Cette
semaine aura été marquée pour l'armée par deux mauvaises nouvelles :
l'échec de Hollande à "européaniser" l'intervention en Centrafrique et
le choix des Brésiliens de choisir un avion suédois plutôt que le Rafale
qui reste à ce jour invendu à l'exportation.
Il y a
quelques jours Fabius annonçais triomphalement devant l'Assemblée
Nationale que des pays européens allaient nous rejoindre sur le théâtre
centrafricain . Mais sans apporter de précisions. Celles-ci ne
justifiaient pas en effet une attitude triomphale. Car dans les faits,
c'est un avion mis à disposition par l'un, la possibilité du déploiement
d'une antenne médicale par un autre. Sans vouloir négliger ces apports,
force est de constater qu'ils demeureront minimes par rapport à
l'effort fourni par la France.
Pourtant
on pouvait penser qu'on allait voir ce qu'on allait voir. Notre
glorieux chef des armées et incidemment porté sur leur utilisation
tandis que dans le même temps il leur impose une nouvelle cure
d'amaigrissement (et à ce stade pour encore perdre du poids ce sont des
os qu'il faut retirer de la carcasse – et c'est ce qui se passe), donc
notre mal-aimé président allait profiter de la réunion des chefs d'Etat
des 28 pays membres de l'UE à Bruxelles pour, s'aidant de son charisme,
imposer à l'Europe de prendre toute sa place dans cette opération. Eh
bien figurez-vous qu'il fut soutenu… moralement.
De fait
personne n'a vraiment l'intention à ce stade de contribuer, sinon à
dose homéopathique, et en tout cas pas pour financer cette opération. Et
donc selon une habitude polie de renvoyer les importuns à leurs doux
rêves sans trop les froisser, car chez ces gens on est correct, on a
demandé à Madame, pardon, Lady Ashton, de préparer un rapport avec tous
les scénarios possibles de manière à étudier tout cela calmement, en
janvier, lorsque les dernières traces des agapes des fêtes de fin
d'année auront disparu. L'efficacité de Lady Ashton, qui lui vaudra de
conserver son poste encore longtemps certainement puisqu'elle ne dérange
personne, laisse évidemment présager du meilleur…pour ceux qui n'ont
aucune intention de mettre la main à la poche.
Toujours
est-il que dans l'immédiat ce sera rien et que même pour l'avenir il ne
faut compter, Angela l'a dit donc…, sur aucune rétroactivité. La France
paiera. Elle paiera parce que son intervention n'entre dans aucun
cadre, il en existe (Athéna) où l'Union Européenne pourrait participer
au moins dans le domaine de la logistique qui, au passage, n'est pas le
moins coûteux. En fait il aurait fallu que l'intervention soit approuvée
par les 28 avant qu'elle commence.
Pas
possible, me direz-vous, parce qu'il y avait urgence. Pas d'accord. Car,
c'est mon avis, et qui repose sur une expérience du passé concernant
nos intervention en Afrique, et notamment dans le pays concerné, ce
n'est pas maintenant qu'il fallait y aller, mais en début d'année, au
moment ou les séléka progressaient vers Bangui. C'est comme ça qu'on
faisait avant quand on assumait la Françafrique. On ne laissait pas un
gouvernement tomber s'il nous agréait ou si ceux qui voulaient le
remplacer ne nous agréaient pas. Une intervention quelques mois plus tôt
nous aurait évité de nous engager dans un bourbier. Par ailleurs
puisque le prétexte officiel est humanitaire dès cette époque on
connaissait le comportement des milices musulmanes, pouvait-il y en
avoir un autre, vis-à-vis des populations ennemies parce que pas de la
même religion. Mais admettons comme hypothèse, mais elle ne tient guère
puisque nous y sommes encore et en volume, que l'opération qui venait de
débuter au Mali nous en empêchait. Les quelques mois qui nous séparent
de la date de l'opération souhaitable de celle de l'opération réelle
auraient alors pu être mis à profit justement pour gagner l'Europe à
cette cause que nous voulions défendre. Et là on aurait pu peut-être
avoir une opération européenne. A défaut, on aurait pu glaner quelques
alliés potentiels capables de nous offrir un soutien autre que moral et
qui nous auraient accompagnés. Or, semble-t-il rien n'a été fait ou si
quelque chose a été fait ça n'a pas porté ses fruits. Et dans ce cas on
se demande pourquoi maintenant les choses changeraient.
Néanmoins
et à la décharge de notre bon seigneur qui nous gouverne si mal, cet
épisode sans doute sans suite nous montre ce que nous savions, à savoir
la nanisme politique de l'Europe. Il venait d'ailleurs selon une
démarche assez stupéfiante. Il voulait relancer l'Europe de la défense
en demandant des sous. Personne ne lui a donc jamais soufflé qu'une
défense n'est qu'un instrument, pas un but en soi. L'instrument d'une
politique étrangère, d'une diplomatie. Penser à une défense commune
avant ça, relève de la même logique qu'un euro sans politiques
économique, budgétaires, fiscales communes. Donc un bide assuré. Mais
passons ce n'est pas le sujet. Comprenons juste que nous devrons si nous
voulons continuer à intervenir continuer à jouer les mendiants, faute
d'avoir décidé, et ça c'est politique, de nous en donner les moyens.
La vente du Rafale maintenant.
La loi
de programmation militaire, en plus d'assumer une baisse des budgets,
une baisse des effectifs, une baisse des commandes en matériels majeurs
est gagée sur des ressources dont une partie est virtuelle. Vente du
patrimoine par exemple, et aussi vente du Rafale. Le Rafale a 13 ans
maintenant et en est à son huitième échec consécutif en termes de ventes
à l'étranger. Je ne vais pas m'étendre sur les raisons qui ne sont pas
dues aux qualités de l'avion qui est un des meilleurs sur le marché et
peut-être le meilleur, mais aussi le plus cher. Entre les possibilités
budgétaires des acheteurs potentiels, la concurrence, des capacités
dépassant les besoins de certaines armées et sans doute d'autres causes,
les raisons de cet échec commercial sont multiples.
Reste
néanmoins que si on ne vend pas cet avion au moins en quantité
suffisante et selon des conditions acceptables, les ressources
consacrées à la défense seront insuffisantes pour assurer le déroulement
d'une loi de programmation par ailleurs déjà problématique. La démarche
de Hollande hier et aujourd'hui à Bruxelles montre déjà nos difficultés
à honorer deux théâtres d'opération, mais dans 5 ans, à l'issue de la
LPM, et selon les experts ce ne sera même plus envisageable. Ce que
Hollande fait actuellement il ne pourrait plus le faire dans 5 ans.
C'est vrai que ce n'est pas trop son problème puisqu'à cette époque il
pantouflera au conseil constitutionnel. Mais c'est quand même quelque
part assez malhonnête. Car il laissera derrière lui des capacités
inférieures à celles qu'il a trouvées et ceci par son unique volonté.
Ceci n'est pas une excuse mais en cela il est fidèle à la démarche
engagée par au moins de ses 3 prédécesseurs.
Cette
semaine aura donc été une mauvaise semaine pour l'armée française
victime d'un acharnement à faire d'elle une variable d'ajustement depuis
une bonne vingtaine d'années. On retiendra par exemple qu'elle assurera
à elle seule plus de 60% des suppressions d'effectifs dans la fonction
publique en 2014. Mais il n faudrait pas que ce soit son seul titre de
gloire.
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