… et citoyenne, j'allais oublier.
J'ai suivi les péripéties de ces primaires d'assez loin, à vrai dire, m'offrant juste le luxe de regarder la moitié du 3ème débat, et des extraits des diverses interventions faites par les candidats lors de celui-ci et des précédents. J'ai lu également un peu sur le sujet, en observant aussi ce qui se disait hors débats organisés. De fait ceux-ci ont montré, semble-t-il une image policée des candidats ne dépassant guère le "je t'aime, moi non plus" dans l'expression de leur considération réciproque, tandis que hors plateau les "amabilités" ne manquent pas. Mais on pourra quand même les féliciter de leurs prestations télévisuelles communes, où bien qu'ayant des divergences profondes sur certains sujets, ils étaient quand même d'accord sur tout. Tout se résumant à l'éviction de Nicolas Sarkozy en mai prochain, même si je pense que les intérêts objectifs de certains seraient une nouvelle victoire de ce dernier qu'ils vont sans doute œuvrer à aider, aussi discrètement qu'efficacement. Et encore je ne parle pas des haines existant entre certains candidats, ou du mépris affiché vis-à-vis de certains d'eux, haines et mépris qui pourront faire douter de la réalité du soutien réel à celui ou celle qui retiendrait les faveurs, j'allais dire à tort des militants socialistes, grands cocus de ces primaires, de gens de gauche au profil indéterminé.
Paradoxalement c'est le favori des sondages qui semble être le point de convergence de la haine et du mépris. Je vais donc commencer ma série de portraits par lui.
Homme de consensus mou, "couille molle" selon la première secrétaire-candidate sa popularité semble inversement proportionnelle à l'estime qu'ont de lui les autres dirigeants du PS. En ce sens sa victoire serait celle du plus grand dénominateur commun, à savoir pas grand-chose. Mais aussi le signe que les gens de gauche redoutent assez profondément le changement. Homme normal comme il se qualifie, même si par un prénom commun, une même calvitie au même âge, et l'imitation du ton, il veut ressembler à Tonton, il en est loin. Bien moins retors, bien moins crapuleux, bien moins cynique, il n'en est qu'une pâle imitation et loin de rassembler sur sa personne il va rassembler sur le vide de cette dernière. Il aurait sans doute fait un excellent président de la République sous la IVème, mais semble quand même décalé pour ce rôle dans le cadre des institutions de la présente. Ceci dit peut-être que la VIème République que d'aucuns appellent de leurs vœux serait une copie de la IVème qui a fort bien réussi aux socialistes, faut d'avoir réussi à la France. C'est l'homme de la synthèse impossible, impuissant devant la décomposition du parti dont il était premier secrétaire. Personne n'aurait envisagé qui puisse être candidat lors de la précédente présidentielle, lui non plus d'ailleurs, tant son manque d'autorité, son incapacité à diriger s'étaient dévoilées lors de ce premier secrétariat où il fut sans doute maintenu si longtemps du fait de sa fadeur, pouvant ainsi entretenir les multiples ambitions personnelles se développant au sein du PS. Et voilà qu'à peine trois ans après avoir quitté son poste de dirigeant d'un parti qui faisait pitié, selon l'expression de celle qui lui succéda de façon frauduleuse, une majorité de gens de gauche verraient en lui l'homme providentiel, capable de bouter hors du pouvoir le président actuel avant de sauver la France. On croit rêver!
Son ex-compagne, accessoirement mère de ses quatre enfants et qu'il quitta pour une journaliste, cédant à une mode actuelle de voir s'accoupler hommes politiques et journalistes, n'a que peu de choses à voir avec lui. Si le premier manque de caractère, mais pas d'intelligence, la seconde est possédée par une ambition et un orgueil qui brouillent son image de femme de tête. Nunuche pour les uns, brillante et en avance sur son temps pour les autres, personne ne parvient à s'accorder sur les compétences intellectuelles de celle qui échoua en 2007 et continue malgré tout à considérer cette défaite comme une victoire. Cette campagne de 2007 sera effectivement sans doute le point d'orgue de sa carrière politique, d'où cette nostalgie qui s'exprime de plus en plus visiblement à deux jours d'une primaire qu'elle sait, espérons-le, qu'elle va perdre. Sortie du néant par on ne sait quel miracle, elle va en effet y retourner. Indéniablement son ambition servie par un culot monstre a été le moteur d'une carrière inattendue. On ne lui niera pas non plus une certaine intuition, une capacité à comprendre les ressentiments des Français et à les exploiter pour se présenter comme le vrai recours. De fait cette capacité à deviner et à s'emparer du moindre problème, du moindre fait divers, pour surfer dessus laisse à penser que cette femme a peu de convictions. Elle remplace volontiers ces dernières par des formules creuses, "l'ordre juste" en étant l'illustration la plus flagrante, masquant une certaine indigence de la pensée politique. Ceci-dit elle sait parler au peuple et rassembler derrière des idées simplistes. Son relatif succès lui ayant tout de même monté à la tête, elle se présente comme, mais peut-être aussi se croit, la personne providentielle. "Avec moi comme présidente…", "quand je serai présidente…" sont sans doute les paroles qu'elle répète le plus pour dire ensuite n'importe quoi du style "les enfants seront heureux d'aller à l'école" ou "les policières ne seront plus violées en rentrant chez elles après leur service". Avec toutes les mesures qu'elle a promis de prendre dès qu'elle sera élue on devine que le premier conseil des ministres durera des semaines.
Néanmoins, reconnaissons que sa force et son caractère lui ont permis de résister à tous ceux et toutes celles qui au sein de son parti n'ont que mépris pour elle. Et qu'elle aurait pu aborder cette élection dans de meilleures conditions si elle n'avait pas été la victime des magouilles qui ont été la marque de l'élection du premier secrétaire du PS en 2008. Elle fait sans doute partie de ceux qui ne mettront pas toutes leurs forces dans la bataille électorale de 2012, pensant peut-être que 2017 lui offrira une ultime opportunité de réaliser son idéal de puissance.
Passons maintenant à celle qui a bénéficié des magouilles précédemment citées. La première secrétaire. Elle, c'est le personnage par défaut. Première secrétaire parce qu'il fallait trouver une personnalité suffisamment forte mais dénuée de toute ambition présidentielle. D'où cette alliance improbable, comme dirait le neveu, entre Fabiusiens, Jospinistes, Strauskahniens pour la porter à ce poste tout en laissant la possibilité aux autres de préserver leurs ambitions. Ce qui semblait d'ailleurs un calcul réussi jusqu'à ce fameux 14 mai où celui qui devait emporter l'adhésion du peuple de gauche se retrouva menottes aux poignets au fond d'un commissariat new-yorkais. Ce qui rendait évidemment tacite ce fameux pacte de Marrakech scellé au fond d'un somptueux riad ou autour d'une bonne bouffe à la Mamounia. Je ne sais pas ce qui, de son mépris pour les deux précédents candidats cités ou de ses ambitions réveillées par l'événement, la porta à se déclarer candidate à la présidence. C'est donc effectivement encore une fois une candidate par défaut devant laquelle nous nous trouvons. Il faut porter à son actif le fait qu'elle a su redonner au PS un semblant d'existence, au moins en apparence, grâce surtout à un antisarkozyme virulent, faute d'avoir des choses véritablement concrètes à proposer. Les primaires auront à l'évidence démontré qu'il n'y a pas de corpus idéologique au parti socialiste qui reste une auberge espagnole. Donc évidemment tout ça c'est du trompe-l'œil, mais demeure le fait qu'elle a donné une certaine consistance par son autorité à ce décors.
Elle-même, mis à part critiquer le pouvoir en place, ne semble pas avoir beaucoup d'idées. Elle fait certes des promesses, mais auxquelles personne de sensé n'oserait croire. Surtout elle se comporte plus en première secrétaire qu'elle n'est plus provisoirement qu'en véritable candidate, préférant le "nous" au "je". Sa tactique n'est pas de rassembler les Français, mais de flatter certaines catégories. A cet égard dans sa dernière profession de foi, elle n'a pas manqué de se confondre avec le maire de Lille qu'elle est, se souvenant de conditions de ses succès. Elle n'a pas en effet manqué de dire qu'il fallait reconnaitre un Etat palestinien, voulant sans doute flatter un électorat qu'elle connait bien dans sa bonne ville où elle ne manqua pas de faire des entorses à la laïcité et de montrer son attachement à une certaine communauté. Dans cette profession de foi elle indiqua implicitement sa volonté de régulariser les sans-papiers ayant des enfants, allant toujours dans le même sens. Nul doute que si elle était élue les étrangers finiraient bien par avoir le droit de vote aux élections autres que nationales. Conviction ou opportunisme? Quoiqu'il en soit le dogmatisme de cette femme en ferait un danger pour la France, d'un point de vue civilisationnel et culturel, si elle était élue.
Reste à considérer le cas de ceux qui furent considérés au départ comme des outsiders, mais qui révèlent au moins deux choses. Il y a une relève au PS qui a un certain talent, et surtout des idées inconciliables qui militeraient pour une scission de ce parti s'il n'y avait pas cet avantage de conserver une grosse structure, même incohérente, pour satisfaire toutes les ambitions personnelles, locales, territoriales ou nationales.
Commençons par le Saint-Just du parti. Avocat de formation, il ne manque pas de bagout. Ancien soutien de la candidate de 2007, il s'en est démarqué comme bien d'autres d'ailleurs, pensant sans doute que le moment était venu de se forger une figure de recours possible, pas en 2012, mais en 2017 sûrement. Même s'il n'est jamais réellement resté dans l'ombre de quelqu'un, étant plutôt un enfant terrible du PS avec son ex-pote Peillon, il s'est glissé tout de même avec le temps dans les habits de l'apparatchik sachant que hors de l'appareil du parti il avait peu de chances de réaliser ses ambitions. Apparatchik certes, mais sachant marquer ses différences. Sentant bien la déjà ancienne dérive européaniste social-démocrate d'un parti qui, de fait, ne propose pas de véritable rupture avec un gouvernement de droite qui pour l'essentiel promeut des idées de centre-droit, cette double conjoncture étouffant dans les faits les partis dits du centre, il a compris que pour se singulariser il fallait aller à gauche toute en rompant avec bientôt 30 ans de réalisme politique de la gauche quand elle est au pouvoir. D'où l'expression d'idées différentes au sein de ce parti socialiste, mais en fait bien proches de celles d'un Mélenchon qui, soit par conviction, soit par opportunisme, a eu l'honnêteté de quitter le parti. Ce que d'autres, comme Hamon ou Emmanuelli par exemple n'ont pas fait. Et Montebourg. Quand on sait que c'est ce dernier qui a inventé non pas le concept mais la forme actuelle des primaires, on comprend qu'il l'ait ouvert à toute la gauche. Minoritaire au sein de son parti, il engrange ainsi des voix à la gauche de ce dernier et se positionne en tant que recours en 2017 si la crise et ses effets perdurent. Lui non plus n'aura sans doute pas intérêt à soutenir Hollande s'il emporte la primaire, car cela pourrait mettre un terme à ses ambitions pour 15 à 20 ans.
Et pour finir de brosser ce tableau, j'aborderai le cas de Valls. Au passage je signale que je ne parlerai pas de Baylet venu sans doute négocier un poste futur ou des sièges de député, ce qu'il aura du mal à faire vu les faibles résultats que lui attribuent les sondages.
Alors Valls c'est l'extrême-droite du parti. Celui qui se situe complètement à l'opposé de Montebourg. C'est le réaliste, le pragmatique, celui qui ne promet rien ou pas grand-chose, mais qui insiste sur certaines valeurs dont un nombre significatif se retrouve à droite. En fait on pourrait presque le qualifier, si on n'avait pas peur de faire certains anachronismes, de gaulliste de gauche. C'est un décomplexé qui, à mon sens, a une vision assez lucide des choses, et même de l'impuissance des politiques, ce qui est tout de même assez paradoxal quand on brigue, même sans y croire, le poste de président de la République. J'avoue que cette honnêteté et cette naïveté feraient pencher ma préférence pour lui si j'envisageais de participer à ces primaires. Je parle effectivement de naïveté, car avec son discours, aussi honnête et lucide soit-il, Valls n'a aucune chance de percer au parti socialiste où dans les actes quand on dirige, on est beaucoup moins attaché à certains vieux dogmes qu'on l'est dans les discours. Or à ce stade de l'élection, c'est tout de même le discours et l'imaginaire qui dominent. En rompant avec certains dogmes, en liant par exemple l'insécurité à l'immigration, en ne faisant pas rêver, en montrant les limites de l'action politique dans un pays soumis à des traités européens et à la mondialisation, Valls n'a aucune chance de devenir un jour candidat socialiste à la présidentielle. A l'inverse de Montebourg, lui aurait intérêt à quitter cette pétaudière.
Voilà donc ma contribution à ces primaires socialistes et citoyennes destinée à guider le choix de celles et ceux qui auront un euro à perdre dimanche en cette période si difficile pour tous les Français ou presque.
Les médias se sont fabriqué une force en marche pour 2012, portant aux nues cet exercice de primaires inédit
RépondreSupprimerIls auront peut être réussi à replâtrer , colmater un appareil quand même indispensable à une démocratie
si Hollande se plante aux primaires c'est râpé, s'il va jusqu'au combat contre NS, il se gamellera mais aura les lauriers du courage donnés aux innocents et ce socle de reconstruction vaudra
le plus faible mais le plus "neuf"
ce qui fausse grandement le jeu est ce marasme dans lequel nous sommes et cette incapacité de la gauche à réaliser que personne aujourd'hui ne sait plus faire
ce qui plombe est qu'en plus NS serait bientôt estampillé criminel de guerre si on les laissait aller jusqu'au bout de leurs idées
ce qui va aggraver : les verts
allez sur le site du lauréat nouveau, son soutien de campagne en dit long
je tenterai de voir ceux des autres