Quelques uns se sont émus des derniers propos de Depardieu du l'état de la démocratie russe qualifiée en l'occurrence de grande. Evidemment comme aucun de ceux-là ne s'est tenu informé des réalités politiques de la Russie, de la perception de la politique par les Russes, et n'a sans doute jamais mis les pieds en Russie, on peut mettre ça sur le dos de leur ignorance qu'ils ont tenté de compensé par ce qui se raconte dans nos médias et qui me fait souvent soit bien rigoler ou m'énerver selon l'humeur du jour tant cette information est orientée. Par exemple, en 2008, quand démarrait la crise, j'ai appris par la correspondante locale du Figaro que je faisais la queue dans les magasins pour me ravitailler en produit de première nécessité. Comme je ne l'avais pas remarqué, j'au donc dû m'y résoudre.
Certes je ne reprendrai pas les propos de Depardieu sur l'Etat de la démocratie russe, mais ceux qui le critiquent sont au moins aussi loin de la réalité que ce dernier. Quant à vouloir projeter notre système, du moins son aspect théorique, car au niveau de la pratique la France est loin d'être exemplaire, c'est aussi montrer une forte ignorance des réalités d'un pays finalement très peu connu.
Mais comme l'indique le titre de ce billet, ce n'est pas sur ces réalités que je veux vous éclairer, et d'ailleurs je pense que ce serait vain tant les préconçus à ce sujet sont puissants, mais sur quelques aspects de notre système démocratique que devraient sans doute nous envier tous les peuples de la planète. C'est vrai, après tout, le pays de la grande Révolution, des droits de l'homme et tout et tout, ça devrait faire rêver les autres. Sauf que la réalité n'est pas vraiment sur le modèle de cette image d'Epinal.
Je pourrais parler du système représentatif à la française qui est une prime au vainqueur, je pourrais parler de la très faible utilisation du referendum qu'on préfère remplacer par un processus législatif simple, ou plus complexe quand il y a nécessité de modifier la Constitution. Ainsi par exemple, au sujet du mariage pour tous, mesure phare de ce gouvernement sur laquelle depuis que tout le monde a enfin compris que ça ne s'arrêterait pas là, mais remettait en cause la structure même de la famille sans que l'intérêt des enfants ait été jamais envisagé, c'est le parlement qui passera en force alors qu'il semblerait qu'une majorité de Français soit favorable au referendum. Et si la majorité qualifiée avait été réalisée, c'est le Congrès réuni à Versailles qui aurait entériné le vote des étrangers auquel une majorité de Français est hostile. Sur ce type de sujets pourtant fondamentaux, on ne peut que remarquer que le peuple est délibérément écarté du processus décisionnel. Démocratie parfaite? Certes on pourra me répliquer qu'une démocratie représentative ne peut être parfaite, reste que, alors que la Constitution le permet, il est regrettable de ne pas demander l'avis du peuple sur certains sujets fondamentaux, comme les deux que je viens de citer : la famille et la citoyenneté, deux piliers de notre société.
Je pourrais parler de la fonction publique, dont il apparait que les gouvernements successifs doutent assez de la neutralité pour en remplacer après chaque alternance les éléments-clé. Je pourrais parler de la justice rendue "au nom du peuple français" dont on se rend compte de plus en plus qu'il ne se reconnait pas dans les verdicts rendus par les juges. Je pourrais parler des effets délétères de la décentralisation avec l'avènement d'une classe de notables locaux avec le clientélisme associé et qui grève les finances publiques. En fait il y a tant de choses à dire sur le fonctionnement de notre démocratie qu'on peut se demander si ce régime est finalement meilleur que d'autres. Certes il respecte certaines formes qui peuvent le rendre préférable. Mais ces formes maquent aussi par leur caractère insidieux certaines dérives comme, en particulier, une restriction du droit d'expression. Eh oui, notre démocratie ne connait pas ce fameux premier amendement américain qui permet de tout dire, et par la mise en place d'une série de lois assez vagues pour y coller différents propos qui pourraient paraitre anodins ou qui pouvaient paraitre anodins à une certaine époque pas si éloignée, car en même temps se livre un travail sur les esprits forgeant une image de ce qu'est la pensée autorisée, ou du moins la bonne façon de pensée, donc par la mise en place d'une série de lois dont en particulier les lois mémorielles, on met en danger la libre expression. Chacun peut désormais à case de propos publics banals, mais envisageant par exemple une menace, se retrouver devant un tribunal pour incitation à la haine, homophobie ou je ne sais quoi. D'ici peu, j'en suis sûr, nous aurons une loi contre le blasphème. Et donc bientôt ce sera en cercles privés, secrets, en vérifiant que les téléphones portables ont été laissés éteints à l'entrée, que personne ne porte de micro, qu'on pourra s'exprimer. Hortefeux, pourtant ministre de l'intérieur à l'époque l'a appris à ses dépens. Quand s'exprimer devient dangereux, on peut estimer que le système politique, même s'il se pare du qualificatif de démocratique, est perfectible. Mais comme nous nous régressons, le diagnostic est grave.
Mais au-delà de ces généralités, je souhaiterais insister sur un point particulier, noté après la lecture d'une lettre adressés par le ministre de l'éducation nationale aux recteurs. (à lire ici)
Il se trouve que courant décembre un responsable de l'enseignement catholique a appelé à débattre ou à rappeler la position de l'église sur le mariage pour tous. Je dois dire que personnellement, bien qu'étant opposé à ce mariage universel, du moins on ne peut plus savoir maintenant où ça s'arrêtera, j'avais trouvé cette initiative assez malheureuse. Je pense qu'on peut épargner aux enfants ce genre de débats qui peuvent provoquer des dérapages. Ceci dit, renseignement pris, c'est dans un cadre tout à fait légal que cette initiative malheureuse, à mon avis, a été prise. En effet, la loi de 1959 (loi Debré) qui régit l'enseignement privé sous contrat autorise les établissements concernés à rappeler la position officielle de l'église sur certains sujets "en respectant la liberté de conscience de chacun et sans que cela se heurte à l'application des programmes scolaires nationaux". Pourtant ça fait réagir notre ministre de l'éducation nationale qui estime que c'est une faute et adresse donc aux recteurs une lettre les engageant à vérifier que les établissements privés sous contrats respectent la neutralité qui sied "afin que l'école ne fasse l'objet d'aucune instrumentalisation". Certes, dans l'esprit c'st tout à fait acceptable, reste que par rapport à la loi de 1959 ça l'est moins. Mais le pire n'est pas là.
Je reprends les premiers termes de la lettre en question : "Le gouvernement s'est engagé à s'appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités notamment…". La suite de la phrase concerne la diversité des orientations sexuelles. Mais ça importe peu. Je retiens le notamment qui fait de ce sujet l'un des différents sujets sur lesquels le gouvernement veut changer les mentalités. Nous avons donc un ministre qui dans la même lettre explique clairement que l'école est un lieu pour façonner les esprits, pour la part je dirais endoctriner puisque là il s'agit de faire l'apologie de valeurs que le gouvernement trouvent bonnes, et déclare que l'école ne doit pas être un lieu d'instrumentalisation. Est-ce bien logique? Ou faut-il comprendre qu'il y a instrumentalisation seulement quant on fait la promotion de valeurs qui ne sont pas celles du gouvernement. Du coup, moi qui voyais d'un assez bon œil le retour de la morale à l'école, je sens que je vais en devenir un farouche opposant. Parce que Monsieur Peillon, la neutralité axiologique qui devrait prévaloir à l'école, j'emploie un conditionnel car le n'ai guère d'illusion là-dessus, ne peut pas être à géométrie variable.
Pour en revenir à mon sujet, est-on encore bien en démocratie quand l'école n'est plus un endroit où les individus en plus de l'acquisition de connaissances doivent accéder à la liberté du choix de leurs valeurs, mais un lieu où on façonne les cerveaux pour qu'ils assimilent ce qu'est le bien et le mal à la sauce socialiste?
D'ailleurs, Monsieur Peillon, vous qui prônez la neutralité sur le sujet particulier du mariage pour tous, n'avez-vous rien à dire quand votre collègue, ministre du droit des femmes va faire de la propagande dans les écoles pour ce même mariage.
Dans mon précédent billet, j'ai montré comment le gouvernement démocratique de la France se servait ou voulait se servir de la fiscalité pour punir des "délits" selon lui absents du code pénal.
Dans celui, ci entre autres considération, j'ai montré quel rôle il donne à l'école dans le cadre de sa conquête idéologique des esprits.
Quand on veut donner des leçons de démocratie aux autres, encore fait-il avoir soi-même les fesses propres.
bonjour,
RépondreSupprimerexcellent, mais "en bas" "on" vous demande des nouvelle de la démocratie russe
ce sont les dignes héritiers des Sartre, Montant, Marchais et autres intellectuels qui aimaient bien l'URSS jadis et rencontraient les élites, le peuple peut être?
vous démontrez que nos lumières s'éteignent, on exige plein phare de la Russie et en vitesse et si Depardieu n'aimait pas la Russie on s'en foutrait
Bonjour Cimabue,
RépondreSupprimerc'est la grande mode actuelle d'aller critiquer le contenu de l'assiette du voisin pour ne pas à avoir à s'expliquer sur le contenu de sa gamelle.
C'est toujours la même chose. Vous critiquez le gouvernement et on vous répond "mais regardez ce qu'a fait Sarkozy!". En fait on est perpétuellement dans des dialogues de sourds, avec des échanges que quelqu'un venu d'ailleurs et ayant une rationalité comparable à la nôtre trouverait surréaliste. Enfin je vous ai déjà parmé de ça dernièrement en vous exprimant ma colère à ce sujet. Par contre il n'est pas question de jouer le même jeu. Vous parlez démocratie française, on vous répond déficit de démocratie en Russie, sans d'aileurs avoir le moindre élément tangible à ce sujet, à moins que les pussy riot soient en la matière un étalon de mesure. Sans que pour autant on se soit d'ailleurs renseigné sur ce qu'étaient les donzelles en question et leurs accointances idéologiques, notamment avec un groupuscule d'extrême-gauche dénommé "Voïna" (la guerre, ce qui est tout un programme, n'est-ce pas?). Enfin bref, c'est l'écume des choses qui intéresse et encore après avoir été filtrée avec le filtre adéquat, celui qui vous permettra de vous poser en membre très honorable d'un bon camp, celui du progrès ou du sens de l'histoire, formule ridicule employée à tour de bras par ces gens.
Alors vous pensez bien que vos rappels historiques ne peuvent en aucun cas être reçus, et que les survivants de cette époque, les Badiou and co, qui après avoir adoré Staline, Mao et Pol Pot ne se sont jamais reis en cause, aient toujours de l'audience chez ces gens-là.
je viens de vous lire "en bas" en réponse à Nolats, ma plume brûlait de l'envoyer aux fraises...on ne vous remerciera jamais assez, quelques uns que nous sommes à répondre ainsi de manière éclairée, paisible, pédagogique percutante, cette exactitude....à vous lire je jubile, je les connais bien ces gens de gauche dans ce microfilmé en bas, ils sont cette France qui part à vau l'eau et ne veulent pas le savoir
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