"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 25 avril 2014

Car tel est mon bon plaisir




1er avril 2014,10h45, Palais d l'Elysée.

Le marquis débarque dans la cour du palais présidentiel conduit par un de ses deux chauffeurs, portant casquette. Le second est chargé de récupérer les enfants à l'école.
Vite un huissier descend les marches et s'incline en ouvrant la porte arrière droite de la berline.
-       Vous êtes bien en avance aujourd'hui, Monsieur le Marquis!
-       Exact, mon cher, j'ai du avancer ma partie de squash. Veuillez quérir mon fidèle écuyer afin de que lui donne mes ordres.
-       A votre service, votre excellence!
Quelques minutes plus tard arrive enfin le fidèle Edouard qui n'attendant son maitre qu'à partir de 11h30, comme d'habitude, en profitait pour fumer un havane dérobé au marquis.
-       Bon Edouard, ce n'est pas trop tôt. J'ai failli attendre. J'ai une partie de squash qui m'attend. Ensuite, je prendrai ma douche dans les appartements présidentiels avant de déjeuner. Je vous demande deux choses. Premièrement  vous irez en cuisine leur ordonner de mettre à décanter un Lafite 98. Ensuite, vous déposerez mes 10 paires de Weston et mes douze de Berlutti dans le salon Murat. Mon cireur viendra vers 12 heures.
-       Vous voulez dire dans la salle du conseil des ministres.
-       Ben oui, elle est libre aujourd'hui. On n'est pas mercredi.
-       Et la facture?
-       Comme d'habitude. Envoyez ça au secrétariat général, dans la rubrique "frais de représentation". Enfin Edouard, ça fait deux ans qui vous me servez et vous en êtes encore à me poser de telles questions! Vous êtes vraiment un âne.
-       Très bien Monsieur le Marquis, ce sera fait et même au-delà.
-       Au-delà???
-       C'est juste histoire de parler, Monsieur le Marquis.
-       Bon j'y vais, je vous revois vers 16h00. Faites chauffer ma voiture pour cette heure car après une telle journée, je n'ai guère envie de trainer.

Le bon Edouard, l'âne, une fois le marquis parti, ouvre son ordinateur, va sur pagesjaunes.fr et se met à la recherche du numéro de téléphone de Médiapart. Eh oui, le marquis sera servi aujourd'hui au-delà de ses espérances.





25 avril de l'an de grâce 2014, 12h15, Hôtel de Roquelaure

Un huissier tout de sombre vêtu agite une clochette, et de sa forte voix se met à déclamer.

Diling, diling, diling,

"Oyez, oyez  manantes et manants, voilà qu'approche notre maitresse à toutes et à tous, l'astre de ces lieux, le génie fait femme, notre coryphée, celle qui tient entre ses blanches mains nos misérables destins, celle qui d'un regard peut signifier à l'un sa définitive déchéance et, à l'autre, d'un clignement des paupières l'immense privilège de pouvoir continuer à la servir .
Oyez manantes et manants, voilà qu'approche son altesse Royal sans e qui vous fera l'honneur l'espace d'un instant de fouler le sol que vos misérables pieds ont pollué et de respirer l'air que vous avez encombré de vos miasmes fétides.
Manantes et manants, écartez vous, rangez-vous contre les murs, notre Grâce  arrive. Que les manants avant de se courber à son passage n'oublient pas de remonter leurs braguettes et que les manantes dans leur révérence veillent à  couvrir ces seins que l'on ne saurait voir.
Voyez passer, notre éminence pas grise celle-ci même si grisée de ses nouveaux pouvoirs accordés par la grâce de notre bon roi François, voyez passer notre splendeur qui s'en va déjeuner en ses salons privés".

Passe la Dame, de son pas altier, le regard tendu vers l'horizon, précédée d'un second huissier agitant une boule d'encens et suivie de deux gens d'armes, porteurs de hallebardes.
Elle longe le couloir sur quelques mètres avant de s'engouffrer derrière une porte que referment derrière elle nos deux hallebardiers. Ceux-ci s'éloignent de façon diamétralement opposée de la porte, font quelques mètres poussant devant eux courtisans et serviteurs, parfois les deux à la fois, et  se placent avec leurs armes au milieu du couloir interdisant donc les deux accès à ce dernier sur une bonne dizaine de mètres. Du côté est du couloir, celui qui conduit à la cantine on peut observer les mines soulagées de ceux qui savent qu'aujourd'hui ils pourront déjeuner, tandis que du côté ouest s'affichent les mines contrites de ceux qui savent qu'ils vont encore une fois la sauter et qui désespérément adressent des signes à leur heureux collègues, car en ces lieux quand sa Grâce se sustente, on se tait, afin de quémander quelques restes qu'ils pourront leur rapporter peut-être tout à l'heure. Pas de chance pour ceux-là placés du mauvais côté d'un couloir infranchissable pendant que déjeune son altesse Royal, toujours sans "e", et  qui, peut-être par vice, s'efforce de ne jamais déjeuner à la même heure, empêchant ainsi toute stratégie permettant à chacun d'accéder à la cantine.
En ce vieux palais tricentenaire, grandeur et servitude sont devenus gargouillements d'estomac et humiliation. Car tel est le bon plaisir de la maitresse des lieux.


Nous sommes en 2014, sous le règne du bon roi péteux.


vendredi 18 avril 2014

La confiance est partie





Les Français sont peut-être trop exigeants vis-à-vis de leurs dirigeants politiques. Ou peut-être encore croient-ils qu'il existe des hommes providentiels capables de les sortir, de sortir le pays, d'une situation dont ils ont enfin pris la mesure. Cela est palpable à l'occasion des élections présidentielles qui montrent qu'ils sont toujours attachés à une vision de la politique, sans doute dépassée dans la mesure où ils imaginent encore qu'un éventuel remplaçant pourra faire mieux que son prédécesseur. Et  ils déchantent très vite, et même sans doute de plus en plus vite. L'évolution des courbes de popularité de nos présidents successifs semble indiquer cela quand on considère le temps de plus en plus restreint qu'il faut pour tomber dans la disgrâce du peuple pour nos chefs d'Etat successifs. L'actuel a fait mieux, largement mieux en ce domaine que son prédécesseur qui lui-même avait chuté dans les sondages plus vite que le sien. Certes on pourra aussi imputer cela à la personnalité respective de ces présidents qui font de moins en moins président. Quand le dernier élu se balade, moins de trois mois après son élection, sur une plage française en tenue de bidochon, il s'en prend plein les gencives, régresse de plus de 10 points dans les sondages. C'est sans doute le fruit d'un vieux réflexe monarchique, les restes d'une mentalité féodale voulant que chacun tienne son rôle, sa place, sans déchoir. Les Français aiment la verticalité et s'ils peuvent désormais choisir leurs seigneurs, et surtout leur seigneur en chef, leur substitut de souverain, ils ne peuvent pardonner à ceux-là et surtout à celui-là de ne pas avoir l'attitude convenable. Aussi tant le T-shirt marqué NYPD, que le pantalon en boule et le polo sans forme sur la plage de Bormes-les-Mimosas, demeurent-ils des accessoires vestimentaires symboles d'une déchéance de la fonction.

Mais le pire n'est bien sûr pas dans la tenue vestimentaire de nos présidents, même si elle marque une rupture davantage que symbolique avec un passé assez récent.
En 2012, dans sa célèbre et devenue risible anaphore quand on voit ce qu'il en est advenu, le candidat Hollande donnait une leçon à Sarkozy, président en titre. En gros il lui expliquait qu'il serait le contraire de lui, un président comme on l'imagine, ersatz de souverain, homme capable de prendre de la hauteur, du recul, se plaçant au niveau donc qu'exige sa fonction. Le monarque doit être un homme de vision, celui qui majestueusement indique le chemin et surtout pas celui qui entre dans les détails, dans les intrigues de couloirs, dans le querelles de courtisans. Et même si Hollande de par son physique et son allure ne disposait pas, et ne disposera jamais de la majesté pouvant appuyer ce discours, on doit admettre qu'il a pu en convaincre certains. Or il s'avère que l'anaphore aurait dans ses prolongations autant d'effets que le fameux discours du Bourget. Les deux piliers de la campagne du candidat Hollande, donc ce discours sans suites, mis à part les quelques incongruités sociétales qui ont divisé les Français, et cette anaphore dont chaque jour nous révèle la fausseté du propos, donc ces deux piliers qui ont permis à celui qu'on appelait Flanby, fraise des bois, Mollande, Guimauve le Conquérant, au moins étions-nous prévenus, n'étaient que du vent. Hollande a été élu sur des mensonges. Or pas davantage qu'il n'est censé les diviser, le souverain n'est censé mentir à son peuple. Car la verticalité de type féodal impose droits et devoirs à chacun des échelons qui la fonde. Du plus haut au plus bas. Et ce qui fonde le lien forcément inégalitaire qui unit les puissants et les manants s'appelle la confiance. Le pouvoir du souverain tant que des seigneurs n'est pas fondé sur l'arbitraire. Loin s'en faut. Et pour que la majorité accepte sa situation de dominée, donc pour que tienne le système, il faut que chacun tienne son rôle. Et c'est d'autant plus vrai en République que nul ne saurait se cacher derrière un soi-disant droit divin ou un droit dû à sa naissance pour atténuer un manquement à ses devoirs. Au contraire, l'exigence devrait être plus forte encore et le souci des élus et de leur entourage encore davantage affirmé dès lorsque nous ne sommes plus dans une société d'ordres.

Mais comme chacun peut le constater, ce n'est pas ainsi que cela se passe. Car en un certain sens les politiques ont rétabli un ordre qui leur est propre en devenant des professionnels de la chose, en vivant de ce qui n'aurait dû être qu'une mise à disposition de leurs compétences, de leurs talents et de leurs convictions au service du pays, au service de leur peuple. Ils se sont simplement mis à leur propre service, se constituant en une sorte d'aristocratie nouvelle dont on peut se demander légitimement si elle n'est pas pire que l'ancienne.
Car à quoi assiste désormais le peuple médusé? Tandis que les gens qu'il a portés au pouvoir devraient lui assurer protection, ce terme étant à prendre au sens large, comprenant donc ses aspects économiques, financiers, sociaux, sécuritaires, identitaires et j'en passe, il les voit depuis une trentaine d'années se dépouiller de leurs prérogatives au profit de technocrates européens ou autres qu'il n'a pas choisis, il les voit échouer dans leurs missions comprenant enfin le sens de l'expression que l'on doit à Charles Pasqua qui disait que "les promesses n'engagent que ceux à qui elles s'adressent". Alors que sa situation ne cesse de se détériorer, que l'avenir devient source de crainte plutôt que d'espoir, il voit toujours les mêmes pendant des décennies lui tenir de beaux discours sans lendemains. Et surtout il les voit prospérer.
Car pour les politiques, une fois un certain niveau de notoriété atteint, les problèmes d'avenir n'existent plus. Ne pas être élu ne signifie pas devoir pointer à pôle emploi. Car la République est généreuse avec ceux qui la servent si mal. Enfin façon de parler car il ne s'agit pas hélas de la République mais de ceux qui ont fait main basse sur elle, qui en ont fait un objet de prédation. "T'es pas réélu? Bon, l'IGAS, ça t'intéresse? A moins que tu préfères l'Institut du monde arabe. Sinon j'ai une commission pour toi." Et puisque quand on aime on ne compte pas, on étend les largesses aux conseillers, aux fidèles. Une présidence de la caisse des dépôts, c'est pas dégueu comme recyclage. Les places ne manquent pas pour récompenser ses potes. Les compétences sont accessoires évidemment. De toute façon il y a des grouillots en dessous pour faire le boulot, après tout. Ben oui, pour être facteur faut passer un concours, tandis que pour devenir inspecteur général, c'est accessoire.
Et puis il y a ces avantages qu'on accorde ou qu'on s'accorde. Alors que les retraités et les fonctionnaires voient leurs pensions et salaires figés jusqu'à une date indéterminée, alors que les prestations sociales sont bloquées, on apprend que les conseillers ministériels se partagent des primes mensuelles qui avoisinent en moyenne 4 SMIC. Peut-être bientôt davantage puisque ce dernier est considéré comme trop élevé.
Mais ne nous y trompons pas. Les Français ne sont pas trop regardants sur ces arrangements entre amis et même sur l'honnêteté de certains de leurs dirigeants. Combien de maires, de députés réélus après une condamnation? Ça ne manque pas et les dernières élections nous ont montré quelques cas emblématiques de ce découplage qui existe dans les esprits entre le comportement de certains élus et leur action politique. Il semble que les électeurs ou des électeurs soient davantage attachés à l'efficacité de leurs élus qu'à leur intégrité. Or le discours tenu par les politiciens, surtout â ceux du camp de la morale, même si les affaires ne manquent pas de les rattraper, et pas moins que les autres, est souvent inverse. La tendance à salir l'adversaire politique est plus forte que celle d'attaquer son bilan. Comme quoi ils n'ont pas compris grand-chose à ceux qu'ils sont censés représenter et gouverner. A moins que ce ne soi à cause de leur impuissance à faire mieux sur le plan politique. Du coup on se démarque comme on peut.
Non en fait tout cela, toutes ces pratiques de caste, deviennent insupportables quand le travail n'est pas fait, quand le peuple se sent mal dirigé, et même quand il sent que ses intérêts et ceux de son pays ne sont plus la priorité de ses élus.
Aujourd'hui un président a dit qu'il ne se représenterait pas si le chômage ne baissait pas d'ici la prochaine élection présidentielle. Par ce propos, il nous a indiqué quelle est sa priorité. Et ce qu'il a dit symbolise  les causes de ce dégout qu'ont de plus en plus de Français pour leur classe politique.

mercredi 9 avril 2014

Le socialisme à la française ou la déméritocratie comme principe de fonctionnement





Politiquement on ne sait pas ou on ne sait plus trop ce qu'est le parti socialiste depuis le grand tournant de 1983 qui l'éloigna définitivement des classes populaires pour le plus grand bonheur du front national. Et c'est ainsi que 30 ans plus tard, tandis que Paris ou Lyon où sévissent les bobos demeurent socialistes alors que partout c'est la débâcle,  des villes comme Hayange ou Hénin-Beaumont passent au FN. Je vous épargne un topo sur la sociologie des ces deux dernières villes. Mais vous m'aurez compris.

A l'aune de ces exemples on a l'image de ce qu'est devenu le PS, en tant qu'entité politique. C'est sans doute d'ailleurs pour cela qu'en 2009, atteint d'une crise de sincérité, Manuel Valls devenu depuis premier ministre et se revendiquant désormais socialiste, voulait que le parti change de nom et abandonne un qualificatif "un peu" en déphasage avec la réalité. Evidemment il fut rappelé à l'ordre et même menacé d'exclusion, sans doute pas parce que ses constats étaient considérés comme faux, mais parce que le label socialiste avait encore un poids dans l'imaginaire collectif. Le socialisme n'est-ce pas le bien, le progrès, la morale, enfin vous voyez tous ces trucs-pipeau dont ces braves gens pensent qu'en les mettant en avant, en les rabâchant sans cesse, ça évitera de fouiller plus en profondeur et de constater de tristes réalités?  Les Français s'y trompent d'ailleurs de moins en moins, les dernières élections étant une cinglante illustration d'une prise de conscience, hélas trop tardive.

Si on ne sait pas trop ce que c'est politiquement, on a compris par contre que c'était une formidable machine à assurer des carrières même si les critères demeurent également vagues. Si on se focalise sur certains éléments, on pourrait même penser que la déméritocratie est devenue le principe de promotion au PS. Faut dire qu'avec un tel président issu d'un tel parti, ce n'est pas vraiment étrange. Après avoir choisi le plus mauvais pour les représenter à la présidentielle qu'il gagna, les militants ne devront pas s'étonner que quand on est mauvais au PS, les chances de progresser existent toujours. Au pire si la promotion n'est pas au rendez-vous, un poste avec un salaire alléchant permettra d'envisager l'avenir avec sérénité, le temps de se faire oublier, de faire oublier ses insuffisances.

Prenons quelques exemples récents.
Nous avons eu un ministre de l'éducation bien plus préoccupé par les rythmes scolaires puis par l'introduction de la théorie du genre, en fait sa mise en œuvre, à l'école, que par la réussite scolaire, la vraie, pas celle des chiffres du baccalauréat. Sa position étant devenue intenable il ne fut pas reconduit. Lui-même d'ailleurs ne se faisait aucune illusion, et donc il postula pour une tête de liste aux européennes, ce qui lui assure évidemment d'être élu, c'est d'ailleurs le seul type d'élection qui a pu lui assurer un fauteuil dans sa carrière politique, ce qu'on lui accorda volontiers. On se débarrassait de lui en lui offrant quand même une contrepartie intéressante, tant financièrement que dans la durée puisqu'il sera toujours député européen quand la gauche socialiste aura rendu le pouvoir à d'autres dans 3 ans.
Nous avons eu également un ministre de l'économie et des finances, celui qui le premier dans la bande qui nous gouverne fit preuve d'empathie vis-à-vis des contribuables en comprenant leur ras-le-bol, mais dont on ne peut pas dire qu'il brilla particulièrement et obtint des résultats qui le feront passer à la postérité. Et bien parce qu'il n'a pas été bon, il sera commissaire européen.  Et il n'aura pas à le regretter. Car quand on est commissaire européen, non seulement on est très bien payé, sans parler des avantages, et surtout on n'a de comptes à rendre à personne.
Cerise sur le gâteau, je ne peux pas en terminer avec ce billet sans évoquer le cas de l'inénarrable Harlem Désir, jusqu'à aujourd'hui premier secrétaire du PS. Il fallait bien trouver des raisons à la raclée des municipales. Du moins notre pépère national, afin d'avoir moins mal, devait bien trouver d'autres coupables que lui-même. Et ce fut donc Harlem Désir qui fut choisi dans le rôle du bouc-émissaire. Certes on ne pourra pas dire qu'il aura été bon à son poste, que son aura, son charisme laisseront des traces et feront verser des larmes à son pot de départ. Mais enfin à ce poste on trouva aussi nul que lui entre 1997 et 2008, ce qui au passage lui donne de l'espoir pour l'avenir. En plus, et d'ailleurs, c'est bien parce qu'il était nul, comme son illustre prédécesseur évoqué qu'il fut choisi pour occuper ce poste, juste histoire que le parti ne fasse pas d'ombre au gouvernement. Et il est donc bien hypocrite aujourd'hui de faire semblant de découvrir la vacuité du personnage. Mais admettons! Et bien parce qu'il est nul, il va très logiquement, et ce n'est que justice, être démis de ses fonctions. On aimerait qu'il en soit ainsi avec d'autres. Mais comme il est socialiste, on ne va pas le laisser tomber, même si par ailleurs il dispose d'un mandat de député européen renouvelable en tant que tête de liste en Ile-de-France. Comme il est mauvais, il est normal qu'on lui donne une promotion. Il sera donc secrétaire d'Etat aux affaires européennes. "Tu est mauvais, tu seras secrétaire d'Etat. Si tu le deviens encore plus, tu seras ministre. Fais encore un effort et tu seras président." Voilà bien le fameux principe de déméritocratie tel qu'il est appliqué chez les socialistes. Aux plus nuls d'entre nous, les mains pleines! Voilà qui devrait finalement plaire à pas mal de monde.
On notera en plus que c'est aux affaires européennes qu'il est nommé. C'est assez remarquable pour un parti européiste de nommer une brêle à ce poste.

Sinon on ne pourra que souhaiter au successeur de Désir à la tête du PS de meilleurs résultats. Certes on pensera que ce n'est pas difficile. On notera d'ailleurs que sur un point Désir est déjà dépassé par Cambadélis. Tandis que le premier ne compte qu'une condamnation,  il fut condamné le 17 décembre 1998 à 18 mois de prison avec sursis et 30 000 francs d'amende pour recel d'abus de biens sociaux pour un emploi fictif, le second en enregistre déjà deux : Il est condamné en janvier 2000 à cinq mois de prison avec sursis et 100 000 francs d'amendes pour recel et abus de bien sociaux pour un emploi fictif également, et en juin 2006,  il est condamné à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende  pour recel d'abus de confiance, pour un emploi fictif encore, à la MNEF. Du coup, vu son état de récidiviste, je le soupçonne d'être un fervent soutien de Taubira.
Parti de la morale, vous avez dit?

Tiens d'ailleurs, si ma mémoire est bonne, il avait été dit en 2012, par pépère, que ne pourrait entrer au gouvernement quelqu'un qui avait été condamné. Est-ce donc la valeur de Harlem désir qui le rend si  indispensable et oblige  notre si vertueux président à renoncer à cet engagement?


mercredi 2 avril 2014

Chouette, un nouveau gouvernement!





Ils avaient dit que le message avait été perçu, sans d'ailleurs s'étendre sur la signification du message. Plus de gauche? Plus de droite? Plus de sociétal? Qu'on en termine avec ces lubies? Etc.
En fait le problème est bien là. Que veulent les Français? Il est plus facile de répondre à une autre question : que ne veulent-ils plus? De fait on a compris qu'ils ne voulaient plus de Hollande et de son équipe de bras cassés, socialistes. Même leurs "alliés" se sont détournés d'eux, verts et radicaux de gauche.
Mais nos institutions sont telles qu'on est obligé de se les fader encore 3 ans. Parce qu'on peut vainement attendre de leur part une attitude digne, un geste d'honneur, qui nous rappellerait que l'esprit de la 5ème République, c'est davantage que des institutions permettant à des nuls de garder leurs postes. De Gaulle avait montré la voie en démissionnant en 1969, après qu'il eût estimé que le pacte qui le liait avec les Français était rompu et l'empêchait donc de diriger la France. Les institutions lui permettaient pourtant de le faire. L'honneur et la dignité, non. Mais c'est vrai que comparer Hollande à de Gaulle est une grave injure faite au second, même si toutefois la comparaison nous montre le chemin parcouru et l'idée que les esprits tordus se font du progrès.
Hollande ne nous débarrassera donc pas de sa personne. Il ne faudra compter que sur nous-mêmes pour cela. C'est pourtant lui qui, dans un livre rédigé avec son ami Plenel  (Devoirs de vérité, 2006, éditions du Stock), écrivait la chose suivante : "Je préconise un exercice de vérification démocratique au milieu de la législature. (...) Si d'aventure, à l'occasion de cette vérification, une crise profonde se produisait, ou des élections législatives intervenaient, contredisant l'élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en quittant la présidence." Il faut dire qu'à cette époque, personne, et surtout pas lui, n'aurait misé un kopeck sur ses chances présidentielles. Un hasard de circonstances,  à moins que ce ne soit une malédiction divine, a voulu qu'il en soit autrement. Pour notre malheur, pour le malheur de la France. Mais aussi pour la joie de ceux qui aiment regarder ce pays s'enfoncer dans le néant.

Les Français se sont donc exprimés lors de municipales. Ce fut Stalingrad pour le pouvoir. Mais notre Maréchal Paulus à nous ne fut pas emmené en captivité, ni même n'eut l'idée de capituler. Courageusement il limogea son général chef d'état-major qui avait commis la très grande faute de lui obéir fidèlement, et parodiant Mac Mahon, ancien président de la République lui-même, il s'adressa aux Français en leur disant "j'y suis, j'y reste". Il aurait pu ajouter une référence empruntée au général Cambronne, mais homme de peu de courage contrairement à ce dernier il préféra, comme à son habitude, tenter une synthèse  audacieuse, imaginant après celui de compétitivité, celui de responsabilité, même pas encore exposé, un pacte de solidarité. Il y en aurait donc pour tout le monde, ou personne peut-être puisque quelques esprits malins se mirent à penser que les effets du dernier pacte annuleraient ceux du premier, et réciproquement.

Non il ne s'inspira pas de Cambronne dans son discours. Il laissa ce soin au secrétaire général de l'Elysée quand celui-ci débita la liste des nouveaux ministres ou plutôt la liste des membres de ce nouveau gouvernement. Car de nouveaux il n'y en eut guère. Deux tout au plus. Une ex, qui après avoir sévèrement morflé tant dans sa vie privée que dans sa vie politique à cause de "son François" méritait bien une compensation tant de fois réclamée mais impossible à obtenir avant une inflexion de la vie amoureuse du président. C'est vers "Closer" qui lui a ouvert la voie, que devraient se tourner les pensées reconnaissantes de la dame. Et puis il y a aussi un vieux pote, Rebsamen, oublié il y a deux ans mais qui se vautra tellement dans la lèche ces derniers jours qu'il devenait impossible de l'oublier cette fois. On lui a confié donc pour le récompenser de son obséquiosité la courbe du chômage, devenue le sceptre vermoulu de ce pouvoir. Son prédécesseur, Sapin, qui ne parvint pas à l'inverser est très logiquement promu aux finances et comptes publics, avec pour mission d'essayer ses talents sur deux autres courbes, celles de notre déficit et de notre dette. C'est rassurant. Pour l'aider on lui retire l'économie, pour la confier à l'impétueux Montebourg faisant davantage figure de redresseur de torts que virtuose d'un redressement productif qui, néanmoins et malgré des résultats disons mitigés pour être poli, lui échoit de nouveau. C'est au monde du numérique qui lui incombe aussi désormais de se méfier maintenant.

Ceux qui lors des municipales ont voulu montrer par leur vote leur rejet des lois sociétales, seront comblés en voyant que Taubira et Belkacem conservent leurs portefeuille, la seconde se voyant aussi octroyer, au-delà des droits de nos pauvres concitoyennes que chacun sait maltraitées, la ville ainsi que la jeunesse et les sports, tous ces domaines ayant, même si ça ne saute pas comme ça aux yeux, un lien étroit . Dans sa mission de formatage des jeunes esprits, elle sera utilement aidée par Hamon dont on ne sait trop ce qu'il a fait dans le précédent gouvernement, mais dont le dogmatisme devrait être un atout pour l'éducation nationale dont il a désormais la charge.
Je comprends qu'on aurait eu du mal à se passer de Taubira tandis que sa loi sur la réforme pénale va être prochainement débattue devant l'Assemblée. Vous vous souvenez j'imagine de cette loi, à laquelle s'était fermement opposé le ministre de l'intérieur devenu entre temps le premier parmi ses pairs et qui dans un souci de cohérence ne pouvait donc que reconduire notre ex-indépendantiste à son poste où elle fait une si belle unanimité. Enfin au siège du syndicat de la magistrature qui s'est déporté dans les locaux du ministère, les liaisons courtes étant, on le sait préférables. Heureusement que pour la contrer, enfin pour tenir le rôle du méchant face à la gentille figurée par l'icône de la gauche, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, notre sémillant premier ministre a pensé au bouillant Bernard Cazeneuve dont on connait la vigueur et la capacité de s'opposer à ce qui pourrait nuire à ce qu'il pense être l'intérêt général. Un vrai mec qui en impose ce Cazeneuve.

Sinon plus grand-chose à dire. On garde de l'ancien, même si on a pu découvrir aujourd'hui que certains étaient déjà ministres sous Ayrault. Sylvia Pïnel par exemple, à peu près inconnue, sauf de sa famille proche, sans doute placée au logement et à l'égalité des territoires pour faire le pendant de la trop voyante Duflot. Ou encore George Pau-Langevin dont je suis bien incapable de dire de quoi elle était ministre. C'est peut-être pour cela, pour nous fournir le moyen mnémotechnique de nous rappeler à quoi elle sert, qu'on lui a confié cette fois-ci l'outre-mer.
Fabius garde son poste. C'est tout à fait logique, pas tant à cause de son efficacité qu'à cause des investissements en frais de décoration effectués au Quai d'Orsay et dont il aurait été dommage que l'initiateur ne profite pas.
Filipetti, prête-nom de la nouvelle égérie de notre don Juan national, mais néanmoins président à ses heures, conserve la culture. Elle a été bien dressée.
Touraine, quant à elle garde les affaires sociales et la santé, même si ce dernier terme a été oublié du libellé du ministère. C'est peut-être un signe. Faut dire que son attachement à la PMA vaut bien qu'elle mérite de rester à un poste où on ne l'a guère vue briller.
On conserve aussi à son poste Le Foll qu'on a estimé suffisamment désœuvré à l'agriculture pour se prendre la charge de porte-parole du gouvernement. Le sourire carnassier hebdomadaire de Belkacem va nous manquer. De même que Maryse Lebranchu qu'on a jugée tellement habituée à prendre les coups de la part des fonctionnaires dont les salaires restent gelés depuis longtemps, que ça aurait été dommage de discréditer quelqu'un d'autre.
J'ai gardé le moins pire pour la fin. Le Driant conserve le portefeuille de la Défense. Ayant entendu que Touraine avait été envisagée pour ce poste, je suis rassuré. D'autant plus qu'il n'a pas été mauvais à ce poste.


Voilà le gouvernement de combat que nous ont concocté Hollande et Valls. On se sent mieux. L'horizon va vite se dégager, on n'en doute pas.
On attendra la semaine prochaine pour savoir si effectivement ce gouvernement est resserré, comme promis. Revenir à l'appellation de secrétaire d'Etat en lieu et place de ministre délégué ne devrait pas suffire à nous illusionner sur ce point. Mais ils aiment tant se moquer de nous qu'on peut tout attendre de leur part.