"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 29 février 2012

Riches, il faut quitter la France



Eh oui ça devient une évidence. Non pas à cause d'une éventuelle taxation à 75% au-delà du million d'euros annuel de revenus, mais à cause de l'esprit dans lequel ces déclarations sont faites.
Tandis que le FN s'est pris comme bouc émissaire l'immigré musulman, le PS s'est choisi, en puisant dans son vieux fond marxiste, le riche. Certes il y a des questions réelles à se poser quant à l'immigré musulman ou quant au riche, mais quand ça tourne à la haine systématique il convient de se méfier.
 
N'étant ni immigré (mais émigré), ni musulman, ni riche, ça ne devrait pas me toucher. Reste que le discours général me parait assez nauséabond pour être inquiétant. Ce sont en fait certaines chasses qui viennent d'être ouvertes à l'occasion de cette campagne présidentielle qui fautes d'idées, de programmes, de projets, de solutions s'en remet aux symboles qui font vibrer les foules.
Ainsi François Hollande, invité dernièrement sur TF1, après avoir pris son air indigné pour dénoncer les hauts revenus, s'est composé le regard sévère qu'il est capable de se composer, celui qui fait peur (ouuuuh!) pour annoncer une mesure, à priori en pleine improvisation puisque même le responsable de la fiscalité au niveau de son programme n'était pas au courant, destinée à montrer que c'en était fini. Ces salauds de riches allaient maintenant payer. C'est d'ailleurs ce qu'ont compris les jeunes socialistes, relève à la fois brillante et bien formatée déjà, si j'en crois ce que j'ai pu lire dans un article d'un journal de gauche : "Les riches vont en baver, il faut fêter ça !". A moins que ce ne fût qu'un prétexte pour se prendre une bibine de plus alors que la dose raisonnable d'alcool ingurgité était déjà dépassée depuis un certain temps.
 
Mais en réalité ces jeunes ont bien capté le message. Car c'est bien celui que tente de faire passer le parti socialiste depuis un certain temps (je ne parlerai même pas de ce qui se situe encore plus à gauche). Ce message est qu'il serait scandaleux, surtout en période de crise, pensez donc, au moment où plein de Français vivent dans la précarité, crèvent la dalle, ont un avenir complètement bouché, donc qu'il serait scandaleux d'être riche et encore davantage de s'enrichir. Question de morale. Car dans les faits même si on prenait aux riches tout ce qu'ils avaient ça ne changerait pas grand-chose à la situation des pauvres. Parce qu'il n'y a pas de vase communicant entre richesse des uns et pauvreté des autres. Certains, de dangereux réacs sans doute, osent même penser que sans les riches ce serait encore pire pour les pauvres. En fait vous avez bien compris, il n'y a absolument rien de rationnel dans ce type de message. Pourtant qu'est ce que ça plait! Moi je pense qu'en cas de victoire de la gauche aux présidentielles, pour faire bonne mesure, on devrait pendre un ou deux de ces riches, place de la Bastille bien entendu. Au moins le ton serait clairement donné.
Car c'est un véritable discours de haine qui leur est adressé. Comme s'il était honteux d'être riche, sauf les chanteurs comme Noah ou les footballeurs bien évidemment pour lesquels on ne devrait pas tarder à générer quelques dérogations assez inutiles d'ailleurs car ils ne sont déjà plus là. Le riche est l'ennemi. C'est celui qui bâtit sur le dos des autres, des pauvres bien entendu. C'est celui qui s'en met plein la panse pendant que les autres se serrent la ceinture. C'est celui qui est de trop dans notre société, celui sans lequel tout irait tellement mieux. Comment ça? Il paie déjà beaucoup d'impôts? Mais ce n'est pas assez, ça ne sera jamais assez! Donc taxons-le. Tranche à 75%, ISF, taxe (provisoire) sur les hauts revenus…! Et si après ça il en reste encore, nous aviserons.
 
Non pas que je sois contre le fait que les riches paient des impôts, et davantage que les autres en proportion, mais c'est le ton qui est déplaisant. Un ton qui est tout de même assez étranger à cette volonté affichée de rassembler les Français. Un ton qui mérite d'être autant critiqué que celui dénoncé par la gauche quand certains parlent des immigrés. C'est la même chose. Le riche n'est pas un être inférieur à l'immigré et on lui doit autant de respect. D'autant plus qu'il peut même lui arriver d'être pourvoyeur d'emplois, directement ou indirectement, d'autant plus que même sans les taxations supplémentaires qu'on lui promet, il contribue à lui seul davantage que tous les autres aux recettes engrangées par l'Etat au titre de l'impôt dur les revenus.
Cette attitude des socialistes est d'autant plus paradoxale que, pour reprendre Bossuet, ils font partie des gens qui maudissent les conséquences des causes qu'ils chérissent. Car qui, sinon les socialistes quand ils étaient au pouvoir, a favorisé, voir initié, n'est-ce pas Monsieur Delors, les mécanismes permettant aux plus riches de s'enrichir davantage? Qui, sinon les socialistes, a adhéré avec fougue à cette Europe de la libre circulation des marchandises, de l'argent, des hommes? Qui, sinon les socialistes a porté sur les fonts baptismaux ce fameux traité de Maastricht incluant la monnaie unique qui nous fait tant de mal aujourd'hui? En ce sens Hollande est bien plus crédible quand il rassure la City par l'intermédiaire du Guardian que quand il déclare la guerre à la finance. Mais malgré ça, malgré les faits, le discours de haine vis-à-vis des riches est bien présent. Peut-être une manière de se donner bonne conscience. Même pas! Juste pour flatter les bas instincts d'une partie de la population, pour légitimer l'agressivité de celle-ci vis-à-vis d'une autre, moins nombreuse évidemment. Si cela vous rappelle certains épisodes passés de notre histoire, il n'y aura rien d'étonnant.
Donc Mesdames et (ex-demoiselles) et Messieurs les riches, fuyez la France car vous commencez à y être en danger.
Ceci pourra vous servir en plus d'excellent prétexte pour quitter le pays d'Europe qui mettra le plus d'acharnement à vous appauvrir, comme en témoigne le schéma suivant (qui ne prend pas en compte l'ISF, bien sûr) :

   
Et pour en terminer avant de vouloir surtaxer les riches, il serait bon soi-même d'être au clair avec sa morale fiscale. Quand on dispose d'un revenu imposable net imposable de 78516 euros et qu'on paie 5217 euros d'impôts seulement pour 1,5 part (chiffres donnés par Hollande à l'Express), on peut difficilement expliquer la différence, d'environ 10000 euros, avec l'assiette normale uniquement par des dons. Mais peut-être que dénoncer les niches fiscales n'empêche pas d'en être un fervent utilisateur tant qu'on ne les a pas soi-même supprimées? Ben oui, quand on veut jouer les pères "la morale" vaut mieux être exemplaire. Vous ne croyez pas?

mardi 28 février 2012

Le défaut de l'électeur de gauche



Je viens de lire sur les indications de Cimabue le dernier édito, baptisé "coup de sang" de Serge Raffy du Nouvel Obs. Peut-être d'ailleurs que la qualificatif de coup de sang permet d'écrire, sinon des choses approximatives, quelques insultes bien pensées vis-à-vis de l'électeur en général, et de l'électeur de droite en particulier qui bien évidemment n'est pas constitué comme l'électeur de gauche. Peut-être que la génétique, un jour, nous en apprendra davantage sur le sujet. En attendant et faute de mieux on devra se farcir quelques poncifs censés nous éclairer sur la défaite future de la gauche aux élections qui viennent.
 
Car en effet, je cite, "L'électeur de gauche a un énorme défaut : il est habité par un moralisme inoxydable." Et c'est d'ailleurs ce qui aurait fait perdre la gauche en 1993. Pas à cause de son bilan, bien sûr, nécessairement bon, mais à cause des quelques affaires qui ont révélé la malhonnêteté de certains dirigeants socialistes, brebis égarées sans doute. Et ça l'électeur de gauche, il ne supporte pas. Quand c'est comme ça il boude et ne se déplace plus pour aller voter. C'est sa façon à lui de sanctionner les dirigeants de son parti, pas parce qu'ils n'ont pas tenu leurs promesses, mais parce qu'ils ont failli à cette morale qu'ils placent au-dessus de tout. Une chance encore que l'électeur de gauche ait peu de mémoire ou ne soit pas rancunier. Car ceux qu'il a délibérément snobés lors d'une élection, retrouvent assez vite ses faveurs. N'oublions pas qu'après 93 il y eu 97. Ce qui laisserait supposer que l'électeur de gauche en plus d'être habité par un moralisme inoxydable, est aussi un grand naïf qui pense que les gens se bonifient avec le temps, que les magouilleurs de toutes sortes rentrent dans le droit chemin, après avoir compris leurs erreur, après avoir saisi le coup de semonce donné par leur électorat.
Et donc là Raffy s'inquiète du climat actuel qui voit la réapparition, orchestrée par la droite, sur le devant de la scène de certaines turpitudes qu'on pensait bannies à tout jamais. A gauche tout du moins. Même si d'ailleurs ces turpitudes sont de la roupie de sansonnet par rapport à, je cite, le "scandale d'Etat de l'affaire Woerth-Bettencourt - les pots de vin de l'affaire de Karachi". Ce qui nous montre au passage que l'éditorialiste de gauche, lui, est clairvoyant, tellement clairvoyant qu'il anticipe les décisions de justice s'agissant de l'affaire Woerth, tellement clairvoyant qu'il réussit à faire le lien, et sans montrer le moindre doute, entre un supposé financement occulte d'une campagne électorale et l'assassinat dans un attentat de ressortissants français dans un pays où jamais les islamistes ne se seraient laissé aller à de telles extrémités. Qu'attend-t-on pour le citer à la barre pour qu'il nous livre les révélations qu'il nous cache discrètement pour le moment? Car certains pourraient qualifier ceci, au mieux d'instrumentalisation de la mort de certains de nos concitoyens et de la peine de leurs familles, au pire de diffamation. Mais là je m'égare. Un journaliste de gauche ne peut être que vertueux et ne se laisserait pas aller à de telles déclarations s'il n'avait pas quelques biscottes en poche.
 
J'en reviens à cette caractérisation de l'électeur. On aura bien compris l'inquiétude de Raffy de voir son champion, ce brave Guimauve le Conquérant, mis en danger par les frasques de certains membres de son parti et ayant des responsabilités locales. Non pas parce qu'il aurait quelque chose à voir là-dedans, vous pensez bien!, non pas parce que ces différentes malversations existaient déjà quand il était premier secrétaire du parti de la morale et de la vertu réunies, mais parce que l'électeur de gauche, à l'âme si sensible, pourrait prendre un tel coup au moral à cause de son inoxydable moralisme bafoué qu'il pourrait en faire une profonde déprime allant jusqu'à l'empêcher de se déplacer lors des scrutins qui viennent. De là effectivement la dénonciation de cet énorme défaut de l'électeur de gauche. Oui, car il a bien écrit "énorme défaut" alors que d'autres auraient pu considérer qu'un moralisme inoxydable devait être au contraire encensé. Dans ce sens là, celui du défaut mis en avant, on comprend que ce n'est pas l'électeur de gauche qui ne mérite pas de tels dirigeants peu soucieux de morale dans leurs actes, car en paroles pour ça ils sont forts. Non ce n'est pas cela. Ce sont les dirigeants de gauche qui ne méritent pas un tel électorat, si fragile. Ah si seulement ils avaient des électeurs de la trempe de ceux de droite. Pas des mauviettes eux!
 
En effet, comme le dit Raffy, "l'électorat de droite n'a pas ces pudeurs de dame patronnesse sur les questions d'argent douteux. On ne punit pas son camp pour ce genre de peccadille." Et "quelques prévarications, si elles ne dérangent pas l'ordre établi et la protection de la propriété individuelle, sont des actions très secondaires." Mais c'est même pire que ça Monsieur Raffy. Vous ne connaissez pas bien encore l'électeur de droite. L'électeur de droite face à des affaires comme celles qui secouent le PS en ce moment, il se marre, il trépigne de joie, il applaudit des deux pieds et des deux mains, il se fait dessus tellement il trouve ça drôle et en redemande. C'est sa nature à l'électeur de droite. Il est comme ça et on ne le refera pas. La morale, non seulement il s'en tape comme de ses premières couches-culottes, mais en plus ça le rend triste. Alors il lui faut de ces choses qui le sortent de l'ennui, qui l'éloignent des discours de cureton, qui lui rappellent que la vie est courte et qu'il faut en profiter, et que l'honnêteté n'est pas le meilleur moyen d'y parvenir. Cynique, amoral et profiteur, voilà le portrait type de l'électeur de droite.
Vicieux et malin aussi, j'allais oublier. Enfin malin comme un diable, vous comprenez. Surtout le journaliste de droite d'ailleurs, et du Point en particulier puisque c'est à cet hebdo qu'il est fait allusion dans le "coup de sang" (au fait doucement avec les coups de sang car après un certain âge, ça peut devenir dangereux). Oui, car le journaliste de droite, a l'image de l'électeur de droite, aime bien embêter l'électeur de gauche. Et puisqu'il peut encore abuser d'une liberté d'expression qu'on croyait pourtant abolie depuis l'entrée en fonction de Sarkozy, il utilise les moyens qui sont à sa disposition, c'est-à-dire sa plume ou plutôt son clavier. Et insidieusement il suggère à ce pauvre électeur pétri d'un moralisme inoxydable que ses dirigeants ne sont pas vraiment davantage adeptes de la morale que ceux de droite. Eh oui, il profite de la fragilité de l'électeur de gauche pour le frapper là où ça fait mal. Juste pour qu'il n'aille pas voter. Une honte! C'est tellement facile avec des chochottes.
 
Moi je dis qu'une démocratie sans journalistes de droite et surtout sans électeurs de droite, ça serait beaucoup mieux. Comment? On a déjà connu ça sous d'autres cieux pas très éloignés et il n'y a pas si longtemps? Ah oui, démocratie populaire on appelait ça. Tout est dans le populaire.

dimanche 26 février 2012

Rose mafia


Rose mafia, c'est le titre d'un livre qui vient de sortir et dont on n'a guère entendu parler dans les médias. Mais c'est aussi peut-être ce qui pourra caractériser la gouvernance politique de la France si les socialistes réalisent un doublé aux présidentielles et aux législatives qui suivront.
 
Le livre de Gérard Dalongeville, un repenti si on veut continuer à faire un parallèle avec la mafia, présente d'une façon détaillée, semble-t-il, les magouilles du pouvoir socialiste du département du Pas-de-Calais vieux fief socialiste et où prospère une des fédérations les plus puissantes du parti à la rose. Ce livre nous révèle que malgré les différentes lois sur le financement des partis politiques rien finalement n'a changé pour le PS et dans ce département, au moins. Fausses facturations, emplois fictifs, enveloppes de liquide, marchés publics truqués, corruption, menaces semblent en effet toujours à l'ordre du jour en certains lieux de ce pays, soit pour alimenter les caisses du parti, soit pour faire prospérer un clientélisme électoral, soit pour s'enrichir personnellement.
Alors certes, l'auteur de ce livre n'a rien d'un saint homme parti en croisade pour l'assainissement de la vie politique. Bien au contraire, c'est un des rouages du système. Enfin ce fut, car lui a eu la malchance de se faire prendre la main dans le sac et malgré les promesses, selon lui, de le sortir de là grâce à la corruption d'un juge, il en est à attendre sa condamnation future. On ne manquera donc pas de se reporter aux caractéristiques pas très honorables du personnage, ancien maire de Hénin-Beaumont, pour qualifier ce livre de tissus de mensonges, d'ensemble de fausses révélations pour atténuer les rigueurs de sa peine, à l'imitation des repentis de la mafia, de manifestation d'une vengeance (parce que peut-être on ne l'a pas sorti de là). Reste que le contenu du livre, très bien documenté, et dont l'auteur être en mesure d'apporter toutes les preuves, est à mettre en corrélation avec d'une part un rapport de la cour régionale des comptes qui s'émeut de la disparition de 1,5 millions d'euros des comptes de deux sociétés de financement public tenues par le PS, et d'autre part avec les informations judicaires ouvertes à l'encontre de ce député maire du même département dont Montebourg dénonçait il y a peu, et en vain à l'époque, les troubles agissements. La longue confession de Dalongeville n'est certes pas une preuve, mais elle est au moins en mesure d'alimenter les enquêtes en cours actuellement et qui laissent supposer que tout n'est pas clair dans ce département.
Un autre élément à prendre en compte et le fait que le maire déchu de Hénin-Beaumont suggère fortement que la première secrétaire actuelle du PS ainsi que son prédécesseur, actuellement favori des sondages pour être notre futur président de la République, ne pouvaient pas ne pas être au courant de ce système mafieux qui ne se limiterait peut-être pas au seul département du Pas-de-Calais. Effectivement si on se déplace à l'autre bout de la France, vers Marseille, on peut avoir quelques doutes. Et on peut se demander, pour le moins, à quoi sert une direction qui n'est pas en mesure de contrôler ses billes.
 
Mais peut-être que de ce livre, vous qui me lisez en ce moment, vous n'en avez pas entendu parler. Il n'y aurait en effet rien d'étonnant à cela. Tandis que les médias ont fait leur une pendant des semaines sur une affaire Bettencourt dont on ne sait toujours pas après bientôt deux ans si elle est liée à un financement occulte de l'UMP, alors que la récente mise en examen de Woerth a fait l'objet de toutes leur attention, "Rose mafia" est passé quasiment aussi inaperçu que le dernier ouvrage de Gérard Duglandu, auteur qui n'existe pas bien entendu. Il y a bien eu quelques mentions du livre ici ou là, généralement discrètes, sans développements et surtout sans suites.
Alors bien évidemment on sait que les médias dans leur majorité roulent pour le député-maire de Tulle et que ce livre pourrait lui faire de l'ombre, jeter un doute, sinon sur son honnêteté foncière revendiquée de Monsieur Propre, sur ses capacités à diriger un pays alors qu'il n'a pas été en mesure de diriger et contrôler son parti. On ne s'attendra donc pas à ce que des explications soient demandées à M. Hollande qui pourraient le gêner. Mais cela est bien inquiétant. Alors qu'on accusait, que les médias accusaient, ce qui est tout de même paradoxal, Sarkozy dès 2007 d'avoir posé une chape de plomb sur leur expression, on se rend compte qu'avant même une victoire de leur part, ce seraient les socialistes qui auraient posé cette chape de plomb, ou du moins que ce seraient les médias qui se se la seraient posée sur eux-mêmes dans un grand élan de servilité vis-à-vis du futur pouvoir tant espéré. Enfin par eux. Mais si un tel malheur devait arriver à la France, on a d'ores et déjà compris quel pourrait être le futur niveau d'information.
Alerte pour la démocratie? Sans doute. Quand un parti détient les deux chambres, la presque totalité des régions, une majorité de départements, une majorité de grandes ville et qu'en plus la magistrature, les syndicats et les médias sont à sa botte, on peut légitimement affirmer qu'il n'existe plus de contre-pouvoirs. Et ça la droite n'a jamais pu faire, les trois derniers lui ayant été systématiquement hostiles depuis bien longtemps.
 
"Rose mafia", un joli titre et peut-être une terrible prémonition.

vendredi 24 février 2012

Doit-on se laisser imposer la nourriture hallal?



Hallal, c'est un mot qui est entré assez tard dans mon vocabulaire. Je suis pourtant originaire d'une région où les travailleurs immigrés ne manquaient pas et parmi eux un nombre relativement important de musulmans. Quand j'allais à l'école, au collège, au lycée, endroit où les plaisirs de la restauration collective furent longtemps mon quotidien puisque je fus tout à tour demi-pensionnaire puis interne, la ville étant bien trop loin pour que je puisse rentrer chez mes parents le soir, mes petits camarades musulmans n'employaient jamais ce mot. C'est vrai qu'on les voyait refuser le porc à la cantine et se voir servir à la place souvent des steaks également souvent hachés, ce qui nous permettait l'espace d'un instant de regretter de ne pas être musulmans. L'espace d'un instant car au moins nous pouvions, nous qui ne l'étions pas, nous taper une bière en ville à l'occasion, plaisir incomparable quand on a 15 ou 16 ans. Enfin à l'époque. Que ce steak ait été grillé sur la même plaque qui servait à griller nos côtes de porc ne les dérangeait même pas. Jamais je n'ai entendu ni plainte, ni revendication pour manger hallal. Ça se passait il y a une quarantaine d'années. Plus tard à l'armée, même topo même s'il existait des rations hallal ou casher pour ceux qui auraient eu des exigences. Mais rares sont ceux qui en profitaient. Il y a encore 5 ans, maintenant je ne sais pas, mais je ne pense pas, l'armée ne s'était toujours pas convertie au hallal même si dans la troupe, suite à la professionnalisation le nombre de musulmans était devenu significatif. Jamais vu de problème.
Il semblerait pourtant, si on en croit les médias, si on écoute les revendications de certains musulmans, ceux qui parlent plus fort que les autres qu'on n'entend d'ailleurs jamais, ce qui doit être une caractéristique du musulman modéré, c'est-à-dire celui qui ne s'oppose que modérément, très modérément aux revendications de ceux qui semblent avoir un problème avec notre laïcité, que le hallal soit devenue une préoccupation majeure de la minorité musulmane de France. A tel point qu'un marché florissant s'est mis en place, proposant désormais dans toutes les grandes surfaces, au moins, des rayons hallal, parmi lesquels le rayon boucherie, celui qui est au centre de la dernière polémique du moment qui cette fois voit tout le monde ou presque taper sur Marine Le Pen suite à ses déclarations sur le contenu de l'assiette des Franciliens.
Encore une fois il est dommage que ce soit le FN qui débusque ce type de problème, mais selon un traitement dépourvu de nuances, que d'aucuns ont envie de traiter à la légère mais qui est suffisamment complexe pour qu'on s'y attarde un peu.
 
Je ne sais pas si, je ne pense pas que les Franciliens soient condamnés à manger tous hallal, même si dans certaines agglomérations il devient difficile de trouver une boucherie autre qu' hallal. J'ai habité pendant 10 ans une petite ville en bordure du périphérique sud. Quand je suis arrivé dans cette commune, au milieu de nombreuses boucheries hallal subsistaient deux boucheries qui ne l'étaient pas. L'une a finalement fermé et été remplacée immédiatement par une autre boucherie hallal s'ajoutant aux nombreuses autres. Ne subsista donc que le dernier boucher gaulois qui, bravement car il aurait pu être taxé de discrimination sans doute ou recevoir des pavés dans sa vitrine, afficha en mettre énormes "boucherie française" sur sa devanture. Puis lui-même partit à la retraite et fut remplacé par… je vous laisse deviner. D'où la nécessité de se replier à moins d'avoir un goût certain pour la prospection sur les grandes surfaces si on ne voulait pas manger hallal. Sauf que parait-il rien ne l'a jamais garanti. Et ce sont même les professionnels de la filière qui le reconnaissent, puisqu'il faut bien qu'ils écoulent la marchandise que ne consomment pas les musulmans. D'où la question formant le titre de ce billet.
 
D'emblée, je vous réponds évidemment non. Reste maintenant à défendre cette position. Pour ça les arguments ne devraient pas trop manquer tellement ils sont multiples et se situent sur des tableaux variés.
 
Commençons par le mode d'abattage des animaux. Les réglementations nationale et européenne précisent que les animaux doivent être étourdis avant d'être abattus. Il semblerait pourtant qu'une directive autorise des dérogations pour l'abattage rituel. Abattage rituel alors que nous sommes dans une République laïque! Voilà déjà un élément propre à échauffer les esprits du moins ceux qui se réclament de la laïcité, pas ceux qui ne s'en servent qu'épisodiquement avec des mots, des promesses d'inclusion dans la Constitution, mais qui ferment les yeux depuis des années sur les entorses qui lui sont faites notamment par leurs camarades politiques.
Donc au nom d'une religion on pourrait déroger à des principes civilisés, au nom d'une religion on pourrait retourner à une espèce de barbarie qui veut que souffrent les animaux avant d'être transformés en viande de consommation. Bravo l'Europe, bravo la France! Mais finalement quelle est la différence qui sépare ce type de dérogation entre celle qui pourrait un jour autoriser la polygamie au nom de la foi de ceux qui souhaitent la pratiquer, ainsi pourquoi pas la lapidation des femmes adultères. C'est rituel aussi, non? Soit on accepte tout, soit on refuse tout. Soit on reste dans la laïcité, soit on décide que pour une religion le principe est dérogatoire.
Et le consommateur dans tout ça? Apparemment même s'il est heurté par un abattage barbare, d'un autre temps de notre civilisation, il n'a qu'à subir. Manger éventuellement de la viande venant d'animaux exécutés selon des méthodes qu'il juge abjectes.
 
Et puis il semblerait, ce sont des vétérinaires qui le disent et pas un seul qui serait par un faux hasard encarté au FN, qu'il existe un danger sanitaire avec ce type d'abattage. Lors de l'égorgement de la bête des remontées gastriques seraient susceptibles de contaminer certaines parties de l'animal vouées à être transformées en viande à consommer par l'homme. Et bien évidemment ce serait les morceaux dans lesquels en particulier on ferait la viande hachée, donc susceptible d'être mangée crue par les amateurs de steaks tartare par exemple, du moins ceux qui n'ont pas compris que le steak tartare de cheval était incomparablement plus délicieux. Comme vous l'aurez remarqué j'ai largement utilisé le conditionnel n'étant pas vraiment de la partie. Mais ce conditionnel tout de suite devrait faire retentir à vos oreilles ce cri qu'on n'arrête pas de nous hurler depuis des années : "principe de précaution". Eh oui ce sacro-saint principe de précaution, celui que Chirac a cru bon d'inscrire dans la Constitution et qui nous empêche de faire des recherches dans certains domaines, dans certaines nouvelles technologies comme les nanotechnologies au risque de nous voir louper quelques trains de la croissance. Pour l'abattage hallal, curieusement ce principe ne s'applique pas. Mais peut-être que manger de la viande abattue selon un rite nous permet-til de bénéficier d'une protection divine même si nous ne croyons pas dans le dieu censé nous l'octroyer. Mais si dieu ne nous aide pas peut-être que le législateur le fera en imposant au moins dans les restaurants de nous servir des steaks tartares bouillis.
 
Sur un plan tout à fait différent, il parait que l'abattage hallal est soumis à une taxe destinée aux trois mosquées, je crois, qui disposent du privilège de certifier la viande hallal. Une taxe de l'ordre de 15 centimes le kilo. Elle sert en parti à payer les sacrificateurs, quel joli terme, on se croirait chez les Aztèques, et à assurer leur formation, c'est-à-dire le maniement de la boussole pour orienter la tête de l'animal vers La Mecque, celui du couteau servant à un égorgement net et efficace, et l'art de chuchoter à l'oreille des poulets, moutons, bœufs et autres animaux que l'on va occire dans la seconde qui suit. Car l'abattage hallal ne va pas sans un certain raffinement, vous le reconnaitrez. Mais revenons à notre taxe que nous baptiseront hallal. Elle est payée par les abattoirs qui eux-mêmes ne manquent pas de la répercuter sur leurs acheteurs grossistes, et ainsi de suite, jusqu'au consommateur qui est finalement le seul à payer cette taxe. Donc si vous êtes consommateur de viande hallal à votre insu, vous êtes aussi à votre insu un contributeur au denier du culte musulman. Je ne pense pas que ce soit très légal, ou très conforme à la laïcité, mais en plus c'est de l'extorsion de fonds, carrément du vol. Je refuse de financer des mosquées à mon insu. C'est clair.
 
Cela nous amène naturellement à ces revendications communautaro-religieuses qui comme je le précisais n'existaient pas il y a une trentaine d'années. Il faudrait peut-être enfin en prendre la mesure. Comprendre quel est le but à long terme de ceux qui les portent, et inclure cette revendication de viande hallal dans un ensemble beaucoup plus vaste qui va des prières de rues aux exigences pour des horaires réservés dans les piscines ou salles de sport en passant par le refus de voir sa femme soignée par un médecin mâle et autres joyeusetés qui participent à la bonne intégration des musulmans en France et font envisager avec un espoir mâtiné de bonheur notre avenir commun. Je ne veux pas m'étendre là-dessus car c'est un trop vaste sujet dont la revendication alimentaire n'est qu'un partie, certes visible, mais une partie seulement.
 
Voilà donc quatre éléments qui peuvent amener à réfléchir sur le hallal en général et sur le fait que certains soient amenés à en manger à leur insu. Combien? En fait on ne sait pas et on ne saura jamais tant cela est opaque. Les chiffres vont de 3% à 100% en Ile-de-France. Pour les autres on ne sait pas. Si en plus il fallait s'inquiéter de ce qui se passe au-delà de la N104 on ne s'en sortirait pas. Et même les musulmans devraient avoir des doutes sur l'hallalité de leur alimentation. Car je suis persuadé que des gens qui pensent manger hallal mangent de la viande classique. Je me rappelle avoir croisé il y a une vingtaine d'années de cela un jeune qui effectuait son service militaire dont le père dirigeait une "fabrique" de poulets. Il travaillait exclusivement pour les pays arabes et donc en quantité très importantes. Imaginez donc un sacrificateur, boussole dans la main gauche et couteau dans la droite en train d'égorger les 10.000 poulets de la commande irakienne en leur glissant à chacun un mot doux.
De fait c'est un problème majeur de traçabilité qui est soulevé par cette question de l'alimentation hallal. Alors qu'on nous bassine avec ce terme de traçabilité qui voudrait que du spermatozoïde du taureau au steak qui remplit son assiette rien ne soit inconnu du consommateur, un grand trou noir, sans que ça émeuve les autorités compétentes, existe dès qu'il s'agit de cet abattage rituel. Affaire de gros sous sans doute, favorisée par la volonté de ne pas stigmatiser une communauté, une religion.


 

samedi 18 février 2012

Immigration, intégration, assimilation (2)



Le précédent billet sur ce même thème a essayé de démontrer que les leviers dont dispose l'Etat en matière de maitrise quantitative et même qualitative de l'immigration sont d'une très relative efficacité. Ce même billet à travers le thème des mariages mixtes a tenté de suggérer que l'intégration des immigrés souffrait de lacunes que je considère pour ma part comme assez graves, voire davantage. Or, s'il est difficile de maitriser quantitativement et qualitativement l'immigration, puisque comme on a pu le voir le seul volet qui puisse faire l'objet d'une immigration vraiment choisie est le volet économique qui est désormais le plus faible motif d'immigration, la seule possibilité qui existe pour que la société encaisse ce choc continu, pour que la paix civile soit préservée et que la possibilité d'un avenir commun et consenti soit une possibilité est de favoriser au minimum l'intégration des nouveaux arrivants sur le territoire et si possible leur assimilation ou au moins celle de leurs enfants. 
  
Ceci fut la politique traditionnelle de la France pendant plus d'un siècle. En gros entre 1860, période où l'immigration de masse commence à apparaitre, et les années 70, période où apparait le regroupement familial. Alors évidemment ce ne fut pas facile. Des rapports de préfets dans les années 20 signalent que par exemple les Polonais sont des individus qu'il est impossible d'intégrer. Des conflits apparaissent ici ou là, notamment en fin de 19ème siècle avec les Italiens, qui feront parfois l'objet de véritables chasses à l'homme pouvant se conclure par des morts. Ces difficultés entrainent d'ailleurs beaucoup de retour chez eux de la part de ces immigrés. En bref la politique d'assimilation de la France fut sans concession. Elle apparaitrait sans doute désormais comme peu en phase avec l'angélisme ambiant sur les rapports humains, et notamment les rapports entre l'autochtone et l'étranger, mais reste que cette politique a porté ses fruits. Ceux qui restaient, et ce fut quand même la majorité, s'intégrèrent et parfois s'assimilèrent, leurs enfants s'assimilèrent et à la génération suivante on avait quasiment oublié ses origines étrangères ce qui se traduisait en particulier souvent par la perte de la langue de ses grands-parents. J'en parle avec une certaine connaissance du fait qu'une branche de ma famille est issue de l'immigration. Mes arrière-grands-parents, arrivés juste après la première guerre mondiale et que j'ai connus parlaient leur langue natale entre eux, mais parlaient très bien aussi le français appris sur place malgré un accent redoutable. Ils aimaient à se retrouver avec des gens issus de la même immigration qu'eux et qui ne manquaient pas. Ma grand-mère se maria avec un Français (bien que né allemand d'ailleurs car alsacien) et acquit difficilement d'ailleurs la nationalité française. Elle parlait et parle encore d'ailleurs le français sans aucun accent mais utilisait la langue natale de ses parents quand elle conversait avec eux mais ne se sentait plus du tout appartenir à une communauté venue d'ailleurs que donc elle ne fréquentait pas. Quant à ma mère qui aurait pu être trilingue du fait de ses parents, elle ne parla jamais que le français et sait juste mais pas davantage que moi finalement qu'elle a des ascendants étrangers.
Donc pour résumer une totale acculturation en deux générations. Il faut dire que cela était facilité pour les enfants dès l'école même si on n'y demeurait pas longtemps le plus souvent et où ma grand-mère a appris que ses ancêtres étaient gaulois et non varègues. On apprenait encore la même chose dans les années 60 quand j'étais enfant et les quelques petits arabes qui partageaient nos bancs ne s'en offusquaient pas, pas plus que nous ne notions cette incongruité de l'histoire qu'on nous enseignait. Le travail aussi, par son environnement était aussi un facteur d'intégration. Comme dans le passé on venait en France effectivement essentiellement pour des raisons économiques, la plupart des hommes, moins de femmes, étaient confronté à cet environnement et grâce soit rendu aux classes populaires françaises qui sans doute souvent en l'ignorant ont participé à l'intégration des immigrés, de mes arrière-grands-parents. Et puis il y avait aussi les mariages "mixtes", des vrais ceux-là, entre Français ou Françaises d'origine et filles ou fils d'immigrés. Dans ma région natale ces couples étaient très nombreux et leur descendance était résolument française sans états d'âmes ou nostalgie mal placée. Et bien évidemment le facteur catalysant était dans la majorité des cas une religion commune, ou une référence chrétienne partagée.
 
Qu'en est-il désormais? J'ai parfois l'impression que la phrase prononcée par Erdogan "L'assimilation est un crime contre l'humanité" est largement partagée par un certain nombre de Français, souvent membres de l'élite intellectuelle supposée de ce pays et que diversité et métissage, mots qui pourtant mis côte à côte forment un bel oxymore, sont devenues les deux mamelles de notre civilisation. Le résultat est qu'on vit non plus ensemble, même pas dans l'espoir de vivre un jour ensemble, mais les uns à côté des autres. Je prends pour témoin de cette affirmation l'ouvrage récent d'André Guérin député communiste fort estimable, vous aurez je l'espère noté cette expression très rare de ma part, porteur de la loi contre la burqa. Dans son livre "Les Ghettos
de la République. Encore et toujours"
dont j'ai pu lire quelques extraits, il écrit par exemple " Des millions de nos concitoyens ont franchi le seuil extrêmement dangereux où la notion même d'appartenance à une communauté sociale perd tout son sens." et " j'ai eu la désagréable surprise de découvrir […] que des individus réputés inflexibles quand à la défense des "valeurs universelles" baissaient le drapeau sans coup férir, dès lors qu'il s'agissait concrètement d'agir pour ces valeurs." Donc d'un côté le constat d'une société éclatée et de l'autre celui d'un manque de volonté pour soutenir le ciment (les valeurs universelles, susceptible de recréer le lien social. Il évoque aussi les crimes et délits en rapport avec son constat. Et là on pourrait citer ce rapport très récent de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales qui note que concernant les atteintes aux biens en France et en 2011, 17,3% sont imputables à des étrangers, tandis que pour les menaces et violences le pourcentage est de 12,3%, alors qu'il y a environ 8% d'étrangers présents en France. Je souligne que ce rapport a soulevé l'indignation à gauche, et en particulier au parti socialiste qui trouve cette publication indigne en période électorale. Car il est surement indigne que les Français disposent de tous les éléments pour choisir, du moins les éléments qui dérangent. En fait tout le problème est là, du moins une partie : des choses existent, mais on ne veut pas ou ne peut pas les voir. On est bien entendu contre ces choses, mais les combattre va à l'encontre de nos valeurs de tolérance (ou peut-être nos intérêts électoraux). Là j'égratigne la gauche, mais je pourrais en faire autant avec la droite, en particulier avec celui qui a supprimé la double peine et qui a promu la discrimination positive. Car effectivement la classe politique a baissé les bras. Tout au plus peut-elle encore se gorger de paroles et inventer des dispositifs aussi coûteux qu'inefficaces.
 
Car, on ne peut pas le nier, les immigrés sont pris en charge, sont accueillis. Le mot intégration ne fait même pas peur car on les invites à un parcours du même nom décliné sous forme d'un contrat, le fameux contrat d'accueil et d'intégration. Parlons-en. Ce parcours comporte une journée de formation civique, journée obligatoire bien entendu et à laquelle les immigrants ne se dérobent pas puisque le renouvellement de leur carte de séjour à l'issue d'une première année de présence est lié à la participation à cette journée. Une journée pour parler de l'histoire de la France, de ses lois, de son système politique et administratif, de ses valeurs. Eh oui, rien qu'une journée pour tout ça avec un consultant sans doute grassement payé face à des étrangers ne comprenant pas le français parfois, ou mal, ou face à des gens qui savent qu'à la fin de la journée on leur remettra l'attestation de toute façon même s'ils rêvaient pendant ces quelques heures à leurs terres par eux abandonnées. Ceux qui ne parlent pas ou mal le français n'ont pas de souci à se faire puisqu'on leur dispensera des cours, jusqu'à 400 heures, (ce qui est une bonne chose) qui leur permettront de revoir leurs notes. Et puis en travaillant ils finiront comme leurs prédécesseurs à s'intégrer. Et leurs enfants qui, s'ils naissent en France, seront automatiquement français pourront s'imprégner de l'histoire, de la culture et des valeurs françaises pendant leur scolarité. Enfin tout ça c'est en rêve.
Parce que le dispositif d'accueil et d'intégration dispose aussi depuis peu, depuis 2008, d'un volet d'aide à l'insertion professionnelle qui commence par l'établissement d'un bilan de compétences. Or que dit ce bilan? Que seuls 23% des immigrés sont employables directement. Ce qui signifie que pour les autres ce sera d'abord formation et/ou galère avant de trouver un emploi. Galère aussi pour ceux qui sont employables dans une conjoncture de l'emploi défavorable depuis des dizaines d'années. De fait beaucoup d'immigrés, la majorité même, cumulent des handicaps qui les éloignent d'une intégrabilité par le travail. Quant à l'école, elle souffre de deux maux qui se conjuguent pour empêcher une bonne intégration des enfants d'immigrés. D'une part, elle a été et est toujours victime de cette mode pédagogiste à la Meirieu qui a remplacé l'autorité du maitre par un échange entre individus qui avaient à apprendre les uns des autres, d'autre part, elle a ouvert ses portes à la diversité notamment dans les programmes d'histoire pourtant très importants pour le formatage des individus. Louis XIV et Napoléon s'éclipsent des programmes pour faire place à l'histoire de l'islam ou du Monomotapa chez les plus jeunes. Tout donc se vaut, et le maitre se trouve réduit au rôle d'animateur. Formez donc des citoyens français avec tout ça. Mais j'oubliais, l'essentiel est de privilégier l'éclosion du citoyen du monde qui sommeille en nous. Sauf que certains de nos immigrés ne se sentent pas du tout citoyens du monde. Imprégnés d'une culture en forte relation avec leur religion, privés de repères d'une part puisque l'école ou le travail ne pourra guère leur en fournir, favorisés d'autre part dans le repli sur soi, ce repli qui les éloigne encore plus du monde du travail, par l'air du temps qui place au sommet des valeurs de la République la diversité, sauf une forte volonté de leur part leur permettant de s'extraire de la reproduction de leur milieu d'origine sur leur terre d'accueil, ils resteront étrangers, et leurs enfants aussi même si leurs papiers d'identité disent le contraire. Et on ne pourra que constater come le fait André Guérin la présence de ghettos, de zones de non droit sur le territoire français.
Mais ces ghettos sont aussi la marque d'une volonté de la part d'une partie des immigrants. Ne voulant pas renoncer à leur culture, ils chassent sans avoir besoin d'une quelconque pression physique ou verbale pour cela, tous ceux qui ne veulent pas renoncer à leur mode de vie, tous ceux qui sentent menacée leur façon de vivre, fusse-t-elle le produit de nombreuses générations implantées sur le territoire. S'ils en ont les moyens. A vrai dire, je comprends fort bien les maires qui sous la pression de leurs administrés préfèrent payer des amendes plutôt que de construire des logements sociaux. Seuls ceux qui n'y ont jamais été confrontés et qui savent qu'ils n'y seront jamais confrontés peuvent vanter un système d'habitat mixte. Les gens ne veulent plus se mélanger. Je les comprends. Tout en comprenant également qu'on est dans une impasse en termes d'intégration. Mais d'où doit venir le premier effort, l'effort le plus important, de celui qui demande à se faire accueillir ou de celui qui reçoit? Quand cette question sera clairement tranchée, on pourra peut-être agir. On en est loin.
 
Vous aurez remarqué que dans les deux paragraphes précédents, je n'ai même pas osé parler d'assimilation. Quand la politique d'intégration ne fonctionne pas, se refuse à imposer des règles, l'assimilation de masse est impossible. D'autant plus que comme je le soulignais c'est quasiment considéré comme un crime par certains, ces apôtres de la diversité à qui évidemment cette idée d'assimilation est insupportable. L'assimilation est donc devenue une affaire personnelle quasiment, d'autant plus difficile à réaliser que chez les uns vous susciterez la méfiance, et que chez les autres vous pourrez être considéré comme un traitre à votre communauté.
Voilà où nous en sommes et ce n'est pas réjouissant.

jeudi 16 février 2012

Affaire Vanneste: inculture ou réécriture de l'histoire?


Je mets entre parenthèses la suite de mon billet sur l'immigration pour replonger dans l'actualité immédiate. Il faut dire qu'en cette période il est assez difficile de concentrer son attention pour traiter des sujets de fond qui d'ailleurs n'intéressent pas grand monde, la plupart des gens ayant l'œil rivé sur le braillomètre qui chaque jour frôle l'explosion. En effet, quasiment à chaque jour son indignation. Et donc hier c'était au tour du député Vanneste de faire l'objet de tirs cette fois croisés de la part des politiques de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, des associations bienpensantes et de tous les vertueux que comportent ce pays, et dieu sait qu'ils sont nombreux.
Du coup j'en suis arrivé à me demander si les effets de la vertu n'avaient pas d'effets nocifs sur le cerveau, ses capacités de réflexion et aussi sur la curiosité.
 
Bien évidemment Vanneste est connu, même très connu, pour son homophobie qu'on pourrait qualifier de militante si ce n'est d'obsessionnelle. Cela lui a déjà valu quelques déboires mais comme toute personne victime d'une addiction, il ne peut guère s'empêcher de revenir à ses démons. Aussi récemment, car l'information aura mis quand même quelques jours pour émerger publiquement, sans doute le temps que les indignés puissent digérer le coup des civilisation qui ne se valent pas, Vanneste, lors d'une interview s'en est pris à la "légende de la déportation des homosexuels" en déclarant "En Allemagne, il y a eu une répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à peu près à 30.000 déportés. Il n'y en a pas eu ailleurs. Et notamment en dehors des trois départements annexés, il n'y a pas eu de déportation homosexuelle en France.".
Et là donc branle-bas de combat à tous les étages puisque du citoyen vertueux de base au président de la République, en passant par le militant associatif homosexuel, les hommes et femmes politiques dans leur diversité, chacun s'est empressé de balancer son seau d'ordures sur la tête à Vanneste qui a même été exclu de son parti politique, l'UMP, et privé de son investiture pour les législatives. Dommage qu'il n'ait pas été député de Paris, ce qui aurait permis de débloquer une autre situation. Beaucoup l'ont accusé de révisionnisme, certains ont même affirmé que cela devait se traduire par une mise en accusation devant la justice, et d'autres l'ont comparé à Le Pen (JM) habitué des insinuations et propos révisionnistes.
 
Je dois avouer que moi-même, suite à ses propos, j'ai trouvé qu'il poussait le bouchon un peu loin. J'avais en effet dans un coin de ma mémoire ce fameux triangle rose, pointe vers le bas, dont étaient affublés des déportés en raison de leur homosexualité. Mais comme j'avais quelques minutes à perdre et surtout que je n'aime pas m'arrêter à une première impression, je suis allé faire un petit tour sur le net qui m'a effectivement confirmé que Vanneste se trompait. En effet, ce ne furent pas 30.000 homosexuels qui furent déportés en Allemagne mais environ 15.000. Sinon pour le reste, il n'a pas franchement tort. Il n'y a pas eu de déportation des homosexuels dans les territoires occupés. Et les quelques 200 Français victimes de déportation en tant qu'homosexuels ne l'étaient pas vis-à-vis de la loi allemande puisqu'en tant qu'Alsaciens ils étaient allemands. Seuls 6 Français, je crois, ont été déportés pour homosexualité mais à cette époque ils travaillaient en Allemagne dans le cadre du STO et tombaient donc sous le coup du paragraphe 175 du code pénal allemand. A noter que cet article fut rédigé sous le gouvernement de Bismarck. Oserais-je ajouter, même si c'est hors sujet, que les soviétiques en 1934 avaient également introduit une loi réprimant l'homosexualité par l'enfermement pendant 3 à 8 ans.
De fait c'est assez cohérent. Les nazis "prenaient soin" de la race aryenne, mais la "dégénérescence des autres" leur importait peu et même les arrangeait d'ne certaine manière. C'est ainsi que certains homosexuels ont pu prospérer de très belle manière pendant l'occupation. Dans le monde des intellectuels on pourra penser à Jean Cocteau qui à même échappé à l'épuration à la fin de la guerre ou à Brasillach qui eut moins de chance. Et dans le monde politique de l'époque on essaiera de se rappeler le ministre de l'Education de Pierre Laval, un certain Abel Bonnard qui ne fut stigmatisé que par les gaullistes qui le surnommaient affectueusement "gestapette".
 
Voilà donc quelques éléments, quelques faits, qu'il est facile de trouver en un temps relativement réduit, et qui indiquent donc que cette chasse à l'homme organisée pendant ces derniers jours ne peut aucunement se fonder sur les propos de Vanneste, du moins ceux se référant à l'histoire, dont la véracité est d'ailleurs attestée par Serge Klarsfeld qu'on ne peut guère accuser de sympathie vis-à-vis des révisionnistes. Pourtant la meute ne rentrera pas dans sa niche, les propos du député du Nord étant définitivement odieux et même révisionnistes, n'hésitons pas. Certes je veux bien croire à une inculture quasi-générale qui gangrènerait la société française depuis quelques dizaines d'années, à un manque de curiosité ou de sens critique, cela allant toujours de paire avec l'inculture. Mais à ce niveau-là on culmine à un niveau de mauvaise foi suffisamment élevé pour qu'il semble urgent de réécrire les livres d'histoire afin de ne pas faire sombrer tout ce monde-là dans le ridicule. On sait que la réécriture de l'histoire n'est pas seulement une fiction, qu'elle ne s'arrête pas à "1984", mais qu'elle fut, et est sans doute encore par endroits une réalité. Les champions dans le genre furent les communistes, mais ça peut affecter sans doute tous les régimes totalitaires. Et même les démocraties. Désormais nous le savons..

mercredi 15 février 2012

Immigration, intégration, assimilation (1)


La dernière sortie de Claude Guéant soulignant que les civilisations ne se valent pas a suscité de vivres réactions indiquant la volonté de ne pas, de ne surtout pas évoquer, alors que la vraie campagne électorale devrait peut-être commencer, espérons-le car pour l'instant c'est bien insipide. Le braillomètre (le mot n'est pas de moi et je le regrette) a atteint effectivement des niveaux rarement atteints provoquant même le départ du gouvernement des bancs de l'Assemblée nationale, une première depuis l'affaire Dreyfus parait-il.
De fait Guéant a été d'une parfaite cohérence avec lui-même depuis qu'il est devenu ministre de l'intérieur, parlant tour à tour de mieux contrôler l'immigration, du problème que causerait une masse trop importante de musulmans en France, et pointant clairement du doigt cette civilisation musulmane lors de sa dernière envolée. Tout ce tient. Ce qu'ont d'ailleurs remarqué les opposants au gouvernement, politiques, associations, bienpensants divers et variés. Et bien entendu ils ne se sont pas privés à partir de ces éléments de cataloguer Guéant comme le vilain petit canard extrémiste, de droite bien évidemment car il parait que c'est le seul qui est nuisible, solution qui, bien qu'usée, fonctionne toujours assez bien car elle évite de se poser les vraies questions, celles qui intéressent pourtant ce peuple dont on ne cesse de se réclamer, et oblige même le responsable des propos, sinon à s'excuser, à tenter de se justifier, à déclarer qu'on ne l'a évidemment pas bien compris. Pourtant moi, il me semble que j'ai compris, et loin de faire un procès aux propos de Guéant, je les approuve à quelques nuances sémantiques près, mais ce n'est qu'un détail, et juste déplore que ce gouvernement n'ait pas pris les mesures adaptées pour traiter un vrai problème, et même un triple problème si on se réfère au titre de ce billet, et se soit contenté de mots.
Je vais donc tenter de ne pas succomber à l'air du temps qui veut que l'immigration et la diversité soient des chances pour la France, que l'islam est une religion comme les autres, de paix et d'amour et autres slogans destinés à nous empêcher de réfléchir ou encore à nous fustiger si on se permettait d'émettre quelques réserves, fussent-elles étayées par des faits. Auxquels on a retiré ce privilège qui pourtant était le leur d'être têtus. Je vais donc tenter d'exprimer mes opinions sur ce triptyque que sont l'immigration, l'intégration et l'assimilation, ces choses qui ne firent pas débat pendant des décennies, même si le processus liant les trois ne manqua pas d'être passablement agité.
Bien évidemment je n'ai pas la prétention de traiter de cela par le biais d'un simple billet, et même de deux ou trois. Je me contenterai donc d'exposer quelques faits et principes, quitte à revenir plus tard et en détail sur certains points.

 
En préalable il faut considérer que la France est terre d'immigration, à grande échelle, depuis environ 150 ans. Si cette immigration a été pendant longtemps d'origine européenne, elle a pris une autre physionomie depuis la fin de la seconde guerre mondiale et depuis la colonisation puisque même si la part d'Européens qui la constitue actuelle reste importante, elle est dépassée par celle venant d'Afrique. En effet le contingent africain constitue d'après l'INSEE environ 43% des immigrés présents en France, contre 38% pour les Européens, les autres venant essentiellement d'Asie (14%) et d'autres parties du monde. Il y aurait, toujours selon l'INSEE, 5,3 millions d'immigrés légaux présents en France. Ce relativement faible nombre par rapport à la population globale de la France ne doit pas occulter d'autres données démographiques, notamment le nombre de Français dont les parents et même grands-parents sont d'origine étrangère, données d'autant plus importantes que, et d'ailleurs seulement importantes parce que, comme nous le verrons plus tard, le processus d'intégration ne fonctionne pas bien tandis que celui d'assimilation a été jeté aux poubelles de l'histoire.

 
L'immigration légale répond ou devrait répondre à certaines normes. Et à principe simple : celui qui vient en France, mais ça peut-être étendu à tous les pays, y vient pour une raison valable, du moins une raison reconnue par l'Etat. Outre les demandeurs pour motif humanitaire, on distingue trois grands motifs d'immigration : économique, familial et les études. Il est assez difficile de trouver des chiffres exacts de l'immigration légale, car en sous-catégorisant les différents motifs, certains, indifféremment de gauche ou de droite, pour des raisons diverses mais surtout d'ordre idéologique, embrouillent facilement le tableau. En me référant à un rapport très récent du secrétariat général du comité interministériel de contrôle de l'immigration adressé au Parlement j'ai trouvé quand même quelque chose qui ressemble à une synthèse. Ainsi en 2010 l'immigration pour raison humanitaire aurait concerné 17521 personnes, celle pour raison économique 17819, celle pour raison familiale 82235, celle pour études 59779. A cela on rajoute des divers, en particulier les étrangers rentrés mineurs sur le territoire, et qui constituent tout de même un contingent de 11033 personnes pour 2010. Ce qui donne un total de 188837.

 
Ces chiffres sont intéressants. Ils indiquent en premier lieu qu'on ne vient plus guère en France pour y travailler, même s'il ne faut pas négliger le fait que ceux qui arrivent pour un autre motif qu'économique peuvent entrer sur le marché du travail. J'aurais dû dire "surtout pas négliger" car évidemment on comprend vite que les dispositifs pour adapter l'offre de travail à la demande, par le biais de l'immigration choisie, ne servent pas à grand-chose puisque si on retire ceux qui entrent effectivement pour des raisons économiques et les étudiants, à quelques nuances près, il reste à la louche chaque année une bonne centaine de milliers de personnes qui peuvent éventuellement se retrouver sur le marché de l'emploi de façon tout à fait légale et qui n'auront pas été sélectionnées en fonction des besoins et de leurs compétences. Je ne sais pas si des études ont été menées sur l'impact que ça peut avoir sur le chômage car avec l'empilement années par années on peut penser qu'il en existe un. Ceux qui auraient des lumières à ce sujet pourront utilement se manifester. Et que ceux qui s'indigneraient qu'on puisse se poser une telle question continuent à le faire, ça n'y changera rien. Pour moi en tout cas. D'un autre côté, s'ils ne travaillaient pas, ce serait aussi inquiétant car sinon de quoi vivraient-ils?

 
Si la France a donc cessé d'être une terre d'immigration économique ou presque, elle attire par contre nombre d'étudiants étrangers. On en recense à peu près 300000 présents actuellement. Ces derniers sont censés retourner dans leurs pays d'origine pour que leurs savoirs acquis en France soient mis en œuvre au profit de ce dernier. Enfin ça c'est la logique, or il se trouve qu'elle n'est pas toujours respectée et que certains, outre les étudiants concernés, trouvent discriminatoire d'obliger ces derniers à rentrer chez eux une fois leurs études terminées, tandis qu'ils ne manqueront pas de fustiger l'aide insuffisante aux pays privés de cette matière grise. Mais passons sur cette incohérence. Et n'imaginons surtout pas que c'est peut-être parce que ces étudiants préférant rester là où ils ont étudié le font parce qu'ils pensent que notre civilisation est supérieure à celle dont ils sont issus. Ce serait là pensée peccamineuse. Ça reste donc un mystère qu'il ne faut surtout pas éclaircir.

 
On voit aussi d'après les chiffres que le gros bataillon des immigrants est constitué par les familles. Là il convient de s'arrêter un peu pour observer les chiffres plus en détail. Le regroupement familial donc qui consiste pour un immigré à faire venir sa famille ne concerne que 20% de l'immigration familiale. Les 80% restants concernent des étrangers dont un des proches est français et bien évidemment par proche il faut souvent entendre conjoint. Car la France détient le record européen des mariages mixtes, même si cet adjectif n'est pas vraiment approprié. En effet ces mariages mixtes souvent s'apparentent à une forme d'endogamie religio-culturelle. Plus de 50% de ces mariages concernent un conjoint venant du Maghreb. Ce qui pourrait montrer un certain goût de la part des Françaises et Français pour l'exotisme si plus de 70% de ces dernières et derniers n'étaient pas eux-mêmes issus de l'immigration d'origine maghrébine. Ces chiffres indiquent tout simplement un échec de l'intégration ou un refus de s'intégrer. Reste que ces mariages mixtes constituent un levier puissant pour l'immigration. D'autant plus que contrairement au regroupement familial qui nécessite depuis très peu d'années c'est vrai des garanties tant en termes de logement qu'en termes de revenus pour être agréé, quasiment aucune contrainte sérieuse ne peut relativiser l'afflux d'immigrés ayant des liens de proximité familiale avec des Français.

 
Passons maintenant à l'immigration illégale. Bien évidemment de par son caractère on ne peut chiffrer le nombre d'immigrés illégaux présents sur le territoire. On est donc dans des fourchettes variables, les plus optimistes situant le nombre de clandestins en France entre 200000 et 400000 individus.
Sur le principe j'admets évidemment que quelqu'un puisse avoir envie de tenter sa chance ailleurs parce qu'il vit dans un environnement défavorable. Si en plus on a gangréné son cerveau par des propos lui vantant la supériorité de la civilisation occidentale, il est d'autant plus victime. Mais en contrepartie, si on peut comprendre sa démarche, il devra comprendre celle qui consiste à le renvoyer chez lui, à condition qu'on veuille bien l'y reprendre, s'il se fait prendre. Mais qu'il se rassure les chances pour lui de rester en France sont quand même suffisamment importantes, largement supérieures à une sur deux pour qu'il puisse tenter le coup. D'autant plus que dans la très grande majorité des cas, ça ne présente guère de danger. En effet on estime que 90% des clandestins sont entrés légalement par le biais de visas courte durée et ne sont pas repartis. Il faut aussi considérer le cas de ceux qui n'ont pas obtenu le statut de réfugié (environ 40000 par an) mais qui majoritairement restent quand même sur place. En fait les cas dramatiques de ces clandestins débarquant à Lampedusa ou à Malte sur de frêles esquifs s'ils ont eu la chance de ne pas périr noyés, ou accrochés à un train d'atterrissage ne représentent que la partie émergée de l'iceberg.
Quelques éléments donc qui je l'espère n'encourageront pas des entreprises d'émigration clandestine. Car même la clandestinité peut donner lieu à des statistiques ou bilans chiffrés.
On dispose par exemple assez facilement d'une fourchette basse du nombre des clandestins en France. En effet, au 31 décembre 2010, il y avait 228036 bénéficiaires de l'aide médicale d'Etat (AME), cette disposition datant de 1999, prise à l'initiative de Martine Aubry, et qui permet aux clandestins de se voir prendre en charge leurs frais de santé (à 100% alors que des cotisants ne peuvent pas s'offrir de mutuelle, et que les comptes sont dans le rouge vif, mais passons sur cette incohérence) sous réserves de leurs ressources. C'est quand même assez fort, vous ne trouvez pas. On ne peut pas chiffrer le nombre d'irréguliers mais on peut connaitre le nombre et l'identité de plus de 200000 d'entre eux et même admettre que l'irrégularité ne dispense pas d'avoir des ressources donc, sans doute, du travail. Enfin, moi, il y a quelque chose et même plusieurs choses qui me chiffonnent.
On connait aussi le nombre de reconduites à la frontière, chiffre toujours en augmentation en partie grâce aux Roms qui vont et qui viennent et peuvent être comptabilisés plusieurs fois. Ce chiffre fut de 28026 en 2010, Il est à comparer aux 32818 régularisations d'immigrés irréguliers qui a eu lieu cette même année. Et aussi aux 84346 mesures d'éloignement du territoire prononcées également cette année là. Ce qui veut dire que la probabilité d'être expulsé du territoire français, à partir du moment où on s'est fait prendre, n'est que d'un tiers et inférieure à celle d'être régularisé à terme.
Tous ces éléments indiquent que la lutte contre l'immigration clandestine est insuffisante et aussi que les procédures qui protègent les clandestins sont telles que tous les efforts n'auront que de faibles impacts.

 

 
D'une manière plus générale, on peut constater que l'Etat n'a qu'une maitrise très faible de l'immigration. Le seul vrai levier donc elle dispose quant à l'immigration légale est la maitrise de l'immigration économique qui, comme on a pu le voir, en représente la part la plus faible. S'il est possible de revenir sur le regroupement familial dont la possibilité a fait l'objet de mesures de durcissement et de bon sens puisqu'il s'agit de s'assurer des possibilités d'accueil des familles concernées, il semble difficile par le biais de la loi de revenir sur le rapprochement des conjoints de Français même si tout de même il serait utile d'étendre les mesures durcissant le regroupement familial à ce type de regroupement, ce qui ne serait que bon sens. C'est assez commun dans d'autres pays où on ne peut s'établir si on n'a pas les moyens d'y vivre. Comme j'ai essayé de le suggérer plus haut, c'est peut-être davantage dans ce cadre précis, mais qui pourra être avantageusement étendu aux autres, sur les mentalités qu'il faut jouer. Car comme je l'ai souligné une part importante des mariages mixtes indique clairement un défaut d'intégration de la part du conjoint français. Or, l'immigration ne devient clairement un problème que quand ce manque d'intégration existe, quand les enfants, voire les petits-enfants d'immigrés continuent à se percevoir comme étrangers à la culture du pays dont ils possèdent la nationalité parce qu'elle leur a été octroyée automatiquement. Ceci fera l'objet d'un prochain billet.

vendredi 10 février 2012

Sujets qui fâchent, sujets tabous, certificats de bienpensance


Cette époque est extraordinaire. Attention "extraordinaire" n'a pas forcément une connotation positive. Si l'époque est extraordinaire, exceptionnelle, c'est en l'occurrence plutôt dramatique. Car c'est carrément le débat démocratique qui est devenu impossible en France. Nous sommes en 1453 à Constantinople. Alors que la ville va tomber entrainant dans sa chute l'empire byzantin, on y discute du sexe des anges.
Car certes, on veut bien pérorer sur la politique économique et sociale, sur l'Europe, enfin toutes choses qui finalement échappent désormais largement aux politiques au point que dans certains pays pas moins démocratiques que la France, on a promu des gouvernements d'experts, ce qui est peut-être moins hypocrite que de tenter de nous faire croire qu'on peut faire quelque chose, que le changement c'est pour maintenant. En tout cas le dernier rapport de la Cour des Comptes, pourtant présidée par un homme de gauche, fort respectable par ailleurs, nous indique bien cette limite de choix en confirmant que sauf à vouloir se faire hara-kiri, il faudra poursuivre la politique de réduction des dépenses entamée trop tard évidemment pas le gouvernement actuel et même l'intensifier. Ce qui d'emblée torpille le programme du candidat Hollande… qui s'adaptera. Molleté et souplitude obligent.
Car certes, on veut bien s'offusquer, s'indigner, crier à l'outrage quand par exemple Merkel chef de la CDU et accessoirement chancelière allemande s'en vient au chevet de son candidat français préféré mais bien mal en point. Bref s'étendre sur des sujets sans grand intérêt.
En fait tout ça fait passer le temps et empêche de passer à l'essentiel, ou du moins à des sujets importants qui restent, faut bien qu'ils servent à quelque chose, aux mains du politique. En fait j'aurais dû employer ici une autre expression, et dire "devraient rester", car force est de constater que ceux qui nous dirigent depuis quelques décennies se sont prudemment déchargés de ce fardeau, se sont débarrassés de cette patate chaude, laquelle ne s'est pas contentée d'aller pourrir au fond d'un fossé mais a été ramassée par la droite nationale-populiste.
 
Car nous voilà désormais confrontés à un double problème qui en fait n'en forme qu'un seul : l'impossibilité de débattre sur la manière dont nous allons, pourrions, devrions vivre ensemble (pour reprendre cette expression très à la mode) et la présence durable et qui ne cesse de s'affirmer dans le paysage politique d'une droite qui se veut nationale et qui fait son beurre de ce refus de débattre. J'ajouterai que ce phénomène touche quasiment tous les pays européens, même si dans quelques-uns, l'Allemagne ou la Grande-Bretagne par exemple, ce genre de partis a une très faible audience tandis que toutefois leurs idées se font entendre. Je rappellerai le brulot à fort succès de librairie de Thilo Sarrazin, homme de gauche (SPD) " Deutschland schafft sich ab " (L'Allemagne s'autodétruit), dénonçant l'islam en Allemagne.
Ainsi est-il devenu impossible de parler sereinement d'immigration, d'identité nationale, de communautarisme, d'intégration (ne parlons même plus désormais d'assimilation), enfin de toutes ces choses essentielles car c'est de notre avenir commun dont il s'agit.
 
Car les stratégies d'évitement sont diverses. En voici quelques unes.
On pourra vous dire alors que vous soulevez un problème relatif à l'un des thèmes précités qu'aborder ce sujet est superflu, que c'est pour éviter d'en aborder d'autres bien plus importants comme le pouvoir d'achat par exemple. Evidemment le pouvoir d'achat des ménages est bien plus important que l'avenir national ou celui de notre civilisation. Mais dans ce cas de figure, généralement on reste poli, on vous fait juste comprendre que votre hiérarchisation des problèmes est quelque peu fantaisiste et qu'il est hors de question de perdre son temps avec ça.
On pourra aussi se montrer bien moins urbain et d'emblée vous ranger parmi les nostalgiques du 3ème Reich ou de cette période la plus sombre de notre histoire, selon l'expression consacrée. Cette méthode est le propre des associations antiracistes que je catégoriserai volontiers de la même façon que Jean Baudrillard qui disait que "SOS Baleine voulait sauver les baleines, comme SOS Racisme voulait sauver les racistes". Elle est aussi utilisée largement par les hommes politiques. Un exemple récent nous en a été fourni par ce député de Martinique disant à Claude Guéant :" …Mais vous, monsieur Guéant, vous privilégiez l'ombre. Vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration, au bout du long chapelet esclavagiste et colonial...". Mais sans aller jusque là, souvent on simplifiera, en disant que vous avez les mêmes idées que le front national ou que vous faites son jeu, ce qui est censé vous disqualifier totalement.
Il y a aussi cette solution de vous trainer en justice pour incitation à la haine raciale. J'évoquerai juste ce qu'il advint après un simple constat fait par Eric Zemmour dont je pense inutile de rappeler les propos qui pourtant n'avaient rien d'une opinion et se basaient sur une réalité confirmée d'ailleurs par des connaisseurs, comme le juge Bilger par exemple, dont on ne peut guère soupçonner les accointances avec l'extrême-droite. Ce procès nous a révélé que même certains faits méritaient d'être tus dès lors qu'ils menaçaient l'ouverture de débats de fond sur certains sujets. Car constater qu'un certain type de population est majoritaire en prison mérite, je le pense un vrai débat. Car ce sont les causes qu'il faut mettre à jour. Entre le raciste qui imputera ça à des causes génétiques et le gauchiste qui verra là la preuve du caractère raciste de la société capitaliste, il y a sans doute certaines voies à explorer plus raisonnables. Encore faut-il le vouloir et ne pas laisser aux deux catégories que je viens de citer l'exclusivité de la parole.
Il y a également ce travail qui s'opère dans les cerveaux, dès l'école désormais, et qui d'une part tend à présenter la société occidentale (civilisation?) comme coupable des plus grands crimes contre l'humanité avec notamment l'esclavage et la colonisation, discours qui oublie que ces deux pratiques ont été largement partagées avec d'autres sociétés dans les siècles passés, et d'autre part nous présente certaines situation actuelles comme un bonheur auquel nous serions complètement idiots de vouloir échapper. Ainsi l'immigration est devenue une chance pour la France, la diversité nous enrichit, ou l'islam est religion de paix et d'amour. Ça évidemment n'a pas besoin d'être prouvé car ces opinions ont désormais valeurs de faits, de vérités qu'il serait indécente, et même criminel de contester. Peut-être un loi nous forcera-t-elle à cela un jour?
Et puis il y a ce fameux certificat de bienpensance ou de respectabilité qui fait que les paroles n'ont plus guère d'importance, mais s'effacent devant la personne de celui ou celle qui les prononce. J'imagine bien par exemple que si c'était Sarkozy qui avait eu cette idée fumeuse d'inscrire la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution, on aurait tout de suite crié au scandale, à la récupération des voix du FN. Comme c'est Hollande, on doit applaudir des pieds et des mains. Dans le même ordre d'idée quelqu'un qui s'exprimerait d'une manière peu angélique sur l'immigration se verrait retourner cet argument imparable : "vous avez le même discours que Le Pen!". Et comme Le Pen n'est évidemment pas respectable… Par contre, même si vous avez été condamné pour recel et abus de bien sociaux, à cause d'un emploi fictif dans le domaine associatif au profit des migrants, donc pour dire plus simplement que votre engagement dans l'antiracisme vous a permis de taper dans la caisse à votre profit au détriment donc de ces migrants, vous pouvez vous ériger en autorité morale et attaquer bille en tête suite aux paroles d'un ministre de l'intérieur. Parce que vous l'avez, vous, ce certificat de respectabilité et parce que vous êtes un bienpensant universellement, au moins, reconnu. Et en plus vous êtes de gauche!
 
Voilà donc toute une série de stratégies qui fonctionnent bien, même très bien puisqu'elles nous interdisent de nous poser collectivement la question de notre avenir commun.
Cette inhibition a été très visible dans la récente affaire des "civilisations qui ne se valent pas". On aurait pu se saisir de ces propos pour enfin organiser ce débat qui fait défaut, mais d'emblée toutes les stratégies ou presque ont été utilisées pour l'éviter. Ce furent des propos destinés à créer la polémique et masquer le bilan de Sarkozy, ce furent des propos destinés à récupérer l'électorat FN, donc des propos fascistes, ce furent des propos qui niaient la respectabilité égale de toutes les civilisations, ce furent des propos prononcés par quelqu'un qu'on ne présente plus désormais. Et résultat des courses, alors que finalement personne ne s'est trompé sur la cible du message, ceux qui n'ont pas voulu tomber dans le travers de l'injure ou du soutien aveugle se sont laissé entrainer dans des propos savants ou pseudo-savants pour tenter d'expliquer ou que le terme n'était pas approprié, ou ce qu'était une civilisation et de la en déduire que c'était des absurdités que Guéant avait proférées ou au contraire que son affirmation était fondée. Mais sauf rarement, très rarement, en tout cas ce ne fut pas le cas de nos hommes et femmes politiques, personne n'a voulu aborder le vrai débat qui était derrière ces propos, et même pas celui qui les a tenus d'ailleurs.
 
Pourtant il faudra bien que ce débat ait lieu. Car si l'immigration n'est pas forcément une chance, c'est en tout cas un besoin, et qui sera de plus en plus massif pour nous Européens qui ne faisons plus guère d'enfants. Et il faudra bien qu'on se mette d'accord sur la manière dont nous voulons vivre ensemble. Si on ne le fait pas sereinement, de façon civilisée, si je peux me permettre, le débat aura tout de même lieu. Mais cette fois dans la rue. Et moi je commence à être trop vieux pour ces conneries.

 

lundi 6 février 2012

Laïcité et Alsace-Moselle



Strasbourg va avoir son cimetière musulman. Il faut dire que cette ville dont le maire l'an dernier déclarait à des parents d'élèves sans doute catholiques et s'étonnant que leur progéniture ne pouvait manger du poisson dans les cantines de la ville le vendredi tandis que les petits musulmans pouvaient eux respecter les préceptes de la religion de leurs parents en y mangeant hallal que "Nous servons de la viande halal par respect pour la diversité, mais pas de poisson par respect pour la laïcité", il faut dire que cette ville est devenue un lieu rêvé pour les musulmans, du moins ceux qui ont des revendications communautaristes, car au nom du Concordat napoléonien toujours appliqué à cette région, ces revendications peuvent être largement satisfaites. Aussi peut-on voir des mosquées financées publiquement sans qu'il soit nécessaire de le cacher comme dans d'autres municipalités.
 
Je ne reviendrai pas sur le fait que le Concordat ne faisait mention que des religions catholiques, protestantes et judaïques. Un juge administratif, et cela a déjà été surement fait, peut contextualiser cette loi d'exception permettant à une région et un département d'échapper aux rigueurs de la loi de 1905 sous prétexte que lors de sa promulgation les deux faisaient partie du Reich allemand. Tellement content de les retrouver après la première guerre mondiale, ils purent prendre ce qui était bon en France et conserver ce qu'ils considéraient bon pour eux de l'ancien empire. Parce qu'il n'y a pas que la loi sur la laïcité qui fait exception. Je me souviens avoir voyagé sur un vol pour la Guyane à côté d'un garde-forestier mosellan qui m'expliqua en détails les avantages qu'il avait par rapport à son collègue qui travaillait presque à côté de lui, mais en Meurthe-et-Moselle. En gros grâce à divers avantages, il gagnait deux fois plus que lui et s'en montrait fort satisfait, bien sûr.
Car oui notre République n'est pas parfaite. Elle qui proclame l'égalité devant la loi dans sa Constitution omet de préciser que toutes les lois ne s'appliquent pas partout sur notre territoire.
 
Ainsi en est-il de la loi de 1905 que le candidat Hollande veut faire entrer dans la Constitution. Chose ma foi inutile et sans doute bien imprudente. Inutile parce que le principe de laïcité est déjà inscrit dans l'article premier de la Constitution. Imprudente parce que, et je crois que c'est une première, il y aurait exception inscrite dans cette Constitution ce qui laisserait deviner que la République n'est plus "une" mais diverse (je sais que ça, ça doit plaire à beaucoup) et ce qui donc ouvrirait la porte à des revendications particularistes et un jour communautaristes. Pourquoi ne pas inscrire qu'en vertu du traité de rattachement du Duché de Bretagne au Royaume de France, qu'il ne peut y avoir de péage autoroutier dans cette région?
Oui, car exception inscrite dans la Constitution il y aura ou devrait avoir si on suit ce même François Hollande qui a capitulé dans les 30 secondes après qu'il lui fut soufflé que les Alsaciens étaient très attachés au Concordat. En fait je ne sais pas si c'est vrai. J'ai vécu un peu en Alsace mais les gens que je connaissais ne m'ont jamais vraiment parlé de cet attachement. Tout au plus se réjouissaient-ils, et moi aussi par l'occasion, de voir le 26 décembre chômé ainsi que le mardi de Pâques si ma mémoire est bonne. Par contre je ne sais pas s'ils se réjouissent de voir leurs impôts utilisés pour construire des lieux de culte musulman et maintenant un cimetière particulier pour les musulmans. Faudrait leur demander.

Pour ce qui est de ce cimetière musulman, je dois avouer que je suis quand même un peu étonné, voire choqué. Alors que certains disent que c'est un signe d'intégration de voir des musulmans venus d'ailleurs se faire enterrer désormais en France, j'estime que c'est un signe de la volonté d'entretenir un particularisme, si ce n'est un communautarisme, que de souhaiter être enterré entre soi. Et l'affichage d'un certain mépris pour ne pas dire davantage pour les membres d'autres cultes ou les athées. A quand les cimetières confessionnels maintenant? Ceux qui revendiquent dans la vie davantage de mixité, de diversité, de mélange, me semblent être les mêmes qui permettent de s'isoler en fonction de ses croyances dans la mort. Paradoxal? Sans doute. Mais pas davantage non plus que de scander le mot égalité une bonne douzaine de fois sur sa tribune, et je dois être en dessous de la vérité, et d'admettre ensuite que l'égalité devant la loi, un des fondements de la Révolution dont on se réclame, ne soit pas respectée. Ça aussi ça fait partie des incohérences déjà évoquées dans de précédents billets.
 
Ce que j'attendais, ce que j'espérais de François Hollande ce n'est pas cette capitulation en rase campagne. J'attendais l'homme de décision, l'homme responsable, celui qui a appris à renverser les tables (on me souffle que ce ne sont pas les tables mais les guéridons) allait dire "Je ferai inscrire la loi de 1905 dans la Constitution afin que les régimes d'exception existant cessent enfin car il n'ont plus lieu d'exister, parce que l'exception est intolérable dans une République une et indivisible". Voilà ce que j'attendais. Et voilà ce qu'on semble entendre : "Je ferai inscrire la loi de 1905 dans la Constitution en prenant soin de ne pas heurter ceux de nos concitoyens qui vivent sous un régime d'exception. Pour ce j'inscrirai également cette exception dans la Constitution pour qu'il soit désormais, sinon impossible, au moins très difficile de leur dénier ce droit à l'exception. Pour le reste l'inscription de la loi de 1905 dans la Constitution ne changera absolument rien et ceux qui financent indirectement par le biais d'associations culturelles, en pratiquant des baux emphytéotiques à très bas coûts, les lieux de culte pourront bien évidemment continuer."
La différence entre les deux discours est quand même de taille. C'est la différence entre le courage et la complaisance camouflée derrière des mots.
 
L'Alsace-Moselle continuera donc à vivre sous un régime concordataire, donc d'exception. Et ce n'est pas une bonne chose, surtout dans les circonstances actuelles. Car je vois déjà une inversion du problème. Quelque chose du genre : "l'exception alsacienne a permis à une religion implantée tardivement en France de rattraper son retard. Et chacun dans cette région ne peut que s'en louer. Cet heureux exemple doit nous faire envisager la possibilité d'une dérogation temporaire concernant la loi de 1905 pour cette religion sur tout le territoire français afin que ce retard partout soit comblé".
Qui saurait résister à un tel discours?

dimanche 5 février 2012

Civilisation et connerie



Ça y est, une certaine gauche bienpensante vient de trouver de quoi s'indigner pour la semaine. Eh oui, il lui faut bien ça, un os à ronger pendant quelques jours en attendant le suivant. Sans espoir de la voir rentrer à la niche qui pourtant est sa vraie place.
Imaginez donc cette horreur : Claude Guéant, ci-devant Ministre de l'Intérieur a déclaré lors d'une conférence que toutes les civilisations ne se valaient pas. Ce qui veut dire implicitement que la nôtre, la civilisation occidentale serait supérieure à certaines autres que certes il n'a pas citées mais que ses références à l'attitude tenue vis-à-vis des femmes, de la liberté de conscience, le la tolérance, etc., désigne de façon assez explicite. Bien évidemment les réactions n'ont pas tardé : "provocation", "ministre rabatteur des voix du FN", "retour de 3 siècles en arrière", "abject" figurent parmi ces réactions sans parfois en comprendre le ridicule.
Tiens, prenons par exemple ce " retour de 3 siècles en arrière" énoncé par Cécile Duflot qui devrait cesser de brouter du foin. 3 siècles dit-elle alors qu'un certain Léon Blum, qui sans doute inspira le FN, parlait en son temps, et avec d'autres souvent du même bord politique, de mission civilisatrice de la France pour justifier la colonisation. Peut-être devrais-je un jour écrire un billet qui s'intitulerait "Ecologie et histoire".
 
Ceci dit la déclaration de Guéant ainsi que les réactions indignées de nos bien aimés progressistes sont très intéressantes. Parce qu'elles déplacent un débat politique de campagnes présidentielle et législative sur un autre terrain que celui des chiffres, sur le terrain des valeurs, sur le terrain du devenir de la France sur un plan sociétal. Il me parait plus intéressant en effet, plutôt que de voir une campagne faussement s'enliser sur des problèmes économiques et financiers au sujet desquels parce que nous appartenons à l'Union Européenne, parce que la mondialisation s'impose à nous avec ses règles ou plutôt ses dérèglements, plutôt que de voir des débats s'alimenter de la petite phrase prononcée par l'autre ou de la présence au bal de l'extrême-droite autrichienne de Marine Le Pen, il me parait donc plus intéressant de voir s'élever des débats sur la conception qu'ont les protagonistes sur l'identité de la France, voire au-delà, sur les rapports entre les habitants de ce pays.
Or, si on s'attache à cette dernière péripétie, on voit tout de suite, que là, sur ces points, il existe des différences fondamentales. D'un côté l'affirmation de l'appartenance de la France à une civilisation occidentale, judéo-chrétienne pourrait-on dire, et jugée préférable à d'autres, de l'autre une égalité totale entre les différentes civilisations dont les représentants peuplent de plus en plus notre pays, égalité qui peut laisser supposer que la cohabitation de civilisations différentes, portant des valeurs différentes, est un phénomène pas seulement à accepter, mais à encourager.
 
Si on considère que la civilisation, c'est l'ensemble des traits qui caractérisent l'état d'évolution d'une société donnée, tant sur les plans sociaux, religieux, moraux, politiques, artistiques, intellectuels, scientifiques, techniques, peut-on affirmer que toutes les civilisations se valent, qu'elles ne peuvent être hiérarchisées.
Voyons brièvement ces différentes caractéristiques.
Je laisse tomber d'emblée les plans scientifique et technique, car la discussion parait inutile quant à la supériorité actuelle mais déjà ancienne de la civilisation occidentale.
Sur les plans intellectuel et artistique, force est de constater que la production occidentale reste la plus développée dans le monde, de même que l'innovation dans ces domaines.
Aborder le religieux et plus difficile tant il est patent que dans certaines civilisations le religieux englobe normes sociales, morale et politique. Mais indiquer cela est peut-être déjà indiquer une certaine supériorité de la civilisation occidentale qui a su un peu partout, et même dans les pays qui disposent encore d'une religion d'Etat, dans les pays où le président entrant prête serment sur la bible, s'affranchir de la religion dans les autres domaines.
Sur le plan politique, c'est la démocratie qui est devenu le modèle dominant dans la civilisation occidentale. C'est moins vrai, beaucoup moins vrai dans d'autres civilisations mais dont les pays qui la composent pourtant s'adonnent volontiers à un simulacre de démocratie, ce qui est implicitement la reconnaissance de la supériorité d'un modèle.
Sur le plan social, la civilisation occidentale reconnait le caractère unique de l'individu, ce qui peut amener à certains travers, je pense à un individualisme exacerbé. Dans d'autres l'individu n'est rien ou peu. Chaque individu, dans la société occidentale est généralement égal en droits et devoirs, au moins devant la loi, à ses congénères, dispose souvent d'une protection sociale, même si elle est variable selon les Etats, peut exprimer librement ses opinions. Les différences de sexe, de couleur de peau ne constituent pas devant la loi des différences justifiant une différence de traitement. Les résistances sociologiques à cette égalité ont tendance à s'effacer de plus en plus. Ce "de plus en plus" constituant une des caractéristiques de la civilisation occidentale.
 
C'est en effet ce "de plus en plus" qui est peut-être la marque essentielle de la supériorité de la civilisation occidentale. Car contrairement à d'autres qui sont dans une stagnation complète depuis des siècles, qui refusent les apports des autres civilisations, la civilisation occidentale a su évoluer à travers les siècles. C'est une civilisation cumulative, perméable aux influences extérieures et capable, souvent après des chocs, de se remettre en cause. Elle n'a peut-être pas progressé linéairement, le faisant par bonds par bonds, mais elle a su s'amender à travers les siècles, ce qui lui a d'ailleurs permis d'exercer pendant très longtemps une réelle suprématie sur les autres civilisations. Une suprématie à laquelle elle va peut-être renoncer, peut-être, car elle se situe actuellement à la croisée des chemins selon l'expression consacrée, en partie tiraillée entre ceux qui tentent de la défendre, car bien sûr ils pensent qu'elle reste la meilleure, et ceux qui au contraire la situent au même niveau que les autres, quand tout simplement ils ne passent pas leur temps à la dénigrer tandis qu'ils revendiquent la défense des identités allogènes.
 
Ce qui pourrait devenir un débat mais qui se finira comme d'habitude en invectives vis-à-vis de celui qui a lancé la polémique, à prendre dans le bon sens du terme, est à mon sens sans doute le point sur lequel devraient s'exprimer en priorité nos candidats à la présidentielle. Ils ne le feront pas ou laisseront comme d'habitude ça au FN tout en s'étonnant de son succès auprès des classes populaires sans doute intuitivement plus sensibles à cette thématique que d'autres catégories sociales.
 
Pour terminer, une citation extraite de "Race et culture" de Claude Lévi-Strauss, qui comme chacun sait était un inspirateur du FN :
"Sans doute nous berçons-nous du rêve que l'égalité et la fraternité régneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité. Mais si l'humanité ne se résigne pas à devenir la consommatrice stérile des seules valeurs qu'elle a su créer dans le passé (…), elle devra réapprendre que toute création véritable implique une certaine surdité à l'appel d'autres valeurs, pouvant aller jusqu'à leur refus, sinon même leur négation. Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l'autre, s'identifier à lui, et se maintenir différent. Pleinement réussie, la communication intégrale avec l'autre condamne, à plus ou moins brève échéance, l'originalité de sa et de ma création. Les grandes époques créatrices furent celles où la communication était devenue suffisante pour que des partenaires éloignés se stimulent, sans être cependant assez fréquente et rapide pour que les obstacles indispensables entre les individus comme entre les groupes s'amenuisent au point que des échanges trop faciles égalisent et confondent leur diversité..."