"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 10 janvier 2013

Evolutions sociétales


La lecture hier d'un commentaire hier au sujet du mariage pour tous m'a inspiré ce billet. Le commentaire, pour résumer très vite, faisait part d'une nécessaire évolution de notre société française, déjà bien en retard par rapport à d'autres, au moins dans ce domaine, mais dans d'autres aussi si j'ai bien compris, par rapport à certains de ses voisins. La chose était donc considérée comme un progrès, et la loi une évolution bénéfique.
Certes on peut le voir comme cela. Enfin certains. Je me suis largement exprimé sur le sujet pour qu'on comprenne que ma préoccupation n'est pas que des homosexuels s'unissent de manière formelle, mais qu'ils puissent prétendre fonder une famille avec des enfants. Les homos et leurs modes de vie ne m'intéressent pas. Ils voulaient initialement le droit à l'indifférence et avec moi, c'est gagné. Par contre le sort des enfants m'importe. Mais je n'y reviendrai pas, les choses ayant été dites depuis longtemps à ce sujet.

C'est d'autres évolutions sociétales dont je voulais parler.
En fait un fait divers récent a retenu mon attention. Je veux parler de cette vieille dame de 94 ans virée de sa maison de retraite pour être jetée tel un encombrant à la poubelle, aux urgences les plus proches du domicile de l'un de ses enfants absent et donc pas en mesure de la recueillir.
Ça fait réfléchir. D'abord parce que certains d'entre nous deviendront peut-être vieux et atteindront cet âge. J'allais dire que c'est tout ce que je leur souhaite. Mais là je m'avance un peu. Car ce genre de fait divers rappelle que la solidarité intergénérationnelle, sauf quand elle est imposée par la loi, n'est pas ou plus une caractéristique de notre société, mais ça c'est une banalité, mais surtout il nous fait prendre conscience que la vieillesse de beaucoup ne sera ni heureuse, ni paisible et que les conditions de fin de vie de beaucoup de gens risquent de ne pas être des plus enviables. Car quand on commence à entendre les prix d'une vieillesse dans des conditions dignes, mais vraiment pas plus, on comprend que ce n'est pas à la portée de tout le monde. Si on se réfère à ces chiffres on se dit qu'à moins de 3500 ou 4000 euros par mois, un couple de vieux ne peut espérer avoir un refuge décent pour ses vieux jours. Et à ce tarif là on n'est pas dans le luxe, loin de là. Or combien de nos retraités touchent de pareilles sommes? Certes il y a les enfants, contraints, je dis bien contraints, par la loi de subvenir aux besoins de leurs parents, mais reste que beaucoup, au regard des possibilités de chacun, le compte est loin d'y être. Donc ça fait peur, au moins pour ceux qui peuvent considérer que vieillir ne sera peut-être pas une chance pour eux, mais une calamité dès lors que leurs jambes commenceront à refuser de les porter, dès lors que leur autonomie sera remise en cause.
Oui ça pose un problème et les réponses apportées ne me semblent guère à la hauteur. On parle de chantier sur la dépendance suivi d'une loi forcément grande, mais on ne voit rien de bien concret venir. Ce qui fait que ceux qui font de la vieillesse un business, et là je pèse mes mots, car j'en ai connu et je n'ai pas décelé chez eux la moindre once d'altruisme ont encore de beaux jours devant eux, d'autant plus que la demande ne risque pas de se tarir. Et ceux-là continueront à virer des vieilles dames. C'est la logique du business.

Je voudrais mettre ça en parallèle avec d'autres évolutions sociétales forcément bien accueillies. Prenons par exemple l'avortement gratuit pour toutes. Une prime à l'irresponsabilité qui transforme donc l'avortement en moyen de contraception. C'est beau, c'est grand, penseront certains. Voilà une évolution sociétale qu'elle est bonne, allant dans le sens des désirs exprimés par la société. Il y a environ 250000 avortements en France chaque année. Certes je ne peux pas distinguer de ceux qui ressortissent de l'avortement thérapeutique ou à des circonstances exceptionnelles, des autres. Mais je me permets de penser que ceux-là sont les plus nombreux. Multipliez leur nombre par 500 euros et voyez combien de jours en maison de retraite on peut assurer avec cette somme. Mais les priorités ne semblent pas définies ainsi. Prime à l'électorat potentiel. Les vieux ça ne vote guère, et souvent ça vote mal. Néanmoins notre mamie de 94 ans aura eu cette chance avant de mourir d'avoir pu bénéficier de cette avancée, en tant que femme. Et ça, j'imagine que ça compte.
On pourrait aussi parler de ces nuitées d'hôtel payées à grands frais par nos impôts à des gens qui n'ont rien à faire en France puisqu'ils y sont entrés illégalement. Et aussi de l'AME, cette fameuse aide qui profite aux illégaux sur le territoire contre laquelle je n'aurais rien si elle était circonscrite à des soins nécessaires et n'était pas détournée par des gens malhonnêtes avec la complicité de praticiens peu scrupuleux faisant leur beurre de cette façon (Marius pourrait en parler je crois, au moins dans son domaine). Ça coûte combien tout ça à la collectivité? Combien de jours en maison de retraite?
Je n'ajouterai pas à ce bilan nécessairement incomplet la PMA qui sera sans doute offerte à toutes les femmes, même si elles n'ont aucun problème de fertilité, dans le cadre des avancées sociétales sur la famille. Tout cela sans doute suivi dans un souci d'égalité par une participation de l'Etat à la GPA qui finira bien par être autorisée pour les hommes et même les femmes qui ne veulent pas abîmer leur joli ventre. Combien d'argent tout ça qui aurait pu aller aux bénéfices de nos vieux.
De fait comme on a l'habitude de sectoriser les choses, on finira bien par le répondre que ça n'a rien à voir, que ce ne sont pas les mêmes caisses, de toutes façons toutes déficitaires. Mais c'est quand même de l'argent public et à vocation sociale et médicale. C'est donc juste une question de priorités.

Ah, mais oui, j'allais oublier! On y pense à nos vieux, et aussi à nos malades en très mauvais état. On se demande comment on va faire pour les faire mourir dans la dignité. La fin de vie dans la dignité, on appelle ça. Mais la fin de vie, ce n'est pas seulement les derniers instants, ce sont aussi les dernières années, celles où l'avenir n'existe plus vraiment. Et ce ne sont pas que quelques jours. Ça peut-être des années. Jeanne Calment a eu une fin de vie très longue.
Je dois avouer que ces réflexions sur la fin de vie m'inquiètent. S'agissant de la toute fin de vie, pour être précis, la loi Léonetti m'apparaissait claire et sensée. Maintenant qu'on remet ça sur le tapis, je me demande si derrière il n'y a pas d'autres enjeux que la dignité qui sont présents. Parce que la fin de vie, les derniers jours, coûtent effectivement très cher.
Mais vous me direz que ça n'a rien à voir avec les maisons de retraite. Oh que si! Car comme le disait Alphonse Allais "quand on a dépassé les bornes, il n'y a plus de limites". Quand on discutait le PACS à l'assemblée il y a une bonne dizaine d'années, on promettait que ce n'était surtout pas une étape vers le mariage homo et la construction de familles homoparentales, mais que c'était un aboutissement. Guigou qui portait le projet l'avait affirmé. On voit ce qu'il en est advenu de cette promesse. Et donc peut-être qu'un jour, pas maintenant, même si je suis persuadé que certains esprits y sont préparés, mais plus tard, ce n'est pas la possibilité de finir ses jours décemment qui se monnaiera, mais simplement la possibilité de vivre dès lors qu'on sera devenu un fardeau pour la société, et aussi les siens.

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