"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 29 mai 2012

Bien-pensance contre pensée nauséabonde


Il y a peu j'écoutais Laurent Joffrin face à Elisabeth Lévy interrogés par Alain Finkielkraut, alors qu'on lui faisait remarquer que l'argumentation mensongère et outrancière pouvait faire partie des armes de ceux qui défendent becs et ongles les minorités, de ceux qui, pour résumer, se targuent de penser bien, répondre qu'après avoir été autant opprimées on pouvait bien leur pardonner ces excès et que ceux de l'antiracisme, par exemple, étaient inoffensifs par rapport à ceux du racisme. C'était bien ce dernier qu'il fallait combattre, et non son contraire quels que fussent ses excès. On peut déjà trouver choquant ce genre de propos de la part d'un journaliste dont le métier, la mission même, est tout de même, mais peut-être me trompai-je, la promotion de la vérité quelle qu'en soit ensuite l'utilisation faite à des fins idéologiques (après tout chacun peut faire le tri à partir du moment où les faits qui servent de soutien à une thèse sont avérés), mais surtout on peut ne pas être d'accord. Car si les lois protègent du racisme qui constitue tout de même un délit, elles ne protègent pas des anathèmes lancés à la tête de leurs boucs émissaires préférés par les associations diverses, ce qui prouve au moins leur rentabilité assurée par le contribuable, chargées de protéger notre société des actes et paroles racistes. Enfin quand je dis protéger notre société, il ne s'agit pas de la société dans sa globalité puisque, semblerait-il à la lueur des nombreuses interventions médiatico-judicaires de ces officines que le racisme vis-à-vis des blancs, par exemple n'existe pas.

Mais j'aurais tort de limiter mon propos aux associations antiracistes, même si elles sont une de mes cibles préférées, car ce phénomène est loin d'être circonscrit à elles seules. C'est effectivement un phénomène médiatique et même politique et social auquel nous assistons depuis plusieurs années, allant sans doute en s'amplifiant. La dernière campagne présidentielle, la pré-campagne et même la période qui précédait nous ont effectivement montré que si dans notre pays, la liberté d'expression existait encore, formellement du moins, il n'était pas bon et bien de dire certaines choses, et en particulier la vérité. Nous avons pu, effectivement ces dernières années, voir la monté en puissance d'une gauche qualifiée par certaines de ses victimes d'olfactive ou de gauche-pince-à-linge. Evidemment ce n'est pas un courant de pensée, car derrière cela il n'y a hélas aucune pensée. C'est tout au plus un mode de rejet, comment le qualifier, allons-y pour pavlovien.

Alors comment fonctionne ce réflexe? C'est une réaction à un, deux ou trois stimuli, parfois combinés totalement ou partiellement, parfois non.
Le premier, bien qu'il n'y ait pas d'ordre de préférence est la contenu du message incriminé, mais objectivé à partir de critères simples: par exemple, ce sera une critique remettant en cause les merveilleux principes de diversité, de parité ou bien s'en prenant à certains aspects de la religion islamique. Ceci est inadmissible bien entendu.
Le second ce sera l'identité de la personne qui aura tenu certains propos. Dans ce cas, inutile de s'attacher au contenu car il ne peut-être que répugnant : ces personnes ce sont par exemple, Eric Zemmour, cible privilégiée, d'autant plus privilégiée qu'elle dispose encore d'un espace médiatique assez important pour s'exprimer, Elisabeth Lévy, Ivan Rioufol, Robert Ménard, Alain Finkielkraut, en fait ceux qu'on nomme pour plus de simplicité les néo-réacs. La liste se complète avec le temps, elle peut s'allonger mais on n'en sort que mort. Ce sont dernièrement Renaud Camus et Denis Tilinac qui ont bénéficié du soutien des Inrocks pour y faire leur entrée.
Le dernier stimulus est celui auquel est adressé le message : ça peut-être un collectif, comme les jeunes de banlieue ou un individu dont le caractère vertueux est souvent associé à son sexe ou sa couleur de peau : je pense ici, puisque c'est quand même un peu d'actualité à Christiane Taubira.
Alors évidemment si vous commettez une chronique sur une radio mettant en cause les dernières décisions ou projets de madame Taubira, si ces projets sont assimilés à du laxisme vis-à-vis de certaines populations délinquantes, et qu'en plus vous vous appelez Zemmour, vous êtes foutu. Vous aurez beau tenter d'expliquer que le sexe et la couleur de la personne en question n'a aucune importance et que c'est au contenu de sa ligne politique que vous vous en prenez, et même si n'importe quelle personne dotée d'un minimum de bon sens et d'objectivité, donc non atteinte de la pathologie décrite plus haut, pourra le confirmer, rien n'y fera : vous êtes un affreux raciste doublé d'un misogyne. C'est comme ça et il n'y a rien à dire.

Car c'est aussi une des caractéristiques de cette posture qui n'est pas une pensée, je vous le rappelle. Elle n'admet aucune argumentation. La classification est définitive et se caractérise par les qualificatifs suivants : pensée nauséabonde, qui sent mauvais, qui suinte, qui pue, qui fleure bon le Français de souche, répugnante, malodorante. Bref, en ces temps difficiles, si vous avez peur de perdre votre argent, n'hésitez pas, investissez ce qui vous reste dans la pince à linge, c'est un marché porteur. Bien entendu il peut exister quelques variantes pour ceux que les aléas de la vie auraient privés de leur sens olfactif ou l'auraient altéré. Ceux-là seront volontiers choqués ou heurtés face à un discours brutal, voir fascisant, tellement choqués qu'ils ne pourront bien évidemment pas émettre un seul argument.
Or, qu'est-ce que tout cela signifie? Quand le dialogue est rompu, quand la métaphore olfactive remplace l'argumentation, quand chaque phrase prononcée par quelqu'un du camp considéré comme adverse est rejetée sans appel, ça signifie le refus d'envisager la réalité telle qu'elle peut se présenter de façon la plus factuelle, ça signifie le refus d'accorder à ceux qui distinguent cette réalité le droit de s'exprimer. C'est la négation de l'autre. Ou alors quand la réalité s'impose vraiment, que rien ne peut être fait pour l'éluder, on la pare de fausses vertus ou encore on voudrait en faire une norme opposable à tous, donc interdite de critique.

 
Quelques exemples de l'une ou l'autre configuration.

Quand Zemmour affirme que la majorité des trafiquants sont noirs et arabes, c'est inadmissible car c'est faux. On ne peut pas le prouver alors que lui peut prouver le contraire, mais c'est faux quand même et on lui fait un procès. Il est d'ailleurs relaxé sur ce point particulier. Mais comme il est condamné en même temps sur un autre point, celui où il affirme le droit à la discrimination parce que, dit-il, la vie n'est qu'une suite de discriminations dans la mesure où en permanence s'opèrent des choix, on fait vite l'amalgame et la majorité des gens sont persuadés qu'il est condamné sur le premier point. Déni de réalité.

Quand une chaine publique diffuse un reportage accablant sur la nourriture hallal, ça ne pose pas initialement de gros problèmes sans doute parce que peu de monde a vu ce documentaire. Marine Le Pen reprend les conclusions de ce documentaire et c'est un tollé. On n'ira pas jusqu'à dire que le hallal est bon pour la santé, mais on dit tout de même que c'est faux ou que ce n'est pas un problème? Déni de réalité. Même si dans ce cas les choses évoluent assez pour que même le candidat Hollande évoque ce sujet en assurant de sa fermeté entre les deux tours lors du débat télévisé qui l'oppose à Sarkozy. Tout ça parce que la stratégie de déni est refusée par un nombre important de Français.

La victoire de François Hollande s'accompagne d'un déploiement impressionnant de drapeaux étrangers lors de la fête organisée place de la Bastille. C'est indéniable, tout le monde l'a vu au moins sur sa télé, sur internet ou en photos. Ceux qui légitimement s'en offusquent sont vite renvoyés dans leurs buts. Ils n'ont pas vu le drapeau français qui était au fond à gauche ou encore ils ne comprennent une manifestation de liesse de ceux qui veulent seulement montrer leur fierté d'avoir une double appartenance mais qui comme ils n'ont que deux mains et que l'une est déjà prise pour tenir la clope, ne peuvent pas prendre les deux drapeaux symbolisant leurs amours duales et laissent donc le hasard choisir pour eux l'emblème qui sera déployé. J'exagère sans doute un peu, mais je ne suis pas très loin de ce que j'ai pu lire et entendre ici ou là. Pas de déni de la réalité ici. Mais une interprétation de celle-ci selon ses fantasmes. Et ceux qui ne se plient pas à cette interprétation entrent dans la catégorie des racistes ou xénophobes qui n'ont rien compris à la richesse de la diversité.

Estrosi, maire de Nice et accessoirement ami de l'ancien président de la République, prend un arrêté municipal destiné à calmer les manifestations de "joie" un peu bruyantes lors de certains mariage et proscrit la déploiement de drapeaux étrangers lors des épousailles. Personne ne nie, même pas l'opposition qu'il existe des manifestations particulièrement bruyantes lors de certains mariages et de nature à perturber le voisinage. Mais le truc, c'est que cette même opposition en fait tout de suite un arrêt anti-maghrébins. C'est d'ailleurs intéressant puisque c'est elle, et non l'arrêt municipal ou Estrosi, qui relieте ces manifestations à certains membres de la communauté maghrébine. Dans ce sens l'opposition municipale va même au-devant de la réalité, mais pour condamner les mesures prises pour la modifier parce qu'elle toucherait essentiellement les Maghrébins. Parce que dans cette configuration, question de culture à respecter peut-être, la réalité devient acceptable et n'a pas à être corrigée. Tant pis pour le voisinage qui est sommé d'accepter, ou qui devrait en l'occurrence, ce qui est censé devenir une norme.

 
Ces quatre exemples ont évidemment un point commun que vous trouverez sans mon aide. Et c'est évidemment ce dernier qui chatouille souvent les narines des contempteurs de la pensée nauséabonde, les indignés professionnels qui à partir de quelques stimuli sortent non pas leur mouchoir, mais leur pince à linge. Une manière originale de faire progresser le débat et surtout de nous aider à trouver des solutions à un problème de société qui semble de plus en plus profond. Enfin, grâce à eux, le front national a de beaux jours devant lui. Bien évidemment ils s'en montreront émus, et émettront des protestations nasillantes à cause de leur nez bouché. A ceux-là s'applique fort bien cette maxime de Bossuet : "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes".

2 commentaires:

  1. j'ai été coincée une bonne heure sur la promenade des anglais à Nice dans la symphonie des youyous juchés sur des BM customisées et klaxonantes, le bouchon démarrait de la mairie bien sûr, est ce qu'Allah avait été prévenu?

    les drapeaux, ben il y a ticket chez Marius,"on"
    vient expliquer

    Zemmour? personne ne l'écoute et ne prend la peine de regarder "ça se dispute" su i Télé où son ami Doménach (Marianne) lui donne souvent raison (bel exemple de débat démocratique)

    Zemmour on le veut seul et on tape

    cette France part en c.... et la digue NS n'étant plus là pour phagocyter la haine et emboliser , le venin compassionnel antiraciste va atteindre les nappes profondes,

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  2. Récemment ils ont fait le coup (mariage) sur le périph parisien. Quand la police est intervenue ils n'ont pas compris parce qu'ils pensaient en avoir le droit. Faut dire qu'à force d'être soutenus ils en perdent les notions essentielles.

    Zemmour va être viré de RTL. Dommage j'aimais bien sa chronique. Mais les voix dissonantes vont être priées de se taire. Une ère nouvelle est arrivée.

    Sur les drapeaux de la Bastille quand on m'a demandé des explications en Russie, j'ai été bien embêté. Il y a des discours qui restent incompréhensibles à l'étranger. Osceola m'a fait part des mêmes réflexions. Nous voilà donc dans une nouvelle exception dont je ne pense pas qu'il faille être fier.

    Mais je pense que tout ça va mal finir. C'est déjà insupportable par certains au quotidien, d'une part de ne plus se sentir chez eux, et d'autre part de se faire accuser pour cela des pires choses; de n'avoir rien compris, d'être prisonnier de ses préjugés, d'être raciste, xénophobe, islamophobe. Ils finiront par passer à l'action.

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