"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 24 janvier 2012

Cohérences socialistes 2



Je dois avouer que puisque les médias russes n'ont pas daigné retransmettre le discours du candidat Hollande qui, n'en doutons pas, s'il est élu, deviendra la nouvelle terreur du Kremlin, je n'ai pas pu suivre le discours inaugural du Bourget. De toute façon je n'aurais pas pu le suivre puisqu'avec le décalage horaire il tombait en plein dans l'heure de l'apéro dominical, moment suffisamment privilégié pour ne pas être gâché par n'importe quoi. Non, je rigole. J'aurais bien aimé voir et écouter le candidat curieux de voir à quelle sauce il compte nous manger, ceci à double titre, celui du citoyen français et celui du contribuable que je reste malgré mon expatriation. Et puis accessoirement je reste électeur aussi, au moins pour cette élection ainsi que les législatives, même si ça c'est nouveau pour les expatriés..
C'est donc à travers la presse internet que j'ai pu glaner ici ou là quelques informations. J'y ai appris que, contredisant sa côte chez les bookmakers, Hollande avait été asses bon, même bon sur la forme. Quant aux quelques éléments de fond que j'ai pu récolter, ils m'ont paru quand même moins bons, voir contradictoires avec les attitudes généralement observées chez les dirigeants socialistes, à part quelques-uns. C'est donc de certains de ces points que je voudrais débattre.
 
Mais avant de commencer, je voudrais tout de même revenir sur la forme. J'ai trouvé curieux le choix de l'artiste devant ouvrir le spectacle, mais peut-être était-ce une provocation à laquelle ont réagi quelques-uns, mais fort peu, et à laquelle je me permets maintenant de réagir. J'en avais déjà parlé dans le billet précédent, mais autant enfoncer le clou. Comment peut-on en première partie de son show faire intervenir une personne qui est un des symboles de ce qu'on se promet de combattre? Même si cette personne a remplacé l'abbé Pierre dans le cœur des Français, sans doute au nom d'une alternance qui voudrait qu'à un altruiste désargenté succède un fortuné assez avare de ses deniers vis-à-vis de son pays natal et dont il est citoyen, il n'en demeure pas moins qu'elle est en délicatesse avec le fisc pour une somme dont un smicard ne peut même pas rêver quand il coche sa grille du loto. Je précise que tous les recours ont été épuisés et que donc je ne m'assieds pas sur une supposée présomption d'innocence. Un riche, même très riche, fraudant le fisc, avouez que ça la fout quand même un peu mal quand il s'agit d'ouvrir le spectacle alors que l'artiste principal ne cesse de fustiger ses confrères. Une Georgette Lemaire nommée en son temps, et à cause de sa situation économique précaire, au Conseil Economique et Social par Mitterrand, ce qui montre au passage dans quelle estime il pouvait tenir cette institution qui a vu d'autres individus comme Harlem Désir y pantoufler, un autre héros de notre temps qui fut lui aussi en délicatesse avec la justice pour malversation (jugé et condamné aussi, mais amnistié je crois), donc une Georgette Lemaire aurait été plus en phase avec le discours du candidat. Georgette Lemaire à gauche, Mireille Mathieu à droite, quels beaux symboles cela aurait-il fait!
Evidemment de ça à droite on ne s'est que timidement indigné, tant il est vrai que l'exilé fiscal de Gstaad aurait pu être cité comme contre exemple. Mais quand on prétend incarner la vertu face à ceux qui ont le fric pour passion et les riches pour amis, on ne peut guère être davantage maladroit.
 
Tiens puisqu'on parle de fric et de riches, passons tout de suite à l'ennemi désigné du candidat socialiste : la finance. Ennemi qu'il n'aura cesse de combattre évidemment, même s'il n'a ni nom, ni visage. Don Quichotte est de retour! Mais celle-là il fallait bien la placer. En 81, on avait eu droit aux puissances de l'argent qui corrompt. On sait ce qu'il en est advenu après le tournant de 83 sans parler des fréquentations intimes du chef de l'Etat de l'époque, au hasard Pelat, Tapie, Dumas, Peyrelevade, Haberer, enfin rien que des pauvres gens honnêtes.
Oui c'est sûr, on verra ce qu'on verra. C'est-à-dire rien ou pas grand-chose, juste un peu d'affichage. Car quand on voit les positions du candidat Hollande vis-à-vis de l'Europe, vis-à-vis des solutions à la crise, on est bien loin de celui qui va renverser les tables. Hollande est un européen convaincu et il se pliera aux diktats de Bruxelles. Si vous voulez quelqu'un qui veut combattre réellement la finance, allez voir du côté de Mélenchon et même de Le Pen. Bref on ne sort pas des formules incantatoires auxquelles nous ont habitués les socialistes depuis longtemps pour au final mener des politiques économique et financière que ne renierait pas la droite. Au passage je rappellerai que ce sont eux qui nous ont jeté dans ce guêpier de l'euro. J'entendais l'autre jour Attali se vanter d'avoir été négociateur de cela et qui semblait même se réjouir de la crise dans un certain sens parce qu'elle allait sans doute nous amener vers une Europe fédérale. En somme il avouait son forfait qui était de faire évoluer la structure de l'Europe vers une structure fédérale par le biais de la monnaie unique, en mettant la charrue avant les bœufs en quelque sorte. J'ai voté contre l'acte unique. Je vois que je n'avais pas tort. Quand Hollande se démarquera de tout ça on pourra commencer à le prendre au sérieux. Il en est loin.
Et puis parmi les gens qui l'ont acclamé je me demande combien possédaient une assurance-vie qui leur donnait tant de baume au cœur quand elle leur rapportait 5% et parfois plus quand l'inflation était inférieure à 2% et la croissance aussi. Dans ces moments-là la finance était un peu leur amie. Mais l'essentiel, n'est-ce pas, c'est de se positionner… en paroles. Et puis ça leur évite de se poser la question de leur responsabilité au niveau de la dette. Ont-ils trop tiré sur la corde que leur tendait l'Etat-providence? Bien sûr que non! C'est la finance, cette s….e qui ne veut pas leur donner l'argent dont ils ont besoin.
 
Il a parlé aussi de la laïcité. Il parait qu'il fut très applaudi quand il déclara vouloir intégrer la loi de 1905 dans la Constitution. Pauvre Constitution qui devient avec le temps un vrai fourre-tout. Enfin le problème est que le candidat Hollande ignore, ou fait mine d'ignorer, que la Constitution précise déjà dans son article premier que la France est une République laïque. Je pense que ça devrait suffire.
Mais au-delà de ça, qui n'est que parlote sans intérêt, il convient de s'interroger sur les actes de ceux qui se trouvent vouloir être les nouveaux champions de la laïcité. Au hasard, citons la Première Secrétaire qui dans sa bonne ville de Lille a permis la mise en place d'horaires particuliers pour les musulmanes dans les piscines. Ce n'est pas une grave entorse à la laïcité, ça? Parlons également du vote de la loi sur la burqa auquel une grande partie des socialistes n'a pas pris part. Mis à part Valls, tous les ténors du socialisme ont boycotté ce vote. Le candidat Hollande aussi. Et après ça se déclarer comme le défenseur en pointe de la laïcité, c'est un peu gonflé, non? A moins que ne soient visés les quelques agités catholiques qui protestent contre les œuvres dites artistiques qu'ils trouvent blasphématoires. C'est sûr que ces gens sont un réel danger pour la République et l'ordre public. Je n'ose pas croire que le combat entre écoles privées catholiques et publiques va être relancé presque 30 ans plus tard. Mais sait-on jamais? Enfin quand j'entends les socialistes se placer en champions de la laïcité, eu égard aux attitudes qu'ils ont eu depuis pas mal de temps maintenant avec certaine religion, d'une part je me gausse, d'autre part je me méfie. Cette méfiance s'incarne dans une phrase prononcée il y a quelques mois par le maire de Strasbourg et qui n'a jamais été démentie : "Nous servons de la viande halal par respect pour la diversité, mais pas de poisson par respect pour la laïcité". Il parlait de ce qui se passait dans les écoles de sa ville en réponse à des interrogations de parents d'élèves. Et lui aussi semble être attaché à la laïcité. La sienne, pas la mienne.
 
Bon je vais m'arrêter là pour aujourd'hui. Je voulais parler aussi d'égalité et de Révolution. Mais ce serait trop long. Ça fera l'objet d'un prochain billet.

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