"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 18 octobre 2011

Hollande, candidat de la repentance



Ça commence bien!
Fraichement désigné par les forces de gauche qui avaient fait le déplacement dimanche dernier pour départager le candidat européanisto-libéral de la candidate libéro-européaniste issus du premier tour des primaires socialistes, citoyennes, démocratiques et le reste, François Hollande, plutôt que de fêter ça dignement, c'est-à-dire de faire une nouba du diable, de se prendre une cuite mémorable qui l'aurait laissé au lit le lendemain matin après une petite nuit passé au-dessus de la cuvette des toilettes, a préféré rester dans le registre de la sobriété pour avoir le pied alerte et l'œil vif, si c'est possible, pour commémorer le 50ème anniversaire de la mort de quelques dizaines des Français musulmans d'Algérie suite à une manifestation organisée par le FLN dans les rues de Paris le 17 octobre 1961.
On peut comprendre que le candidat fraichement désigné ait voulu faire parler de lui dès le lendemain de sa désignation comme candidat aussi inattendu il y a quelques mois encore, qu'insolite du parti socialiste, mais quitte à déposer une rose, il aurait pu le faire par exemple sur la tombe de Raymond Aron dont c'était l'anniversaire du décès ou à Cholet pour commémorer la victoire des républicains sur les forces de la réaction lors de la bataille du même nom et s'étant déroulé le 17 octobre 1793.
En honorant Raymond Aron, sociologue de droite, chose tout de même assez rare pour être remarquée, il aurait affirmé sa volonté répétée maintes fois dans sa campagne de rassembler les Français. En commémorant la victoire de Cholet, il aurait indiqué son désir d'en terminer avec un ordre ancien et injuste.
Eh bien non! Il a préféré aller draguer les voix de l'électorat arabe en allant polluer la Seine au niveau du pont de Clichy en y balançant une rose. Et comme il n'était pas seul, la pollution du fleuve avec toutes ces roses gorgées d'engrais et de pesticides n'en a été qu'aggravée. Pas terrible quand même pour s'attirer les faveurs de Gro dite Eva Joly. Pas bien François!
 
Pas terrible non plus pour espérer ramasser ma voix lors des présidentielles. Parce que la repentance, ça commence sérieusement à me gonfler. Même si c'est devenu à la mode, même si les occidentaux et particulièrement les Français prennent un plaisir masochiste à témoigner contre eux au procès de l'histoire, histoire que d'ailleurs ils connaissent fort mal, suffisamment mal pour être incapables de contextualiser les événements célébrés parce qu'honnis, bref en se déclarant les seuls et uniques coupables de toutes ces vilaines choses qui ont sillonné notre histoire, celles faisant notre fierté et notre grandeur étant déjà passées à la trappe depuis longtemps. Je dois dire que j'ai une certaine méfiance pour un pays capable d'envoyer le Charles-de-Gaulle commémorer la victoire anglaise de Trafalgar, donc notre défaite, et incapable de commémorer la grande victoire d'Austerlitz. Merci Chirac et Villepin (on peut se faire de l'argent en vendant des bouquins sur Napoléon et ne pas remplir ses obligations en tant que premier ministre pour célébrer le sentiment national)! Il faut dire que maintenant que Napoléon, en tant que chef militaire, a été chassé des livres d'histoire de nos chères petites têtes blondes mais désormais aussi crépues, pour avoir encore des traces de l'existence de cette période de l'histoire, il faudra plutôt aller à l'étranger où curieusement le nombre d'expositions consacrées à l'Empire est nettement plus élevé qu'en France où d'ailleurs, je crois, rien n'a été organisé depuis 1969, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Bonaparte, pour ceux qui ne le sauraient pas, et je ne doute pas qu'ils soient nombreux. Par contre l'esclavage qu'on limitera pour des raisons de bienséance à la traite atlantique, la colonisation, les guerres de décolonisation, ça on va en bouffer de plus en plus. Ne vous étonnez donc pas si vous êtes, malheureusement pour vous, blanc de peau et que vos moyens financiers ne vous auront pas permis d'habiter les quartiers chics et de caser vos enfants dans le privé, de voir ceux-ci se faire maltraiter, racketter ou subir d'autres gracieusetés. Il faut bien que l'histoire prenne sa revanche, et les cours de récréation sont un bon terrain d'initiation à cette nécessité morale davantage qu'historique d'ailleurs. C'est comme ça, on n'arrête pas l'histoire et si on peut même précipiter son déroulement en intériorisant notre culpabilité d'être nés occidentaux, ne nous en privons pas. Ça sera ça de gagné, après tout.
 
Et donc voilà notre candidat Hollande sur les bords de la Seine en train de balancer sa rose en mémoire des victimes de cette journée du 17 octobre 1961. On ne sait pas d'ailleurs vraiment pourquoi il est là. Il parle de promesse à laquelle il ne pouvait pas se dérober. Mais quid de cette promesse et de celui ou ceux qui l'ont reçue? Jamais vraiment précis dans ses propos le père Hollande. Toujours est-il qu'il est là. Ça plaira à ceux qui se réclament des forces de progrès et aux arabes, et ça irritera les vieux réacs comme moi ou plutôt ceux qui pensent que la France n'a pas à s'humilier surtout quand c'est face à des gens pour lesquels la démocratie, la liberté, le respect des cultures, la liberté philosophique et religieuse résonnent comme des mots orduriers, quand c'est face à des gens qui auraient autant, sinon davantage de raisons de s'excuser ou simplement de reconnaitre leurs actes barbares. Quand par exemple les Algériens reconnaitront-ils le massacre des harkis, l'emploi de la torture, la massacre de centaines de colons alors que les accords d'Evian sont déjà signés?
En fait il y a une grande différence entre eux et nous. Personne en France actuellement, ou alors très peu, ne niera qu'il y a eu un 17 octobre 1961, qu'il y a eu pratique de la torture en Algérie et d'autres actions peu reluisantes. En Algérie, ce n'est pas le cas avec les crimes perpétrés par le FLN et il serait sans doute assez dangereux pour quelqu'un de l'exprimer publiquement, sur place. Mais il semblerait que cette dissymétrie soit considérée comme normale, logique puisque en tant qu'occidentaux c'est à nous de porter le fardeau des péchés commis sur cette terre depuis que l'homme existe.
 
Et pour être sûr que nous soyons toujours les seuls coupables, on va donc présenter les événements en occultant tout leur contexte. Par exemple on oubliera que le 17 octobre est le fruit d'une manifestation organisée par le FLN. On oubliera qu'en France, qu'à Paris, ce même FLN menait une guerre contre la France. Que des policiers et des militaires étaient tués dans les rues de Paris et que peut-être, même si ça ne l'excuse pas, la brutalité policière n'est pas étrangère à cet état de tension et même de peur. On oubliera que la guerre menée sur notre territoire, outre une tentative de déstabilisation du pays, avait pour but de récolter de l'argent. Auprès que qui? Des travailleurs algériens principalement. 80% des ressources du FLN venaient de cet impôt, impôt pas forcément consenti, en fait un véritable racket qui signifiait la mort pour celui qui voulait s'y opposer. On oubliera aussi que pendant cette période environ 4000 algériens ont été exécutés en France par le FLN. On retiendra donc uniquement qu'une manifestation pacifique de français musulmans d'Algérie, voulant s'opposant à un couvre-feu scandaleux, fut réprimée dans le sang. Que le couvre-feu ait été un acte destiné à reconquérir les territoires gagnés par la FLN en région parisienne et à entraver la collecte de l'impôt n'a aucune importance, pas plus que le fait que des milliers d'Algériens aient été poussés dans la rue par ce même FLN qui n'ignorait sans doute pas les conséquences de ses actes. Foin de tout ceci. Les salauds, c'est Papon, c'est de Gaulle, c'est la France.
 
Ah oui, François! Je t'imagine bien au lendemain de ton élection à la tête de l'Etat marcher à genoux dans les rues d'Alger, en chemise de crin et la corde au cou, en train d'implorer le pardon de nos anciens ennemis avec ton sourire niais aux lèvres.

vendredi 14 octobre 2011

Dextrolangage vs sinistrolangage



Depuis Orwell, nous connaissions la novlangue, et depuis jeudi dernier nous savons qu'existe également un dextrolangage. Il apparait en effet, aux yeux de Martine Aubry, que François Hollande utilise des mots de droite, ce qui bien évidemment ne lui plait pas.
Il y aurait donc un dextrolangage à opposer à un sinistrolangage, lequel contrairement à certaines apparences trompeuses ne serait pas forcément le langage des personnes sinistres ou encore sinistrées.
Je ne sais pas trop à quels mots elle a fait allusion en adressant ce reproche d'une rare violence à son challenger. Du coup j'en viens à espérer qu'elle va remporter et la primaire socialiste, citoyenne, démocratique et tout et tout, et l'élection présidentielle. Après avoir accédé à la magistrature suprême, il sera effectivement de son devoir d'éclairer l'esprit des Français qui comme moi ne connaissaient que la langue française, bien qu'ayant constaté sa profonde dégradation depuis pas mal de temps.
 
En écrivant cette dernière phrase, d'un seul coup, je commence à y voir plus clair. Car effectivement, ce que moi j'appelle dégradation, d'autres appellent ça enrichissement. Et vous pourrez consulter n'importe quel dictionnaire, vous constaterez qu'il est impossible de faire de ces termes des synonymes. Dès lors puisque des mots différents peuvent être utilisés pour qualifier une même réalité, on peut donc en déduire, peut-être, et en se plaçant exclusivement sur le plan des opinions politiques, que certains mots sont de droite et d'autres de gauche. Ainsi dégradation serait plutôt de droite, tandis qu'enrichissement ferait plutôt partie du vocabulaire de gauche.
Dans cette optique, il semblerait astucieux, et afin que chacun puisse s'exprimer correctement dans la langue de son camp politique, d'élaborer des dictionnaires classant plus précisément les mots qu'actuellement. Ainsi dégradation serait un mot féminin, de droite ("f, d" pourrait-on lire dans le dictionnaire) tandis qu'enrichissement serait "m,g ". Enfin un peu de boulot pour Giscard et ses compères du quai de Conti.
 
Et brutalement voici qu'un doute s'insinue dans mon esprit. Enrichissement, c'est aussi quand même et surtout une valeur libérale. " Enrichissez-vous... " disait Guizot, pas vraiment réputé pour être un homme de gauche. Et puis il me revient à l'esprit que le terme de dégradation a été maintes fois utilisé par l'opposition de gauche depuis que la droite est au pouvoir. Dégradation du pouvoir d'achat, dégradation des conditions de travail, dégradation du service public, etc., ont été largement entendus ces dernières années. Du coup est-ce que "enrichissement" ne serait pas plutôt de droite et "dégradation" un terme de gauche? J'y comprends plus rien! Martine, faut arrêter de m'embrouiller la tête comme ça!
 
Ou alors les mots seraient de gauche ou de droite en fonction du contexte. Alors ils ne seraient plus en cause. Seules les analyses exprimées avec ces mots le seraient. Là ça change tout. En fait ça voudrait dire que Martine Aubry a voulu signifier que François Hollande était un élément de droite infiltré. Comme elle ne pouvait pas le dire ainsi, code de bonne conduite oblige (wouarf!), elle s'en est pris lâchement aux mots avec ses mots à elle, plutôt que de préciser sa pensée.
Et là on retrouve cette vieille méthode, bien connue des staliniens, et remise en vogue depuis une trentaine d'années en France, en fait depuis que le front national a émergé, d'accuser de tous les maux ceux qui se livreraient à certains constats. On ne parle que de constats, pas de propositions, ce qui est une autre affaire. Donc si tu constates comme Le Pen ou Zemmour ou Finkielkraut c'est que tu es un horrible facho et donc tu es définitivement discrédité.
Ça promet!
 
En attendant, Giscard, tu peux aller te recoucher, ce ne sont pas les mots qui sont véritablement en cause, mais leur assemblage.

mercredi 12 octobre 2011

Les primaires : on en redemande



Surtout quand elles sont socialistes, citoyennes, démocratiques et tout et tout, et quand on est de droite.
 
Il y a peu de temps de cela je notais le franc succès médiatique, suite au battage du même qualificatif qui précéda le premier tour de ces primaires. C'était effectivement assez bien joué, bien que demeurent certaines questions pour que l'exercice puisse être vraiment qualifié de démocratique, et particulièrement le moyen de donner un temps de parole équivalent à tous les partis présentant un candidat à cette élection. Il y avait aussi cette question soulevée en son temps d'un possible fichage surtout des non participants à l'élection supposés être des salauds de droite, argument sans objet véritable dès lors que seulement 2,5 millions de personnes se sont déplacées sur un potentiel d'environ 20 millions. Mais il parait que c'est un succès massif. Inespéré serait peut-être mieux adapté. Faut quand même dire que mobiliser 2,5 millions d'individus pour voter Hollande ou Aubry, c'est assez remarquable.
Donc, bien que les primaires, ce ne soit pas vraiment mon truc, j'y reviendrai, je trouvais jusqu'à il y a peu l'exercice habile politiquement et en redoutais les effets positifs pour la gauche. Mais depuis il y a eu le premier tour et ensuite le début de la préparation du second. Et là quand on n'est pas socialiste, franchement on se régale et on en redemande.
 
Voyons tout d'abord les résultats du premier tour. Le grand enseignement à en tirer, c'est qu'il n'y a toujours pas de leader qui se détache au PS. Quel que soit le candidat désigné, il aura eu moins de 40% des voix au premier tour de ces primaires et quand même c'est pas beaucoup. Surtout comparé aux plus de 60% obtenus par Ségolène lors des précédentes primaires juste socialistes celles-là, j'y reviendrai aussi, lesquels se sont traduits par un soutien, disons déficient, de la part du parti lors de sa tentative de conquête de l'Elysée. Le second enseignement, c'est que c'est le centre gauche européiste, celui qui avec Delors comme inspirateur nous a offert cette belle Europe ouverte aux quatre vents aux capitaux, aux marchandises et aux personnes tout en étant incapable de rien gérer. Là je suis assez d'accord avec Montebourg quand il dit que Aubry et Hollande sont les deux faces d'une même pièce, l'une étant la fille biologique de Delors et l'autre son fils spirituel. Alors évidemment ça peut nuire à Sarkozy, car on sait que ces gens-là ne modifieront pas l'ordre établi, mais pour le choix démocratique ce n'est quand même pas terrible. De fait quel que soit le résultat de cette élection, on restera gouverné au centre, ce qui explique, je crois l'avoir déjà dit ailleurs, que celui-ci manque d'air dans l'arène politique. Certes il y a bien le succès relatif de Montebourg, mais 400000 voix ce n'est quand même pas une tendance forte pour l'avenir, c'est juste le reflet d'une tendance, d'un courant on dit chez eux, qui existe depuis longtemps au PS avec Hamon ou Emmanuelli, et désormais au parti de gauche de Mélenchon. Mais c'est néanmoins très intéressant dans le cadre des primaires, du moins dans le cadre du second tour.
 
Car aucun candidat n'ayant réussi à obtenir une telle avance qu'il est certain de l'emporter, il faudra bien compter sur ces voix échues à Montebourg pour l'emporter. Et celui-ci n'a donc pas hésité à faire monter les enchères en jouant le minoritaire indispensable, capable de faire un roi ou une reine dimanche prochain. Il laisse déjà deviner le rôle identique que joueront les verts à l'occasion du second tour de la présidentielle. Le rôle du chiant capable de faire adopter des mesures dont personne ne veut même pas le peuple dans sa majorité parce que son appoint est indispensable. Et c'est donc très drôle, même si ce n'est pas joli de voir nos deux prétendants tortiller du croupion en prétendant ne pas revenir sur leurs propositions tout en jurant bien fort que celles de Montebourg figurent bien évidemment dans leur programme. Mais vous reconnaitrez qu'il est quand même incongru de vouloir imposer des pans d'un programmes qui n'at recueilli qu'une minorité de voix, même si le score est supérieur à celui escompté. Là il y a quelque chose qui ne colle pas avec l'esprit démocratique des primaires. Mais Montebourg n'en a que faire. Ambitieux, arrogant, il roule davantage pour lui que pour le PS et surtout chacun des deux finalistes qu'il doit mépriser sincèrement. Lui, il prépare déjà 2017. Il aura 54 ans, donc le bon âge. Et pour avoir une chance sérieuse à cette échéance ce serait quand même dommage que la gauche l'emporte. Il y a peu de chance qu'on remette en cause à cette époque la légitimité du président sortant. Et en cas de forte déception de la part des Français qui après l'espoir généré par la fin du sarkozysme qui a "abimé la France, appauvri et divisé les Français" n'auraient pas vu se concrétiser le bonheur promis par cette gauche d'opposition, la droite repartirait pour 10 ans au moins. Montebourg aura-t-il au nom des intérêts de son parti la patience d'attendre ses 59 ou 64 ans pour espérer voir se réaliser son rêve? Je vous laisse deviner.
Et puis il y a cette charmante ambiance d'entre deux tours. Les soutiens des uns et des autres, quand ce ne sont pas les candidats eux-mêmes, mais de façon plus feutrée, ne sont plus très loin de se lancer des noms d'oiseau. Hier j'écoutais la députée Aurélie Filipetti qui s'exprimait dans le "talk" du Figaro, donc chez l'ennemi et qui entre autres gracieuseté déclarait que la camp Hollande n'avait aucune leçon à recevoir d'une candidate de substitution. Moi quand j'entends ça je jubile. Là, au moment où j'écris, on est à quelques minutes du débat entre les deux premiers secrétaires, l'ancien et l'actuelle. Je ne pense pas que je vais le suivre, mais j'en lirai les comptes-rendus. J'imagine qu'il n'y aura pas de gros dérapages de la part de l'un ou de l'autre, mais j'imagine aussi que quelques mots doux ou allusions ne manqueront pas de fuser. En tout cas il me semble que les bases de la défaite aux présidentielles sont en train de se renforcer de jour en jour. Et les messages d'union qui fleuriront dès dimanche soir ne parviendront pas à masquer ces haines qui déchirent le parti socialiste depuis au moins 2002.
 
Comment cela aurait-il pu être évité? Eh bien c'est assez simple. En n'organisant pas de primaires ou alors en huis-clos, entre socialistes.
Personnellement je suis contre cette idée de primaire, car elle ne correspond pas à l'esprit de nos institutions. Je sais, Sarkozy l'a dit aussi. Mais de temps en temps je parviens à me déterminer sur les choses autrement qu'en me référant à celui qui les dit. D'ailleurs j'en avais déjà parlé dans un billet précédent. Pour faire plus démocratique encore on pourrait organiser plein de primaires. D'abord au sein de chaque parti, et pourquoi pas au sein de chaque tendance au sein des partis. Ensuite on pourrait organiser des primaires par grande famille politique. Et ensuite on pourrait commencer véritablement l'élection avec en gros 5 candidats, un d'extrême-gauche, un du reste de la gauche, Bayrou, un de la droite dite républicaine, et Marine Le Pen supposée vu ce qui précède ne pas appartenir à un parti républicain. L'exercice prendrait deux ans et réconcilierait les Français avec la politique puisqu'avec les autres élections ils auraient en permanence une carte d'électeur à la main. Démocratie à tous les étages et même sur les paliers d'entre-deux, et pourquoi pas sur chaque marche. On n'est jamais assez démocratique dans nos comportements. Et une élection à 32 tours au moins devrait nous permettre de trouver enfin le bon ou la bonne.
Par ailleurs je pense qu'un parti qui est obligé d'organiser des primaires et un parti qui n'a pas de leader. Pour faire bien, enfin démocratique, pardon, on peut se faire un truc vite fait comme l'avait fait l'UMP avant la précédente présidentielle en connaissant le résultat par avance car on a déjà identifié le leader. Et celui-ci, naturellement devrait être le dirigeant du parti. Comment penser que les militants d'un parti puissent désigner celui qui les préside sans penser que c'est le meilleur pour le faire? Le meilleur tout court, donc. Celui qui les représentera aussi lors de l'élection-reine. Eh bien au PS, à priori on le peut. On peut par exemple désigner Martine Aubry en 2008, en trichant un peu, parce qu'à l'époque elle n'a pas d'ambition présidentielle et qu'elle ménage donc les ambitions, notamment celles des absents comme DSK. C'est évidemment pour cette raison que Ségolène ne pouvait pas, ne devait pas prendre la tête du parti. C'est en 2008 que cette dernière a vu toutes ses chances de voir se réaliser ses ambitions disparaitre définitivement. Elle a laissé faire, tant pis pour elle. Quand le chef d'un parti ne fait que 30% à des primaires, on peut s'interroger sur ses réelles capacités à diriger ce parti. Et quand c'est l'ancien chef du parti, pourtant bien critiqué, et qui n'a pas voulu relever le gant quand il était en fonction, qui a les meilleurs résultats, là on se dit que quelque chose ne tourne pas rond dans la maison socialo. A moins qu'elle se soit mise à l'autogestion. Alors après on peut camoufler tout ça derrière la volonté de répondre à une aspiration du peuple pour davantage de démocratie et se congratuler de voir 12,5% des électeurs potentiels se déplacer. Reste que derrière tout ça se cache la réelle politique d'un parti qui n'a pas de programme ou qui en a peut-être trop, qui n'a pas de chef véritable, mais qui dispose en son sein d'une forte concentration d'égos, rivaux potentiels.
Pour terminer, et même si ça fait plus démocratique, je ne parviens pas à comprendre comment un parti peut organiser des primaires pour désigner son candidat (zut! J'ai oublié Baylet) en faisant appel à l'avis, que dis-je au choix d'électeurs venant de tous horizons. Environ 200000 adhérents au PS, et 2,5 millions de votants. Moi si j'étais militant PS, dieu m'en garde, je rendrai illico ma carte. Car cela signifie que je suis incapable de choisir mon représentant et dois donc demander l'avis d'extérieurs. Je ne sais pas quel aurait été le résultat de ces primaires si seuls les socialistes avaient votés, mais je suis prêt à parier que Montebourg aurait sans doute fait beaucoup moins, et donc Ségolène beaucoup plus. Comme c'est lui qui a monté l'affaire, et c'est habile, il a sans doute réussi par la méthode à aller capter des voix à gauche du PS, chez son pote Mélenchon et les autres. C'est vrai qu'à l'origine on pensait (qui? Montebourg?) faire des primaires pour toute la gauche. Dans ce cas évidemment la large ouverture et même l'idée de primaires se défendait. Qui pouvait croire à cette connerie, hein? Comme si Mélenchon, les écolos et toute la bande encore plus à gauche allaient renoncer à l'élection où on vous offre un droit et un temps de parole inespéré en temps normaux. Et là je ne parle pas des egos. Les militants socialistes se sont donc vus contraints d'accueillir dans le corps électoral qui doit désigner leur champion des sympathisants, des militants d'autres partis présentant eux-mêmes leur candidat à la présidentielle! Et tout le monde trouve ça bien! C'est démocratique, il parait. Donc c'est certainement très bien.

mardi 11 octobre 2011

Les larmes de Ségolène



Les défaites, politiques entre autres, laissent souvent des sentiments amers à ceux qui en sont les victimes, en fait surtout à ceux qui avaient une foi irraisonnée en leur étoile, en leur victoire. Et donc parfois il est difficile de réprimer quelques larmes. Souvenons-nous de Martine Aubry en 2002, vaincue lors d'une législative dans le Nord normalement imperdable versant sa larme, de manière moins digne que Ségolène d'ailleurs, devant les caméras. A cette époque d'ailleurs cette dernière pouvait se réjouir d'avoir emporté son siège de député alors que ce n'était pas évident dans son cas. Une élection régionale plus tard, en emportant le fief de Raffarin, Ségolène se retrouvait propulsée par les médias comme présidentiable potentielle. On connait la suite. Jusqu'à ce dimanche soir où la belle histoire s'achevait dans les larmes après une cinglante raclée infligée par cette petite partie du peuple de gauche venue choisir celui qui devrait affronter le Président Sarkozy en mai prochain.
Martine Aubry a, depuis 2002, eu le temps de sécher ses larmes et peut même maintenant arborer un certain sourire tant ses chances de remporter cette primaire restent intactes, alors qu'on la donnait trop loin de Hollande pour remonter son handicap. Mais il y a peu de chance que Ségolène de son côté connaisse cette volte-face du destin. Et le dernier souvenir qui restera d'elle sera sans doute ses larmes qu'elle ne pouvait plus désormais réprimer. Ségolène nous prouve ainsi que le classique l'emporte toujours à long terme sur l'originalité, surtout au parti socialiste, sans doute le plus conservateur sur l'échiquier politique français.
 
Pauvre Ségolène ! Après avoir cru pendant presque 5 ans que sa défaite aux présidentielles de 2007 était une victoire, et même la première victoire d'une longue série ainsi qu'elle le promettait à ses fans tandis qu'elle était juchée sur la terrasse de Solférino le bien nommé, la voilà qui comprend enfin ce qu'est une défaite. Fallait-il être aussi sévère avec elle pour qu'elle saisisse enfin le sens réel du mot victoire? Fallait-il qu'elle soit humiliée avec un score de figurante pour que le terme de défaite fasse enfin parti de son vocabulaire? En fait Ségolène, son drame c'est la démesure. Parce que la démesure, le démarquage par rapport à des attitudes, disons plus conventionnelles, ça peut marcher un temps mais ça ne peut pas durer et souvent ça mène au néant. J'avais prédit ça dans un billet récent : sortie du néant elle allait assurément y retourner avec cette primaire. Ayant perdu tout crédit dans son rôle de madone inspirée et excentrique, elle n'en gagnerait désormais aucun dans une attitude plus classique, celle ayant réussi à ces challengers mais néanmoins meilleurs ennemis que sont Martine Aubry et François Hollande parce qu'ils ne s'en sont jamais départi. Trop tard pour elle. Remarquez d'ailleurs qu'eux, mis à part dans certains microcosmes partisans, on ne les appelle pas par leurs prénoms, les deux premiers secrétaires, la nouvelle et l'ancien; c'est Aubry ou Hollande, avec les prénoms parfois, sans parler de certains sobriquets que je vous épargnerai. Ségolène, elle, c'était différent, peut-être à cause d'un prénom amputé mais original, mais sans doute davantage du fait de son attitude parfois fofolle, enfin décalée, attitude qui lui avait donné une certaine image qu'elle aimait à entretenir par exemple dans ses fêtes de la fraternitude au cours desquelles elle aimait à jouer les stars branchées. Mais ça on ne peut pas le rester indéfiniment, sauf Johnny peut-être. Même Britney Spears est passée de mode après avoir eu beaucoup de fans.
 
Alors effectivement, les larmes de Ségolène, c'est du lourd. C'est le retour brutal sur terre, le crash, la prise de conscience que c'est fini, que la victoire de 2007 était en fait une défaite qui en annonçait une bien plus sévère encore. La fin d'un rêve, d'une ambition, de la perception de la perception que les autres ont de soi, la relégation, la mort politique. Reste juste à donner l'illusion qu'au moins les idées ont triomphé. Et elle sera aidée en cela par ses meilleurs ennemis qui, la sachant terrassée, lui jetteront des fleurs ressemblant étrangement à des couronnes mortuaires. Les morts ont rarement eu tort, n'est-ce pas? Ça ses meilleurs ennemis du parti socialiste, ils sauront faire, avec d'autant plus de facilité que désormais ils sont définitivement soulagés de ce poids pesant sur eux depuis 5 ans. Imaginez, déjà elle a reçu la visite d'Aubry en signe d'amitié (non, c'est vrai, ne rigolez pas), elle a ému Montebourg, touché Hollande, et même Fabius, qui en 2006 lui conseillait d'aller garder les gosses plutôt que de se présenter à la précédente primaire du PS, a eu une pensée aimable pour elle. Harlem Désir, sursitaire et amnistié, accessoirement premier secrétaire par intérim, a noté le caractère indispensable de sa présence au PS. Le bal des faux-culs a commencé, il s'achèvera rapidement.
 
Eh oui, la pauvre Ségolène! Effectivement elle a eu de quoi verser des larmes depuis 2006, lorsque suite à sa victoire régionale elle fut poussée par les médias pour y aller. Ça serait plus facile de compter celles et ceux qui ne l'ont pas trahie que les autres. Mais surtout trahie par ceux qui aujourd'hui s'apitoient sur son sort. Hollande, premier secrétaire du PS, ne fit rien pour qu'elle remporte l'élection présidentielle. Aubry lui vola le poste de première secrétaire, la privant d'un destin politique qui aurait pu être le sien. Montebourg, qui fut son porte-parole en 2007, la quitta également avec quelques idées volées sous le bras. Et pour l'achever, même si on peut supposer qu'elle n'était pas particulièrement visée, il inventa une nouvelle forme de primaires à sa mesure où quelque 200000 adhérents du PS ne compteraient que pour moins de 10% dans la désignation du candidat de leur parti. Mais il parait qu'ils aiment ça, les adhérents du PS. Cocus, masos et contents de l'être. Eh Ségo, sérieusement, c'est à partir de ce foutoir que tu espérais instaurer l'ordre juste en France?
 
Nous venons d'assister à l'extinction d'une étoile. Elle en aura éclairé beaucoup pendant ces courtes années. Parait que les étoiles avant de s'éteindre brillent plus fort que les autres. Peut-être même les filantes? Et plus d'un encore accompagnera de ses larmes cette extinction autant programmée que provoquée. Eux-aussi sont à plaindre. Mais pour cela attendons encore un peu. Ils sont actuellement dans le déni.

vendredi 7 octobre 2011

Portraits des candidats à la primaire socialiste…


 … et citoyenne, j'allais oublier.
 
J'ai suivi les péripéties de ces primaires d'assez loin, à vrai dire, m'offrant juste le luxe de regarder la moitié du 3ème débat, et des extraits des diverses interventions faites par les candidats lors de celui-ci et des précédents. J'ai lu également un peu sur le sujet, en observant aussi ce qui se disait hors débats organisés. De fait ceux-ci ont montré, semble-t-il une image policée des candidats ne dépassant guère le "je t'aime, moi non plus" dans l'expression de leur considération réciproque, tandis que hors plateau les "amabilités" ne manquent pas. Mais on pourra quand même les féliciter de leurs prestations télévisuelles communes, où bien qu'ayant des divergences profondes sur certains sujets, ils étaient quand même d'accord sur tout. Tout se résumant à l'éviction de Nicolas Sarkozy en mai prochain, même si je pense que les intérêts objectifs de certains seraient une nouvelle victoire de ce dernier qu'ils vont sans doute œuvrer à aider, aussi discrètement qu'efficacement. Et encore je ne parle pas des haines existant entre certains candidats, ou du mépris affiché vis-à-vis de certains d'eux, haines et mépris qui pourront faire douter de la réalité du soutien réel à celui ou celle qui retiendrait les faveurs, j'allais dire à tort des militants socialistes, grands cocus de ces primaires, de gens de gauche au profil indéterminé.

Paradoxalement c'est  le favori des sondages qui semble être le point de convergence de la haine et du mépris. Je vais donc commencer ma série de portraits par lui.
Homme de consensus mou, "couille molle" selon la première secrétaire-candidate sa popularité semble inversement proportionnelle à l'estime qu'ont de lui les autres dirigeants du PS. En ce sens sa victoire serait celle du plus grand dénominateur commun, à savoir pas grand-chose. Mais aussi le signe que les gens de gauche redoutent assez profondément le changement. Homme normal comme il se qualifie, même si par un prénom commun, une même calvitie au même âge, et l'imitation du ton, il veut ressembler à Tonton, il en est loin. Bien moins retors, bien moins crapuleux, bien moins cynique, il n'en est qu'une pâle imitation et loin de rassembler sur sa personne il va rassembler sur le vide de cette dernière. Il aurait sans doute fait un excellent président de la République sous la IVème, mais semble quand même décalé pour ce rôle dans le cadre des institutions de la présente. Ceci dit peut-être que la VIème République que d'aucuns appellent de leurs vœux serait une copie de la IVème qui a fort bien réussi aux socialistes, faut d'avoir réussi à la France. C'est l'homme de la synthèse impossible, impuissant devant la décomposition du parti dont il était premier secrétaire. Personne n'aurait envisagé qui puisse être candidat lors de la précédente présidentielle, lui non plus d'ailleurs, tant son manque d'autorité, son incapacité à diriger s'étaient dévoilées lors de ce premier secrétariat où il fut sans doute maintenu si longtemps du fait de sa fadeur, pouvant ainsi entretenir les multiples ambitions personnelles se développant au sein du PS. Et voilà qu'à peine trois ans après avoir quitté son poste de dirigeant d'un parti qui faisait pitié, selon l'expression de celle qui lui succéda de façon frauduleuse, une majorité de gens de gauche verraient en lui l'homme providentiel, capable de bouter hors du pouvoir le président actuel avant de sauver la France. On croit rêver!

Son ex-compagne, accessoirement mère de ses quatre enfants et qu'il quitta pour une journaliste, cédant à une mode actuelle de voir s'accoupler hommes politiques et journalistes, n'a que peu de choses à voir avec lui. Si le premier manque de caractère, mais pas d'intelligence, la seconde est possédée par une ambition et un orgueil qui brouillent son image de femme de tête. Nunuche pour les uns, brillante et en avance sur son temps pour les autres, personne ne parvient à s'accorder sur les compétences intellectuelles de celle qui échoua en 2007 et continue malgré tout à considérer cette défaite comme une victoire. Cette campagne de 2007 sera effectivement sans doute le point d'orgue de sa carrière politique, d'où cette nostalgie qui s'exprime de plus en plus visiblement à deux jours d'une primaire qu'elle sait, espérons-le, qu'elle va perdre. Sortie du néant par on ne sait quel miracle, elle va en effet y retourner. Indéniablement son ambition servie par un culot monstre a été le moteur d'une carrière inattendue. On ne lui niera pas non plus une certaine intuition, une capacité à comprendre les ressentiments des Français et à les exploiter pour se présenter comme le vrai recours. De fait cette capacité à deviner et à s'emparer du moindre problème, du moindre fait divers, pour surfer dessus laisse à penser que cette femme a peu de convictions. Elle remplace volontiers ces dernières par des formules creuses, "l'ordre juste" en étant l'illustration la plus flagrante, masquant une certaine indigence de la pensée politique. Ceci-dit elle sait parler au peuple et rassembler derrière des idées simplistes. Son relatif succès lui ayant tout de même monté à la tête, elle se présente comme, mais peut-être aussi se croit, la personne providentielle. "Avec moi comme présidente…", "quand je serai présidente…" sont sans doute les paroles qu'elle répète le plus pour dire ensuite n'importe quoi du style "les enfants seront heureux d'aller à l'école" ou "les policières ne seront plus violées en rentrant chez elles après leur service". Avec toutes les mesures qu'elle a promis de prendre dès qu'elle sera élue on devine que le premier conseil des ministres durera des semaines.
Néanmoins, reconnaissons que sa force et son caractère lui ont permis de résister à tous ceux et toutes celles qui au sein de son parti n'ont que mépris pour elle. Et qu'elle aurait pu aborder cette élection dans de meilleures conditions si elle n'avait pas été la victime des magouilles qui ont été la marque de l'élection du premier secrétaire du PS en 2008. Elle fait sans doute partie de ceux qui ne mettront pas toutes leurs forces dans la bataille électorale de 2012, pensant peut-être que 2017  lui offrira une ultime opportunité de réaliser son idéal de puissance.

Passons maintenant à celle qui a bénéficié des magouilles précédemment citées. La première secrétaire. Elle, c'est le personnage par défaut. Première secrétaire parce qu'il fallait trouver une personnalité suffisamment forte mais dénuée de toute ambition présidentielle. D'où cette alliance improbable, comme dirait le neveu, entre Fabiusiens, Jospinistes, Strauskahniens pour la porter à ce poste tout en laissant la possibilité aux autres de préserver leurs ambitions. Ce qui semblait d'ailleurs un calcul réussi jusqu'à ce fameux 14 mai où celui qui devait emporter l'adhésion du peuple de gauche se retrouva menottes aux poignets au fond d'un commissariat new-yorkais. Ce qui rendait évidemment tacite ce fameux pacte de Marrakech scellé au fond d'un somptueux riad ou autour d'une bonne bouffe à la Mamounia. Je ne sais pas ce qui, de son mépris pour les deux précédents candidats cités ou de ses ambitions réveillées par l'événement, la porta à se déclarer candidate à la présidence. C'est donc effectivement encore une fois une candidate par défaut devant laquelle nous nous trouvons. Il faut porter à son actif le fait qu'elle a su redonner au PS un semblant d'existence, au moins en apparence, grâce surtout à un antisarkozyme virulent, faute d'avoir des choses véritablement concrètes à proposer. Les primaires auront à l'évidence démontré qu'il n'y a pas de corpus idéologique au parti socialiste qui reste une auberge espagnole. Donc évidemment tout ça c'est du trompe-l'œil, mais demeure le fait qu'elle a donné une certaine consistance par son autorité à ce décors.
Elle-même, mis à part critiquer le pouvoir en place, ne semble pas avoir beaucoup d'idées. Elle fait certes des promesses, mais auxquelles personne de sensé n'oserait croire. Surtout elle se comporte plus en première secrétaire qu'elle n'est plus provisoirement qu'en véritable candidate, préférant le "nous" au "je". Sa tactique n'est pas de rassembler les Français, mais de flatter certaines catégories. A cet égard dans sa dernière profession de foi, elle n'a pas manqué de se confondre avec le maire de Lille qu'elle est, se souvenant de conditions de ses succès. Elle n'a pas en effet manqué de dire qu'il fallait reconnaitre un Etat palestinien, voulant sans doute flatter un électorat qu'elle connait bien dans sa bonne ville où elle ne manqua pas de faire des entorses à la laïcité et de montrer son attachement à une certaine communauté. Dans cette profession de foi elle indiqua implicitement sa volonté de régulariser les sans-papiers ayant des enfants, allant toujours dans le même sens. Nul doute que si elle était élue les étrangers finiraient bien par avoir le droit de vote aux élections autres que nationales. Conviction ou opportunisme? Quoiqu'il en soit le dogmatisme de cette femme en ferait un danger pour la France, d'un point de vue civilisationnel et culturel, si elle était élue.

Reste à considérer le cas de ceux qui furent considérés au départ comme des outsiders, mais qui révèlent au moins deux choses. Il y a une relève au PS qui a un certain talent, et surtout des idées inconciliables qui militeraient pour une scission de ce parti s'il n'y avait pas cet avantage de conserver une grosse structure, même incohérente, pour satisfaire toutes les ambitions personnelles, locales, territoriales ou nationales.

Commençons par le Saint-Just du parti. Avocat de formation, il ne manque pas de bagout. Ancien soutien de la candidate de 2007, il s'en est démarqué comme bien d'autres d'ailleurs, pensant sans doute que le moment était venu de se forger une figure de recours possible, pas en 2012, mais en 2017 sûrement. Même s'il n'est jamais réellement resté dans l'ombre de quelqu'un, étant plutôt un enfant terrible du PS avec son ex-pote Peillon, il s'est glissé tout de même avec le temps dans les habits de l'apparatchik sachant que hors de l'appareil du parti il avait peu de chances de réaliser ses ambitions. Apparatchik certes, mais sachant marquer ses différences. Sentant bien la déjà ancienne dérive européaniste social-démocrate d'un parti qui, de fait, ne propose pas de véritable rupture avec un gouvernement de droite qui pour l'essentiel promeut des idées de centre-droit, cette double conjoncture étouffant dans les faits les partis dits du centre, il a compris que pour se singulariser il fallait aller à gauche toute en rompant avec bientôt 30 ans de réalisme politique de la gauche quand elle est au pouvoir. D'où l'expression d'idées différentes au sein de ce parti socialiste, mais en fait bien proches de celles d'un Mélenchon qui, soit par conviction, soit par opportunisme, a eu l'honnêteté de quitter le parti. Ce que d'autres, comme Hamon ou Emmanuelli par exemple n'ont pas fait. Et Montebourg. Quand on sait que c'est ce dernier qui a inventé non pas le concept mais la forme actuelle des primaires, on comprend qu'il l'ait ouvert à toute la gauche. Minoritaire au sein de son parti, il engrange ainsi des voix à la gauche de ce dernier et se positionne en tant que recours en 2017 si la crise et ses effets perdurent. Lui non plus n'aura sans doute pas intérêt à soutenir Hollande s'il emporte la primaire, car cela pourrait mettre un terme à ses ambitions pour 15 à 20 ans.

Et pour finir de brosser ce tableau, j'aborderai le cas de Valls. Au passage je signale que je ne parlerai pas de Baylet venu sans doute négocier un poste futur ou des sièges de député, ce qu'il aura du mal à faire vu les faibles résultats que lui attribuent les sondages.
Alors Valls c'est l'extrême-droite du parti. Celui qui se situe complètement à l'opposé de Montebourg. C'est le réaliste, le pragmatique, celui qui ne promet rien ou pas grand-chose, mais qui insiste sur certaines valeurs dont un nombre significatif se retrouve à droite. En fait on pourrait presque le qualifier, si on n'avait pas peur de faire certains anachronismes, de gaulliste de gauche. C'est un décomplexé qui, à mon sens, a une vision assez lucide des choses, et même de l'impuissance des politiques, ce qui est tout de même assez paradoxal quand on brigue, même sans y croire, le poste de président de la République. J'avoue que cette honnêteté et cette naïveté feraient pencher ma préférence pour lui si j'envisageais de participer à ces primaires. Je parle effectivement de naïveté, car avec son discours, aussi honnête et lucide soit-il, Valls n'a aucune chance de percer au parti socialiste où dans les actes quand on dirige, on est beaucoup moins attaché à certains vieux dogmes qu'on l'est dans les discours. Or à ce stade de l'élection, c'est tout de même le discours et l'imaginaire qui dominent. En rompant avec certains dogmes, en liant par exemple l'insécurité à l'immigration, en ne faisant pas rêver, en montrant les limites de l'action politique dans un pays soumis à des traités européens et à la mondialisation, Valls n'a aucune chance de devenir un jour candidat socialiste à la présidentielle. A l'inverse de Montebourg, lui aurait intérêt à quitter cette pétaudière.

Voilà donc ma contribution à ces primaires socialistes et citoyennes destinée à guider le choix de celles et ceux qui auront un euro à perdre dimanche en cette période si difficile pour tous les Français ou presque.

mardi 4 octobre 2011

Autour de l'affaire Neyret



Le commissaire Neyret a dormi la nuit dernière à la prison de la Santé. Si l'incarcération est normalement après une mise en examen la solution à éviter pour un juge, ça n'aura pas été le cas dans l'affaire concernant ce policier. Je ne sais pas s'il est coupable de tout ce dont on l'accuse, pour faire court d'être un ripoux, par contre je sais qu'il était considéré jusqu'à la semaine dernière comme un des meilleurs flics de France avec un bilan digne de tous les éloges. C'est sans doute ce qui lui vaut l'insigne honneur de rejoindre ceux qu'il a contribué à mettre en taule. Les malfrats avérés, eux, bénéficient d'une plus grande mansuétude. Je ne vais pas ici vous citer la litanie des cas qui hérissent le poil des policiers et déroutent ou dégoutent l'opinion publique en général. Le commissaire Neyret a des états de service remarquables, donc il doit payer le prix fort. Sa déchéance avant même son procès doit être exemplaire.
 
Comme ces histoires de gens quelque peu hors normes m'intéresse, j'ai fait quelques recherches sur le net et j'ai à cette occasion retrouvé une vieille affaire dont le nom m'a tout de suite interpelé, même si je ne m'en rappelais plus les tenants et les aboutissants. C'est une affaire qui remonte aux années 80 et qui a vu aussi un policier aux débuts de carrière très prometteurs se faire pourrir par un juge, passer de son poste à la PJ directement à la case prison. Pour se faire totalement blanchir par la suite. Il s'agit de l'affaire Jobic que je vais essayer de résumer en quelques lignes, sans entrer dans des détails fastidieux..
Le commissaire Jobic est chef des unités de recherches de la 1e division de Police judiciaire quand la PJ des Hauts-de-Seine interpelle un certains nombre de petits dealer ou supposés tels. L'affaire est confiée à un certain juge Hayat. Parmi ces petits malfrats figure un des indicateurs de Jobic. Celui-ci l'ayant appris un peu tard ne peut pas intervenir avant que la procédure soit bouclée et se rend donc chez le juge pour lui exposer le cas de son indic. Le juge le prend assez mal et plutôt que de se contenter de renvoyer Jobic à ses affaires, le soupçonne d'être un ripoux et mandate la gendarmerie pour enquêter sur lui. Là se passent des choses assez extraordinaires, à savoir le recueil pour le moins douteux de prostituées et de toxicomanes mettant en cause le commissaire Jobic. Témoignages douteux car parallèlement la PJ des Hauts-de Seine recueille le témoignage d'une prostituée mettant en cause cette fois, non pas le commissaire Jobic, mais le juge Hayat qui aurait demandé à cette dernière d'attirer le commissaire dans ce département où il est compétent et de luis glisser de la drogue dans les poches pour le faire interpeler dans la foulée.      En fait beaucoup de fantaisiste et aucun fait. Mais le dernier témoignage évoqué permet à Jobic de contre-attaquer de porter plainte contre X pour forfaiture et atteinte à la vie privée. X s'étant évidemment reconnu prend mal les choses et envoie Jobic en prison. Lequel sera blanchi lors de son procès et indemnisé à hauteur de 150000 francs pour incarcération abusive et préjudice particulièrement anormal et grave.
De fait cette procédure n'aurait jamais dû avoir lieu. Mais les motifs de l'acharnement du juge Hayat se situent à un autre niveau que celui de la justice. Membre du syndicat de la magistrature que sa femme préside, d'ailleurs à l'époque, c'est donc évidemment un homme aux convictions de gauche affirmées, confondant peut-être son militantisme et son boulot. De fait il déclare à Jobic qu'il n'a rien de matériel contre lui, mais qu'il a l'intime conviction qu'il est
le maillon d'un important réseau de policiers qui alimente, avec l'argent de la prostitution, les finances d'un parti d'opposition. Donc un parti de droite, vu l'époque. Et donc à partir de cette intime conviction de militant certainement, le juge n'hésite pas à briser la vie d'un homme. Certes Jobic sera réhabilité mais n'aura pas la carrière que ses qualités présageaient. Et on n'efface pas non plus quelques mois de prison avec de l'argent. Le juge Hayat, par contre, poursuivra et poursuit toujours une belle carrière. Il aura été en outre conseiller de Ségolène Royal, pas toujours avisée dans le choix de ses collaborateurs comme on le voit, alors qu'elle était ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire.
 
Je me suis permis d'évoquer cette affaire ancienne déjà, pas seulement pour relever une certaine ambiance qui peut régner entre la justice et la police, mais pour revenir sur un point que j'estime commun avec l'affaire Neyret : le traitement des indicateurs. On devine, enfin moi j'essaie de deviner n'étant pas introduit dans le milieu policier, que sans indics de nombreuses affaires ne pourraient être résolues. Et que les bons indics se trouvent être aussi des personnes introduites dans le milieu du crime et de la délinquance. Il faut donc aux policiers se créer un réseau d'indics et pour cela les attirer par autre chose que l'apologie de l'esprit civique. Donc par un rémunération en espèces sonnantes et trébuchantes ou en nature, voire par une protection. Des choses peut-être pas bien morales, mais les seules choses susceptibles de fonctionner. Dans l'affaire Jobic on voit qu'il s'agit de protection, dans l'affaire Neyret, du moins je pense que la défense utilisera cet argument, on devine qu'il s'agit de rémunération en nature à laquelle s'ajoutera une "infiltration" du commissaire dans le milieu. En fait on se rend compte que tout ça c'est quand même dangereux pour les policiers qu'on pourra toujours accuser un jour d'avoir franchi la ligne jaune, difficile à délimiter, sauf évidemment si on s'en tient strictement à la loi qui définit un statut de l'indicateur et la rétribution des informations délivrées par lui, contre reçu. La valeur de l'information valide est de 50 euros, si je ne me trompe. On voit tout de suite l'efficacité de cette loi qui protégera certes les policiers qui la respecteront à la lettre mais fera baisser sensiblement leur taux d'élucidation. On est là dans le choix entre l'efficacité et la morale, choix que d'ailleurs on essaie de nous imposer dans un tas d'autres domaines en tentant de faire pencher invariablement la balance du côté de la morale t sans aucun discernement. Tout ça risque de mal finir, mais au moins si nous finissons mal ce sera en tant qu'être vertueux.
 
Reste que je me pose toujours cette question : pourquoi Neyret, toujours présumé innocent, et aux états de service remarquables est-il sous les verrous pendant que de vrais salopards reconnus attendent paisiblement leur procès chez eux. Une réponse, monsieur le juge?