"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 3 décembre 2011

Peuple vs diversité


Je viens de lire le dernier billet de Marius (ici) rapportant une conférence d'Antoine Sfeir sur l'islam dans la cadre de l'institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN).
Si j'ai bien compris le propos de Marius, cet homme semble considérer comme une fatalité qu'en France, et sans doute en Europe, du fait d'une modification ethnico-religieuse de nos structures démographiques, nous en soyons dans un avenir relativement proche à devoir étudier le coran dès l'école dans un souci d'ouverture à l'Autre et dans une démarche d'abandon de notre sentiment de supériorité civilisationnelle ou culturelle. Si je me trompe, Marius, fais-moi signe!
Mais même si je me trompe, cette optique semble déjà clairement envisagée par un certain nombre de nos concitoyens et surtout par les grands bénéficiaires de ce qui pourrait paraitre comme une chose allant inexorablement dans le sens de l'histoire. Et si elle n'est pas encore clairement exprimée à gauche, elle entre tout à fait dans cette logique datant d'une trentaine d'années, je vais y revenir, qui lui a fait abandonner ce qu'elle appelait ou appelle encore le peuple, mais sans vraiment s'en soucier, c'est-à-dire la classe ouvrière et les employés, au profit des minorités. Quand j'emploie le terme de minorité, il ne s'agit pas forcément d'un critère quantitatif, mais de la position d'infériorité dans laquelle sont supposées être maintenues certaines catégories de la population. Il s'agit donc, en l'occurrence, et sans volonté de les classer de ma part des femmes, des homosexuels, et bien entendu des membres de ce qu'on appelle aimablement la diversité, en fait dans les esprits ceux qui sont issus d'une civilisation extra-européenne et qui ont à cœur de conserver leur identité culturelle, au moins en partie. J'ouvre une petite parenthèse pour juste faire remarquer que les Asiatiques sont peu concernés par cette démarche, peut-être simplement alors que même ils conservent en général une forte identité culturelle et ont l'instinct plutôt grégaire, ils ne demandent rien à leurs pays d'accueil. Un symbole de cette démarche en faveur de la promotion des minorités est cette décision du parti socialiste de présenter des candidats, soit issus de la diversité, soit féminins, dans les circonscriptions où le sortant abandonne son siège. Une autre démarche de gauche, dans une optique ante-mitterrandienne aurait peut-être remplacé les divers et les femmes par des ouvriers. Reste qu'historiquement le peuple n'a jamais connu cette faveur. Même en 1789, aux Etats-Généraux, la représentation du tiers-état n'avait qu'un paysan parmi ses membres (aisément reconnaissable dans un tableau représentant cette assemblée où il est le seul à ne pas porter perruque). Finalement les choses n'ont guère changé quant à la confiance en la capacité du "peuple" à savoir ce qui est bon pour lui.
 
Alors, oui effectivement, la gauche a abandonné le peuple, celui qui l'avait portée au pouvoir en 1981. Avant de me jeter des tomates, ce qui serait encore un moindre mal, il faut savoir que ce constat ne vient pas particulièrement de moi. Il est celui, en particulier de cette officine proche du PS et nommée terra nova qui prend acte mais ne déplore pas, mais au contraire incite à persister dans cette voie en préconisant de s'appuyer sur l'électorat des grandes villes (les bobos, quoi), les femmes et la population des quartiers (donc essentiellement la diversité). Pour paraphraser la formule de Bertold Brecht, la gauche est parvenue à changer son peuple. Le peuple de gauche actuel n'a effectivement plus grand-chose à voir avec celui d'il y a 30 ans. Et pour cause, parce que cet ancien peuple de gauche, celui des débuts du socialisme, celui du front populaire, celui de 1968 et de 1981, eh bien il est passé à droite ou à l'extrême-droite. Non seulement parce que la gauche arrivée au pouvoir en 1981 n'a pas tenu des promesses qu'elle ne pouvait d'ailleurs pas tenir, les réalités économiques étant ce qu'elles sont, mais parce qu'elle a cessé de lui parler à ce peuple. Mais surtout que tandis qu'elle parlait aux enseignants, aux fonctionnaires et aux artistes, la droite et l'extrême-droite captaient son attention, les uns et les autres sur des registres différents. Différents, sans être antagonistes et même parfois se recoupant, j'y reviendrai.
En effet, si on remonte à une trentaine d'années en arrière, aux années 1983-1984 pour être plus précis, que remarque-t-on? Une gauche arrivée au pouvoir 2 ou 3 ans plus tôt, avec un programme ambitieux pour les classes populaires et qui se trouve confrontée aux dures réalités de l'économie. Et qui donc opère un grand virage qui la ramène peu ou prou à mener une politique économique équivalente à celle conduite par la droite. Devant cet échec, face à cette promesse qui ne sera pas tenue, la stratégie de maintien au pouvoir se modifie. Aussi décide-t-on de jouer sur un autre tableau : 1983, marche des beurs, 1984, création de SOS racisme. Et depuis rien à changé dans la stratégie de la gauche même si de façon sporadique elle nous pond une mesure catastrophique en faveur des travailleurs qui se transforme en handicap économique : retraite à 60 ans, 35 heures, mesures d'ailleurs détricotées ou carrément remises en cause par la droite sans que la gauche puisse donner un véritable espoir crédible de revenir sur ce qu'elle appelle des acquis, sinon à la marge. Pour le reste on se maintient dans une politique économique orthodoxe zélée qui verra par exemple le gouvernement Jospin battre un record en termes de privatisations. Mais parallèlement le même gouvernement fait voter la loi sur la parité et la loi sur le pacs. Diversité, femmes et homosexuels : les nouvelles clés de voute de l'électorat socialiste.
 
Pendant ce temps, les classes populaires n'ont guère vu leur situation s'améliorer et s'éloigner d'elles le spectre de la précarité. Quels que soient les gouvernements d'ailleurs, de gauche ou de droite. Le candidat Sarkozy, en 2007, pourtant parvient à les séduire en leur parlant de "ceux qui se lèvent tôt le matin" en leur promettant de pouvoir "travailler plus pour gagner plus". Discours vains, surtout que la crise est passée par là. En même temps il parvient à siphonner une partie de l'électorat du front national, issu également des classes populaires, en tenant un discours à forte consonance patriotique. Mais sans que cela se traduise de manière très visible dans les faits. D'où une forte remontée du front national qui a très bien su se positionner sur ce créneau des classes populaires, et encore davantage depuis que Marine Le Pen a remplacé son père.
En effet, en tournant délibérément le dos à toute politique assimilationniste, laquelle pourtant avait fait ses preuves pendant des décennies, en invoquant le respect de l'Autre, de sa culture et de son identité dont il ne fallait surtout pas le dépouiller, en se laissant aller aux compromis(sions) (dé)raisonnables, en n'hésitant pas à faire des entorses localement à la laïcité pour satisfaire des revendications religieuses (piscine de Lille par exemple),…, la gauche, mais aussi la droite de gouvernement qui n'a pas eu le courage de revenir sur tout cela sauf en paroles peu suivies d'effets, a réussi à faire comprendre aux classes populaires, aux "petits blancs" travailleurs ou dans la précarité, que non seulement leur sort ne s'améliorerait pas mais qu'en plus il leur faudrait à terme changer de manière de vivre pour faire de la place à l'Autre. Et ceci n'est pas qu'un fantasme quand on considère la fuite des "quartiers" de la part des Français de souche vivant modestement, mais prêts à faire encore des sacrifices financiers pour échapper à l'environnement créé par cet Autre dont l'identité et les mœurs sont pourtant si respectables qu'il faut les préserver. Ce même mouvement, allant bien sûr dans le sens de l'histoire, en phase avec les valeurs de la France, de la tolérance, des droits de l'homme, et blablabla, a également privé les classes populaires de leur rôle de référent. Car quand la France assimilait, ils avaient un rôle fondamental à jouer pour guider les étrangers venus sur notre sol, comme l'école avait un rôle fondamental à jouer en direction de leurs enfants. L'école aussi a été déchargée de ce rôle.
Et qui reste-t-il pour parler à ces gens, inquiets pour leur proche avenir, inquiets pour leur avenir plus lointain et celui de leurs enfants? Qui reste-t-il pour prendre en compte leurs angoisses bien légitimes et se fondant sur du concret? Eh bien le front national. Un front national, nouvelle mouture depuis que Marine Le Pen en a pris la direction. Le front national se pose en seul défenseur d'un modèle de civilisation face à une arrivée massive de maghrébins et les revendications d'ordre religieux de la part de nombre de musulmans (n'oublions pas que 40% des Tunisiens vivant en France ont voté pour le parti islamiste, c qui d'ailleurs effraie l'imam de Drancy). Mais en plus, le front national nouvelle mouture, renonce au "poujadisme" et se dote d'un programme économique, que, même s'il ne tient pas la route, ne renieraient ni Montebourg, ni Mélenchon. Le FN est presque devenu un parti national-bolchevique, à la fois au chevet d'une civilisation en danger, et défenseur des intérêts économiques du peuple. J'ai beau me triturer la cervelle, je ne vois le PS dans aucun de ces deux rôles. Je dirai même qu'au contraire il est à l'opposé du premier.
 
La gauche de gouvernement, pour faire clair le PS, en se faisant l'apôtre de la diversité s'est définitivement coupé de son électorat traditionnel, celui qui prévalait jusqu'aux années 1980. Mais non seulement en faisant cela il s'en est coupé, mais il a adopté des positions contraire à ses intérêts objectifs, voire imaginaires, mais ça aussi il faut le prendre en compte, et s'est détourné de ses préoccupations qui ne sont pas seulement le chômage et le pouvoir d'achat, vis-à-vis desquels il n'a d'ailleurs rien de mieux à proposer que la droite, à part peut-être des emplois subventionnés et donc intenables en cette période de disette budgétaire. Non, car derrière le peuple anciennement de gauche et assimilé aux classes populaires bien identifiables dans leur inscription dans le système de production (ouvriers et employés), se cache également un peuple national, c'est-à-dire un peuple attaché à ses racines et à un mode de vie, à une civilisation, bref à tout ce qui constitue un habitus et qu'il sent d'autant plus menacé que les idées portées par les slogans sur les bienfaits de la diversité progressent. Mais plutôt que de revenir en arrière, plutôt que de retrouver ses racines, cette gauche a fait son choix : le reniement pur et simple de ce peuple qui l'a faite par sa stigmatisation. Ce peuple qui la soutenait est devenu franchouillard, xénophobe, raciste, islamophobe, infréquentable.
Manière de détourner l'attention d'un échec, stratégie électorale ensuite pour affaiblir la droite, et désormais catastrophe en vue. Car ce peuple finira par se révolter, en France, en Europe où la progression des droites nationales est aussi importante et observable que chez nous. Peut-être pour le meilleur, peut-être pour le pire. Reste qu'on aurait pu faire autrement.

8 commentaires:

  1. je crois que MLP préparait le coup depuis qu'elle est élue dans le Nord et se démarque nettement de l'UMP, le mordant au jarret sans cesse
    un mouvement "droite populaire" s'est formé à l'assemblée justement pour récupérer cet électorat planté au milieu du gué
    la Gauche et son idéologie asilaire (double sens des mots) tend vers son extrême, Mélenchon ne dit il pas "régularisons tous les sans papiers"
    ce petit monde profite d'une institution charismatique la Cimade qui, je pense se vautre dans l'échec à réguler les dossiers des Centres de rétention, toujours porteur de voir la souffrance
    ajoutons à ça l'engouement pour Gaza et le tour est joué
    seulement le MO c'est loin et ils ont du mal à suivre politiquement
    mais un refrain indigné contre Israël maintient le niveau
    la classe populaire en question ne va pas se gêner pour voter en fonction d'un pro Palestine flou et d'un multiculturalisme à la double vie, ici et "la bas"
    reste ce flux sub saharien qui enfle et qui est ressenti comme une charge
    l'immigration choisie n'a pas l'air être suivie d'effets, mais on a du mal à identifier les secteurs du "choix" je crois
    A Sfeir est assez ambivalent, en 2006 il écrivait:" no probleme avec la Tunisie sous Ben Ali" mais globalement, oui, il a l'air de penser qu'avec l'islam faut faire avec
    il n'est pas le seul!

    islam, immigration, double culture,main d'ouvre bon marché, asile politique, je me demande si on traite, si on est capables de traîter tout ça désormais

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  2. L'immigration choisie put paraitre un concept séduisant. mais derrière ça c'est bien vague.
    Et à côté de la plaque. car cette immigration c'est en fait l'immigration de travail qui représente à peine 1/5 de l'immigration légale, le gros des troupes étant fourni par le regroupement familial.
    Dès lors qu'on ne veut plus assimiler (je ne dis pas peut, mais veut, même si maintenant on se demande si on peut encore), on ne peut agir que sur d'autres variables. Une immigration de travail réduite (technique Guéant) qui réduira mécaniquement le regroupement familial (ce qui impose au passage d'obliger les sans-emploi français à prendre les emplois qu'ils refusent encore, ou plutôt qu'ils peuvent refuser grâce à un système laxiste et avantageux -pour eux), une révision du regroupement familial, ou encore, et certains le font, des quotas par pays d'origine. On pourrait par exemple dire qu'on a déjà notre trop-plein de maghrébins et fermer le robinet pour 10 ans par exemple.
    Qui osera le faire?

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  3. les forts diplômés grecs et espagnols sont accueillis à bras ouverts dans l'Allemagne qui pense sa démographie vieillissante à moyen et long terme
    elle a fait auparavant le plein de turcs et s'y est perdue quelque peu
    il semble que chez nous la bonne conscience s'en tienne aux migrants hors communauté,majoritaires,et à secourir, les hommes sont vaillants et laborieux, le regroupement familial qui suit trimbale les us et coutumes, ne parle pas français, reste à casa pour un bonheur des enfants qui ira se fracasser à l'école publique de moins en moins équipée pour les intégrer facilement

    une France divisée en un gouvernement qui se radicalise par nécessité , dans ce segment et une opposition généreuse, offusquée, qu'on voudrait voir aux manettes de ce problème

    en 2050 250millions d'hommes femmes enfants prendront la route chassés par les désordres climatiques, ça a commencé en Indonésie, vers l'Inde (montée des eaux)
    l'effet papillon....

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  4. Expat,

    Je me permettrai quelques remarques tant de fond que de forme.

    Je n'ai rien à dire sur ton opposition systématisée envers la "gauche" sous quelque forme que ce soit, respect de tes opinions oblige. Par contre il me semble anormal que ton "combat" politique prenne des chemins scabreux et plus que limites.

    Sur ta note précédente sur laquelle je n'ai pas voulu réagir ton titre provocateur "l'anti- France" me laisse un sale goût dans la bouche car rappelant très fort les années 30 et ses tombereaux d'insultes. C'est quoi un anti français d'après toi, quelqu'un qui n'a pas 10 quartiers de présence sur le sol national, quelqu'un qui s'oppose à un nationalisme centré sur lui-même, qui remet en cause des aspects de la société ? On appelle cela l'expression de la démocratie et tant mieux si les anti-français servent de poil à gratter aux bonnes consciences.

    Pour mémoire, mon paternel émigré en France dans les années 20, naturalisé en 44 à la Libération et doté d'un accent tenace était médaille de la Résistance et Chevalier de l'Ordre du Mérite. Des comme ça, j'en connais des paquets et faire preuve de xénophobie est leur cracher sur la gueule.

    Nous avons déjà débattu de l'émigration et évoqué quelques solutions possibles. Il est indispensable autant de réguler l'émigration en s'en donnant les moyens et l'"l'émigration choisie" en est un, sauf que je constate qu'il fonctionne mal, preuves professionnelles à l'appui. Le regroupement familial s'est largement durci depuis 2 ans, j'en ai pour preuve les avatars de ma belle-soeur camerounaise ayant réussi à faire venir sa fille au bout de 2 ans ... Incidemment, même mariée à un français elle n'obtiendra sa nationalité qu'au bout de 5 ans ...

    Pour l'heure, toutes les actions de limitation ET d'intégration des émigrants sont du pipeau et ne sont pas suivis d'effet, sauf blocages administratifs. L'hypocrisie est générale car contradictoire. La démographie française IMPOSE d'intégrer des émigrants mais on évite soigneusement de le dire comme on évite soigneusement de dire que l'industrie IMPOSE l'entrée d'une main-d'oeuvre étrangère.

    Il faut certainement revoir tout le système d'allocations sociales et durcir les contraintes de reprise d'emploi mais il est aberrant de vouloir imposer à des cadres et ingénieurs mis de côté de se rabattre vers des emplois du BTP et de services ras des paquerettes. C'est excellent pour les stats mais c'est également un énorme gachis économique et humain.

    C'est le maintien de l'emploi, la limitation drastique du départ forcé des seniors et la formation pas bidon des reconversions qui sont des solutions. Sans oublier la réindustialisation dont il faudrait sérieusement s'occuper.

    La création d'un nouveau lumpen-prolétariat est une hérésie économique car cela implique de créer une large couche qui ne participe plus à la consommation, moteur essentiel de l'économie française ...

    A suivre

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  5. Suite


    S'attaquer à un courant de pensée et d'opinion parce qu'un de ses représentants n'est pas conforme au portait du gendre idéal, qu'il a un accent ou qu'il s'attaque à ta vision d'un monde rêvé. Dans le cas d'Eva Joly, qui est loin d'être ma tasse de thé, il est anormal de s'attaquer à ses origines, sa vie privée et professionnelle. Elle n'a pas fait un "riche mariage" après avoir bossé chez Barclay (amateur de jolies femmes devant l’Éternel)et a ramé durant les études de son cher époux ... Elle s'est attaquée aux "puissants", le PDG d'Elf et ce cher Dumas ? Ils n'ont pas apprécié, peu habitués à être traités comme n'importe quel justiciable ? Il est anormal de s'attaquer à des systèmes de corruption active-passive dans ton monde ? J'ai bossé chez Elf et les réalités ont largement dépassé la fiction et ce que l'on en sait publiquement. Attaquer Joly sur sa pugnacité est stupide et insultant pour les magistrats qui essaient de faire bouger les lignes, et que l'on traite systématiquement de gauchards. Cela dit, jamais je ne voterai pour EELV par trop idéologéisé et transformé en ayattolahs du politiquement korrekt.

    Ton appréciation de Patrick Besson est du second degré mais ce genre de présentation est à utiliser avec des pincettes, le nombre de lecteurs prenant tout au 1er degré ...

    J'ai remarqué autant chez Marius que chez toi une tendance à véhiculer des "rumeurs" portant atteinte à vos "ennemis" et j'ai déjà réagi chez lui en ce sens.

    Le combat politique doit porter sur des idées, des opinions, des programmes et non pas sur des personnes, avec des méthodes fleurant bon la droite de la 3ème république. Ce faisant, cela enchante les inconditionnels fustigeant l'anti-France mais cela ne grandit pas ses auteurs.

    Je te sais suffisamment honnête pour ne pas croire à une attaque idéologique de ma part ...

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  6. Salut Marc,

    Ton intervention mérite évidemment quelques éclaircissements de ma part.

    Tout d'abord sur ce que j'appelle l'anti-France.
    Si jamais tu penses que je peux greffer sur ce "concept" une quelconque prévention vis-à-vis de personnes dont les origines françaises seraient très ou simplement récentes, tu as une bien piètre opinion de moi. Ayant moi-même des origines françaises datant de moins d'un siècle en ce qui concerne ma famille maternelle, étant marié à une étrangère et ayant deux enfants bi-nationaux, ça dénoterait même, sinon du masochisme, une profonde connerie de ma part. Mais passons.
    En plus puisque tu te réfères à mon billet sur Bigeard, tu devrais savoir que ceux qui lui dénient l'honneur de reposer aux Invalides sont généralement de vrais Français de papiers et même pour la plupart des élus. On trouve même dans le tas un illustre résistant en la personne de Raymond Aubrac. Ce qui va d'ailleurs me permettre de préciser certaines choses de façon plus claires.
    Les années de guerre, entre 1940 et 1962, ont permis à pas mal de grandes figures d'émerger. Des résistants ou des militaires. Par contre certains de ceux qui furent des héros en 1945, devinrent selon certains, ceux que j'appelle l'anti-France, de purs salopards, comme Bigeard et pourquoi pas Aussaresses pendant qu'on y est qui s'est également distingué pendant la seconde guerre mondiale et a participé aux guerres d'Indochine et d'Algérie. En fait en général ceux qui devinrent des salauds étaient essentiellement des militaires, comme les deux cités. Parce qu'ils ont combattu contre les indépendantistes et n'ayons pas peur de le dire, contre les communistes. Ce que ces gens ne veulent pas savoir c'est qu'un militaire se bat, non pas contre des nazis, des communistes, ou des indépendantistes, il se bat contre qui on lui dit de se battre. Il sert simplement son pays au travers de son gouvernement, et il ne choisit donc pas ses guerres. Et en général on lui demande de faire de son mieux. Ce que des gens comme Bigeard ont fait, ou encore Massu tiens. Se payant même parfois le luxe de goûter aux délices des camps de rééducation politique viets et de s'y voir torturer parfois par d'autres Français. Qui se battaient contre leur pays. En fait non, qui se battaient au nom d'une idéologie. D'autres ne se battaient pas mais prenaient parti pour l'ennemi, Aubrac par exemple grand intime d'Hô Chi Minh. Ces gens-là en général s'en sont d'ailleurs assez bien sortis, rentrant même en France pour ceux qui l'avaient quitté quand ils s'étaient battu contre elle pour y faire d'honorables carrières à la faveur d'une généreuse loi d'amnistie.
    Et voilà que ces gens, ou leurs petits, en viennent maintenant à s'attaquer à la mémoire d'un grand soldat. En fait à travers lui, c'est bien à la France qu'ils s'attaquent, cette France colonisatrice, esclavagistes et tout le reste, mais surtout cette France qui s'est battue contre leurs idéologies qu'ils trainent derrière eux générations après générations.

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  7. suite 1

    Il y a quelques semaines, c'étaient les mêmes qui applaudissaient au film de Kassovitz qui présentait encore une fois la France colonisatrice et ses militaires brutes sanguinaires. Demain ce sera encore autre chose, l'histoire n'est pas avare d'événements qui leur permettront de manifester la haine qu'ils portent à leur pays et à son histoire.
    Expression démocratique dis-tu? Soit, même si ces gens-là finalement ne semblent pas choyer trop la démocratie (au passage, si tu ne l'as pas fait lis "l'affaire Kravtchenko " de Nina Berberova pour apprendre à connaitre la grandeur, le sens de l'honnêteté et l'amour de la démocratie de ces gens, bien qu'héroïques résistants pour certains d'entre eux). Maos mon expression vaut bien la leur. Du moins je le pense, même si je comprends que je dois prendre le terme utilisé par toi de bonne conscience dans un sens peu aimable. Et en tant que démocrates, au moins ils devraient, sinon approuver mes idées, au moins me permettre de les exprimer. Je ne leur interdis pas de parler. Je les critique.

    Concernant l'immigration, je suis bien d'accord pour dire que c'est un vrai bordel, et d'autant plus qu'on a abandonné toute velléité d'assimilation, cette chose étant devenue insupportable à l'esprit d'autres bonnes consciences. Pour ce qui est de la politique d'intégration, c'est effectivement du n'importe quoi, j'ai pu m'en rendre compte de visu lorsque mon épouse a suivi le fameux parcours. Elle au moins avait cet avantage de parler parfaitement le français.
    Pour ce qui est du regroupement familial, je vais t'expliquer ce qui se passe ici puisqu'il existe également. La grande différence, et elle est de taille, c'est que pour qu'un étranger vive ici, il faut qu'il en ait les moyens et qu'il le prouve, peu importe si c'est son conjoint ou lui qui les a, mais c'est un impératif. Et pareil pour les enfants. Ce qui signifie très clairement qu'on est accueilli si on peut vivre (encore que les revenus minimum exigés soient modiques). Ceci change effectivement d'optique, mais crée sans doute moins de problèmes.
    Maintenant je ne suis pas persuadé qu'il faille autant d'immigration de travail, celle-ci ne représentant qu'en gros 20% en France si je ne me trompe. Le problème me parait plus vaste et englobant un système scolaire qui amène des jeunes jusqu'à l'université, jusqu'à la licence maintenant qui pour beaucoup auraient eu davantage de possibilités dans la vie si on avait bien voulu opérer une sélection en amont et leur offrir des formations professionnelles adaptées à leurs réelles capacités intellectuelles.
    Par ailleurs puisque tu évoques le sujet de la formation continue, je pense qu'effectivement il serait bon de donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Mais l'unanimité à gauche et à droite pour enterrer ce fameux rapport sur le financement des syndicats montre bien que ce n'est pas demain la veille et que des milliards seront encore perdus ou du moins pas utilisés selon leur destination normale. En ce qui concerne la formation dans la fonction publique, ayant eu à commander des fonctionnaires, je pourrais en parler. Mais là aussi quel gaspillage pour une efficacité nulle! Il n'y a guère que chez les militaires où j'ai vu un système qui tenait la route, avec à peu près une adéquation des formations aux besoins. Mais au moins dans l'armée les gens sont suivis individuellement et, en plus, ce qui n'est pas négligeable, on sait où ils se trouvent.

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  8. suite 2

    Concernant Eva Joly maintenant.
    Pour commencer juste une précision sur son riche mariage qui ne me parait pas être une rumeur dans la mesure où elle a bien épousé le fils de la famille où elle était jeune fille au pair et que cette famille était très aisée. Mais ça n'a pas d'importance. Juste pour dire que je ne me laisse pas trop aller à propager des rumeurs. Mais parfois je peux me tromper sur les faits, auquel cas j'accepte qu'on me corrige.
    Je ne m'attaque pas à elle parce qu'elle est d'origine étrangère, double nationale encore d'ailleurs. Je pense néanmoins et sincèrement, et ce n'est pas de la xénophobie que quand on prétend être candidate à l'élection présidentielle, on doit ne pas trainer un accent qui vous rend quasiment inaudible. Juste une question de respect. Sinon pourquoi pas demain un candidat, bien Français, et qui ne parlera pas la langue ou très mal. Ça existe. D'autant plus qu'un accent ça se corrige.
    Concernant sa vie professionnelle, je crois au contraire que c'est important de savoir à qui on a à faire. Quand une juge met en garde à vue des gens qu'elle sait parfaitement innocents pour les faire parler, on peut s'en offusquer. Sinon, que personne ne s'offusque de la torture en Algérie. Quand on s'acharne sur un malade comme Le Floch Prigent, on peut aussi se poser des questions. Je n'ai rien contre la lutte contre la corruption, bien au contraire. Mais ce n'est pas parce qu'on s'attaque à des puissants qu'on doit non plus s'acharner et les traiter autrement que le commun. De fait ce sont bien des méthodes mettant en doute l'objectivité de la personne que j'ai attaquées. Et donc elle bien évidemment. Mais je ne vois pas le rapport avec sa nationalité d'origine.

    J'espère t'avoir un peu éclairé même si il y a des choses qui pourraient être développées à l'infini. Mais je vais m'arrêter là quand même, au mois pour ce soir.
    Si une dernière chose. Si je m'attaque systématiquement à la gauche, d'abord c'est parce que c'est facile (non je rigole, c'est du xième degré), mais c'est aussi parce que, même si je suis incapable d'y parvenir, c'est peut-être mon côté Don Quichotte, j'essaie de ramener la balance vers un certain équilibre. Si la gauche emporte les élections, et que donc elle se fait ensuite et logiquement étriller, je te promets que j'attaquerai la droite dans un même souci d'équité. J'aurais déjà plein de choses à dire, mais vous le faites si bien et surtout si densément que mon concours vous serait bien superflu

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