Les tristes ou amusantes affaires de l'UMP auront eu au moins cet avantage pour ceux qui nous gouvernent d'échapper à la volée de critiques qu'auraient dû leur valoir ces dix derniers jours. Il y a en effet eu une accumulation de faits qui auraient dû monopoliser l'attention et précipiter sans doute encore vers le bas la côte de popularité de notre couple exécutif. Certes il a encore baissé dans les sondages d'opinion atteignant de nouveaux records d'impopularité après 7 mois au pouvoir, mais ça aurait pu encore être pire.
Pour ne pas oublier listons quelques un de ces événements qui ne seront pas présentés dans l'ordre de leur apparition.
Tout d'abord le mariage pour tous, réforme sociétale phare de notre président qui semble de moins en moins emballé par la chose, lui-même n'étant pas d'ailleurs un adepte du mariage, et dont on se demande s'il ne regrette pas finalement d'avoir engagé cette réforme. Car sans doute s'est-il rendu compte que celle-ci, conçue sans doute pour faire plaisir à une minorité dans la minorité homosexuelle ne passera pas comme une lettre à la poste. Bien évidemment une majorité de Français étaient favorables ou plutôt favorablement indifférents à une revendication qui aurait pu passer pour du folklore, du style mariage entre Coluche et Thierry le Luron, avant qu'ils ne se rendent compte que derrière ça se cachait quelque chose de plus vaste qui eux-mêmes les toucherait, remettant en cause, en particulier leurs statuts de père ou de mère. On ne touche pas comme ça à la famille.
Il faut donc maintenant prendre en compte ces oppositions qui se manifestent jusque dans la rue avec un succès véritable, même si minoré par les comptages policiers et les médias, ainsi que l'opposition de certains élus, même de gauche, ce qui n'arrange pas les affaires. Auraient-t-ils tous été de droite qu'on aurait pu fustiger la réaction, voire une homophobie consubstantielle à la droite sans doute. Face à ces élus Hollande le mou a donc mis en avant la liberté de conscience de chacun permettant ainsi aux élus de ne pas appliquer la loi si elle ne correspondait pas à leurs convictions. Ce qui est tout de même assez étonnant dans un Etat de droit. Bien sûr la loi serait quand même appliquée, un maire pouvant toujours se trouver un adjoint pas hostile et l'habiliter à devenir officier d'état-civil. Tollé chez la minorité d'agités qui veulent absolument ce mariage pour tous et le pack complet qui va avec. Et donc Mollande effectue en moins de 24 heures son second recul sur le sujet. J'imagine que ses conseillers ont dû fermer son agenda pour éviter une nouvelle rencontre avec un quelconque autre lobby et éviter un nouveau pas de danse en arrière. Mais on peut donc considérer que l'affaire n'est pas close et que vu le caractère ferme de notre chef à tous, chacun peut encore espérer l'issue qu'il souhaite sur ce sujet.
Par contre quand il est loin des intéressés directs notre président peut prendre de surprenantes décisions aussi téméraires que discutables. Tandis qu'il est plutôt va-t-en guerre avec les islamistes qui occupent le nord du Mali, mais ils ne sont pas seuls et sans prise en compte et même règlement en amont du problème touareg on imagine mal comment s'en sortir, il reconnait la rébellion syrienne elle-même noyautée par des islamistes comme seule représentant du peuple syrien. Assez curieux ces précipitations qui me semblent contradictoires et ne pas prendre en compte, loin de là toutes les données du problème. Mais peut-être qu'au Quai d'Orsay on a remplacé trop de monde par des nouveaux qui par exemple, ne se seront pas posé des questions au sujet des Touaregs, ou ne se seront pas demandé pourquoi les minorités religieuses, dont la chrétienne, en Syrie sont plutôt favorables au régime en place. Pourtant ce qu'elles ont subi ou subissent dans l'Irak démocratique, ne lésinons pas sur les mots ou les maux, devrait amener à réfléchir. Mais peut-être qu'après tout on s'en fout, l'essentiel étant que nos minorités à nous se sentent bien en France et puissent vivre comme bon leur semble. J'ajouterai que l'aide financière accordée à la rébellion, de l'ordre de 1,2 millions d'euros, ce qui représente sans doute bien moins que l'aide humanitaire envoyée là-bas, fait mauvais genre au moment où on ouvre les restos du cœur qui se demandent comme tous les ans comment boucler leur budget. Mais c'est un exemple parmi d'autres dans une France parait-il ruinée et dont le nombre de nécessiteux, dépendants de l'aide de l'Etat ne cesse d'augmenter.
Tiens puisqu'on parle de ça, les réactions à la nouvelle augmentation du chômage, 45000 chômeurs de plus quand même, n'a pas fait l'objet de commentaires particuliers. C'est vrai que quand l'opposition, même elle n'a pas si sur ce sujet à faire la fière, préfère s'étriper, ça arrange les choses. Mais quand même on pensant au départ qu'avec les socialistes et surtout le renvoi de Sarkozy à ses occupations domestiques les choses allaient aller mieux. Je dis au départ, car notre président a quand même mis les choses au point lors de sa conférence de presse : c'est pas fini la hausse du chômage! Du coup inutile de commenter.
Mais vous comprendrez quand même qu'on puisse s'étonner avec tout ce ramdam qui entoure la fermeture des hauts-fourneaux de Florange sur laquelle on a beaucoup entendu notre fringant ministre du redressement productif et aussi un peu n'importe quoi..
Curieuse agitation et même chantage mâtiné de quelques insultes au passage alors que la fermeture de ces hauts-fourneaux mettrait environ 600 personnes au chômage. Certes chacune de ces 600 personnes éprouverait évidemment la même amertume ou autre sentiment désagréable que les 45000 cités plus haut, mais enfin. Mais enfin est-il normal de plonger dans l'émoi les 20000 salariés de Mittal en France (dont ma sœur) en déclarant que l'Indien n'a plus sa place en France.
Mais revenons sur l'affaire. En 2003 Arcelor planifie la fermeture des hauts-fourneaux de Florange et quelques autres notamment en Belgique à Liège, mais ça on s'en fout me direz-vous, sauf peut-être les Belges qui s'aventurent parfois sur ce blog. Il se trouve que les hauts-fourneaux éloignés des ports où arrivent les matières premières coûtent trop cher (surcout de 15 € la tonne). En fait Florange aurait dû fermer en 2009. Quand Mittal réussit son OPA en 2006, dans des conditions assez curieuses d'ailleurs, préféré en fait au Russe Severstal (ce qui veut dire acier du nord), peut-être le repreneur dont nous parle Montebourg et qui approvisionne actuellement la partie froide et rentable de Florange, il est considéré comme le sauveur de la sidérurgie européenne. Il a fait effectivement des promesses. Mais c'était en 2006. Depuis la crise est passée par là, l'empire Mittal est endetté à hauteur de 18 milliards, au-delà de sa capitalisation, l'action a chuté de 75% par rapport à 2006, et évidemment il réagit en tant qu'entrepreneur en se délestant de ce qui lui coûte de l'argent, de ce qui n'est pas rentable. On peut le comprendre. Il n'a ni vocation à être un saint, ni une assistante sociale. Laissons ça à l'Etat et aux collectivités locales.
S'agissant du site de Florange il souhaite conserver uniquement ce qui est rentable donc la parie froide. Or l'Etat, Montebourg, veut lui faire larguer l'ensemble pour qu'un repreneur puisse se manifester. Et évidemment Mittal ne souhaite pas se débarrasser de ce qui lui rapporte de l'argent. Bon 30 secondes de pause pour se mettre à sa place. Ça y est?
Donc Montebourg brandit la menace de la nationalisation qui ferait de l'Etat en fait l'intermédiaire entre Mittal, mis au pied du mur, et le repreneur encore inconnu du public.
Passons sur le fait que l'Etat n'a pas un fifrelin pour réaliser l'opération, passons sur le fait que la procédure sera longue suite à de probables recours de Mittal qui trouvera l'indemnisation insuffisante, passons sur le fait que la commission européenne intermédiaire sans doute l'opération au nom de la garantie du libre marché, passons sur le fait qu'entre temps le repreneur inconnu se sera sans doute tiré ailleurs pour investir, et que de toutes façons ce n'est pas non plus ni un saint, ni une assistante sociale et que si les hauts-fourneaux ne sont pas rentables il les fermera aussi, passons sur tout ceci pour nous demander si tout ça en vaut la peine et si c'est simplement intelligent. Car si beaucoup applaudissent en France, pays où on n'aime pas les patrons, à l'étranger les réactions sont dans l'ensemble défavorables et indiquent une position déraisonnable tandis que la France a besoin d'investisseurs étrangers. Et puis après pourquoi ne pas nationaliser toutes les boites qui menacent de fermer. Après tout, si l'Etat veut jouer les assistantes sociales sans en avoir les moyens en achetant des entreprises non rentables, allons-y!
Au fait dans le même temps SFR annonce la suppression d'un millier d'emplois. Pas entendu que Montebourg voulait nationaliser SFR pour le fourguer à free ensuite.
Tout ça ne semble pas raisonnable et ressemble davantage à des moulinets dans le vide à effets contre-productifs.
Bon, je vais m'arrêter là pour aujourd'hui. J'ai sans doute oublié pas mal de choses concernant l'incurie de ce gouvernement. Mais on aura le temps d'y revenir. En attendant que ce gouvernement continue à profiter de la crise de l'UMP pour qu'on ne parle pas trop de ce qu'il fait.
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