On nous parle de campagne ennuyeuse plutôt que misérable, ce qui est d'ailleurs pire. On nous parle d'une campagne où les thèmes qui intéressent les Français ne sont pas abordés. Mais qu'est-ce qui intéresse les Français? La France ou leur gamelle à très court terme? La défense du pays, de sa culture, de la civilisation laquelle il appartient, ou la défense des 35 heures? La défense de l'industrie, ou celle ses avantages de grutier cégétiste au port de Marseille, même quand celui-ci aura cessé toute activité? Le retour à une bonne instruction publique disparue depuis au moins trente ans, ou la défense de la semaine de 5 jours pour ne pas avoir à se lever le samedi matin pour emmener la marmaille à l'école?
Je pourrais noircir sans doute des pages de ses questions pour constater in fine le caractère nécessairement absurde d'une campagne présidentielle et d'une campagne législative. Car s'il est du devoir des politiques de s'intéresser avant tout aux premiers termes de ces questions, il leur faut pour être élus ne les aborder que superficiellement pour se consacrer aux seconds. Car la démocratie repose sur cette ambigüité qui veut que les intérêts particuliers comptent au moins autant sinon davantage que l'intérêt commun. Evidemment on peut le comprendre : la grandeur d'un pays, la défense de ses valeurs sur le court terme ne garantissent pas le remplissage de la gamelle, l'achat du dernier I-phone, le téléviseur à écran plat dans chaque chambre afin que chacun puisse regarder le programme de son choix. Peut-on alors reprocher aux candidats de mener des campagnes d'un niveau médiocre dès lors que pour être élus ils doivent s'abaisser à écouter les exigences du dernier clampin de base, même si celui-ci n'a jamais travaillé, n'a jamais rien apporté d'autre au pays que sa misérable présence de parasite. Eh oui, on a évolué depuis la révolution et le vote censitaire, celui qui prenait en compte l'utilité publique des citoyens, faisant la différence entre les "actifs" et les "passifs". Tout ça n'existe malheureusement plus et désormais le vote de Tartempion, assisté notoire, ignorant absolument tout du fonctionnement des institutions, n'ayant d'autre préoccupation que la progression des minimas sociaux, vaut autant que celui de Trucmuche, honnête travailleur depuis toujours, payant des impôts pour que Tartempion puisse continuer à vivre en parasite, et soucieux de l'avenir de son pays. Mais j'exagère sans doute car il y a des variantes de Tartempion, il y a celui qui n'est qu'un parasite occasionnel, il y a aussi celui qui ne l'a pas fait exprès. Cependant tous à un moment ou un autre ont besoin de Trucmuche, l'éternel payeur. Et aussi, il faut le dire, le nanti quand même, surtout s'il gagne plus de 4000€ par mois.
Il faut donc ratisser large en campagne et s'interdire de trop mépriser Tartempion, surtout le prototype, sinon il ne votera pas pour vous, et en plus on vous accusera publiquement de vouloir opposer ce misérable Tartempion à ce brave Trucmuche, qui, au passage, le sont déjà, objectivement opposés, sauf qu'on demande à Trucmuche de la fermer à ce sujet sous peine d'être accusé de toutes les saloperies du monde, voire pire si Tartempion est étranger et musulman. On comprendra au passage qu'il est intéressant pour certains partis, dits progressistes, d'insister pour développer cet assistanat, de ne jamais demander de contreparties aux "droits" de Tartempion, déjà bien accablé par le destin qui l'a fait naitre là où il ne fallait pas, en banlieue en particulier, là où, parait-il se concentre la misère du monde malgré les milliards injectés depuis des lustres et en particulier par ce gouvernement, tandis que des petites villes de province tombent en ruine.
Car finalement, plutôt que de convaincre les électeurs sur des choses sérieuses, certains ont imaginé qu'il était préférable de se construire son électorat et de se concentrer sur ses revendications, fussent-elles au détriment de ceux qui ne font pas partie de la cible. Mais comme ceux-là on ne compte pas les rallier, alors on s'en fout quand même un peu, beaucoup. Un fameux rapport de Terra Nova s'adressant au parti socialiste en dira davantage que je ne pourrai en dire sur ce sujet. Pour cela, bien évidemment, il faut réussir à persuader les cibles qu'elles sont malheureuses, que le concurrent ne s'en est jamais occupé et qu'on fera bien plus pour elles qu'elles ne pouvaient le rêver. C'est ainsi qu'on voit le candidat du PS aller passer deux jours en banlieue, poussant même la témérité de prendre un train de banlieue, accompagné bien sûr de ses 20 gardes du corps et de son aréopage de campagne, ce qui occupe bien tout un wagon quand même, pour y prétendre que rien n'a été fait pour les banlieues, oubliant au passage les 45 milliards déversés depuis 5 ans. Faut dire que les problématiques sont changeantes. Au départ c'est l'environnement qui est la cause de tous les problèmes et une fois que l'environnement est refait à neuf, tout en risquant très vite de revenir à son état initial compte tenu du comportement de certains sauvages qui l'occupent, c'est le rejet des populations qui devient la cause de tout. D'ici à ce qu'on résolve ce problème, on pourra se remettre à se préoccuper de l'environnement dégradé. C'est le principe du mouvement perpétuel. Sans résultats.
L'angoisse de la découverte du RER
Tout s'est bien passé. Où a t-il aperçu un cassoulet?
Mais là je m'égare un peu, même si ces considérations peuvent expliquer en quoi la campagne électorale est médiocre, du moins en partie. Car évidemment d'autres causes peuvent être décelées.
Une de ces causes, et pas des moindres, est je pense, que pour au moins les gens qui sont un peu éclairés, qui sortent de temps en temps le nez de leur gamelle, la politique de la France se fait pour beaucoup ailleurs qu'en France. C'est la mondialisation, les marchés, et peut-être surtout l'Europe qui verrouille tout avec ses traités. On se rend compte d'ailleurs que sur certains thèmes fondamentaux ayant trait à l'économie et à la finance, les deux principaux candidats ne s'opposent guère, tant ils sont attachés finalement à cette Europe qu'ils tancent parfois, mais sans réellement y croire. Le plus dramatique dans cette affaire, c'est que l'Europe est parvenue à réduire la capacité politique des nations qui la composent sans pour autant être capable de s'affirmer elle-même dans les domaines essentiels. C'est le perdant-perdant. Mais c'est un autre sujet. Reste que je pense que sur des sujets essentiels, les politiques n'osent plus débattre, car ils connaissent leurs limites et savent que beaucoup les connaissent aussi, sauf ceux qui se présentent en candidats anti-système, c'est-à-dire ceux qu'on nomme populistes pour les discréditer. Mais on peut peut-être comprendre pourquoi certaines campagnes marchent mieux que d'autres ou paraissent moins ennuyantes. Sans que pour autant on puisse réellement envisager de sérieuse alternative.
Alternative car alternance a une autre signification. L'alternance, c'est un changement de têtes au pouvoir, enfin ce qu'il en reste. Ça permet à certains d'exister pour 5 ans, pas davantage quand on est de gauche. Heureusement! Mais pour l'essentiel, on sait que rien ne changera en profondeur, que les modèles existant ne seront pas fondamentalement bouleversés. Justement parce que d'autres rationalités s'imposent, justifiant certains virages idéologiques comme en 1983. On a compris finalement, après 14 ans de "règne" de Tonton accompagné et suivi de quelques cohabitations que les hiérarchies sociales sont stables.
Ce qui ne veut pas dire, bien entendu, que l'alternance ne peut pas s'accompagner de quelques catastrophes. Car pour exister il faut bien changer quelques trucs, ces quelques petites choses sur lesquelles on a parfois encore un peu de souveraineté à l'échelle du pays. Il y a eu en 81, par exemple, les retraites. Mais ça c'est fini, à quelques nuances près et malgré l'agitation de certains candidats dont l'un principalement qui d'une promesse est passé à quelque chose de véritablement incompréhensible. Dette et marchés obligent. Mais il reste quand même des choses qui ne coûtent pas ou peu. Financièrement parlant, bien entendu. Et donc dont les marchés se moquent. Il y a par exemple la laïcité, la sécurité, la nationalité, l'immigration, la décentralisation, la défense, l'éducation et encore d'autres choses qui ne sont quand même pas rien. Car elles déterminent l'avenir à long terme d'un pays, son influence dans le monde, son identité culturelle, ses valeurs humanistes, allons-y, bien que je méprise ce terme, le vivre-ensemble, ….
La campagne pourrait donc trouver quand même un peu d'intérêt en fonction de ces différents thèmes. Mais le problème, c'est qu'une chape de plomb a fini par tomber, imposée par les médias, et même par l'école. Il y a désormais des sujets tabous. Qu'un ministre de l'intérieur s'interroge sur l'islam ou sur la valeur comparée des civilisations et c'est le tollé qui implique un recul pour retrouver la bienséance, pour être dans les clous de la repentance et pour faire bonne figure à cet horizon indépassable qu'est la diversité. La chape peut néanmoins se soulever, un peu, rien qu'un peu quand un drame surgit, qu'un islamiste défouraille et assassine des enfants. On ne parle plus, momentanément du ministre qui a fauté, on demande même davantage de performance de la part des services de renseignement et de sécurité, même si on a voté contre toutes les lois leur permettant de mieux conduire leur action. On n'en est pas à un paradoxe près chez ces gens-là. D'autant plus que ces paradoxes sont tus ou à peine évoqués.
La campagne ne peut donc être qu'ennuyeuse. Et puisqu'on ne peut pas mesurer qui a la plus grosse, on se contentera de juger en bons spectateurs des petites phrases que s'adressent les candidats. Lequel enfoncera le mieux l'autre ou les autres? That's the question.
excellente synthèse
RépondreSupprimerj'aurais aimé savoir ce qu'on fait à l'échelle nation, UE, mondiale avec 50 ans de ressources pétrole et 2 siècles d'uranium, le gaz je ne sais pas
je vois les éoliennes pousser off shore et 10000 emplois
j'aimerais savoir si mon petit fils aura des enseignants capable de le faire accéder
j'aimerais savoir comment on va faire face à la dépendance
si on va passer le cap de cet abîme financier
ect...
aucun de ces candidats ne savent répondre, on sait juste que NS a une expertise de terrain planétaire, tant qu'à faire, autant le garder
Me demande s'il ne serait pas plus efficace Président de l'UE , tout ce joue là et une tripotée de somnolents me semblent dangereux à ce niveau
et de plus la souveraineté commence à se perdre en territorial, tout le monde fait ce qu'il veut et Hollande va renforcer la décentralisation! Le port de Marseille ne survivra pas, le LGV ne verra pas Nice puisque Marseille et Aix bloquent et se disputent
le grand bordel
les élections sont un temps de pédagogie politique à vision loin, je crois que c'est fini ça
Eh oui, on en est là. Pas de réponse aux sujets qui nous intéressent parce que les uns ne dépendent plus de nous, et les autres sont frappés par un certain nombre d'interdits qui impliquent des réponses farfelues.
RépondreSupprimerVous vous inquiétez de l'avenir scolaire de votre petit-fils? Pas de problème!Votez pour Hollande et ses 60000 postes en plus dans l'EN. Et si possible collez-le dans une ZEP pourrie. S'il fait partie des meilleurs de la faune, il aura une place réservée en prépa ou à Science-Po. Elle est pas belle la vie?
Le port de Marseille? Il va finir par fermer. Tant mieux, ça polluera moins. L'essentiel est que les cégétistes continuent à percevoir leur rente.
Figurez-vous que Sarko président de l'UE, j'y ai pensé. Mais c'est un poste où il fait être coopté, donc être inoffensif. Comme dans les vieux empires électifs. Donc c'est rapé.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe me permets de vous contacter car nous venons de lancer un débat qui pourrait sûrement vous intéresser, et je vous convie donc à y prendre part afin d'exprimer votre point de vue et faire progresser le débat :
60 000 postes dans l'éducation, faut-il en attribuer une part au privé ? (http://www.newsring.fr/societe/923-60-000-postes-dans-leducation-faut-il-en-attribuer-une-part-au-prive)
Quand François Hollande promettait, en septembre 2011, 60 000 postes de professeurs supplémentaires pour remplacer les départs des cinq dernières années, il n'avait pas précisé leur destination. Aujourd'hui, les directeurs d'école privées espèrent bien avoir leur part du gâteau.
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Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me recontacter.
Bien à vous,
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Jérémy
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