"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 27 mai 2007

Métros

Vendredi dernier, exceptionnellement je suis allé travailler en transports en commun, en métro plus précisément. Je le fais rarement, très rarement, le moins possible. Je sais, ce n'est pas bien, mais il faut aussi me comprendre. ça va faire 10 ans que je vis à Paris, plus précisément à même pas 500 mètres de Paris. Pendant 5 ans, j'ai pris le métro tous les jours, et puis j'ai craqué. J'ai acheté une voiture pour ne plus avoir à supporter ça. Parce que je gagne du temps (20 à 30 minutes au lieu de 50) et surtout je voyage dans des conditions tellement plus favorables.
Donc Vendredi, j'ai pris le métro, aux heures de pointe. Rien n'a changé depuis que je ne le prends plus. Toujours autant de monde, toujours l'impression de voyager dans une bétaillère, impression renforcée par la mine de mes co-voyageurs, une mine fermée, résignée, la mine de ceux qui n'aiment pas leur vie. Et pourtant, nous sommes vendredi à la veille d'un plus ou moins long week-end selon que l'on a la chance ou pas de travailler en ce futur lundi de pentecôte. Ce n'est pas comme cela qu'on a l'impression de commencer une bonne journée. Donc lundi, c'est promis, j'irai travailler en voiture. Quand les transports seront plus humains, je changerai peut-être d'avis.
En attendant, ce voyage, pour autant désagréable qu'il fut, m'a permis de mettre en comparaison les différents métros dans lesquels j'ai pu voyager.
Si on devait attribuer un degré de civilisation à chaque pays pour la qualité de son métro, je dirais que plus on se déplace vers l'est, plus le degré de civilisation s'élève.

A New-York, quand on pénètre dans le métro, on a l'impression de rejoindre les égouts. L'eau stagnante qui demeure au niveau des rails, et les rats qui y pataugent ne démentent pas cette impression. En plus, il faut être intelligent et observateur quand on prend le métro à New-York, parce que à une même voie correspondent plusieurs lignes. Il ne faut donc pas louper le numéro inscrit sur la voiture de tête. Sinon, les voitures, bien que sales sont assez fonctionnelles et permettent d'engranger beaucoup de gens.




A Paris, malgré quelques efforts ponctuels, on a l'impression souvent d'entrer dans des toilettes publiques grâce à ce carrelage blanc. Les stations sont exiguës, supportent mal l'influence. Les voitures sont à la même échelle et tellement mal agencées qu'elles donnent très rapidement l'impression d'être bondées. Quelle idée de disposer encore des sièges en vis-à-vis, comme si on voyageait en métro en famille ou entre amis, à quatre, et qu’on avait de longues heures à occuper Dans nul autre métro, je n’ai vu de voitures aussi petites et mal agencées.



A Berlin ou à Vienne, rigueur germanique oblige, le métro est fonctionnel. Les stations sont spacieuses, les voitures bien agencées.





C’est à peu près la même chose à Prague, en plus rustique peut-être. Une caractéristique cependant : il faut descendre dans les entrailles de la terre pour accéder aux stations. C’est sans doute dû à la géologie des lieux, et en outre c’est très bien pour constituer des abris anti-atomiques.


En Russie, à Saint-Pétersbourg ou à Moscou, la même caractéristique existe. Mais dans ces villes, à l’exception des stations les plus récentes, entrer dans le métro donne l’impression d’entrer dans le vaste vestibule d’un palais. Lustres au plafond, sculptures, statues. Fonctionnel et esthétisme peuvent donc se côtoyer.


Il y a urgence à humaniser nos transports en commun en les rendant plus fonctionnels et en n’oubliant pas que l’esthétisme ne nuit pas à la bonne santé morale des individus. Ce sera plus utile que de tenter de nous culpabiliser parce que nous utilisons notre voiture, surtout que nous ne croisons pas souvent dans les sous-sols du métro ceux qui tentent de nous culpabiliser.