Ce serait enfin une bonne nouvelle pour la France si c'était vrai, et donc une mauvaise pour la gauche. En effet, celle-ci, à travers les paroles de certains de ses membres, pas très nombreux d'ailleurs au moins chez les socialistes qui ont appris avant le grand parti de droite que la démocratie interne dans les partis politiques était source d'ennuis et en ont tiré les conséquences quand il s'est agi de désigner (c'est le mot qui convient) un nouveau premier secrétaire, donc la gauche pourrait se réjouir de voir le principal parti d'opposition dans de telles difficultés, au moins parce que pendant qu'on parle de ça on néglige le reste beaucoup plus important et concernant la France et les Français et leurs hôtes désirés ou indésirables du moment. Par exemple pour un certain nombre de travailleurs, les conséquences des propos de Montebourg sur la famille Mittal sont sans doute bien plus importantes que la guerre qui oppose Fillon à Copé.
Mais j'en reviens à mon propos initial. L'éclatement de l'UMP serait effectivement une mauvaise nouvelle pour la gauche, car cela marquerait le retour inéluctable d'un vrai parti de droite alors que ça fait bien longtemps qu'il n'en existe plus. Chirac en trahissant ceux qui l'ont fait, Marie-France Garaud et Pierre Juillet, allait progressivement vider la droite de son idéologie, l'éloigner de la nation en tant qu'idée. D'abord la scission avec la vraie droite incarnée au début des années 90 par Séguin et Pasqua puis la création par lui et Juppé de l'UMP allaient consacrer cette dérive. Chirac et Juppé peuvent donc être considérés comme les fossoyeurs de la droite qui s'est coupée depuis, malgré quelques soubresauts mais sans suite, et pour cause, j'y reviendrai, incarnés par Sarkozy, du peuple français et de la nation. Une explosion de l'UMP et la reconstitution d'une vraie droite qui pourrait en résulter pourrait donc permettre de combler un vide dans lequel s'est glissé le front national, pour le plus grand bonheur de la gauche qui ne peut qu'apprécier la montée en puissance de ce parti. Sauf quand elle en subit les conséquences comme en 2002.
Mais avant de développer cela, je voudrais revenir sur la place des partis dans la vie politique française des 50 dernières années. Car elle a bien évolué à mesure que la médiocrité du personnel politique croissait. On est passé en gros du parti outil ou marchepied pour accéder au pouvoir au parti tout puissant qui sort de son chapeau, on appelle ça désormais primaires, un individu pouvant être choisi par défaut, c'est-à-dire pas vraiment pour sa valeur ou son charisme mais pour son caractère terne, on dira consensuel, pas à cause de son passé, l'absence de réalisations ou de prises de responsabilités mettant à l'abri de la critique. Et c'est comme ça qu'on se retrouve avec un Hollande à la tête de la France. Pourquoi pas Désir demain? A une autre époque, le parti se fédérait autour d'un homme et se mettait à son service. Il n'avait donc qu'un rôle tout à fait secondaire, dont l'importance était relative et dont le rôle était de fournir les notables qui allaient permettre au président, moyennant prébendes et honneurs, de mener sa politique. Il parait (entendu de la bouche de Max Gallo) que Mitterrand disait que le PS c'étaient des rats. Il s'en est d'ailleurs tout de suite affranchi une fois élu. La seule exception avant ce nouveau rôle du parti incarnée par l'élection de Hollande, ce fut le cas Royal et dont la défaite est imputable, en partie, au parti socialiste qui ne l'a pas vraiment soutenue. La droite manquant désormais de vrai leader en est arrivée donc au même niveau que le parti socialiste et, faute d'avoir trouvé celui qui allait prendre le parti de force, malgré les simulacres accompagnant cette action, s'en est trouvée réduite à s'essayer au processus démocratique interne pour se trouver un chef. Une catastrophe, évidemment. Car les partis en tant que machines de guerre pour le pouvoir n'ont pas à fonctionner démocratiquement. Seule l'efficacité compte. Mais sans véritable chef, il y a effectivement un problème de fond.
Car vous conviendrez, et là j'en appelle surtout à ceux raisonnables dont le cœur penche à droite, que ni l'un, ni l'autre des deux candidats à la présidence de l'UMP ne fait véritablement envie. Et quand aucun ne fait envie, on en arrive à du 50/50, les fraudes d'un camp compensant sans doute peu ou prou celles de l'autre. Un tel résultat implique, dès lors que l'un ne veut pas céder, comme l'a fait Royal en 2008 au moment du congrès de Reims, une déchirure. Mais qui peut-être dans le cas présent salutaire. Ce qui tempère tout de même mon optimisme c'est qu'entre Fillon et Copé il n'y a pas vraiment de divergence d'ordre idéologique. Ce sont tous deux de purs produits du Chiraquisme, donc d'une tendance molle s'tant détachée des vraies valeurs de la droite pour embrasser celles du centre. Libéraux, acquis tous deux à l'Europe et à son emprise progressive sur les Etats, ayant intégré la mondialisation (en tout ça finalement ils ressemblent à Hollande), ils ne se sont distingués que par leurs discours. Fillon a tenu celui des notables, tandis que Copé qui devait rattraper un retard important a durci le sien mettant ses pieds dans les traces de la dernière ligne droite de la campagne de Sarkozy. Mais globalement rien ne sépare vraiment les deux hommes en termes de convictions politiques. Celles-ci étant à relier aux idées portées par le centre.
Il faut donc dépasse ce combat entre deux egos pour envisager ce qui peut se passer. Le discours de Copé a choqué les oreilles sensibles, celles entre lesquelles se situent les esprits qui voient le monde d'une façon pacifiée et ferment les yeux devant les problèmes qui accablent le peuple quotidiennement et qui ne sont pas que des problèmes de chômage ou de pouvoir d'achat en baisse. Quand il ne rester que ça, ça voudra dire soit que le reste va bien, soit que nous avons définitivement fait le deuil de notre identité, de notre histoire, pour devenir de bon petits consommateurs participant par leurs achats inutiles souvent à une vague prospérité générale et la fortune de quelques-uns. Un monde donc sans saveur qui ne demandera qu'à être pris par d'autres davantage sensibles à leurs valeurs identitaires, culturelles ou religieuses. Copé donc en parlant de racisme anti-blanc ou de pains au chocolats dérobés au moment du ramadan a tenu un langage assez inattendu, même s'il reste bien en deçà des réalités quotidiennes de beaucoup de Français. Mais le fait de parler de certaines choses, d'évoquer des sujets tabous, sauf pour le FN, même si elles restent bien atténuées par rapport à la vérité et ne constituent en rien une révélation, peut suffire à vous valoir un regain de sympathie dans le peuple. Et c'est donc ainsi que Copé a comblé son retard. Comme Sarkozy qu'on voyait humilié face à Hollande n'a subi finalement qu'une défaite très honorable qu'un événement inattendu, et non souhaitable, je précise, entre les deux tours aurait peut-être même pu transformer en victoire.
Chose également intéressante, c'est cette victoire de la motion "la droite forte" portée par quelques jeunes du parti, face aux motions portées par les poids lourds de la droite. La motion arrivée en second exposition loin derrière, "la droite sociale" porte pour sa part des valeurs que le centre ne renierait pas.
Le discours (que j'estime contre nature) de Copé et la motion arrivée en tête d'une part, le discours de notable de Fillon et la motion arrivée en second portée par un de ses lieutenants, c'est là-dedans qu'il faut voir la rupture au sein de l'UMP. Il faut comprendre en effet qu'une partie des militants de ce parti n'est plus en phase avec ceux qui le dirigent et souhaitent voir le retour d'une vraie droite.
L'UMP de par sa construction allant de cette sensibilité que je viens d'évoquer à des idées dites humanistes, en fait centristes, est un parti bancal qui fédère des idées sans rapport en elles, donc qui ne fédère rien, si ce n'est ses cadres dans leur quête des postes. Les militants ne s'y retrouvent pas et viennent de le montrer. Ils ne veulent plus se contenter de discours fermes comme savait en tenir le Sarkozy de 2007, ramenant dans cette droite beaucoup d'électeurs par défaut du FN qui ne se retrouvaient pas dans le centrisme d'un Chirac ou d'un Raffarin, mais qui ne furent pas suivi d'effets. A tel point que le discours de 2012 du même candidat ne parut pas assez crédible à tous ceux nombreux qui retournèrent au FN. Car la véritable cause de la défaite de Sarkozy se trouve là et pas ailleurs, dans cette incapacité de passer du verbe à l'action au niveau des thèmes se rapportant à la nation. Faut dire que secondé par un tel parti, dont certains élus ne manquaient pas d'états d'âmes, ce n'était peut-être pas jouable.
L'idéal donc serait qu'une véritable scission ait lieu. Pas entre les partisans de bonnet blanc et ceux de blanc bonnet, mais entre les tenants de lignes politiques différentes. Pour que les électeurs de droite quand leur parti arrivera au pouvoir, et même si les centristes sensibles à l'odeur de la soupe le rejoignent dans la dernière ligne droite, pour faire l'appoint, puissent enfin espérer voir appliquer une politique de droite dans ce pays, sensible notamment au thème de la nation. Là, le front national perdra en influence. 2007 l'a prouvé. Et les socialistes auront du souci à se faire, eux qui ont abandonné les milieux populaires et ont souvent la nation en exécration.
C'est un rêve, c'est un souhait. C'est peut-être maintenant ou jamais.
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