"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 9 avril 2014

Le socialisme à la française ou la déméritocratie comme principe de fonctionnement





Politiquement on ne sait pas ou on ne sait plus trop ce qu'est le parti socialiste depuis le grand tournant de 1983 qui l'éloigna définitivement des classes populaires pour le plus grand bonheur du front national. Et c'est ainsi que 30 ans plus tard, tandis que Paris ou Lyon où sévissent les bobos demeurent socialistes alors que partout c'est la débâcle,  des villes comme Hayange ou Hénin-Beaumont passent au FN. Je vous épargne un topo sur la sociologie des ces deux dernières villes. Mais vous m'aurez compris.

A l'aune de ces exemples on a l'image de ce qu'est devenu le PS, en tant qu'entité politique. C'est sans doute d'ailleurs pour cela qu'en 2009, atteint d'une crise de sincérité, Manuel Valls devenu depuis premier ministre et se revendiquant désormais socialiste, voulait que le parti change de nom et abandonne un qualificatif "un peu" en déphasage avec la réalité. Evidemment il fut rappelé à l'ordre et même menacé d'exclusion, sans doute pas parce que ses constats étaient considérés comme faux, mais parce que le label socialiste avait encore un poids dans l'imaginaire collectif. Le socialisme n'est-ce pas le bien, le progrès, la morale, enfin vous voyez tous ces trucs-pipeau dont ces braves gens pensent qu'en les mettant en avant, en les rabâchant sans cesse, ça évitera de fouiller plus en profondeur et de constater de tristes réalités?  Les Français s'y trompent d'ailleurs de moins en moins, les dernières élections étant une cinglante illustration d'une prise de conscience, hélas trop tardive.

Si on ne sait pas trop ce que c'est politiquement, on a compris par contre que c'était une formidable machine à assurer des carrières même si les critères demeurent également vagues. Si on se focalise sur certains éléments, on pourrait même penser que la déméritocratie est devenue le principe de promotion au PS. Faut dire qu'avec un tel président issu d'un tel parti, ce n'est pas vraiment étrange. Après avoir choisi le plus mauvais pour les représenter à la présidentielle qu'il gagna, les militants ne devront pas s'étonner que quand on est mauvais au PS, les chances de progresser existent toujours. Au pire si la promotion n'est pas au rendez-vous, un poste avec un salaire alléchant permettra d'envisager l'avenir avec sérénité, le temps de se faire oublier, de faire oublier ses insuffisances.

Prenons quelques exemples récents.
Nous avons eu un ministre de l'éducation bien plus préoccupé par les rythmes scolaires puis par l'introduction de la théorie du genre, en fait sa mise en œuvre, à l'école, que par la réussite scolaire, la vraie, pas celle des chiffres du baccalauréat. Sa position étant devenue intenable il ne fut pas reconduit. Lui-même d'ailleurs ne se faisait aucune illusion, et donc il postula pour une tête de liste aux européennes, ce qui lui assure évidemment d'être élu, c'est d'ailleurs le seul type d'élection qui a pu lui assurer un fauteuil dans sa carrière politique, ce qu'on lui accorda volontiers. On se débarrassait de lui en lui offrant quand même une contrepartie intéressante, tant financièrement que dans la durée puisqu'il sera toujours député européen quand la gauche socialiste aura rendu le pouvoir à d'autres dans 3 ans.
Nous avons eu également un ministre de l'économie et des finances, celui qui le premier dans la bande qui nous gouverne fit preuve d'empathie vis-à-vis des contribuables en comprenant leur ras-le-bol, mais dont on ne peut pas dire qu'il brilla particulièrement et obtint des résultats qui le feront passer à la postérité. Et bien parce qu'il n'a pas été bon, il sera commissaire européen.  Et il n'aura pas à le regretter. Car quand on est commissaire européen, non seulement on est très bien payé, sans parler des avantages, et surtout on n'a de comptes à rendre à personne.
Cerise sur le gâteau, je ne peux pas en terminer avec ce billet sans évoquer le cas de l'inénarrable Harlem Désir, jusqu'à aujourd'hui premier secrétaire du PS. Il fallait bien trouver des raisons à la raclée des municipales. Du moins notre pépère national, afin d'avoir moins mal, devait bien trouver d'autres coupables que lui-même. Et ce fut donc Harlem Désir qui fut choisi dans le rôle du bouc-émissaire. Certes on ne pourra pas dire qu'il aura été bon à son poste, que son aura, son charisme laisseront des traces et feront verser des larmes à son pot de départ. Mais enfin à ce poste on trouva aussi nul que lui entre 1997 et 2008, ce qui au passage lui donne de l'espoir pour l'avenir. En plus, et d'ailleurs, c'est bien parce qu'il était nul, comme son illustre prédécesseur évoqué qu'il fut choisi pour occuper ce poste, juste histoire que le parti ne fasse pas d'ombre au gouvernement. Et il est donc bien hypocrite aujourd'hui de faire semblant de découvrir la vacuité du personnage. Mais admettons! Et bien parce qu'il est nul, il va très logiquement, et ce n'est que justice, être démis de ses fonctions. On aimerait qu'il en soit ainsi avec d'autres. Mais comme il est socialiste, on ne va pas le laisser tomber, même si par ailleurs il dispose d'un mandat de député européen renouvelable en tant que tête de liste en Ile-de-France. Comme il est mauvais, il est normal qu'on lui donne une promotion. Il sera donc secrétaire d'Etat aux affaires européennes. "Tu est mauvais, tu seras secrétaire d'Etat. Si tu le deviens encore plus, tu seras ministre. Fais encore un effort et tu seras président." Voilà bien le fameux principe de déméritocratie tel qu'il est appliqué chez les socialistes. Aux plus nuls d'entre nous, les mains pleines! Voilà qui devrait finalement plaire à pas mal de monde.
On notera en plus que c'est aux affaires européennes qu'il est nommé. C'est assez remarquable pour un parti européiste de nommer une brêle à ce poste.

Sinon on ne pourra que souhaiter au successeur de Désir à la tête du PS de meilleurs résultats. Certes on pensera que ce n'est pas difficile. On notera d'ailleurs que sur un point Désir est déjà dépassé par Cambadélis. Tandis que le premier ne compte qu'une condamnation,  il fut condamné le 17 décembre 1998 à 18 mois de prison avec sursis et 30 000 francs d'amende pour recel d'abus de biens sociaux pour un emploi fictif, le second en enregistre déjà deux : Il est condamné en janvier 2000 à cinq mois de prison avec sursis et 100 000 francs d'amendes pour recel et abus de bien sociaux pour un emploi fictif également, et en juin 2006,  il est condamné à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende  pour recel d'abus de confiance, pour un emploi fictif encore, à la MNEF. Du coup, vu son état de récidiviste, je le soupçonne d'être un fervent soutien de Taubira.
Parti de la morale, vous avez dit?

Tiens d'ailleurs, si ma mémoire est bonne, il avait été dit en 2012, par pépère, que ne pourrait entrer au gouvernement quelqu'un qui avait été condamné. Est-ce donc la valeur de Harlem désir qui le rend si  indispensable et oblige  notre si vertueux président à renoncer à cet engagement?


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