"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 2 avril 2014

Chouette, un nouveau gouvernement!





Ils avaient dit que le message avait été perçu, sans d'ailleurs s'étendre sur la signification du message. Plus de gauche? Plus de droite? Plus de sociétal? Qu'on en termine avec ces lubies? Etc.
En fait le problème est bien là. Que veulent les Français? Il est plus facile de répondre à une autre question : que ne veulent-ils plus? De fait on a compris qu'ils ne voulaient plus de Hollande et de son équipe de bras cassés, socialistes. Même leurs "alliés" se sont détournés d'eux, verts et radicaux de gauche.
Mais nos institutions sont telles qu'on est obligé de se les fader encore 3 ans. Parce qu'on peut vainement attendre de leur part une attitude digne, un geste d'honneur, qui nous rappellerait que l'esprit de la 5ème République, c'est davantage que des institutions permettant à des nuls de garder leurs postes. De Gaulle avait montré la voie en démissionnant en 1969, après qu'il eût estimé que le pacte qui le liait avec les Français était rompu et l'empêchait donc de diriger la France. Les institutions lui permettaient pourtant de le faire. L'honneur et la dignité, non. Mais c'est vrai que comparer Hollande à de Gaulle est une grave injure faite au second, même si toutefois la comparaison nous montre le chemin parcouru et l'idée que les esprits tordus se font du progrès.
Hollande ne nous débarrassera donc pas de sa personne. Il ne faudra compter que sur nous-mêmes pour cela. C'est pourtant lui qui, dans un livre rédigé avec son ami Plenel  (Devoirs de vérité, 2006, éditions du Stock), écrivait la chose suivante : "Je préconise un exercice de vérification démocratique au milieu de la législature. (...) Si d'aventure, à l'occasion de cette vérification, une crise profonde se produisait, ou des élections législatives intervenaient, contredisant l'élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en quittant la présidence." Il faut dire qu'à cette époque, personne, et surtout pas lui, n'aurait misé un kopeck sur ses chances présidentielles. Un hasard de circonstances,  à moins que ce ne soit une malédiction divine, a voulu qu'il en soit autrement. Pour notre malheur, pour le malheur de la France. Mais aussi pour la joie de ceux qui aiment regarder ce pays s'enfoncer dans le néant.

Les Français se sont donc exprimés lors de municipales. Ce fut Stalingrad pour le pouvoir. Mais notre Maréchal Paulus à nous ne fut pas emmené en captivité, ni même n'eut l'idée de capituler. Courageusement il limogea son général chef d'état-major qui avait commis la très grande faute de lui obéir fidèlement, et parodiant Mac Mahon, ancien président de la République lui-même, il s'adressa aux Français en leur disant "j'y suis, j'y reste". Il aurait pu ajouter une référence empruntée au général Cambronne, mais homme de peu de courage contrairement à ce dernier il préféra, comme à son habitude, tenter une synthèse  audacieuse, imaginant après celui de compétitivité, celui de responsabilité, même pas encore exposé, un pacte de solidarité. Il y en aurait donc pour tout le monde, ou personne peut-être puisque quelques esprits malins se mirent à penser que les effets du dernier pacte annuleraient ceux du premier, et réciproquement.

Non il ne s'inspira pas de Cambronne dans son discours. Il laissa ce soin au secrétaire général de l'Elysée quand celui-ci débita la liste des nouveaux ministres ou plutôt la liste des membres de ce nouveau gouvernement. Car de nouveaux il n'y en eut guère. Deux tout au plus. Une ex, qui après avoir sévèrement morflé tant dans sa vie privée que dans sa vie politique à cause de "son François" méritait bien une compensation tant de fois réclamée mais impossible à obtenir avant une inflexion de la vie amoureuse du président. C'est vers "Closer" qui lui a ouvert la voie, que devraient se tourner les pensées reconnaissantes de la dame. Et puis il y a aussi un vieux pote, Rebsamen, oublié il y a deux ans mais qui se vautra tellement dans la lèche ces derniers jours qu'il devenait impossible de l'oublier cette fois. On lui a confié donc pour le récompenser de son obséquiosité la courbe du chômage, devenue le sceptre vermoulu de ce pouvoir. Son prédécesseur, Sapin, qui ne parvint pas à l'inverser est très logiquement promu aux finances et comptes publics, avec pour mission d'essayer ses talents sur deux autres courbes, celles de notre déficit et de notre dette. C'est rassurant. Pour l'aider on lui retire l'économie, pour la confier à l'impétueux Montebourg faisant davantage figure de redresseur de torts que virtuose d'un redressement productif qui, néanmoins et malgré des résultats disons mitigés pour être poli, lui échoit de nouveau. C'est au monde du numérique qui lui incombe aussi désormais de se méfier maintenant.

Ceux qui lors des municipales ont voulu montrer par leur vote leur rejet des lois sociétales, seront comblés en voyant que Taubira et Belkacem conservent leurs portefeuille, la seconde se voyant aussi octroyer, au-delà des droits de nos pauvres concitoyennes que chacun sait maltraitées, la ville ainsi que la jeunesse et les sports, tous ces domaines ayant, même si ça ne saute pas comme ça aux yeux, un lien étroit . Dans sa mission de formatage des jeunes esprits, elle sera utilement aidée par Hamon dont on ne sait trop ce qu'il a fait dans le précédent gouvernement, mais dont le dogmatisme devrait être un atout pour l'éducation nationale dont il a désormais la charge.
Je comprends qu'on aurait eu du mal à se passer de Taubira tandis que sa loi sur la réforme pénale va être prochainement débattue devant l'Assemblée. Vous vous souvenez j'imagine de cette loi, à laquelle s'était fermement opposé le ministre de l'intérieur devenu entre temps le premier parmi ses pairs et qui dans un souci de cohérence ne pouvait donc que reconduire notre ex-indépendantiste à son poste où elle fait une si belle unanimité. Enfin au siège du syndicat de la magistrature qui s'est déporté dans les locaux du ministère, les liaisons courtes étant, on le sait préférables. Heureusement que pour la contrer, enfin pour tenir le rôle du méchant face à la gentille figurée par l'icône de la gauche, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, notre sémillant premier ministre a pensé au bouillant Bernard Cazeneuve dont on connait la vigueur et la capacité de s'opposer à ce qui pourrait nuire à ce qu'il pense être l'intérêt général. Un vrai mec qui en impose ce Cazeneuve.

Sinon plus grand-chose à dire. On garde de l'ancien, même si on a pu découvrir aujourd'hui que certains étaient déjà ministres sous Ayrault. Sylvia Pïnel par exemple, à peu près inconnue, sauf de sa famille proche, sans doute placée au logement et à l'égalité des territoires pour faire le pendant de la trop voyante Duflot. Ou encore George Pau-Langevin dont je suis bien incapable de dire de quoi elle était ministre. C'est peut-être pour cela, pour nous fournir le moyen mnémotechnique de nous rappeler à quoi elle sert, qu'on lui a confié cette fois-ci l'outre-mer.
Fabius garde son poste. C'est tout à fait logique, pas tant à cause de son efficacité qu'à cause des investissements en frais de décoration effectués au Quai d'Orsay et dont il aurait été dommage que l'initiateur ne profite pas.
Filipetti, prête-nom de la nouvelle égérie de notre don Juan national, mais néanmoins président à ses heures, conserve la culture. Elle a été bien dressée.
Touraine, quant à elle garde les affaires sociales et la santé, même si ce dernier terme a été oublié du libellé du ministère. C'est peut-être un signe. Faut dire que son attachement à la PMA vaut bien qu'elle mérite de rester à un poste où on ne l'a guère vue briller.
On conserve aussi à son poste Le Foll qu'on a estimé suffisamment désœuvré à l'agriculture pour se prendre la charge de porte-parole du gouvernement. Le sourire carnassier hebdomadaire de Belkacem va nous manquer. De même que Maryse Lebranchu qu'on a jugée tellement habituée à prendre les coups de la part des fonctionnaires dont les salaires restent gelés depuis longtemps, que ça aurait été dommage de discréditer quelqu'un d'autre.
J'ai gardé le moins pire pour la fin. Le Driant conserve le portefeuille de la Défense. Ayant entendu que Touraine avait été envisagée pour ce poste, je suis rassuré. D'autant plus qu'il n'a pas été mauvais à ce poste.


Voilà le gouvernement de combat que nous ont concocté Hollande et Valls. On se sent mieux. L'horizon va vite se dégager, on n'en doute pas.
On attendra la semaine prochaine pour savoir si effectivement ce gouvernement est resserré, comme promis. Revenir à l'appellation de secrétaire d'Etat en lieu et place de ministre délégué ne devrait pas suffire à nous illusionner sur ce point. Mais ils aiment tant se moquer de nous qu'on peut tout attendre de leur part.

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