Ces derniers jours, la presse de gauche, en fait une grande partie de la presse nationale française, traduisant sans doute une certaine fébrilité chez les socialistes qui après l'euphorie du premier tour et les estimations bidon qui ont ponctué la soirée ont dû se résoudre à l'éventualité d'une défaite le 6 mai, soit la 4ème consécutive, donc la presse de gauche s'est, faute d'arguments pouvant susciter un vote d'adhésion pour François Hollande, a misé sur l'insulte, sur l'injure faite au candidat de droite et à travers lui à tous ceux qui ont voté soit pour lui, soit pour la candidate du front national, ce qui représente tout de même largement plus de 40% des électeurs ayant déposé un bulletin dans l'urne dimanche dernier.
Effectivement il aurait été sympathique pour le PS et ses affidés d'entendre le candidat Sarkozy traiter les électeurs du front national de xénophobes, de racistes, de néo-nazis, pourquoi pas? Sauf qu'il ne l'a pas fait et a préféré s'adresser à eux avec empathie. Sauf qu'il a voulu prendre en compte la colère qui les animait et les préoccupations qui sont les leurs. Eh oui, car on ne laisse pas sur le bord de la route 18% de Français parce qu'ils accordent leurs voix au parti le plus à droite sur notre échiquier politique dont le programme sur l'immigration, la laïcité, la sécurité ressemble comme deux gouttes d'eau à celui du RPR d'il y a une vingtaine d'années. Car il est peut-être temps que la droite parlementaire se réveille, comprenne dans quel piège elle est tombé depuis 30 ans, qui lui fait perdre ses valeurs en même temps que les élections, et se sorte de celui-ci en commençant peut-être par un mea culpa vis-à-vis de ceux dont on a marginalisé les idéaux nationaux.
Mais il n'est pas dans mon intention de commenter plus que cela la stratégie du candidat de droite.
Je souhaite juste m'arrêter sur les insultes dont il fait l'objet ces jours-ci. Car on est passé du président des riches au président néo-pétainiste. Ce n'est pas une accusation, c'est une insulte. Reprise allégrement par nombre de relais, notamment sur la blogosphère, en mal d'imagination sans doute, mais en tout cas montrant quelle est leur vison d'une France apaisée. Et rassemblée.
Eh oui, car il est sans doute d'autres méthodes pour rassembler les Français que de les ramener 70 ans en arrière dans notre histoire, dans une des périodes les plus douloureuses de notre histoire qui a vu les Français se diviser et même parfois s'entretuer. 70 ans c'est assez près pour que toutes les cicatrices ne soient pas totalement refermées, même s'il reste fort peu de protagonistes de cette époque, mais c'est déjà trop loin que l'histoire ne le cède à certains fantasmes.
Et c'est donc pour cela que je conseille fermement à tous ceux qui se permettent de faire un amalgame entre Sarkozy et Pétain d'y réfléchir à deux fois. Car l'histoire peut être vacharde et renvoyer quelques crachats au visage de ceux qui, par ignorance, ou qui misant sur l'ignorance des autres, entreprennent, selon des méthodes que n'aurait pas réprouvées Staline, de salir une grande partie des Français à travers le candidat qu'ils ont déjà choisi ou qu'ils vont prochainement rejoindre.
Car même si les esprits formatés par une éducation nationale aux mains de la gauche n'ont pas toujours la possibilité d'accéder à toutes les réalités de l'histoire, et peuvent ainsi se fabriquer un monde passé et même présent où l'imaginaire et le fantasme occupent une large place, il ne manque pas tout de même d'individus, réfractaires aux diktats de la pensée que d'aucuns voudrait qu'on fasse nôtre, pour leur botter les fesses et participer à un processus de désenchantement du monde qui ne peut que leur être bénéfique.
Donc si certains veulent évoquer cette période, nous les accompagnerons, mais ne leur déplaise, en empruntant des voies divergentes.
Car quelques vérités sont bonnes à rappeler.
S'agissant de Pétain, il n'est pas inutile de rappeler que les pleins pouvoirs lui ont été livrés sur un plateau par la chambre dont l'élection avait vu l'arrivée au pouvoir du front populaire. Il n'est pas inutile de rappeler que sur 569 votants en faveur des pleins pouvoirs, 286 parlementaires ont une étiquette de gauche ou de centre-gauche, donc la majorité. Il n'est pas inutile de rappeler que sur 150 députés et 17 sénateurs socialistes, seuls 36 votèrent contre les pleins pouvoirs.
Ce qui permit à Blum (qui fit partie des 80 parlementaires qui vota contre) de déclarer : "Tel camarade qui, à mon entrée dans la salle, s'était précipité vers moi la main tendue, m'évitait visiblement au bout d'une heure. [...] De moment en moment, je me voyais plus seul, je me sentais plus suspect. Il ne surnageait plus que quelques débris intacts à la surface de la cuve dissolvante. [...] Le sentiment cruel de ma solitude ne m'avait pas trompé ; j'avais bien eu raison de me juger désormais comme un étranger, comme un suspect au sein de mon propre parti."
Même les (ex) communistes qui avaient dénoncé le pacte germano-soviétique, ce qui leur a permis de ne pas être mis à l'ombre, votèrent en majorité pour les pleins pouvoirs. Et on peut imaginer que si la mesure de salut public prise par Daladier de les empêcher de nuire n'avait pas été prise, les communistes auraient sans doute voté massivement pour les pleins pouvoirs à moins que Staline, mais on se demande pourquoi à l'époque, leur ait donné la consigne inverse.
Mais ça ne s'arrête pas là. Car en plus de voter les pleins pouvoirs, beaucoup de gens de gauche n'hésitèrent pas à participer activement à la politique de collaboration. Effectivement celle-ci ne fut pas l'apanage de l'extrême-droite, bien loin de là. C'est ce que constate Simon Epstein dans son livre "Un paradoxe français, Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance". On retrouvera donc des gens de gauche aux plus éminentes places dans le régime pétainiste, que ce soit au gouvernement, dans la diplomatie, à l'université, dans le journalisme, parmi les écrivains et artistes en vogue. (Je suis prêt à vous délivrer des listes au besoin. C'est leur longueur qui m'en empêche là).
S'agissant des communistes, en tant que parti ils n'ont pas (pu) fricoté(r) avec le régime de Vichy puisqu'ils étaient interdits depuis le pacte germano-soviétique. Les instances dirigeantes du PCF à Paris préférèrent donc dès juin 1940 s'adresser au bon dieu plutôt qu'à ses saints. Et c'est pour cela que la une de l'Humanité mettant sur la même page Sarkozy et Pétain ne manque pas de piquant, surtout quand on connait les négociations entamées par le PCF sous la coupe de Duclos, devenu n°1 en l'absence de Thorez pour désertion et trahison envers sa patrie, et réfugié sous les jupes de Staline, pour permettre à ce journal de paraitre officiellement.
L'Humanité, organe du PCF, était évidemment interdite de parution après la signature du pacte germano-soviétique. Il existait donc une Humanité clandestine mais qui fut très compréhensive et accueillante vis-à-vis des forces d'occupation en 1940. Ainsi peut-on lire dans un numéro paru en juillet de cette funeste année: " Les conversations amicales se multiplient entre travailleurs parisiens et soldats allemands : Nous en sommes heureux. Apprenons à nous connaître, et quand on dit aux soldats allemands que les députés communistes ont été jetés en prison et qu'en 1923, les communistes se dressèrent contre l'occupation de la Ruhr, on travaille pour la fraternité franco-allemande."
Mais plutôt que de continuer je vous invite à regarder le petit film qui suit et qui vous expliquera qu'il fallu que ce soit Staline en personne qui freine les ardeurs collaborationnistes de l'appareil central du PCF, et qui permet sans doute d'envisager sous l'angle de l'ironie cette "une" particulièrement lamentable.
bonjour
RépondreSupprimerédifiant!
Pour monter au cocotier il faut avoir la culotte propre
je n'ai pas vos talents en mémoire d'histoire vraie
je me contente du désespoir à entendre NS traîté en Pétain
vu le CV du Maréchal qui peut être peut porter à réflexion quand cet ancien de 14/18 doit se dire "tout plutôt que cette boucherie encore" mais qui par ailleurs s'agrémente surtout des ordonnances d'avril 40 et de leur suite connue
Si on n'a jamais lu ce genre de document évidemment on ne peut mesurer l'abîme de notre histoire du moment et donc mesurer la gravité de ressortir Pétain du tombeau chaque fois que possible concernant NS ,élu, et nommé ensuite par décret
c'est de la France dont on parle et qu'on vautre dans la fange
Pétain, ils devraient l'inscrire dans leur panthéon tellement il est utilisable.
RépondreSupprimerVous parlez de travail : Pétain is back! Vous encensez les valeurs familiales : Maréchal nous voilà! La patrie signifie quelque chose pour vous : Philippe forever!
Qu'est ce qu'ils auraient pu trouver s'il n'y avait pas eu Pétain. De Gaulle peut-être?
Reste que pour en arriver là, ils doivent avoir quand même des raisons de craindre.
vos billets font peur en bas et ça va pas tarder à énerver Mélanie
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