"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 27 novembre 2013

Baby-Loup, épisode 4







Comme pour Starwars, attendons-nous à encore deux épisodes, à moins d'un cinquième bâclé.
C'est en effet le 4ème jugement qui vient d'être rendu concernant la légalité du licenciement d'une employée d'une crèche privée dont l'histoire avait pourtant bien commencé.

A l'origine, il était une crèche montée par une immigrée d'origine chilienne dans une ce ces zones qu'on nomme sensibles ou défavorisées, en fait peuplées de gens souvent dans la précarité et qui pour s'en sortir ne peuvent pas être trop regardants sur les boulots qu'on leur offre. Cette crèche avait donc cette particularité de fonctionner 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, permettant aux familles de saisir toutes les opportunités se présentant à elles sans être empêchées par la garde de leur progéniture. Donc une belle initiative appréciée de tous et notamment par les familles qui pouvaient bénéficier de ce rare avantage. Mais ça fonctionnait sans doute trop bien pour que l'islam ne vienne pas perturber la chose par le biais d'une employée qui après un congé maternité, revient sur les lieux de son travail bien islamisée et voulant le faire savoir par sa tenue vestimentaire, bien que le règlement intérieur de la crèche datant de 1990 impose la neutralité philosophique, politique et confessionnelle. Malgré ce règlement et après plusieurs injonctions de revenir à une tenue neutre en termes de religion, l'employée est donc renvoyée pour faute grave et c'est là que commence l'affaire. Nous sommes en décembre 2008.

On passera rapidement, puisque cette institution n'était pas juge, sur le prologue constitué par le traitement chaotique réservé par la HALDE à cette affaire dont on a pu constater le parti pris idéologique pendant la présidence Schweitzer, tempéré par la nomination de Jeannette Bougrab à la place de ce dernier. Réjouissons-nous de la dissolution de cette honteuse institution.

D'un point de vue juridique, l'affaire est intéressante car elle peut conduire à une jurisprudence dont les effets peuvent être capitaux.
Au départ tout se passe bien, dans le bon sens. Les prudhommes jugent que le licenciement pour faute grave est justifié pour des raisons d'insubordination. On notera que ce jugement, mais les prudhommes ne peuvent guère en rendre d'autres sur le fond, ce n'est pas de leur compétence, n'aborde pas le problème de la neutralité religieuse, qui est véritablement le problème de fond. Néanmoins ce jugement aurait pu établir une jurisprudence sur les prérogatives des employeurs en termes d'interdiction de certaines tenues. Cela étant la chose serait restée assez floue puisque le contexte, et notamment la "raison sociale de l'entreprise" pouvait encore faire l'objet de discussions.
Nous sommes en novembre 2010.

La pauvre femme licenciée car elle ne peut plus se passer de son voile, atteinte par on ne sait quelle maladie subite, car elle travailla des années sans cet ornement vestimentaire et n'émis jamais le souhait de le porter fit évidemment appel. On ne se posera pas la question inutile de savoir qui paie et paiera les frais de justice. Et l'appel confirme le jugement des prudhommes. Mais cette fois on est allé davantage sur le fond. L'avocat général ayant fait valoir " le respect du principe de laïcité mais aussi la vulnérabilité des enfants"  tandis que la cour d'appel estimait que "les enfants n'ont pas à être confrontés à des manifestations ostentatoires d'appartenance religieuse". L'avocat de la crèche parlait de victoire de la laïcité. La laïcité, par le biais de l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires pour son personnel, pouvait être imposée au sein d'une crèche privée. Nous sommes en 2011.

La pauvre plaignante affublée de son morceau d'étoffe se trouva bien marrie, mais pas désespérée, car les voies de recours n'étaient point épuisées. C'est donc en cassation qu'elle se pourvut. Si on ne l'était pas encore, on est désormais assuré que l'affaire dépasse le cas individuel de cette mahométane rejetée par ses employeurs. Dès le début, et notamment grâce aux atermoiements de la HALDE, chacun avait compris que cette affaire pouvait devenir un enjeu de société puisque sa conclusion allait définir en quelque sorte quelques-uns des contours de ce qu'on nomme d'autant plus volontiers qu'on constate que ça ne fonctionne pas et même que ça fonctionne de plus en plus mal, le vivre ensemble. Les deux partis, et notamment celui de la plaignante, l'ont bien compris d'où cet acharnement judiciaire pour un morceau de tissu.
En cassation c'est la consternation. Enfin pour ceux qui pensent que seule la laïcité dans son strict respect peut permettre à des gens différents par leurs croyances religieuses de vivre ensemble sans heurts. Car la crèche est désavouée. Nous sommes en mars 2013.
Mais, en cassation, sauf exception, j'y reviendrai plus tard, on ne juge pas sur le fond mais en droit. Et c'est là que surgit ce problème qu'il faudra bien trancher un jour et qui le sera peut-être, au moins partiellement quand cette affaire arrivera à terme, de la limite entre le public et le privé. Dans ses considérations la cour de cassation envisage la crèche selon sont statut juridique (de droit privé) plutôt que selon sa mission qui de par sa nature apparait évidemment comme étant d'ordre public. La chose peut paraitre surprenante quand on voit la nature des enjeux bien relevés par la cour d'appel de Versailles.
Le jugement émis par la cour d'appel de Versailles est donc cassé et le procès est renvoyé devant la cour d'appel de Paris.
Cet arrêt de la cour de cassation a des grosses conséquences. Déjà des conséquences pour le moral du personnel de cette crèche qui était parvenu à en faire un endroit à part dans un environnement difficile grâce justement à cette volonté de gommer les différences communautaro-religieuses, celles à qui que la cour de cassation permettait donc de s'exprimer. Ce qui se passa dépassant bien entendu le simple phénomène du voile, car les revendications se firent de plus en plus entendre notamment en ce qui concerne l'alimentation. Sans parler des menaces envers le personnel, des insultes subies, des dégradations sur leurs véhicules, etc. De fait cette crèche, à cause de l'appui de la plus haute juridiction française au communautarisme, devenait un enjeu communautaire. Tant et si bien que celle-ci doit déménager vers une autre ville, voire fermer. Oui fermer car le conseil régional socialiste d'Ile-de-France, tandis qu'il finance des crèches confessionnelles refuse de subventionner Baby-Loup pour son déménagement. Il n'y a que les mauvais esprits qui y verront un appui au communautarisme. Bien sûr! On remarquera aussi la diligence de l'administration qui par le biais de l'inspection du travail donna très rapidement, preuve que parfois l'administration peut être efficace et rapide, l'injonction de modifier le règlement intérieur de la crèche, ceci avant même la tenue d'un nouveau procès. En fait on pourrait presque y voir un acharnement à démolir quelque chose qui marchait bien, qui proposait un modèle, qui certes ne va pas dans le sens forcément de la bienpensance amoureuse d'une diversité qu'elle ne subit pas, mais permettait à de jeunes enfants d'apprendre à vaincre leurs différences, et à leurs parents de mener leurs activités en les débarrassant de lourdes contraintes. C'est un truc trop beau ça. Il parait que ça ne plait pas à Allah, seul détenteur de la perfection, et donc ça ne peut pas plaire tout court.

Néanmoins, et que donc l'accablement que peuvent ressentir ces gens qui se donnent depuis plus de 20 ans en soit allégé, la cour d'appel de Paris vient de rendre un jugement contraire à l'arrêt de la cour de cassation. La plaignante voilée est une nouvelle fois déboutée. Cette fois les choses ont été précisées clairement. D'abord par le procureur général qui dans son réquisitoire se place dans une optique résolument laïque et situe l'enfant au centre des débats. Clairement la structure juridique de la crèche lui importe peu. C'est bien de sa mission et de son fonctionnement courant dont il s'agit. L'essentiel!
Voilà ce qu'il déclare : "si la liberté religieuse constitue un principe fondamental dans toute société démocratique, elle doit «s'assortir de certaines restrictions pour ne pas contrevenir à d'autres libertés, d'autres droits, par surcroît dans «un contexte multireligieux". "Particulièrement en matière d'accueil de jeunes enfants où la nature de la mission confiée au personnel exige, dans l'intérêt de l'enfant, pour son éveil et son développement, une neutralité". C'est clair, net, précis et irréfutable.
Et c'est cette voie (de la sagesse, mais elle se fait si rare) qu'ont suivi les juges qui déclarent dans leur arrêté  que  "Baby-Loup peut être qualifiée d'entreprise de conviction en mesure d'exiger la neutralité de ses employés. Les restrictions prévues par le règlement intérieur de la crèche ne portent pas atteinte aux libertés fondamentales, dont la liberté religieuse, et ne présentent pas de caractère discriminatoire, précise l'arrêt. Elles répondent aussi dans le cas particulier à l'exigence professionnelle essentielle et déterminante de respecter et protéger la conscience en éveil des enfants, même si cette dernière ne résulte pas de la loi." Et ils confirment le licenciement.

Voilà enfin une bonne nouvelle pour cette crèche et au-delà pour tous ceux qui sont attachés à la laïcité, qui en ont marre de ces revendications communautaristes, islamiques pour être clair, mais encore davantage marre de cette faiblesse des pouvoirs publics face à celles-ci, face à cette minorité de gens soutenus par quelques énergumènes se présentant comme étant les étalons de la pensée, la bonne pensée évidemment, et dont l'influence dans les milieux du pouvoir est grande, d'autant plus grande que derrière cela ce sont des voix à gagner qui sont en cause.

Mais le combat n'est pas gagné, ni pour cette crèche, ni pour la France, car si l'épisode 4 se termine bien, il sera bientôt suivi du 5 avec retour à la cour de cassation qui cette fois va se réunir en formation plénière et juger sur le fond. Et si elle revient à la raison, contredit son premier arrêt, cette affaire échappera définitivement aux juridictions françaises pour être traitée au niveau de la cour européenne des droits d l'homme. Eh oui on n'est plus guère maitre de son destin.
En attendant les barbus et leurs barbies voilées auront au moins réussi à faire partir cette crèche ailleurs. C'est leurs enfants qu'il faut plaindre désormais, surtout d'avoir de tels parents. Puissent-ils ne pas choper la maladie, pas d'amour celle-là.


Pour élargir le débat, mais sans le développer, cette affaire qui dure depuis 5 ans nous révèle des enjeux qui la dépassent très largement. Les revendications communautaristes s'accumulent faisant hélas l'objet parfois d'un accueil favorable, notamment localement, et en tout cas ne faisant pas l'objet d'un refus net et définitif qui pourrait les empêcher d'exister. Notre arsenal législatif est à la fois trop développé et insuffisant. Trop développé parce que chaque phénomène, notamment textile, peut faire l'objet d'une loi ou de lois ou de règles déclinables à l'envi en fonction des lieux où ils s'expriment. Insuffisant car il ne répond pas à deux questions simples : quelle est la limite entre l'espace privé et  l'espace public? Qu'est-ce qui est inacceptable pour nous? Les réponses à ces questions peuvent être simples. Les miennes le sont. Mais il faut avoir du courage. Mais ça semble être une denrée rare par les temps qui courent.


samedi 23 novembre 2013

Quelques recettes pour mieux vivre ensemble




-          Ayez par devers vous, même si vous ne fumez pas,  deux paquets de cigarettes, tabac brun et tabac blond, pour répondre à tous les goûts. Ça vous évitera une raclée, un coup de couteau ou d'être balancé dans un fleuve en crue. Ne pas oublier le briquet.

-          Ayez dans ses poches quelques dizaines d'euros pour satisfaire les envies légitimes d'un individu qui n'en dispose pas. Offrez-lui spontanément avant qu'il n'aille les prendre sur votre cadavre.

-          Evitez de provoquer des gens en retirant de l'argent dans un distributeur public se situant dans la rue.

-          Apprenez à éviter les poteaux en marchant le regard fixé sur vos chaussures. Mais même si vous vous en prenez un dans la tète, ça vous fera moins mal que de croiser certains regards.

-          Evitez de manger un jambon-beurre ailleurs que chez vous ou que dans un lieu clos où ne se trouveront que des personnes de confiance.

-          Acceptez l'idée que certains lieux, certains territoires, comme on dit, et ça veut tout dire, vous sont interdits d'accès. Vous y encourez davantage de risques qu'en tentant de pénétrer dans une centrale nucléaire. N'exigez surtout pas la réciproque.

-          Choisissez soigneusement vos indignations. Certaines ne sont pas tolérables, d'autres sont encouragées par les pouvoirs publics.

-          Si vous manifestez pour une cause faites le avec violence. La violence est mieux tolérée que l'expression pacifique d'idées.

-          Encouragez la mixité sociale ou ethnique, mais n'en abusez pas pour vous-même.

-          Ne fêtez plus Noël, mais la fête des enfants.

-          Dites, à l'instar de notre ministre de l'intérieur, que le ramadan est un moment républicain.

-          Pensez et dites que si vous enfants, et vous-même,  sont contraints, même à l'insu de leur plein gré, de manger hallal que c'est une ouverture sur l'autre.

-          Pensez et dites que le racisme est la plus grande menace actuelle dans notre pays.

-          Soyez persuadé et faites le savoir que l'insécurité est le produit des agissements de l'extrême-droite. Toute autre forme d'insécurité est soit le fait de déséquilibrés, soit la manifestation d'un rejet qui trouve sa source dans le racisme de notre société. Et puis de toute façon l'insécurité est davantage une vue de l'esprit, alimentée par l'extrême-droite bien sûr, qu'une réalité.

-          Parlez de l'intolérance des bigots catholiques et vantez la religion de paix et d'amour.

-          Faites-vous à l'idée que la loi sur la laïcité est datée et s'appliquait à une église catholique hégémonique, et qu'elle ne concerne pas l'islam. Par contre le régime du Concordat également daté, encore en vigueur en Alsace-Moselle, et qui ne concernait pas l'islam doit prendre en compte cette religion au nom de l'équité.

-          Evitez les références à l'histoire de votre pays, et même de la connaitre d'ailleurs, car elle n'est pas partagée par tous.

-          Mêmes éléments en ce qui concerne vos culture et civilisation qui ne doivent pas devenir une référence mais des éléments parmi d'autres.

-          Sentez-vous coupable du passé de votre pays. Même et surtout si vous ne le connaissez pas.

-          Si vous pensez que votre femme vous est inférieure du fait de son sexe, et que vous voulez la traiter en conséquence, convertissez-vous. Ce qui était répréhensible deviendra l'expression légitime d'une croyance

-          Dès que se noie un clandestin tentant d'atteindre les côtes européennes, dites vous que vous en êtes responsable à cause de votre égoïsme.

-          Et dites-vous, face à ce drame humain, que vous venez de subir un préjudice, car, comme chacun sait, l'immigration st une chance pour la France.


Cette liste n'est évidemment pas exhaustive et mérite d'être complétée. En attendant si vous appliquez ces quelques recettes, vous ne pourrez qu'y gagner. Votre intégrité physique sera moins menacée, vous vous sentirez mieux dans votre tête, et vous obtiendrez la considération de vos contemporains.

vendredi 15 novembre 2013

La France raciste!!!!






Ou comment se refaire la cerise sur la banane.

La France est raciste! Vous l'aviez peut-être oublié. Mais pas eux, ces pauvres noirs ou ces pauvres arabes qui en souffrent quotidiennement.
C'est tel présentateur vedette d'une chaine de télévision qui l'affirme, c'est tel ancien ministre, ancien parlementaire, ancien conseiller général, ancien maire (et pas des Antilles, mais du Finistère) qui le prétend, c'est tel chanteur ou telle artiste-variété ou telle écrivaine qui le répètent en boucle. Pourtant en tant qu'individus ceux-là ont été plutôt bien traités, non? La couleur de leur peau ne les a pas empêchés d'acquérir une certaine notoriété, celle qui leur permet aujourd'hui de pouvoir faire ces déclarations publiquement. La couleur de leur peau ne les a pas empêchés d'être élus… par des Français nécessairement racistes puisque la France est raciste. La couleur de leur peau ne les empêche pas de vendre disques et livres parfois même primés par un jury raciste sans doute.
La France est raciste mais ils y prospèrent. C'est quand même un peu étrange. Généralement dans les pays racistes, dans les pays où il est admis que les êtres humains se hiérarchisent de fonction de leur appartenance à un groupe plus au moins homogène, les êtres considérés comme inférieurs ne prospèrent pas. Mais en France, si. Une autre exception culturelle sans doute.

Soyons un peu sérieux. Il y a évidemment des racistes en France, comme il y en a partout dans le monde. Oui partout. Car ce 'est pas l'apanage des blancs, des Européens, des occidentaux. Affirmer le contraire, réserver aux seuls blancs la propension à être racistes serait d'ailleurs faire preuve de racisme, puisque ce serait l'attribution d'une caractéristique corrélée à la couleur de la peau.
Si on veut bien admettre cela, il faut maintenant considérer les pays en fonction de leurs actions contre le racisme. Il y a des pays qui en ont fait un délit, d'autres pas. Il y a des pays où des associations très largement subventionnées par le contribuable ont pignon sur rue, d'autres où il n'y en a pas. Il y a des pays où s'avouer raciste vous vaut généralement la pire réprobation, d'autres où ça ne choquera pas grand monde.  
Qu'en est-t-il de la France? Le racisme y est un délit et les tribunaux ne sont guère indulgents avec ceux qui en sont déclarés coupables. Les associations antiracistes fleurissent et prospèrent depuis bien longtemps, et si leur nombre pourrait suggérer que le racisme est important en France, on pourrait se poser la question de savoir si la générosité de l'Etat, des collectivités locales et autres organismes publics n'est pas l'élément qui encourage leur multiplication, sans parler des chapelles politiques auxquelles elles peuvent être associées. Quant à s'avouer raciste, ça n'existe plus depuis bien longtemps, même ceux qui tiennent des propos manifestement de ce type protestent de leur abjection pour cette opinion/délit et ont d'ailleurs plein d'amis noirs ou arabes.

Pourtant la France est raciste. Ce sont même des Français blancs qui le disent, au cas où vous en douteriez. Bien sûr eux ne le sont pas, les autres si. Les médias aussi ne manqueront pas d'accabler cette France nauséabonde. " On a fait des sondages, vous savez! Eh bien c'est clair beaucoup de Français sont racistes. Et même une majorité. Tiens, posez-leur la question : "verriez-vous d'un bon œil une famille venue d'Afrique (c'est juste un exemple), emménager dans l'appartement contigu au votre?" Eh bien ils répondent majoritairement non. CQFD. Ils sont racistes".  Evidemment eux ne se posent pas la question. Inutile d'ailleurs car bien à l'abri derrière leurs digicodes, ils savent que ça ne risque pas de leur arriver.
C'en est ainsi. Si vous ne voulez pas supporter d'autres modes de vie que le vôtre, celui qui est considéré comme normal dans votre pays, si vous estimez que ça vous apporte des nuisances, eh bien vous êtes racistes. Si vous refusez que vos enfants soient contraints de manger halal à la cantine parce que pour des raisons de commodités et de couts surtout, on aura décidé que pour en satisfaire quelques-uns dans leurs revendications tout le monde serait logé à la même enseigne, eh bien vous êtes racistes. Si vous ne supportez pas les revendications communautaristes au nom d'une religion, d'une culture, eh bien vous êtes racistes. Si vous déplorez que l'histoire de votre pays soit amputée dans son enseignement de ce que certains ne veulent pas entendre, eh bien vous êtes racistes. Si vous craignez que votre pays, votre vieux pays, perde son identité à force de renoncements sous la pression de communautés porteuses de valeurs et d'une culture qui n'est pas la vôtre, qui n'ont plus à s'assimiler, même plus à s'intégrer, juste à s'inclure, eh bien vous êtes racistes.
Vu sous cet angle effectivement la France est raciste. Et j'aurais tendance à m'en réjouir.
Sauf que le racisme ce n'est pas cela. Même si certains voudraient nous le faire croire.

Alors se servir des propos d'une débile, candidate à une élection municipale, d'une gamine, ou utiliser la une d'un journal au tirage minable ayant voulu se faire un coup de pub à bon compte, donc se servir d'actes isolés qui sont du ressort de la justice armée pour cela, pour oser déclarer que la France est raciste est indigne de ceux qui le font. C'est juste une récupération politique, idéologique pour combattre cette crainte qu'ont beaucoup de Français de voir leur pays cesser d'être la France, se transformer en espace simplement administratif où chacun pourra vivre comme il l'entend, selon ses croyances religieuses, selon sa culture, sans aucun égard pour ceux qui l'auront accueilli.
C'est aussi une récupération politique qu'on appellera diversion à une époque où ceux qui nous dirigent sont rejetés par une très large majorité de Français, à une époque où celui qui fut élu président il y a 18 mois ne eut guère plus sortir de son palais sans se faire huer. Une chance qu'il ne soit pas noir ou arabe, sinon c'était une preuve de plus que la France est raciste.

Ne nous trompons pas. Les propos tenus par la candidate du FN, par la gamine, ou Minute sont condamnables. Ils sont de nature raciste indéniablement. Mais ils ne permettent pas d'inférer que la France est raciste. C'est une véritable escroquerie.
Ces propos sont par ailleurs contreproductifs. La ministre Taubira mérite d'être attaquée. Mais sur sa politique infâme, pas sur sa couleur de peau. Du coup on en arriverait, mais ça ne durera pas bien longtemps, à oublier ses actes politiques. Et évidemment cela est exploité. Mais même pas habilement. Il faut dire que la ficelle est grosse. On se rappelle de Mitterrand et de la création de SOS racisme. Quand ça va mal pour a gauche, la France devient subitement raciste. Cette insulte jetée au visage des Français, doit être prise comme telle, comme une insulte.

mercredi 13 novembre 2013

Conseil des ministres. 13 novembre









L'ambiance est morose ce matin. On imagine les boites de pilules bleues ou roses au fond des poches ou des sacs à main qui permettent de se forcer encore à sourire. Peut-être même un ou deux pétards dans le sac en toile râpée de Cécile. C'est naturel. Mai 2012, l'euphorie consécutive au coup de téléphone de Jean-Marc, parfois même de François, annonçant l'admission  au cénacle, semblent loin, très loin. Certains en viennent même à considérer avec nostalgie l'heureuse époque irresponsable quand ils étaient dans l'opposition. Ils savent, mais curieusement ça ne parvient pas à les consoler, qu'ils y  retourneront vite. Ils le valent bien.
Finies les plaisanteries, les moqueries et même l'envie de médire sur tel ou tel ou encore telle. Ça sent trop le sapin. On accompagnerait volontiers l'éternel café qui précède le conseil d'un alcool fort, histoire de se sentir mieux. Mais ça ne se fait pas encore e ces lieux. Alors ceux qui n'en peuvent plus iront discrètement dans les toilettes tirer quelques petites gorgées de leur flasque assez plate pour ne pas être remarquée sous le tissu de la veste.
Bref rien ne va plus. Les dernières semaines ont été désastreuses, mais sans doute moins que celles à venir. Donc ça promet.

L'huissier de service annonce l'entrée imminente du président. Vie qu'on en finisse. Qu'on retourne dans son ministère pour y ruminer seul, sans témoins. C'est trop dur de se forcer surtout quand on sait que les autres aussi se forcent.  Qu'un seul craque et tous les autres s'écrouleront. Chacun le sait et souhaite donc que ça se termine vite.
Seul Laurent semble tenir la forme. Mais c'est vrai qu'il mène sa vie tout seul, sans contraintes.

Le président entre escorté du premier ministre. Ça ce voit qu'eux n'ont pas la pèche non plus. Le regard de cocker battu du président s'est affirmé. Ses rondeurs aussi. Quant à Jean-Marc  il a l'air complètement éteint. Encore plus que d'habitude. On n'aurait pas cru cela possible. Mais ça l'est.
Les deux se laissent choir lourdement dans leurs fauteuils dont on perçoit les gémissements. Surtout celui de François. Les autres accompagnent le mouvement. Le silence règne.
Après quelques secondes François prend enfin la parole.

- Bonjour. Bon ne tournons pas autour du pot. Ça va mal. Je ne peux pas faire un pas en dehors du bâtiment sans être sifflé. J'ai même peur des jardiniers qui ramassent les feuilles dans le parc. C'est insupportable. Il faut faire quelque chose. Quelqu'un a une idée?

-   Oui moi!
C'est Laurent qui vient de lâcher ces mots. François, le regard empli d'espoir, se tourne vers lui.
-   Des boules Quies!  Voilà ce qu'il te faut.

Cette réponse pour le moins inattendue a au moins le mérite de provoquer quelques sourires chez certains qui pensaient ne plus pouvoir y arriver. Mais des sourires vite réprimés, car François apparemment n'a pas trouvé ça drôle. Mais il ne dit rien. On ne se met pas à dos impunément l'ancien plus jeune premier ministre de la France.

-   Quelqu'un a une autre idée?

Cette fois c'est Cécile qui se lance.
-  Oui, j'ai pensé que si on devait remanier, même si je trouve Jean-Marc vraiment très bien. Enfin vous me comprenez, hein. Sous la pression…  Bon si on devait remanier le gouvernement dans les prochains jours, il faudrait penser à ressouder la majorité présidentielle. Et donc nommer un premier ministre issu des verts. Et on pourrait en profiter pour donner un signe fort, pour la promotion de la parité, en nommant une femme à ce poste.

- Oui  Cécile, c'est une idée. Mais tu comprends, je ne peux pas nommer Eva Joly à ce poste. Elle n'est pas vraiment populaire et on va se moquer de son accent.
-  Mais….
-  Une autre suggestion?

Manuel se lève, menton en avant. Il pose ostensiblement sa main sur l'épaule de Christiane. Les deux s'aiment.
- Je suggère une politique répressive. On les arrête et grâce à Christiane qui a mijoté une circulaire à cet effet, on les enferme tous. Par contre par manque de place il faudra libérer quelques milliers de délinquants. Mais eux ne sifflent pas.
-  Oui mais sous quel motif?
-  Outrage au président de la République
-  Ne serait-ce pas nous qui avons supprimé ce délit? s'exclame Laurent goguenard. Connaissant François, je savais que c'était une bêtise.
Manuel se rassied, l'air dépité.

Bernard qui s'exprime assez peu ordinairement lève le doigt.
- En tant que ministre du budget, j'ai pensé que nous pourrions tirer partie de la situation en taxant les siffleurs. Comme vous le savez un bon impôt est un impôt à assiette large. Et celle-ci ressemble davantage à un plateau qu'à une assiette.

Les larmes montent aux yeux de François. Jean-Marc a posé sa tête sur la table enfermée entre ses bras. Il faut terminer cette séance. Ça devient insupportable.

- Bon, je vous remercie pour votre aide qui m'est toujours aussi précieuse. Continuez à réfléchir.

Najat, l'air affolé, demande :
-  Et qu'est ce que je dis à la presse, moi?
-  Ben t'as qu'à leur dire que le président et le gouvernement ont réaffirmé leur détermination à combattre le racisme sous toutes ses formes et l'extrême-droite. Communication de crise, quoi!
-  Oui chef!

La séance est levée. Chacun remonte dans sa voiture. Christiane sur son vélo. En évitant soigneusement les journalistes présents dans la cour de l'Elysée. Encore 40 mois à tenir.