"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 25 mars 2014

Le vrai visage du pouvoir ukrainien





Mon précédent billet sur le sujet démontrait qu'une partie des membres de ce gouvernement ukrainien était composé d'individus pas particulièrement recommandables auxquels pourtant les occidentaux et la France en particulier apportent un soutien sans faille. Cela pourrait être risible, mais dans les faits ça ne l'est pas du tout, quand on considère les réactions de la gauche de gouvernement à la montée du FN lors du premier tour des municipales tandis que ce parti semble bien inoffensif  si on le compare au parti socialiste-national (l'inversion est de leur fait, sans doute dans le vain espoir de paraitre respectables) Svoboda, mot signifiant, on n'en est plus à une démonstration de cynisme près, "liberté".

Donc il y a eux qui disposent de 5 ministres dans ce gouvernement, et il y a les autres, et en particulier ceux du parti "pro-occidental" de Ioulia Timochenko, nommée aussi "la princesse du gaz" en référence à l'origine de sa fortune acquise selon des méthodes qui lui ont valu de se retrouver par deux fois derrière les barreaux. Elle n'est certes pas dans ce gouvernement, des problèmes de santé l'éloignant provisoirement, hélas, des lieux du pouvoir, mais ses fidèles serviteurs occupent quelques-uns des postes-clé dont ceux de président et premier ministre, par intérim.
Actuellement en Allemagne pour se faire soigner, la charmante Ioulia ne délaisse pas les affaires et use de son influence. Ses prises de paroles publiques n'ont rien d'apaisant, mais celles qu'elle tient en privé donnent des frissons dans le dos.
Ainsi, il y a peu une conversation téléphonique entre elle et un député, Nestor Shufrych du parti des régions (le parti de Ianoukovitch) a été interceptée par on ne sait qui (!), comme fut interceptée une conversation téléphonique entre la brillante Catherine Ashton et le premier ministre estonien au cours de laquelle on apprenait que l'origine des massacres de la place de l'Indépendance était pour le moins douteuse. Tiens, au fait! Où en est l'enquête sur ce sujet? Les accusations étaient graves et de nature à remettre complètement en cause les thèses défendues par les occidentaux quant à l'explication (la justification) de ce coup d'Etat réussi. Je n'ose pas croire que nos démocraties, qui se posent invariablement du côté du bien, du juste et de  la morale, se parant au passage du titre de "communauté internationale", excusez du peu, aient fait l'impasse sur une enquête rigoureuse permettant d'innocenter leurs protégés. On, non, ça va venir, n'en doutons pas. Obama, Hollande, Cameron, Merkel et les autres sont des gens bien trop honnêtes pour évacuer l'affaire, la glisser sous le tapis en attendant que tout le monde l'ait oubliée. Comment? Vous doutez?
Mais revenons à la sulfureuse Ioulia et à cette conversation dont j'espère nos médias se feront le relais, soucieux qu'ils sont de nous fournir une information objective. La conversation a bien eu lieu, authentifiée par Timochenko, sauf une phrase, soi-disant ayant fait l'objet d'un montage.
La voici :
(Nota : les passages en gras et soulignés l'ont été de mon fait)

Nestor Shufrych : "Concernant tout ce dossier criméen, je te le dis, je suis juste sous le choc. Je parlais à une de nos connaissances aujourd'hui, et il était en larmes. J'ai demandé, qu'est ce que nous allons faire maintenant ?
Ioulia Timochenko : Je suis prête à m'emparer d'une mitrailleuse et tirer une balle dans la tête de ses fils de p****
N. S. : Je lui ait parlé hier, si un conflit armé éclatait moi et mon frère ainé, en tant qu'officiers de réserve, nous prendrons nos armes et irons défendre notre pays.
I.T : Cela dépasse vraiment toutes les limites. Il est temps de prendre nos armes et d'aller tuer ces maudits russes ainsi que leur leader. (N.S. manifeste son accord). Je regrette de ne pas être la actuellement et de n'avoir pas été en charge du processus. Il n'y aurait eu aucune putain de manière pour qu'ils obtiennent la Crimée.
N.S : J'y pensais également en réalité. Si tu avais été là cela ne serait pas arrivé. Mais de toute manière, nous n'avions aucune force potentielle. Tu sais, la chose la plus offensante c'était ça.
I.T : J'aurais trouvé un moyen de tuer ces connards. J'espère que je serai capable de d'impliquer toutes mes relations. Et j'utiliserai tous mes moyens pour faire se soulever le monde entier afin qu'il n'y ait même plus un champ brulé en Russie.
N.S : Bon, je suis plus que ton simple allié ici. Aujourd'hui, nous avons eu une rencontre entre leaders des factions (parlementaires) dans la matinée, après laquelle j'ai parlé à Viktor (probablement Tourchinov). Il a demandé : "Que devrions nous faire maintenant avec les 8 millions de russes qui sont restés en Ukraine ? Ce sont des parias !"
I.T : Ils doivent être détruits avec des armes nucléaires (c'est la seule phrase contestée par Timochenko)
N.S : Je ne vais pas te contredire ici, parce que ce qui s'est passé est  absolument inacceptable. Mais il y a une autre option, certaines de leurs actions violent clairement le droit et nous avons à prendre des mesures à un niveau international.
I.T : Nous allons porter cela devant la Cour Pénale Internationale de La Haye."

Chacun pourra apprécier le langage fleuri et de paix de la blonde Timochenko, et sa volonté de contribuer à un règlement pacifique de la crise. La double crise en fait. Celle de la Crimée, dorénavant ayant rejoint la Russie, et celle de l'avenir de l'Ukraine, de la capacité de faire cohabiter dans un même pays des populations revendiquant des identités différentes.
La solution, et c'est vrai qu'elle est pratique, efficace et durable, même si elle apparait quand même un peu irréaliste, du moins peu réalisable, pour être davantage précis, pour la gentille Ioulia, du moins considérée comme telle par ceux qui nous gouvernent, quelle sagacité!, consiste en l'élimination physique de tout ce qui gêne.
En ben dis donc! On n'est pas sorti du merdier avec des gens comme ça, hein!

Afin toutefois d'être juste, je reviens sur cette phrase contestée pat Timochenko : Ils (les 8 millions de Russes vivant en Ukraine, des parias selon le président Ukrainien Tourchinov, accessoirement un des fidèles de Timochenko) doivent être détruits avec des armes nucléaires.
Elle affirme avoir dit : " les Russes en Ukraine, ce sont des Ukrainiens."
D'une part ça sonne assez mal avec la tonalité général de la conversation, et ça concorde peu avec "Il est temps de prendre nos armes et d'aller tuer ces maudits russes ainsi que leur leader.", propos tenu juste avant. La réponse du député s'accorde également mieux avec la phrase qu'elle réfute.
D'autre part, les Russes d'Ukraine demandent justement à conserver leurs particularités, notamment leur langue. Et donc si la phrase alléguée par Timochenko est exacte, ce dont je doute, elle n'irait pas non plus dans le sens d'une résolution du problème.

Voilà donc où on en est. Entre une Timochenko, pas encore aux affaires, mais tirant encore beaucoup de ficelles, qui veut tuer tout le monde, et un président considérant les Russes d'Ukraine comme des parias, nous voilà persuadés que les occidentaux, l'UE, la France, ont choisi le bon cheval, celui capable d'instaurer une ère de paix durable dans la région. Et évidemment ne parlons pas de ceux évoqués dans le précédent billet sur le sujet et qui doivent sans doute applaudir aux propos de Timochenko. Si on voulait déclencher un conflit, on ne ferait sans doute pas mieux.


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