Il s'est passé un événement
courant décembre, le 18 exactement, qui aurait dû interpeler nos journalistes
sans doute trop occupés à traiter de je ne sais quel sujet, en faisant le point
de convergence du moment. Car c'est ainsi que fonctionne notre information
manipulée peut-être, ou alors servie par des gens soit ayant le sens de
l'opportunité, soit étant peu enclins au travail ou à la recherche d'événements
intéressants. Pas intéressants dans le sens où ils monopolisent l'attention,
mais intéressants car ces événements nous révèlent des choses sur nos vies,
notre environnement, notre société, notre devenir, etc. Il y a un an c'était
l'exil de Depardieu qui monopolisait les journalistes, aujourd'hui c'est l'affaire
Dieudonné, devenu curieusement une affaire d'Etat puisque traitée au plus haut
niveau tandis que le sinistre individu sévit depuis une dizaine d'années.
Diversion peut-être et même sans doute si on considère très largement suffisant
notre arsenal législatif et juridique, je pense notamment à la loi Gayssot,
pour empêcher l'individu de se livrer à sa propagande antisémite. La loi sur la
récidive n'ayant pas encore été abrogée, il pourrait lui en coûter très cher
avec notamment une mise à l'ombre. Mais je ne veux pas parler de ce sujet.
Ce qui m'intéresse en fait, et
c'est peut-être une des raisons de la diversion, c'est l'insécurité.
On a vu notre ministre de l'intérieur
se réjouir du chiffre des voitures brûlées, parait-il en baisse, même si le
volume annoncé, mais le comptage est-il aussi sérieux que celui des
manifestants contre le mariage pour tous, reste assez incroyable. On se réjouit
de ce qu'on peut et comme on peut dans un pays où on mobilise bien plus de
policiers et gendarmes au moment des fêtes de fin d'année que l'armée n'est
capable d'aligner d'hommes en opérations, et où malgré cela on a à déplorer des
assassinats, de multiples agressions violentes et autres voies de faits le jour
du réveillon de la saint Sylvestre. Mais il y en a encore qui croient que
l'insécurité est davantage un sentiment qu'une réalité. Ou qui voudraient nous
le faire croire.
J'en reviens donc à cet événement
mentionné du 18 décembre. Ce jour-là, un officier général de la gendarmerie,
responsable des opérations, était entendu par la commission parlementaire de lutte contre l'insécurité. Et le témoignage
du général Soubelet, c'est son nom, aurait dû faire la une des journaux du soir
ou du lendemain, tant ce qu'il dit va à l'encontre de la politique menée et
projetée par la garde des sceaux, tant ce qu'il dit montre une opposition
factuelle entre les forces de l'ordre et le monde judiciaire. La vidéo de la
séance est consultable ici.
Pour mémoire cette séance était ouverte à a presse sans doute occupée ailleurs,
à des choses plus intéressantes. Du coup il aura fallu plus de deux semaines avant
que le Figaro se fende d'un article sur cette prestation restée inaperçue.
Comme la séance filmée due
presque une heure et demie, et que votre temps est aussi précieux que celui des
journalistes, je me limiterai à quelques extraits de cette intervention.
Celle-ci fait évidemment état des
difficultés rencontrées par la gendarmerie, entre dans certains détails un peu
techniques parfois, mais soulève quelques lièvres qu'on pouvait certes deviner
mais qui exprimés par la bouche du n°3 de la gendarmerie, avec chiffres et
exemples à l'appui, passent de la catégorie du fantasme où certains auraient
voulu les y confiner à celle d'une cruelle vérité. Une vérité qui d'ailleurs
empêchera sans doute le général Soubelet de passer de n°3 à n°2 ou n°1. Car il
y a des choses qui ne se disent pas, selon notre ministre de l'intérieur. J'y
reviendrai.
L'officier général évoque la
lourdeur des procédures. Celles-ci se compliquent en effet avec le temps car il
est dans l'air du temps de donner le maximum de garanties aux délinquants et
criminels. "les délinquants le
savent et profitent du système" dit-il, en notant que " Les gendarmes
sont inquiets car on prend plus soin des auteurs que des victimes". Et
de citer un chiffre qui doit faire réfléchir et dont le gouvernement actuel
porte évidemment toute la responsabilité, avant même que soit votée une réforme
pénale dont on imagine déjà, à la lueur des chiffres qui vont suivre la
catastrophe qu'elle va induire : "en 2013 il y a eu une hausse de 4% de personnes mises en cause par nos
services tandis que le nombre de placements sous écrou a diminué de 33% "
Il en conclut que " Évidemment,
l'insécurité et le sentiment d'insécurité ne cesseront d'augmenter tant que la
réponse collective à la délinquance ne sera pas adaptée". Le décalage
entre le travail effectué par les forces de l'ordre et la réponse pénale à la
délinquance est donc une réalité. Il donnera d'autres éléments plus tard dans
son intervention le confirmant. En attendant il conclut : " Les auteurs d'atteintes aux biens, les plus
importantes numériquement, bénéficient d'un traitement pénal qui leur permet de
continuer à exercer leurs activités."
Selon lui l'insécurité n'est pas
qu'un sentiment, d'autant moins que désormais tout le territoire français est
concerné. Il n'existe pas de zones "sanctuarisées", ceci s'expliquant
par les migrations intérieures de la population française accompagnées en corolaire
des migrations de la délinquance dont le caractère itinérant est également avéré.
Il parle à propos de ce type de délinquance d'organisations très structurées,
sur un modèle quasiment militaire, parfois venant de l'étranger et ayant même
des ramifications internationales, se servant des mineurs (on verra pourquoi)
pour opérer.
Il revient sur le décalage entre
l'action des forces de l'ordre et la réponse pénale. Et il cite un exemple
édifiant. Il révèle que dans le département des Bouches-du-Rhône, que 65% des cambrioleurs
arrêtés en novembre (nous sommes le 18 décembre), sont dans la nature. Il en
tire ce constat terrible: " Quand
vous lâchez 65% de ceux qui se sont rendus coupables d'un certain nombre
d'exactions, comment voulez-vous que les chiffres baissent? C'est tout à fait impossible.
Vous pouvez multiplier par deux les effectifs de gendarmes dans les
Bouches-du-Rhône, cela ne changerait rien. La réalité, c'est celle-là, je pense
que c'est mon devoir de vous le dire, de manière peut-être un peu crue."
Mais ce n'en est pas terminé avec
les exemples de laxisme. Il parle d'un département que par charité sans doute
il ne veut pas citer. Il déclare que dans ce département " le parquet recommande de mettre dehors les
présumés délinquants mineurs étrangers faute de moyens pour trouver un
interprète." Par ailleurs dans ce même département le critère de garde
à vue est le montant du préjudice subi : " à moins de 300 euros de préjudice on remet tout le monde dehors".
Voilà quelques uns des éléments
de son intervention, ces derniers étant évidemment sélectionnés pour montrer
que la délinquance et l'insécurité en général sont proportionnelles au
sentiment d'impunité éprouvé par les délinquants. Nous avons donc des forces de
l'ordre qui font leur travail, ou qui continuent à le faire (la démotivation
face au laxisme pénal est évoquée également par le général Soubelet), et qui
voient leurs efforts anéantis soit par des consignes de clémence données aux
parquets, soit par un parti-pris de certains juges notamment ceux appartenant à
un syndicat ayant fait parler de lui, sans conséquence dommageable pour lui
d'ailleurs (par contre celui qui a révélé l'affaire…), à propos d'un certain
mur. On sait par ailleurs que ce syndicat qui n'est pas le plus important a
noyauté la chancellerie et est le grand inspirateur des réformes annoncées par Taubira
et qui seront votées après la séquence électorale de ce printemps. Cette triste
perspective devrait aiguiser notre vigilance et les propos tenus par le n°3 de
la gendarmerie (nommé d'ailleurs à ce poste par le gouvernement actuel – donc ce
n'est pas une taupe sarkozienne qui aurait échappé à l'épuration) devraient
servir de base à l'expression du refus par les Français ou du moins une majorité
d'entre eux à cette réforme et plus généralement au laxisme d'une justice
parait-il rendue en leur nom. Encore faudrait-il qu'on les en informe. Or il ne
semble pas que ce soit une préoccupation majeure de nos journalistes d'informer
sur la vérité dans ce domaine.
Eh non! Il vaut mieux faire
l'autruche ou encore comme notre ministre de l'intérieur, toujours prêt à
donner des coups de menton quand il s'agit de faire sa promotion, considérer
cela comme un incident sans suite.
Présentant ses vœux à la
gendarmerie il y a peu, en marge de son discours officiel il déclarait que
" opposer justice et forces de l'ordre était extrêmement contreproductif
et affaiblissait l'Etat", ajoutant que " les forces de l'ordre
et la justice doivent partager les mêmes buts" (on imagine que les forces
de l'ordre ne demandent que ça!), et assurant qu'"avec la Garde des
sceaux, nous sommes sur la même longueur d'onde" (en fonction des saisons
et surtout de l'opinion publique, aurait-il pu ajouter). Les membres des
forces de l'ordre qui constatent chaque jour le caractère vain de leur travail,
qui constatent qu'avant même qu'ils aient achevé de prendre les dépôts de plainte
de leurs victimes les délinquants sont déjà dehors (parce que mineurs, parce
que préjudice estimé insuffisant par le parquet…), les membres de forces de
l'ordre donc apprécieront ce soutien, il est vrai doublé d'une véritable
mansuétude car, selon le ministre "l'incident est clos".
Quand l'expression de la vérité
devant la représentation nationale est qualifiée d'incident par un ministre, il
devient urgent de se poser des questions sur la santé de notre démocratie.
En attendant, ainsi qu'elle l'est
déjà pour les immigrés pour un tas de raisons, souvent mauvaises, enfin pour
nous, la France risque de devenir, grâce à son merveilleux laxisme pénal, particulièrement attractive pour les réseaux criminels
acquis aux vertus de la mondialisation et de la libre circulation des
personnes.
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