"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 14 avril 2012

Haro sur les journalistes



Cette campagne nous est présentée comme ennuyeuse. Mais par ceux qui justement ont fait en sorte qu'elle le soit, c'est-à-dire les journalistes. Ces derniers depuis des mois et même davantage nous présentent un président sortant battu à plate couture. Ce fut d'abord DSK qui devait nous débarrasser de l'ami des riches. Belle trouvaille quand on sait le rapport qu'entretient l'ex-directeur du FMI avec l'argent. Mais aussi quelle irresponsabilité de nous créer de toute pièce un challenger dont le public découvre avec fracas une vulnérabilité que les journalistes n'ignoraient pas, semble-t-il. Et s'ils l'ignoraient quel manque de professionnalisme! En tout cas, on ne remerciera jamais assez Nafissatou Diallo de nous avoir débarrassé d'un tel candidat, pas tant pour des raisons morales, qu'à cause des pressions qu'il n'aurait pas manqué de subir une fois en poste, qu'à cause de la possible honte dont il aurait pu couvrir la France. Mais bien évidemment c'est la tête haute, en détruisant même l'idole qu'ils avaient créée, que ces fameux journalistes nous ont immédiatement inventé un nouveau challenger. Bon celui-là il fallait qu'il soit propre sur lui, qu'il ne traine pas de gamelles. Hollande qui n'avait rien fait de sa vie, qui n'avait jamais exercé de réelles responsabilités, sa présidence du PS étant due justement au caractère pâlot d'un personnage incapable de nuire à aucun des grands responsables du parti, ferait bien l'affaire. Sarkozy restait donc évidemment perdant.
Bien évidemment à force de matraquage, à force de sondages nécessairement influencés par ce matraquage et dont on se demande comment après les grossières erreurs lors des campagnes passées, on peut encore y croire, une majorité de Français s'est persuadée que les jeux étaient faits. C'est tout juste d'ailleurs, il y a quelques mois encore, si le sortant figurerait même au second tour. Mais enfin il y a tout de même des limites aux prédictions auto-réalisatrices, et donc on en est revenu à un schéma plus traditionnel, plus crédible aussi, opposant un candidat de droite sortant à un candidat socialiste. Le premier devant néanmoins être nécessairement battu. Comment après tout ceci espérer une campagne intéressant des Français auxquels on a déjà annoncé le résultat final.
Voilà pour le premier point.

 
Mais au-delà de ce schéma général, il faut tout de même aux journalistes faire semblant de faire leur métier, donc de mettre en opposition les projets et les personnalités d'un certain nombre de candidats.
A ce niveau on peut dire qu'on n'aura pas été vraiment gâtés, tant en termes de pertinence sur les sujets abordés, qu'en termes d'objectivité. Par contre la manipulation de l'information reste de vigueur.

Les choses que j'ai pu lire ou regarder, toujours en différé, et notamment les interviews des candidats ont complètement négligé certains aspects que je considère comme essentiels pour la France. Je ne me souviens pas avoir vu grand-chose sur la politique étrangère, sur la politique de défense, la décentralisation, le syndicalisme qu'il faudra bien un jour réformer comme l'indiquent certains rapports et même agissements crapuleux, la santé, la justice et certainement d'autres choses que j'oublie. On a parlé d'éducation, mais jamais sur le fond, se bornant à des aspects purement quantitatifs. L'immigration, la laïcité, l'intégration se sont invitées dans le débat mais à cause d'événement dramatiques. Même sue l'énergie, sur le nucléaire, malgré un accord signé avec les écolos, on ne sait pas grand-chose, sinon rien du projet de Hollande. De fait on n'a pas parlé de grand-chose. Pourtant il me semble, mais peut-être me trompé-je, que c'est bien le rôle des journalistes, d'aller titiller les candidats sur ces sujets.
 
Mais là ce serait prendre un risque certain. Car on a bien remarqué que le candidat Hollande n'est pas très au point sur tous ces sujets et ne manque pas de contradictions déjà sur les sujets qu'il place au cœur de son projet. Contradictions sur lesquelles on est si vite passé que personne, et peut-être même pas l'intéressé en premier chef, n'est capable de savoir ce que seront la réforme des retraites ou la réforme fiscale. A part le fait qu'on prendra aux riches, sans définir ce qu'est un riche, ce qui permet une certaine latitude entre taxer sauvagement dès les classe moyennes, ou se limiter, juste pour le symbole, car ça ne rapportera absolument rien, les gens très fortunés, on ne sait rien. Que donc tout de même les pauvres, mais qui devraient tout de même se méfier car même pauvre on peut être le riche de quelqu'un, se réjouissent : des têtes symboliquement tomberont. Reste qu'en final, on ne sait pas grand-chose de ce qui se passera si Hollande, pour le malheur de la France, triomphe. On ne sait même pas avec qui il gouvernera: avec le front de gauche qui s'est fait une santé pendant cette campagne? Avec les verts qui ont négocié un accord mais qui ont mené une campagne lamentable? Pourtant c'est important ça, car vu la configuration du PS, vu les sièges de député promis aux verts, vu les sièges promis au MRC, vu les sièges qui seront promis au front de gauche ou aux communistes si la soupe fait éclater le mouvement, on devine qu'un Hollande président ne disposerait pas d'une majorité stable pour gouverner. Il serait donc honnête de dire aux Français, si par exemple, des rouges (même si selon Hollande ils n'existent plus en France) entreront au gouvernement et donc auront une influence sur la conduite des affaires. Mais là ne comptez pas sur les journalistes pour vous informer à ce sujet. Et surtout pas pour le demander à l'intéressé. Il ne faut pas faire fuir l'électorat centriste qui pourrait au second tour se reporter sur leur candidat.
Bien entendu alors que le bilan du président sortant sera sans cesse évoqué, en ignorant bien évidemment les points positifs qui ne peuvent bien sûr pas exister, on se gardera bien de considérer celui de son challenger, d'une part à la tête du PS au bord de l'implosion quand il en a quitté la présidence à l'issue de ce fameux congrès de Reims et de l'honnête élection de Martine Aubry au poste de première secrétaire, et d'autre part, à la tête du département de la Corrèze dont il a creusé le déficit déjà plus qu'important en augmentant depuis son arrivée les effectifs du conseil général de 54% ou en offrant aux nouveaux collégiens un jouet informatique, enfin un truc bien mieux adapté pour les jeux vidéos que pour les tableurs excel.
 
Et puis il y a la manipulation. La dernière victime en est Mélenchon. Le candidat du front de gauche, du fait de sa montée en puissance et surtout dans les sondages, fait de l'ombre à Hollande. Non seulement ses prestations mettent en évidence la personnalité insignifiante du candidat socialiste, et justifient au passage cette qualification mélenchonesque de "capitaine de pédalo", mais en plus, en lien avec ce que j'écrivais juste au-dessus, risque d'effrayer le centre. Il faut donc l'affaiblir. Et ces tous derniers jours, on a commencé à s'y employer. D'une part, en dévoilant un candidat trotskyste sympa. Il parait que sa prestation dans l'émission de la 2 a révélé le personnage. Sens de l'humour, sympathique, même cohérent ai-je pu lire. Bon, moi j'ai surtout vu quelqu'un de vulgaire, qui se moque du monde en se présentant à cette élection qui le fait ch…, et qui reste bien évidemment un trotskyste, donc un individu fort éloigné de la démocratie, un individu dont l'idéal serait de voir tomber nos institutions, mais qui reste juste pour l'instant un sympathique adepte des séquestrations de patrons. Mais peut-être que le côté sympa mis en exergue à souhait par les médias lui fera-t-il gratter quelques milliers de voix, au détriment de devinez-qui. La seconde manipulation est cette affirmation que Mélenchon est déjà quasiment hors campagne, en train de préparer les législatives et même de se trouver un point de chute pour lui. Donc puisqu'il s'estime lui-même déjà hors-jeu, pourquoi s'embêter à voter pour lui alors que le vote utile c'est, bien évidemment le candidat socialiste. Certes Mélenchon a démenti, mais la fausse info a été lancée et fera peut-être son effet.
 
Je ne sais donc pas si cette campagne aura été ennuyeuse, mais ce qui est sûr c'est qu'elle aura été relayée par les médias d'une façon totalement malhonnête.
C'est d'ailleurs ce que semblait vouloir dire très récemment Nicolas Dupont-Aignan, un des petits candidats nonistes, donc indigne d'intérêt, aux" journalistes" du Grand Journal de Canal+ quand il s'en est pris à ces éditorialistes ignorants des préoccupations des Français, mais toujours prêts à pontifier moyennant des salaires assez extravagants. Bien évidemment les Denisot, Apatie ou Massenet interrogés sur leurs salaires n'ont pu que cacher leur gêne, pas leur honte rassurez-vous, derrière une fausse indignation. Il faut dire qu'un Apatie à 47000 et une Massenet à 25000 euros mensuels, selon les chiffres qui n'ont pas manqué de suivre sur le net après leur refus, on le comprend, de divulguer des salaires très supérieurs à celui du président de la République, ça peut au moins laisser rêveur. Mais sans doute n'auront-ils pas manqué quand c'en était le moment de dénoncer ce scandaleux salaire que s'attribuait le chef de l'Etat en 2007.

3 commentaires:

  1. Salut expat
    Alors là, je dirais que vous venez pile de toucher le "point g " :-)
    Développer ce thème en profondeur prendrait de nombreuses pages de commentaires malheureusement...
    Je dirais ceci: en France, on vient il semblerait, de décider de supprimer l'histoire en terminale scientifique.... la blague du jour... comme disait un de mes grand pères,mieux vaut en rire qu'en pleurer
    Bref, vous amenez et analysez ce sujet, essentiel au vu de l'importance de la tv dans nôtre société et son impact sur les masses , de belle manière
    En effet, quelle catastrophe !!! L'on a plus à faire à des chroniqueurs qu'à des journalistes dont l'impartialité devrait être la marque de fabrique, pour voir des débats ou des séances de questions réponses fructueuses
    On en est très loin, remarquez, faites la liste des hommes politiques dont la compagne est journaliste...... je trouve cela extrêmement malsain en vérité
    Vous parlez de Dupont aignan, qui est loin d'être un imbécile, traité comme un candidat de 3 ème zone en effet.... ne parlons même pas de mlpen qui a droit à un traitement de défaveur
    Qu'a t'on fait pour mériter ça ???
    Ce qui m'agace le plus, cette complaisance face aux candidats d'extrême gauche, poutou qui a de l'humour pour pujadas,zavatta tant qu'on y est, et nôtre melanchon qui se prend pour un nouveau fouquier tinville alors là nos "journalistes " mouillent les couches , vaste farce et quel manque de culture et de recul historique, ce n'est plus du journalisme, c'est quoi au juste ?,sans intérêt définitivement, ras le bol, vous avez bien fait de quitter ce navire plus que vérolé
    Remarquez expat, pour 25000 patates mensuelles, ils ne sont pas très exigeants, pas les compétences ou les connaissances qui transpirent de ces rigolos, comme le titanic, on coule, enfin non, le bateau est déjà dans la vase.....

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  2. Salut JJ,

    les gens ils appellent notre système une démocratie qui rime bien avec crétinocratie. Abandon de l'histoire, comme tu le dis, abandon de la culture générale à SC-po et dans les concours de la fonction publique, décérébration programmée avec soit télé débile, soit infaux. Où sont les sociologues qui dénoncent cette évolution? Ah oui, j'oubliais, ceux qui ont pignon sur rue, ils participent au processus grâce à des études très sérieuses qui nous indiquent la pourriture de notre société, enfin celle d'avant car la purification des esprits est en marche.
    L'avantage que me procure mon éloignement que je n'ai pas accompagné d'une parabole me permettant de capter ces clowns est de me permettre de bien filtrer ce que je regarde via le net. Par exemple, si je regarde le grand journal (très, très rare) c'est à cause de l'invité, pas à cause des faux journalistes qui ne sont en fait que des animateurs de pacotille. Par contre, j'essaie de regarder chaque semaine, toujours avec bien sûr un ou deux jours de retard Zemmour et Naulleau sur Paris première et ce quels que soient les invités. C'est vraiment d'un autre niveau avec des échanges d'idées, trop courts à mon goût, mais qui éclairent au moins les choses.

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  3. d'ailleurs expat,j'en ai eu l'illustration récemment lors d'une émission de taddéi
    rioufol était invité,donc je me suis dit ok,ça devrait être correct,et paf,il s'est retrouvé bien seul,le reste du plateau aux miches,alors évidemment ça fausse toute discussion,seul contre tous c'est la situation compliquée ,même avec son argumentation qui est copieuse pourtant....
    et ensuite second invité que j'apprécie,alain bauer,et repaf,on nous sort un sociologue à peine sorti de la puberté qui lui a quasiment volé la parole
    je viens de voir aussi la vidéo de l'émission de ruquier,vous savez,ce "comique" porte parole du ps sur une chaine publique !!!! et là,très intéressant,Bercoff qui se fait emmerder par Pulvar miss montebourg,et Alévêque ce second grand "comique" qui s'y met lui aussi,à propos de l'affaire saucisson pinard
    mais avec bercoff ils sont quand même tombés sur un os comaque,il a du métier le type et il indique en plus avoir habité au liban pendant 20 ans,alors là le soufflé bien pensant a fait pffffffuuuuuu....amusant

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