La récente journée dite de colère, quel que soit le
chiffre de manifestants, peut-être considérée comme un grand succès ou devrait
l'être par ce gouvernement et les courants de pensée associés. Ils ont
réussi la prouesse de réaliser ce qu'ils
essayaient difficilement de nous vendre depuis des années en faisant la
promotion de la diversité, de la France plurielle, du vivre-ensemble ou je ne
sais quelle lubie qui les dévore depuis des lustres.
En effet, là où le ministre de l'intérieur
trop coquet sans doute pour chausser ses lunettes n'a vu que des cathos
intégristes, il y avait des jeunes, des moins jeunes, des vieux, des gens de
couleurs différentes, de milieux différents, aux motivations différentes. Il
suffit d'être un peu curieux et de regarder les photos accessibles sur le net
pour s'en rendre compte.
Ainsi Hollande et ses sbires
ont-ils réussi à rassembler des gens que rien n'appelait à se côtoyer, une
espèce de France black-blanc-beur transcendant les générations, les milieux
sociaux et professionnels, les opinions. Il est même probable que dans un autre
contexte ces gens se heurteraient sans égards.
Pourtant l'image est belle de
cette fraternisation qui dans un autre contexte aurait fait le bonheur et la
fierté de nos bien pensants. Je plaisante évidemment car outre le fait que
certains gestes et slogans, ceux qu'on a mis en exergue évidemment, ne donnent
aucune envie de battre le pavé avec ces gens, cette image est un véritable
cauchemar pour ceux qui nous gouvernent et dont le grand timonier, alors
candidat à la présidentielle, annonçait qu'avec lui la France serait apaisée.
En fait d'apaisement c'est la haine qu'il a distillée ainsi que le rejet de sa
personne et de sa clique. Et en regardant l'image de ce regroupement de circonstance
dont il serait vain et mensonger de tenter de le circonscrire à une bande de
lefevristes d'extrême-droite sur le retour, en observant cette improbable
diversité, la seule vraie réflexion qui me vient à l'esprit est "mais
qu'ont-ils fait de ce pays!".
Car ces messieurs et dames, ou
dames et messieurs pour respecter l'ordre alphabétique, à vouloir jouer les
apprentis-sorciers, en se concentrant sur le sociétal, laissant tomber les
problèmes économiques et sociaux derrière des promesses qui n'ont pas été
tenues, derrière des mots qui ont cessé de faire illusion, auxquels on ne croit
plus, sont parvenus à sortir la politique du terrain et à exacerber des forces
obscures, ces forces qui néanmoins se révèlent utiles à ce gouvernement pour
dissimuler le désarroi général des Français derrière l'inacceptable, capables
le temps d'un après-midi, d'un premier après-midi, d'unir leurs forces pour
cracher leur haine. Et pas seulement celle du gouvernement, même si celle-là
est fédératrice.
Oui ce qui se passe en France
actuellement est grave. Et notamment parce que cette contestation par sa forme
sort du jeu politique. Aucun parti, pas même le FN qui face à ce type de
mouvement va acquérir une douce renommée de modération, n'est à l'origine des
événements. Sans doute parce qu'aucun n'a su anticiper l'arrivée de ceux-ci et
surtout mesurer le rejet de la part des Français, même si les raisons sont
variables, de cette avalanche de mesures à dominante sociétale. Et donc le
gouvernement se retrouve face à une vague de contestation qui va continuer sans
doute sans aucun interlocuteur tandis que les partis politiques de l'opposition
se transforment en spectateurs impuissants. La politique et les politiques
auxquels les Français ne font plus confiance ne peuvent en être que davantage
discrédités. A terme c'est la démocratie ou ce qu'il en reste qui est menacée.
Les urnes déjà très largement délaissées (quel est désormais l'élu qui peut se
targuer d'une vraie majorité, de celle des électeurs inscrits?), le seront sans
doute davantage. Dans le même temps ceux qui sont chargés d'informer, ceux dont
on devrait considérer que leur rôle est d'éclairer les citoyens dans leurs
choix et leurs démarches, donc les médias, sont de plus en plus déconsidérés et
ne suscitent guère plus de confiance que les politiques. Alors la voie est
ouverte à tous les possibles, dès lors
que les politiques n'écoutent plus le peuple, ne répondent plus à ses attentes,
dès lors que l'information et la rumeur se confondent.
Ce que ce gouvernement devrait
comprendre ainsi que tous ces apprentis-sorciers qui gravitent autour de lui et
ont fini par imposer leurs conceptions de la société, c'est qu'on ne modifie
pas une société sans l'accord du peuple. Les bonnes intentions affichées, qui
donc serait contre l'égalité par exemple, la décrédibilisation de ceux qui résistent, forcément d'extrême-droite et
sans doute cathos "jupes plissées et vieux loden", même si ça devient
de plus en plus difficile à faire gober quand on voit les images de cette
manifestation et d'où vient la résistance actuelle à l'imposition de la théorie
du genre à l'école, ne peuvent suffire à légitimer ces changements dont une
majorité du peuple ne veut pas. Même la violence, même le traitement
particulier des opposants (en fait il existe dans notre pays sous la gauche
socialiste- ce fut souligné à Bruxelles et même à la commission des droits de
l'homme à l'occasion du mariage pour tous - mais ne peut avoir que des effets limités et
même contraires à ceux escomptés) ne peuvent avoir raison d'un peuple. Un jour
il brisera ses chaines. Ça s'est toujours vérifié. Alors vous pensez bien que
le sourire d'une Belkacem, que la véhémence d'un Peillon qui se cherche déjà un
point de chute au Parlement européen, que les coups de menton d'un Valls qui voit
de l'extrême-droite partout, sont de bien pitoyables instruments pour nous
imposer ce changement de société auxquels aspirent ces fous modernes de la
mouvance terra noviste.
Et même le mensonge ne peut
fonctionner. Le monde d'internet le permet de moins en moins. Prenons par
exemple cette fameuse théorie du genre. Selon Peillon et Belkacem, ce serait un
fantasme de croire qu'elle serait la référence à l'école. Non on ne l'enseigne
pas. En fait c'est vrai, on ne l'enseigne pas en tant que théorie, donc en
temps qu'alternative possible à d'autres théories. On l'applique en tant qu'idéologie.
Entre deux séances de "Tomboy", pour ceux qui n'auraient pas bien
saisi le sens du film lors d la première projection, entre deux informations menées
par une association LBGT, les seules autorisées à s'exprimer devant les jeunes élèves,
on ressort Louis XIV fort opportunément pour le présenter en tant que
précurseur des drag queens, talons et longue perruque bouclée de rigueur.
Donc selon Belkacem, au si joli
sourire, ça aide, en pointe dans le bourrage de crâne de nos enfants, la
théorie du genre n'existe pas. Et pourtant grâce à internet on peut retrouver
ce qu'elle déclarait en 2011 dans une interview : "La théorie du genre, qui explique “l’identité sexuelle” des individus
autant par le contexte socio-culturel que par la biologie, a pour vertu
d’aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les
hommes et les femmes ou encore de l’homosexualité, et de faire œuvre de
pédagogie sur ces sujets." Et voilà ce qu'on retrouve par exemple dans
la Convention
interministérielle pour l'égalité entre les filles et les garçons, les femmes
et les hommes dans le système éducatif 2013-2018 où il est fait 10 fois
référence au genre: " Les savoirs
scientifiques issus des recherches sur le genre, les inégalités et les
stéréotypes doivent nourrir les politiques publiques mises en place pour
assurer l'égalité effective entre filles et garçons, femmes et hommes.",
"Réaliser un travail de vulgarisation et de diffusion des recherches
sur le genre.", "La
formation des formateurs et formatrices ainsi que la formation des personnels
se destinant à travailler auprès d'enfants, d'adolescent(e)s, de jeunes adultes
doivent comprendre une formation au genre." Mais il parait que
le genre n'a pas sa place dans nos écoles selon le ministre de l'éducation
nationale. Ça devient de plus en plus difficile de mentir, monsieur le ministre
et bientôt député européen!
Le sujet n'étant pas le genre
mais cette digression, je pense n'était pas inutile pour comprendre les choses,
pour comprendre qu'on tente bien d'opérer un changement de société en
s'attaquant aux enfants, plus malléables que ses idiots d'adultes, pour
comprendre que cette démarche enrobée de bonnes intentions tente de se faire à
l'insu des parents auxquels on ment ainsi qu'on peut le constater, pour
comprendre que les opposants les plus actifs seront trainés dans la boue. Mais
l'accusation d'extrémisme droitier commence à perdre de sa crédibilité quand on
considère qui s'oppose. Ben oui quoi! Quand des musulmans répondent à un appel
pour le boycott d'une école où le genre serait l'idéologie de base, l'argument
tient difficilement. Alors on salit autrement. Voilà ce que déclare la secrétaire
départementale de l’UNSA dans le Bas-Rhin : "cette campagne a touché un public crédule et peu éduqué." Des
abrutis, quoi! Et c'est sans doute ce qu'ils sont quand ils ne votent pas
socialiste, aux yeux de cette dame.
Reste que dans cette critique qu'elle
dresse des opposants au progrès, à l'avenir radieux que nous concoctent les
socialistes, se dresse le terrible constat pour eux que la stratégie terra
noviste adoptée par Hollande et ses nervis a trouvé ses limites et se retourne
même contre eux.
Ils ont voulu mépriser le peuple
français et s'appuyer sur un électorat hétéroclite allant des bobos bon teint,
les seuls qui demeurent sans doute satisfaits à l'heure actuelle, aux minorités,
sans comprendre qu'il était difficile, voire impossible de concocter des
mesures susceptibles en même temps de satisfaire toutes les composantes de cet
électorat que rien ne rassemble. Peut-être que les bobos et les intellos,
forcément de gauche, du moins le pensent-ils, savent utiliser un langage qui
parfois peut plaire aux minorités (voir les fameux rapports sur l'intégration)
mais ils se gardent bien de les côtoyer de trop près, d'envoyer leurs enfants
dans les mêmes écoles que ceux des membres de ces minorités, d'habiter leurs
quartiers sauf parfois à s'y établir en se bunkerisant et à finalement chasser
les minorités en faisant monter les prix de l'immobilier. Et il ne faudrait pas
croire que les minorités sont dupes de cela. Et du coup ils ne les connaissent
guère, ne les comprennent guère, davantage attachés à des stéréotypes qu'on se
gardera bien de combattre, ceux-là. Ils
ne comprennent pas que leur progrès à eux constitue une offense pour leurs
soi-disant protégés qui finissent par rejoindre de façon circonstancielle ceux
qu'ils ont toujours méprisés, les petits blancs français hétéros, attachés,
même s'ils n'y réfléchissent pas forcément tous les jours, même s'ils n'en font
pas une préoccupation constante, à leur manière de vivre, à leur culture et
donc à leur passé, à leurs racines.
La stratégie terra noviste est
donc un échec qui se retourne contre ses promoteurs. Mais d'une façon
dangereuse. Pas seulement pour eux. Ça on s'en fout et même on peut s'en
réjouir, car ils le méritent bien. Le mouvement qui monte apparait en effet incontrôlé
et même incontrôlable laissant les politiques de tous bords pantois car bien
incapables de le canaliser tant les motivations des gens en colère sont
diverses et même parfois contradictoires.
La boite de Pandore est ouverte.
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