeur et qu'on appelle désormais un gros bug : le jury sans doute mal briefé ou n'ayant peut-être pas reçu de consignes assez strictes ou menaçantes n'a sélectionné aucun de ces candidats particuliers. Nul doute que la prochaine fois les choses changeront car ça ne peut quand même pas décemment continuer comme ça. Ou on change le jury ou on crée un concours particulier. M'enfin!

Mais revenons à sciences-po. Malgré cette voie particulière de recrutement que son les contrats d'éducation prioritaire, force est de constater que les enfants issus des milieux favorisés y restent largement majoritaires. Certes ils ont réussi le concours, mais quand même, ça fait tâche, enfin pas très démocratique quoi! Car dans notre beau pays alors qu'aucun ouvrier à ma connaissance ne siège au parlement, on s'émeut vivement quand les enfants des milieux peu, mal ou pas représentés du tout dans les instances censées garantir le fonctionnement harmonieux de notre démocratie, ne sont pas représentés en masse dans les écoles prestigieuses. Mais plutôt que de se demander pourquoi ils réussissent moins bien au concours que les autres, et de trouver des solutions, il parait plus simple de modifier les règles d'admission. Donc en ce qui concerne sciences-po, les CEP dans un premier temps et ensuite puisque ça ne suffit pas, eh bien il faut penser à une modification des épreuves du concours. Celle-ci sera effective en 2013. Parmi les points essentiels, on note déjà que la procédure qui voulait que la mention très bien au bac vaille admission est supprimée : il ne faudrait quand même pas favoriser l'excellence, n'est-ce pas? Les épreuves d'admissibilité seront complétées par, et ne vaudront pas plus que l'examen du dossier du candidat. Alors là, ça ça décoiffe quand même un peu parce que c'est la remise en cause totale de l'esprit d'un concours où les épreuves d'admissibilité sont en principe anonymes. Quand on connait l'objectif affiché de cette réforme qui est de modifier le profil sociologique des élèves, ce que le concours particulier des CEP n'a que partiellement réussi, on comprend clairement que le critère "fils de" ou "fille de" sera déterminant, et laissera sur le carreau des candidats qui auraient mérité leur admissibilité mais qui n'auront pas eu la chance d'être de "bonne" extraction. Ce que la révolution avait aboli, on nous le ressert d'une autre façon. Et pour terminer on supprime purement et simplement l'épreuve de culture générale, sans doute trop discriminatoire. Mais rassurez-vous, si toutes ces mesures ne suffisaient pas, il reste l'entretien d'admission qui permettra d'affiner les choses et de se rapprocher, peut-être même dépasser l'objectif fixé qui n'est plus de recruter les meilleurs, ça c'est ringard, mais d'avoir un profil sociologique des admis "acceptable" selon les normes en vigueur.
 
Dans tout ce processus, très général au demeurant, il est clairement évident que la culture générale ne peut trouver sa place tant elle semble, pour des raisons qu'il serait malséant d'examiner, qu'elle favorise certains milieux sociologiques, en fait ceux, mais il ne faut pas le dire, qui compensent une éducation lacunaire mais permettant d'obtenir des objectifs chiffrés remarquables quant au nombre de nos diplômés. Aussi dans ce cadre, vous aurez compris que les connaissances, les compétences, l'effort ne peuvent trouver aucune place. On ne recrute plus les meilleurs désormais, on recrute en fonction de l'origine. C'est déjà effectif dans la fonction publique ou la présente majorité a supprimé, sous les applaudissements des certaines associations, les épreuves de culture générale dans les concours de certaines catégories. Je serais tenté de dire, pour finir, que refuser de reconnaitre les qualités d'un individu au profit de son origine sociale ou ethnique est d'une certaine façon un crime contre l'humanité. Mais celui-là ne manquera pas d'être applaudi.

vendredi 16 décembre 2011

Statut pénal du président de la république : faut-il le modifier?


Quand pourra-t-on lire cette agence de l'AFP : "L'absence du président de la république française a été remarquée lors du dernier sommet européen pourtant appelé sommet de la dernière chance avant la sécession des britanniques et le retour de l'Allemagne au Deutschemark. Lui-même et son premier ministre se faisaient signifier alors que débutait ce sommet leurs mises en examen respectives pour abus de biens sociaux suivies pour tous les deux d'une mise en détention provisoire. Le Président du Sénat, troisième personnage de l'Etat, tenta bien de les remplacer, mais inconnu des huissiers ces derniers le refoulèrent sans ménagement."?
Ou celle-ci de Reuters : "Le président de la république française aurait été interpelé sur le balcon de l'Elysée alors qu'il raccompagnait le chancelier allemand. C'est menotté qu'il a rejoint les locaux de la brigade financière où il a été placé en garde à vue"?
Bientôt sans doute si on en croit la profession de foi de certains candidats à la présidentielle et la volonté exprimée par certains hommes politiques.
 
Effectivement suite au procès des emplois fictifs de la ville de Paris qui s'achève sur une condamnation sévère de l'ancien maire de cette ville, accessoirement ancien président de la république, on peut légitimement s'interroger sur le statut pénal de ce dernier. La justice aura mis en effet 12 ans pour en finir avec cette affaire dont 8 pendant lesquels Chirac était le premier personnage de l'Etat et, selon une interprétation du conseil constitutionnel ou du conseil d''Etat, je ne me souviens plus, non justiciable pour des faits commis avant la prise de ses fonctions tant que celles-ci étaient effectives.
Donc pour résumer le chef de l'Etat en exercice ne peut être inquiété par la justice en aucune manière pour des actes commis avant son élection, mais peut être rattrapé par la justice ensuite la prescription étant interrompue pendant son mandat. Il ne peut en aucun cas être inquiété par la justice pour des faits commis pendant son mandat sauf cas de haute trahison ou en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. Dans ces cas-là ce n'est pas d'ailleurs la justice ordinaire qui s'occupe de son cas. Pour tenter de synthétiser une fois encore, l'élection à la présidence de l'Etat ne vaut pas amnistie ou prescription des faits antérieurs, tandis que pendant son mandat le président peut faire pas mal de choses au moins moralement condamnables sans être véritablement inquiété.
C'est donc ce statut exprimé dans le titre XI de la constitution que certains voudraient changer pour faire du président de la république un justiciable comme les autres mais, si j'ai bien compris, uniquement pour des actes commis avant son élection. Mais peut-être après tout certains ont-ils envisagé qu'il soit un justiciable comme les autres tout le temps.
 
Pourquoi pas après tout? On a bien un candidat normal qui devrait donc faire, s'il était élu, un président normal, normal devant être pris au sens de banal, de citoyen banal. On a déjà eu à la tête de l'Etat un roi citoyen, donc pourquoi pas un président normal. D'ailleurs tout ce qui dépasse commence à être très mal vu dans ce pays. Tout ce qui émerge de la masse des gens normaux, quel que soit le domaine considéré d'ailleurs, est éminemment suspect. On voudrait des nuits du 4-août tous les jours, mais avec une extension infinie du concept de privilège, l'objectif final étant sans doute de mettre tout le monde au niveau du plus abruti, du plus pauvre, du plus malade, du plus faible. L'école d'ailleurs s'y emploie avec succès depuis une trentaine d'années dans le domaine qui est le sien. Car il est tellement difficile de définir la normalité qu'en prenant le plus petit dénominateur commun il y a des chances qu'on puisse se mettre enfin d'accord.
Selon cette logique, avant que le président de la république ne soit tiré au sort au sein de la masse des gens normaux, et donc pendant une période transitoire, essayons au moins d'en faire un citoyen comme les autres, avec un vague statut de fonctionnaire. Faisons de l'Elysée une administration normale avec son chef de service pointant aux 35 heures, pourquoi pas, rentrant chez lui le soir dans sa banlieue ou son petit appartement parisien pour apprécier sa vie de famille comme les gens normaux, se rouler sous la couette avant de prendre son RER du matin, s'il n'est pas en grève, pour rejoindre son boulot. En cas de grève il pourra toujours téléphoner pour s'excuser. Tout cela relève finalement d'un objectif louable. Mais pour y parvenir, il faut procéder pas à pas tant l'édifice institutionnel et constitutionnel est difficile à démonter. Le cas Chirac permet donc de s'attaquer à une des briques de ce mur immense en torpillant le statut pénal du président de la République.
 
Donc, selon les modifications envisagées par certains, on ne devrait pas manquer de voir des présidents en fonction dans les tribunaux. Prenons un cas complètement imaginé mais néanmoins plausible, quoique… Imaginons, hypothèse aussi improbable qu'apocalyptique, que le président Hollande, fraichement élu, fasse modifier la constitution très rapidement pour faire du chef de l'Etat un justiciable lambda. Imaginons que dans le même temps, un juge complètement impartial, pas de gauche, chose fort improbable au demeurant, instruise l'affaire des fédérations socialistes des Bouches-du-Rhône ou du Pas-de-Calais, et qu'un des protagonistes déclare que le premier secrétaire Hollande était lui-même bien au courant de ces choses quand il dirigeait le parti, chose très plausible, nous pouvons en convenir. Et voilà donc notre président tout neuf mis en examen, peut-être en garde à vue, ce qui serait logique pour un homme normal. Imaginons l'impact sur les plans national et international. Une opposition de droite et de gauche, car celle-là se réveillera, soyez en sûrs, pour hurler à la démission avec des chances probables d'y parvenir car la pression sera forte et l'homme n'est pas un roc. Donc nouvelles élections avec Marine Le Pen assurément au second tour, peut-être pas battue par Juppé auquel on rappellera ses démêlés avec la justice quand Chirac lui fit porter le chapeau. Donc crise institutionnelle à partit d'un ragot peut-être. Vous croyez que j'exagère mais réfléchissez-y bien. Car la clé de voute de la 5ème république reste définitivement le président, et s'il est fragilisé institutionnellement c'est le système qui est condamné à s'écrouler. C'est peut-être ce que certains souhaitent en rêvant à une 6ème république qui ne pourrait guère être mieux qu'une copie de la 4ème et qui depuis le début de la crise aurait sans doute déjà connu une douzaine de premiers ministres (ou présidents du conseil) et gouvernements.
Non, je ne pense pas, surtout dans une société ou le moindre ragot peut conduire à un procès et où un mise en examen correspond, malgré l'hypocrisie langagière utilisée, à une culpabilité probable, que le président de la république puisse être un justiciable normal. Ce n'est pas l'homme qui doit être protégé, mais la fonction. L'homme d'ailleurs ne l'est pas, Chirac en est une preuve, et si même on peut trouver la peine un peu dure eu égards à son âge et son état de santé, ce verdict montre bien que nul ne peu échapper à la loi de par ses fonctions. Et c'est une bonne chose. Donc si le cas devait se reproduire et il se reproduira, pour d'autres motifs peut-être, à partir de faits prouvés ou d'allégations mensongères, soyons patients pendant 5 ans ou 10 ans maximum. Au nom de l'intérêt supérieur de l'Etat.
 
Je suis par contre favorable à une modification du statut pénal du chef de l'Etat, à un autre niveau. Je pense que les actions délictueuses voire pire commises pendant son mandat devraient être soumises à la justice ordinaire. Car ce qui est assez incroyable dans notre système c'est que ce type d'actions peuvent être punies mais uniquement par la sanction des lampistes ou des exécutants.
Penons un autre exemple. Imaginons un président de la république qui aurait une vie de famille pas normale, selon l'entendement général. Pour être plus précis dans mon exemple un président qui aurait deux familles composées chacune d'une femme, l'une officielle, l'autre non, et d'enfants, certains officiels, d'autres cachés. Pure hypothèse d'école mais vous savez l'abaissement des mœurs peut conduire à certaines choses qu'on n'ose pas avouer parce qu'on les pense inavouables sans doute et que l'on dévoile quand elles ne portent plus à conséquence. Imaginons donc que ce président pour protéger son secret utilise les moyens que lui offre sa fonction et par exemple, décide de mettre sur écoute le tout Paris. Imaginons également que pour protéger sa famille il la fasse vivre dans une des résidences de la république et utilise des membres du GIGN pour la protéger. Tout cela, vous en conviendrez n'est pas très légal et est même répréhensible dans le cas d'un citoyen ordinaire. Mais que pourrait-il se passer pour ce président pendant et après son mandat. Rien. Cet exemple sorti de mon imagination, donc sans doute peu réaliste, montre donc qu'effectivement il y aurait quelque chose à faire pour que le président puisse être un justiciable ordinaire, ou du moins le redevenir une fois son mandat achevé.

En fait je crois que vous m'aurez compris. Je souhaite évidemment que le président de la république devienne un justiciable ordinaire, mais avec effet retard. Pour les fautes commises avant et pendant son mandat. Ça protégerait les institutions et ça n'exonérerait pas l'homme de ses fautes.

mercredi 14 décembre 2011

Le vote des étrangers, éternel épouvantail socialiste


Je réagis relativement tardivement à ce (non-) sujet dont les socialistes ont l'habitude de nous abreuver depuis plus de 30 ans suite à une lecture faite ailleurs qui reprend tous les vieux poncifs qui n'auront pas manqué d'être repris par un Sénat qui lui aussi s'est lancé dans la campagne électorale pour ls présidentielles et les législatives de 2012.
 
Autant évacuer tout de suite ce point. Il est évidemment clair que le Sénat, devenu un instrument politicien au service de la campagne électorale que mènent les socialistes, et donc sortant quelque peu de son rôle institutionnel qui n'est pas de faire campagne, a ressorti cette vieille promesse jamais tenue par les socialistes. Il parait qu'avant c'était impossible parce que le Sénat était à droite même quand l'Assemblée était à gauche. Reste que comme l'Assemblée a toujours le dernier mot, je ne vois pas trop le problème si ce n'est celui de la majorité des 3/5 au Congrès pour valiser la modification constitutionnelle qui serait induite par cette mesure. Je ne me suis pas amusé à compter si celle-ci fut ou non réalisée notamment en 1981. Mais à la limite, peu importe, puisque si cette mesure est tellement juste, pourquoi ne pas la soumettre directement au peuple par voie référendaire. Après tout, c'est tout de même lui le premier concerné, c'est tout de même à lui de dire s'il consent à partager une parcelle de sa citoyenneté. Evidemment cette option est d'emblée écartée, car on connait déjà le résultat. C'est vrai, quoi! Ce peuple ne sait jamais ce qui est bon pour lui, laissons donc à ses élites le soin de décider des choses importantes et en particulier de la citoyenneté. Pauvre peuple auquel on se réfère sans cesse pour montrer les misères que lui inflige la majorité en place, mais qu'on réduit au silence sur les choses les plus essentielles. Droite et gauche confondues.
Donc pour en revenir au Sénat, je ne vois pas trop l'intérêt de précipiter les choses dans la mesure où jusqu'en juin 2012 au moins rien ne se fera, dans la mesure où 2012 ce n'est pas gagné, dans la mesure où, même en cas de victoire la majorité des 3/5 au Congrès n'est pas acquise. Si ce n'est…si ce n'est pour conforter cette nouvelle partie de l'électorat nouveau du PS qui a troqué les classes populaires contre les femmes, les bobos, les intellectuels, les CSP+, et les divers. Si c n'est pour conforter un électorat justement populaire de porter ses voix vers le front national et gêner la droite, à la présidentielle peut-être, mais surtout aux législatives qui suivront. Quelques triangulaires de plus ne peuvent pas faire de mal, hein? Donc une opération purement politicienne. Ce qui au passage me semble assez indigne d'une chambre qualifiée aussi de haute.
 
Bon on pourra me dire que je vois le mal partout, surtout à gauche. Il convient donc peut-être que je m'explique sur mon opposition au droit de vote des étrangers à quelque élection que ce soit.
La première raison, la plus simple, la plus bête diront certains, c'est qu'ils sont étrangers. Et donc qu'ils ne sont pas des citoyens. Souvent par choix car si j'ai bien compris ce droit de vote serait accordé à des résidents dont l'ancienneté de présence sur le territoire leur permettrait finalement d'acquérir la nationalité française s'ils le souhaitaient. Dans la mesure où la France est très large et reconnait la double nationalité, on peut supposer que ceux qui restent étrangers souhaitent le rester. Pourquoi alors leur donner une parcelle de citoyenneté? J'ai connu et je connais des immigrés qui ont choisi de ne pas devenir Français, j'en ai connu qui ont fait le choix inverse et qui possèdent ainsi deux nationalité, et j'en ai même connu qui ont choisi la nationalité française en sachant qu'ils risquaient de perdre leur nationalité d'origine. Je connais au moins une personne qui l'a perdue suite à un contrôle plus poussé que d'habitude dans son pays d'origine où elle venait en vacances. Tout est histoire de choix personnel et donc de volonté exprimée. Pourquoi alors aller contre ces choix surtout si on fait partie de la caste des grands humanistes?
La seconde raison c'est l'absence de réciprocité. Si les immigrés communautaires ont le droit de vote en France aux élections locales, les Français expatriés dans les pays de l'Union Européenne disposent du même droit. Or, il ne me semble pas que l'Algérie, le Maroc ou le Mali envisagent sérieusement de donner ce droit aux Français égarés chez eux. La France donne déjà beaucoup de droits, droits à l'éducation, droits à l'assurance santé, droits à l'assurance chômage, …, dont les expatriés français ne bénéficient pas dans certains pays hors UE. Mais ils cotisent me dira-t-on. Oui parfois mais pas systématiquement, et ensuite ce sont des assurances. Trouvez les pays qui ont des dispositifs comme la CMU ou l'AME dont bénéficient largement les étrangers et on en reparlera. Mais à la limite peu importe. Soyons humanistes. Mais sans brader la citoyenneté.
La troisième raison est le risque communautaire évoqué par certains derrière l'avis desquels je me range volontiers. La structure démographique de certaines communes, notamment autour de Paris, ne permet surtout pas d'exclure ce risque. Le vote récent des Tunisiens vivant en France à l'occasion de leurs élections indique quand même qu'une partie significative d'entre eux préfèrent le coran à la laïcité. Il n'est donc pas exclu d'imaginer des communes dirigées par le parti de la charia dans notre beau pays. Qu'est-ce qui légalement pourrait s'y opposer dès lors que les électeurs choisiraient massivement des conseillers, pourquoi pas étrangers se réclamant de cette mouvance dirigés par un maire, bien Français lui, mais également de la même mouvance. On parle déjà de quartiers perdus pour la République, on pourrait parler de communes hors République.
 
Alors évidemment j'entends les arguments qu'on nous ressort depuis 30 ans en faveur de ce vote, sans que pour autant quand la gauche fut au pouvoir elle n'engagea de procédure décisive pour transformer une promesse en réalité.
Déjà un argument négatif : les communautaires (de l'UE) on bien ce droit. Oui certes. J'ai parlé plus haut de la réciprocité. Mais la raison majeure à ce droit de vote reste sans doute la volonté de créer les fondements d'une citoyenneté européenne. En vain à mon avis, car les différences culturelles empêcheront la réelle émergence de cette citoyenneté et resteront toujours plus fortes que les valeurs d'une civilisation commune. Faites entrer la Turquie, la Bosnie et le Kosovo dans le bazar et là vous n'avez même plus cette base civilisationnelle. Je ferme la parenthèse. Donc à part souhaiter créer les fondements d'une citoyenneté (sans réciprocité) franco-africaine (j'épargne les autres qui ne seraient ni de l'UE, ni de l'Afrique) je ne vois pas très bien les fondements de cette démarche. C'est pas demain qu'on sera citoyens du monde!
Ils paient des impôts. Oui, parfois! Mais ces impôts leur reviennent sous la forme de services, d'infrastructures, de prestations, de façon variable selon les cas, comme les Français. Là je n'entrerai pas dans le débat de savoir si l'immigration coûte ou rapporte, c'est un autre sujet. Cet argument me parait d'autant plus étrange que, bien que se réclamant l'héritière de la Révolution la gauche fonderait désormais la citoyenneté, même locale, sur l'impôt. Cet argument a en plus l'inconvénient, au moins pour moi, de pouvoir être étendu au niveau national. Car s'ils paient des impôts locaux, il leur arrive aussi parfois de payer des impôts à la France.
Bien évidemment en corollaire de cette histoire d'impôts, vient l'argument que comme ils paient ils devraient participer aux décisions qui modèlent leur vie quotidienne. Et pourquoi pas au niveau national aussi, puisque les lois votées par le Parlement s'imposent également à eux, parfois aussi. Il parait que ça aiderait à favoriser leur intégration. Encore une fois on met la charrue avant les bœufs. Comme j'ai tenté de l'expliquer plus haut si après 5 ans et plus de présence continue en France, on ne se sent pas encore la fibre de devenir français, je doute qu'un droit de vote, peut-être même pas exercé favoriserait les choses. J'ai toujours pensé que l'effort devait précéder la récompense. Vision archaïque sans doute.
 
Mais tout ça à la limite, ça n'a aucune importance. Car c'est de l'agitation stérile pour les étrangers, et opportuniste d'un point de vue politicien. Et puis, il y a une chose qui me rassure finalement (si j'ose dire) : les étrangers malgré les discriminations qu'ils subissent, malgré ce droit légitime qu'on leur refuse de voter aux municipales ou autres élections, malgré le racisme ambiant, continuent à venir et à vouloir rester sur le territoire français. Car il y a un droit qu'on ne peut leur retirer et que parfois on voudrait qu'ils soient plus prompts à exercer, c'est celui de voter… avec leurs pieds.

samedi 10 décembre 2011

Ambiance préélectorale



Ça ne ressemble pas vraiment à une veillée d'armes où le recueillement le partage avec la fraternité. Non, ça ressemble plutôt à une cour de récréation où on se balance des châtaignes, ou peut être davantage même à une arrière salle de bistrot enfumée, sauf que ça théoriquement ça n'existe plus, où des ivrognes de villages voisins s'invectivent à propos de la nullité crasse de l'autre avant de renter piteusement chez eux pour cuver après s'être pris une copieuse avoinée par bobonne laquelle se sera quand même pris une torgnole au passage, celle qu'on n'a pas osé donné à celui du village d'à côté des fois qu'y serait plus fort.
C'est donc à peu près à ça que me fait penser cette triste période, achèvement logique d'un quinquennat pendant lequel l'opposition, faute d'avoir rien à proposer et aussi désireuse de masquer le bocson qui règne dans ses rangs est restée le nez dans les betteraves pour critiquer la politique du gouvernement. Evidemment ça peut être payant, l'époque n'étant pas vraiment à la réflexion et le "bon" mot, l'invective ordurière, la rumeur étant davantage prisés qu'un raisonnement solide fondé sur des faits. Et contrairement à l'adage populaire, plus c'est court, plus c'est bon. Ainsi quelques slogans du style "Sarkozy voleur", "Sarkozy menteur", "Sarkozy défend les intérêts des riches" (ça c'est peut-être déjà trop long), "gauche = morale", "France abimée", "médias à la botte" (non on ne rit pas!),…, sont bien plus efficaces que l'exposé consciencieux de propositions face à une situation préalablement analysée. Mais après tout, ceci n'est pas nouveau et est finalement consubstantiel à tous les régimes, qu'ils soient autoritaires, ou qu'ils soient démocratiques. Dans le premier cas, il fait bien abrutir le peuple, dans le second il faut être capable d'attirer ses voix et même si désormais semble être inscrit dans le marbre le droit à la licence pour n'importe quel crétin, il vaut mieux éviter les choses trop compliquées. Car finalement ça sert à quoi la politique en premier chef? Eh bien à être élu. Et pour être élu on a compris ce qu'il faut faire. Pas tant s'occuper des choses sérieuses qu'on a, qu'on soit de gauche ou de droite, largement sous-traité (la politique économique, budgétaire et financière à l'Europe et aux marchés, la politique de défense à l'OTAN et aux Etats-Unis) que de faire des propositions concrètes, réalistes et réalisables. Reste quand même quelques petits trucs où tenter de faire la différence : l'identité nationale, la diversité, l'immigration, la protection sociale, l'éducation… Des sujets quand même suffisamment importants pour qu'on en parle sérieusement. Or, que constate-t-on à à peine 4 mois du premier tour de l'élection présidentielle : rien! Ou juste des querelles sans intérêt ou des postures assez curieuses.
 
Evidemment, on a dû évacuer en cours de route le thème de la morale. La gauche il y a quelques mois encore tentait de nous faire croire que la droite c'était tous pourris tandis que chez eux on pouvait aller à confesse sans squatter le confessionnal pendant des heures. Evidemment entre temps, il y a eu les frasques de celui qui devait pulvériser Nicolas Sarkozy à la présidentielle, connues mais tues par toutes et tous. Et puis alors que l'affaire Bettencourt pour laquelle d'ailleurs aucun homme politique de droite n'a encore été mis en examen aurait pu permettre au PS de se présenter comme un parti aux mains propres, du moins lavées depuis quelque temps, patatras : l'affaire Guérini, pourtant couverte de tout son poids et ce n'est pas rien par la première secrétaire explose comme une bombe et dévoile des pratiques pas très orthodoxes dans les fédérations. Et tandis qu'un autre affaire d'appel d'offre irrégulier concernant la construction du "pentagone " français pourrait ternir l'image de la droite si cela est encore possible, vla ti pas la fédération PS du Pas-de-Calais qui est soupçonnée de choses pas très nettes ainsi qu'au moins un député de ce département qui aurait un style de vie de riche (donc de droite) mais avec l'argent des autres. Affaire qui au passage témoigne de l'ambiance fraternelle au sein du PS puisque l'inénarrable Jack Lang vient de porter plainte contre Arnaud Montebourg qui l'aurait diffamé. Ambiance! Tout ça pour dire que les thèmes de la morale, d l'honnêteté, de la cupidité, de la vertu, on n'en parlera pas. On laissera ça au front national qui a au moins cet avantage de ne pas pouvoir profiter d'un système qui permet à d'autres de s'égarer ou de succomber à certaines tentations.
 
Mais comme je l'ai dit plus haut, il reste des sujets sur lesquels se positionner clairement. Bon, et bien là on reste quand même sur sa faim. Car pour l'instant on en est quand même encore au niveau des pâquerettes.
Dernier scoop en date : il parait qu'à partir du site de l'Elysée on pourrait rejoindre la page fesse-bouc de Sarkozy. Ça s'est grave, bien évidemment. Ça peut vous biaiser une élection comme pas possible. Et puis d'ailleurs il paraitrait que Sarkozy se permette encore d'effectuer des déplacements et de s'exprimer si près de l'échéance électorale. Car il est évident qu'un président de gauche jamais ne ferait cela. Regardez Mitterrand, il n'est pas sorti de chez lui pendant au moins 6 mois avant sa réélection, sinon ça se serait su. Sauf peut-être pour aller rendre visite à sa fille et à sa maitresses entretenues au frais de l'Etat. Oui je sais c'est pas bien de dire ça, c'est de l'attaque de personnes. Au passage vous remarquerez que la droite de l'époque a su montrer suffisamment d'élégance pour garder le silence sur ce "secret d'Etat" comme le considérait la vieille crapule et ne pas en tirer profit. Reste que ça me fout quand même les boules de savoir que mes impôts on servi aussi à ça et au dispositif chargé de préserver le secret de polichinelle dont le fonctionnement est bien entendu beaucoup, mais alors là, beaucoup moins grave que cette histoire de fadettes ou cette volonté d'identifier un fonctionnaire arrondissant peut-être ses fins de mois en balançant ce qui devait rester secret (de l'instruction) à des journalistes. Eh oui, les donneurs de leçons d'aujourd'hui étaient pourtant bien présents à cette époque et même pour certains en responsabilité. Mais peut-être m'égaré-je? Quoique! Quelques comparaisons ne nuisent pas forcément et indiquent peut-être des changements dans les mœurs assez peu honorables.
 
Et puis il y a bien sûr, mais ce n'est pas propre à cette période préélectorale, même si le filon risque d'être largement exploité, cette tendance obsessionnelle, maniaque, à rechercher dans le camp d'en face la phobie misérable. T'es contre le mariage des homos, donc t'es un homophobe. T'as un point de vue réservé (euphémisme) sur la capacité de l'islam à se séculariser dans notre démocratie qui se veut laïque, t'es un sale islamophobe. En ce moment c'est la germanophobie qui est à l'honneur dans les deux camps, même si l'un d'entre eux ne connait pas suffisamment sa géographie pour distinguer la Norvège de l'Allemagne. Peu importe, leurs ressortissants sont tous blonds aux yeux bleus et ont des accents incompréhensibles. Donc c'est pareil. En tout cas, moi, avec toutes les phobies que je me trimballe, je risque un jour de finir en hôpital psychiatrique, comme au bon vieux temps derrière un certain rideau. Quoiqu'il en soit, faudra se méfier de plus en plus. J'écoutais il y a peu le président de la LICRA qui expliquait que quand il déposait une plainte, ce n'était pas pour limiter le droit d'expression, mais pour permettre au juge d'en fixer les limites. Ce genre de réflexion, ça me fait toujours un peu peur.
 
Mais quand même, je ne voudrais pas être mauvaise langue. Je dois en effet reconnaitre que des sujets de fond sont abordés en ce moment.
Par exemple cette fameuse règle d'or qui devrait, une fois édictée, nous permettre de relever la tête, de sauver l'euro et tout ce qui va avec. Donc proposition abandonnée, reprise puis une nouvelle fois abandonnée de voir cette mesure inscrite dans la constitution donc avec l'aval des socialistes. Quasiment personne, ou très peu diront que c'est déjà dans le traité de Maastricht, origine de tous nos maux (et contre lequel j'ai voté) et que donc cette règle s'impose déjà à toute l'UE. On préfère en faire une affaire politique. Il y a ceux qui ne la voteront pas mais qui sont quand même pour. Le problème c'est celui qui propose, pas la règle. En fait le piège, je crois que c'était ça, et non pas le fait de la voter. Ça ressortira entre les deux tours. Mais beaucoup d'agitation autour de rien, comme souvent.
Et puis il y a ce vieux serpent de mer qui ressort une fois de plus de sa panière à l'initiative cette fois du Sénat : le vote des étrangers non communautaires aux élections locales. Ça fait 30 ans qu'on nous bassine avec ça, à chaque élection. La gauche quand elle pouvait le faire ne l'a jamais fait, et là, alors qu'elle est dans l'impossibilité de le faire, au moins jusqu'en juin, elle utilise le Sénat qui est désormais à sa botte pour faire voter en vain une loi à ce sujet. De qui se moque-t-on? Des Français qui majoritairement restent opposés à ça? Des étrangers auxquels on fait espérer une chose qu'ils ne sont pas près d'obtenir? Enfin, voilà une manière de relancer le front national avant les élections. Doit-on utiliser une des chambres pour cela? J'ai quelques doutes. En tout cas quand on critique le Président pour ses déplacements, on devrait avoir assez d'éthique pour s'abstenir d'utiliser les institutions pour mener campagne.
 
Ben voilà! Tout ça c'était pour dire que cette campagne électorale, alors que des changements sociétaux sont désormais inexorables, démarre sous de bien lamentables auspices. La droite n'a peut-être pas, sans doute pas d'ailleurs, répondu aux différents enjeux qui se présentent. Mais je suis persuadé que la gauche, surtout une gauche divisée comme elle l'est en ce moment, dirigée par un PS tout aussi divisé (et qui va désormais s'étriper au moment de l'officialisation des candidatures aux législatives) n'est absolument pas en mesure de relever les défis qui nous attendent.
Faudra encore une fois voter contre celui qu'on estime être le plus mauvais.

mardi 6 décembre 2011

Zalut la Vranze ! Pas de ça avec les verts!



"Zalut la Vranze !". C'est par ces mots que Patrick Besson fait commencer son édito du point de la semaine dernière. Un édito consacré à se moquer, mais peut être davantage, de l'accent d'Eva Joly, candidate écologiste à la présidence de la République, et aussi à nous faire peur, car dans ce billet Patrick Besson nous place dans une configuration où effectivement l'impétrante aurait gagné l'élection, ses principaux concurrents ayant été éliminés par un décès accidentel.
Ce billet nécessairement irrévérencieux si on connait un peu Patrick Besson, ancien de la bande à Jean-Edern Hallier et de l'Idiot International a suscité beaucoup de réactions violentes du côté des politiques de gauche évidemment, et les associations antiracistes. Le parti socialiste, pour sa part, s'est montré discret, certains de ses membres faisant l'objet de soupçons de germanophobie. C'est donc son officine bienpensante patentée, SOS racisme, qui s'est exprimée à sa place.
 
La lecture de quelques réactions laissent pantois. Ainsi Cécile Duflot déclare : "« Ce texte n'est pas seulement pas drôle (elle ne souffre pas pour sa part de problèmes d'élocution, mais par contre la syntaxe reste à soigner), il est l'expression ouverte de propos xénophobes à l'encontre d'une candidate à l'élection présidentielle qui représente l'ensemble des écologistes. » Propos xénophobes ! L'expression est lancée. François Delapierre, directeur de campagne de Mélenchon n'y va pas non plus avec le dos de la cuiller : "Je sors consterné de la lecture du billet de Patrick Besson sur Eva Joly dans le Point de cette semaine où il invente un discours de présidente ridiculisée par un accent norvégien (ou allemand ?)… En réactivant le spectre du "boche" au détriment d'une compatriote, M. Besson fait preuve d'une xénophobie insupportable. Il manifeste un communautarisme atterrant en effaçant les propos d'Eva Joly derrière son origine… Il sous-entend que les Français nés ailleurs ne sont pas des citoyens à part entière. Il souffle sur les braises de l'affrontement entre les peuples alimenté par la crise comme par la dérive autoritaire de l'Union Européenne. Ce n'est pas simplement grotesque, c'est criminel." Patrick Besson, c'est la guerre! Quant à SOS racisme ce n'est guère mieux : "Ce pamphlet ne relève pas de la simple maladresse ou d'un humour (des plus douteux) mais bien d'une vision à connotation xénophobe, dans la lignée de celui de l'extrême droite française qui, à la fin du XIXe siècle, attaquait Léon Gambetta sur son accent toulousain." Besson représentant éminent de l'extrême-droite! Ce qui au moins est la preuve que Sopo ne connait pas du tout Besson, Patrick je précise. Ce dernier peut sans doute être critiqué, mais surement pas accusé ni de sympathies vis-à-vis de l'extrême-droite, ni de xénophobie, étant lui-même largement d'origine étrangère. Mais il est vrai qu'il possède deux handicaps sérieux : son père était juif et il a soutenu la Serbie lors du conflit yougoslave.
 
Mais peut-être a-t-il voulu simplement signifier, au-delà d'un texte qui se veut humoristique et irrévérencieux à la fois, mais certainement pas davantage que les chroniques de Laurent Gerra sur RTL où notre walkyrie nationale est moquée fréquemment à cause de son accent et de ses tendances autoritaires, donc peut-être a-t-il voulu signifier que quand on prétend devenir présidente de la République, il est souhaitable d'être compris par ses compatriotes et de ne pas être obligé de faire sous-titrer touts ses interventions. Ben oui, c'est peut-être la moindre des choses. Car un accent ça se corrige, ça se travaille. Même ma vieille grand-mère après avoir franchi la frontière de quelques kilomètres et s'être établie en Belgique à un âge déjà avancé a réussi à choper l'accent belge. Il y a même des orthophonistes pour ça. Je veux bien comprendre, mais c'est désormais du passé, que pour la juge Joly son accent était une arme redoutable. Car qui, même innocent, pourrait ne pas craquer au bout de quelques heures en tête à tête avec la dame et ne pas signer n'importe quels aveux. La juge Joly d'ailleurs avait cette tendance fâcheuse à enfermer les innocents, sans doute un peu sourds, qui avaient résisté à cette épreuve, juste au moins pour qu'ils puissent balancer. Ses méthodes connues ainsi que ses discours justifient pour le moins les propos que lui prête Besson. Remarquez que ce n'est pas là-dessus qu'il est attaqué, mais sur l'accent prêté à notre ancienne dauphine de miss Norvège dont les charmes ont suffi quand elle était fille au pair à faire un riche mariage et à devenir française. Quand une fille venant d'Europe de l'Est suit le même parcours, c'est désormais une pute.
 
Au-delà de tout cela, il faut quand même constater qu'avec les verts, il ne faut pas rigoler. Remarquez quand vous voyez les têtes d'un Mamère, d'un Cochet, d'un Lipietz, d'une Voynet, d'une Duflot, vous vous dites que chez ces gens-là on ne rit que quand on se fait arracher un ongle. C'est d'ailleurs peut-être pour cela qu'ils ont préféré Joly à Hulot.

samedi 3 décembre 2011

Peuple vs diversité


Je viens de lire le dernier billet de Marius (ici) rapportant une conférence d'Antoine Sfeir sur l'islam dans la cadre de l'institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN).
Si j'ai bien compris le propos de Marius, cet homme semble considérer comme une fatalité qu'en France, et sans doute en Europe, du fait d'une modification ethnico-religieuse de nos structures démographiques, nous en soyons dans un avenir relativement proche à devoir étudier le coran dès l'école dans un souci d'ouverture à l'Autre et dans une démarche d'abandon de notre sentiment de supériorité civilisationnelle ou culturelle. Si je me trompe, Marius, fais-moi signe!
Mais même si je me trompe, cette optique semble déjà clairement envisagée par un certain nombre de nos concitoyens et surtout par les grands bénéficiaires de ce qui pourrait paraitre comme une chose allant inexorablement dans le sens de l'histoire. Et si elle n'est pas encore clairement exprimée à gauche, elle entre tout à fait dans cette logique datant d'une trentaine d'années, je vais y revenir, qui lui a fait abandonner ce qu'elle appelait ou appelle encore le peuple, mais sans vraiment s'en soucier, c'est-à-dire la classe ouvrière et les employés, au profit des minorités. Quand j'emploie le terme de minorité, il ne s'agit pas forcément d'un critère quantitatif, mais de la position d'infériorité dans laquelle sont supposées être maintenues certaines catégories de la population. Il s'agit donc, en l'occurrence, et sans volonté de les classer de ma part des femmes, des homosexuels, et bien entendu des membres de ce qu'on appelle aimablement la diversité, en fait dans les esprits ceux qui sont issus d'une civilisation extra-européenne et qui ont à cœur de conserver leur identité culturelle, au moins en partie. J'ouvre une petite parenthèse pour juste faire remarquer que les Asiatiques sont peu concernés par cette démarche, peut-être simplement alors que même ils conservent en général une forte identité culturelle et ont l'instinct plutôt grégaire, ils ne demandent rien à leurs pays d'accueil. Un symbole de cette démarche en faveur de la promotion des minorités est cette décision du parti socialiste de présenter des candidats, soit issus de la diversité, soit féminins, dans les circonscriptions où le sortant abandonne son siège. Une autre démarche de gauche, dans une optique ante-mitterrandienne aurait peut-être remplacé les divers et les femmes par des ouvriers. Reste qu'historiquement le peuple n'a jamais connu cette faveur. Même en 1789, aux Etats-Généraux, la représentation du tiers-état n'avait qu'un paysan parmi ses membres (aisément reconnaissable dans un tableau représentant cette assemblée où il est le seul à ne pas porter perruque). Finalement les choses n'ont guère changé quant à la confiance en la capacité du "peuple" à savoir ce qui est bon pour lui.
 
Alors, oui effectivement, la gauche a abandonné le peuple, celui qui l'avait portée au pouvoir en 1981. Avant de me jeter des tomates, ce qui serait encore un moindre mal, il faut savoir que ce constat ne vient pas particulièrement de moi. Il est celui, en particulier de cette officine proche du PS et nommée terra nova qui prend acte mais ne déplore pas, mais au contraire incite à persister dans cette voie en préconisant de s'appuyer sur l'électorat des grandes villes (les bobos, quoi), les femmes et la population des quartiers (donc essentiellement la diversité). Pour paraphraser la formule de Bertold Brecht, la gauche est parvenue à changer son peuple. Le peuple de gauche actuel n'a effectivement plus grand-chose à voir avec celui d'il y a 30 ans. Et pour cause, parce que cet ancien peuple de gauche, celui des débuts du socialisme, celui du front populaire, celui de 1968 et de 1981, eh bien il est passé à droite ou à l'extrême-droite. Non seulement parce que la gauche arrivée au pouvoir en 1981 n'a pas tenu des promesses qu'elle ne pouvait d'ailleurs pas tenir, les réalités économiques étant ce qu'elles sont, mais parce qu'elle a cessé de lui parler à ce peuple. Mais surtout que tandis qu'elle parlait aux enseignants, aux fonctionnaires et aux artistes, la droite et l'extrême-droite captaient son attention, les uns et les autres sur des registres différents. Différents, sans être antagonistes et même parfois se recoupant, j'y reviendrai.
En effet, si on remonte à une trentaine d'années en arrière, aux années 1983-1984 pour être plus précis, que remarque-t-on? Une gauche arrivée au pouvoir 2 ou 3 ans plus tôt, avec un programme ambitieux pour les classes populaires et qui se trouve confrontée aux dures réalités de l'économie. Et qui donc opère un grand virage qui la ramène peu ou prou à mener une politique économique équivalente à celle conduite par la droite. Devant cet échec, face à cette promesse qui ne sera pas tenue, la stratégie de maintien au pouvoir se modifie. Aussi décide-t-on de jouer sur un autre tableau : 1983, marche des beurs, 1984, création de SOS racisme. Et depuis rien à changé dans la stratégie de la gauche même si de façon sporadique elle nous pond une mesure catastrophique en faveur des travailleurs qui se transforme en handicap économique : retraite à 60 ans, 35 heures, mesures d'ailleurs détricotées ou carrément remises en cause par la droite sans que la gauche puisse donner un véritable espoir crédible de revenir sur ce qu'elle appelle des acquis, sinon à la marge. Pour le reste on se maintient dans une politique économique orthodoxe zélée qui verra par exemple le gouvernement Jospin battre un record en termes de privatisations. Mais parallèlement le même gouvernement fait voter la loi sur la parité et la loi sur le pacs. Diversité, femmes et homosexuels : les nouvelles clés de voute de l'électorat socialiste.
 
Pendant ce temps, les classes populaires n'ont guère vu leur situation s'améliorer et s'éloigner d'elles le spectre de la précarité. Quels que soient les gouvernements d'ailleurs, de gauche ou de droite. Le candidat Sarkozy, en 2007, pourtant parvient à les séduire en leur parlant de "ceux qui se lèvent tôt le matin" en leur promettant de pouvoir "travailler plus pour gagner plus". Discours vains, surtout que la crise est passée par là. En même temps il parvient à siphonner une partie de l'électorat du front national, issu également des classes populaires, en tenant un discours à forte consonance patriotique. Mais sans que cela se traduise de manière très visible dans les faits. D'où une forte remontée du front national qui a très bien su se positionner sur ce créneau des classes populaires, et encore davantage depuis que Marine Le Pen a remplacé son père.
En effet, en tournant délibérément le dos à toute politique assimilationniste, laquelle pourtant avait fait ses preuves pendant des décennies, en invoquant le respect de l'Autre, de sa culture et de son identité dont il ne fallait surtout pas le dépouiller, en se laissant aller aux compromis(sions) (dé)raisonnables, en n'hésitant pas à faire des entorses localement à la laïcité pour satisfaire des revendications religieuses (piscine de Lille par exemple),…, la gauche, mais aussi la droite de gouvernement qui n'a pas eu le courage de revenir sur tout cela sauf en paroles peu suivies d'effets, a réussi à faire comprendre aux classes populaires, aux "petits blancs" travailleurs ou dans la précarité, que non seulement leur sort ne s'améliorerait pas mais qu'en plus il leur faudrait à terme changer de manière de vivre pour faire de la place à l'Autre. Et ceci n'est pas qu'un fantasme quand on considère la fuite des "quartiers" de la part des Français de souche vivant modestement, mais prêts à faire encore des sacrifices financiers pour échapper à l'environnement créé par cet Autre dont l'identité et les mœurs sont pourtant si respectables qu'il faut les préserver. Ce même mouvement, allant bien sûr dans le sens de l'histoire, en phase avec les valeurs de la France, de la tolérance, des droits de l'homme, et blablabla, a également privé les classes populaires de leur rôle de référent. Car quand la France assimilait, ils avaient un rôle fondamental à jouer pour guider les étrangers venus sur notre sol, comme l'école avait un rôle fondamental à jouer en direction de leurs enfants. L'école aussi a été déchargée de ce rôle.
Et qui reste-t-il pour parler à ces gens, inquiets pour leur proche avenir, inquiets pour leur avenir plus lointain et celui de leurs enfants? Qui reste-t-il pour prendre en compte leurs angoisses bien légitimes et se fondant sur du concret? Eh bien le front national. Un front national, nouvelle mouture depuis que Marine Le Pen en a pris la direction. Le front national se pose en seul défenseur d'un modèle de civilisation face à une arrivée massive de maghrébins et les revendications d'ordre religieux de la part de nombre de musulmans (n'oublions pas que 40% des Tunisiens vivant en France ont voté pour le parti islamiste, c qui d'ailleurs effraie l'imam de Drancy). Mais en plus, le front national nouvelle mouture, renonce au "poujadisme" et se dote d'un programme économique, que, même s'il ne tient pas la route, ne renieraient ni Montebourg, ni Mélenchon. Le FN est presque devenu un parti national-bolchevique, à la fois au chevet d'une civilisation en danger, et défenseur des intérêts économiques du peuple. J'ai beau me triturer la cervelle, je ne vois le PS dans aucun de ces deux rôles. Je dirai même qu'au contraire il est à l'opposé du premier.
 
La gauche de gouvernement, pour faire clair le PS, en se faisant l'apôtre de la diversité s'est définitivement coupé de son électorat traditionnel, celui qui prévalait jusqu'aux années 1980. Mais non seulement en faisant cela il s'en est coupé, mais il a adopté des positions contraire à ses intérêts objectifs, voire imaginaires, mais ça aussi il faut le prendre en compte, et s'est détourné de ses préoccupations qui ne sont pas seulement le chômage et le pouvoir d'achat, vis-à-vis desquels il n'a d'ailleurs rien de mieux à proposer que la droite, à part peut-être des emplois subventionnés et donc intenables en cette période de disette budgétaire. Non, car derrière le peuple anciennement de gauche et assimilé aux classes populaires bien identifiables dans leur inscription dans le système de production (ouvriers et employés), se cache également un peuple national, c'est-à-dire un peuple attaché à ses racines et à un mode de vie, à une civilisation, bref à tout ce qui constitue un habitus et qu'il sent d'autant plus menacé que les idées portées par les slogans sur les bienfaits de la diversité progressent. Mais plutôt que de revenir en arrière, plutôt que de retrouver ses racines, cette gauche a fait son choix : le reniement pur et simple de ce peuple qui l'a faite par sa stigmatisation. Ce peuple qui la soutenait est devenu franchouillard, xénophobe, raciste, islamophobe, infréquentable.
Manière de détourner l'attention d'un échec, stratégie électorale ensuite pour affaiblir la droite, et désormais catastrophe en vue. Car ce peuple finira par se révolter, en France, en Europe où la progression des droites nationales est aussi importante et observable que chez nous. Peut-être pour le meilleur, peut-être pour le pire. Reste qu'on aurait pu faire autrement.

mercredi 30 novembre 2011

Bigeard aux Invalides, l'anti-France en embuscade



Depuis plusieurs années maintenant les acteurs de l'anti-France peuvent se manifester ouvertement et nous inonder de leurs saloperies. Et pour eux chaque occasion est bonne. Une de leurs cibles préférées est bien évidemment l'armée composée de brutes assoiffées de sang, de tortionnaires, et qui font ou ont fait le malheur de pauvres gens bien sympathiques. Ainsi dernièrement a-t-on pu voir ces bien pensants se réjouir de la sortie du film sur Ouvéa dans lequel, bien évidemment, des salauds de militaires, plutôt que de faire risette à des preneurs d'otages et assassins de gendarmes, mais pour rire bien sûr, ont préféré utiliser la manière forte et en tuer quelques-uns sans les avoir au préalable un peu malmenés. Cette version est évidemment la bonne et quiconque oserait la mettre en doute, même en apportant les preuves, est d'emblée considéré comme un salaud complice, et même peut-être acteur, de cette conduite déshonorante de l'armée française.
Toujours à l'affut, ces individus dont le seul but semble être de salir leur pays, sautent sur toute occasion leur permettant de se manifester. Et donc aujourd'hui, avec cette décision gouvernementale de déposer les restes du général Bigeard dans le tombeau des gouverneurs des Invalides, une nouvelle occasion leur est offerte de se manifester.
 
Tout d'abord quelques rappels.
Le général Bigeard, décédé en juin 2010 et dont vous pouvez retrouver les états de services (non pas de sévices, pauvres pommes!) ici, avait émis avant sa mort le souhait de voir ses cendres répandues sur le champ de bataille de Dien Bien Phu où il combattit vaillamment pour reposer auprès de ses hommes, morts là-bas (le 6ème bataillon de parachutistes coloniaux commandé par Bigeard combattit à Dien Bien Phu du 16 mars, date de son parachutage, au 7 mai 1954). Le gouvernement vietnamien lui a refusé cette faveur, cet honneur, ce qui ne me choque pas outre mesure. Je ne sais pas si une demande analogue du général Falkenhayn qui dirigeait les opérations à Verdun du côté allemand aurait été accueillie dans l'allégresse. Et puis il y a ces vœux que seuls peuvent comprendre les militaires et qui resteront toujours étrangers aux politiques. Donc devant le refus vietnamien, le gouvernement français, comme c'est encore son droit, a décidé d'honorer une dernière fois le vieux soldat que fut Bigeard en l'inhumant dans le tombeau des gouverneurs des Invalides. Je reviendrai sur ce lieu. Cette décision est juste. Car si on a honoré les maréchaux Leclerc et Juin de la même façon, on a souvent oublié cette génération de soldats entrée en guerre en 1939 ou peu après, et ayant dit "non" aux nazis, et qui n'a déposé les armes qu'en 1962. Cette génération qui a servi la France et ses gouvernements successifs, et non pas une idéologie comme ceux qui aujourd'hui dénoncent l'honneur fait à Bigeard. Ces hommes se sont battus contre l'occupant allemand. Ils ont combattu en Indochine dans l'indifférence générale ou dans l'hostilité de ceux qui recevaient leurs ordres de Moscou et qui n'hésitaient pas quand ils le pouvaient à saboter leurs armes et munitions fabriquées en métropole. Beaucoup sont morts dans les camps, parfois de la main d'autres Français. Ils ont gagné la guerre en Algérie, mais se sont vu priver de leur victoire par les politiques qui les avaient envoyés là-bas. Et de leur dévouement, de leur courage, de leur abnégation, de leurs sacrifices, de leurs souffrances, de leurs morts, que reste-t-il? Bien peu de choses. On les a sacrifiés, on les a abandonnés, on les a cachés, parce qu'ils faisaient honte, ils faisaient honte à cause de leur grandeur, à tous ceux qui avaient profité, mais sans être capables d'en tirer les avantages, d'hommes exceptionnels qui avaient su faire passer leur devoir avant toute chose. Bigeard n'est que le représentant de tous ces hommes. Sa gloire personnelle, son héroïsme, attesté par de Gaulle dans ses mémoires qui pourtant était passablement avare de tels compliments, en font effectivement un représentant exemplaire.
 
Le choix d'inhumer la dépouille dans la crypte des gouverneurs des Invalides est donc tout à fait logique. Napoléon avait souhaité faire de ce lieu, déjà consacré par son hospice et son hôpital depuis Louis XIV aux soldats meurtris dans leurs chairs au service de la France, le panthéon des gloires militaires. Aussi trouve-t-on inhumés aux Invalides de nombreux militaires, essentiellement des généraux et des maréchaux, dont les faits d'armes reconnus par les gouvernements de l'époque ont conduit à cet honneur. Le dôme des Invalides ouvert au public permet de voir les lieux de sépulture de quelques-uns de ces militaires. La crypte des gouverneurs, fermée au public, permet d'en abriter des dizaines. Dans ces lieux donc, du maréchal de Turenne au maréchal Juin (la liste est trop longue pour que je puisse la citer ici, mais vous pouvez la trouver ), il existe actuellement une continuité historique qui témoigne de la gloire militaire de la France. Bigeard y a donc toute sa place.
 
Et voilà qu'une poignée de jean-foutres, du style de Mamère viendraient à contester qu'on rende enfin l'honneur qu'ils méritent à ces héros et à un de leurs plus illustres représentants. Voilà que quelques branquignoles, communistes ou écologistes, réfutent la gloire, l'honneur et l'héroïsme de Bigeard, ainsi que celui de ses frères d'armes, pour les transformer en honte nationale. Pourquoi? Parce que Bigeard symbolise à leurs yeux l'armée coloniale, celle qui s'est battue contre leurs amis. Certes ils préfèreraient que soit honorée la mémoire d'un Boudarel, cet universitaire communiste, cette pourriture, qui a préféré faire la guerre d'Indochine dans les rangs du Viet-Minh, et qui parvenu au rang de commissaire politique a pratiqué la torture sur les militaires français prisonniers avec suffisamment de zèle pour que sur 320 prisonniers dans le camp 113 dont il était responsable, 278 puissent trouver la mort. Certes ils préféreraient que soient transportées au panthéon les dépouille de Jeanson et autres porteurs de valises pendant la guerre d'Algérie et responsables par leur conduite indigne de la mort de soldats français. Ces traitres à leur pays ont néanmoins réussi à faire carrière dans ce pays qu'ils ont trahi, alors qu'ils auraient dû être fusillés. Mais bien évidemment pour ces gens qui protestent contre l'honneur rendu à Bigeard, ce sont eux qu'on devrait célébrer. Hommes de déshonneur!
 
Le général Bigeard rejoindra bientôt les Invalides pour y reposer. Cet honneur lui était dû.

lundi 28 novembre 2011

Hollande encore une fois dans les choux


Il ne se passe guère de jour sans qu'on découvre un candidat socialiste dépassé par les événements, incapable d'imposer ses vues dont on ignore d'ailleurs quasiment tout, piétiné par le PS pourtant en ordre de marche derrière lui mais qui lui a concocté un accord avec les verts fleurant bon l'anti-France dont le versant électoral voit virer seulement les députés sortants qui ont été son soutien pendant les primaires. Et le benêt, incapable de s'imposer pendant les négociations auxquelles participent ses lieutenants qu'on aurait plutôt envie de qualifier de comiques-troupiers, sous la pression médiatique, sous les critiques, voire les quolibets non pas seulement de la droite, ce qui serait logique, mais aussi d'une partie de la gauche, se voit contraint de réfuter des pans entiers de ce fameux accord.
 
J'ai déjà parlé du nucléaire. Inutile de revenir sur la farce du mox au sein de laquelle l'intervention personnelle de Hollande s'est traduite par un coup de blanco sur le passage litigieux qui allait relancer la polémique pour deux jours encore, avec finalement une réécriture du texte suffisamment vague et que ne pouvaient qu'accepter nos gauchistes planqués derrière l'écologie du fait du cadeau électoral qu'on leur faisait. On peut néanmoins revenir sur ce qui est inscrit dans l'accord, à savoir un passage de 75% à 50% de l'origine nucléaire de la production d'électricité en France à l'horizon 2025, soit demain. Pour ceux qui seraient fâchés avec les maths, ça veut dire une diminution de un tiers de la capacité nucléaire civile. Je ne veux pas revenir sur les polémiques concernant l'emploi, laissant à Lauvergeon, revenue au militantisme socialiste après avoir été virée d'Areva, et à Proglio, actuel patron d'EDF, le soin de se chamailler par médias interposés. Néanmoins on sait que cela va coûter quelques centaines de milliers d'emplois, même chez Lauvergeon, malgré les dénégations des verts qui envisagent peut-être d'embaucher des équipes de pédaleurs chargés d'œuvrer dans les colonnes des éoliennes quand le vent viendrait à manquer. Mais au-delà de ces chiffres sur l'emploi, aussi important soient-ils, il n'en demeure pas moins que le projet commun des socialistes est des verts est d'affaiblir significativement l'indépendance énergétique de la France, ce qu'aucun gouvernement auparavant, fut-il de gauche, n'avait jamais envisagé.
Hollande est lié par cet accord et malgré les propos de Sapin parlant de seulement deux é=réacteurs pendant la prochaine législature, il est implicitement d'accord avec cet affaiblissement de notre pays.
 
Second point qui apparait un peu plus tardivement tant les attentions s'étaient focalisées sur le nucléaire, c'est le droit de veto de la France à l'ONU qui est menacé par cet accord.
Le texte dit : "la France fera des propositions précises pour réformer et démocratiser l'ONU afin qu'elle structure un ordre juridique et normatif global : siège européen, suppression du droit de veto, meilleure représentativité des pays du Sud au sein du Conseil de sécurité, renforcement du rôle des ONG".
Quand on regarde attentivement ce texte, ce n'est pas finalement la suppression du droit de veto qui choque. Car j'imagine mal la France imposer aux quatre autres membres permanents la perte de leur droit de veto. Ou plutôt j'imagine bien Flatnuts, avec le sourire niais dont il a le secret, se rendre au Kremlin et déclarer à Poutine : "mon cher Vladimir Vladimirovitch, les temps ont changé depuis la fin de la guerre. Il nous faut maintenant en arriver à une vraie démocratie mondiale dont l'ONU sera le fer de lance et où le poids de ces pouilleux de Géorgiens que vous aimez tant vaudra celui de votre pays". Tout cela évidemment suivi d'une expulsion des lieux à coup de balai à chiottes aux bons soins de la babouchka chargée de l'entretien des toilettes. Donc ça c'est de la connerie pure et simple, un fantasme ou une hallucination collective de personnes ayant fêté par anticipation la dépénalisation du cannabis. Reste que certains de ces cocos-là seraient sans doute prêts à abandonner le droit de veto de la France de manière unilatérale, tant est grand leur désir de diminuer leur pays.
Ce qui est bien sûr plus grave, c'est ce siège européen qui remplacerait sans doute le français et le britannique. Enfin là faut pas rêver non plus. Donc un siège européen plus le siège britannique. Ça voudrait dire que le France cesserait d'exister en tant qu'entité diplomatique. Bravo la coalition vert-rose! C'est d'autant plus absurde (non, pas absurde, con, il faut employer les mots qui vont bien), que faute de politique étrangère commune, on se demande à quoi servirait ce siège, comme à quoi sert celui créé et où on a posé lady Ashton. En gros, on refait le coup de l'euro sans politiques budgétaire et économique commune, cette fois-ci avec la diplomatie internationale. Quels visionnaires ces gens!
La meilleure représentativité des pays du Sud et des ONG au sein du conseil de sécurité permettrait certainement aussi aux verts, ambassadeurs reconnus du hamas en France, de se débarrasser enfin du problème israélo-palestinien en aisant à la suppression d'une des deux entités. Vous aurez compris laquelle.
Et c'est donc ça qu'ont signé les socialistes! Une alliance objective avec les forces de l'anti-France!
 
Alors évidemment, alors qu'on insiste, à tort je pense, sur le droit de veto, voilà que réagit, car il ne sait faire que cela l'imbécile, réagir et non être acteur, notre patapouf amaigri pour dire qu'il ne remettra pas en cause le droit de veto de la France. Mais est-ce qu'ils lisent ce qu'ils signent les socialistes, ou alors est-ce que le candidat ignore ce qui se passe au niveau du parti censé le soutenir? S'il n'a aucune prise sur celui-ci, comment pourrait-il en avoir sur la France et comment pourrait-il exister sur le plan international?
Je commence à penser sérieusement que les socialistes ont envie de perdre les élections nationales de 2012. Et à la limite je les comprends. Une situation aussi pourrie, qui en voudrait? Aussi, puisque décemment ils ne pouvaient pas se désister, ils ont décidé de présenter leur bourrin le plus mauvais en espérant que sa nullité l'empêcherait d'être élu. Encore un petit effort et ça va marcher.