"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 24 février 2013

Le souk


J'aurais pu intituler ce billet "dans les ténèbres" ou encore "la risée du monde". Un de nos anciens premiers ministres, peu avare en formules souvent grotesques d'ailleurs, avait déclaré un jour, c'était il y a une dizaine d'années, que la pente était raide mais la route droite. La pente est toujours raide, mais descendante, quant à la route, elle, elle est sinueuse à souhaits et de plus plongée dans le brouillard le plus épais. Quant au pilote, on a l'impression qu'il est beurré. Du coup il ne se souvient plus de ce qu'il disait il y a un an, et plus personne de sensé ne prend plus cette équipe au sérieux. Même les chefs d'entreprise étrangers, anciens potentiels investisseurs, ne prennent même plus de gants pour signifier à cette équipe leur mépris, s'attelant même à être les plus désagréables possibles. Quelle misère!

Souvenons-nous! Il y a un an un homme aux cheveux teints et au cou de poulet, conséquence un sévère régime alimentaire depuis abandonné, et prenant les postures du défunt Tonton déclarait la guerre à la finance. Il voulait taxer les revenus des riches à 75% au-delà du premier million d'euros de revenus annuels. Il voulait aussi réformer l'Europe, lui imprimer sa marque, en finir avec cette austérité avalisée par celui auquel il allait succéder, en finir avec la prééminence de la chancelière Merkel. A cette époque, rappelons-nous, on parlait encore du couple Merkozy, même si on était conscient que le second terme du couple était le plus faible, mais au moins on avait l'impression de peser au moins encore un peu sur cette Europe. Il refusait de faire ratifier le traité européen de stabilité budgétaire en l'état. Il promettait de ramener le déficit budgétaire à 3% à la fin de 2013. Il voulait moraliser la vie politique, modifier le statut du président de la République, interdire le cumul des mandats, s'appuyer sur les compétences et la loyauté à la République plutôt que sur la loyauté au président. Il voulait donner le droit de vote aux étrangers aux élections locales. Il voulait que les homosexuels puissent se marier et adopter. Il voulait rassembler les Français.
Moins de 10 mois après son élection sur ces promesses que reste-t-il de ces dernières?
La finance se porte comme un charme. Les revenus supérieurs à un million d'euros ne seront pas taxés à 75%. Le traité de stabilité européen a été ratifié sans qu'une virgule ait été retirée du texte initial. L'Europe est désormais placée sous l'égide du couple Merkeron. Il est rentré du dernier sommet européen, après avoir tenu un discours téméraire quelques jours plus tôt devant le parlement européen, renforçant encore le ridicule de la chose, la queue entre les jambes, humilié. Le déficit budgétaire sera supérieur à 3%. C'est désormais officiel. La fin du cumul des mandats est repoussée aux calendes grecques. La promotion Voltaire a été casée, sauf de Villepin. Ségolène, le sparadrap de la vie politique française devient n°3 de la BPI (vice-présidente, dont après de président et le directeur exécutif, celui qui bosse), un os à ronger en attendant que Valérie l'autorise à avoir mieux. Les hauts fonctionnaires, dès lors qu'ils ont été nommés sous la droite, continuent à être remplacés. Les riches et les moins riches aussi, mais qui espèrent le devenir, mettent les voiles. Les étrangers ne voteront pas aux élections locales sous ce quinquennat. Les homosexuels pourront se marier et adopter, mais en contrepartie on aura vu une mobilisation jamais atteinte depuis l'époque ou Tonton voulait tordre le cou à l'enseignement privé. Et puis parce qu'on parle d'enseignement, même les profs fer de lance du socialisme de progrès, battent la rue de leurs semelles, refusant les réformes qu'on veut leur imposer. La gauche du PS et la gauche de la gauche qui a permis l'élection de celui qui représenta son parti par défaut s'enfonce dans ses désillusions. Ne reste que les promesses électorales, enfin les magouilles politicardes entre appareils du même nom, ces trucs qu'on appelle accords électoraux et qui permettent à certains partis d'être surreprésentés, parfois très largement, en élus par rapport à leur poids réel, tandis que d'autres plus puissants sont exclus ou presque de la représentation, nationale, régionale, départementale ou locale, ne reste donc plus que ces petits arrangements entre faux amis pour calmer un peu les appareils, l'appel de la soupe restant dans ces cas-là prépondérant.

Voilà où on en est. Sans oublier évidemment une nouvelle guerre dans laquelle nous nous sommes lancés, sans doute à raison, vu les circonstances et l'urgence, mais sans en mesurer vraiment sans doute les causes profondes, les enjeux et les risques. Du moins sur ces plans-là, c'est comme pour les opérations, on est en mode silence radio. Mais au moins on pourra constater que les encouragements de nos partenaires habituels et alliés en resteront à ce niveau quant à leur participation, quelques aumônes symboliques mises à part. Ce qui fait que ce qui fut la cause il y a quelques petites semaines de ce qu'il qualifia la plus belle journée de sa vie politique risque de devenir pour notre chef des armées son cauchemar d'ici assez peu de temps et de façon durable. Je ne lui souhaite pas, car si sa vie à lui n'est pas en danger, d'autres la risquent et parfois la perdent. Mais la probabilité que ça devienne ainsi n'est pas négligeable. Et plutôt que de perdre son temps à faire des petites blagues sur le départ anticipé du pape ou l'absence définitive de Sarkozy, selon lui, au salon de l'agriculture, donc au lieu de jouer au comique-troupier, il ferait bien de tenter de surmonter sa nature facétieuse et de se mettre au boulot, au moins pour se faire quelques vrais alliés. Au passage on pourra rendre hommage aux Tchadiens à peu près les seuls militaires africains capables de combattre efficacement sur de terrain et dans ces conditions particulières et qui ont déjà commencé à payer un lourd tribut, épargnant peut-être quelques morts dans nos rangs. Enfin tout ça pour dire que si sur cette action militaire il est aussi mauvais que sur le reste en conduite, on est mal partis. A moins évidemment de planter là les Africains, comme il l'a fait avec nos alliés en Afghanistan. Le déshonneur n'atteint guère ce genre de personne, habituée à être raillée depuis des décennies.

Je pense en disant cela à ce mister Taylor, boss de Titan qui se permet en quelques lignes de cracher son mépris de ce gouvernement mais au-delà de la France. Et je me demande sous quel président cela aurait été possible. Non pas que le contenu de la lettre de ce patron américain soit dénué de tout fondement, notamment quand il considère notre cher syndicat, cher pas parce qu'on l'aime bien, mais par le coût qu'il pèse pour les contribuables qui le financent malgré eux, et par le coût en emplois perdus que ses actions impliquent. Pensons simplement aux ports français pour en avoir une petite idée. En fait le fond de cette lettre est discutable, mais ce n'est pas le sujet, même s'il mériterait d'être développé au moins parce que si c'est cela la vision de la France qu'on les investisseurs étrangers, ça fait peur.
La question qui m'intéresse ici c'est la forme. Comment se fait-il qu'un industriel se permette d'insulter publiquement un pays ou un gouvernement. C'est quand même assez rare. Faut dire qu'avec Montebourg insultant les entrepreneurs ces derniers (Peugeot, Mittal) ces derniers, au regard des résultats de ce gouvernement, de sa crédibilité, et considérant fort justement que c'est lui qui a davantage besoin d'eux que l'inverse, il ne leur prend même plus l'envie de garder une certaine réserve diplomatique ou de faire preuve de politesse. Un peu comme Cameron avec Hollande quand il invite les entrepreneurs, après cette fameuse invention de la taxe à 75% qui ne sera d'ailleurs pas appliquée, à venir faire fructifier leur patrimoine chez lui. Nous avons un chef de l'Etat et un gouvernement qui font office de punching-ball. C'était donc ça le changement promis! Enfin c'est quand même un peu la honte! Non? Et la réponse est à la hauteur : "monsieur, nos douanes auront un œil particulier sur vos produits." C'est grand, c'est fort, c'est socialiste!

 

vendredi 15 février 2013

Christianophobie


Nos chers amis de gauche ne sont jamais en mal de débusquer les actes ou propos islamophobes et éventuellement judéophobes quoique le conflit israélo-palestinien les engage moins dans cette dernière voie. En tout cas pour l'islamophobie ils disposent d'un flair infaillible, même suraigu, comparable à celui du cochon en quête de truffe et qu'ils utilisent accessoirement pour traquer le facho. Mais comme l'islamophobie fait aussi partie de la panoplie du parfait facho, reconnaissons que leurs mérites sont ici tout de même moindres.
Par contre leur pif est invariablement bouché lorsqu'il s'agit de traquer actes ou paroles christianophobes. Allez comprendre pourquoi! Le moindre tag sur une mosquée les met dans tous leurs états, tandis que l'église profanée n'attire jamais leur regard, ou si peu. Dites leur que par exemple en 2010 sur 621 profanations recensées par le ministère de l'intérieur, 522 concernaient des sites chrétiens, 57 des sites musulmans, et 42 des sites israélites, ils embraieront immanquablement sur un autre sujet ou crieront éventuellement au complot, rappelant qu'en 2010 c'était la droite qui était au pouvoir et que les chiffres ont sans doute été manipulés. A moins qu'ils ne vous rétorquent qu'il serait avisé de faire une règle de trois afin de relativiser ces chiffres. Et comment leur donner tort tandis que dans les pays où les lieux de cultes chrétiens sont inexistants car interdits, aucun de ces lieux n'est profané. CQFD. Mais de ça ils ne vous parleront jamais non plus, ni des persécutions subies par les chrétiens dans les pays à majorité musulmane. Parce que ce n'est pas très correct de parler de ça. Ça pourrait donner une idée fausse de l'islam et inciter à des paroles islamophobes. Rien que de très logique là-dedans. Et c'est donc pour cela que les sens de ces individus de développent d'une manière assez particulière, avec une très grande sensibilité quand il s'agit de détecter certaines choses et une absence complète de stimuli quand par hasard d'autres événements se présentent. Si je n'avais pas peur de leur manquer de respect je dirais qu'ils sont un peu bancals, de traviole. Mais loin de moi cette idée bien entendu. Même si ce travers se manifeste en d'autres occasions : parlez leur de la guerre d'Algérie et immanquablement ils n'auront retenu que la torture, pas la torture en général mais celle pratiquée par les Français; parlez leur d'esclavage et ils ne se souviendront que de la traite atlantique. Ils sont comme ça. Mais surtout ne leur dites pas, ne leur dites jamais ou leur tarin détecteur de facho se mettrait tout de suite en marche.

Mais le problème est que ce mode de fonctionnement a des incidences sur le traitement des affaires. Prenons un exemple. Il y a quelques jours les fameuses Femen, produit d'importation ukrainien qui pose au passage la question de savoir quel type de carte de séjour possèdent ces amazones des temps modernes et aussi quelles sont leurs ressources, donc les Femen se sont manifestées de la façon qui fait leur particularité en la cathédrale Notre-Dame de Paris pour crier leur joie à la renonciation du pape Benoit XVI. Certes il y a eu quelques réactions officielles dont celle de notre ministre de l'intérieur qui a parlé de provocation ignoble et lâche, mais à ce que je sache les femelles en question n'ont pas fait l'objet d'une garde à vue, n'ont pas, pour celles venues d'ailleurs, fait l'objet d'un avis de reconduite à la frontière et pourront donc se manifester prochainement en d'autres circonstances. Sans doute au nom de la liberté d'expression. Soit. Mais il semblerait qu'en l'occurrence cette liberté ne soit pas octroyée à tous. Souvenez-vous! Il y a quelques mois des individus se qualifiant d'identitaires occupaient pacifiquement une mosquée en construction à Poitiers. Donc une mosquée supposément vide, contrairement à Notre-Dame. Mal leur en prit car leurs leaders eurent eux droit à une garde à vue immédiate, suivi d'un contrôle judicaire serré (interdiction de quitter le département et de rencontrer d'autres membres du mouvement) et d'une mise en examen pour "provocation à la discrimination nationale, raciale et religieuse, organisation d'une manifestation sur la voie publique sans déclaration et destruction d'objets de culte" (en l'occurrence des tapis qui ont pris l'eau). Tandis que le superbe nouveau premier secrétaire du PS, l'inénarrable harlem Désir, réclamait la dissolution de leur mouvement et que le premier ministre alors en déplacement à l'étranger se fendait d'un communiqué outragé. Silence radio chez les deux lors de la prestation de nos femelles aux torses nus. Moralité : mieux vaut profaner les seins à l'air un lieu de culte catholique en activité, qu'habillé une mosquée en construction.

Mais qu'y a-t-il d'étonnant à cela quand au sommet de l'Etat on manifeste sans gêne sa prévention vis-à-vis de l'église catholique?
Il y a quelques semaines, notre ministre du logement, une flèche parmi les autres, mettait quasiment en demeure l'église de recevoir dans ses locaux parisiens les SDF. La menace de réquisition était même brandie. Mais la sotte ignorait sans doute, du fait de cette partie du cerveau qui refuse de connaitre la réalité chez ces gens, que l'église était sans aucun doute l'institution qui en faisait déjà le plus pour les SDF. Elle ignorait aussi que si l'église catholique possède 0,3% du patrimoine immobilier parisien, la mairie de Paris, avec à sa tête Delanoë qui à évidemment applaudi à l'intervention de Duflot, gauchitude obligeant, à moins que ce ne soit pour se dégager de ses responsabilités, en possède 9%, et l'Etat 3,2%. La christianophobie peut rendre idiot. A moins que j'ai ici inversé causes et conséquences.
La renonciation du pape a permis aussi de bien faire rigoler ces braves gens.
La ministre des vieux ou de la dépendance dont tout le monde ignorait à peu près l'existence a trouvé drôle de dire que le pape, à tort ou à raison, ne l'avait pas consultée avant de prendre sa décision. MDR, LOL! On peut s'en donner à cœur joie avec le pape. On ne risque ni fatwa, ni déclarations outragées de la part de fidèles.
Et même notre président s'y est mis, notre nouveau commandant en chef pourfendeur de terroristes dont il n'a sans doute pas encore pu déterminer les motivations et donc est obligé de se contenter de les classer en fonction de leurs méthodes d'action plutôt qu'en fonction de l'idéologie religieuse qui les porte. Si quelqu'un pouvait lui communiquer que par exemple on coupait les mains aux voleurs et on lapidait les femmes adultères dans les zones occupées par ces terroristes, je crois que ça pourrait l'aider à sortir de cette imprécision langagière. Donc notre chef suprême, aimé des foules, mais seulement maliennes, n'a pu s'empêcher de revenir à ses vieilles habitudes quand il était premier secrétaire du PS, le Harlem Désir d'une époque pas si lointaine, et que lors des banquets il passait de table en table pour balancer sa petite vanne qui lui donnait une image de mec sympa. Ça compensait les autres côtés négatifs dont l'insignifiance. Car c'est un comique que nous avons comme président. Un homme à la vocation contrariée de clown et qui parfois ne peut s'empêcher de revenir à cette passion qui aurait dû le porter vers un autre destin où il aurait peut-être fait merveille. Tandis que les grands de ce monde, Merkel, Cameron ou Obama, aucun d'entre eux n'étant catholique d'ailleurs, réagissaient d'une manière digne vis-à-vis de l'événement et élogieuse vis-à-vis du pape, enfin comme des chefs d'Etat quoi, notre président déclarait que "nous ne présenterons personne à sa succession". Bravo!!!!

Il faut dire qu'avec le mariage pour tous, la prévention des gens de gauche vis-à-vis de l'église s'est manifestée de façon très ouverte. Les autres religions étaient contre également, mais pour ne pas être taxés d'islamophobie ou de judéophobie, il fallait bien se limiter à l'église catholique pour manifester sa haine de la chose religieuse. A moins, autre hypothèse, que dans le cadre de la destruction de nos racines culturelles, il soit de bon ton de massacrer l'église dont les valeurs fondamentales coïncident avec celles de la civilisation européenne. Ou alors les deux à la fois.
Mais la seconde hypothèse mérite qu'on s'y arrête. Il suffit de se reporter à cette chronique de Jacques Attali (signalée par Marius) pour en saisir toute la pertinence. IA propos du mariage (pour tous), il propose que l'église choisisse un autre nom pour ce sacrement si la réforme ne lui plait pas. Mais c'est juste une introduction pour nous faire admettre ou comprendre qu'il serait bon de complètement laïciser notre société en supprimant les références religieuses qui émaillent notre calendrier. Finis noël, pâques, la pentecôte ou autres fêtes donnant droit à un jour de repos. Il ne s'agit pas de supprimer ceux-ci, mais de les débaptiser, enfin les renommer. Pardon pour cet instant d'égarement qui m'a amené à une référence religieuse. Peut-être qu'ensuite on verra pour les noms de lieux dont beaucoup font référence à des saints. Et puis ensuite pourquoi ne pas raser les clochers. Effacer les traces de notre passé, de ce passé plutôt, serait sans doute du gout de beaucoup de ces gens pleins de bonnes intentions à l'égard du patrimoine culturel légué par ceux qui les ont précédés. Enfin vous voyez, ces mêmes gens dont les cellules olfactives vous reniflent un islamophobe en plongée en eaux profondes.
Mais évidemment, et là on va rigoler un peu, il ne faut pas heurter les sensibilités. Il faut donc trouver une justification à cette laïcisation, en fait cet écartement de la religion catholique de la sphère publique. C'est pas parce qu'on n'aime pas les cathos, c'est parce que si on les voit moins, ou plus, les autres religions seront moins revendicatrices. Ben oui, c'est une évidence. Tout le monde a pu remarquer que depuis qu'on ne sert plus de poisson le vendredi dans les cantines, les musulmans ne revendiquent plus de nourriture hallal dans ces mêmes cantines. Ceux qui auraient vu un mouvement inverse évidemment se tromperaient.

 

lundi 11 février 2013

Fin du feu de paille: le retour du vrai Hollande



Demain les députés voteront en majorité pour le droit au mariage pour la minorité de la minorité homosexuelle revendiquant le kit complet du jeu de la papa et du maman, c'est-à-dire avec les gosses en plus. Belle avancée qui aura occupé avantageusement les esprits pendant des mois, permettant de négliger les choses importantes. D'ailleurs Bartolone sur son pupitre perché vient de nous montrer quelles sont les priorités pour les socialistes et qui devraient réjouir tous ceux qui sont en attente de plan social ou en ont subi un récemment ou même moins récemment d'ailleurs. Il vient de déclarer : "Après le mariage pour tous vient le temps de l'emploi pour chacun." En fait c'est de la faute aux manifestants de tous bords qui se sont opposés à cette avancée sociale attendue avec une véritable impatience de la part de tous les Français, c'est la faute à l'opposition et ses amendements, si le gouvernement a perdu autant de temps avant de se lancer dans cette bataille de "l'emploi pour chacun", classée en priorité 2, si on suit Bartolone, par ceux qui nous gouvernent avec tant de perspicacité. Car il serait quand même assez égoïste de la part de ceux qui pointent ou vont pointer à Pôle Emploi de penser que leurs problèmes sont plus importants que ceux des minorités homosexuelles. Certes on va s'occuper d'eux, mais après. Après que les socialistes et le gouvernement auront fêté leur victoire à l'issue de cet âpre combat où les parlementaires, entre deux parties de scrabble, se seront jetés au visage triangles roses et noirs.

Pendant ces débats il se sera quand même passé des choses. Nous aurons vu notre président en mal d'affection se rendre dans le Mali libéré pour y prendre des bains de foule et recevoir des messages d'amour et de reconnaissance que même le parti socialiste ne pourrait guère lui offrir en France. Mais ne soyons pas mesquins. Ces événements ont mis un terme provisoire, très provisoire je le crains, pour lui évidemment, à sa descente aux enfers de l'opinion. Il a même enregistré une petite remontée. Du coup ça l'a gonflé à bloc et l'a mis en condition pour les activités européennes qui l'attendaient dans la semaine qui suivait le triomphe malien, ou l'illusion du triomphe malien. J'y reviendrai.

Son discours devant le parlement européen fut remarqué. C'était un discours offensif, bien écrit, même si desservi par la prestance et le charisme dignes d'une otarie de celui qui le prononçait, et qui par certains côtés rappelait les discours de campagne tenus par le candidat Hollande quand il exposait sa volonté de réorienter l'Europe et, avant toute chose, de ne pas accepter le traité de stabilité qu'il recevait en héritage, sans renégociation. Chacun a pu voir ce qui était advenu de ces promesses. Du coup son discours paraissait assez bizarre, voire même anachronique, car il prétendait se battre contre des tendances qu'il avait lui-même avalisées en faisant ratifier le traité en question à la virgule près, sans autre compensation que des mots. Mais cette fois, le chef guerrier s'étant révélé aux yeux de tous, on allait voir ce qu'on allait voir. Les méchants conservateurs de l'Europe du Nord, pingres et pas vraiment solidaires de l'Europe du Sud pourtant dans le besoin, allaient cracher au bassinet. Surtout l'Allemagne sommée de relancer sa demande intérieure pour aider nos exportations, surtout l'Allemagne dont on imaginait déjà la chancelière, sans doute effrayée par une invasion militaire dictée par notre nouveau Napoléon, pressée d'accepter l'idée des eurobonds. Et ne parlons pas de la Grande-Bretagne et de son sinistre premier ministre dont l'égoïsme bien connu de tous, allait se trouver contré par la volonté intransigeante de notre déterminé chef. Bien évidemment, il y aurait négociation, car on est raisonnable, mais celles-ci ne devaient pas amener à des reculades, comme sur la PAC par exemple. Du coup à Londres, à La Haye, à Berlin, à Copenhague, à Stockholm ou à Helsinki, on s'est bien marré pendant quelques jours.
Car le résultat est là: " La France s'est couchée". C'est parait-il ce qui se disait dans les couloirs du Conseil Européen tandis que les membres de la délégation française tentaient de faire croire que notre président avait eu une attitude responsable. Si éviter l'échec du sommet en n'atteignant pas les objectifs claironnés quelques jours auparavant c'est responsable, et bien oui il aura eu une attitude de ce type. Mais convenons que cela est fort discutable. Tandis que Cameron pouvait rentrer chez lui en vainqueur du sommet, épaulé par Merkel, Hollande ne pouvait que tenter d'expliquer en gros qu'il avait fait ce qu'il avait pu. Sera-ce son épitaphe post-présidentielle? "J'ai fait ce que j'ai pu!" On va commencer à le croire quand on voit ce qui se passe au niveau européen mais aussi au niveau national, là où le candidat qui promettait aux salariés de Goodyear que l'Etat pouvait les sortir de là en imposant une loi contre les licenciements boursiers (c'était fin 2011) ne peut, une fois devenu président, que demander à son gouvernement de tenter de faire revenir un repreneur précédemment éconduit par des attitudes syndicales légitimées au moins en partie par ces promesses en l'air. Ce n'est qu'un exemple, évidemment. Mais qui montre fort bien, comme ce fut le cas lors du Conseil Européen la distance qui sépare les discours de l'action chez cet homme. Il fait ce qu'il peut!

On nous avait dit aussi qu'il parlerait ou qu'il essaierait de parler du Mali lors de ce Conseil Européen. Il n'en fut rien, à moins que des discussions à huis clos avec le résultat qu'on imagine aient eu lieu.
La France reste désespérément seule. Malgré les sourires et les discours convenus de Biden la semaine passée. Et ceci n'est pas rassurant.
Car après l'avancée de nos troupes que j'ai du mal à qualifier de victorieuse car il n'y eut pas de bataille, nous entrons dans une nouvelle phase bien délicate. Et dont les risques sont en parfait décalage avec l'attitude triomphale de notre président la semaine dernière au Mali. La nouvelle phase vient d'ailleurs de commencer avec les deux attentas et les combats qui se sont déroulés à Gao ces jours derniers. Les terroristes islamistes sont toujours bien présents et leur potentiel de nuisance aussi. Une contre-attaque n'est pas à exclure et à ceux qui penseraient que nos forces sont en mesure de la contrer sans problèmes, car imaginez des pick-up contre des engins blindés!, je rappellerai que l'armée libyenne, équipée de blindés et disposant d'une aviation moderne, a été boutée hors du Tchad dans les années 80 par des combattants montés sur Toyota. D'autres paramètres, mais ce n'est pas le sujet, militent pour une attitude prudente à tenir vis-à-vis de ce conflit. En tout cas surtout pas de triomphalisme.
Dans le même temps, les militaires maliens auxquels nous devrions passer le relais s'entretuent dans leurs casernes. Cette fois-ci ce sont les bérets rouges contre les bérets verts. Déjà que constituer une armée digne de ce nom avec les troupes en question prendra beaucoup de temps, et pas seulement quelques mois, si en plus ils se tirent dessus, on n'est pas sortis d'affaire. Quant à la capacité des troupes de la CEDEAO, j'ai comme un petit doute : problèmes linguistiques, problèmes d'interopérabilité, adaptation au terrain, financements….
La France se trouve donc bien seule. Et c'est là un échec patent de notre diplomatie qui n'a pu recueillir en gros que des témoignages de satisfaction, des encouragements et aussi, il faut le dire, quelques aides en termes de logistique et de renseignement, mais au moins en partie facturées.

Les trois ou quatre semaines d'embellies qu'aura connues notre président semblent donc déjà appartenir au passé. Sa prestation à Bruxelles nous l'a ramené à ses vraies dimensions, tandis que ce qui a provoqué ladite embellie risque pour lui de devenir un enfer notamment du fait de notre isolement. Sans parler évidemment d'une situation intérieure notamment au niveau de l'emploi qui ne cesse de se dégrader et qui apparaitra sans doute mieux désormais qu'on sort des débats sur le mariage. Ceci dit les socialistes sont assez forts pour faire monter de nouveaux rideaux de fumée pour occulter les vrais problèmes des Français. Le sociétal pour cela est une mine inépuisable.

mercredi 6 février 2013

La marche vers le progrès : les salles de shoot


Ne reculant devant aucune innovation, n'hésitant pas à bousculer lois et traditions et à imposer sa conception de l'ordre, notre gouvernement va enfin lancer l'expérimentation des salles de shoot. Enfin une salle de shoot pour l'instant, semble-t-il. Et les heureux élus sont les habitants du Xème arrondissement de Paris sur proposition de leur maire, bienheureux élu PS qui sans doute ne compte pas se représenter en 2014. Car il semblerait que son initiative ne fasse pas que des heureux. Parce que le problème de ces initiatives, c'est que quand même on y est favorable, on ne veut surtout pas que ça se passe en bas de chez soi ou même à moins de quelques centaines de mètres de son lieu de résidence. La générosité n'empêche pas la prudence. C'est d'ailleurs assez curieux puisque la défiance de ceux qui sont favorables à un projet quand celui-ci se met en place près de chez eux indique bien qu'ils adhèrent finalement aux arguments de ceux qui sont contre, au moins en partie. De là à dire que leur adhésion est de pur principe, fonction de ceux qui sont le initiateurs du projet en question, il n'y a qu'un pas à franchir. Le troupeau bêle paisiblement jusqu'à ce que le berger fou introduise le loup dans la bergerie.

Mais revenons au projet lui-même. Il va donc faire l'objet d'une expérimentation. Ce qui peut paraitre sage. Mais aussi parfaitement inutile, car le dispositif en question est déjà testé en grandeur nature dans un certain nombre de pays, notamment chez nos voisins suisses, allemands, ou néerlandais et que donc on peut tirer déjà des conclusions de cette pratique et constater que les résultats ne sont pas forcément probants et révèlent parfois des comportements contraires à ceux escomptés. J'y reviendrai.

Avant tout il s'agit de bien comprendre ce qu'est ce projet, quels sont ses objectifs, de considérer les modalités pratiques et juridiques de son application, ainsi que les risques.
Il s'agit donc d'ouvrir des salles où viendraient se piquer ou sniffer des drogués dans de bonnes conditions d'hygiène. Sur place ils pourraient bénéficier de conseils avisés sur la bonne manière de se shooter, un peu comme on apprend aux diabétiques à se faire leurs piqures d'insuline. Et éventuellement ceux qui le désireraient, pourraient se voir conseiller dans une optique de sevrage. Mais le but premier affiché est l'amélioration de l'hygiène lors de la prise de drogue et l'abaissement de la mortalité chez les toxicomanes (overdose, hépatite C, SIDA) ainsi que la diminution des risques collatéraux, par exemple les seringues infectées dans les cages d'escalier ou les parcs publics. Vu comme ça, ça part effectivement d'une bonne intention, un de ces pavés dont ne manque pas l'enfer.
Vu sous l'angle juridico-pénal, cela consiste à créer une zone élargie de non-droit. Ainsi que le rappelle la ministre de la santé, il n'est pas question pour le gouvernement de baisser les bras quand il s'agit de lutter contre les trafics et la consommation de drogues. Sauf que là on crée un endroit où on peut venir consommer, en apportant sa marchandise. Ce qui est évidemment contraire à la loi. Parlant de zone élargie, je pense bien sûr au périmètre au sein duquel les forces de l'ordre seront invitées à ne pas faire de zèle et même à ne pas intervenir. Et pourquoi pas au-delà, tout individu pris en possession de drogue pouvant déclarer qu'il se rend dans sa salle de shoot préférée, si celles-ci sont généralisées? On peut d'ores et déjà imaginer les conséquences dès lors que les salles de shoot seront situées à proximité de hauts lieus de consommation et trafic de drogue. Si la salle expérimentale prévue se situe aux environs de la gare du Nord, il semble que ce soit l'hypothèse retenue, cette zone bien connue pour ses trafics deviendrait donc une zone de non droit reconnue officiellement.
Car parmi les risques envisageables, on peut imaginer que les salles de shoot deviendraient des pôles d'attraction pour les dealers sachant où trouver les clients potentiels. Sinon, certains pensent que c'est un encouragement à consommer et d'une manière générale que c'est en les aidant à se débarrasser de leurs addictions plutôt qu'en leur apprenant à bien consommer qu'on rend service aux toxicomanes. Ça se défend, non? D'autre part certains pensent aussi que ces salles rendent le quartier où elles sont implantées moins sûr. A vrai dire les riverains ne voient pas ces implantations d'un bon œil, aussi tolérants soient-ils.

Mais voyons ce qu'il en est concrètement dans les endroits où ces salles sont déjà en place depuis un certain temps (source Le Figaro).
Les associations de lutte contre la drogue, dans les pays concernés, estiment que l'état de santé des drogués s'est généralement amélioré, a réduit la mortalité par overdose et diminué les infections par l'hépatite C et le VIH. Donc un bon point.
Par contre ces salles de shoot n'ont absolument pas aidé à la diminution de la consommation de drogue, entrainant même une plus grande dépendance à ces dernières. Dans la seule salle de shoot existant en Australie, le bilan étant tel qu'aucun parti ne propose l'ouverture d'autres lieux de ce type, on a même pu constater que les conduites à risque étaient plus grandes, certains toxicomanes s'appuyant sur la présence de "spécialistes" pour tenter d'expérimenter des doses de plus en plus fortes. Chose constatée également à Vancouver où si les morts par overdose ont diminué, le Narcan, médicament utilisé en cas d'overdose justement est de plus en plus utilisé. Là non plus on ne constate pas davantage de baisse de consommation que davantage d'orientation vers des structures aidant au sevrage. En Allemagne où on trouve une vingtaine de salles on a même pu constater que si le taux de mortalité des toxicomanes avait diminué de 20%, leur nombre avait augmenté de 15%. Car il est possible que les salles de shoot génèrent de nouveaux consommateurs. Retour en Australie : un sondage indique que 1,6% des Australiens avouent avoir déjà consommé de l'héroïne; en Nouvelle Galles du Sud, 3,6% des habitants déclarent qu'ils en auraient consommé s'ils avaient eu à disposition une salle de shoot à proximité de chez eux. La salle de shoot rassure, banalise la prise de drogues dures.
Quant à la variation de consommation des clients anciens des salles de shoot, il semblerait qu'elle ne varie pas principalement à la baisse. A Rotterdam, 16% des gens fréquentant une salle de shoot déclarent consommer davantage qu'au début, tandis que seuls 12% déclarent consommer moins.
S'agissant des risques pour l'environnement, pour être clair l'arrivée de dealers sans les environs des salles de shoot, on a aussi quelques témoignages : "Il y a deux ans, je suis allé voir une salle d'injection dans le quartier rouge à Amsterdam, raconte Serge Lebigot, président de Parents contre la drogue. Il n'y avait presque personne à l'intérieur, mais une vingtaine de trafiquants autour, et sous les portes cochères, en plein jour, des gens qui se piquaient. La police n'a pas le droit d'intervenir dans un certain périmètre autour des salles." Tandis qu'à Genève : "l'avis des experts est peut-être très positif, mais pas celui des riverains!, fustige Patrice Bo-Sieger, de l'association Dites non à la drogue. Les dealers prolifèrent, parfois agressifs. C'est comme un supermarché, avec plein de petites boutiques tout autour… Des gens viennent même de France pour s'acheter leur dose".

Il semblerait donc que le bilan des salles de shoot existantes soit mitigé. Certes on peut constater une amélioration de l'hygiène lors de la prise de drogue, mais au prix parfois d'une hausse de la consommation des toxicomanes fréquentant ces salles, et souvent au prix d'une hausse du nombre de consommateurs. Quant aux risques collatéraux pour les riverains ils semblent également exister. Est-ce donc une bonne affaire dès lors que ces salles induisent de tels effets qui cette fois sont une atteinte à la santé publique (davantage de drogués) et à la sécurité. La protection sanitaire de quelques-uns, car en vérité une faible proportion de toxicomanes fréquentent ces salles, par peur d'être fichés, par refus des règles qui s'imposent à eux en ces lieux ou simplement parce qu'ils appartiennent à des CSP supérieures qui leur permettent de se droguer dans de bonnes conditions, donc la protection sanitaire de quelques uns mérite-t-elle qu'on prenne le risque de voir tous ces effets négatifs se développer. La création officielle de zones de non-droit, ici dépénalisation de fait de l'usage de stupéfiants, a forcément des effets pervers. Et un cout financier direct qui n'est pas anodin. Le rôle de l'Etat n'est-il pas de prévenir la toxicomanie et de venir en aide aux consommateurs davantage en les aidant, malgré eux s'il le faut, à se débarrasser de leur problème, plutôt que de leur permettre de s'y enfoncer dans de bonnes conditions d'hygiène. J'ai ma réponse.

dimanche 3 février 2013

Tartuffe au pouvoir


Certains disent de lui que c'est un homme sympathique. Parlez-en à ceux qui ne sont pas de son bord.
Certains disent de lui que c'est un pragmatique. Si le pragmatisme est l'art de revenir sur ses promesses, si le pragmatisme est le louvoiement perpétuel à la recherche du vent porteur, si le pragmatisme vise à ne mécontenter personne (tout en ne contentant personne non plus), il doit effectivement l'être.
Certains disent de lui qu'il sait où il va. Si tenter de mettre en place les éléments de basse politique pour s'assurer les meilleures chances d'être réélu, c'est sans doute vrai.

Mais en fait il n'est ni sympathique, ni pragmatique, ni visionnaire. Il ne manque certes pas d'habileté, ni de ruse, ni même de cynisme (car ça peut-être aussi une qualité), ou d'autres atouts, mais tout cela n'est mis qu'à son seul service, le sort de la France passant au second plan. Sans doute fait-il partie de ces vaniteux qui pensent que ce qui est bon pour eux l'est pour leur pays et parce que c'est finalement plus simple préfèrent s'occuper d'eux-mêmes que du second.

On lui reconnaitra cependant un atout majeur : cet homme a de la chance. Il y a encore moins de deux ans personne ou presque n'aurait parié un kopeck sur son élection à la magistrature suprême. Ses velléités de l'époque faisaient même rire et surtout parmi les siens, ceux qui l'avaient connu en tant que premier secrétaire du PS, là où on l'avait placé, un peu comme il a placé ensuite Désir au même poste, parce que c'était un insignifiant, parce qu'il ne menaçait personne parmi ceux qu'on appelait les éléphants. La chute de DSK fut sa chance première. Sa médiocrité, parce qu'il ne trainait aucun passif n'ayant jamais été distingué pour exercer aucune responsabilité d'envergure fut sa seconde chance : elle lui permit de s'imposer aux primaires socialistes. Le rejet de Sarkozy fut enfin sa troisième chance. Celle-là il ne manqua pas de l'exploiter, se présentant comme un potentiel président normal, l'homme qui prendrait le train (sans bagages), l'homme débarrassé de tout esprit partisan lorsqu'il gouvernerait, l'homme qui rassemblerait les Français.

Quelques mois plus tard, le temps d'une gestation pour autrui, mais pas forcément, on peut observer le résultat de tout ça. Et ce n'est pas brillant. Au point qu'il est désormais préférable pour celui qui nous dirige d'aller prendre des bains de foule à Alger ou à Bamako pour avoir l'illusion de la popularité. Car en France, c'est un peu râpé. Et même pas qu'un peu. Mais qu'à cela ne tienne. La popularité n'est pas une chose importante finalement quand on dirige un pays. Parfois même elle est gage de sérieux, car les impopulaires sont aussi parfois des gens qui travaillent pour l'intérêt commun, celui du pays plutôt que celui de quelques uns ou simplement le leur. Et puis si on choisit d'être élu pour se sentir aimé il faut aller d'urgence consulter. Non, ce qui importe c'est la confiance. Et de ce côté-là, ce n'est pas vraiment brillant. Surtout après aussi peu de temps passé au pouvoir. Remarquez avant même son élection une bonne moitié des Français pensaient qu'on n'avait pas grand-chose à attendre de lui, ce en quoi ils ne s'étaient pas trompés même si certains votèrent quand même pour lui, enfin contre l'autre. Là c'est, selon les sondages, plus de 6 Français sur 10 qui ne lui font pas confiance.
Non, le bilan n'est pas fameux. Prenons quelques exemples.

S'agissant de rassembler les Français, ce n'est pas glorieux. Ce qui devait passer comme une lettre à la poste, croyait-il, à savoir le mariage pour les homosexuels et les accessoires destinés à l'accompagner, a révélé une fracture au sein de la population. Et contrairement à ce qu'on a tenté de nous faire croire, cette fracture n'est pas politique, et même d'ordre religieux, elle est d'ordre éthique. Ce n'est pas le progrès contre la réaction, c'est l'opposition féroce de points de vue sur l'un des fondements de notre société, à savoir la famille, beaucoup plus que le mariage. Et même si la loi, étant donné le rapport de force à l'assemblée qui transforme cette fois un problème d'éthique en affrontement politicien (la contradiction aurait pu être résolue par le referendum), la fracture ne se refermera pas de sitôt. D'autant plus que d'autres joyeusetés sont sans doute programmées, PMA, GPA ou PPA. Il n'y a aucune confiance à avoir en des gens qui ont trahi les promesses qu'ils ont faites lors des débats sur le PACS. Aucune! La parole des socialistes ne vaut rien.
Autre sujet ferment de division, le vote des étrangers aux élections locales. C'est une promesse certes du candidat, mais qui n'a sans doute pas été essentielle quant à son élection, d'autres promesses non tenues celles-là ayant sans doute été plus déterminantes. En tout cas c'est un sujet de division. Par chance, la majorité des 3/5 au Congrès n'est pour l'instant pas atteignable. Mais où est le problème? Puisqu'il suffit de le faire voter séparément par les deux assemblées comme pour le mariage pour tous et ensuite d'organiser un referendum. En plus, car ça modifierait la Constitution. Et puis le sujet est assez grave là aussi puisqu'il s'agit d'un autre fondement de notre société, à savoir la citoyenneté, pour demander son avis au peuple. Mais pas question d'utiliser cette chose qui fait peur car sans doute trop démocratique. Hollande se méfie du peuple, ne l'aime peut-être même pas. Il aurait déclaré, selon Valeurs Actuelles, aux opposants au mariage pour tous qu'il a daigné recevoir à l'Elysée que le referendum n'était pas dans la culture socialiste. Pas plus que dans celle de la dictature du prolétariat. Au moins on connait ses racines en socialie.
En tout cas ces deux sujets n'auront pas été abordés de la meilleure des façons. Sans doute à dessein. Car leur importance aura généré suffisamment d'antagonismes, ce qui est un grand succès pour un rassembleur, pour monopoliser l'attention, au moins des médias, au détriment du reste. Agités comme deux chiffons rouges dès après l'élection, ils auront bien servi, et ce n'est pas terminé, à cacher des choses peut-être pas plus importantes, mais là chacun a ses priorités, mais en tout cas essentielles aux yeux des Français. Car l'enfumage est une des spécialités de notre président, un palliatif à ses insuffisances nombreuses dans d'autres domaines.

Car celui qui voulait réintroduire le rêve, à moins que ce ne soit celui de sa démission, aura surtout amené la désillusion ou la confirmation que le mensonge est l'arme préférée des politiciens.
Celui qui se voulait exemplaire, celui qui a osé déclarer en mars 2012 que " À l'avenir, les hauts fonctionnaires seront nommés sur leur compétence et leur expérience et la seule loyauté qui leur sera réclamée sera celle à l'égard de l'État, et non à l'égard du chef de l'État" nous a démontré qu'il était pire que son prédécesseur à ce niveau-là. Jusqu'à nous ramener l'inénarrable Jack Lang en le nommant à la tête de l'institut du monde arabe. Sans parler de Lauvergeon que j'espère les Allemands sauront éconduire de la présidence d'EADS pour le plus grand bonheur de l'homme blanc de plus de 40 ans. Sans parler de Schrameck nommé à la tête du CSA et dont les compétences dans le domaine de l'audio-visuel sont mondialement connues. Sans parler de son pote Blisko, nommé à la tête de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, pas pour ses compétences, non, mais parce qu'il faisait partie des victimes de l'accord électoral entre le PS et les écolos, donc en dédommagement de sa fidélité, pas à l'Etat, mais à son chef, dédommagement qui s'est traduit par une augmentation de 122% de son traitement. Et ainsi de suite. Et quand ce n'est pas la première "je ne sais pas quoi" qui s'en mêle en faisant imposer son ami François Bachy comme conseiller en communication de Pierre Jouyet, un autre vieil ami du président, nommé pour sa part à la caisse des dépôts et consignations. Le gâteau est grand à partager, et tous les copains y auront droit quitte à virer d'excellents hauts fonctionnaires compétents et au service exclusif de l'Etat, mais qui auront eu la malchance de voir leurs compétences reconnues sous Sarkozy ou même Chirac. Voilà pour l'exemplarité dont il se parait il y a encore peu.

La trahison des promesses de campagne, sauf celles qui servent à l'enfumage, qui n'étaient donc que mensonges est une des caractéristiques du personnage qui nous gouverne. Passons sur le traité européen de stabilité dont l'adoption est sans doute une preuve de pragmatisme. Car avant le 15 mai, il ne savait pas qu'il devrait renoncer à cette promesse.
Mais peut-être pourrions nous parler de ces usines qui ferment et que le candidat visitait en promettant que les choses allaient évoluer, dans le bon sens bien sûr. L'affaire Mittal que le candidat prenait à cœur nous a montré comment un président pouvait envoyer au charbon un de ses ministres pour le faire désavouer ensuite par son premier ministre. L'ambiance doit être chaleureuse au sein du gouvernement. Et puis il y a cette affaire Goodyear d'Amiens, enfin Amiens-Nord puisque Amiens-Sud distant de 200 mètres semble se porter fort bien, grâce à de fructueuses négociations entre direction et salariés. Hollande leur a rendu visite aussi à ceux-là, en 2011. Et il leur a fait des promesses. Il leur a dit en évoquant les licenciements boursiers que l'Etat pouvait fixer des règles. Ils l'ont cru sans doute et ont peut-être même voté pour lui. L'Etat n'a rien fixé, eux par contre se sont arcboutés sur des positions intenables. Et maintenant c'est le chômage qui les attend. La CGT est sans doute responsable, mais elle n'est pas la seule. Mais pour quelques voix de plus, que ne ferait-t-on pas comme déclarations mensongères. Un peu comme cette taxe des 75% pour les riches si mal ficelée qu'il est évident qu'on ne souhaitait pas qu'elle passe. Mais ça a plu en son temps à quelques énergumènes bien à gauche qui avalent sans modération le discours qu'on leur sert que les riches et les patrons sont source de tous les maux et surtout des leurs. Du coup pas de taxe, mais plein de riches qui mettent les voiles. Mais pas seulement des riches, ceux qui voudraient aussi le devenir et qui sentent que c'est pas très bien vu en France. C'est le double effet Hollande. Désillusion et perte de confiance.

Mais rassurons-nous quand même. Nous avons un président qui ose décider, qui ose faire la guerre. La guerre au Mali n'est-elle pas la preuve de sa détermination? Oh certes, je ne contesterai pas la légitimité ou plutôt la nécessité de l'intervention. Du reste c'est un grand classique au moins dans le schéma de l'intervention qui ne varie pas quelles que soient les motivations des agresseurs. Par contre je constate que si la victoire pour l'instant est facile, nous sommes dans de mauvaises conditions pour aborder la suite des événements. En fait ce fut une victoire sans réels combats, sans victimes de notre côté sauf ce pauvre officier mort au premier jour de l'intervention dans sa vieille Gazelle. Peut-être que s'il avait piloté un Tigre, blindé, il serait encore vivant. Mais comme les budgets des armées sont sacrifiés aussi par ce gouvernement, plus par ce gouvernement, d'autres pourront se faire encore tuer lors de combats à cause de matériels bons pour les musées parce que les prévisions d'équipement ne seront restées que de l'encre sur le papier, faute de crédits.
Mais revenons à la suite des événements. Force est de constater que la diplomatie française n'a pas été bonne, n'a pas su générer concrètement une alliance solide qui seule pourrait garantir la stabilité dans la région sur le long terme, faute peut-être d'avoir su développer la stratégie politique permettant d'y parvenir, car on sait bien que les armes ne régleront pas tout, sinon rien à part l'urgence. Nos alliés traditionnels, ceux que nous avons lâchés en Afghanistan, nous ont remerciés comme il le fallait. Les Américains n'ont pas oublié de nous facturer leur aide logistique, et pas à un prix d'amis. Hollande aurait pu demander aux Russes, moins chers, mais comme il a très mal reçu Poutine, je ne sais pas si celui-ci mettra de la bonne volonté. L'Europe a été aux abonnés absents. Bref un véritable Trafalgar diplomatique témoin de la perte d'influence de la France dans le monde, mais aussi sans doute de l'estime ou l'enthousiasme générées par notre conducator, certainement jugé peu fiable. Dans ce sens l'intervention au Mali peut sembler bien aventureuse. "La France n'a pas vocation à rester au Mali" dit-il en ajoutant qu'elle y restera le temps nécessaire. Mais le temps nécessaire à quoi? A la formation d'une armée digne de ce nom? Il faut une dizaine d'années. Le temps que l'harmonie entre les ethnies règne au Mali et permette d'établir une démocratie durable? Temps indéterminé mais bien supérieur aux 10 années qui viennent d'être évoquées en tout cas. Temps nécessaire à l'éradication du terrorisme? C'est pas gagné et seuls encore moins, même avec un contingent africain qui lui-même ne manquera pas de générer d'autres problèmes. On ne sait à peu près rien sur les opérations militaires, ce qui peut sembler logique au moins pendant qu'elles se déroulent. Mais on n'en sait pas plus sur la suite, ce qui est plus gênant. Encore une fois, le grand vide. Et les formules creuses, voire les promesses qui ne seront pas tenues qui l'accompagnent. Rien ne change.