Je réagis relativement tardivement à ce (non-) sujet dont les socialistes ont l'habitude de nous abreuver depuis plus de 30 ans suite à une lecture faite ailleurs qui reprend tous les vieux poncifs qui n'auront pas manqué d'être repris par un Sénat qui lui aussi s'est lancé dans la campagne électorale pour ls présidentielles et les législatives de 2012.
Autant évacuer tout de suite ce point. Il est évidemment clair que le Sénat, devenu un instrument politicien au service de la campagne électorale que mènent les socialistes, et donc sortant quelque peu de son rôle institutionnel qui n'est pas de faire campagne, a ressorti cette vieille promesse jamais tenue par les socialistes. Il parait qu'avant c'était impossible parce que le Sénat était à droite même quand l'Assemblée était à gauche. Reste que comme l'Assemblée a toujours le dernier mot, je ne vois pas trop le problème si ce n'est celui de la majorité des 3/5 au Congrès pour valiser la modification constitutionnelle qui serait induite par cette mesure. Je ne me suis pas amusé à compter si celle-ci fut ou non réalisée notamment en 1981. Mais à la limite, peu importe, puisque si cette mesure est tellement juste, pourquoi ne pas la soumettre directement au peuple par voie référendaire. Après tout, c'est tout de même lui le premier concerné, c'est tout de même à lui de dire s'il consent à partager une parcelle de sa citoyenneté. Evidemment cette option est d'emblée écartée, car on connait déjà le résultat. C'est vrai, quoi! Ce peuple ne sait jamais ce qui est bon pour lui, laissons donc à ses élites le soin de décider des choses importantes et en particulier de la citoyenneté. Pauvre peuple auquel on se réfère sans cesse pour montrer les misères que lui inflige la majorité en place, mais qu'on réduit au silence sur les choses les plus essentielles. Droite et gauche confondues.
Donc pour en revenir au Sénat, je ne vois pas trop l'intérêt de précipiter les choses dans la mesure où jusqu'en juin 2012 au moins rien ne se fera, dans la mesure où 2012 ce n'est pas gagné, dans la mesure où, même en cas de victoire la majorité des 3/5 au Congrès n'est pas acquise. Si ce n'est…si ce n'est pour conforter cette nouvelle partie de l'électorat nouveau du PS qui a troqué les classes populaires contre les femmes, les bobos, les intellectuels, les CSP+, et les divers. Si c n'est pour conforter un électorat justement populaire de porter ses voix vers le front national et gêner la droite, à la présidentielle peut-être, mais surtout aux législatives qui suivront. Quelques triangulaires de plus ne peuvent pas faire de mal, hein? Donc une opération purement politicienne. Ce qui au passage me semble assez indigne d'une chambre qualifiée aussi de haute.
Bon on pourra me dire que je vois le mal partout, surtout à gauche. Il convient donc peut-être que je m'explique sur mon opposition au droit de vote des étrangers à quelque élection que ce soit.
La première raison, la plus simple, la plus bête diront certains, c'est qu'ils sont étrangers. Et donc qu'ils ne sont pas des citoyens. Souvent par choix car si j'ai bien compris ce droit de vote serait accordé à des résidents dont l'ancienneté de présence sur le territoire leur permettrait finalement d'acquérir la nationalité française s'ils le souhaitaient. Dans la mesure où la France est très large et reconnait la double nationalité, on peut supposer que ceux qui restent étrangers souhaitent le rester. Pourquoi alors leur donner une parcelle de citoyenneté? J'ai connu et je connais des immigrés qui ont choisi de ne pas devenir Français, j'en ai connu qui ont fait le choix inverse et qui possèdent ainsi deux nationalité, et j'en ai même connu qui ont choisi la nationalité française en sachant qu'ils risquaient de perdre leur nationalité d'origine. Je connais au moins une personne qui l'a perdue suite à un contrôle plus poussé que d'habitude dans son pays d'origine où elle venait en vacances. Tout est histoire de choix personnel et donc de volonté exprimée. Pourquoi alors aller contre ces choix surtout si on fait partie de la caste des grands humanistes?
La seconde raison c'est l'absence de réciprocité. Si les immigrés communautaires ont le droit de vote en France aux élections locales, les Français expatriés dans les pays de l'Union Européenne disposent du même droit. Or, il ne me semble pas que l'Algérie, le Maroc ou le Mali envisagent sérieusement de donner ce droit aux Français égarés chez eux. La France donne déjà beaucoup de droits, droits à l'éducation, droits à l'assurance santé, droits à l'assurance chômage, …, dont les expatriés français ne bénéficient pas dans certains pays hors UE. Mais ils cotisent me dira-t-on. Oui parfois mais pas systématiquement, et ensuite ce sont des assurances. Trouvez les pays qui ont des dispositifs comme la CMU ou l'AME dont bénéficient largement les étrangers et on en reparlera. Mais à la limite peu importe. Soyons humanistes. Mais sans brader la citoyenneté.
La troisième raison est le risque communautaire évoqué par certains derrière l'avis desquels je me range volontiers. La structure démographique de certaines communes, notamment autour de Paris, ne permet surtout pas d'exclure ce risque. Le vote récent des Tunisiens vivant en France à l'occasion de leurs élections indique quand même qu'une partie significative d'entre eux préfèrent le coran à la laïcité. Il n'est donc pas exclu d'imaginer des communes dirigées par le parti de la charia dans notre beau pays. Qu'est-ce qui légalement pourrait s'y opposer dès lors que les électeurs choisiraient massivement des conseillers, pourquoi pas étrangers se réclamant de cette mouvance dirigés par un maire, bien Français lui, mais également de la même mouvance. On parle déjà de quartiers perdus pour la République, on pourrait parler de communes hors République.
Alors évidemment j'entends les arguments qu'on nous ressort depuis 30 ans en faveur de ce vote, sans que pour autant quand la gauche fut au pouvoir elle n'engagea de procédure décisive pour transformer une promesse en réalité.
Déjà un argument négatif : les communautaires (de l'UE) on bien ce droit. Oui certes. J'ai parlé plus haut de la réciprocité. Mais la raison majeure à ce droit de vote reste sans doute la volonté de créer les fondements d'une citoyenneté européenne. En vain à mon avis, car les différences culturelles empêcheront la réelle émergence de cette citoyenneté et resteront toujours plus fortes que les valeurs d'une civilisation commune. Faites entrer la Turquie, la Bosnie et le Kosovo dans le bazar et là vous n'avez même plus cette base civilisationnelle. Je ferme la parenthèse. Donc à part souhaiter créer les fondements d'une citoyenneté (sans réciprocité) franco-africaine (j'épargne les autres qui ne seraient ni de l'UE, ni de l'Afrique) je ne vois pas très bien les fondements de cette démarche. C'est pas demain qu'on sera citoyens du monde!
Ils paient des impôts. Oui, parfois! Mais ces impôts leur reviennent sous la forme de services, d'infrastructures, de prestations, de façon variable selon les cas, comme les Français. Là je n'entrerai pas dans le débat de savoir si l'immigration coûte ou rapporte, c'est un autre sujet. Cet argument me parait d'autant plus étrange que, bien que se réclamant l'héritière de la Révolution la gauche fonderait désormais la citoyenneté, même locale, sur l'impôt. Cet argument a en plus l'inconvénient, au moins pour moi, de pouvoir être étendu au niveau national. Car s'ils paient des impôts locaux, il leur arrive aussi parfois de payer des impôts à la France.
Bien évidemment en corollaire de cette histoire d'impôts, vient l'argument que comme ils paient ils devraient participer aux décisions qui modèlent leur vie quotidienne. Et pourquoi pas au niveau national aussi, puisque les lois votées par le Parlement s'imposent également à eux, parfois aussi. Il parait que ça aiderait à favoriser leur intégration. Encore une fois on met la charrue avant les bœufs. Comme j'ai tenté de l'expliquer plus haut si après 5 ans et plus de présence continue en France, on ne se sent pas encore la fibre de devenir français, je doute qu'un droit de vote, peut-être même pas exercé favoriserait les choses. J'ai toujours pensé que l'effort devait précéder la récompense. Vision archaïque sans doute.
Mais tout ça à la limite, ça n'a aucune importance. Car c'est de l'agitation stérile pour les étrangers, et opportuniste d'un point de vue politicien. Et puis, il y a une chose qui me rassure finalement (si j'ose dire) : les étrangers malgré les discriminations qu'ils subissent, malgré ce droit légitime qu'on leur refuse de voter aux municipales ou autres élections, malgré le racisme ambiant, continuent à venir et à vouloir rester sur le territoire français. Car il y a un droit qu'on ne peut leur retirer et que parfois on voudrait qu'ils soient plus prompts à exercer, c'est celui de voter… avec leurs pieds.
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