"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 21 décembre 2013

Europe-Centrafrique, Rafale, autant de mauvaises nouvelles pour l'armée



Cette semaine aura été marquée pour l'armée par deux mauvaises nouvelles : l'échec de Hollande à "européaniser" l'intervention en Centrafrique et le choix des Brésiliens de choisir un avion suédois plutôt que le Rafale qui reste à ce jour invendu à l'exportation.

Il y a quelques jours Fabius annonçais triomphalement devant l'Assemblée Nationale que des pays européens allaient nous rejoindre sur le théâtre centrafricain . Mais sans apporter de précisions. Celles-ci ne justifiaient pas en effet une attitude triomphale. Car dans les faits, c'est un avion mis à disposition par l'un, la possibilité du déploiement d'une antenne médicale par un autre. Sans vouloir négliger ces apports, force est de constater qu'ils demeureront minimes par rapport à l'effort fourni par la France.
Pourtant on pouvait penser qu'on allait voir ce qu'on allait voir. Notre glorieux chef des armées et incidemment porté sur leur utilisation tandis que dans le même temps il leur impose une nouvelle cure d'amaigrissement (et à ce stade pour encore perdre du poids ce sont des os qu'il faut retirer de la carcasse – et c'est ce qui se passe), donc notre mal-aimé président allait profiter de la réunion des chefs d'Etat des 28 pays membres de l'UE à Bruxelles pour, s'aidant de son charisme, imposer à l'Europe de prendre toute sa place dans cette opération. Eh bien figurez-vous qu'il fut soutenu… moralement.
De fait personne n'a vraiment l'intention à ce stade de contribuer, sinon à dose homéopathique, et en tout cas pas pour financer cette opération. Et donc selon une habitude polie de renvoyer les importuns à leurs doux rêves sans trop les froisser, car chez ces gens on est correct, on a demandé à Madame, pardon, Lady Ashton, de préparer un rapport avec tous les scénarios possibles de manière à étudier tout cela calmement, en janvier, lorsque les dernières traces des agapes des fêtes de fin d'année auront disparu. L'efficacité de Lady Ashton, qui lui vaudra de conserver son poste encore longtemps certainement puisqu'elle ne dérange personne, laisse évidemment présager du meilleur…pour ceux qui  n'ont aucune intention  de mettre la main à la poche.
Toujours est-il que dans l'immédiat ce sera rien et que même pour l'avenir il ne faut compter, Angela l'a dit donc…, sur aucune rétroactivité. La France paiera. Elle paiera parce que son intervention n'entre dans aucun cadre, il en existe (Athéna) où l'Union Européenne pourrait participer au moins dans le domaine de la logistique qui, au passage, n'est pas le moins coûteux. En fait il aurait fallu que l'intervention soit approuvée par les 28 avant qu'elle commence.

Pas possible, me direz-vous, parce qu'il y avait urgence. Pas d'accord. Car, c'est mon avis, et qui repose sur une expérience du passé concernant nos intervention en Afrique, et notamment dans le pays concerné, ce n'est pas maintenant qu'il fallait y aller, mais en début d'année, au moment ou les séléka progressaient vers Bangui. C'est comme ça qu'on faisait avant quand on assumait la Françafrique. On ne laissait pas un gouvernement tomber s'il nous agréait ou si ceux qui voulaient le remplacer ne nous agréaient pas. Une intervention quelques mois plus tôt nous aurait évité de nous engager dans un bourbier. Par ailleurs puisque le prétexte officiel est humanitaire dès cette époque on connaissait le comportement des milices musulmanes, pouvait-il y en avoir un autre, vis-à-vis des populations ennemies parce que pas de la même religion. Mais admettons comme hypothèse, mais elle ne tient guère puisque nous y sommes encore et en volume, que l'opération qui venait de débuter au Mali nous en empêchait. Les quelques mois qui nous séparent de la date de l'opération souhaitable de celle de l'opération réelle auraient alors pu être mis à profit justement pour gagner l'Europe à cette cause que nous voulions défendre. Et là on aurait pu peut-être avoir une opération européenne. A défaut, on aurait pu glaner quelques alliés potentiels capables de nous offrir un soutien autre que moral et qui nous auraient accompagnés. Or, semble-t-il rien n'a été fait ou si quelque chose a été fait ça n'a pas porté ses fruits. Et dans ce cas on se demande pourquoi maintenant les choses changeraient.
Néanmoins et à la décharge de notre bon seigneur qui nous gouverne si mal, cet épisode sans doute sans suite nous montre ce que nous savions, à savoir la nanisme politique de l'Europe. Il  venait d'ailleurs selon une démarche assez stupéfiante. Il voulait relancer l'Europe de la défense en demandant des sous. Personne ne lui a donc jamais soufflé qu'une défense n'est qu'un instrument, pas un but en soi. L'instrument d'une politique étrangère, d'une diplomatie. Penser à une défense commune avant ça, relève de la même logique qu'un euro sans politiques économique, budgétaires, fiscales communes. Donc un bide assuré. Mais passons ce n'est pas le sujet. Comprenons juste que nous devrons si nous voulons continuer à intervenir continuer à jouer les mendiants, faute d'avoir décidé, et ça c'est politique, de nous en donner les moyens.


La vente du Rafale maintenant.
La loi de programmation militaire, en plus d'assumer une baisse des budgets, une baisse des effectifs, une baisse des commandes en matériels majeurs est gagée sur des ressources dont une partie est virtuelle. Vente du patrimoine par exemple, et aussi vente du Rafale. Le Rafale a 13 ans maintenant et en est à son huitième échec consécutif en termes de ventes à l'étranger.  Je ne vais pas m'étendre sur les raisons qui ne sont pas dues aux qualités de l'avion qui est un des meilleurs sur le marché et peut-être le meilleur, mais aussi le plus cher. Entre les possibilités budgétaires des acheteurs potentiels, la concurrence, des capacités dépassant les besoins de certaines armées et sans doute d'autres causes, les raisons de cet échec commercial sont multiples.
Reste néanmoins que si on ne vend pas cet avion au moins en quantité suffisante et selon des conditions acceptables, les ressources consacrées à la défense seront insuffisantes pour assurer le déroulement d'une loi de programmation par ailleurs déjà problématique. La démarche de Hollande hier et aujourd'hui à Bruxelles montre déjà nos difficultés à honorer deux théâtres d'opération, mais dans 5 ans, à l'issue de la LPM, et selon les experts ce ne sera même plus envisageable. Ce que Hollande fait actuellement il ne pourrait plus le faire dans 5 ans. C'est vrai que ce n'est pas trop son problème puisqu'à cette époque il pantouflera au conseil constitutionnel. Mais c'est quand même quelque part assez malhonnête. Car il laissera derrière lui des capacités inférieures à celles qu'il a trouvées et ceci par son unique volonté. Ceci n'est pas une excuse mais en cela il est fidèle à la démarche engagée par au moins de ses 3 prédécesseurs.

Cette semaine aura donc été une mauvaise semaine pour l'armée française victime d'un acharnement à faire d'elle une variable d'ajustement depuis une bonne vingtaine d'années. On retiendra par exemple qu'elle assurera à elle seule plus de 60% des suppressions d'effectifs dans la fonction publique en 2014. Mais il n faudrait pas que ce soit son seul titre de gloire.

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