"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 23 octobre 2012

La belle aubaine (ou le retour de Charles Martel)


On l'avait oublié. Ou presque. Du moins on se gardait désormais de prononcer son nom dans les cours d'histoire à cause de ses actions contre les musulmans dont on n'a, pour les plus anciennes générations, retenu guère que la bataille de Poitiers qui ne constitua qu'une partie de son œuvre qui consista dans les dernières années de sa vie à chasser les musulmans de l'actuelle France. Seul Narbonne échappa à son courroux qu'il manifestait de telle manière qu'on l'affubla du patronyme de Martel. On aurait pu s'en souvenir comme celui qui a étendu son influence bien au-delà de son duché d'Austrasie, devenant de fait le véritable roi des Francs ce qui fut confirmé après sa mort par le sacre de son fils, Pépin le Bref, et davantage encore après l'avènement de son petit-fils Charlemagne. On aurait donc pu s'en souvenir comme peut-être le véritable fondateur de la dynastie des Carolingiens, mais on ne retint de lui que sa victoire sur les Omeyades aux environs de Poitiers. Avant ces dernières années de tenter de le chasser de notre patrimoine historique avec d'autres comme Clovis dont la conversion aida certains, comme de Gaulle par exemple, à le considérer comme le fondateur de la France. C'est un mythe bien sûr, mais on vit beaucoup de ces mythes fondateurs.

Enfin tous ces trucs, comme la bataille de Poitiers ou la conversion de Clovis faisant entrer la France (future) dans le giron de la chrétienté, n'ont plus bonne presse depuis un certain nombre d'années dès lors qu'un nouveau mythe, celui de la diversité bienheureuse devant sans doute précéder un métissage généralisé encore davantage porteur de bonheur et d'harmonie, tente de s'imposer, avec quand même quelques difficultés, comme nous allons le voir. Il ne s'agit pas en effet de gâcher l'ambiance avec des vieilleries qui ne peuvent que froisser la susceptibilité de ceux qui nous offrent par leur présence cette si bienvenue diversité. Au contraire, il est de bon ton de marquer notre contrition face à des événements passés et même pas en phase avec la diversité, comme les événements du 17 octobre 1961 auxquels il conviendra de donner une place de choix dans les livres d'histoire ainsi que l'ont réclamé certains sénateurs en votant une résolution reconnaissant la répression, enfin vous savez une formule du même genre que celle prononcée par notre très charismatique président il y a quelques jours. Les heures d'histoire se faisant rares, il faut donc faire de la place. La solution serait peut-être dans ce cas de reconnaitre la répression sanglante de Poitiers en 732 qui a porté un coup d'arrêt de plusieurs siècles à l'avènement de la diversité heureuse que nous promettaient les gentils envahisseurs menés par le gouverneur d'al-andalous.

Donc Charles Martel, en passe de tomber dans l'oubli a fait une réapparition hautement médiatique ou médiatisée par l'intermédiaire de quelques individus, sans doute pas très futés, en tout cas pas en phase du tout avec les nouveaux principes de vie auxquels nous sommes tenus d'adhérer, sous peine de rejoindre les rangs des horribles fachos, véritables dangers pour la société.
En effet, c'est de façon tout à fait outrancière que ces individus louches ont fait appel aux mânes de Charles Martel en la bonne ville de Poitiers, d'une part pour s'opposer à la construction, déjà bien entamée puisqu'il semble qu'elle était déjà opérationnelle, d'une mosquée, d'autre part, pour manifester leur défiance vis-à-vis d'une religion pourtant clé de voute de cette diversité bienheureuse tant attendue.
Les faits paraissent assez simples. Une bande de jeunes investit le chantier, monte sur la terrasse en empruntant au passage quelques tapis de prière lesquels prendront l'eau et grimpe sur une terrasse où ils déploient une banderole rappelant ce qui se passa à Poitiers en 732, et leur permettant de dévoiler leur nom de "guerre" : génération identitaire. Nom qui n'a pas d'ailleurs de véritable sens. Ils ponctueront leur occupation des lieux de quelques slogans dénonçant l'islamisation de la France.
On ne peut guère dire que ce mode d'expression d'une crainte dont la rationalité porte assez à discussion pour ne pas pouvoir être tranchée immédiatement soit le reflet d'une grande intelligence. Mais on pourra tout de même se réjouir du fait que cette manifestation ne s'accompagnât pas de violences physiques ou de dégradations profondes.

Ces faits résumés (s'il m'en a échappé, n'hésitez pas à m'en faire part), m'ont assez étonné par leur, disons, insignifiance, après avoir pris connaissance des cris d'indignation et d'horreur proférés par tout ce qui pense bien dans notre pays d'un bord de l'échiquier politique à l'autre. Mis à part évidemment le FN qui tout de même, dans le cadre de son offensive pour gagner en respectabilité, pourra montrer qu'il existe plus à droite que lui. Le taux d'indignation porté par les associations qui nous ont fait tant de mal, toujours aux aguets, et les politiques partis dans une surenchère verbale inversement proportionnelle à la gravité des faits auraient pu faire croire à une action terroriste majeure sur le sol français. Je ne pense pas qu'on en aurait dit davantage dans ce cas.

Or, et je ne sais même pas si le lieu a été profané puisqu'on parle de chantier, chaque jour qui passe devrait être couvert par le tumulte des cris affolés de ceux qui ont vu dans cette occupation un crime abominable. En 2010, il y a eu 621 profanations de lieux de culte et sépultures, presque deux par jours. 308 lieux de culte chrétiens ont été profanés et 214 sépultures. Dans le même temps les chiffres sont respectivement de 50 et 7 pour le culte musulman. Vous en aurez entendu parler souvent dans ce dernier cas, presque jamais pour les lieux chrétiens. En tout cas pas d'indignation de la même portée qu'à Poitiers ainsi que des poursuites judiciaires assez ahurissantes quand on les ramène au fait. Ne manque plus que l'acte d'accusation pour terrorisme. Rien que les tapis détrempés peuvent valoir 5 ans de prison aux 4 personnes mises en examen et placées sous un contrôle judiciaire d'une grande sévérité.
Quand récemment des musulmans en colère ont manifesté sur les Champs-Elysées en appelant au meurtre des juifs, ni les politiques, ni les médias, ni les associations qui nous ont fait tant de mal ne se sont fendu d'une simple déclaration dénonçant des paroles inadmissibles. Et personne ne fut mis en examen pour incitation à la haine raciale, au meurtre et autres joyeusetés.

Je pensais qu'en France, Etat de droit, on jugeait les gens sur les faits et non sur leur identité ou leurs convictions idéologiques quelles qu'elles fussent. Ce n'est visiblement pas le cas et j'ai eu tort. Ce qui me gène, ce n'est pas tant qu'il y ait des poursuites contre ces jeunes agités du bocal, mais c'est que les autres, eux, puissent se permettre des actes similaires ou plus graves en toute impunité.
Evidemment s'agissant des associations, celles qui nous ont fait tant de mal, je ne m'étonne plus depuis longtemps, ne pouvant que pester de voir une partie de mes impôts entretenir ces imposteurs professionnels au service des partis de gauche, SOS pour le PS, le MRAP pour les cocos… L'anti-France au service de ceux qui en sabotent l'idée même.
Quant aux politiques de droite, on évitera de parler de ceux de gauche qui entretiennent à dessein électoraliste ce mythe de la résurgence du fascisme, on reconnaitra là leur lâcheté, leur soumission à ce qu'ils croient être l'air du temps et dont les paroles les plus osées se limitent à des histoires de pain au chocolat alors que des choses infiniment plus graves se déroulent tandis que pudiquement ils détournent le regard. En cela ils deviennent les complices de ceux cités précédemment et pour lesquels ce genre d'événement qui s'est déroulé à Poitiers est une formidable aubaine pour entretenir le mythe d'une menace d'extrême-droite.
Aubaine également pour les associations ou conseils de musulmans que la justice, au vu des actes d'accusation, assimile à une race désormais, et qui peuvent une nouvelle fois se poser en victimes, leur position favorite qui leur vaudra sans doute quelques compensations qui énerveront encore davantage les groupuscules comme cette "génération identitaire".
Pour ces derniers c'est également une aubaine. Sortis du néant ils apparaissent à la lumière du jour portés par les cries d'orfraie de nos bien-pensants divers et variés. Leurs traitements médiatique et judiciaire particuliers ne manqueront pas de les renforcer en accréditant le fait que Français patriote, comme ils se voient, est bien plus grave aux yeux des autorités et des médias que d'être islamiste.
C'est finalement une aubaine pour beaucoup de monde cette affaire sauf pour la France évidemment.

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