"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 31 octobre 2012

Routines


Je dois être un peu comme ces journalistes qui s'ennuient depuis le départ de Nicolas Sarkozy. Du moins c'est ce que j'avais entendu de la part d'un correspondant américain en France chargé de suivre plus particulièrement l'actualité de l'Elysée. Mais le fait que depuis quelque temps les médias se mettent à conjecturer sur le retour de celui qu'ils aimaient à étriller n'est sans doute pas neutre. D'ailleurs il est fort possible que les ventes s'en ressentent et amènent certains directeurs de publication à demander subsides et protectionnisme pour la profession. Les agriculteurs vivent bien souvent de compensations et sont même parfois subventionnés pour ne pas produire. Pourquoi ne pas étendre ces avantages aux journalistes qui n'ont rien à se mettre sous la dent sauf les misérables petites histoires de jalousie de celle qui avait émis un jour l'hypothèse qu'on la nommât "première journaliste de France". Faut dire que vu le niveau, après tout elle pourrait presque y prétendre. Enfin les journalistes en sont réduits, malgré leurs confortables niches fiscales, qu'on n'a surtout pas touchées, à tendre leur sébile pour continuer à exister.
Au passage, vous remarquerez qu'en France, il vaut mieux investir dans quelques œuvres d'art qui pourront aller prendre la poussière au fond d'un coffre en attendant une revente à la plus-value juteuse, que d'investir dans l'économie productive, et que pour bénéficier de mesures protectionnistes et de subventions, il vaut mieux être journaliste qu'ouvrier. Priorité à l'électorat! Surtout pas au pays.

J'en reviens donc à notre presse qui doit être un peu comme moi et avoir du mal à avoir quelque chose de tangible à se mettre sous la dent. Vous me direz que chaque jour, avec ce gouvernement, il se passe quelque chose, mais le problème c'est que c'est toujours à peu près la même chose, un joli raté, et que ce sont davantage les humoristes qui peuvent s'emparer de ces sujets dont on commence quand même à se lasser.
Faute de mieux parlons de ces choses qui deviennent nocives pour le moral, même des opposants, surtout s'ils aiment leur pays. Les gens de gauche, eux, sont sincèrement à plaindre, et les quelques soutiens exprimés avec force sur certains blogs en particulier commencent à avoir un certain goût d'insincérité. Si ce n'est pas le cas, inquiétons-nous pour la santé de ceux qui osent encore tenir des propos dithyrambiques quand ils évoquent le pouvoir socialiste dont les sondages montrent au fil des semaines qu'il n'est plus guère soutenu que par ceux qui craignent vraisemblablement les effets d'une dissonance cognitive. 36% d'avis positifs pour le président, je n'ose même plus la majuscule, et 34% pour le premier ministre, selon un récent sondage publié dans le Figaro. Après même pas 6 mois, c'est du jamais vu sous la 5ème République au point qu'on se demande quand sera prononcée la dissolution de l'Assemblée nationale, mauvais coup pour la droite, mais qui seule pourrait permettre à Hollande de tirer son épingle du jeu, les cohabitations profitant toujours au président en place. En plus il pourrait justifier son inaction et se concentrer sur la critique du gouvernement, chose à laquelle il est particulièrement entrainé.

Même la majorité électorale qui avait porté notre gentil pépère au pouvoir est en train de s'effriter dans les assemblées. On a vu à l'Assemblé Nationale une vingtaine de députés socialistes, quelques verts et le front de gauche voter contre le traité budgétaire européen. Par chance la droite, aurait-elle pu faire autrement dès lors que c'est le traité négocié par Sarkozy qui était soumis au vote, était là pour éviter le ridicule au gouvernement et surtout au chef de l'exécutif élu quand même aussi parce qu'il avait promis de renégocier ce traité.
Mais au Sénat, les choses sont moins roses pour le gouvernement si j'ose dire. On y rencontre désormais des alliances contre nature entre les communistes et la droite. Aussi la pauvre Batho dont on se demandait si elle existait encore, vu son mutisme depuis des semaines, mutisme qui ,au passage, vaut mieux quand même que les absurdités sorties par sa copine Najat, aussi la pauvre Delphine Batho s'est-elle fait retoquer sa loi sur les bonus-malus sur les factures d'électricité grâce au groupe communiste. Dans un sens on les comprend, puisque ces salauds de pauvres allaient encore une fois trinquer grâce à un malus auquel ils auraient du mal à échapper puisque ce sont eux qui vivent le plus souvent dans des logements mal isolés. D'ailleurs je pense de plus en plus qu'on n'aime pas trop les pauvres chez les socialistes. Pour preuve cette décision de Delanoë d'interdire l'accès à Paris des véhicules de plus de 17 ans. Sans doute une mesure pour pénaliser les riches qui roulent en voitures de collection.
La commission des finances du Sénat a également rejeté, grâce à l'apport des voix communistes le projet de loi de programmation budgétaire, en cohérence avec le refus des élus du front de gauche de voter le pacte budgétaire européen.
Bref la gauche est majoritaire au Sénat, mais le gouvernement n'y dispose plus d'une majorité. Certes, le processus de vote des lois donnant à l'Assemblée le dernier mot en cas de désaccord, ça ne changera pas grand-chose, sinon retarder l'adoption des deux lois. Mais ça en dit long sur le réel soutien dont dispose ce gouvernement. Qui pourtant en aurait besoin au moment où tout est sombre pour lui.

Il faut dire qu'il fait tout pour ça. A peine sorti d'un congrès où il avait pu se sentir soutenu par les socialistes, notre brillant premier ministre s'en va remettre en cause dans une interview le dogme des 35 heures. Corrigé par son ministre du travail, Sapin, il revient en arrière. Mais quand même ça ne fait quand même pas très sérieux, surtout quand on se fait reprendre par un de ses ministres. Ayraut tiendra-t-il aussi longtemps que Cresson? 11 mois. Pas sûr. Il jouera certainement les fusibles masquant, du moins tentant de masquer les grandes faiblesses structurelles d'un président aux abonnés absents.
Tiens puisqu'on parle de lui, il parait qu'il a pris le thé (c'est juste une expression mais dont la signification n'est sans doute pas loin de la vérité) avec le patron de Google qui devrait, selon le Canard enchainé au moins un milliard d'impôts de retard à la France. Le sujet n'a pas été abordé. On a parlé des mérites du thé de Ceylan comparé à celui de je ne sais quelle région de Chine. De toute façon le patron de Google, il s'en fout. Si on veut l'obliger à subventionner la presse française, il la déréférencera. C'est lui le boss, pas Hollande. Mondialisation oblige. Il ne reste plus qu'à espérer que les petits gâteaux qui accompagnaient le thé n'étaient pas trop secs.

Routine.

lundi 29 octobre 2012

Petit week-end politique


Ce week-end, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, c'était le congrès du PS qui se tenait à Toulouse. Petit congrès qui devait introniser une petit premier secrétaire et voire s'exprimer de vraiment petites idées.

Il n'y a pas grand-chose à en dire effectivement, du moins de substantiel.
Nous avons eu une définition de l'honnête homme se référant aux mânes des philosophes du 18ème siècle de la part de l'ex-patronne du PS qui a d'ailleurs du mal à ne plus se prendre pour la patronne (pardon pour l'insulte, Martine). C'est vrai que son successeur choisi d'un conjoint accord entre elle et la présidence laisse penser que le vide n'est pas comblé et que donc chacun peut se permettre dans cette boutique de se rêver un peu le chef et même de se comporter comme tel. Plus de guerre des chefs au PS car tout le monde l'est, sauf celui désigné si démocratiquement pour diriger le parti.
Donc Martine Aubry, ayant quelques difficultés à exprimer des qualités que posséderait Ayrault et dont l'énoncé ne ferait pas rire (volontaire, fonceur, opiniâtre, proactif, ferme, manager hors pair d'une équipe gouvernementale remarquable, éloquent….), s'est contenté de dire que c'était un homme honnête parce que…, parce que c'est un homme de gauche et un homme droit. Du coup on se dit qu'on a eu quand même de la chance de ne pas voir Aubry accéder à Matignon qui aurait d'emblée considéré une moitié au moins des Français comme des gens pas très honnêtes, car pas de gauche. Quant à la droiture, elle doit en avoir une singulière idée puisqu'elle a désigné pour lui succéder un homme jadis condamné par la justice pour abus de biens sociaux. L'autre possible successeur qu'elle préférait, parait-il, avait été condamné lui par deux fois pour les mêmes motifs. Un détail sans doute en socialie, enfin quand il s'agit de socialistes.

Désir qui me parait être un oxymore personnalisé, au vu de son charisme magnétique, a pour sa part prononcé un discours. Faute de pouvoir vanter les mérites du gouvernement en place, car même en cherchant bien, même en demandant aux premiers intéressés, donc les ministres, on n'avait rien pu trouver justifiant un discours allant dans ce sens, il dut une nouvelle fois user les vieilles ficelles qui permirent à la gauche de l'emporter aux dernières élections : faire de l'anti-sarkozysme. Ça fait 6 mois qu'il a quitté le bord, et même si le second tour des élections présidentielles devait se rejouer le week-end prochain avec pour résultat une probable victoire de l'ancien président, Désir faute de mieux nous rappelle les turpitudes du prédécesseur de Hollande. Enfin pas toutes. Car si le yacht de Bolloré peut toujours servir, comme le Fouquet's ou autres manifestations du rapport décomplexé de Sarkozy avec le monde de l'argent, Désir ne rappellera pas par exemple la loi TEPA dont la majorité du coût profita à ceux qui faisaient des heures sup et qui ont perdu entre 40 et 100 euros par mois du fait de son abrogation. Non, il vaut mieux rester dans l'anecdotique, dans ce qui n'a, en fait, aucune incidence politique, l'antipathie vis-à-vis du comportement privé d'un individu étant à décorréler évidemment de son action.

En fait pendant son congrès on a rempli le temps comme on a pu. On a soutenu le gouvernement, c'est la moindre des choses, on a écouté un premier ministre qui n'a rien dit d'intéressant, et divers intervenants sans grand intérêt non plus. Le congrès était programmé, il fallait le faire. Et puis il fallait bien introniser celui qui par sa personnalité est à l'image de ce congrès. Du terne. Auquel on ajoutera du morose, car même après avoir gagné tous les pouvoirs, exécutif, législatif, judicaire, médiatique (bien que de ce côté-là, ça commence à partir en jus de boudin), on ne semble pas très enthousiaste au PS. Le congrès de Valence en 81 avait une autre tête quand même. La récente victoire laissait espérer de "grandes" choses, même s'il n'en fut rien finalement. Mais là, moins de 6 mois après le rassemblement de la Bastille avec tous ces drapeaux venus d'ailleurs flottant dans l'air parisien et semblant manifester le passage de la nuit à la lumière, on a vraiment l'impression d'une vraie nostalgie de l'opposition. Faut dire qu'il n'aura pas fallu beaucoup de temps à ce gouvernement pour démontrer son incompétence et une incohérence manifeste due à un duo à la tête de l'exécutif qui n'a pas compris qu'il ne dirigeait plus, l'un le PS, l'autre, le groupe parlementaire PS à l'Assemblée, endroits privilégiés pour les discussions stériles et sans fin et l'absence de prise de décision. Eh, non, on ne dirige pas un pays par le compromis et la synthèse!
Effectivement le parti va mal. La preuve en est que celui qui en est devenu la vedette est celui qui était complètement dans les choux au moment des primaires. Je veux parler de Valls dont le seul mérite est de suivre à la lettre la fiche de consignes que lui a donné Guéant le jour de la passation de pouvoir et de tenter de singer le Sarkozy, ministre de l'intérieur. C'est lui la vedette, c'est lui qu'on plébiscite. C'est un signe.

 
Du côté de la droite, enfin de l'UMP, on fourbit ses armes en vu du congrès qui désignera le président de la formation qui sera majoritaire à l'Assemblée nationale en 2017. Après un match nul, dans tous les sens du terme, parait-il (pas vu!) entre les deux prétendants à la succession de celui dont ils se réclament mais dont ils voudraient bien certainement évacuer le spectre, l'unanimité semble être revenue de mise pour critiquer le gouvernement. Copé qui parait plus audacieux, en fait les militants choisiront entre deux personnalités et non deux visions, va plus loin que Fillon et nous promet une manifestation d'ampleur s'il est élu. Le truc que la droite ne fait pas souvent, mais bien quand elle le fait. La dernière fois c'était en 1984 pour défendre l'école privée. La fois précédente, c'était en mai 68 pour signifier la fin de la chienlit. Donc 2012 sera peut-être la nouvelle grande manif de droite contre les mesures sociétales que sont le mariage homo et l'homoparentalité, ainsi que le vote des étrangers, bien qu'il parait désormais évident que le gouvernement y ait renoncé. Pourquoi pas!
Reste cependant que ce genre de manifestation parait incongru à la gauche qui doit se dire que seules les forces de progrès ont droit de battre la semelle sur le pavé tandis que les forces de la réaction sont sommées de se limiter à l'espace qu'on veut bien leur laisser pour se manifester, sans doute le Figaro. Les réactions à la promesse de Copé sont effectivement unanimes à gauche, au point que si on le les connaissait pas, eux qui sont si sûrs d'eux, on croirait qu'ils craignent de voir déferler des hordes de réactionnaires dans les rues de Paris.
Quelques réactions:
Désir, the boss : "La soif de revanche de la droite ne connaît aucune limite et l'appel à la rue du principal dirigeant de l'opposition relève d'une surenchère dangereuse, irresponsable et indigne d'un républicain". "il (Copé) formule des propositions de plus en plus radicales, directement inspirées de l'agressivité politique de l'extrême droite".
Cahuzac, l'affameur : "Jean-François Copé en appelle au désordre…"
Moscivici, fils de son père : "Je ne pense pas que quand on est le chef d'un grand parti qui a été au pouvoir et qui aspire à le redevenir, on appelle à la rue, on développe des arguments…"
Cambadélis, ex-futur boss : "on a quand même l'impression que la droite emploie des mots de guerre civile"
Heureusement que la gauche, elle, ne manifeste jamais, surtout quand la droite est au pouvoir. Ce qui lui permet de dénier en toute honnêteté à la droite le droit de manifester.
Mais Valls sera là pour veiller au grain et réprimer si nécessaire avec fermeté le danger que pourrait faire courir à la République et à la démocratie cette manifestation.

Un grand week-end!

vendredi 26 octobre 2012

Le gouvernement travaille. Voilà les preuves!


La France est en crise. Nul ne saurait nier cette triste réalité qui se traduit pour plus de 3 millions de salariés par le chômage et pour beaucoup d'autre une précarité qui sera aggravée par les nouvelles pressions fiscales que ce gouvernement préfère à une baisse des dépenses de l'Etat. C'est logique, c'est de gauche, c'est socialiste.
Mais rassurons-nous. Faute de pouvoir agir avec des effets immédiats sur la crise, le gouvernement soit s'y prépare activement, soit se lance dans la promulgation de textes visant à libérer notre société des carcans qui l'enserrent. Au moins dans 4 ans et demi (encore!!!) avant de se retrouver de façon très méritée dans une opposition qu'elle n'aurait jamais dû quitter, notre équipe dirigeante pourra clamer avec fierté : "nous avons su compenser votre appauvrissement par un apports de nouvelles libertés". Ce qui pourra dans les années qui viennent donner naissance à des sujets pour le bac de philo comme par exemple : "Une vie sans entraves peut-elle s'accommoder d'un frigo vide?"

  
Non là je plaisante, car notre gouvernement travaille d'arrache-pied et se forme pour faire face aux enjeux présents. Des séminaires très sérieux sont organisés dans ce cadre de la formation continue de nos ministres. Mais si! Certes pas en économie, ou en stratégie industrialo-économique comme on pourrait le penser, mais en sexisme. Enfin, on leur apprend à déjouer les pièges du sexisme. En effet, une partie du gouvernement vient de suivre un séminaire allant en ce sens sous le haut patronage de Najat Vallaud-Belkacem, vous savez l'équivalent de la Rama Yade de l'ancien gouvernement, mignonne donc, et la direction pédagogique de sa conseillère Caroline de Haas, ancienne porte-parole de "osez le féminisme" et "promotrice de la campagne "osez le clitoris".
J'imagine bien Fabius à ce séminaire (il a fait partie de la première fournée). Il faut dire qu'il en a bien besoin lui qui avait déclaré quand Ségolène Royal s'était portée candidate à l'élection présidentielle de 2007 "Mais qui va garder les gosses?". On peut deviner la réponse à cette question désormais que nous connaissons mieux notre président. Reste que certains devront redoubler comme Stéphane Le Foll qui après le séminaire a déclaré "J'ai tenté de promouvoir des femmes au maximum, bien que nos dossiers soient très techniques". Il pourra profiter de la prochaine session à laquelle sera invitée la moitié du gouvernement qui n'a pas encore bénéficié du séminaire et doit ronger son frein dans l'attente de ces instants tellement importants pour le bon exercice de leurs fonctions.
L'espoir n'est pas vain que les choses s'améliorent après cette sensibilisation au sexisme à laquelle, je m'en rends compte, je devrais aussi me soumettre après avoir qualifié Najat Vallaud-Belkacem et Rama Yade de mignonnes. Même si avec l'âge je me suis tout de même amélioré car ce n'est pas ce que j'aurais dit il y a une trentaine d'années et même moins.

  
Donc le gouvernement travaille et ne manque pas d'imagination pour améliorer notre quotidien.
Je ne reviendrai pas sur le mariage homosexuel et l'homoparentalité, sujets sur lesquels je me suis largement exprimé. Ni sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, projet d'ailleurs enterré par le gouvernement, pas par conviction, mais par opportunisme.
Mais quand même il y a quelques perles à noter.

Puisque j'ai déjà parlé d'elle, je reviens sur NVB. Manquant sans doute d'activités mais pas d'imagination, elle vient de suggérer de faire référence dans les livres scolaires aux préférences sexuelles des grands hommes (qui comportent des femmes parmi eux). Dans un but pédagogique dont je ne sais pas toute la portée à moins que ce ne soit pour promouvoir certaines formes de sexualité ou montrer qu'elles n'influent pas sur les capacités. A moins que ce ne soit l'inverse si on se réfère à son exemple, même pas historiquement vérifié d'ailleurs, sur Rimbaud. Peut-être donc apprendra-t-on que c'est après un rapport anal que Simone de Beauvoir eu l'idée d'entreprendre l'écriture du "deuxième sexe"? Evidemment tout ça est ridicule et confirme ce que je disais plus haut sur la promotrice de cette idée.

Le gouvernement vient de faire voter simultanément la gratuité des contraceptifs pour les mineures et le remboursement intégral de l'IVG. N'y a-t-il pas une contradiction entre les deux mesures, la première permettant du fait de sa gratuité d'éviter la seconde? Au-delà, si avec tous les moyens contraceptifs existant et permettant de se lâcher, on estime encore qu'une femme peut avorter autant de fois qu'elle le souhaite aux frais de la collectivité, ça donne une opinion sur l'esprit de responsabilité qu'on leur accorde. Et si la ministre Touraine déclare que l'avortement n'est pas un acte anodin, on peut lui rétorquer qu'il faut quand même penser qu'il est considéré comme tel par certaines qui le pratiquent à répétition tandis que tous les moyens existent pour l'éviter.
Dans le même temps on constatera que des personnes, et qui elles n'ont même pas eu cette chance de pouvoir avoir un contrôle sur leur handicap doivent se priver de lunettes ou se contenter pour leur mastication de chicots pourris, étant donné les taux de remboursement dans les deux domaines afférents.
C'est un choix qui en dit long sur les priorités de ce gouvernement en termes de dépenses de santé.
Je me permets d'ajouter pour ceux qui verraient en moi un ancien membre des commandos anti-IVG que je ne suis pas contre l'IVG, mais que j'estime qu'il est normal sinon d'en fixer les limites, de fixer celles sa prise en charge en fonction des circonstances de la grossesse. On peut revendiquer de pouvoir jouir en toute liberté de son corps sans pour autant en imposer le coût à la collectivité. Par ailleurs, je ne trouve guère saine, puisqu'il n'y a plus de limite, une société qui mettent le fœtus au rang d'une tumeur maligne.

Dans le même ordre d'idées, celui de a déresponsabilisation, il n'est pas surprenant de voir abroger la sanction, déjà très peu appliquée, de la suppression des allocations familiales pour les parents dont les enfants déserteraient l'école. Comme les femmes ne sont plus responsables de leurs grossesses indésirables, les parents le sont plus de leurs enfants. On se demande qui est responsable de quoi dans ce pays.

Et puis il y a ces contradictions pour ce qui touche à la consommation de drogue.
Déjà au sein du gouvernement on aura compris que certains sont pour la dépénalisation de la consommation de cannabis et d'autres contre. Ce qui permet, du fait de l'expression de ces visions de la chose de montrer que la discipline gouvernementale n'est pas une chose encore acquise et que le principe de Chevènement selon lequel "on ferme sa gueule ou on démissionne" n'est pas une vertu très en vogue en son sein. Mais passons. Et notons avec satisfaction que la tête de l'exécutif reste opposée à la dépénalisation.
Enfin tout ça ça serait bien si dans le même temps on ne comptait pas se lancer dans l'expérimentation des salles de shoot. Ces endroits, en effet, sont synonymes de dépénalisation de l'usage de drogues dures. On peut justifier ça pour des raisons de santé publique (celle des drogués essentiellement) mais reste que c'est une mesure dérogatoire et même en contradiction avec les textes réprimant la consommation de drogues. C'est un peu comme si, pour des raisons de sécurité routière, on ouvrait des centres de contrôle pour les véhicules volés que leurs utilisateurs doivent éviter de présenter au contrôle technique.
On pourra me dire que ce n'est pas une dépénalisation, que les lieux où on pourra se piquer ou sniffer sont circonscrits, reste que ce sont quand même des zones de non-droit. D'ailleurs sur le plan pratique je me demande comment on fait, du moins comment fait la police. J'imagine bien qu'elle ne devra pas opérer sur le palier du centre de shoot et que des consignes seront données en ce sens pour que la loi ne soit pas respectée. J'imagine que même on définira un périmètre où il lui sera demandé de fermer les yeux. Ce qui dans ce cas signifierait qu'avant de passer une certaine ligne on est en infraction, même en se rendant à sa salle favorite, et qu'ensuite, on n'y est plus. C'est simple! Ou encore qu'il suffira de déclarer si on se fait pincer avec son matériel, car au moins l'Etat nous épargnera-t-il, au moins provisoirement d'avoir à payer la marchandise par le biais de nos impôts, se contentant sans doute de nous faire assurer les frais de fonctionnement de la structure et les salaires du personnel, donc qu'il suffira de déclarer qu'on va au centre de shoot pour échapper aux rigueurs de la loi. La première solution, celle du périmètre aurait au moins cet avantage de laisser opérer librement les dealers dans une zone bien circonscrite et donc de permettre dans un marché sans entraves d'améliorer la qualité de la daube tout en faisant pression sur les coûts. Leçon de libéralisme.
Vous me direz que ces propos sont bien mesquins au regard des enjeux de santé publique. Mais moi naïvement je pensais encore que le meilleur moyen d'aider les drogués était de les aider à désintoxiquer et sortir de leur addiction à la drogue plutôt que de leur apprendre à bien se piquer, comme on pourrait le faire pour des diabétiques dans le cadre de leurs injections d'insuline (je ne sais même pas si c'est pris en compte par la sécu ça), ou à calculer la bonne longueur du rail à sniffer.
Enfin, ce que je perçois c'est que d'un côté on refuse de dépénaliser le cannabis, et c'est tant mieux, et qu'en même temps on dépénalise de fait la consommation de drogues durs.
Au passage, c'est sans doute un bon moyen pour faire baisser le coût de l'immobilier dans les zones qui seront choisies. Et je suppose que même, hors ces considérations, les riverains seront ravis de la proximité de ces lieux. Mais comme eux ne se droguent peut-être pas, ça n'a guère d'importance sans doute.

Et quand je pense que certains critiquent l'inaction de ce gouvernement! Vous voyez bien que c'est faux!

jeudi 25 octobre 2012

Choc des civilisations?


Mon dernier billet portant sur l'affaire de Poitiers mérite, je pense, de plus amples développements en termes d'analyse sociale. Dans ce billet, notamment, je donnais mon point de vue sur les réactions à ce événement que j'estimées bien exagérées au regard des faits. Ces réactions venant du monde politique et médiatique me semblent aujourd'hui complètement en décalage avec l'opinion réelle que peut se faire la majorité des Français sur les faits. Déjà beaucoup de commentaires lus ici ou là, surtout là où la profanation du chantier de la mosquée était dénoncée avec vigueur, semblait indiquer que l'opinion était quelque peu en décalage avec les dénonciations outrancières qui se sont manifestées de façon quelque peu pavlovienne.
Un sondage récent réalisé par l'institut IFOP pour le Figaro et portant sur la représentation de l'islam en France semble me conforter dans la perception de ce décalage. Ce sondage devrait faire sortir de sa tanière toute la bienpensance et l'inciter à demander immédiatement un changement de peuple. Car les quelques éléments que je vais vous livrer, mais dont vous pouvez consulter le détail ici, indiquent clairement une défiance des Français vis-à-vis de cette religion. Ce qui est également important c'est de voir que cette défiance s'accroit avec le temps.

Pour une majorité de Français, majorité relative ou simple selon les questions posées, l'islam en France pose problème. Et de plus en plus. Menace pour l'identité du pays (43%), absence d'intégration des musulmans (67%) due essentiellement au refus de s'intégrer (68%), à de trop fortes différences culturelles (52%), ou à une tendance grégaire des musulmans (47%), alors que la société française est suffisamment ouverte aux musulmans (69%) représente la toile de fond du problème. L'islam est donc vu de façon négative et se voit attribuer les caractéristiques suivantes : rejet des valeurs occidentales (63%), fanatisme (57%), soumission (46%), violence (38%), tandis que le rapprochement de cette religion avec les notions de justice (7%), protection de la femme (5%) et démocratie (4%) est très marginal. Ce qui inquiète d'autant plus que l'islam est jugé trop visible et trop influent (60%). Les conséquences en sont l'émergence d'une intolérance quant à la construction de nouvelles mosquées (43%), et un rejet des signes ostentatoires (foulard) dans la rue (63%) et surtout à l'école (89%). Cette intolérance se traduit également dans le champ politique puisque 45% (contre 44) sont hostiles à l'élection d'un maire musulman dans leur commune.

Ce sondage dont je viens de faire le résumé est certes à prendre avec les précautions d'usage quand il s'agit de ce type d'outils. Les sondages, c'est bien connu, n'ont aucune valeur quand ils contestent notre vision du monde et réciproquement. Reste que l'évolution des réponses dans le temps au regard des questions posées peut, elle, avoir davantage de signification quant à la tendance observable.
Dans ce contexte, et j'en reviens à mes identitaires de Poitiers, l'action décriée avec autant de véhémence s'inscrit dans une certaines logique et n'est sans doute que le prélude à d'autres manifestations du même genre voulant marquer de façon spectaculaire une véritable défiance vis-à-vis de l'islam.

A vrai dire, ce qui me préoccupe le plus, c'est de constater une crise d'identité dans notre pays. L'acharnement de ces dernières années et perpétuée par le pouvoir en place à dénigrer l'action de la France à travers l'histoire, le rejet de l'idée de nation par de nombreux intellectuels et certains partis politiques, l'apologie d'un relativisme mettant toutes les civilisations sur un pied d'égalité, le rejet d'une identité nationale tandis que l'apologie est faite des identités allogènes et de leur droit à se manifester, le refus d'accepter les origines chrétiennes de notre civilisation, la mondialisation, tous ces phénomènes ont participé à une perte de nos repères identitaires. Pour mieux accepter l'autre et ses différences, il fallait que ces repères disparaissent. Le fameux concept de vivre-ensemble, chacun dans sa différence, dans sa diversité, selon le grand mot définissant l'horizon indépassable de notre bonheur futur, devait remplacer celui d'assimilation, ce processus qui s'étalait auparavant sur une ou deux générations et qui faisait que l'autre devenait nous.
Bref, un grand processus de démolition s'est engagé depuis quelques dizaines d'années et connait aujourd'hui ses premiers revers. Et de façon douloureuse, dans l'intolérance, dans la séparation.
Aucun de nos bienpensants n'a voulu imaginer que la seule façon de vivre ensemble sans heurts consistait à rapprocher nos hôtes de nos mœurs, de nos coutumes, de nos valeurs, et a leur faire partager notre histoire. L'école a été déchargée de cette tâche et a même été utilisée à des fins opposées. Les classes populaires, les ouvriers pour faire clair, par le biais de la promiscuité et de l'effort partagé sur les lieux de travail, par le biais d'un syndicalisme qui était encore de classe, ont été exclus des processus d'intégration et d'assimilation dénoncés par la bienpensance. Une anomie sociale s'est développée avec une dislocation d'une identité commune, une identité assez forte, partagée par tous, souvent avec fierté et qui était susceptible de devenir un point d'attraction pour ceux qui, venus d'ailleurs, voulaient partager notre destin. A ceux-là on a dit qu'ils devaient surtout rester fidèles à leurs racines, ce qui les a incités à vivre entre eux et ce qui a incité les autochtones dès lors qu'ils devenaient minoritaires sur leur propre sol à quitter les lieux souvent de leur enfance parce qu'on les en avait dépossédés symboliquement, culturellement.
Reste qu'aujourd'hui, on voit les conséquences de cette évolution. D'un côté des Français dits de souche qui ont perdu leur identité ou à qui on en a attribué une négative, mais qui voudraient en retrouver une dans laquelle ils pourraient se reconnaitre. On a assez saboté et dénigré ce qui fut la leur jadis pour qu'ils soient dans une situation de doute, ce qui évidemment ne constitue plus un pôle d'attraction pour ceux venus d'ailleurs qui peuvent difficilement s'identifier à ce doute, et à cette quête. Et dans ce cas, les choses deviennent simples, d'une évidence biblique. Puisqu'on n'arrive plus à se définir de façon positive, définissons-nous de façon négative. Construisons notre identité en opposition à d'autres. Construisons-là en opposition à une identité forte et par rapport à ceux auxquels nous ne voulons surtout pas ressembler car nous refusons leurs valeurs supposées. Et l'islam est de par son affirmation et sa visibilité dans l'espace public évidemment l'élément idéal pour cela. Il devient un nouveau centre, parfois attractif, souvent répulsif. Certains vont y adhérer et se convertir. Mais d'autres, bien plus nombreux vont pouvoir s'identifier collectivement en opposition aux représentations qu'il véhicule.

Les vraies responsabilités de ce qui arrive en France, des résultats de ce sondage, de l'accroissement des revendications cultuelles des musulmans, de l'occupation d'un chantier à Poitiers, ne sont pas à imputer ni aux musulmans, ni à ceux qu'on appelle les identitaires, mais à ceux qui par leurs paroles et leurs actions n'ont cessé d'œuvrer pour saboter ce qu'on appelle, appelait, identité nationale au sujet de laquelle il parait qu'on n'a même plus le droit de débattre. Parce que c'est fasciste de le faire.

mardi 23 octobre 2012

La belle aubaine (ou le retour de Charles Martel)


On l'avait oublié. Ou presque. Du moins on se gardait désormais de prononcer son nom dans les cours d'histoire à cause de ses actions contre les musulmans dont on n'a, pour les plus anciennes générations, retenu guère que la bataille de Poitiers qui ne constitua qu'une partie de son œuvre qui consista dans les dernières années de sa vie à chasser les musulmans de l'actuelle France. Seul Narbonne échappa à son courroux qu'il manifestait de telle manière qu'on l'affubla du patronyme de Martel. On aurait pu s'en souvenir comme celui qui a étendu son influence bien au-delà de son duché d'Austrasie, devenant de fait le véritable roi des Francs ce qui fut confirmé après sa mort par le sacre de son fils, Pépin le Bref, et davantage encore après l'avènement de son petit-fils Charlemagne. On aurait donc pu s'en souvenir comme peut-être le véritable fondateur de la dynastie des Carolingiens, mais on ne retint de lui que sa victoire sur les Omeyades aux environs de Poitiers. Avant ces dernières années de tenter de le chasser de notre patrimoine historique avec d'autres comme Clovis dont la conversion aida certains, comme de Gaulle par exemple, à le considérer comme le fondateur de la France. C'est un mythe bien sûr, mais on vit beaucoup de ces mythes fondateurs.

Enfin tous ces trucs, comme la bataille de Poitiers ou la conversion de Clovis faisant entrer la France (future) dans le giron de la chrétienté, n'ont plus bonne presse depuis un certain nombre d'années dès lors qu'un nouveau mythe, celui de la diversité bienheureuse devant sans doute précéder un métissage généralisé encore davantage porteur de bonheur et d'harmonie, tente de s'imposer, avec quand même quelques difficultés, comme nous allons le voir. Il ne s'agit pas en effet de gâcher l'ambiance avec des vieilleries qui ne peuvent que froisser la susceptibilité de ceux qui nous offrent par leur présence cette si bienvenue diversité. Au contraire, il est de bon ton de marquer notre contrition face à des événements passés et même pas en phase avec la diversité, comme les événements du 17 octobre 1961 auxquels il conviendra de donner une place de choix dans les livres d'histoire ainsi que l'ont réclamé certains sénateurs en votant une résolution reconnaissant la répression, enfin vous savez une formule du même genre que celle prononcée par notre très charismatique président il y a quelques jours. Les heures d'histoire se faisant rares, il faut donc faire de la place. La solution serait peut-être dans ce cas de reconnaitre la répression sanglante de Poitiers en 732 qui a porté un coup d'arrêt de plusieurs siècles à l'avènement de la diversité heureuse que nous promettaient les gentils envahisseurs menés par le gouverneur d'al-andalous.

Donc Charles Martel, en passe de tomber dans l'oubli a fait une réapparition hautement médiatique ou médiatisée par l'intermédiaire de quelques individus, sans doute pas très futés, en tout cas pas en phase du tout avec les nouveaux principes de vie auxquels nous sommes tenus d'adhérer, sous peine de rejoindre les rangs des horribles fachos, véritables dangers pour la société.
En effet, c'est de façon tout à fait outrancière que ces individus louches ont fait appel aux mânes de Charles Martel en la bonne ville de Poitiers, d'une part pour s'opposer à la construction, déjà bien entamée puisqu'il semble qu'elle était déjà opérationnelle, d'une mosquée, d'autre part, pour manifester leur défiance vis-à-vis d'une religion pourtant clé de voute de cette diversité bienheureuse tant attendue.
Les faits paraissent assez simples. Une bande de jeunes investit le chantier, monte sur la terrasse en empruntant au passage quelques tapis de prière lesquels prendront l'eau et grimpe sur une terrasse où ils déploient une banderole rappelant ce qui se passa à Poitiers en 732, et leur permettant de dévoiler leur nom de "guerre" : génération identitaire. Nom qui n'a pas d'ailleurs de véritable sens. Ils ponctueront leur occupation des lieux de quelques slogans dénonçant l'islamisation de la France.
On ne peut guère dire que ce mode d'expression d'une crainte dont la rationalité porte assez à discussion pour ne pas pouvoir être tranchée immédiatement soit le reflet d'une grande intelligence. Mais on pourra tout de même se réjouir du fait que cette manifestation ne s'accompagnât pas de violences physiques ou de dégradations profondes.

Ces faits résumés (s'il m'en a échappé, n'hésitez pas à m'en faire part), m'ont assez étonné par leur, disons, insignifiance, après avoir pris connaissance des cris d'indignation et d'horreur proférés par tout ce qui pense bien dans notre pays d'un bord de l'échiquier politique à l'autre. Mis à part évidemment le FN qui tout de même, dans le cadre de son offensive pour gagner en respectabilité, pourra montrer qu'il existe plus à droite que lui. Le taux d'indignation porté par les associations qui nous ont fait tant de mal, toujours aux aguets, et les politiques partis dans une surenchère verbale inversement proportionnelle à la gravité des faits auraient pu faire croire à une action terroriste majeure sur le sol français. Je ne pense pas qu'on en aurait dit davantage dans ce cas.

Or, et je ne sais même pas si le lieu a été profané puisqu'on parle de chantier, chaque jour qui passe devrait être couvert par le tumulte des cris affolés de ceux qui ont vu dans cette occupation un crime abominable. En 2010, il y a eu 621 profanations de lieux de culte et sépultures, presque deux par jours. 308 lieux de culte chrétiens ont été profanés et 214 sépultures. Dans le même temps les chiffres sont respectivement de 50 et 7 pour le culte musulman. Vous en aurez entendu parler souvent dans ce dernier cas, presque jamais pour les lieux chrétiens. En tout cas pas d'indignation de la même portée qu'à Poitiers ainsi que des poursuites judiciaires assez ahurissantes quand on les ramène au fait. Ne manque plus que l'acte d'accusation pour terrorisme. Rien que les tapis détrempés peuvent valoir 5 ans de prison aux 4 personnes mises en examen et placées sous un contrôle judiciaire d'une grande sévérité.
Quand récemment des musulmans en colère ont manifesté sur les Champs-Elysées en appelant au meurtre des juifs, ni les politiques, ni les médias, ni les associations qui nous ont fait tant de mal ne se sont fendu d'une simple déclaration dénonçant des paroles inadmissibles. Et personne ne fut mis en examen pour incitation à la haine raciale, au meurtre et autres joyeusetés.

Je pensais qu'en France, Etat de droit, on jugeait les gens sur les faits et non sur leur identité ou leurs convictions idéologiques quelles qu'elles fussent. Ce n'est visiblement pas le cas et j'ai eu tort. Ce qui me gène, ce n'est pas tant qu'il y ait des poursuites contre ces jeunes agités du bocal, mais c'est que les autres, eux, puissent se permettre des actes similaires ou plus graves en toute impunité.
Evidemment s'agissant des associations, celles qui nous ont fait tant de mal, je ne m'étonne plus depuis longtemps, ne pouvant que pester de voir une partie de mes impôts entretenir ces imposteurs professionnels au service des partis de gauche, SOS pour le PS, le MRAP pour les cocos… L'anti-France au service de ceux qui en sabotent l'idée même.
Quant aux politiques de droite, on évitera de parler de ceux de gauche qui entretiennent à dessein électoraliste ce mythe de la résurgence du fascisme, on reconnaitra là leur lâcheté, leur soumission à ce qu'ils croient être l'air du temps et dont les paroles les plus osées se limitent à des histoires de pain au chocolat alors que des choses infiniment plus graves se déroulent tandis que pudiquement ils détournent le regard. En cela ils deviennent les complices de ceux cités précédemment et pour lesquels ce genre d'événement qui s'est déroulé à Poitiers est une formidable aubaine pour entretenir le mythe d'une menace d'extrême-droite.
Aubaine également pour les associations ou conseils de musulmans que la justice, au vu des actes d'accusation, assimile à une race désormais, et qui peuvent une nouvelle fois se poser en victimes, leur position favorite qui leur vaudra sans doute quelques compensations qui énerveront encore davantage les groupuscules comme cette "génération identitaire".
Pour ces derniers c'est également une aubaine. Sortis du néant ils apparaissent à la lumière du jour portés par les cries d'orfraie de nos bien-pensants divers et variés. Leurs traitements médiatique et judiciaire particuliers ne manqueront pas de les renforcer en accréditant le fait que Français patriote, comme ils se voient, est bien plus grave aux yeux des autorités et des médias que d'être islamiste.
C'est finalement une aubaine pour beaucoup de monde cette affaire sauf pour la France évidemment.

dimanche 21 octobre 2012

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République


Monsieur le Président,

 
Il y a quelques mois, un peu moins de la moitié des électeurs vous a porté à la tête de ce pays. Certains en éprouvèrent une grande joie, d'autres un fort dépit estimant que vous n'étiez sans doute pas l'homme de la situation même si votre honorabilité n'est pas à remettre en cause. J'allais dire aussi "vos intentions" mais là comme j'ai un petit doute, je m'abstiens.

Les premières semaines de votre présidence marquées par un acharnement qu'on pourrait qualifier de puéril à défaire ce qu'avait fait votre prédécesseur, sauf peut-être l'essentiel, je vais y revenir, ne suffirent pas à asseoir votre autorité et surtout votre crédibilité. La toute aussi puérile habitude qui consistait à vous montrer comme quelqu'un de normal juste parce que vous preniez le train, sans bagages, ne vous a pas grandi aux yeux de l'opinion. Elle vous a même plutôt ridiculisé d'autant plus qu'on ne voit guère de gens normaux convoquer la presse sur les quais d'une gare avant de monter dans leur TGV. Je crois d'ailleurs que vous avez abandonné cette pratique, sans doute grâce à l'avis avisé d'un de vos conseillers. Et c'est tant mieux. Pour vous au premier chef.
Reste que cette normalité revendiquée et affichée, et qui vous a valu quelques sobriquets amusants, a renforcé cette image de personne peu adaptée au poste qui vous a été confié. Comme un homme normal, par exemple, vous preniez des vacances au soleil, tandis que le pays s'enfonçait dans la crise. Or, vous comprendrez aisément, j'espère que vous l'avez fait sinon ce serait désespérant, que ce n'est pas cela que les Français recherchent. Peut-être les considérez-vous quelque peu comme des demeurés, du moins ceux qui ne sont pas passés par l'ENA, mais les Français, du moins ceux pas trop aveuglés par leurs partis-pris politiques, auront tout de même compris que les fausses économies de bout de chandelles que vous faisiez en prenant le train, tandis qu'un avion descendait pas très loin du lieu de votre villégiature, sur la base militaire de Istres pour être précis, avec les bagages peut-être, pour vous recueillir au cas où vos obligations vous auraient conduit à vous déplacer dans l'urgence, donc que ces fausses économies n'allaient pas améliorer leur quotidien.

Bref, le bilan des cent premiers jours n'était pas glorieux et ce n'est pas votre passage à la télévision qui a arrangé les choses puisque à l'issue de celui-ci les Français ignoraient quels sacrifices ils seraient amenés à accomplir pour permettre à l'Etat et aux collectivités territoriales de continuer à mener grand train avec encore davantage de fonctionnaires en particulier, tout en tentant de respecter les objectifs budgétaires dictés par le traité de stabilité européen. Vous savez ce traité, négocié par votre prédécesseur, et dont vous disiez le plus grand mal quand vous étiez candidat, et que vous aviez promis de renégocier dans la cadre de votre combat contre l'ennemi par vous désigné : la finance. Oui, ce traité que votre premier Ministre a dû défendre devant l'Assemblée Nationale tellement il était bon pour la France.
Vous rendez-vous compte de l'effet produit sur un nombre important de vos électeurs? Pas ceux bien sûr qui trouveront que tout ce que vous faites est bien, même si ça se situe dans la continuité de votre prédécesseur, simplement pour la raison que vous êtes socialiste et donc de gauche, mais ceux qui ont des convictions, ceux auxquels importent davantage les idées et les actes que celui qui les prononce ou les accomplit. Ceux-là vous les avez perdus, même si vous avez tenté de camoufler vos mensonges de campagne derrière quelques mesures sociétales de mauvais goût comme le mariage homosexuel ou le vote des étrangers aux élections locales, mesure que d'ailleurs vous ne tenterez même pas d'accomplir tellement elle est risquée pour vous.
Mais peut-être finalement n'aviez vous pas le choix? C'est quand même un peu ce que je crois. Et vous le saviez vous-même que vous n'auriez pas le choix, sauf à générer une onde de choc, ce qui n'est pas du tout dans votre style. Si vous ne saviez pas, c'est sans doute encore pire, car ça démontrerait que vous êtes un incapable. Dans les deux cas, ce n'est guère à votre avantage.

Et puis il y a ce budget qu'on discute encore sur les bancs de l'Assemblée. Budget difficile à monter car, comme c'était prévisible chacun s'accroche à ses avantages petits ou grands, les chefs d'entreprise à des taxations raisonnables sur les plus-values, les amateurs d'arts, ou du moins ceux qui auront compris qu'il est plus avantageux en France d'investir dans l'art que dans les entreprises, aux exonérations d'impôts sur les œuvres du même nom. J'en passe. Vous nous aviez dit ou votre premier ministre avait dit que seuls les riches, race maudite, paieraient. On découvre que tout le monde paiera, du moins tous ceux qui travaillent ou qui perçoivent une retraite. Dans l'affaire seuls les bénéficiaires de l'AME, hors la loi presque par nature, s'en tirent le mieux, exonérés qu'ils sont des 30 euros annuels qu'on leur demandait auparavant. C'est sans doute cela que vous appelez la justice sociale, Monsieur le Président. Une justice qui estime que ceux qui travaillent sont des nantis auxquels il faut faire les poches pour donner aux autres et notamment à ceux qui n'ont rien à faire sur notre territoire.
Bien sûr vous me rétorquerez que c'était nécessaire dans le cadre du traité et de la règle d'or l'accompagnant, et que vous avez fait un effort en réduisant les dépenses de l'Etat. Courageusement peut-être! En tapant sur le budget de la défense, avant même que le livre blanc, définissant la menace et le contrat opérationnel pouvant justifier ces coupes sombres ne soit élaboré, donc sans discernement et surtout lâchement car vous avez face à vous une population bien silencieuse qui n'en est plus à une couleuvre près à s'avaler. Et puis aussi sur les investissements de l'Etat. Ce n'est peut-être pas très cohérent alors qu'en même temps pour relancer le machine économique vous demandez à l'Europe de donner de l'argent pour des investissements du même type, mais au moins on sait que les investissements ne font pas grève non plus.
Et dans le même temps afin de d'assurer la réalisation d'un choc compétitif, ne voilà-t-il pas que Gallois, dans le cadre de la mission que vous lui avez confié estime à 30 milliards les baisses de charge à produire sur les entreprises que vous venez de taxer. On n'y comprend plus rien! Ou gallois est un incapable ou alors, c'est… Mais déjà, vous vous mordez les doigts d'avoir confié une mission à quelqu'un de compétent et même pas suspect de complaisance politique avec votre opposition, puisque vous déclarez que le rapport n'engage aucunement le gouvernement. Et sera donc enterré, je suppose.

 Mais d'un certain côté, malgré vos contradictions, vos mensonges ou vos incapacités à agir de façon cohérente, je vous plains. Vous êtes parait-il un homme de synthèse, voire de compromis. Or vous vous trouvez face à des éléments complètement contradictoires, ne pouvant se concilier. Vous devez donc choisir. Chose que parait-il vous ne savez guère faire. Je vous imagine donc tiraillé intérieurement chaque jour qui passe vous demandant comment dire oui aux uns et aux autres. En plus vous devez faire face à vos problèmes d'ordre personnels étalés complaisamment dans la presse, un peu par votre faute quand même. Il parait que vous avez fait rire tout le monde à 'ONU avec votre fuite face à la mère de vos enfants, en arrivant en retard et par une porte dérobée. Ce n'est pas très sérieux quand même! Vous représentez la France! Vous imaginez que de Gaulle ou Mitterrand se seraient comportés de la sorte, d'une façon aussi ridicule? Eux au moins savaient tenir leur place et leur rang.

Et tiens puisque j'évoque de Gaulle, je voudrais vous entretenir de vos dernières bêtises et de celles que votre gouvernement, donc vous aussi, vont accomplir prochainement.
Je remarque, avec dépit, que vous recommencez avec cette politique de repentance d'Etat inaugurée par Chirac, dont je pense qu'il est votre vrai modèle dans le style, épicurien, serreur impénitent de mains, le mec sympa quoi, et menteur, et l'esprit, surtout ne rien brusquer et éviter d'entreprendre.
Récemment vous avez reconnu une faute de la République avec ce que vous avez nommé la répression sanglante du 17 octobre 1961. Pour ce faire vous vous êtes débarrassé de toutes les références historiques et avez en particulier ignoré un rapport sur le sujet commandé par Jospin, vous savez l'homme avec lequel vous avez gouverné la France entre 1997 et 2002, selon vos affirmations quand vous étiez candidat. Je comprends qu'il vous fallait compenser le fait qu'aucun haut responsable n'ait jamais pensé à vous pour vous confier un poste d'envergure nationale. Mais enfin… ! Vous avez donc ignoré ce rapport et d'autres études historiques pour asséner une fausse vérité, en ne mettant en cause que la République, donc de Gaulle, votre illustre prédécesseur dont effectivement vous n'avez rien hérité si ce n'est un fauteuil bien trop large pour vous. Vous vous êtes donc mis dans la peau du Big Brother de Orwell, celui qui décide de la réalité de l'histoire, sans en mesurer les conséquences, je vais y revenir. Car outre le fait de salir votre pays, vos paroles ont une portée nuisible sur le quotidien des Français.
Un peu plus tôt, pendant que vous étiez en train de visiter l'ile de Gorée avec votre air de chien battu et honteux, sans doute encore une hypocrisie, car qui a visité cette île et la fameuse maison des esclaves ne peut que se rendre compte que c'est une mystification, votre gouvernement confirmait des tractations avec ces associations qui nous ont fait tant de mal dans le cadre de réparations de l'Etat ou de certaines collectivités vis-à-vis des descendants d'esclaves. On reprenait donc là une disposition écartée par le législateur au moment du vote de la loi Taubira. Evidemment, je trouve cela absurde, comme la loi Taubira et ses raccourcis qui salissent la France et elle seule alors que bien des acteurs sont présents dans les traites (au pluriel) et l'esclavage, dont les Africains eux-mêmes ne furent pas les moindres.
Vos lois et vos repentances sélectives, vos oublis volontaires de la complexité d'une histoire que vous réécrivez de manière simpliste et univoque, votre manie qui accompagne ces défauts de diviser le monde entre des tortionnaires et des oppresseurs (forcément nous) et leurs victimes innocentes, vont dans le sens inverse de l'objectif que vous affichez de rassembler les Français. Vous ne faites qu'exacerber de vieilles tensions. Ceux qui vous applaudissent, vous trouve génial, ne sont pas plus que ceux qui vous en voudront pour ces dénigrements répétés de leur pays. Quant aux étrangers qui vivent sur notre sol, ou les Français, descendants de ceux qui furent ces fameuses victimes que vous décrivez, et que vos associations anti-patriotiques continuent à présenter comme des victimes, ils se trouveront confortés dans cette position qui est celle de pouvoir haïr en toute bonne conscience leur pays ou leur pays d'accueil. Le rite initiatique qui se développe dans certaines cités et qui consiste, pour accéder au respect de ses pairs, à se confronter avec "du flic" sera rendu d'autant plus légitime aux yeux de ceux qui le pratiquent que les leurs furent dans le passé les victimes de la seule police de la République. Et les noirs continueront à voir dans l'homme blanc l'oppresseur.
Vous êtes un homme dangereux, Monsieur le Président. Car vous mettez de l'huile sur le feu en légitimant à postériori certaines attitudes et en provoquant des réactions à ces attitudes. Hier c'était à Poitiers que s'exprimaient ces réactions. Les isoler d'un contexte de conflit larvé, mais à peine, à l'intérieur même de notre pays serait une absurdité que je pense que ferez vôtre.

Voilà, de manière très abrégée tout le mal que je pense de votre action à la tête de la France. Je pense que vous serez le Président le plus mal aimé de la République, et le plus mauvais, et que longtemps on se souviendra de vous en des termes peu élogieux, et que grâce à vous la droite va revenir au pouvoir dans 4 ans et demi au moins pour 20 ans. Il suffira de vous évoquer pour que la gauche perde tout crédit.

Une dernière chose, Monsieur le Président. Changez de tailleur ou cessez de vous habiller chez Tati.

Je vous adresse toutes mes salutations.

 

jeudi 18 octobre 2012

17 octobre : journée de honte (ou le nouveau conte national)


Je parle bien sûr du 17 octobre 2012, date à laquelle le président de la République française, s'exprimant au nom de cette dernière et sans doute de ses prédécesseurs dont de Gaulle, nous a narré l'extrait d'un conte national très en vogue actuellement et ayant remplacé le vieux et poussiéreux, et puis aussi moisi, roman national, cette chose qui comportait peut être des approximations historiques, mais qui eut au moins cet avantage de participer à une cohésion nationale désormais disparue en aidant les enfants à aimer leur pays, qu'il soit celui de leurs ancêtres ou celui que leurs parents avaient choisi pour échapper à quelque destin malheureux, avant qu'une partie d'entre eux trop faibles pour résister aux sirènes de ce qu'on appelle les idées progressistes ne se laissent happer par des idéologies antinationales. Pour remplacer ce roman national donc, fut créé un conte national qui dispose de deux particularités : la première est de d'instiller aux Français une haine de leur pays et à ceux qui ne le sont pas la même haine augmentée du sentiment d'être éternellement créanciers de ce pays qui fut si mauvais; la seconde est le simplisme du discours porté par ce roman, reproductible à l'envi au prix de quelques adaptations mineures. Un simplisme attirant évidemment les esprits faibles.

 
Je vous livre ici la trame de ce discours, en l'adaptant aux propos tenus hier par le chef de l'Etat.
Ça commence toujours par la même phrase :
Il était une fois un peuple de méchants (ça c'est nous) qui tout le temps n'ont fait que faire du mal à des gentils plus faibles qu'eux (ça c'est tous les autres, ceux qui veulent frapper à notre porte pour demander réparation).

Adapté au discours d'hier ça donne ça :
Il était une fois un peuple de gentils qui vivaient au-delà d'une mer au sud de notre pays de méchants.
Les gentils étaient vraiment très gentils, avaient toujours vécu en paix et n'aspiraient qu'au bonheur.
Un jour le roi des méchants, un certain Charles (cette histoire commence avec un Charles et finit avec un autre Charles), sous un prétexte évidemment fallacieux, décida d'envahir le pays des gentils. Plein d'autres histoires vous raconteront ce qui se passa ensuite et chacune d'elle vous révèlera à quel point les méchants étaient vraiment très méchants avec les gentils qui ont beaucoup souffert. Bien des décennies, et même davantage qu'un siècle, donc bien davantage que ne dut attendre la princesse pour être délivrée de son sommeil par le prince charmant, rendez-vous compte, les gentils toujours gentils demandèrent aux méchants qui n'avaient cessé de l'être de les laisser tranquille. S'en suivirent beaucoup de représailles injustes et cruelles que les gentils accueillirent en courbant l'échine.
Quelques dizaines de milliers de gentils résidaient au pays des méchants. Sans doute les y avait-on déporté afin qu'ils travaillent pour rien au profit des méchants. Ils disposaient tout de même d'une structure pilotée par les gentils destinée à leur venir en aide. Un truc qui se nommait FLN. Une sorte de syndicat, quoi! Un jour ce syndicat ou presque, suite à un couvre-feu décrété par un très très méchant et sans aucune raison, conseilla, juste conseilla, aux gentils de Paris et des alentours de manifester pacifiquement en allant voir le très très méchant préfet de police pour lui exprimer leurs doléances. Mais le très très méchant préfet de police pas très d'accord donna cet ordre à ces méchantes troupes fort nombreuses et surarmées : "tuez les tous!". Ce qu'ils firent ou tentèrent de faire sans aucune espèce d'état d'âme. Ils étaient méchants. Aussi les braves gentils qui avaient revêtu pour aller saluer le très très méchant préfet de police leur habit du dimanche se trouvèrent vite face à face avec un bande de brutes sanguinaires armées jusqu'aux dents et qui sans sommation aucune commencèrent un massacre systématique. Des centaines, et même peut-être davantage encore de gentils succombèrent.
Quelques mois plus tard on accorda aux gentils de pouvoir recommencer à vivre entre eux dans la joie et l'harmonie comme ils l'avaient toujours fait depuis des temps immémoriaux jusqu'à ce que le méchant Charles, roi des méchants les en sorte. Ça marcha bien, tellement bien. Leur vie devint si heureuse et prospère que beaucoup d'entre eux, et même davantage décidèrent d'émigrer vers le pays des méchants qui les avaient persécuté, eux ou leurs parents, juste dans le but de nous montrer, à nous les méchants, d'abord qu'ils n'étaient pas rancuniers et ensuite combien la gentillesse était source de bonheur, un bonheur évidemment qu'ils venaient partager avec nous. Ce qui énerve encore quelques méchants incapables de se résoudre à voir devant eux l'expression d'une telle félicité.

S'agissant d'ailleurs des méchants, le Charles, président des méchants, et qui avait accédé aux demandes des gentils ne s'attarda pas sur les massacres opérés sous son règne et en particulier celui de cette fameuse nuit d'automne que nous venons d'évoquer. Ses successeurs non plus. Pas même celui qu'on avait pris parfois pour un juste bien qu'il ait quand même pas mal de sang de gentils sur les mains et quelques une de leurs têtes à son actif. Puis vint notre lumière à tous, notre coryphée de la justice, et qui déclara sentencieusement et laconiquement : "la République reconnaît avec lucidité la sanglante répression qui, le 17 octobre 1961, à Paris, a coûté la vie à des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance."

 
Un peu court pour une bonne compréhension des événements et suffisant cependant pour que le conte évoqué ci-dessus soit finalement crédible. Une seule coupable : la République, une vision simpliste des choses : une sanglante répression d'abattant sur de paisibles manifestants dans leur droit.
Ah! Si les choses étaient aussi simples que ça, je n'aurais même pas prêté attention à cette déclaration. Peut-être même que je l'aurai approuvée et le serais étonné que les 6 prédécesseurs du président actuel ne l'aient pas faite et aient même traduit en justice les assassins, puisque présenté de la sorte ce ne pouvaient être que des assassins qui avaient commis ce massacre.
Mais les choses ne sont pas aussi simples que cela. Et cette déclaration est d'autant malvenue qu'elle occulte la complexité des choses. Ceux qui ne sont pas curieux, ceux qui connaissent mal l'histoire de leur pays, et ils sont nombreux les uns et les autres, se satisferont de cette version des faits induite par une déclaration lapidaire : des policiers assassinant des manifestants dans leur droit.

Je ne rappellerai pas le déroulement des événements, tout étant disponible au moins sur internet pour ceux qui voudraient s'en faire une idée. Je me contenterai de quelques points remettant en cause cette vision manichéenne d'un événement historique.
Tout d'abord le contexte. Nous sommes en guerre. Et un certain nombre de nos ennemis appartenant au FLN opèrent sur le territoire métropolitain et plus particulièrement à Paris. La communauté algérienne est sous l'emprise tyrannique du FLN qui massacre ses opposants, notamment ceux du MNA, impose l'impôt révolutionnaire, régule les modes de vie. Les récalcitrants sont assassinés. Donc personne parmi les Algériens en France n'a vraiment le choix. Et ce choix ne leur est pas donné non plus le 17 octobre 1961. Ils doivent manifester ou mourir. Le FLN mène aussi une guerre contre la France et plus particulièrement contre les forces de l'ordre. Malgré une trêve ordonnée par le GPRA afin de ne pas nuire aux négociations en cours qui se concluront quelques mois plus tard par les accords d'Evian, les attentats contre les policiers ont repris. Depuis le début de l'année, 22 policiers ont été assassinés et 76 blessés dans des attentats. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler ce contexte.
Les faits maintenant. Un couvre-feu, peut-être illégal, en tout cas certains parlementaires le contestent puisque les Algériens sont aussi des Français et sont donc atteints par une mesure discriminatoire, est établi pour protéger les policiers. Le FLN décide d'en profiter pour engager une épreuve de force envers le gouvernement et surtout envers le préfet de police Papon qui est sa bête noire, sans doute trop efficace. Et donc il mobilise de force les Algériens de la capitale et des alentours pour une grande manifestation tenue secrète jusqu'à son déclenchement. Le FLN est conscient que c'est une épreuve de force capitale et prend des risques calculés : soit les forces de l'ordre laissent faire la manifestation et le pouvoir est discrédité, soit elles réagissent et on sait qu'il y aura des victimes. Les forces de l'ordre ne l'apprendront que tardivement. Et se retrouveront confrontées à 5 cortèges destinés à converger vers la préfecture de police. Le renseignement tardif fait qu'il n'y aura que moins de 1700 policiers pour faire face à une foule de manifestant dont le nombre reste incertain mais oscille entre 20000 et 50000 selon les différentes estimations. Le sous-effectif des forces de l'ordre, la tension qui règne renforcée par des rumeurs faisant état de morts parmi les forces de l'ordre dès le début de la manifestation, des coups de feu tirés par on ne sait qui, peut-être par le FLN voulant faire monter la pression, tous les ingrédients sont réunis pour que les choses se passent mal. Et elles se passent mal. Et il y a des morts.
Sur le nombre de victimes, là encore le chiffre est très incertain. On ne retiendra pas le chiffre officiel de 3. Mais les historiens qui se sont penchés sur la question ne sont jamais parvenus à se mettre d'accord et on oscille donc entre le chiffre d'une trentaine et celui de 300. Ce qu'on sait c'est qu'entre le 17 et le 21 octobre seulement 7 morts Nord-Africains imputables à la police furent transférés à l'institut médico-légal. Juste pour mémoire, entre le 1er et le 3 octobre, donc deux semaines plus tôt, c'étaient 22 Nord-Africains qui étaient transférés à l'institut médico-légal dans le cadre des règlements de compte entre le FLN et le MNA.

 
Evidemment il ne s'agit pas de nier ces morts. Il ne s'agit pas de dire que ce n'est pas la police française qui les a tués. Personne n'a jamais d'ailleurs dit que le 17 octobre 1961 il ne s'était rien passé. Personne n'a jamais remis en cause le fait que des manifestants désarmés soient morts ce jour là. Mais après ce qui vient d'être dit, peut-on raisonnablement, objectivement en attribuer la seule responsabilité aux forces de l'ordre et par-delà à la République? Je ne le crois pas. Peut-on affirmer que c'est délibérément et de façon préméditée que les policiers ont tués quelques dizaines de manifestants? Je ne le crois pas non plus.
Les responsabilités du FLN sont évidentes dans cette affaire. Il savait les risques qu'il faisait prendre à des manifestants désarmés et auxquels il n'a pas donné le choix de participer ou non. La manifestation était hors la loi. Elle n'avait pas donné lieu à une demande d'autorisation et se situait dans le cadre d'un couvre-feu dont seules les autorités compétentes pouvaient juger de l'illégalité. Dans le contexte de meurtres de policiers le caractère pacifique de la manifestation n'avait rien d'évident notamment aux yeux des forces de l'ordre en faible nombre. Quant au caractère sanglant de la répression dans la mesure où le nombre de morts reste indéterminé, il n'est pas avéré non plus.
Or, ceci Hollande l'a totalement et délibérément ignoré dans sa déclaration préférant salir la France plutôt que de nuancer ses responsabilités et la réalité de l'événement. Il est entré dans la logique du nouveau conte national, de nature antifrançaise, et s'en est fait le promoteur.
En ce sens son discours porte la marque de la honte et de l'infamie. Que partagent tous ceux qui aujourd'hui s'esbaudissent devant cette déclaration, sans doute une nouvelle fois heureux de voir piétiner leur nation.
C'est également un discours particulièrement aberrant pour quelqu'un qui voulait restaurer la cohésion nationale. Salir son pays alors qu'on en est le chef, heureusement très provisoire, n'est sans doute pas du meilleur goût pour réaliser un tel objectif.

La tournée des popotes version 2012

samedi 13 octobre 2012

Et encore une louche de repentance!


Je ne sais pas si c'est la présence de Taubira dans ce gouvernement ou un acharnement des socialistes à dénigrer la France en même temps que de s'assurer de la mise en place des outils qui précipiteront son déclin, mais une fois de plus on peut constater que tout est bon pour réduire notre pays à cette image de puissance maléfique, heureusement en déclin.

Si on avait pu constater une mise en parenthèse de cette dynamique de la repentance qui nous ronge depuis quelques dizaines d'années pendant la présidence de Sarkozy, il devient certain qu'avec la nouvelle fine équipe arrivée au pouvoir grâce au rejet de la précédente et principalement de son chef, et à toute une série de mensonges dont on ne peut que constater aujourd'hui l'évidence, à l'image de ce traité défendu à l'Assemblée par ceux qui en avaient dénoncé le caractère inacceptable et juré qu'ils allaient le renégocier, donc il parait évident que l'équipage constitué par nos deux chevaux de course dans un état déjà aussi pitoyable que s'ils venaient de traverser un champ de mines, dans le cadre de ces différentes mesures sociétales qu'ils nous concoctent et destinées à affaiblir encore davantage une cohésion et un sentiment nationaux déjà bien mal en point, va se faire le chantre de ce sport qu'affectionnent les ennemis intimes de leur propre pays et qu'est la dénonciation des crimes commis par la France à travers les siècles.

De l'histoire de France, de celle qu'on enseignera aux enfants de ce pays, il ne restera bientôt que cela. Si Louis le Quatorzième et Napoléon sortent des enseignements de l'histoire au collège, nul doute qu'on leur laissera une place de choix dans le grand chapitre consacré à l'esclavage, l'un pour le fameux code noir, l'autre pour le rétablissement de l'esclavage. Ainsi les enfants devenus adultes seront-ils préparés, quand les dernières résistances auront été vaincues, et on s'y emploie, par la loi, par la pression médiatique, à accepter d'être les descendants des pires ordures que la terre ait portées et le fait que, eux, rédemptés par les soins de l'idéologie, soft mais efficace, de la dissolution de la nation, ne seront plus bientôt chez eux que des invités.

Car cette entreprise de repentance est davantage qu'une entreprise de démolition habilement camouflée sous des vagues oripeaux humanistes. C'est aussi une préparation à un avenir où les hiérarchies fondés sur des différences de puissances de tous ordres, politiques, économiques, militaires, philosophiques, scientifiques, devront s'effacer au profit au mieux, d'une monde sans aspérités, au pire d'une inversion de ces hiérarchies. Les agitations qui secouent le monde actuellement indiquent que c'est sans doute vers le pire que nous nous dirigeons et auquel on ne veut surtout pas résister, sauf quand sa forme devient trop excessive. On fait la chasse aux salafistes aux intentions criminelles mais on tolère que les cantines scolaires se hallalisent, parce que c'est plus facile, parce que c'est économique et parce qu'il est normal de se soumettre aux exigences minoritaires. Pensez-donc, on leur en a fait tellement voir dans le passé! En fait tant qu'on reste dans le soft, tout est acceptable, sûrement.
Le temps, la démographie, les éloges multiples de la diversité devenue condition indispensable à la réalisation d'un avenir radieux, et la culpabilisation incessante des majoritaires, des blancs dits de souche, pour être clair, feront leur œuvre. Les actes terroristes d'ailleurs sont des freins à cette réalisation car il se pourrait que quelques uns sortent de leur léthargie et commencent à réfléchir sur la réalité de ce vivre ensemble, ce mot tarte à la crème d'autant plus employé que les gens, davantage en fonction de leurs appartenances ethniques et/ou religieuses que sociales se séparent ou en expriment le désir. Désir de ne plus vivre avec ceux qui ne veulent plus nous ressembler, ne souhaitent pas s'assimiler, et on ne leur demande d'ailleurs plus depuis longtemps, désir de vivre son identité collective hors et même loin de chez soi en sans craindre d'en imposer les inconvénients aux autres priés, c'est une litote, de se taire ou de dégager si ça ne leur convient pas, voilà ce qu'est le vivre ensemble aujourd'hui. Nous vivrons certes tous ensemble sur un même grand territoire mais surtout dans des territoires séparés autour desquels s'hérissent de plus en plus des frontières infranchissables ou marquant un danger pour ceux qui les franchissent.
Mais rassurez-vous! Nous sommes actuellement dans une phase transitoire qui finira bien par s'achever. Par un retournement des hiérarchies anciennes et évidemment détestables, selon la bienpensance. Car de ce combat feutré, mais à peine finalement, qui se déroule chez nous même, on peut déjà deviner les vainqueurs. Ils gagnent chaque jour un peu de terrain, de manière larvée. Pour vous en convaincre souvenez-vous comment se passait l'accueil des petits musulmans dans les cantines scolaires encore dans les années 70 qui ne demandaient qu'à ne pas manger de porc, qu'on remplaçait sans difficulté souvent pas un steak. Donc les uns avancent pendant que les autres reculent. L'issue, à moins d'un sursaut est donc très prévisible.

Et voilà donc qu'au milieu de ce lent processus me parvient une information lourde de sens qui ne fait que confirmer mes hypothèses. Figurez-vous qu'à Matignon, on réfléchit. Rassurez-vous, pas aux moyens d'endiguer la crise, pas aux moyens d'endiguer le chômage, tout ça doit bien être secondaire. Non, à part au mariage homosexuel et à l'homoparentalité, à part au vote des étrangers qui lui rentre bien dans le processus de défrancisation du pays, on réfléchit aussi aux moyens de réparer les conséquences de l'esclavage. Dès le 29 mai, avant même les législatives et alors que la colle des tapisseries changées dans les ministères n'avait pas encore terminé de sécher, tout ça pour vous dire l'urgence, des associations étaient reçues à Matignon pour évoquer ce problème des réparations. Et puisque ce problème semble bien réel, un nouveau rendez-vous était organisé à Matignon très récemment pour réfléchir sur ce sujet crucial, vous en conviendrez.
Peu avant cette dernière réunion un appel était publié dans le Monde pour exiger ces réparations. Parmi les signataires vous trouverez sans aucun souci tout ce que la France peut compter d'ennemis de la nation, entre autres des syndicalistes, des écologistes, des communistes, des philosophes, des sociologues, des membres d'associations, et aussi en tant que personne morale, des partis politiques, le PCF et les écolos, des syndicats, la CGT, SUD et le syndicat de la magistrature évidemment, et diverses associations à caractère souvent communautaire dont le CRAN. Le pivot de l'argumentation développée est une loi Taubira qui demeure insuffisante parce que tronquée dès l'origine, maudits soient les parlementaires, d'un alinéa prévoyant des réparations et que je vous cite : "Il est instauré un comité de personnalités qualifiées chargées de déterminer le préjudice subi et d'examiner les conditions de réparation due au titre de ce crime. Les compétences et les missions de ce comité seront fixées par décret en conseil d'état." Désormais que Taubira est ministre de la justice on peut donc espérer que le "membre" amputé rejoigne son corps pour que justice soit faite.

Mais avant même qu'un nouveau texte de loi ne voie le jour, on constate donc que Matignon, hyper réactif, comme à son habitude, s'est jeté sur le sujet prévoyant avant le 8 novembre une réunion interministérielle pour plancher sur la chose. Car évidemment, la loi de 2001 amputée, les musées, monuments divers, la reconnaissance par 'Etat d'un crime contre l'humanité, ça ne suffit pas. Il faut réparer et autrement que symboliquement. Car des gens, des villes, le pays se sont enrichis sur le dos de la traite et même si ça commence à faire loin dans le temps il faut réparer. Certes, ceux qui ont participé et se sont enrichis on ne pourra plus leur faire grand mal, mais restent les villes et l'Etat. Le collectif pense d'ailleurs très sérieusement à faire contribuer tous ceux-là. Sous quelle forme on ne sait pas trop, c'est donc pourquoi il faut réfléchir. En fait quand on lit leur texte et surtout la conclusion, c'est une question de principe. Et je les comprends. Car ce n'est pas tant les effets directs de réparations (à qui et à quoi d'ailleurs?) qui les intéressent ces gens-là, c'est une fois de plus d'humilier leur pays, de le voir se trainer plus de 10 ans après cette fameuse loi mémorielle encore une fois à genoux.
Pourtant en termes de réparations les descendants des esclaves, des nôtres du moins, n'auront pas trop eu à se plaindre. Ils auront pu accéder aux mêmes droits que leurs anciens maitres en recevant leur nationalité, ils auront bénéficié sur les territoires devenus départements de subventions, d'aides fiscales, enfin d'un flux d'argent donc aucune collectivité locale métropolitaine n'oserait rêver, et, cerise sur le gâteau, on a même donné un maroquin, et pas un des moindres, à Taubira. En termes de réparations, ça ne me parait déjà pas mal d'autant plus que ça n'a pas l'air de vouloir vraiment s'arrêter malgré la crise.

Et au-delà de cela, pourquoi la France devrait-elle porter sur ses épaules seule et éternellement ce fardeau de la faute de l'esclavage? Il y a bien eu d'autres esclavages. Il y a bien eu aussi une traite musulmane bien longue dans le temps que la traite atlantique, et une traite intra-africaine. D'ailleurs sans l'aide des Africains la traite des noirs n'aurait sans doute pas pu voir le jour ou être aussi prospère. Et puis il n'y avait pas que la France qui était concernée en Europe. Et puis encore, il serait peut-être plus utile que tous ces penseurs, certes pas Thibaut ou Mamère, signataires de l'appel, se penchent sur un problème sans doute plus urgent : celui de l'esclavage qui existe encore de nos jours, notamment en Afrique.
Mais évidemment tout cela ne cadre pas avec leur objectif qui reste celui de salir leur pays, de l'affaiblir jusqu'à ce qu'il disparaisse. Peut-être gardera-t-on quand même le nom? Comme un trophée accroché au mur de la dissolution nationale.

jeudi 4 octobre 2012

A quoi sert le référendum? (2)


Le précédent billet a tenté de montrer, d'une part, que le referendum, bien que prévu dans notre Constitution qui lui consacre deux articles, s'il n'a pas fait peur à de Gaulle qui l'a mis en œuvre quatre fois en moins de 10 ans, n'a pas connu beaucoup de faveur chez ses successeurs. Pompidou l'a utilisé une fois pour poser une question que les autres n'ont plus jamais osé poser ensuite (s'agissant de l'élargissement de l'Europe), Giscard ne l'a pas utilisé, Mitterrand l'a utilisé deux fois (une fois pour le statut de la Nouvelle-Calédonie et une fois pour la ratification de Maastricht), Chirac deux fois (pour la mise en place du quinquennat, pour la ratification du traité constitutionnel européen), et Sarkozy s'en est abstenu.

Pourtant, en cherchant bien on pourrait trouver quelques thèmes, notamment sociétaux sur lesquels les Français auraient sans doute voulu s'exprimer.
La peine de mort par exemple. Cet exemple n'est pas anodin car on peut supposer, mais doit-on croire les sondages?, qu'un referendum sur la question de sa suppression aurait constitué un échec pour Mitterrand. Gardons cet exemple en mémoire car il nous resservira plus loin quand il s'agira de définir l'utilité et les risques du referendum.
Mais on aurait pu considérer aussi que l'IVG pourrait être soumise à l'approbation du peuple, comme l'avancée de la majorité à 18 ans, ou encore la décentralisation (de Gaulle était bien tombé sur la question de la régionalisation), ou bien encore les conditions d'accès à la nationalité française. Chacun pourra trouver d'autres sujets de fonds, soit modifiant l'organisation politique du pays, soit réformant avec plus ou moins d'importance la société.
Car les sujets pouvant être soumis au peuple doivent évidemment être choisis avec circonspection. Il paraitrait, en effet, malvenu d'organiser un referendum sur le temps de travail hebdomadaire ou l'âge de la retraite. Les aspirations des uns et des autres ne pourraient évidemment pas s'accommoder d'autres réalités les rendant impossibles. Ce qui n'est pas le cas s'agissant des sujets évoqués plus haut.
Ce qui signifie que le referendum peut être pensé comme une forme de démocratie directe mais limitée. Limitée dans sa portée démocratique évidemment puisqu'il ne peut concerner tous les sujets même importants, mais aussi limitée au niveau du cadre de son utilisation qui doit d'une part être assez général, c'est-à-dire ne dépendant pas de paramètres aussi multiples que variables dans le temps, et avoir un impact fort sur la vie sociale, politique et éventuellement économique (les politiques de nationalisation ou dénationalisation par exemple).

 
Le referendum est envisagé dans deux articles de la Constitution, l'article 11 dont voici un extrait :
Le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel, peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la Nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions.
Un référendum portant sur un objet mentionné au premier alinéa peut être organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales.
…"

Et l'article 86 sont voici également un extrait :
"L'initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République sur proposition du Premier ministre et aux membres du Parlement.
Le projet ou la proposition de révision doit être examiné…et voté par les deux assemblées en termes identiques.
Toutefois [souligné par moi], le projet de révision n'est pas présenté au référendum lorsque le Président de la République décide de le soumettre au Parlement convoqué en Congrès ; dans ce cas, le projet de révision n'est approuvé que s'il réunit la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés.
…"

L'article 11 est assez général pour que beaucoup de choses puissent être soumises à referendum. Il est à noter que son champ a été élargi une première fois en 1995 car précédemment les champs économiques et sociaux étaient exclus de l'article. Un second élargissement a été opéré en 2008 avec l'élargissement au champ environnemental et, sans doute plus important avec la possibilité d'une initiative parlementaire pour organiser un referendum. On a pu observer que toutes les personnes concernées se sont ruées sur ces différents élargissements!
Les possibilités offertes par cet article permettraient sans aucun problème de soumettre à referendum au moins 2 des 3 sujets évoqués dans le billet précédent, le traité budgétaire européen (dès lors que le conseil constitutionnel à jugé qu'il n'induisait pas de modification constitutionnelle), ainsi que le mariage homosexuel et l'homoparentalité.

Le vote des étrangers dès lors qu'il oblige à une reforme constitutionnelle implique la mise en œuvre de l'article 86. Toutefois le précédent de 1962 avec l'organisation d'un referendum au titre de l'article 11 pour soumettre au peuple l'élection du Président de la République au suffrage universel laisse ouverte une porte à l'utilisation de ce même article, même si c'est effectivement discutable et encore discuté quand il s'agit du précédent qui vient d'être cité. En 1962 le Sénat s'opposait au changement du mode de désignation du Président et donc de Gaulle a utilisé l'article 11 sous le motif que ça touchait à l'organisation des pouvoirs publics. Il court-circuitait ainsi le Sénat d'une façon qui reste donc discutée par le biais d'un appel direct au peuple, ce qui renforçait le caractère bonapartiste du régime. Puisque la question de la légalité constitutionnelle de ce procédé n'est pas encore tranchée (si ce n'est par le peuple qui vota massivement OUI), laissons à l'article 86 le soin de traiter la question du vote des étrangers.
Mais de quelle façon? Car outre le referendum il existe la procédure du Congrès qui semble très largement privilégiée par les différents présidents. Une seule fois le referendum (à l'exclusion de l'utilisation de l'article 11 pour l'élection du Président) a été utilisé (pour le passage du septennat au quinquennat) alors qu'il y a eu environ une vingtaine de révisions constitutionnelles depuis 1958.
Certes la possibilité du Congrès existe mais, d'après d'anciennes lectures il me semble que cette possibilité était considérée comme marginale, ce que semble expliciter le toutefois souligné par moi. Il semblerait que cette possibilité ait été envisagée pour éviter des consultations sur des sujets touchant davantage la forme que le fond. Ainsi la modification de la durée des sessions parlementaires a été réglée de cette façon sous de Gaulle. Et on comprend aisément pourquoi. Pourtant c'est devenu quasiment la règle alors que des sujets comme l'introduction du principe de précaution dans la Constitution auraient sans doute mérité mieux qu'un vote en catimini à Versailles.

 
Bref, malgré le constat de nombreuses opportunités d'utiliser le referendum, on se rend compte que cet outil est évité avec soin par nos dirigeants au rang desquels on classera les parlementaires.
J'ai parlé plus haut de sujets qu'il valait mieux éviter du fait de leur caractère technique, conjoncturel et même réversible (d'une façon assez simple) dès lors qu'il s'agit de simples lois. Mais les sujets d'ordre sociétal par exemple sur lesquels il est extrêmement difficile de revenir (peut-on revenir sur l'IVG? Pourra-t-on revenir sur l'homoparentalité?), à mon avis, ne devraient pas être laissés entre les mains d'une majorité politique forcément de circonstance. C'est pourtant devenu une règle. Pourquoi?

C'est une question à laquelle je n'aurai pas la prétention de répondre, même si j'ai quelques idées sur le sujet.
L'exemple de l'abolition de la peine de mort à laquelle en 1981 les Français semblaient être opposés majoritairement semble indiquer que certains hommes politiques ne croient pas dans les vertus de la souveraineté du peuple qu'il faut parfois violer (la souveraineté, bien sûr) pour imposer des règles assimilées à des valeurs éthiques. Ça rejoint des idées qui étaient celles de Lénine par exemple. Le peuple doit être guidé, forcé au besoin. On comprend tout de suite les dangers de cette conception de la vie politique qui semble être assez partagée par ceux qui ont fait profession de la chose et qui étendent le domaine éthique aux autres domaines.
En somme le peuple devrait se limiter à exercer sa souveraineté à quelques moments de la vie politique, donc les élections dont en même temps tout le monde sait qu'elles sont précédées de campagnes particulièrement mensongères. La démocratie repose donc sur l'élection par le peuple de "menteurs professionnels" qui ensuite s'autoriseraient à décider ce qui est bien pour ce peuple. Cette idée, qui n'est évidemment qu'une exagération de ma part, comme elle gagne du terrain explique sans doute certains comportements civiques, notamment une abstention galopante.
Et puis il y a cette impression qui n'en est sans doute pas une que désormais la France serait constituée de savants et d'ignorants. En fait d'un côté on aurait les experts, les "ogues" et les "istes", ceux du moins officiellement estampillés comme tels, principalement par les médias qui font évidemment leur choix, écartant ceux peut-être dont les idées ne sont pas dans l'air du temps (mais en prenant soin d'en garder quand même quelques-uns au nom d'un faux pluralisme de la pensée) ou ceux peut-être pas assez télégéniques. C'est à eux que les politiques ayant évidemment une vision des choses globale s'adresseraient afin de ne pas faire d'erreur. Et puis d'un autre côté, on aurait cette masse de gens pas assez éclairés pour participer à la vie politique sauf en ces quelques démonstrations démocratiques que sont les élections dont j'ai déjà parlé. Le problème désormais, avec internet, les réseaux sociaux et tous ces trucs qui ne nous lâchent plus, c'est que chacun, à condition de le vouloir, peut s'informer ou sinon est soumis à tous une palette d'avis parmi lesquels il pourra choisir ceux qui l'arrangent en fonction de sa situation propre. En fait beaucoup de gens se croient éclairés et évidemment supporteront de moins en moins une situation issue d'un processus décisionnel dont ils sont exclus, et qu'on leur demande pourtant de prolonger par le biais des élections. Il y a de fait un gros malentendu, voire une arnaque qui tourne de plus en plus mal. Alors que les politiques secondés (?) par les experts attitrés devraient éclairer le peuple, ils se gardent bien de le faire tout en lui faisant croire le contraire et sans lui donner ce qui devrait aller avec la connaissance qui en découle, à savoir le droit de décider (supposément en toute connaissance de cause) des éléments déterminants de la vie collective. Et la quasi absence de recours au referendum me semble bien illustrer ce phénomène d'arnaque.

 
Alors à quoi sert le referendum? S'il n'est pas utilisé, pas à grand-chose. Quand il sera utilisé, à des fins politiciennes. Car après le choc de 2005 dont les politiques, de tout bord ou presque, mais ceux qui nous gouvernent actuellement étaient d'accord, à quelques exceptions près, se sont vite remis avec le traité de Lisbonne adopté par voie législative cette fois-ci, on se méfiera d'autant plus de cette chose destinée à laisser s'exprimer le peuple et on ne le sortira que quand on sera vraiment sûr, mais alors là vraiment, d'obtenir la réponse qu'on veut, juste histoire de renforcer ses positions.

A quoi pourrait-il servir? A associer le peuple aux décisions qui le concernent au premier degré. Le vote des étrangers, ça concerne la citoyenneté de tous, pas de quelques politiciens socialistes en mal d'électeurs dans leur ville. La réforme du mariage et les nouvelles formes de parentalité qui l'accompagneront, ça concerne tout le monde aussi, les pères et les mères qui n'ont peut-être pas envie de devenir administrativement le parent 1 ou le parent 2, mais préfèrent rester père et mère. Bien sûr pour cela, pour mettre le peuple devant les choix qui le concerne lui, et personne d'autre, encore faut-il élever de débat, déjà commencer par le permettre, convaincre, argumenter, bref, faire un vrai travail de politique. Pas forcément facile pour tout le monde. Et puis il faut aussi accepter les défaites. Nul n'oblige à démissionner dès lors qu'on n'a "pas remis son titre en jeu" en cas de défaite. On ne demande pas à tout le monde d'être de Gaulle. On peut même être élu en en étant très loin, vraiment très loin.