"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 31 janvier 2014

La colère gronde, échec de terra nova





La récente  journée dite de colère, quel que soit le chiffre de manifestants, peut-être considérée comme un grand succès ou devrait l'être par ce gouvernement et les courants de pensée associés. Ils ont réussi  la prouesse de réaliser ce qu'ils essayaient difficilement de nous vendre depuis des années en faisant la promotion de la diversité, de la France plurielle, du vivre-ensemble ou je ne sais quelle lubie qui les dévore depuis des lustres.

En effet, là où le ministre de l'intérieur trop coquet sans doute pour chausser ses lunettes n'a vu que des cathos intégristes, il y avait des jeunes, des moins jeunes, des vieux, des gens de couleurs différentes, de milieux différents, aux motivations différentes. Il suffit d'être un peu curieux et de regarder les photos accessibles sur le net pour s'en rendre compte.
Ainsi Hollande et ses sbires ont-ils réussi à rassembler des gens que rien n'appelait à se côtoyer, une espèce de France black-blanc-beur transcendant les générations, les milieux sociaux et professionnels, les opinions. Il est même probable que dans un autre contexte ces gens se heurteraient sans égards.
Pourtant l'image est belle de cette fraternisation qui dans un autre contexte aurait fait le bonheur et la fierté de nos bien pensants. Je plaisante évidemment car outre le fait que certains gestes et slogans, ceux qu'on a mis en exergue évidemment, ne donnent aucune envie de battre le pavé avec ces gens, cette image est un véritable cauchemar pour ceux qui nous gouvernent et dont le grand timonier, alors candidat à la présidentielle, annonçait qu'avec lui la France serait apaisée. En fait d'apaisement c'est la haine qu'il a distillée ainsi que le rejet de sa personne et de sa clique. Et en regardant l'image de ce regroupement de circonstance dont il serait vain et mensonger de tenter de le circonscrire à une bande de lefevristes d'extrême-droite sur le retour, en observant cette improbable diversité, la seule vraie réflexion qui me vient à l'esprit est "mais qu'ont-ils fait de ce pays!".

Car ces messieurs et dames, ou dames et messieurs pour respecter l'ordre alphabétique, à vouloir jouer les apprentis-sorciers, en se concentrant sur le sociétal, laissant tomber les problèmes économiques et sociaux derrière des promesses qui n'ont pas été tenues, derrière des mots qui ont cessé de faire illusion, auxquels on ne croit plus, sont parvenus à sortir la politique du terrain et à exacerber des forces obscures, ces forces qui néanmoins se révèlent utiles à ce gouvernement pour dissimuler le désarroi général des Français derrière l'inacceptable, capables le temps d'un après-midi, d'un premier après-midi, d'unir leurs forces pour cracher leur haine. Et pas seulement celle du gouvernement, même si celle-là est fédératrice.

Oui ce qui se passe en France actuellement est grave. Et notamment parce que cette contestation par sa forme sort du jeu politique. Aucun parti, pas même le FN qui face à ce type de mouvement va acquérir une douce renommée de modération, n'est à l'origine des événements. Sans doute parce qu'aucun n'a su anticiper l'arrivée de ceux-ci et surtout mesurer le rejet de la part des Français, même si les raisons sont variables, de cette avalanche de mesures à dominante sociétale. Et donc le gouvernement se retrouve face à une vague de contestation qui va continuer sans doute sans aucun interlocuteur tandis que les partis politiques de l'opposition se transforment en spectateurs impuissants. La politique et les politiques auxquels les Français ne font plus confiance ne peuvent en être que davantage discrédités. A terme c'est la démocratie ou ce qu'il en reste qui est menacée. Les urnes déjà très largement délaissées (quel est désormais l'élu qui peut se targuer d'une vraie majorité, de celle des électeurs inscrits?), le seront sans doute davantage. Dans le même temps ceux qui sont chargés d'informer, ceux dont on devrait considérer que leur rôle est d'éclairer les citoyens dans leurs choix et leurs démarches, donc les médias, sont de plus en plus déconsidérés et ne suscitent guère plus de confiance que les politiques. Alors la voie est ouverte à tous les possibles,  dès lors que les politiques n'écoutent plus le peuple, ne répondent plus à ses attentes, dès lors que l'information et la rumeur se confondent.
Ce que ce gouvernement devrait comprendre ainsi que tous ces apprentis-sorciers qui gravitent autour de lui et ont fini par imposer leurs conceptions de la société, c'est qu'on ne modifie pas une société sans l'accord du peuple. Les bonnes intentions affichées, qui donc serait contre l'égalité par exemple, la décrédibilisation de ceux  qui résistent, forcément d'extrême-droite et sans doute cathos "jupes plissées et vieux loden", même si ça devient de plus en plus difficile à faire gober quand on voit les images de cette manifestation et d'où vient la résistance actuelle à l'imposition de la théorie du genre à l'école, ne peuvent suffire à légitimer ces changements dont une majorité du peuple ne veut pas. Même la violence, même le traitement particulier des opposants (en fait il existe dans notre pays sous la gauche socialiste- ce fut souligné à Bruxelles et même à la commission des droits de l'homme à l'occasion du mariage pour tous -  mais ne peut avoir que des effets limités et même contraires à ceux escomptés) ne peuvent avoir raison d'un peuple. Un jour il brisera ses chaines. Ça s'est toujours vérifié. Alors vous pensez bien que le sourire d'une Belkacem, que la véhémence d'un Peillon qui se cherche déjà un point de chute au Parlement européen, que les coups de menton d'un Valls qui voit de l'extrême-droite partout, sont de bien pitoyables instruments pour nous imposer ce changement de société auxquels aspirent ces fous modernes de la mouvance terra noviste.

Et même le mensonge ne peut fonctionner. Le monde d'internet le permet de moins en moins. Prenons par exemple cette fameuse théorie du genre. Selon Peillon et Belkacem, ce serait un fantasme de croire qu'elle serait la référence à l'école. Non on ne l'enseigne pas. En fait c'est vrai, on ne l'enseigne pas en tant que théorie, donc en temps qu'alternative possible à d'autres théories. On l'applique en tant qu'idéologie. Entre deux séances de "Tomboy", pour ceux qui n'auraient pas bien saisi le sens du film lors d la première projection, entre deux informations menées par une association LBGT, les seules autorisées à s'exprimer devant les jeunes élèves, on ressort Louis XIV fort opportunément pour le présenter en tant que précurseur des drag queens, talons et longue perruque bouclée de rigueur.
Donc selon Belkacem, au si joli sourire, ça aide, en pointe dans le bourrage de crâne de nos enfants, la théorie du genre n'existe pas. Et pourtant grâce à internet on peut retrouver ce qu'elle déclarait en 2011 dans une interview : "La théorie du genre, qui explique “l’identité sexuelle” des individus autant par le contexte socio-culturel que par la biologie, a pour vertu d’aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l’homosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets." Et voilà ce qu'on retrouve par exemple dans la Convention interministérielle pour l'égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif 2013-2018 où il est fait 10 fois référence au genre: " Les savoirs scientifiques issus des recherches sur le genre, les inégalités et les stéréotypes doivent nourrir les politiques publiques mises en place pour assurer l'égalité effective entre filles et garçons, femmes et hommes.", "Réaliser un travail de vulgarisation et de diffusion des recherches sur le genre.", "La formation des formateurs et formatrices ainsi que la formation des personnels se destinant à travailler auprès d'enfants, d'adolescent(e)s, de jeunes adultes doivent comprendre une formation au genre." Mais il parait que le genre n'a pas sa place dans nos écoles selon le ministre de l'éducation nationale. Ça devient de plus en plus difficile de mentir, monsieur le ministre et bientôt député européen!

Le sujet n'étant pas le genre mais cette digression, je pense n'était pas inutile pour comprendre les choses, pour comprendre qu'on tente bien d'opérer un changement de société en s'attaquant aux enfants, plus malléables que ses idiots d'adultes, pour comprendre que cette démarche enrobée de bonnes intentions tente de se faire à l'insu des parents auxquels on ment ainsi qu'on peut le constater, pour comprendre que les opposants les plus actifs seront trainés dans la boue. Mais l'accusation d'extrémisme droitier commence à perdre de sa crédibilité quand on considère qui s'oppose. Ben oui quoi! Quand des musulmans répondent à un appel pour le boycott d'une école où le genre serait l'idéologie de base, l'argument tient difficilement. Alors on salit autrement. Voilà ce que déclare la secrétaire départementale de l’UNSA dans le Bas-Rhin : "cette campagne a touché un public crédule et peu éduqué." Des abrutis, quoi! Et c'est sans doute ce qu'ils sont quand ils ne votent pas socialiste, aux yeux de cette dame.

Reste que dans cette critique qu'elle dresse des opposants au progrès, à l'avenir radieux que nous concoctent les socialistes, se dresse le terrible constat pour eux que la stratégie terra noviste adoptée par Hollande et ses nervis a trouvé ses limites et se retourne même contre eux.
Ils ont voulu mépriser le peuple français et s'appuyer sur un électorat hétéroclite allant des bobos bon teint, les seuls qui demeurent sans doute satisfaits à l'heure actuelle, aux minorités, sans comprendre qu'il était difficile, voire impossible de concocter des mesures susceptibles en même temps de satisfaire toutes les composantes de cet électorat que rien ne rassemble. Peut-être que les bobos et les intellos, forcément de gauche, du moins le pensent-ils, savent utiliser un langage qui parfois peut plaire aux minorités (voir les fameux rapports sur l'intégration) mais ils se gardent bien de les côtoyer de trop près, d'envoyer leurs enfants dans les mêmes écoles que ceux des membres de ces minorités, d'habiter leurs quartiers sauf parfois à s'y établir en se bunkerisant et à finalement chasser les minorités en faisant monter les prix de l'immobilier. Et il ne faudrait pas croire que les minorités sont dupes de cela. Et du coup ils ne les connaissent guère, ne les comprennent guère, davantage attachés à des stéréotypes qu'on se gardera bien de combattre, ceux-là.  Ils ne comprennent pas que leur progrès à eux constitue une offense pour leurs soi-disant protégés qui finissent par rejoindre de façon circonstancielle ceux qu'ils ont toujours méprisés, les petits blancs français hétéros, attachés, même s'ils n'y réfléchissent pas forcément tous les jours, même s'ils n'en font pas une préoccupation constante, à leur manière de vivre, à leur culture et donc à leur passé, à leurs racines.

La stratégie terra noviste est donc un échec qui se retourne contre ses promoteurs. Mais d'une façon dangereuse. Pas seulement pour eux. Ça on s'en fout et même on peut s'en réjouir, car ils le méritent bien. Le mouvement qui monte apparait en effet incontrôlé et même incontrôlable laissant les politiques de tous bords pantois car bien incapables de le canaliser tant les motivations des gens en colère sont diverses et même parfois contradictoires.  La boite de Pandore est ouverte.


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