Bien! Nous en étions restés au jeudi, 3ème jour, avec le premier conseil des ministres.
Passons donc à ce grand week-end qui aura eu le mérite de mettre notre président tout frais encore, dans l'ambiance internationale. Puisqu'il parait qu'il s'agit là du domaine réservé du président de la République, bien que rien ne le précise dans la Constitution, ces différents sommets, du G8 et de l'OTAN, tombaient à pic, d'autant plus que Hollande avait des choses à dire.
Tout commença par une visite à celui dont il est toujours bien d'être le copain, Sarkozy nous l'avait montré, je veux parler de Barack Obama. J'aurais pu dire le président des Etats-Unis puisque c'est avec l'homme es fonction qu'il est préférable d'avoir de bons rapports, mais avec Obama on a atteint une autre dimension, sans doute due à cette touche d'exotisme qui le caractérise, et qui confine à la pipeulisation. Les retours de manivelle risquent d'être durs si, comme le pense et l'espère mon ami Osceola, les élections de novembre renvoient notre prix Nobel à Chicago.
La visite fut, d'après ce qu'on en sait longue et chaleureuse et montra des points d'accord entre les deux hommes. Mais aussi de désaccord, mais de ça on parla moins. De fait cette visite aurait pu épargner la suite des opérations puisque le G8 et le sommet de l'Otan qui suivirent n'apportèrent aucun autre élément.
Hollande pouvait être content de sa première entrevue avec Obama. Il avait convaincu ce dernier de ses thèses sur la croissance. C'est du moins ce qu'on voudrait nous vendre. Sauf qu'en l'occurrence, les intérêts personnels du président, mais néanmoins candidat à sa succession, Obama coïncident avec les vues de Hollande qui ne jure que par la croissance. Toute bouffée d'oxygène est bonne à prendre pour le président des Etats-Unis dont on connait justement l'échec de sa politique de croissance qui n'a abouti guère davantage qu'à faire exploser la dette américaine. Il semble pourtant rester une référence puisque notre président se targue de son soutien. Allez comprendre!
Le point de friction c'était le retrait anticipé des forces françaises d'Afghanistan. Mais là des points d'accord purent être trouvés qui nous coûteront sans doute cher pour honorer une promesse électorale qui n'était finalement qu'une surenchère par rapport à celle de Sarkozy de quitter ce pays à la fin 2013. Si ce dernier avait dit fin 2012, nos soldats auraient pu défiler sur les Champs-Elysées, à condition cette cérémonie soit maintenue, dès le 14 juillet. Enfin en théorie, puisque derrière une annonce de retrait des forces combattantes, on verra vite une demi-mesure qui ressemblera davantage à un symbole, coûteux certes, qu'à une promesse honorée.
Donc après cette entrevue si riche se déroula le G8. Je passe sur les impairs vestimentaires de notre président qui a sans doute mal choisi son responsable du protocole, à moins que ce soit Fabius qui l'ait choisi pour lui en tant que ministre des affaires étrangères et vieil ennemi, et qui lui ont donné, du moins c'est ce que j'ai vu sur les photos, l'allure rafraichissante d'un pingouin. Mais l'important n'est pas là, évidemment. L'important c'est qu'on ait parlé de croissance. Bon on ne sait pas ce qu'on en a dit, et surtout on ne sait pas, mais si on le sait, s'il existe des divergences sur les moyens et les conditions préalables pour atteindre cette croissance dont je pense que personne n'est l'ennemi, et même pas Merkel dont chaque jour qui passe on charge la barque des pires turpitudes et même incompétences même si par ailleurs l'Allemagne ces jours-ci parvient à emprunter à quasiment 0%. Quoiqu'il en soit, et les photos de famille en témoignent, le G8 n'est sans doute pas le lieu où on doit de fâcher et parler sérieusement des sujets qui dérangent. Du coup, Poutine, fraichement réélu, n'a même pas cru bon devoir se déplacer, préférant sans doute une partie de chasse à cette réunion.
Mais le mot croissance a été prononcé au moins 12 fois et c'est bien là l'essentiel.
Vint ensuite le sommet de l'OTAN, annoncé comme crucial. Notre président annonça évidemment que la France souveraine quitterait l'Afghanistan selon des modalités quelque peu différentes de ses promesses de campagne. Mais réalités obligent. Il ne fut pas insulté. Le secrétaire général de l'OTAN lui fit même part de sa compréhension lui signifiant donc que la notion de continuité de l'Etat était devenue caduque et que les engagements internationaux pouvaient être rompus à la faveur d'une élection. En fait il n'était pas question de se fâcher publiquement lors de ce sommet, l'OTAN traversant une mauvaise passe notamment financière puisqu'en 10 ans les Européens sont passés d'un financement à hauteur de la moitié du budget global de l'alliance à un financement inférieur à un tiers de celui-ci. Finalement quelques compensations financières de la part de la France sont assez bienvenues en cette période de vaches maigres d'autant plus que le retrait de peut-être 2000 hommes, en tout cas pas 3500 comme prévu, avant la fin 2012, ne constitue pas un véritable problème. Et puis ça a permis de faire accepter comme une lettre à la poste la participation de la France au bouclier antimissiles vis-à-vis duquel Hollande, avant d'être président, émettait de fortes réserves.
J'ai déjà eu l'occasion récemment de dire ce que je pensais de la chose. Il est facile de dire que "La France n'est pas n'importe quel pays" (si, si, c'est lui qui l'a dit!) tout en se comportant de la manière la plus désinvolte, tout en affaiblissant le crédit de ce pays qui n'est pas n'importe quel pays.
Et nous voilà déjà mercredi. Avec comme point fort un départ pour Bruxelles après une conférence de presse conjointe avec Rajoy, premier ministre espagnol dont on se souviendra l'air ahuri de celui qui se demandait "mais qui est donc ce Montebourg dont il me parle" quand notre délicat président se servit de lui pour éluder un sujet délicat qu'il avait pourtant demandé qu'on n'hésite pas à lui rappeler si on estimait que sa promesse de ne pas s'entourer de gens condamnés n'était pas tenue. Là encore il n'est pas question pour moi de remettre en cause la légitimité de la présence de Montebourg dans le gouvernement mais de rappeler l'imbécillité de la promesse faite.
Je ne reviendrai pas sur les modes de déplacement présidentiels qui relèvent du gadget d'autant plus coûteux que nos présidents disposent d'une sécurité assez incroyable, en tout cas très largement disproportionnée avec celle de nos voisins. Sans vouloir médire, et d'après ce que je sais, c'est Mitterrand qui inaugura ce phénomène que ne renièrent pas ses successeurs.
Ce diner proposé par notre chef à tous, le président de l'Europe ou presque, Herman van Rompuy, permit une nouvelle fois à notre président, rien qu'à nous celui-là, de rencontrer la chancelière allemande à laquelle parait-il, il fit grise mine. Fin du couple franco allemand? Ce serait dommage. Ou simplement posture préélectorale pour un président en quête d'une majorité qu'il souhaiterait confortable, ce que n'augurent pas les sondages qui néanmoins se trompent souvent? En tout cas les choses ne sont pas simples entre un président qui ne jure que par les eurobonds, donc la mutualisation de la dette européenne, et une chancelière qui ne veut pas en entendre parler, respectant au passage la volonté de son peuple qui lui reproche déjà d'avoir été trop généreuse avec son argent. Ce qui au passage signifie que le SPD, dont beaucoup attendent la victoire, ne risque pas s'il arrive aux affaires en 2013 d'inverser la vapeur. Et puis d'ailleurs, malgré des échecs aux élections locales Merkel reste favorite pour l'échéance 2013. Tout au plus les Allemands lui demandent-ils de cesser de se serrer la ceinture ainsi qu'ils le font depuis plus de 10 ans, avec les résultats que l'on connait, mais surtout pas, en aucun cas, de renflouer les dettes des pays affectueusement nommés du Club Med. Il n'y aura donc pas d'eurobonds. Et je ne vois pas l'utilité de s'arcbouter sur ce sujet à moins de vouloir faire porter à la chancelière allemande le poids de la responsabilité d'une possible et même probable catastrophe.
L'Allemagne parlera de croissance, d'euro projects bonds, et acceptera même des transferts de souveraineté sous certaines conditions bien définies par la cour constitutionnelle de Karlsruhe et qui consistent en une plus grande démocratisation des institutions européennes. L'Allemagne est prête à beaucoup de choses pour l'Europe, mais pas à en être l'éternel débiteur. Il faudrait ajouter pour être complet, et ça on omet souvent de nous le dire, que la position de Merkel est partagée par d'autres pays européens, notamment les Pays-Bas, la Finlande, la Suède et plus généralement les pays du nord. Tandis que les pays du sud dans lesquels on inclura désormais la France verraient évidemment d'un très bon œil l'Europe, donc l'Allemagne, se porter garante de leurs dettes. Ce n'est donc pas l'Europe, représentée par Hollande, contre Merkel, c'est le nord contre le sud. Et donc malgré un affaiblissement relatif de la chancelière allemande qui ne dispose plus du soutien de Sarkozy, on voit qui est le mieux armé pour l'emporter.
En tout cas l'idée de renégocier le traité en cours de ratification a été purement abandonnée par Hollande, contrairement à ses premières promesses de campagne à ce sujet et dont on avait déjà remarqué qu'elles s'étiolaient à mesure que l'échéance approchait. Certes le prochain conseil européen accouchera bien d'un texte sur la croissance, mais reprenant essentiellement les propositions de la commission imaginées évidemment avant l'arrivée de Hollande aux affaires mais qu'il soutiendra, et rappelant que la croissance reste subordonnée à la maitrise des déficits. On pourra évidemment en oubliant de préciser certaines choses présenter ça comme une victoire de notre président.
Pour en terminer avec ces 10 premiers jours de mandat, et ce sera bref car l'essentiel à ce sujet a déjà été évoqué, on ne peut pas ne pas parler de la visite surprise en Afghanistan. Fort heureusement le déplacement ne se fit ni en train, ni en ULM, par soucis d'économie. Le président rencontra nos soldats sur le terrain, ça on ne peut que le mettre à son crédit, pour leur expliquer les raisons de leur prochain (?) retour en France. Un risque terroriste atténué ne justifierait plus notre présence et le temps serait venu de passer la main aux Afghans qui il y a peu encore disaient être en mesure de prendre les rênes en Kapisa mi 2013. Il annonça également que le retrait serait ordonné, ce qui est quand même une grande nouvelle. Imaginez qu'il l'ait prévu bordélique! Au moins là, on est rassuré, surtout ceux qui sont concernés par ce retrait qu'ils doivent d'ailleurs regretter, à ce que j'ai pu lire, du fait de la perte de leur solde OPEX. Car il est vrai que le métier des armes est essentiellement choisi par ceux qui l'exercent par ses énormes potentialités d'enrichissement personnel. Si, si!
Voilà donc le bilan de 10 jours d'exercice du pouvoir par notre nouveau président. Il aura certainement parcouru davantage de distance pendant ces quelques jours que dans toute sa vie précédente et se sera montré. Du moins ceux qui pratiquent les médias français n'auront-t-ils pu ne pas le voir. Maintenant chacun pourra mesurer à l'aune de son objectivité ou de ses convictions le poids réel de ce qu'il a accompli pendant ce temps.
Je vous livre ici mes sources :
ce périple en accéléré qui démarre au soir même de son investiture me semble minutieusement préparé et depuis fort longtemps
RépondreSupprimerqui a véritablement le pouvoir? peut être les séniors à l'arrière
Cher Expat
RépondreSupprimerPas en le temps de répondre à votre long et intéressant commentaire mais je le ferai en le rappelant. Pas terrible en revanche le Tanguy P de RTL (je préfère Guillon) ; ne loupez pas dans Marianne l'article sur "de Gaulle et l'armée" que je puis vous copier si vous ne le trouvez pas.
Cher Usbek,
RépondreSupprimeraprès recherches sur le site de Marianne je n'ai trouvé qu'un petit article sur de Gaulle et l'armée sur le blog de Merchet, essentiellement destiné à annoncer un documentaire devant passer aujourd'hui à la télévision. Mais le petit résumé exprime très bien l’ambiguïté des relations qui ont pu exister entre les deux et qui se sont prolongées bien des années après la disparition du grand homme.
S'il s'agit d'autre chose,j'accepterai volontiers, si cela ne vous dérange pas, une copie de l'article.
Pastureau, c'est pas méchant par rapport à Guillon que je voyais davantage comme un éditorialiste camouflant ses aigreurs derrière un humour qu'on devait supposer exister puisque les propos étaient tenus par un humoriste. Je parle au passé parce que ça fait très longtemps que je ne l'écoute plus et l’hypothèse est forte que désormais que Sarkozy et la droite sont hors jeu pour longtemps, il se retrouve rapidement au pôle emploi, faute d'inspiration.
Pastureau, c'est effectivement léger et sans prétention.Il n'a pas de message à faire passer, à la différence de Guillon. Mais il a cet avantage de n'épargner personne. Mais là comme l'actualité se concentre sur le même personnage depuis quelques temps, il est logique qu'il soit la cible des humoristes. D'ailleurs il va falloir que j’aille voir comment les Guignols que je n'ai pas regardés depuis longtemps se comportent avec celui dont ils ne ménageaient guère l'image dans le passé. Je me souviens de sa première représentation qui était un flan renversé affublé de lunettes. Peut-être ont-ils d'ailleurs contribué à sa réputation.
Cher Expat,
RépondreSupprimerC'est bien ce dont je parlais ; utile pour ceux qui voient en De Gaulle un "mili fana"