"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 18 octobre 2011

Hollande, candidat de la repentance



Ça commence bien!
Fraichement désigné par les forces de gauche qui avaient fait le déplacement dimanche dernier pour départager le candidat européanisto-libéral de la candidate libéro-européaniste issus du premier tour des primaires socialistes, citoyennes, démocratiques et le reste, François Hollande, plutôt que de fêter ça dignement, c'est-à-dire de faire une nouba du diable, de se prendre une cuite mémorable qui l'aurait laissé au lit le lendemain matin après une petite nuit passé au-dessus de la cuvette des toilettes, a préféré rester dans le registre de la sobriété pour avoir le pied alerte et l'œil vif, si c'est possible, pour commémorer le 50ème anniversaire de la mort de quelques dizaines des Français musulmans d'Algérie suite à une manifestation organisée par le FLN dans les rues de Paris le 17 octobre 1961.
On peut comprendre que le candidat fraichement désigné ait voulu faire parler de lui dès le lendemain de sa désignation comme candidat aussi inattendu il y a quelques mois encore, qu'insolite du parti socialiste, mais quitte à déposer une rose, il aurait pu le faire par exemple sur la tombe de Raymond Aron dont c'était l'anniversaire du décès ou à Cholet pour commémorer la victoire des républicains sur les forces de la réaction lors de la bataille du même nom et s'étant déroulé le 17 octobre 1793.
En honorant Raymond Aron, sociologue de droite, chose tout de même assez rare pour être remarquée, il aurait affirmé sa volonté répétée maintes fois dans sa campagne de rassembler les Français. En commémorant la victoire de Cholet, il aurait indiqué son désir d'en terminer avec un ordre ancien et injuste.
Eh bien non! Il a préféré aller draguer les voix de l'électorat arabe en allant polluer la Seine au niveau du pont de Clichy en y balançant une rose. Et comme il n'était pas seul, la pollution du fleuve avec toutes ces roses gorgées d'engrais et de pesticides n'en a été qu'aggravée. Pas terrible quand même pour s'attirer les faveurs de Gro dite Eva Joly. Pas bien François!
 
Pas terrible non plus pour espérer ramasser ma voix lors des présidentielles. Parce que la repentance, ça commence sérieusement à me gonfler. Même si c'est devenu à la mode, même si les occidentaux et particulièrement les Français prennent un plaisir masochiste à témoigner contre eux au procès de l'histoire, histoire que d'ailleurs ils connaissent fort mal, suffisamment mal pour être incapables de contextualiser les événements célébrés parce qu'honnis, bref en se déclarant les seuls et uniques coupables de toutes ces vilaines choses qui ont sillonné notre histoire, celles faisant notre fierté et notre grandeur étant déjà passées à la trappe depuis longtemps. Je dois dire que j'ai une certaine méfiance pour un pays capable d'envoyer le Charles-de-Gaulle commémorer la victoire anglaise de Trafalgar, donc notre défaite, et incapable de commémorer la grande victoire d'Austerlitz. Merci Chirac et Villepin (on peut se faire de l'argent en vendant des bouquins sur Napoléon et ne pas remplir ses obligations en tant que premier ministre pour célébrer le sentiment national)! Il faut dire que maintenant que Napoléon, en tant que chef militaire, a été chassé des livres d'histoire de nos chères petites têtes blondes mais désormais aussi crépues, pour avoir encore des traces de l'existence de cette période de l'histoire, il faudra plutôt aller à l'étranger où curieusement le nombre d'expositions consacrées à l'Empire est nettement plus élevé qu'en France où d'ailleurs, je crois, rien n'a été organisé depuis 1969, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Bonaparte, pour ceux qui ne le sauraient pas, et je ne doute pas qu'ils soient nombreux. Par contre l'esclavage qu'on limitera pour des raisons de bienséance à la traite atlantique, la colonisation, les guerres de décolonisation, ça on va en bouffer de plus en plus. Ne vous étonnez donc pas si vous êtes, malheureusement pour vous, blanc de peau et que vos moyens financiers ne vous auront pas permis d'habiter les quartiers chics et de caser vos enfants dans le privé, de voir ceux-ci se faire maltraiter, racketter ou subir d'autres gracieusetés. Il faut bien que l'histoire prenne sa revanche, et les cours de récréation sont un bon terrain d'initiation à cette nécessité morale davantage qu'historique d'ailleurs. C'est comme ça, on n'arrête pas l'histoire et si on peut même précipiter son déroulement en intériorisant notre culpabilité d'être nés occidentaux, ne nous en privons pas. Ça sera ça de gagné, après tout.
 
Et donc voilà notre candidat Hollande sur les bords de la Seine en train de balancer sa rose en mémoire des victimes de cette journée du 17 octobre 1961. On ne sait pas d'ailleurs vraiment pourquoi il est là. Il parle de promesse à laquelle il ne pouvait pas se dérober. Mais quid de cette promesse et de celui ou ceux qui l'ont reçue? Jamais vraiment précis dans ses propos le père Hollande. Toujours est-il qu'il est là. Ça plaira à ceux qui se réclament des forces de progrès et aux arabes, et ça irritera les vieux réacs comme moi ou plutôt ceux qui pensent que la France n'a pas à s'humilier surtout quand c'est face à des gens pour lesquels la démocratie, la liberté, le respect des cultures, la liberté philosophique et religieuse résonnent comme des mots orduriers, quand c'est face à des gens qui auraient autant, sinon davantage de raisons de s'excuser ou simplement de reconnaitre leurs actes barbares. Quand par exemple les Algériens reconnaitront-ils le massacre des harkis, l'emploi de la torture, la massacre de centaines de colons alors que les accords d'Evian sont déjà signés?
En fait il y a une grande différence entre eux et nous. Personne en France actuellement, ou alors très peu, ne niera qu'il y a eu un 17 octobre 1961, qu'il y a eu pratique de la torture en Algérie et d'autres actions peu reluisantes. En Algérie, ce n'est pas le cas avec les crimes perpétrés par le FLN et il serait sans doute assez dangereux pour quelqu'un de l'exprimer publiquement, sur place. Mais il semblerait que cette dissymétrie soit considérée comme normale, logique puisque en tant qu'occidentaux c'est à nous de porter le fardeau des péchés commis sur cette terre depuis que l'homme existe.
 
Et pour être sûr que nous soyons toujours les seuls coupables, on va donc présenter les événements en occultant tout leur contexte. Par exemple on oubliera que le 17 octobre est le fruit d'une manifestation organisée par le FLN. On oubliera qu'en France, qu'à Paris, ce même FLN menait une guerre contre la France. Que des policiers et des militaires étaient tués dans les rues de Paris et que peut-être, même si ça ne l'excuse pas, la brutalité policière n'est pas étrangère à cet état de tension et même de peur. On oubliera que la guerre menée sur notre territoire, outre une tentative de déstabilisation du pays, avait pour but de récolter de l'argent. Auprès que qui? Des travailleurs algériens principalement. 80% des ressources du FLN venaient de cet impôt, impôt pas forcément consenti, en fait un véritable racket qui signifiait la mort pour celui qui voulait s'y opposer. On oubliera aussi que pendant cette période environ 4000 algériens ont été exécutés en France par le FLN. On retiendra donc uniquement qu'une manifestation pacifique de français musulmans d'Algérie, voulant s'opposant à un couvre-feu scandaleux, fut réprimée dans le sang. Que le couvre-feu ait été un acte destiné à reconquérir les territoires gagnés par la FLN en région parisienne et à entraver la collecte de l'impôt n'a aucune importance, pas plus que le fait que des milliers d'Algériens aient été poussés dans la rue par ce même FLN qui n'ignorait sans doute pas les conséquences de ses actes. Foin de tout ceci. Les salauds, c'est Papon, c'est de Gaulle, c'est la France.
 
Ah oui, François! Je t'imagine bien au lendemain de ton élection à la tête de l'Etat marcher à genoux dans les rues d'Alger, en chemise de crin et la corde au cou, en train d'implorer le pardon de nos anciens ennemis avec ton sourire niais aux lèvres.

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