"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 2 novembre 2012

Cachez cette une que je ne saurais voir


Dans mon dernier billet j'évoquais la couverture du magazine Le Point composée d'une photo montrant une femme dont on ne voit que les yeux, bleus d'ailleurs, avec comme titre "Cet islam sans gêne" avec en titre secondaire "hôpitaux, cantines, piscines, jupe, programmes scolaires…". Et donc je disais que cette couverture avait réveillé quelques indignés prompts à sortir du bois dès que l'on ne parle pas de l'islam en termes élogieux, dès que quelqu'un se met à enquêter sur la place de l'islam en France. Il est vrai que les couvertures s'inquiétant de revendications de catholiques voulant vivre leur foi de façon ostensible dans l'espace publique ne sont pas légion et qu'on pourrait voir dans cette disproportion une certaine iniquité propre à mettre en évidence un sentiment d'islamophobie de la part de ceux qui en sont à l'origine.
On pourrait certes s'arrêter là si les faits, hélas, ne donnaient pas davantage l'occasion de parler de l'islam et des sentiments que cette religion peut inspirer en réaction aux attitudes de certains, ce qu'exprime le titre secondaire de la couverture du Point. Qui en parlant de CET islam, évidemment ne met pas en cause l'islam en général. Ce que certains ne semblent pas avoir compris, à moins qu'ils n'adhèrent tout simplement aux revendications religieuses exprimées par les tenants de CET islam-là. Et donc qui s'indignent

Nous avons un beau spécimen de ces indignés en la personne de Pascal Boniface et d'un certain Médine qui s'expriment dans le plus du Nouvel Obs. On connait Boniface dont l'islamophilie et le soutien à la cause palestinienne ne sont plus à démontrer. Quant à Médine, je dois avouer que je ne connais pas cet individu. Sans doute parce que c'est un rapeur et que j'ai un peu de mal avec cette expression que certains diront artistique. Tous les goûts sont dans la nature. Un coup d'œil sur sa fiche wikipédia n'en dit guère plus. Juste une info a retenu mon intention : dans une de ces…, zut, je ne sais pas si on doit dire chanson, enfin dans une de ses productions il dénonce le massacre du 17 octobre. Ce qui suffit à me le rendre définitivement antipathique.
Donc nos deux compères, représentant sans doute une allégorie du couple modèle du futur, se sont insurgés contre cette couverture du Point, ce qui leur a permis en même temps d'éreinter Charlie Hebdo et l'Express pour le même motif : oser parler de CET islam (ou le dessiner) qui est susceptible d'inquiéter les Français.

Une première lecture du texte en question m' a fait me demander si il suffisait d'être un "intellectuel" reconnu (de gauche évidemment) pour avoir le droit de faire publier un papier aussi insipide dont la hauteur de l'argumentation laisse entrevoir la possibilité de trouver bientôt du gaz de schiste. Si j'étais comme eux je pourrais d'ailleurs arrêter mon billet ici pour sans doute la plus grande satisfaction de ceux qui osent encore parfois s'aventurer par ici. Mais comme moi je ne suis pas un intellectuel, je vais donc aller un peu plus loin et reprendre quelques-uns des poncifs qu'ils nous ont servi pour dénoncer les trois publications qui ont osé.

Ça commence par l'incrédulité. Quoi Le Point, journal réputé sérieux! Lui aussi comme Charlie et l'Express ose cette une que même les musulmans pourront voir avec ce titre racoleur. A noter que le CET islam se transforme chez eux en l'islam, ce qui effectivement change le sens. Mais mettons cela sous le coup de l'émotion qui les a empêchés de différentier un article défini d'un pronom démonstratif.
Cet une, selon eux va faire penser aux musulmans qu'on ne les aime pas et aux Français qu'ils sont menacés. Car ce sont les titres des journaux qui rapportent des faits ou qui enquêtent (à noter que dans ce numéro du Point, même Tarik Ramadan a la parole) qui induisent ce genre de perceptions. Pas les faits bien sûr. En fait non, c'est vrai, pas les faits tant qu'on les passe sous silence, ce qu'aimeraient sans doute nos deux compères.

Car voyez-vous, ce genre d'enquête indiqué par une couverture racoleuse est une catastrophe. Pour quoi? Pour qui? Eh bien pour le vibre ensemble qui régresse et pour les musulmans qui seront davantage stigmatisés.
Vivre ensemble et stigmatisation. Les mots qui font sens sont lâchés. Ne manque plus que diversité. Le vouloir vivre ensemble régresserait donc. Comme s'il existait ce vouloir vivre ensemble. Peut-être que Boniface et Médine veulent vivre ensemble, mais force est de constater que depuis quelques dizaines d'années, les gens préfèrent se séparer. Une lecture du livre de Christophe Guilluy (Fractures françaises) ne ferait pas de mal à nos deux amoureux du vivre ensemble. Ils y apprendraient que c'est une utopie. Surtout depuis que l'assimilation est devenue un crime (contre l'humanité selon les très démocrate et progressiste Erdogan). Et même des unes proclamant la merveilleuse bonté de l'islam ne changeraient rien, absolument rien.
Quant à la stigmatisation, on en parle beaucoup, mais encore faudrait-il qu'elle soit étayée par des faits. Si par exemple il s'agit d'accès à l'emploi, on pourra peut-être s'interroger sur l'adéquation entre niveaux de compétence et nature des emplois offerts dans les grandes villes ou autour là où se concentrent certaines populations. Par choix. Par esprit grégaire. Car le refus de vivre ensemble a au moins cette caractéristique d'être réciproque.

Et donc, c'est là que l'on voit le cynisme de ces publications, elles ont trouvé le bon filon économique. Dans un premier temps elles font s'éloigner les gens attisant les sentiments de rejet et d'incompréhension, dans un second elles regrettent le fossé qui se creuse, et dans tous les cas, dès que les musulmans sont montrés du doigt c'est le jackpot pour elles. Car ce sont les bas-instincts du public qui sont visés par ce type de publication. Et moi qui croyais que plus personne ne lisait la presse et que de ce fait elle n'avait plus guère d'influence. On m'aurait trompé!
Vous remarquerez évidemment en filigrane le mépris affiche pour le public, donc le populo, qui vit non pas en être de raison, mais guidé par ses instincts. On peut être de gauche et penser des choses pareilles, et sans doute ce qu'il serait bon de donner en pâture à cette bande de péquenots qui ne voient sans doute pas ce qu'ils pensent voir, et qui sont incapables d'avoir une quelconque distance avec les unes du Point, de l'Express ou de Charlie-Hebdo.

D'ailleurs pour nous prouver à quel point les 3 publications visées sont suspectes de vouloir creuser un fossé entre l'islam et les Français, nos deux compères n'hésitent pas à prétendre que Boniface a contacté l'une des trois rédactions au sujet d'une convention dans une cité et qui fut un grand succès. Comme on ne sait pas laquelle des trois, aucune ne pourra au moins nier la chose, pouvant penser que c'est une des deux autres qui était concernée. Ficelle un peu grosse ou simple maladresse?
Et puis aussi aucun de ces trois journaux ne s'est intéressé au travail de sensibilisation (à quoi, on ne sait pas) et de pédagogie mené par Médine au Havre. Surement quelque chose d'intéressant au demeurant mais dont on ignore la portée après lecture.
Ceci est définitivement la preuve que pour ces journaux l'information est secondaire et passe loin derrière les intérêts économiques qui les amènent à une politique ouverte de racolage. CQFD.

 
Je ne pense pas avoir trahi ou déformé la teneur du texte de Boniface et Médine, ce qui est aisément vérifiable. Mais après avoir lu ce texte, je dois dire que j'ai quand même été surpris par la faiblesse de l'argumentation qui se résume en gros à "on ne doit pas dire du mal de l'islam parce que ça divise ", et c'est juste une histoire de fric ce genre de publication.
J'aurais préféré que nos deux penseurs s'attaquent au fond et nous prouvent que jamais il n'y a de problèmes dans les hôpitaux notamment dans les services d'obstétrie, que jamais il n'y a eu de revendications pour que les enfants de confession musulmane puissent manger hallal, que dans aucune piscine de France il n'y a d'horaires spéciaux pour les femmes, que toutes les femmes musulmanes peuvent se promener en mini-jupe dans toutes les cités, que si Charles Martel et Clovis ont été virés des programmes d'histoire, c'est un pur hasard, etc… S'il n'y a rien à dire sur tous ces sujets, s'il n'y a aucun problème, on comprendra que le Point ou l'Express ou Charlie-Hebdo commettent des fautes professionnelles. Dans le cas contraire on pourra admettre que le débat est souhaitable.
Boniface et son compère Médine préfèrent casser les thermomètres.

2 commentaires:

  1. il faudrait que je lise cet article dans le Point, mais les carottes sont cuites Expat
    des princesses de l'islam opulent viennent se faire soigner dans les hôpitaux parisiens, du cash pour les trésoreries si vous voyez ce que je veux dire et tous les égards d'intimité sont respectés si elles le demandent
    nous ne pourrons longtemps tenir en acceptant les us coutumes ,préceptes revendiqués pour les uns et en s'agaçant des mêmes items pour les autres

    c'est cela qu'occultent les Boniface and co, ils continuent à battre pavé dans l'islamophobie à la petite semaine en entretenant le système, jamais ils ne montent au créneaux pour dire aux puissants dirigeants, basta, mettez de l'ordre, chacun voit midi à sa porte

    et les journalistes font ce qu'ils peuvent aussi, souvent ce qu'ils veulent et mettent le feu aussi

    et le marchand de chocolatines vous verrez sera à la tête d'une nouvelle génération d'ensuqués qui ne voient rien venir

    ce soir j'ai le cafard et quand j'ai le cafard je pense à ces quelques mots
    "pour la première fois l'aigle baissait la tête et regardait derrière lui Moscou fumant"

    bon quand on se prend pour Napoléon il faut dormir


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  2. Vous avez peut-être raison. Quand on voit les relations avec la Qatar prêt à subventionner nos banlieues, il y a de quoi effectivement s'inquiéter. C'est la damnation de Faust qui nous guette.
    De fait je n'espère rien venant d'en haut capable de défendre nos valeurs et d'éviter de faire sombrer nos enfants en obscurantisme. La base, par contre, s'énerve. Et ça finira mal
    Put-être qu'ils commencent à comprendre que les vraies victimes ce sera eux. Les gens d'en haut, islam(isés)ou pas vivront comme avant sacrifiant juste aux apparences. (J'ai coaché un jour des généraux saoudiens, forcément princes. Instructif). La fracture passe aussi par là, cette différence de traitement, comme vous l'indiquez.

    En attendant gros mou a envoyé un message de félicitations à Bouteflika. Ou quand l'adressé félicite l'agresseur. La citation sur Napoléon sied.

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