Le discours du candidat Sarkozy à la Mutualité dimanche soir fut bref. Bref et dense. En quelques mots bien placés il indiqua sa future stratégie sur le second tour en la plaçant sous le signe de l'amour de la France et en invitant ceux qui plaçaient cet amour de leur pays au-dessus de tout à le rejoindre. Il plaça la préservation de leur mode de vie au centre des préoccupations des Français. Et derrière ces termes on sait qu'il n'y a pas que l'emploi et le pouvoir d'achat, mais aussi et peut-être surtout, ce qu'on appelle volontiers le vivre-ensemble qui ne correspond plus guère dans les faits à vivre les uns à côté des autres. Et à ce niveau on sait qu'il existe des différences de vision entre la droite et la gauche, des différences importantes qui ne peuvent pas être départagées uniquement par des propos de campagne nécessairement concis et racoleurs. Un vrai débat existe qui n'a jamais eu lieu, qui aurait pu avoir lieu lors du débat du l'identité nationale auquel la gauche s'est dérobée préférant débattre sur l'opportunité du débat. Sarkozy a proposé donc à Hollande de débattre sur ce sujet essentiel, car il concerne notre avenir.
Mais il lui a proposé également de débattre sur l'économique et le social. Sujets connexes évidemment et qui intéressent les Français déjà sur le court terme. Les promesses de Hollande, ou plutôt les propos incantatoires par lui tenus au Bourget ont vite fait l'objet sur certains points de reculades. Il lui faut donc éclaircir sa vision et la confronter à celle du président sortant.
Et puis, bien évidemment, il l'a invité à s'expliquer avec lui sur l'international, sujet guère évoqué par le candidat Hollande et qui pourtant va lui tomber dessus très rapidement s'il est élu. G8, G20, sommet de l'OTAN sont planifiés dans les prochaines semaines. Il serait donc bon d'entendre le pourfendeur le la finance s'expliquer à celui qui essaie d'en maitriser les effets depuis 4 ans et qui sait que ces déclarations de guerre (minimisées dès le lendemain dans le temple de la finance internationale que constitue la City) sont soit des marques de l'humour du candidat socialiste, qui parait-il n'en manque pas, soit de vains coups de menton. Et puis, entre autres, on voudrait savoir quelle sera le futur de la France dans l'OTAN. Dire que sa place doit être réévaluée ne répond pas à la question. C'est clair.
Donc voilà 3 thèmes majeurs qui engagent la France et les Français dans l'immédiat et dans le futur. En débattre ne parait donc pas une idée saugrenue.
Tout de suite je précise que je comprends aussi que Sarkozy a des arrière-pensées, même pas voilées, et qu'étant en difficultés sérieuses, il abat ses dernières cartes dont celle su triple débat où il espère enfoncer son challenger.
Toujours est-il qu'il me parait facile de se camoufler derrière les intentions tactiques qu'on prête à son adversaire pour refuser de débattre sur les points évoqués. Eh oh, ce n'est pas un match de foot ou de tennis, on ne joue pas, on parle de l'avenir de la France et ses Français. Alors Monsieur Hollande, si vous avez le sens de l'Etat, si vous aimez votre pays, si vous êtes un vrai démocrate, vous devez vous attacher à ce que ceux qui voteront pour vous, et contre vous, le fassent en connaissance de cause. Je sais que vous avez un report de voix assuré car le réflexe pavlovien appelé parfois discipline va jouer à gauche, mais si c'est là-dessus plutôt que sur vos idées que vous espérez diriger la France, c'st un pu minable. Non? Ou bien êtes-vous tellement terrorisé par le Président que vous n'osez l'affronter hors du débat classique, lors duquel on ne débat guère, mais essaie plutôt de placer le bon mot qui doit faire perdre la face à l'autre. Est-ce donc ça la politique pour vous? Vous qui nous parlez de morale, d'éthique, de nouvelles pratiques, ne serait-ce que du verbiage pour les gogos d'électeurs? Pour ma part j'en suis persuadé. Essayez donc de nous prouver le contraire. Montrez-nous que vous être l'homme de la situation, que vous n'avez pas peur de la confrontation car vous n'allez pas en manquer dans les 5 années qui viennent si les Français par étourdissement vous portaient au pouvoir. Montrez-nous que vous n'être pas un couard, car nous n'avons pas besoin de ça pour diriger le pays. Montrez-nous que vous n'êtes pas ce dont vous qualifiait il y a peu encore celle qui vous succéda à la tête du PS. Montrez qu'aux petits calculs mesquins vous préférez le panache. Nous n'avons pas besoin pour diriger la France de quelqu'un qui singe Mitterrand à la tribune tout en gouvernant comme Guy Mollet.
Mais non vous allez vous entêter dans votre refus, je le sens. Encouragé par vos amis de gauche qui déjà se manifestent dans ce sens car eux connaissent vos limites, vos faiblesses et savent que vous ne faites pas le poids. Et pour vous justifier vous allez oser en appeler à la tradition. Vieille tradition, en effet, qui date de 38 ans, une paille, qui a été pratiquée 5 fois et même trahie une fois lorsque votre ami Chirac refusa, bien hypocritement d'ailleurs car ça l'arrangeait bien, de reconnaitre le choix des Français il y a tout juste 10 ans et qui plaçaient le vieux chef borgne en seconde position. Vous osez vous référer à une tradition qui n'en est même pas une donc, alors que dans le même temps vous nous parlez de changement. Curieux! Non, incohérent, et ça ça vous ressemble.
Ces débats pourtant seraient les bienvenus. J'ai en ai évoqué les thèmes. Mais au-delà il s'agit de convaincre du monde, beaucoup de monde. Car nos deux finalistes ne représentent même pas la moitié des électeurs, et juste un peu plus de la moitié de ceux qui se sont exprimés. Faut-il donc laisser celles et ceux qui ont bénéficié de leur suffrage décider pour eux, en fonction de calculs assez malsains et ne touchant absolument pas aux intérêts de la France. Car les perdants se sont déjà projetés dans ce que certains appellent le 3ème tour, c'est-à-dire les législatives et même dans les futures élections qui auront lieu dans 5 ans. Hollande gagnera peut-être parce qu'il est dans l'intérêt de Le Pen ou de Bayrou de voir Sarkozy perdre et l'UMP imploser. Le Pen pourra aussi miser sur une aggravation certaine de la situation sous la présidence de Holland pour gagner encore des voix dans 5 ans, pour apparaitre comme le dernier recours alors que la droite puis la gauche auront échoué à répondre aux préoccupations des classes populaires. Où est l'intérêt de la France là-dedans? On laissera donc, Hollande laissera donc, le sort de la France se décider sur des petits calculs électoraux. Vous me direz, il s'en moque s'il gagne. Oui, mais qu'il ne vienne plus nous bassiner avec ses discours moraux. C'est le pouvoir qui l'intéresse bien davantage que la France et les Français.
Nous devrons donc sans doute nous contenter d'un débat. Rien n'y sera débattu sauf très superficiellement chacun des protagonistes ayant à cœur de ne pas se rendre vulnérable vis-à-vis de l'autre et tentant en même temps de décocher la flèche qui restera dans les mémoires. Giscard avait ouvert le bal avec son "vous n'avez pas le monopole du cœur". De Gaulle qui n'a pas pratiqué cet exercice aurait pu en 1965 asséner à Mitterrand "tiens, vous ne portez plus votre francisque?". C'est ce qu'est ce débat: une tentative de mise à mort symbolique de l'adversaire qui tiendra lieu de confrontation des personnalités.
Et nous méritons peut-être mieux.
Re expat,je bascule sur ce blog,petits soucis techniques sur l'autre???
RépondreSupprimerUne petite chose amusante,un article du nytimes, où nôtre futur grand maître est comparé à un "wobbly caramel"
http://www.nytimes.com/2012/04/15/magazine/the-soft-middle-of-francois-hollande.html?_r=1
belle leçon d'objectivité pour nos journalistes tous médias confondus, l'article en dit un mot d'ailleurs ,pas tendre avec les nôtres....
Le père vedrine, jean, chef du secrétariat particulier de ce vieux maréchal, tu sais celui que gerra imite si justement :-), francisque No 2172......décidément je rigole beaucoup, je t'envoie un complément d'informations sur tout ce beau monde plus tard, tu va t'en délecter, miam....
j'ai encore reçu la semonce de Netino
RépondreSupprimerdiffamation, rien que ça, de qui on sait pas
si c'est vous qui avez republier, réussit, merci
But it’s also that Hollande provides a quainter and, for many, more comfortable vision of what a French politician should be.
RépondreSupprimerça c'est une phrase qui (nous) tue, si mes restes d'anglais me permettent de comprendre.
Demain si je n'ai pas d'inspiration je vais copier-coller un florilège des appréciations dur Hollande de ses grands amis.
Oui Cimabue, j'ai cette possiblité de rentrer dans les commentaires. seul moyen pour moi de commenter d'ailleurs. Censure ou pb technique? Mais ça a l'avantage que je peux y mettre n'importe quoi car il ne doit pas y avoir d'autre contrôle si le commentaire a déjà été accepté.