Ils avaient dit que le message
avait été perçu, sans d'ailleurs s'étendre sur la signification du message.
Plus de gauche? Plus de droite? Plus de sociétal? Qu'on en termine avec ces
lubies? Etc.
En fait le problème est bien là.
Que veulent les Français? Il est plus facile de répondre à une autre question :
que ne veulent-ils plus? De fait on a compris qu'ils ne voulaient plus de
Hollande et de son équipe de bras cassés, socialistes. Même leurs
"alliés" se sont détournés d'eux, verts et radicaux de gauche.
Mais nos institutions sont telles
qu'on est obligé de se les fader encore 3 ans. Parce qu'on peut vainement
attendre de leur part une attitude digne, un geste d'honneur, qui nous
rappellerait que l'esprit de la 5ème République, c'est davantage que
des institutions permettant à des nuls de garder leurs postes. De Gaulle avait
montré la voie en démissionnant en 1969, après qu'il eût estimé que le pacte qui
le liait avec les Français était rompu et l'empêchait donc de diriger la France.
Les institutions lui permettaient pourtant de le faire. L'honneur et la
dignité, non. Mais c'est vrai que comparer Hollande à de Gaulle est une grave injure
faite au second, même si toutefois la comparaison nous montre le chemin
parcouru et l'idée que les esprits tordus se font du progrès.
Hollande ne nous débarrassera
donc pas de sa personne. Il ne faudra compter que sur nous-mêmes pour cela.
C'est pourtant lui qui, dans un livre rédigé avec son ami Plenel (Devoirs de vérité, 2006, éditions du Stock),
écrivait la chose suivante : "Je
préconise un exercice de vérification démocratique au milieu de la législature.
(...) Si d'aventure, à l'occasion de cette vérification, une crise profonde se
produisait, ou des élections législatives intervenaient, contredisant
l'élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en
quittant la présidence." Il faut dire qu'à cette époque, personne, et
surtout pas lui, n'aurait misé un kopeck sur ses chances présidentielles. Un
hasard de circonstances, à moins que ce
ne soit une malédiction divine, a voulu qu'il en soit autrement. Pour notre malheur,
pour le malheur de la France. Mais aussi pour la joie de ceux qui aiment
regarder ce pays s'enfoncer dans le néant.
Les Français se sont donc
exprimés lors de municipales. Ce fut Stalingrad pour le pouvoir. Mais notre Maréchal
Paulus à nous ne fut pas emmené en captivité, ni même n'eut l'idée de
capituler. Courageusement il limogea son général chef d'état-major qui avait
commis la très grande faute de lui obéir fidèlement, et parodiant Mac Mahon,
ancien président de la République lui-même, il s'adressa aux Français en leur
disant "j'y suis, j'y reste". Il aurait pu ajouter une référence empruntée
au général Cambronne, mais homme de peu de courage contrairement à ce dernier
il préféra, comme à son habitude, tenter une synthèse audacieuse, imaginant après celui de compétitivité,
celui de responsabilité, même pas encore exposé, un pacte de solidarité. Il y
en aurait donc pour tout le monde, ou personne peut-être puisque quelques
esprits malins se mirent à penser que les effets du dernier pacte annuleraient
ceux du premier, et réciproquement.
Non il ne s'inspira pas de
Cambronne dans son discours. Il laissa ce soin au secrétaire général de
l'Elysée quand celui-ci débita la liste des nouveaux ministres ou plutôt la
liste des membres de ce nouveau gouvernement. Car de nouveaux il n'y en eut
guère. Deux tout au plus. Une ex, qui après avoir sévèrement morflé tant dans
sa vie privée que dans sa vie politique à cause de "son François" méritait
bien une compensation tant de fois réclamée mais impossible à obtenir avant une
inflexion de la vie amoureuse du président. C'est vers "Closer" qui
lui a ouvert la voie, que devraient se tourner les pensées reconnaissantes de
la dame. Et puis il y a aussi un vieux pote, Rebsamen, oublié il y a deux ans
mais qui se vautra tellement dans la lèche ces derniers jours qu'il devenait
impossible de l'oublier cette fois. On lui a confié donc pour le récompenser de
son obséquiosité la courbe du chômage, devenue le sceptre vermoulu de ce
pouvoir. Son prédécesseur, Sapin, qui ne parvint pas à l'inverser est très logiquement
promu aux finances et comptes publics, avec pour mission d'essayer ses talents
sur deux autres courbes, celles de notre déficit et de notre dette. C'est
rassurant. Pour l'aider on lui retire l'économie, pour la confier à l'impétueux
Montebourg faisant davantage figure de redresseur de torts que virtuose d'un
redressement productif qui, néanmoins et malgré des résultats disons mitigés
pour être poli, lui échoit de nouveau. C'est au monde du numérique qui lui
incombe aussi désormais de se méfier maintenant.
Ceux qui lors des municipales ont
voulu montrer par leur vote leur rejet des lois sociétales, seront comblés en
voyant que Taubira et Belkacem conservent leurs portefeuille, la seconde se
voyant aussi octroyer, au-delà des droits de nos pauvres concitoyennes que
chacun sait maltraitées, la ville ainsi que la jeunesse et les sports, tous ces
domaines ayant, même si ça ne saute pas comme ça aux yeux, un lien étroit . Dans
sa mission de formatage des jeunes esprits, elle sera utilement aidée par Hamon
dont on ne sait trop ce qu'il a fait dans le précédent gouvernement, mais dont
le dogmatisme devrait être un atout pour l'éducation nationale dont il a
désormais la charge.
Je comprends qu'on aurait eu du
mal à se passer de Taubira tandis que sa loi sur la réforme pénale va être
prochainement débattue devant l'Assemblée. Vous vous souvenez j'imagine de
cette loi, à laquelle s'était fermement opposé le ministre de l'intérieur
devenu entre temps le premier parmi ses pairs et qui dans un souci de cohérence
ne pouvait donc que reconduire notre ex-indépendantiste à son poste où elle
fait une si belle unanimité. Enfin au siège du syndicat de la magistrature qui
s'est déporté dans les locaux du ministère, les liaisons courtes étant, on le
sait préférables. Heureusement que pour la contrer, enfin pour tenir le rôle du
méchant face à la gentille figurée par l'icône de la gauche, on fait ce qu'on
peut avec ce qu'on a, notre sémillant premier ministre a pensé au bouillant
Bernard Cazeneuve dont on connait la vigueur et la capacité de s'opposer à ce qui
pourrait nuire à ce qu'il pense être l'intérêt général. Un vrai mec qui en
impose ce Cazeneuve.
Sinon plus grand-chose à dire. On
garde de l'ancien, même si on a pu découvrir aujourd'hui que certains étaient
déjà ministres sous Ayrault. Sylvia Pïnel par exemple, à peu près inconnue,
sauf de sa famille proche, sans doute placée au logement et à l'égalité des
territoires pour faire le pendant de la trop voyante Duflot. Ou encore George
Pau-Langevin dont je suis bien incapable de dire de quoi elle était ministre. C'est
peut-être pour cela, pour nous fournir le moyen mnémotechnique de nous rappeler
à quoi elle sert, qu'on lui a confié cette fois-ci l'outre-mer.
Fabius garde son poste. C'est
tout à fait logique, pas tant à cause de son efficacité qu'à cause des investissements
en frais de décoration effectués au Quai d'Orsay et dont il aurait été dommage
que l'initiateur ne profite pas.
Filipetti, prête-nom de la nouvelle
égérie de notre don Juan national, mais néanmoins président à ses heures,
conserve la culture. Elle a été bien dressée.
Touraine, quant à elle garde les
affaires sociales et la santé, même si ce dernier terme a été oublié du libellé
du ministère. C'est peut-être un signe. Faut dire que son attachement à la PMA
vaut bien qu'elle mérite de rester à un poste où on ne l'a guère vue briller.
On conserve aussi à son poste Le
Foll qu'on a estimé suffisamment désœuvré à l'agriculture pour se prendre la
charge de porte-parole du gouvernement. Le sourire carnassier hebdomadaire de
Belkacem va nous manquer. De même que Maryse Lebranchu qu'on a jugée tellement
habituée à prendre les coups de la part des fonctionnaires dont les salaires
restent gelés depuis longtemps, que ça aurait été dommage de discréditer
quelqu'un d'autre.
J'ai gardé le moins pire pour la
fin. Le Driant conserve le portefeuille de la Défense. Ayant entendu que
Touraine avait été envisagée pour ce poste, je suis rassuré. D'autant plus
qu'il n'a pas été mauvais à ce poste.
Voilà le gouvernement de combat
que nous ont concocté Hollande et Valls. On se sent mieux. L'horizon va vite se
dégager, on n'en doute pas.
On attendra la semaine prochaine
pour savoir si effectivement ce gouvernement est resserré, comme promis. Revenir
à l'appellation de secrétaire d'Etat en lieu et place de ministre délégué ne
devrait pas suffire à nous illusionner sur ce point. Mais ils aiment tant se
moquer de nous qu'on peut tout attendre de leur part.
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