"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 30 mars 2011

Après l'échec du Front Républicain, l'indigence politicienne

Je viens d'apprendre, distance oblige, que malgré la lutte sans merci menée par le Front Républicain, le Front National disposerait de deux conseillers généraux. La patrie est donc en danger car le ver est désormais dans le fruit, ou plutôt dans deux départements. Qu'avons-nous fait pour mériter ça, ou plutôt qu'avez-vous fait pour mériter ça ? Car je ne veux pas m'associer à ce désastre alors que je ne vote de par mon statut d'expatrié que pour les élections qui comptent, enfin la seule qui compte c'est-à-dire la Présidentielle. Et aussi les référendums et sans doute aussi bientôt pour la première fois les législatives puisqu'il parait qu'il y aura des députés pour représenter les Français de l'Etranger. Il y avait déjà des sénateurs pour ça, mais je ne sais pas qui les élit et à quoi ils servent. Sans doute une bonne planque quand même, d'autant plus qu'il n'y a même pas de permanence à assurer, mais sans doute des voyages touristiques à effectuer.
 
Pour en revenir aux élections cantonales et au FN, on peut donc constater que le Front Républicain n'a pas réellement fonctionné. Et que malgré des chiffres rassurants le FN a même progressé entre les deux tours…. dans les cantons où il avait pu se maintenir. Car les chiffres divergents dont on nous bassine expliquent la différence de perceptions entre ceux qui voient le parti de Marine Le Pen contenu et ceux qui le voient progresser. Il faut tout de même noter que cette perception est fortement subjective et que selon son orientation politique, selon sa nature, pessimiste ou optimiste, selon les projections qu'on veut en faire sur la future Présidentielle et en fonction des stratégies qu'on souhaiterait voir adopter pour donner toutes ses chances au candidat de son camp de se voir élu, elle est très variable. Donc en fonction de sa mauvaise foi, plus ou moins assumée, on prendra dans certains cas les chiffres se rapportant aux suffrages exprimés d'une manière globale, en se demandant peut-être s'il ne serait pas possible de prendre en compte les élections qui ont eu lieu en Allemagne le même jour (ben oui, Europe oblige), ce qui arrangerait les Verts, ou bien on s'attachera à une analyse portant uniquement sur les cantons concernés. Et dans ce cas on notera, même avec des peaux de saucisson sur les yeux que dans les cantons où il a pu se maintenir, le FN a progressé de manière significative. Bien évidemment ceci pourrait paraitre assez logique dans les endroits où le Parti Socialiste était en lice contre le Front National, puisqu'on sait désormais, grâce à nos analystes politiques de gauche, qu'une partie de la droite républicaine l'est de moins en moins. Mais le problème est que dans les cantons où il y avait un duel entre un candidat de droite et un candidat du FN, c'est la même chose. Ce qui signifie donc que le Front Républicain a échoué dans sa tâche et que la "quinzaine anti-Le Pen" dont on nous avait gratifié en 2002 risque de ne pas se reproduire en 2012 quand Marine Le Pen, poussée par les sondages, figurera au second tour de la Présidentielle.
 
En fait en fonction des sondages et des résultats de ces cantonales, c'est-à-dire, pour être honnête grâce à quelque chose de pas très solide dans la mesure où des sondages plus d'un an avant une élection ne signifient pas grand-chose, et heureusement car c'est Ségolène que nous aurions comme présidente si on y avait foi aux sondages de fin 2006, et où une élection locale ne concernant qu'une partie de la France et à fort taux d'abstention permettant difficilement de faire des projections fiables au niveau national, donc en fonction de ses deux éléments, les principaux partis orienteront leurs stratégies, avec pour objectif de placer leur candidat au second tour, et donc de reléguer aux oubliettes le candidat de l'autre grand parti. Il s'agira donc pour le PS de se choisir comme candidat, non pas celui qui représente le mieux l'image du parti en termes idéologiques, mais celui dont les sondages affirment qu'il battra Sarkozy au premier tour. De fait désormais, un remake du 21 avril semble être devenu une fatalité pour l'UMP et le PS, comme s'il leur était devenu impossible d'enrayer la machine FN en l'attaquant simplement sur un programme pour le moins aberrant, donc sur le plan des idées. Mais ceci tout simplement parce que les idées n'existent plus. Parce qu'on refuse de parler sur le fond de certains problèmes, et surtout de les traiter, il n'y a qu'à voir à ce sujet le débat sur le débat sur l'islam et la laïcité qui rappelle celui sur l'identité nationale, devenue sans doute un gros mot, et parce que sur les plans économiques et sociaux, on n'a pas grand chose de crédible à proposer dans la mesure où les centres de décision se trouvent ailleurs, dans les grands groupes d'activité, au FMI, ou dans les fameuses agences de notation. 
Le débat politique est donc mort mais, grâce au FN, peut donner l'impression d'être toujours parmi nous. Car désormais, c'est ce dernier qui mène la danse, à partir d'une partie de son programme, celle concernant l'immigration et l'intégration des étrangers essentiellement, donc les sujets tabous. Et maintenant, plutôt que de s'affronter sur ce qui pourrait changer la vie des gens, on s'affrontera sur la proximité supposée avec les idées de ce parti, dans un cas, et sur le laxisme qui a permis à ces idées de voir le jour, dans l'autre cas. Voilà le débat qu'on va nous offrir désormais : moraline contre laxisme, voire complicité (n'ai-je pas entendu un député de la majorité qualifier le PS de parti de l'étranger ?), mais sans jamais d'attaquer sur le fond aux problèmes générés, par l'immigration, le refus d'assimilation ou d'intégration de certaines population ou les rapports de force entre une culture islamique de plus en plus implantée chez nous et les valeurs occidentales. Pour être clair, quand je parle de culture islamique, je reste éloigné de la pratique religieuse même si celle-ci peut en faire partie. Je parle d'un ensemble de comportements et de manières de voir héritées, d'autres appellent cela habitus, étrangers à la pratique religieuse mais dont la civilisation est imprégnée de valeurs religieuses. Pour être clair, c'est la compatibilité entre des populations de racines judéo-chrétiennes (fortement sécularisées), et des populations de racines musulmanes (moins sécularisées). Mais ça fera l'objet d'un billet ultérieur.
Tout ça, ça donne envie de voter ! 

vendredi 25 mars 2011

Front républicain contre front national (suite) : le mépris des électeurs


Que diriez-vous d'un système électoral qui permettrait lors des scrutins uninominaux à deux tours au candidat de devenir propriétaire de votre voix et, dans le cas ou il ne pourrait ou ne souhaiterait pas se maintenir au second tour aurait la possibilité de l'offrir au candidat de son choix ? Certes ce système aurait un avantage certain, car de fait il réduirait le second tour à une cuisine entre candidats, ce qui ne vous obligerait pas à vous déplacer. Cependant je doute que cet avantage soit suffisant pour que vous ne participiez pas à un tollé général avec tous ceux qui comme vous crieraient au déni de démocratie.
Pourtant quand les états-majors se réunissent et décident de faire front contre, ou de donner des consignes de vote au profit de, ils agissent comme si ce système existait, comme si les voix que vous leur avez gracieusement offertes leur appartenait. Or, vous ne descendez pas dans la rue pour fustiger ces individus qui voudraient vous priver de votre libre arbitre lors du second tour. Et pour cause, car à moins d'avoir abandonné définitivement votre liberté de pensée au profit de quelques-uns, ce qui représente reconnaissons-le aussi un avantage, celui de n'avoir plus à réfléchir ce qui peut parfois être épuisant et mener à des impasses, vous savez très bien que vous maitrisez encore votre choix, fût-il par défaut ou par dépit, et que toute cette agitation qui permet aux médias d'avoir des choses croustillantes à se mettre sous la dent et aux états-majors de ne pas à avoir à parler d'un programme inexistant ou douteux en termes de sincérité, n'est que du vent qu'hélas on ne peut guère utiliser en guise d'énergie alternative à celle nucléaire.
Parce qu'en fait il est clair que cette histoire de front républicain, en plus d'être une arnaque de la gauche, revient à prendre les électeurs pour des billes. Soit ceux qui promeuvent ce front de pacotille sont sincères, et leur niveau de sincérité est inversement proportionnel à la considération qu'ils peuvent avoir pour leurs électeurs, ceux-ci n'étant pas jugés aptes à se faire une opinion par eux-mêmes. Soit ils ne le sont pas et tout ceci n'est qu'agitation soit pour espérer gratter quelques sièges, soit pour mettre en défaut les partis qui n'auraient pas ce salutaire réflexe de front républicain destiné à chasse la bête immonde des hôtels du département, ce qui revient à manipuler l'électeur en agitant un danger qui dans les faits n'existe pas. Car vous vous référez aux quelques chiffres cités dans mon billet précédent, vous comprendrez que la peste brune, par le biais des élus potentiels du front national, ne risque pas de déferler sur notre bonne République, et que la probabilité que les Aubry, Duflot et consorts soient sincères est très faible.
De fait dans les deux cas, sincérité ou pas, en tant qu'électeur, bien que pour ce type d'élection je sois écarté du fait de mon statut d'expatrié (les expatriés ne votent que pour la présidentielle et les référendums), je me sens offensé par ce type de démarche. Parce que tout simplement je refuserais un système électoral tel que je vous l'ai décrit dans les premières lignes de ce billet.
Je trouve déjà, même si je suis conscient que pour certaines élections, les législatives en particulier, il est nécessaire pour dégager une majorité capable de gouverner, et donc pour ne pas sombrer dans l'impuissance d'une 4ème République, que ce système qui exclut toute notion de proportionnalité n'est pas très démocratique et amène à des aberrations permettant aux communistes d'être représentés dans les assemblées, dont la nationale, alors qu'ils ne représentent plus rien en termes d'électeurs, tandis qu'un parti représentant, sauf cas très particuliers comme les législatives de 2007, constamment plus de 10% des électeurs ne dispose par de représentation. D'ailleurs dans les cas où la proportionnalité est prise en compte, curieusement les "forces de progrès" ne sentent pas que la République est en danger si des élus du FN siègent dans les assemblées concernées.
Mais je me sens surtout offensé parce que je n'ai jamais considéré que ma voix puisse être utilisée comme outil de négociation dans des cuisines d'entre deux tours. Front républicain ou non, et même dans des circonstances autrement inquiétantes, jamais, mais vraiment jamais, je ne voterai pour certains partis se réclamant de ce front.
Ce que les partis devraient comprendre, c'est que la majorité des électeurs ne leur fait plus confiance pour traiter leurs problèmes. Tous, en tant que parti unique, ou sous forme de coalition, ont eu leur chance au cours des dernières décennies sans que pour autant le sort global des habitants de ce pays connaisse une amélioration substantielle. Dès lors, alors que traditionnellement au premier tour on votait "pour" et au second toujours "pour" ou "contre", désormais une frange importante de cet électorat vote "contre" dès le premier tour ou ne se déplace plus, ce qui signifie la même chose. Dès lors comment oseraient-ils donner des consignes de vote à des électeurs dont ils ne sont pas sûrs qu'ils adhèrent à leurs idées ? Ne devraient-ils pas se remettre en cause eux-mêmes et leurs bilans respectifs plutôt que de chercher un bouc émissaire leur garantissant encore pour quelque temps la mainmise sur un gâteau qui finira fatalement par leur échapper, sans doute au profit du pire ? De fait ils ne font que souligner une fois de plus leur médiocrité et leur mépris pour un peuple sans se rendre compte que ce sont eux qui constituent une menace pour l'avenir de la République.
Un fait significatif de ce rejet des politiques par le peuple : le plébiscite des absents, comme Strauss-Kahn, ou la popularité de ceux dont on est sûr qu'ils ne reviendront plus, comme Chirac.

mercredi 23 mars 2011

Front républicain contre front national : vous voulez y croire ?


Il y a des jours où je me félicite de ma situation d'expatrié. Surtout les jours où la République Française est en danger, et que l'âge avançant, je me sens de moins en moins capable d'aller le battre pour elle. Pardonnez-moi cette lâcheté! Mais finalement je pense que ma présence, après ce premier tour des élections cantonale, ne s'impose pas. Car d'autres veillent à l'intégrité de la République.
 
En fait expatrié depuis plus de 3 ans et rentrant vraiment très peu en France, je n'avais pas saisi que ce pays était visé par le fascisme ou le nazisme ou le pétainisme. Vous rayerez les mentions inutiles. Et après en avoir pris conscience, je remercie les forces de progrès du pays, parfois même aidées par des supplétifs de la réaction, de sauver la patrie en empêchant que siègent des membres du front national dans nos conseils généraux qui, comme chacun sait, constituent l'ossature de notre démocratie. Il y en avait bien déjà de ces félons de la République dans les Régions et les conseils municipaux, mais apparemment leur capacité de nuisance et de sape ne pouvait guère s'y exprimer. Mais les conseils généraux, vous n'y pensez pas ! Mon dieu, quelle horreur ! Même Fukushima et la crise libyenne méritaient de passer au second plan devant ce danger.
Mais comme le PS et ses alliés de circonstances, rouges, verts, orange, bleus pâles…, veillent, le danger sera contenu grâce au front républicain qui va enfoncer le national. Imaginez le risque : entre 0,75 et 3% d'élus du FN dans les cantons où il dispose d'un candidat (selon les espoirs des dirigeants de ce parti) pour à peu près 20% des suffrages exprimés (compte tenu du fait que le FN n'avait pas de candidats partout) : effectivement il y a péril en la demeure et le tsunami bleu Marine n'est effectivement pas un danger à prendre à la légère. Donc vite, sus aux sarrasins (désolé, ça c'est les autres) aux fachos et qu'il n'en reste pas un debout dimanche prochain !
 
Bon, si on arrêtait les conneries !
D'abord ce n'est pas aux malheureux 3% maximum qu'il faut s'attaquer, mais aux 20% d'électeurs qui ont voté pour un candidat du FN dans les cantons où il présentait un candidat. Quand je dis attaquer, c'est surtout se demander pourquoi il y en a tant. Et accessoirement on pourra demander à nos républicains, grands démocrates devant l'éternel, s'ils ne trouvent pas curieux que 20% se transforment, pour ces élections, en 3% au mieux, et même en rien du tout quand il s'agit de la représentation nationale. "Mais parce que ce ne sont pas des républicains", vous répondront-ils certainement. Et donc ! Sauf que les électeurs en question votaient pour leurs candidats il y a quelques années et qu'ils ont préféré se ranger sous les couleurs d'un parti dont le non-républicanisme reste à prouver. Car en fait rien n'indique, ni dans le discours, ni dans le comportement de ses militants que le front national n'est pas un parti républicain. 
Ce qui nous ramène au pourquoi de ces 20%. Ne se sentent-ils pas coupables quelque part ces bienpensants républicains, de la montée d'un parti qui doit son succès à leur incurie à régler les problèmes de l'immigration et de l'insécurité qui lui est liée, à leur incapacité de répondre au sentiment d'étiolement de l'identité française ? Car effectivement le succès du front national est dû au fait qu'il est le seul à parler vrai sur ces sujets, à ne pas sombrer dans un angélisme béat qui voudrait nous faire croire que l'immigration demeure une chance pour la France et que les immigrés s'intègrent de façon harmonieuse dans un pays dont ils adoptent volontiers les mœurs, les coutumes et les valeurs. Alors effectivement plutôt que de nous parler de front républicain, que d'exhiber un danger fasciste qui n'existe que dans leur imagination, mais même pas d'ailleurs parce qu'eux même sont conscients de son inexistence mais le faire croire les arrange, il serait bon que ces bonnes âmes prennent à cœur de traiter de réels problèmes plutôt que de persister à les nier. Réglez les problèmes, commencez même par les aborder sans tabou et vous verrez le front national se dégonfler come un ballon de baudruche. C'est d'ailleurs ce que Sarkozy en 2007 était parvenu à faire, mais évidemment comme derrière les actes n'ont pas suivi, et bien le FN est revenu et a même dépassé, semble-t-il, son niveau d'avant cette période.

De plus, gens de gauche, surtout socialistes, ne soyez pas hypocrites! Vous avez, sous Mitterrand engendré le FN, ou du moins vous lui avez permis de se développer et de prospérer. C'est Bérégovoy, je crois, qui disait en 1988, après la réélection de l'ancien résistant vichyste, que le front national était une chance historique pour la gauche. Evidemment, il y a eu ce retour violent de boomerang dans la tronche en avril 2002 quand les électeurs populaires ont permis à JM Le Pen d'écarter votre candidat dès le premier tour de la présidentielle. Cependant, grâce au FN et à la décision de la droite de refuser toute alliance avec le "diable" grâce à vos pressions moralisatrices, vous avez tout de même mis la main sur presque toutes les régions, et beaucoup d'autres collectivités et communes. Alors, par pitié, cessez ce discours de tartufe et n'hésitez pas à vous réjouir à haute voix d'un FN fort.
Le FN a aussi un rôle bien sympathique car il permet d'éluder plein de sujets. Quand on n'a rien à proposer, comme en ce moment, on peut toujours facilement détourner l'attention sur la montée du FN. "Votez pour nous, sinon ce sera la FN", voilà un programme brillant. Et par extension peu à peu : "l'UMP et le FN tiennent des discours similaires, donc l'UMP devient un parti fascisant". Et quand le Président de la République, sans doute mauvais républicain, et le chef du parti majoritaire refusent de tomber dans ce piège à cons de front républicain, on peut enfoncer le clou et prédire l'alliance future entre les deux partis. Au passage, j'ai vraiment pitié de ceux qui à droite tombent dans le panneau et ainsi renforcent le FN en accréditant cette fameuse thèse en vogue dans ce parti depuis longtemps et qu'on peut résumer par l'UMPS. Voilà où on en est au niveau politique en France. Au niveau zéro.
Ceci dit, à force de jouer avec le feu il faut tout de même se méfier. Ce ne sera pas en 2012, ni même en 2017, mais si aucune réponse n'est apportée à de vrais problèmes qui seront de plus en plus exacerbés par une crise pas près de se terminer, ce sera peut-être en 2022 que surviendra l'inattendu.
Moi je m'en fous, je suis expatrié.

mardi 22 mars 2011

Opération en Libye : pour le meilleur ou pour le pire



Quand la semaine dernière je disais que l'affaire libyenne démontrait les faiblesses et les contradictions de l'occident je ne me trompais guère. Même une fois le conflit en marche elles ne cessent d'apparaitre.
S'agissant de l'attaque suite à la résolution de l'ONU, j'ai cru pendant un certain temps qu'elle n'aurait jamais lieu, comme j'ai cru que la résolution de l'ONU ne serait jamais votée. Même si je me suis trompé sur ce coup-là, je pense pouvoir dire qu'il y a une semaine de cela rien n'indiquait, au vu des réticences des uns et des autres qui auraient pu, entre autres, se traduire par un double veto au Conseil de Sécurité de l'ONU, qu'une résolution suivie d'un engagement militaire serait votée. La position plus qu'ambigüe de la Ligue Arabe, qui n'en a pas fini de se contredire, pouvait également renforcer dans cette opinion.
 
Cependant la résolution 1973 a été votée et désormais les armes font office de relations diplomatiques avec la colonel Khadafi, ce qui, entre nous, constitue un dialogue beaucoup plus franc.
On peut cependant regretter que cette résolution soit arrivée trop tardivement. Son retard a permis à notre bédouin de faire reculer les insurgés et de renforcer ses positions et oblige donc à une réaction bien plus forte que si nous étions intervenus dès qu'il fut avéré que l'aviation et l'artillerie libyennes tiraient sur les insurgés et autres populations. Mais néanmoins le fait d'intervenir avant la chute de Benghazi et sans doute de la rébellion devrait tout de même nous réjouir. Pourtant la réjouissance éprouvée est fortement atténuée par d'autres considérations et pourrait, si certaines choses devaient se passer, virer à la consternation.
 
Si nous considérons la manière dont a été arrachée la résolution de l'ONU, incontestablement une victoire diplomatique française, nous pouvons constater plusieurs choses. Tout d'abord l'Union Européenne a une nouvelle fois prouvé son absence d'unité en matière de politique étrangère révélant donc ainsi sa nature de nain politique incapable de peser sur les affaires internationales. Il ne serait pas, à ce propos, superflu de renvoyer à ses fourneaux Lady Ashton qui dispose d'un charisme équivalent à celui d'une asperge et ne risque pas de donner de l'éclat à une diplomatie européenne qui n'existe d'ailleurs pas. Par ailleurs l'attitude ambigüe des Etats-Unis qui ne cesse de se confirmer remet en cause, sinon son leadership, la confiance que peuvent avoir beaucoup de pays du monde, notamment les pays occidentaux, qui se sont trop reposés sur eux, dans sa capacité à promouvoir et assurer la défense de certaines valeurs. Ne parlons pas enfin des Arabes approuvant une résolution mais s'en démarquant le plus rapidement possible. Il y a aussi la position nettement en retrait des Etats africains, trop faibles pour peser sur la décision, mais dont les dirigeants bien souvent arrosés par Khadafi pour un nombre significatif d'entre eux et qui en avaient d'ailleurs fait "le roi des rois traditionnels d'Afrique" en 2009 en l'élisant à la tête de l'OUA. Et pour terminer n'oublions pas les deux grandes puissances que sont la Chine et la Russie qui n'ont pas usé de leur droit de veto, se sont abstenues mais qui voient la chose d'un mauvais œil qui pourrait éventuellement faire reconsidérer les choses si le conflit s'éternisait et faisait l'objet de discussions ultérieures à l'ONU.
Tout cela dès le départ est donc bien fragile à tel point on se demande par quel miracle cette résolution 1973 a pu être adoptée. La corde de l'émotion a sans doute été utilisée ainsi le fait que le colonel autoproclamé (il était capitaine lors du coup d'Etat de 69, mais reconnaissons qu'il a eu tout de même le triomphe modeste) est pour le moins un emmerdeur de première dont personnellement je me demande pourquoi il existe encore. C'est vrai que Reagan avait essayé de le dessouder, mais sincèrement je pense qu'on a été bien charitable envers cette ordure.
 
Ce qui nous amène aux objectifs réels du conflit qui se déroule depuis samedi dernier. La résolution « Autorise les États Membres qui ont adressé au Secrétaire général une notification à cet effet et agissent à titre national ou dans le cadre d'organismes ou d'arrangements régionaux et en coopération avec le Secrétaire général, à prendre toutes mesures nécessaires, nonobstant le paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011), pour protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi, tout en excluant le déploiement d'une force d'occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n'importe quelle partie du territoire libyen. »
Autant dire qu'en termes de définition d'objectifs militaires on a déjà fait mieux. Protéger les populations et les zones civiles n'est pas vraiment une mission de type militaire surtout dans un pays où fait rage une guerre civile, où sont étroitement imbriqués combattants, réguliers ou non, et civils et le tout, dans un premier temps, nous y reviendrons, à partir du ciel. Il semble clair que pour protéger certains civils il faudra sans doute en sacrifier d'autres. Ce qui revient en d'autres termes à prendre parti, pour les insurgés bien entendu. Mais ceci serait mieux si c'était exprimé clairement. L'avenir de Khadafi, du moins celui dont on qu'on souhaiterait qu'il soit le sien, n'est effectivement pas précisé ou alors de façon contradictoire. Quand certains hauts responsables, d'un même pays parfois, déclarent pour les uns que l'objectif est son départ alors que d'autres disent que l'objectif n'est pas de lui faire quitter le pouvoir, on est quand même un peu dans le brouillard, même si on peut comprendre que finalement c'est la première option qui semble l'emporter, la seconde étant de pure convention pour rester dans les clous d'une résolution bien vague. Mais tout cela gagnerait à être précisé, car toute roquette lancée ou toute bombe larguée, tout cadavre ou tout blessé, peuvent amener à contestation. Et c'est déjà commencé.
Ainsi la Ligue Arabe ne passe guère une journée sans faire trois pas en avant et deux en arrière, tiraillée entre une opinion publique elle-même partagée, et des dirigeants nationaux qui pour les uns verraient volontiers le cadavre de Khadafi se balancer au bout d'un lampadaire, tandis que les autres comme l'Algérie ou la Syrie, par exemple, voient d'un œil inquiet l'éventualité que l'emporte l'insurrection.
Et puis il y a ceux qui se sont abstenus ou encore ceux qui y sont allés timidement de leur soutien et qui constatent, ô miracle, que des missiles, des bombes et des roquettes, ça fait des dégâts et parfois aussi des morts. Même la presse d'un pays comme la France, pourtant en pointe dans l'opération, n'hésite pas à faire pleurer dans les chaumières, photos à l'appui. Ainsi dans Libération, on pouvait lire dès lundi : "…Un peu plus loin s'étale un vrai jeu de massacre, une petite armée littéralement pétrifiée par le feu venu du ciel. Une quarantaine de véhicules calcinés, retournés, enchevêtrés dans un champ. Des dizaines et des dizaines de corps de soldats gisent là, morts dans l'instant, certains presque des enfants dans leur treillis trop grands, certains avec la peau très sombre, la moitié. Ils ont été foudroyés par les Rafale français entre 5 et 7 heures du matin….". Enfin, la guerre, quoi ! Avec son cortège de morts et de blessés !


 
Tout ceci n'est donc pas très sain. Les opinions publiques, majoritairement favorables à l'intervention, pourraient vite se retourner. Mais le pire serait que des pays membres de la coalition se retirent. Or, déjà des réserves apparaissent chez certains, citons les Norvégiens et les Italiens par exemple. Par ailleurs les Américains semblent impatients de passer le relais du commandement à quelqu'un d'autre, une des puissances engagées ou encore l'OTAN, ce qui génère des conflits entre membres de la coalition. Le scenario du pire n'est donc pas à écarter, c'est-à-dire la dislocation à terme de la coalition ou sa réduction à sa portion congrue, France et Grande-Bretagne, tandis que l'objectif d'écarter du pouvoir Khadafi n'aura pas été atteint et que ce dernier conservera son pouvoir de nuisance vis-à-vis de son peuple, mais aussi vis-à-vis de certains coalisés dont nous ferons partie avec les méthodes lâches et sournoises qui ont toujours été les siennes.
En fait, à mon avis, il existe actuellement trois scenarii possibles y compris celui que je viens d'indiquer.
L'un de ces scenarii, et c'est celui que semble officiellement privilégier Juppé, c'est que l'armée libyenne va subir rien qu'avec les frappes aériennes un choc psychologique suffisant pour qu'elle laisse tomber Khadafi. A charge ensuite aux insurgés de finir le travail. C'est le meilleur des scenarii possibles, il me semble réaliste, mais évidemment on en est qu'au niveau des hypothèses.
Un autre, si l'armée libyenne reste fidèle, à condition que la coalition tienne ou demeure composée de suffisamment de membres de poids, et à condition également qu'on officialise la volonté de voir disparaître Khadafi de la scène, chez Chavez ou au bout de son lampadaire, peu importe, est un engagement terrestre pour aller chercher le colonel dans son bunker. On ne gagne pas des conflits rien qu'avec l'aviation et des missiles. En dernier lieu ce sont toujours l'infanterie et les blindés qui terminent le travail. Comme les insurgés ne constituent pas une armée, mais une bande armée, ce qui est fondamentalement différent, ils ne pourront pas le faire. Il faudra donc choisir de le faire pour eux… ou pas, auquel cas, on revient vite à un scenario catastrophe. Nous pourrons noter que la résolution 1973 n'écarte pas cette possibilité. Elle écarte simplement une force d'occupation étrangère, pas une force d'intervention.

Entrainement de soldats américains en Italie en ce moment, ce qui signifie que l'hypothèse terrestre est bien envisagée
 
En fait cette résolution semble vraiment très mal ficelée. Elle permet en théorie beaucoup de choses, mais une interprétation restrictive pourrait être mise également en avant par certains pour faire capoter à terme cette opération au nom sorti d'un esprit sans doute un peu trop poétique alors qu'on va voir s'accumuler les cadavres. "Aube de l'Odyssée". On n'a pas idée !

lundi 14 mars 2011

Quand Khadafi démontre la faiblesse et les contradictions de l'occident

Les Libyens auront appris à leurs dépens que leur souhait des populations anciennement colonisées de ne plus voir les occidentaux s'ingérer dans leurs affaires est en train d'être exaucé.
Les Etats-Unis et l'Europe, mais à cette dernière mis à part le calibrage des concombres et les mesures prises pour favoriser l'invasion du continent par justement les anciens colonisés et d'autres aussi on ne peut guère demander (il suffit de voir l'épouvantail décérébré qui sert de chef de la diplomatie européenne), donc les Etats-Unis et l'Europe semblent accepter une victoire de Khadafi.

A ce stade on peut faire une pause et constater que chez nous, en France, ceux qui ,dopés par la moraline, ont fustigé le gouvernement lors des révolutions tunisienne et égyptienne, se sont vite désintoxiqués quand Sarkozy a reconnu les représentants des insurgés comme seuls interlocuteurs de leur pays et a émis l'idée d'envoyer notre aviation larguer quelques bombes aux bons endroits, moyennant toutefois certaines conditions bien difficiles à remplir, tel un accord de l'ONU, où les veto russe et chinois sont très probables, et de la Ligue Arabe dont on s'est félicité d'une décision sans doute mal lue ou dont on n'a pas voulu voir certains termes. En effet, la Ligue Arabe incite de Conseil de Sécurité de l'ONU a imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, tout en précisant que cela doit exclure toute intervention militaire étrangère. En gros, la Ligue Arabe demande à Khadafi, qui seul dispose des moyens pour le faire selon ce principe de non-intervention étrangère, de bombarder sa propre aviation. Il faut dire que l'unanimité au sein de la Ligue n'était pas là puisque la Syrie, le Yemen et l'Algérie, allez savoir pourquoi, étaient opposés à cette zone d'exclusion et que donc, dans un esprit consensuel, on a autorisé celle-ci tout en prenant soin de la rendre irréalisable, sauf à compter sur la folie avérée de Khadafi.
Alors bien évidemment on peut se demander si l'attitude de Sarkozy n'est pas que posture et si derrière une apparente rupture avec Khadafi, ne se trament pas des relations diplomatiques très discrètes, ce qui d'ailleurs serait préférable pour nous puisque isolés face aux autres nations occidentales préférant tortiller du croupion par lâcheté ou devant des intérêts supérieurs qu'on se gardera bien d'évoquer publiquement. Ceci dit il n'y a pas lieu de s'affoler puisque nos relations avec le bédouin (je n'ai pas dit babouin) à Ray-Bans et aux coiffes excentriques dont je vous joins ici une illustration empruntée à Usbek auront été ponctuées de ruptures et de réconciliations discrètes ou tonitruantes selon les époques.

Ici avec un saladier sur la tronche et enroulé dans les rideaux de sa grand-mère


Les occidentaux et les autres d'ailleurs savaient très bien que dès lors que l'armée ou une fraction importante de l'armée restait fidèle au dictateur fou, les probabilités de victoire des insurgés étaient très faibles. Même un nombre élevé d'insurgés à la forte détermination ne peut s'opposer à une armée organisée et disciplinée, dès lors qu'eux-mêmes ne sont pas organisés, ne disposent pas d'un commandement cohérent et expérimenté et aussi, mais ce n'est pas forcément la raison essentielle, d'armement conséquent. Nos conquêtes coloniales ne se sont pas faites grâce au nombre et à l'équipement de nos armées, mais bien grâce à leur organisation et leur discipline. D'ailleurs, lors des révolutions tunisienne et égyptienne, c'est bien sur les armées respectives de deux pays que les regards étaient rivés tant il était évident qu'elles seules pouvaient permettre la réussite ou occasionner l'échec des mouvements. Dès lors, se réfugier derrière l'ONU et la Ligue Arabe pour ne pas intervenir revenait consciemment à réduire les chances de réussite de l'insurrection. Et là bien sûr on constate le fossé qui sépare le discours de l'action et on peut se dire maintenant que les coups de gueule contre Ben Ali et surtout contre Moubarak, notamment de la part des Etats-Unis, n'étaient qu'opportunistes et ne s'appuyaient que sur la félonie de l'armée qui n'a pas eu lieu en Libye.

Au moins on aura compris que les Etats-Unis, ne parlons pas de l'Europe diplomatiquement et militairement inexistante, sont dirigés par un personnage pour le moins incapable de prendre des décisions dans les crises importantes et préférant se laisser guider par les événements.
A moins que, étant donné la tournure que prennent les mouvements tunisien et égyptien avec notamment une présence de plus en plus visible des islamistes que d'ailleurs nos médias minimisent, ce qui est logique dans la mesure où ils se sont extasiés au préalable sans aucune réserve, on (c'est générique) ait décidé de siffler la fin de la récréation et de préserver nos approvisionnement en pétrole à des coûts encore supportables.

Je reviens pour terminer et même si c'est hors sujet à nos medias et à nos grands analystes dont les compétences sont dignes de celles des kremlinologues qui en leur temps n'ont pas été capables de prévoir la chute de l'URSS. Ceux qui comme Finkielkraut, Adler ou quelques rares autres se sont risqués à considérer comme incertain l'avenir des révolutions tunisienne et égyptienne ont été largement vilipendés par ces grands analystes. On courait évidemment comme des dératés vers la démocratie. Or, on en est loin et, si j'ose dire, au mieux on verra en Egypte l'armée continuer d'assurer le pouvoir dans une continuité jamais démentie depuis plus d'un demi-siècle. En attendant, pour ne pas passer déjà pour des abrutis et aussi pour avoir le temps d'effectuer quelques pirouettes destinées à prouver que malgré des résultats contraires à ce qui annonçaient de façon tonitruante ils avaient quand même raison, nos médias se gardent bien de nous livrer toutes les informations sur ce qui se passe dans les pays concernés. Je n'ai pas par exemple lu ou entendu relater les violents incidents qui se seraient sans doute terminés par des viols collectifs suivis de mort sans l'intervention de l'armée et qui se sont déroulés en Egypte lors de la journée de la femme. Les pauvres, croyant sans doute comme nos experts à une vraie révolution démocratique ont osé manifester avec forces tracts pour réclamer l'égalité sur la fameuse place Tahrir et se sont heurtées à la violence de leurs confrères révolutionnaires d'il ya un mois. Bon, c'est pas encore gagné la démocratie. Et donc pour en revenir à mon propos principal, il est possible que les réactions occidentales en Libye soient aussi dictées par ce constat.

mercredi 9 mars 2011

Le parti socialiste nous ment. Il est responsable de la percée du front national

Après le livre (la théorie),




on attendait ça


et on a eu ça


Et après ça on s'étonne de la percée du front national!

mardi 8 mars 2011

Marine Le Pen au second tour : logique. Mais on s'en fout.

Une succession d'événements survenus ces dernières semaines, importants et moins importants, extérieurs ou internes à la France, ont eu des répercussions assez importantes dans notre pays.
 
En effet sans les révolutions arabes qui n'ont pas fini de faire parler d'elles et dont les aboutissements risquent fort d'impacter encore davantage un climat politique assez spécial, ont occasionné déjà un remaniement ministériel de conséquence, même si peu de ministères ont été concernés.
Mais au-delà, et c'est peut-être plus important, elles ont relancé un débat sur l'immigration dans notre pays. Un débat, bien sûr, initié depuis pas mal d'années maintenant, mais jamais réellement posé car livré à des passions idéologiques ou à des postures opportunistes, elles-mêmes polluées par d'autres problématiques comme par exemple la laïcité (et l'islam) et l'insécurité. En fait le débat n'a jamais eu lieu et les conditions pour qu'il puisse avoir lieu sont loin d'être en place. Au contraire, il semble que les possibilités d'un débat serein et amenant à des conclusions réfléchies et des actions concrètes s'éloignent de plus en plus. Situation dont profite bien sûr le Front National qui vient de subir un ravalement de façade avec un changement officiel à sa tête. Il est d'ailleurs amusant de constater que malgré les brillantes analyses de nos commentateurs politiques qui annonçaient un discours plus soft de la part de la fille à son père, celui-ci s'est davantage durci même si on s'est, au moins dans l'immédiat et sans doute pour une longue durée, éloigné de certaines thématiques ou propos qui fleuraient bon l'antisémitisme. En effet, on n'a jamais entendu dire par Le Pen l'ancien qu'il fallait rejeter les clandestins à la mer, tandis que de son côté Le Pen la jeune n'a pas d'états d'âme en proposant de repousser dans les eaux internationales les frêles esquifs des clandestins à coup de canon de marine si nécessaire. Et il semble que ce genre de discours plaise. Comme quoi Marine Le Pen a une bonne intuition politique. Mais surtout elle révèle les angoisses et/ou le ras-le-bol des Français face à certains phénomènes liés à certains des étrangers (de nationalité ou simplement de culture) se trouvant sur le sol français. Et bien évidemment, comme elle est la seule à sembler vouloir traiter réellement le problème, ceci étant dit sans jugement de valeur sur les méthodes préconisées, elle empoche la mise. Certes, elle ne sera pas élue, chacun le sait, même elle, ce qui n'empêcherait pas, bien sûr, si elle arrivait effectivement en tête à l'issue du premier tour de la présidentielle d'assister aux mêmes mascarades qu'en 2002 avec des petits et grands enfants dans les rues déployant forces banderoles pour exprimer leur feinte crainte de voir notre pays sombrer dans le fascisme. Et le problème restera donc entier, toujours posé, mal posé, et surtout jamais résolu.
Reste que le Front National, même si ce n'est pas demain qu'il accède au pouvoir, dispose d'un pouvoir de nuisance important surtout vis-à vis de la droite. Car au grand bonheur des barons, baronets et marquis du Parti Socialiste, le FN leur permet de garder la mainmise sur l'essentiel des collectivités locales, la droite ayant toujours refusé, sauf quelques cas individuels d'ailleurs sanctionnés, de s'allier à ce parti pour diriger une collectivité. Ces nobliaux d'ailleurs non seulement s'en moquent, mais même ne souhaitent sans doute pas que leur parti exerce des responsabilités nationales qui ne manquerait pas de priver certains, en réaction, de leurs confortables fauteuils de présidents ou maires. Mais c'est une autre histoire et voyons plutôt pourquoi après qu'il ait été déclaré moribond en 2007, le Front National revient en force avec les mêmes thèmes que ceux qui ont accompagné sa fortune puis sa descente aux enfers. Donc l'immigration et les étrangers, préférentiellement musulmans.

 
Le premier élément me semble être le déni de réalité. Celui-ci est parfaitement incarné par la gauche, mais aussi par une fraction de la droite, qui estime par exemple que l'immigration est une chance pour la France, même si les données économiques prouvent que depuis quelques temps c'est faux, et que cette immigration constitue dans ses structures à moyen terme un risque de substitution de population. Le mot risque n'est pas à prendre au sens statistique, mais au sens de danger. Car cette substitution s'accompagnera immanquablement d'une modification de la société française (mais également européenne). L'enjeu est donc notre civilisation. Et ceci les Français attachés à leurs vieilles valeurs le sentent, notamment quand ils sont confrontés à ça :


  (Nota : cette vidéo m'a été adressé aimablement par un ami américain francophone et francophile qui a du mal à comprendre)

La réalité, c'est aussi la rubrique des faits divers des quotidiens régionaux ou nationaux qui tendraient à démontrer que, malgré l'absence de statistiques ethniques publiques, la majorité des délinquants sont bien noirs ou arabes. Ne disposant d'aucune notoriété publique, j'imagine que SOS racisme et consorts ne me traineront pas devant les tribunaux. Enfin j'espère qu'ils ne me feront pas extrader.
Car ça aussi ça énerve. Et nul doute que le procès Zemmour a fait davantage de bien au Front National qu'à nos hôtes venus d'Afrique ou d'origine africaine. Sans entrer dans les finesses sémantiques qui ont permis au tribunal par des contorsions sans doute douloureuses de condamner le journaliste, ce procès, si j'en crois les réactions nombreuses que j'ai pu lire, a constitué non seulement aux yeux d'une majorité de Français un déni de réalité, mais aussi l'illustration d'une volonté d'interdire l'expression d'une pensée non conforme à des schémas qu'on essaie, avec un certain succès d'ailleurs mais heureusement pas définitif, de nous imposer depuis des décennies maintenant. Ce procès est l'illustration parfaite d'une amorce de dictature de la pensée dont les éminents représentants sont bien évidemment des associations largement subventionnées par nos impôts et dont l'intérêt bien calculé est de nous faire croire que la "bête immonde" est de retour et que seule leur vigilance est en mesure de la terrasser. Je me permets de vous renvoyer à deux textes que j'ai écris en juin dernier au sujet de l'antiracisme pour vous convaincre que leurs buts, car ils peuvent varier selon les associations, sont bien différents.
 
 
Et puis bien évidemment il y a la manière de traiter ces problèmes que vivent ou bien sentent les Français. Les politiques déjà bien discrédités sur d'autres plans (voir à ce sujet l'excellent texte de ce jour d'Usbek dans ses "modernes persaneries" – voir le lien vers son blog dans la colonne de droite) sont absolument lamentables quand il s'agit de s'intéresser à l'immigration et à l'islam qui lui est fortement corrélé du fait de l'origine de nos immigrés. Il y a ceux, à gauche, qui ne veulent pas voir ou qui préfèrent voir ce qu'ils croient, et ceux, à droite, qui semblent voir (quoique!) mais s'interdisent de poser les problèmes sans mouvement hautement acrobatiques destinés à ne pas "stigmatiser", mot à la mode, et surtout à ne pas heurter une partie de leur électorat, mais tout en souhaitant en récupérer une partie sur la droite dite nationale ou extrême, selon les cas. Mais comme cet exercice de haute voltige a déjà été effectué en 2007, il est peu probable que ça fonctionne encore une fois. Bref, d'un côté, il n'y a pas de problème ou si problème il y a il est imputable à la société, et de l'autre on se contorsionne et on débat dans le vide. Marine Le Pen qui sait qu'elle ne sera pas élue, mais souhaite tout de même compter dans la vie politique française, comme les droites nationales dans quasiment tous les pays d'Europe désormais qui quand elles ne sont pas associées au pouvoir directement, par une participation au gouvernement, ou indirectement, par un soutien du gouvernement en place, pèsent du poids de leurs idées sur a vie courante de leurs pays respectifs. Elle a donc une parole complètement libérée et susceptible de fédérer un grand nombre de mécontents qui sans adhérer aux idées d'un parti qui n'en a d'ailleurs guère se manifesteront par les urnes, comme ils l'ont déjà fait en 2002. Et finalement cette situation, malgré leurs cries d'orfraie, n'est pas vraiment pour déplaire à des partis politiques de droite ou de gauche qui voient là une bonne occasion de mettre sous le boisseau les autres problèmes économiques et sociaux qu'ils sont bien incapables de résoudre, s'ils sont au pouvoir, ou pour lesquels ils semblent être bien en manque de solutions crédibles quand ils sont dans l'opposition. Sans parler, bien entendu, des différentes affaires des compétences de la justices dans lesquels ils sont tous enferrés.
 
Ah, s'il n'existait pas il faudrait l'inventer, ce Front National. Ce qu'a d'ailleurs fait Mitterrand.

mercredi 2 mars 2011

A propos du futur débat sur l'islam et la laïcité


 
Opportunisme politicien ou interrogation brûlante sur la place d'une religion dans un France qui se veut (ou se prétend) toujours laïque ? Les deux, mon colonel. C'est du moins comme cela que je perçois ce prochain débat mené par le parti majoritaire à la demande du Président de la République, et accessoirement ex-président de ce parti.
 
La remontée d'un Front National qu'on croyait dans les choux impose effectivement à la majorité de se saisir enfin de sujets et si possible de les traiter puisqu'elle ne l'a pas fait réellement malgré des promesses qui lui ont permis en 2007 de siphonner les voix du parti de Jean-Marie Le Pen. Car il est fort probable que cette frange de l'électorat ne tombe plus dans ce qu'elle considère, mais peut-on lui donner tort ?, comme un piège. Or, à la lecture des sondages, et notamment si le parti socialiste se choisit comme candidat une personnalité de droite de centre gauche comme Dominique Strauss Kahn, par exemple, sans les voix d'une partie des sympathisants du FN, il est impossible à Nicolas Sarkozy d'espérer un second mandat. Donc s'inquiéter de la place de l'islam en France constitue une réponse certainement insuffisante si derrière des mesures ne sont pas prises, mais néanmoins nécessaire. Un préalable peut-être. Ne rêvons pas.
 
D'un autre côté, certains sujets dits sensibles, mais qui ne le sont à qu'à cause de l'émotivité exacerbée de nos vertueux bienpensants, on inclura là-dedans une bonne partie de la gauche, des intellectuels et bien évidemment toutes ces associations parasites et nuisibles, donc certains sujets dits sensibles dès qu'on souhaite les aborder entrainent systématiquement une accusation de manœuvre électoraliste, ce qui en France, étant donnée la fréquence des élections est un argument particulièrement facile.
La sensibilité du sujet d'ailleurs oblige cette fois-ci un débat à huis clos, juste au sein de l'UMP, car en débattre au niveau national, on l'a vu lors de la question de l'identité nationale, est impossible. Ce qui montre au passage l'exceptionnelle vigueur d'une démocratie où nombre de sujets deviennent tabous et où les quelques malheureux qui tentent de les aborder publiquement de façon objective risquent d'être trainés devant les tribunaux et bien entendu condamnés, parce que, quand même, il ne faut pas abuser de la liberté d'expression, surtout quand il s'agit de d'énoncer des faits tout à fait vérifiables, bon, pour faire court, quand il s'agit de dire la vérité.
 
Il est bien entendu regrettable que la question ne soit pas traitée d'une manière plus large. D'autant plus qu'elle me parait très mal posée. Ou du moins, les premiers éléments de réponse dont je doute que l'UMP les remette en cause car ils sont donnés par Sarkozy lui-même, semblent indiquer qu'on va se fourvoyer et ne pas traiter la question sur le fond. A vrai dire, on va amuser la galerie, faire des déclarations d'une banalité affligeante, sortir quelques âneries bien senties, et au bout du compte rien ne changera. Sinon en pire, car avant même qu'il ne commence, le thème du débat a commencé à glisser de la place de l'islam en France à tout simplement la laïcité. On peut donc envisager, pourquoi pas ?, un aménagement de cette laïcité pour "aider les musulmans à mieux pratiquer leur foi". Dans le climat de cohérence actuel, on peut s'attendre à tout. Car effectivement il y a toujours au moins deux façons de résoudre un problème du type que celui que nous pose un certain nombre de musulmans : le traiter en fonction de principes ou faire en sorte par des aménagements, certains appellent ça des accommodements raisonnables (quelle horreur !), que, officiellement au moins, le problème n'existe plus.
Car bien évidemment si la question est posée, c'est qu'il y a sans doute un problème à l'origine, au moins quelque chose perçu comme un problème pour une frange significative des Français. Et bien sûr ce qui est perçu comme réel devient réel effectivement dans ses conséquences. Sauf que ce n'est peut-être pas ou plus une simple perception pour certains.
 
Je reviens aux propos de notre Président qui une fois de plus se lance dans une bataille sans avoir de plan et sans mesurer les conséquences. Il déclare qu'il veut un islam de France. Ce qui semble dire qu'il faut apprivoiser une religion, la mettre à une sauce locale, en fait la modifier. Ce qui en soi est absurde. Car une religion se bâtit autour de dogmes auxquels adhèrent ceux qui la pratiquent. Et si donc on modifie certain de ces dogmes pour les adapter à une certaine culture, on change carrément de religion, on provoque un schisme. C'est peut-être une solution, très peu probable d'ailleurs, mais qui ne peut venir que de l'intérieur de la religion concernée. Et pourquoi pas pendant qu'on y est créer un islam d'Alsace dans le cadre du Concordat de 1801; il semble d'ailleurs que la mairie de Strasbourg ait intégré cette donnée en subventionnant d'ores et déjà la construction de mosquées dans sa ville.
Non cette histoire d'islam de France n'est pas sérieuse. Cette religion a peut-être des dogmes assez tordus, ce n'est peut-être pas seulement une religion de paix, d'amour et de tolérance, je serais même tenté de dire comme Houellebecq que de toutes les religions c'est la plus con, mais en tout état de cause elle est ce qu'en font les gens qui la pratiquent. Donc plutôt que de parler de la place de l'islam en France, il serait préférable de parler de la place des musulmans dans ce pays. Ce n'est pas tant l'islam qu'il fait réformer mais les mentalités d'un certain nombre de musulmans qui n'ont absolument rien compris aux valeurs pays qui les héberge. Alors là aussi il y a deux solutions, même trois : faire simplement appliquer la loi sur la laïcité ce qui amènerait par exemple à faire disperser manu militari les foules en prière dans l'espace public, à interdire tout financement même déguisé de construction de lieux de cultes et globalement de renoncer à tout ce qu'on appelle à tort, accommodements raisonnables ; la seconde serait de renouer avec la tradition hélas oubliée de l'assimilation donc d'aider à l'acculturation de ses populations ; et la dernière serait bien sûr de laisser aller. C'est d'ailleurs cette dernière solution qui a été choisie ces dernières années. Pour ma part, je préfère largement la seconde, celle de l'assimilation, mais il semble qu'on l'ait définitivement abandonnée au nom du respect des cultures étrangères, de la diversité, ou de je ne sais quoi dont la stigmatisation de la culture occidentale "faite d'une suite de crimes contre l'humanité". Ce dernier point est évidemment important car si on ne s'aime pas soi-même comment faire adhérer les autres à ses valeurs ? Et donc on assure le service minimum. On parle d'intégration plutôt que de coupable assimilation, l'intégration signifiant simplement le respect des lois de la République française, ce qui au demeurant est bien le minimum à exiger. Et bien apparemment non puisque l'intégration à minima semble à certains déjà un louable effort.
Enfin toutes ces raisons me font penser que le débat, encore un, n'amènera rien d'extraordinaire comme solutions à un problème tangible. On débattra sans doute davantage d'ailleurs plus sur le débat que sur le thème de ce dernier. Et puis de toute façon, puisqu'on semble avoir définitivement renoncé à l'assimilation, ça ne sert à rien.

 
D'ailleurs ce débat ne sert d'autant plus à rien qu'il élude le plus important : la culture ou la possibilité pour une nation d'absorber en nombre des gens d'une culture ou de cultures très différentes. Car c'est bien de cela dont il s'agit et non de l'islam. Car des immigrés non pratiquants et même pas croyants ne sont pas pour autant des gens intégrables ou assimilables. Les événements qui se sont déroulés et se déroulent toujours avec les Roms devraient d'ailleurs aider à en prendre conscience. Le problème n'est pas la religion mais la culture. La France et plus largement l'Europe sont de culture chrétienne, même si un très grand nombre d'Européens ne croient pas ou ne pratiquent pas et même si, sur l'insistance de Chirac qui estime que l'islam a apporté autant à la France que le christianisme, la mention des racines chrétiennes de l'Europe a été abandonnée dans la constitution européenne. Et le problème actuel est bien celui de la confrontation de cultures très différentes. C'est effectivement un problème européen dont on commence à parler de plus en plus, en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et ailleurs. Et un problème qui a permis un peu partout en Europe de voir ressurgir et prospérer une extrême-droite avec laquelle il faut désormais compter car quand elle ne participe pas directement ou indirectement aux affaires, ses idées ne manquent pas d'avoir une certaine influence sur ces dernières.
 
Les seules vraies questions sont donc le seuil de tolérance c'est-à-dire à partir de quelle concentration la culture du pays hôte est attaquée et menacée, les politiques d'assimilation à mener, et le cas échéant les politiques de rétorsion à conduire. Je ne crois pas que l'UMP se saisira de ses questions bien trop sensibles. Ni personne d'autre d'ailleurs. Donc c'est foutu et désormais reste à attendre le moment de la bascule. Mais pas d'affolement, ce sera pour nos enfants ou nos petits enfants. Comme la dette.