"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 31 janvier 2014

La colère gronde, échec de terra nova





La récente  journée dite de colère, quel que soit le chiffre de manifestants, peut-être considérée comme un grand succès ou devrait l'être par ce gouvernement et les courants de pensée associés. Ils ont réussi  la prouesse de réaliser ce qu'ils essayaient difficilement de nous vendre depuis des années en faisant la promotion de la diversité, de la France plurielle, du vivre-ensemble ou je ne sais quelle lubie qui les dévore depuis des lustres.

En effet, là où le ministre de l'intérieur trop coquet sans doute pour chausser ses lunettes n'a vu que des cathos intégristes, il y avait des jeunes, des moins jeunes, des vieux, des gens de couleurs différentes, de milieux différents, aux motivations différentes. Il suffit d'être un peu curieux et de regarder les photos accessibles sur le net pour s'en rendre compte.
Ainsi Hollande et ses sbires ont-ils réussi à rassembler des gens que rien n'appelait à se côtoyer, une espèce de France black-blanc-beur transcendant les générations, les milieux sociaux et professionnels, les opinions. Il est même probable que dans un autre contexte ces gens se heurteraient sans égards.
Pourtant l'image est belle de cette fraternisation qui dans un autre contexte aurait fait le bonheur et la fierté de nos bien pensants. Je plaisante évidemment car outre le fait que certains gestes et slogans, ceux qu'on a mis en exergue évidemment, ne donnent aucune envie de battre le pavé avec ces gens, cette image est un véritable cauchemar pour ceux qui nous gouvernent et dont le grand timonier, alors candidat à la présidentielle, annonçait qu'avec lui la France serait apaisée. En fait d'apaisement c'est la haine qu'il a distillée ainsi que le rejet de sa personne et de sa clique. Et en regardant l'image de ce regroupement de circonstance dont il serait vain et mensonger de tenter de le circonscrire à une bande de lefevristes d'extrême-droite sur le retour, en observant cette improbable diversité, la seule vraie réflexion qui me vient à l'esprit est "mais qu'ont-ils fait de ce pays!".

Car ces messieurs et dames, ou dames et messieurs pour respecter l'ordre alphabétique, à vouloir jouer les apprentis-sorciers, en se concentrant sur le sociétal, laissant tomber les problèmes économiques et sociaux derrière des promesses qui n'ont pas été tenues, derrière des mots qui ont cessé de faire illusion, auxquels on ne croit plus, sont parvenus à sortir la politique du terrain et à exacerber des forces obscures, ces forces qui néanmoins se révèlent utiles à ce gouvernement pour dissimuler le désarroi général des Français derrière l'inacceptable, capables le temps d'un après-midi, d'un premier après-midi, d'unir leurs forces pour cracher leur haine. Et pas seulement celle du gouvernement, même si celle-là est fédératrice.

Oui ce qui se passe en France actuellement est grave. Et notamment parce que cette contestation par sa forme sort du jeu politique. Aucun parti, pas même le FN qui face à ce type de mouvement va acquérir une douce renommée de modération, n'est à l'origine des événements. Sans doute parce qu'aucun n'a su anticiper l'arrivée de ceux-ci et surtout mesurer le rejet de la part des Français, même si les raisons sont variables, de cette avalanche de mesures à dominante sociétale. Et donc le gouvernement se retrouve face à une vague de contestation qui va continuer sans doute sans aucun interlocuteur tandis que les partis politiques de l'opposition se transforment en spectateurs impuissants. La politique et les politiques auxquels les Français ne font plus confiance ne peuvent en être que davantage discrédités. A terme c'est la démocratie ou ce qu'il en reste qui est menacée. Les urnes déjà très largement délaissées (quel est désormais l'élu qui peut se targuer d'une vraie majorité, de celle des électeurs inscrits?), le seront sans doute davantage. Dans le même temps ceux qui sont chargés d'informer, ceux dont on devrait considérer que leur rôle est d'éclairer les citoyens dans leurs choix et leurs démarches, donc les médias, sont de plus en plus déconsidérés et ne suscitent guère plus de confiance que les politiques. Alors la voie est ouverte à tous les possibles,  dès lors que les politiques n'écoutent plus le peuple, ne répondent plus à ses attentes, dès lors que l'information et la rumeur se confondent.
Ce que ce gouvernement devrait comprendre ainsi que tous ces apprentis-sorciers qui gravitent autour de lui et ont fini par imposer leurs conceptions de la société, c'est qu'on ne modifie pas une société sans l'accord du peuple. Les bonnes intentions affichées, qui donc serait contre l'égalité par exemple, la décrédibilisation de ceux  qui résistent, forcément d'extrême-droite et sans doute cathos "jupes plissées et vieux loden", même si ça devient de plus en plus difficile à faire gober quand on voit les images de cette manifestation et d'où vient la résistance actuelle à l'imposition de la théorie du genre à l'école, ne peuvent suffire à légitimer ces changements dont une majorité du peuple ne veut pas. Même la violence, même le traitement particulier des opposants (en fait il existe dans notre pays sous la gauche socialiste- ce fut souligné à Bruxelles et même à la commission des droits de l'homme à l'occasion du mariage pour tous -  mais ne peut avoir que des effets limités et même contraires à ceux escomptés) ne peuvent avoir raison d'un peuple. Un jour il brisera ses chaines. Ça s'est toujours vérifié. Alors vous pensez bien que le sourire d'une Belkacem, que la véhémence d'un Peillon qui se cherche déjà un point de chute au Parlement européen, que les coups de menton d'un Valls qui voit de l'extrême-droite partout, sont de bien pitoyables instruments pour nous imposer ce changement de société auxquels aspirent ces fous modernes de la mouvance terra noviste.

Et même le mensonge ne peut fonctionner. Le monde d'internet le permet de moins en moins. Prenons par exemple cette fameuse théorie du genre. Selon Peillon et Belkacem, ce serait un fantasme de croire qu'elle serait la référence à l'école. Non on ne l'enseigne pas. En fait c'est vrai, on ne l'enseigne pas en tant que théorie, donc en temps qu'alternative possible à d'autres théories. On l'applique en tant qu'idéologie. Entre deux séances de "Tomboy", pour ceux qui n'auraient pas bien saisi le sens du film lors d la première projection, entre deux informations menées par une association LBGT, les seules autorisées à s'exprimer devant les jeunes élèves, on ressort Louis XIV fort opportunément pour le présenter en tant que précurseur des drag queens, talons et longue perruque bouclée de rigueur.
Donc selon Belkacem, au si joli sourire, ça aide, en pointe dans le bourrage de crâne de nos enfants, la théorie du genre n'existe pas. Et pourtant grâce à internet on peut retrouver ce qu'elle déclarait en 2011 dans une interview : "La théorie du genre, qui explique “l’identité sexuelle” des individus autant par le contexte socio-culturel que par la biologie, a pour vertu d’aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l’homosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets." Et voilà ce qu'on retrouve par exemple dans la Convention interministérielle pour l'égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif 2013-2018 où il est fait 10 fois référence au genre: " Les savoirs scientifiques issus des recherches sur le genre, les inégalités et les stéréotypes doivent nourrir les politiques publiques mises en place pour assurer l'égalité effective entre filles et garçons, femmes et hommes.", "Réaliser un travail de vulgarisation et de diffusion des recherches sur le genre.", "La formation des formateurs et formatrices ainsi que la formation des personnels se destinant à travailler auprès d'enfants, d'adolescent(e)s, de jeunes adultes doivent comprendre une formation au genre." Mais il parait que le genre n'a pas sa place dans nos écoles selon le ministre de l'éducation nationale. Ça devient de plus en plus difficile de mentir, monsieur le ministre et bientôt député européen!

Le sujet n'étant pas le genre mais cette digression, je pense n'était pas inutile pour comprendre les choses, pour comprendre qu'on tente bien d'opérer un changement de société en s'attaquant aux enfants, plus malléables que ses idiots d'adultes, pour comprendre que cette démarche enrobée de bonnes intentions tente de se faire à l'insu des parents auxquels on ment ainsi qu'on peut le constater, pour comprendre que les opposants les plus actifs seront trainés dans la boue. Mais l'accusation d'extrémisme droitier commence à perdre de sa crédibilité quand on considère qui s'oppose. Ben oui quoi! Quand des musulmans répondent à un appel pour le boycott d'une école où le genre serait l'idéologie de base, l'argument tient difficilement. Alors on salit autrement. Voilà ce que déclare la secrétaire départementale de l’UNSA dans le Bas-Rhin : "cette campagne a touché un public crédule et peu éduqué." Des abrutis, quoi! Et c'est sans doute ce qu'ils sont quand ils ne votent pas socialiste, aux yeux de cette dame.

Reste que dans cette critique qu'elle dresse des opposants au progrès, à l'avenir radieux que nous concoctent les socialistes, se dresse le terrible constat pour eux que la stratégie terra noviste adoptée par Hollande et ses nervis a trouvé ses limites et se retourne même contre eux.
Ils ont voulu mépriser le peuple français et s'appuyer sur un électorat hétéroclite allant des bobos bon teint, les seuls qui demeurent sans doute satisfaits à l'heure actuelle, aux minorités, sans comprendre qu'il était difficile, voire impossible de concocter des mesures susceptibles en même temps de satisfaire toutes les composantes de cet électorat que rien ne rassemble. Peut-être que les bobos et les intellos, forcément de gauche, du moins le pensent-ils, savent utiliser un langage qui parfois peut plaire aux minorités (voir les fameux rapports sur l'intégration) mais ils se gardent bien de les côtoyer de trop près, d'envoyer leurs enfants dans les mêmes écoles que ceux des membres de ces minorités, d'habiter leurs quartiers sauf parfois à s'y établir en se bunkerisant et à finalement chasser les minorités en faisant monter les prix de l'immobilier. Et il ne faudrait pas croire que les minorités sont dupes de cela. Et du coup ils ne les connaissent guère, ne les comprennent guère, davantage attachés à des stéréotypes qu'on se gardera bien de combattre, ceux-là.  Ils ne comprennent pas que leur progrès à eux constitue une offense pour leurs soi-disant protégés qui finissent par rejoindre de façon circonstancielle ceux qu'ils ont toujours méprisés, les petits blancs français hétéros, attachés, même s'ils n'y réfléchissent pas forcément tous les jours, même s'ils n'en font pas une préoccupation constante, à leur manière de vivre, à leur culture et donc à leur passé, à leurs racines.

La stratégie terra noviste est donc un échec qui se retourne contre ses promoteurs. Mais d'une façon dangereuse. Pas seulement pour eux. Ça on s'en fout et même on peut s'en réjouir, car ils le méritent bien. Le mouvement qui monte apparait en effet incontrôlé et même incontrôlable laissant les politiques de tous bords pantois car bien incapables de le canaliser tant les motivations des gens en colère sont diverses et même parfois contradictoires.  La boite de Pandore est ouverte.


vendredi 24 janvier 2014

Ue vision pour la France





A l'aune des discours présidentiels prononcés depuis mai 2012, on pourrait croire que les socialistes et alliés n'ont pas de véritable vision pour la France. Leur préoccupation majeure, leur seul objectif, selon le président, étant de faire baisser le chômage.
Or ce serait une erreur majeure de croire cela. Il suffit pour s'en convaincre de voir ce qui se passe à l'assemblée nationale et de se pencher sur le calendrier des travaux. Prenons par exemple ce fameux pacte de responsabilité qui devrait permettre aux entreprises de trouver des marges pour embaucher de nouveau. Certes les annonces sont là, les principes généraux, très généraux et donc flous, sont posés. Mais on attendra le mois de juin pour engager la responsabilité du gouvernement sur la chose, ou pour être plus précis sur la philosophie de la chose. Les modalités pratiques attendront. Il parait pourtant qu'il y a urgence et qu'il faut aller vite. C'est eux qui le disent. Mais ils ne font que le dire.
Par contre il y a urgence à imposer, la majorité parlementaire le permet, des lois dites sociétales. On a eu le mariage pour tous, on vient d'avoir la loi sur l'égalité ou la parité, un amendement à la loi Veil sur l'avortement,  et on va avoir, car parait-il ça presse, la loi sur les langues régionales et minoritaires, un truc européen signé en 1999, mais jamais ratifié pour des raisons constitutionnelles. Il y a aussi cette lutte contre les stéréotypes à l'école, objet de toutes les attentions, non pas pour qu'elle se décide à enseigner efficacement la lecture, mais pour qu'elle formate bien nos chères petites têtes blondes, brunes, noires, crépues ou lisses. Pour l'instant on échappe, mais qu'on se rassure, ce n'est que partie remise, à une réflexion sur l'intégration : elle devait avoir lieu en début de cette année sur la base de rapports indignes qui ont donné la nausée à assez de monde pour qu'on laisse ça en sommeil pour l'instant. Mais l'intention reste et la philosophie aussi si on se réfère à d'autres travaux sur le même sujet allant tous dans le même sens. On pourrait ajouter à cet inventaire la loi sur la réforme pénale repoussée, et on comprend pourquoi, après la séquence électorale du printemps prochain, le projet de simplification de la procédure du divorce, et autres joyeusetés dont notre ex-indépendantiste guyanaise n'est pas avare du moment qu'il s'agit de saper les fondements de notre société.

Non ce serait une erreur de croire que ces gens-là n'ont pas une vision de la France. Ils en ont une très claire : en finir avec ce vieux pays, avec cette nation. Transformer la France en un ensemble purement administratif, sans passé, sans repères, en fait sans Français, sauf à considérer que cette qualité ne correspond qu'à un morceau de plastique.
Certes, et ils en ont conscience, le chemin pour y parvenir ne sera pas pavé de roses, d'où cette chasse effrénée aux néo-réacs devenus néo-fachos pour leur donner plus de poids dans l'abjection, aux ballons dirigeables en forme de quenelle (en référence à l'interpellation et la garde à vue récentes, pour ce motif, de ce polytechnicien militant pour la démission de Hollande qui gonflait le sien à l'occasion d'une récente manifestation contre l'IVG, je crois – à quand une loi salvatrice pour que les dirigeables n'aient plus cette forme lamentable de même peut-être que les avions ressemblant de manière provocante à des quenelles avec des ailes?), aux T-shirts roses avec un papa, un maman et des enfants (vision apocalyptique, ou pour l moins dégradante, je suppose!), et autres individus, objets ou symboles pouvant rappeler qu'il fut un temps où… Mais au moins ces basses attaques ont le mérite d'être visibles, et sont donc moins insidieuses que la pédagogie mielleuse d'une Najat Vallaud-Belkacem, qui si le sort des femmes et la lutte contre les stéréotypes étaient ses seuls moteurs devrait s'intéresser de près à ce qui se passe dans ces domaines dans l'autre pays dont elle a conservé la nationalité. Que notre enfer doit paraitre doux aux femmes qui vivent là-bas! Ce qui sans doute explique que notre charmante ministre ait choisi d'exercer ses fumeux talents dans son pays d'adoption. C'est ce qu'on appelle une chance pour la France.


Pauvre France en vérité, exposée sans guère de protection, hormis celle mais insuffisante que tentent de lui apporter évidemment quelques fachos porteurs non moins évidemment de haine comme aiment à le rappeler  certains politiques et  médias à la botte de ces saboteurs de la nation si bien représentés par exemple par la mouvance terra noviste et nos fameuses associations payées grassement par nous, et là on ne fera pas d'économies, croyez-le bien, à l'affut des "mauvais" propos dont la définition se fait de plus en plus extensive.
Le moment est évidemment propice pour voter ces lois aux conséquences désastreuses. Car quand une bonne partie du peuple se trouve dans la précarité ou en a peur, quand on se demande de quoi le sera fait le lendemain, si le frigo ne sera pas vide avant la prochaine paie ou les prochaines allocations-chômage, on ne se soucie guère de lois dont les véritables effets mettront des années à apparaitre. La précarité est donc l'alliée objective de ces gens qui peuvent en profiter pour mener loin des regards leur patient travail de sape engagé depuis une quarantaine d'années. Pensez-vous en effet que Taubira, Belkacem, Peillon et d'autres dans ce gouvernement se soucient du chômage et de la précarité ambiante? Tout au plus y songent-t-ils parfois dans le cadre de leur souci de conserver leur place le plus longtemps possible. Ils savent en effet que si aucun infléchissement n'intervient, ils risquent de devoir partir avec pépère dans 3 ans. Leur empathie pour les précaires s'arrête évidemment là, juste à la porte de leurs palais.
En attendant, et puisque le résultat ne dépend pas d'eux, ils en profitent pour nous faire passer un maximum de ces lois appelées sociétales et dont l'objectif, parfois avoué, Taubira n'a-telle pas parlé à l'occasion du mariage pour tous de réforme de civilisation, est de nous faire entrer dans un autre monde. En fait l'expression est mauvaise : il ne s'agit pas de nous faire entrer dans un autre monde, ce qui suppose une certaine conscience de la chose, mais de nous imposer un autre monde.


Ce monde nouveau évidemment ne peut s'imposer aux générations déjà mûres, sauf à leurs membres consentants. Il s'agit donc de le faire advenir par le biais des plus jeunes générations. On comprend mieux dans ce cadre le souci qu'ont les ministres Peillon et Belkacem de mettre en place, sous prétexte de lutte contre les inégalités et les stéréotypes les outils qui priveront les enfants de leurs repères, de leurs déterminismes, comme dirait l'autre, familiaux, sociaux, culturels, religieux (quand il s'agit de catholiques évidemment), et même naturels (théorie du genre), car même la nature est une ennemie pour ces gens. Ce qui se manifeste par exemple dans ce genre d'expression ministérielle : "aujourd'hui la filiation biologique n'est plus la seule filiation possible".

Dans le même temps, la famille pouvant être l'obstacle majeur à cet endoctrinement par l'école, les mesures se succèdent pour lui ôter tout sens. Mariage pour tous, dès aujourd'hui, PMA et évidemment GPA demain. Avec quelques mesures intermédiaires comme l'IVG reconnu comme moyen de contraception, ce qui correspond à une désacralisation de la vie à venir puisque ni le danger, ni la détresse ne peuvent se substituer désormais à cette idée  qui fut sacrée de préservation de la vie, ou encore le divorce "vite fait, bien fait" ôtant toute solennité à cet acte fondateur de la famille qu'est le mariage. Toutes ces mesures, adoption pour tous, PMA, GPA, divorce bâclé, IVG comme moyen de contraception, à y bien réfléchir, ont un objectif assez clair : créer une rupture entre les parents, les vrais, et leurs enfants qui seront alors mieux préparés à une éducation provenant d'une seul source, celle de l'Etat via l'école.

Reste à saper définitivement cette notion fondamentale de nation et ce qui gravite autour d'elle, pour reprendre Renan "l'héritage indivis" ou le "culte des ancêtres". Il s'agit d'effacer ce que le même Renan décrit ainsi : "Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale." Ce travail est en œuvre depuis longtemps désormais et il ne faudra plus beaucoup de temps pour que notre passé se résume à la colonisation et à l'esclavage à propos desquels nous sommes invités à nous repentir. Les grands hommes sont en voie de quitter les manuels d'une histoire devenue thématique. Notre gloire se transforme en une illusion qui a provoquée des millions de victimes nécessairement innocentes. Et vous voudriez que nous considérions cela comme un capital social! Faut pas pousser quand même! Non, non, tout cela doit disparaitre, du moins pas complètement  car il s'agit de ne pas oublier nos fautes passées, pas tant pour qu'elles ne se reproduisent pas, que pour expier, encore et toujours.

La ratification de la charte des langues régionales ou minoritaires entre bien dans cet objectif de démolition de la nation. En revenant sur l'ordonnance vieille de près de 5 siècle de Villiers-Côterets imposant le français comme langue administrative unique du royaume de France, c'est effectivement d'une rupture dont il s'agit. Rupture avec l'article 1 de la Constitution qui affirme l'unicité de la France, rupture avec l'article 2 de cette même constitution qui  déclare que la langue de la République est le français. Le parlement réuni en Congrès, car ne comptez surtout pas qu'on demande son avis au peuple par la voie référendaire, devra infirmer ou confirmer ces principes. Sans parler des modalités de l'application de cette charte, un vrai casse-tête pour l'administration et pour la justice entre autres, il s'agit de voir là dans cette volonté de ressortir des placards un texte contraire à notre Constitution et au-delà à l'esprit de notre pays notamment depuis la Révolution: n'est-ce pas Mirabeau qui affirmait que cette dernière avait constitué une nation à partir d'un" agrégat inconstitué de peuples désunis"? Et ne nous y trompons pas, si cette promesse du candidat Hollande avait pour objet de séduire ceux qui légitimement restent attachés via une langue régionale à leurs racines (mais ne disposent-ils pas d'ores et déjà des outils suffisants pour que leurs langues faisant, selon la Constitution toujours, partie de notre patrimoine national soient préservées et même promues?), bientôt elle appellera, au nom d l'égalité ou de la non-discrimination, ça sonne mieux, à d'autres extensions en faveurs de minorités en développement  établies depuis peu dans notre pays. La lecture de quelques rapports sur la dés(intégration) ne peut que nous en convaincre.
Une France sans histoire commune, ou à l'histoire honteuse, une France aux multiples langues, donc aux multiples identités, voilà ce que nous promettent certains membres de cette majorité qui veulent en finir définitivement avec l'idée nationale.


Embrigadement des enfants, de l'avenir donc, sabotage de la famille qui fut le lieu privilégié de l'éducation, destruction de la nation, voilà la vision prometteuse qu'a pour la France une fraction des gens qui nous gouvernent. Je dis évidemment une fraction car tous n'ont pas cette volonté, même s'ils ne résisteront sans doute pas, le pouvoir ayant des vertus des avantages suffisamment alléchants pour fermer les yeux et un truc un peu plus bas. Même notre président n'a sans doute pas cette vision. Lui c'est un épicurien, trop attaché à la chair dans tous les sens du terme pour se pencher sérieusement sur ces affaires. Mais comme on lui a dit que c'était bon pour sa réélection, selon les théories de terra nova, il prend. Non il s'agit juste sans doute d'une minorité agissante, la seule qui agisse d'ailleurs, et qui a imposé des marqueurs aux autres en les qualifiant de gauche, les seuls qui subsistent puisque le peuple n'intéresse plus la gauche depuis bien longtemps désormais, et d'ailleurs celui-ci ne s'y trompe pas allant se réfugier en masse sous les jupes de MLP. Ils ont pris leur mission à bras le corps, profitant du moment. Ils avancent à grand pas néanmoins mesurés, plantant des coins partout où cela est possible, reculant parfois pour mieux avancer plus tard. Ceux-là sont de vrais idéologues, habiles car ayant compris que la brutalité, celle dont furent victimes les malheureux pays tombés sous le joug communiste par exemple, ancrait de fortes résistances dans le temps et l'espace qui, même discrètes, finissaient par tout remettre en cause même longtemps après. Ils procèdent donc méthodiquement, posant pierre après pierre, à moins qu'ils ne les déposent, tout en se parant des masques vertueux de l'égalité et de la fraternité, et même de la liberté alors qu'ils en sont les plus farouches ennemis.

vendredi 10 janvier 2014

Décision juridique discutable, amalgames douteux, conséquences imprévisibles





Je m'étais promis de ne pas m'exprimer, outre quelques commentaires ici ou là sur l'affaire Dieudonné. La passion, les ressentiments souvent légitimes, les éventuels partis-pris politiques ne sont effectivement guère propices à une réflexion posée sur un tel sujet qui dépasse évidemment le cas d'un seul individu sur différents plans. Mais certains éléments me poussent à intervenir, essentiellement sur la forme.

Déjà parler d'une affaire Dieudonné est d'une grande imprécision.  Dieudonné est connu depuis maintenant pas mal d'années, ses propos inacceptables et répétés malgré quelques condamnations aussi. Ce qui évidemment nous intéresse, ce sont cette prise en compte par le ministre de l'intérieur et surtout la méthode qu'il a employée.
C'est surtout celle-ci qui retiendra mon attention, ne souhaitant pas conjecturer sur un éventuel opportunisme de notre ministre de l'intérieur qu'on peut peut-être imaginer mais pas prouver formellement. La méthode dont les buts sont décrits explicitement par Valls dès la fin décembre, à savoir l'interdiction des spectacles de Dieudonné, constitue à mon avis une véritable révolution dans notre conception du droit. En droit français, jusqu'ici on juge des faits qui se sont produits et non des faits qui risquent de se produire, et même si la probabilité qu'ils se produisent est forte. Ainsi si vous allez dans un commissariat annoncer que vous avez l'intention d'assassiner votre conjoint, il y a de fortes chances que vous en ressortiez aussi libre que quand vous y êtes entrés. Et ça ne vous vaudra d'ailleurs aucune circonstance atténuante pas plus que le policier qui vous aura reçu ne sera blâmé de votre crime. En France on ne condamne pas à priori mais à postériori, même s'il s'agit d'une production intellectuelle. Si un écrivain projette d'écrire un livre contraire à la loi, même si on le devine, on attendra la parution de son bouquin pour le retirer de la vente et pour éventuellement le condamner. Et c'est jusqu'à présent ce qui s'était passé avec Dieudonné, condamné un certain nombre de fois pour ses propos, mais jamais interdit de spectacle sauf de façon abusive, selon les tribunaux qui ont condamné les auteurs d l'interdiction. On peut donc face à ce constat se dire que la méthode employée par Valls est légitime dans la mesure où ce qui avait été organisé juridiquement jusqu'à présent contre Dieudonné s'était soldé par un échec. Sauf que peut-être on n'a pas utilisé tous les ressorts qu'offre a loi et le code pénal pour empêcher l'individu d'exprimer ses idées nauséabondes. A toutes fins utiles je rappelle que " la contestation de l'existence de crimes contre l'humanité définis par le statut du tribunal international de Nuremberg de 1945" est  punie d'un an de prison et/ou de 45000 euros d'amende et  que "l'apologie de crime contre l'humanité" est punie de 5 ans de prison et/ou 45000 euros d'amende. Puisque ce pauvre Dieudonné n'a pas le sou, on sait comment le punir!
Ne pouvait-on pas procéder ainsi plutôt que d'une part lui faire une publicité incroyable, car hormis ses fans qui s'intéressait à l'individu et qui connaissait cette fameuse "quenelle", et d'autre part générer une jurisprudence permettant à ces derniers de se placer sur le terrain de la liberté d'expression pour contester la légitime volonté de priver l'individu des moyens d'exprimer sa haine? Ce que je veux dire c'est qu'on a transformé en acteurs un certain nombre d'individus en plaçant une affaire qui n'aurait dû relever que de la justice  sur le terrain politique. Et sur le terrain politique on ne parle plus le même langage et on ne développe pas les mêmes arguments. Dès lors le pire des antisémites peut "à bon droit" (notez les guillemets) faire abstraction de sa maladie mentale pour se poser en défenseur des libertés, des vertus républicaines.


Un autre élément qui m'a poussé à réagir, c'est l'odieuse exploitation qui peut être faite de cette affaire. Et là je pense en particulier à notre hôte qui n'hésite pas à placer en couverture de son hebdomadaire côte à côte Soral, Dieudonné et Zemmour. Et hop, on met tous ceux qui ne plaisent pas, qui sont incompatibles avec une certaine pensée, dans le même sac. Car il n'y a pas que Zemmour qui est concerné dans cette affaire ainsi qu'on pourra le lire dans les pages de l'obs. Voilà ce qu'on peut lire dans un article dont le titre "Voyage dans la France raciste "  est particulièrement évocateur: "Dans toutes les couches sociales, des quartiers les plus pauvres aux salons les plus douillets de l'intelligentsia, les paroles se libèrent. Elles disent ouvertement ce qu'il était moralement impossible d'exprimer il y a encore 20 ans. "On ne peut plus rien dire !" Pourtant, ce sont bien eux, les néo-racistes, qui accaparent l'espace médiatique, formant une nébuleuse hétéroclite, unie dans une certitude, celle de lutter contre la bien-pensance.
On y trouve pêle-mêle des intellectuels obsédés par la perte d'identité française, comme Alain Finkielkraut, des piliers du PAF, comme Eric Zemmour, des politiciens pyromanes collectionnant les "dérapages" - Jean-François Copé et ses voleurs de pains au chocolat pendant le ramadan -, des humoristes comme Dieudonné, menacé d'interdiction, dont la "quenelle", bras d'honneur au système, est reprise par une cohorte allant du Printemps français aux antisémites de tout bord, qui se nourrissent des saillies du polémiste Alain Soral.".
Dieudonné, Soral, Zemmour, Finkielkraut, Copé et les autres (on pourra se référer utilement à d'anciens articles de l'obs nous mettant en garde contre le danger néo-fasciste) c'est la même chose. Puisqu'ils sont contre la bien-pensance, contre nous, les bons.
Bien évidemment on notera la sécheresse intellectuelle de ce genre de raisonnement, l'insulte faite à toutes ces personnes et au-delà à tous les Français ayant le souci de préserver leur patrimoine culturel, civilisationnel et historique. Ceux-là ne valent pas mieux que Dieudonné.
Mais au-delà,  ceux qui écrivent ce genre d'ineptie ne se rendent même pas compte qu'ils rendent un énorme service à tous ceux qui par exemple voudraient faire passer la "quenelle" pour un geste anti-système, donc le vider de son sens. Car ces gens, en excluant tous ceux, sans exception, qui refusent leur vision de notre société qu'ils nous rabâchent depuis des années (en jetant l'opprobre, en faisant d'infâmes amalgames, quand les arguments ne suffisent pas), s'érigent eux-mêmes en tenants, en défenseurs d'un système.


J'en arrive donc au dernier point que je voudrais évoquer, à savoir, et à la lueur des deux paragraphes qui précèdent, aux possibles conséquences de cette affaire ou de la jurisprudence qui vient d'émerger avec cette décision du Conseil d'Etat remettant en cause notre conception de la justice en termes de liberté d'expression la faisant passer de la censure à postériori à la censure à priori.
Aujourd'hui Dieudonné se voit privé d'un des moyens d'expression de ses infâmes idées. Il en a d'autre hélas, ce qui me fait dire que plutôt que ses spectacles c'est l'individu qu'il faudrait empêcher. Nos lois y suffisent. Le motif de l'interdiction de ses spectacles est le risque de troubles à l'ordre public. Le Conseil d'Etat relève également "le risque sérieux que soient de nouveau portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de la personne humaine…" et donc anticipe sur le contenu de la prestation de Dieudonné. C'est surtout ici qu'on peut contester la notion d'à priori, même si évidemment les précédents existent. Et c'est là que résident peut-être de futurs dangers.
Car si dans l'esprit de certains, Dieudonné, Zemmour, Finkielkraut, Copé, et les autres c'est la même chose parce que tous sont finalement des incitateurs à la haine raciale, religieuse ou que sais-je, que cette haine apparait à chacune de leur prestation ou production, on peut craindre que si cette idée, appelons-cela ainsi par charité, fait son chemin, viendra le jour où ceux qui ne seront pas en conformité avec une ligne de pensée dominante faute d'être majoritaire, se verront interdire de parole. Ce fut déjà tenté, pas par voie juridique mais en en appelant à la morale, une certaine morale, et ceci avec des résultats certes incomplets mais avec des résultats quand même, avec Zemmour. Le récent lynchage médiatico-journalistique de Finfielkraut indique clairement que certains se porteraient mieux s'il se taisait ou n'écrivait plus.
Le risque que cette jurisprudence puisse être utilisée dans un avenir indéterminé, mais qui sait peut-être proche, pour sortir de la sphère publique tous ces gêneurs, tous ces non-conformes à une certaine pensée ayant tribune ouverte partout et disposant de forts réseaux d'influence dans la sphère politique, actuelle en particulier. De l'injonction morale assez difficile à tenir, on en viendrait ainsi à l'injonction judiciaire. Zemmour interdit de chroniques parce qu'i y aurait risque d'incitation à la haine raciale? N'a-t-il pas été condamné pour avoir justifié les conséquences des caractéristiques ethniques de la population carcérale? Et les livres de Finkilekraut? Ne risquent-ils pas d'inciter à un rejet des immigrés? N prenons pas de risque et que les juges empêchent enfin ces gens de s'exprimer.
C'est un risque dont on ne peut guère évaluer la probabilité qu'il se produise. Mais je ne veux pas l'ignorer.