"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 31 octobre 2012

Routines


Je dois être un peu comme ces journalistes qui s'ennuient depuis le départ de Nicolas Sarkozy. Du moins c'est ce que j'avais entendu de la part d'un correspondant américain en France chargé de suivre plus particulièrement l'actualité de l'Elysée. Mais le fait que depuis quelque temps les médias se mettent à conjecturer sur le retour de celui qu'ils aimaient à étriller n'est sans doute pas neutre. D'ailleurs il est fort possible que les ventes s'en ressentent et amènent certains directeurs de publication à demander subsides et protectionnisme pour la profession. Les agriculteurs vivent bien souvent de compensations et sont même parfois subventionnés pour ne pas produire. Pourquoi ne pas étendre ces avantages aux journalistes qui n'ont rien à se mettre sous la dent sauf les misérables petites histoires de jalousie de celle qui avait émis un jour l'hypothèse qu'on la nommât "première journaliste de France". Faut dire que vu le niveau, après tout elle pourrait presque y prétendre. Enfin les journalistes en sont réduits, malgré leurs confortables niches fiscales, qu'on n'a surtout pas touchées, à tendre leur sébile pour continuer à exister.
Au passage, vous remarquerez qu'en France, il vaut mieux investir dans quelques œuvres d'art qui pourront aller prendre la poussière au fond d'un coffre en attendant une revente à la plus-value juteuse, que d'investir dans l'économie productive, et que pour bénéficier de mesures protectionnistes et de subventions, il vaut mieux être journaliste qu'ouvrier. Priorité à l'électorat! Surtout pas au pays.

J'en reviens donc à notre presse qui doit être un peu comme moi et avoir du mal à avoir quelque chose de tangible à se mettre sous la dent. Vous me direz que chaque jour, avec ce gouvernement, il se passe quelque chose, mais le problème c'est que c'est toujours à peu près la même chose, un joli raté, et que ce sont davantage les humoristes qui peuvent s'emparer de ces sujets dont on commence quand même à se lasser.
Faute de mieux parlons de ces choses qui deviennent nocives pour le moral, même des opposants, surtout s'ils aiment leur pays. Les gens de gauche, eux, sont sincèrement à plaindre, et les quelques soutiens exprimés avec force sur certains blogs en particulier commencent à avoir un certain goût d'insincérité. Si ce n'est pas le cas, inquiétons-nous pour la santé de ceux qui osent encore tenir des propos dithyrambiques quand ils évoquent le pouvoir socialiste dont les sondages montrent au fil des semaines qu'il n'est plus guère soutenu que par ceux qui craignent vraisemblablement les effets d'une dissonance cognitive. 36% d'avis positifs pour le président, je n'ose même plus la majuscule, et 34% pour le premier ministre, selon un récent sondage publié dans le Figaro. Après même pas 6 mois, c'est du jamais vu sous la 5ème République au point qu'on se demande quand sera prononcée la dissolution de l'Assemblée nationale, mauvais coup pour la droite, mais qui seule pourrait permettre à Hollande de tirer son épingle du jeu, les cohabitations profitant toujours au président en place. En plus il pourrait justifier son inaction et se concentrer sur la critique du gouvernement, chose à laquelle il est particulièrement entrainé.

Même la majorité électorale qui avait porté notre gentil pépère au pouvoir est en train de s'effriter dans les assemblées. On a vu à l'Assemblé Nationale une vingtaine de députés socialistes, quelques verts et le front de gauche voter contre le traité budgétaire européen. Par chance la droite, aurait-elle pu faire autrement dès lors que c'est le traité négocié par Sarkozy qui était soumis au vote, était là pour éviter le ridicule au gouvernement et surtout au chef de l'exécutif élu quand même aussi parce qu'il avait promis de renégocier ce traité.
Mais au Sénat, les choses sont moins roses pour le gouvernement si j'ose dire. On y rencontre désormais des alliances contre nature entre les communistes et la droite. Aussi la pauvre Batho dont on se demandait si elle existait encore, vu son mutisme depuis des semaines, mutisme qui ,au passage, vaut mieux quand même que les absurdités sorties par sa copine Najat, aussi la pauvre Delphine Batho s'est-elle fait retoquer sa loi sur les bonus-malus sur les factures d'électricité grâce au groupe communiste. Dans un sens on les comprend, puisque ces salauds de pauvres allaient encore une fois trinquer grâce à un malus auquel ils auraient du mal à échapper puisque ce sont eux qui vivent le plus souvent dans des logements mal isolés. D'ailleurs je pense de plus en plus qu'on n'aime pas trop les pauvres chez les socialistes. Pour preuve cette décision de Delanoë d'interdire l'accès à Paris des véhicules de plus de 17 ans. Sans doute une mesure pour pénaliser les riches qui roulent en voitures de collection.
La commission des finances du Sénat a également rejeté, grâce à l'apport des voix communistes le projet de loi de programmation budgétaire, en cohérence avec le refus des élus du front de gauche de voter le pacte budgétaire européen.
Bref la gauche est majoritaire au Sénat, mais le gouvernement n'y dispose plus d'une majorité. Certes, le processus de vote des lois donnant à l'Assemblée le dernier mot en cas de désaccord, ça ne changera pas grand-chose, sinon retarder l'adoption des deux lois. Mais ça en dit long sur le réel soutien dont dispose ce gouvernement. Qui pourtant en aurait besoin au moment où tout est sombre pour lui.

Il faut dire qu'il fait tout pour ça. A peine sorti d'un congrès où il avait pu se sentir soutenu par les socialistes, notre brillant premier ministre s'en va remettre en cause dans une interview le dogme des 35 heures. Corrigé par son ministre du travail, Sapin, il revient en arrière. Mais quand même ça ne fait quand même pas très sérieux, surtout quand on se fait reprendre par un de ses ministres. Ayraut tiendra-t-il aussi longtemps que Cresson? 11 mois. Pas sûr. Il jouera certainement les fusibles masquant, du moins tentant de masquer les grandes faiblesses structurelles d'un président aux abonnés absents.
Tiens puisqu'on parle de lui, il parait qu'il a pris le thé (c'est juste une expression mais dont la signification n'est sans doute pas loin de la vérité) avec le patron de Google qui devrait, selon le Canard enchainé au moins un milliard d'impôts de retard à la France. Le sujet n'a pas été abordé. On a parlé des mérites du thé de Ceylan comparé à celui de je ne sais quelle région de Chine. De toute façon le patron de Google, il s'en fout. Si on veut l'obliger à subventionner la presse française, il la déréférencera. C'est lui le boss, pas Hollande. Mondialisation oblige. Il ne reste plus qu'à espérer que les petits gâteaux qui accompagnaient le thé n'étaient pas trop secs.

Routine.

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