"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

lundi 23 avril 2012

Leçons et perspectives



Hier soir le "peuple" de gauche faisait la fête. On peut le comprendre. Après trois défaites consécutives aux présidentielles, deux aux législatives, après qu'on ait cru que le PS si mal dirigé par celui qui prétend aujourd'hui devenir président de la République allait sortir du paysage politique, cet espoir animé par une modeste première place de Hollande au 1er tour, car moins de 1,5% (on aura essayé de nous mentir jusqu'au bout), ce n'est pas dramatique après 5 années de matraquage en bonne et due forme, pouvait légitimement se manifester bruyamment dans les rues des villes françaises, et notamment rue de Solférino, dont j'imagine que les jeunes braillards qui se trouvaient là ne savent pas à quoi ce nom correspond..
Evidemment les perspectives de victoire définitive sont sérieuses pour celui qui fut tout au long de sa carrière antérieure raillé, surtout par ses camarades, à cause d'une physionomie bonhomme et d'un caractère affable et fade à la fois qui lui auraient ouvert un rôle de clerc de notaire sans avenir dans La Comédie Humaine. Même si finalement celui qui faisait figure de recours à l'incurie sarkozienne n'obtient qu'un résultat qui reste dans l'étiage traditionnel du PS.

Car la première leçon à retenir c'est que ce résultat reflète davantage un échec relatif de Sarkozy qu'une victoire de Hollande. Ce dernier n'emporte évidemment pas l'adhésion. Le personnage reste ce qu'il est, davantage objet de dérision que de ferveur ou même respect. Le vote en sa faveur est essentiellement un vote qualifié d'utile au profit de celui qui a le plus de chances de faire chuter l'homme supposément haï des Français. Et dans cette configuration l'échec de Sarkozy est bien sûr très relatif. Celui qui il y a quelques mois encore ne devait même pas figurer au second tour fait un score assez honorable, certes nettement inférieur à celui réalisé au premier tour de 2007, mais ce dernier était exceptionnel. Et il talonne son challenger. Ce qui est assez remarquable eu égards à la campagne continue de dénigrement qu'il subit depuis 5 années et même davantage. Campagne fondée essentiellement sur son attitude, disons légère, après sa victoire de 2007. Car pour le reste comme tout dirigeant, son passage à la tête de l'Etat comporte succès et échecs. Mais ceci on s'est bien gardé de tenter de l'analyser. Si les Français sortaient du superficiel et regardaient un tant soit peu comment notre actuel Président est considéré par ses homologues dans le monde, ils pourraient utilement relativiser. Car mis à part le premier ministre socialiste belge, qui doit se sentir bien seul en Europe, aucun chef d'Etat ou de gouvernement n'a manifesté de sympathie pour Hollande. Tandis qu'à l'inverse, les principaux dirigeants européens, le président Obama, les dirigeants chinois ou russes, enfin tout ce qui compte, ont marqué, ouvertement ou discrètement, leur préférence pour Sarkozy. Car une victoire de Hollande n'augure rien de bon en cette période de crise. Pour preuve, les marchés ont dès aujourd'hui montré leur inquiétude : les bourses européennes chutent, le taux des obligations à 10 ans de la France est passé de 3, 081% vendredi à 3,15% aujourd'hui. Avant même d'être élu, Hollande nous fait du mal.

La seconde leçon majeure qui peut être tirée de ce premier tour, quitte à casser l'ambiance joyeuse à gauche, est que la droite reste majoritaire en France. Ce qui constitue un motif sérieux d'espoir, peut-être pas pour la suite de cette élection, mais pour l'avenir. D'autant plus que 5 années de gauche ne feraient qu'élargir cette assise. Mais sans que pour autant les succès électoraux soient au rendez-vous. Car si j'ai parlé d'espoir, la concrétisation de celui-ci ne se réalisera qu'à l'issue d'une profonde réforme de cette droite.
Car la droite ce n'est pas la gauche. Truisme, bien entendu. Mais ici je n'aborde pas encore les questions idéologiques. A gauche, si on excepte, et encore, les trotskystes ennemis officiels de la démocratie, mais insignifiants en volume, les électeurs ne sont pas trop regardants. Il suffit qu'ils entendent le mot "gauche" pour que leur bas-ventre soit pris de picotements. Aussi peuvent-ils voter pour à peu près n'importe qui s'il se déclare de gauche. Et ça c'est facile, c'est comme pour devenir musulman, il suffit de faire une profession de foi. Même si les faits démentent cette dernière. Je ne parle bien sûr ici que de la gauche, car chez les musulmans, on est quand même plus regardant sur le concret. Donc selon un réflexe pavlovien, les gens de gauche auraient pu voter sans grands états d'âme pour quelqu'un comme DSK dont le libéralisme semblait le faire préférer par le MEDEF à Sarkozy, bien plus interventionniste. Mais peu importe, il disait qu'il était de gauche, donc… Ils voteraient même pour un tabouret à une patte pourvu qu'on leur dise que c'était, avant que les deux autres aient disparues, la patte gauche du siège.
Du moins ceux qui après 14 années de mitterrandisme, et 3 législatures, sont restés à gauche. Car les autres, les classes populaires essentiellement ont déserté la gauche et sont venu gonfler en grande partie les rangs de la droite dite extrême, et même un moment de l'UMP. Car Sarkozy avait réussi le tour de force de réaliser la synthèse entre les deux droites classiques, la droite populaire et la droite des affaires, appelées auparavant bonapartiste et orléaniste. Ainsi avait-il réussi à siphonner les voix du front national et à mettre ce dernier dans de grandes difficultés financières. Or, c'est vis-à-vis de l'électorat populaire qu'il a échoué. Pas tant à cause du chômage ou de la précarité qu'à cause des promesses non tenues en ce qui concerne le modèle français. Du discours qui lui faisait dire "La France tu l'aimes ou tu la quittes, du discours de Grenoble, à la réalité il y a eu un véritable fossé. Ni l'immigration, ni l'intégration des étrangers ou des personnes d'origines étrangères n'ont fait l'objet des mesures qu'on attendait de lui. Bref, ceux qui du fait de leur situation financière sont obligés de continuer à se sentir étrangers dans leur propre pays, ceux qui se sont éloignés par force des grands centres urbains et qui se sentent laissés pour compte alors qu'on déverse des milliards, à fonds perdus, dans les banlieues, centre d'attention des politiques, sont retournés vers ceux, plutôt celle, qui prennent en compte leurs problèmes et leur existence dans ses discours. Sarkozy a donc rendu au front national les électeurs qu'il lui avait volés, et même davantage. Car évidemment la situation de ces gens-là, notamment à cause de la crise, s'est aggravée. Ces gens-là sn moquent comme de leur première paire de chaussettes du Fouquet's ou du yacht de Bolloré. Ils sont moins alertés par la richesse insolente de quelques-uns, ça c'est un truc de bobos jaloux, que par le fait que des gens qui ne font rien, sifflent la Marseillaise, rejettent leur pays d'accueil ou même leur pays, vivent aussi bien qu'eux, voire parfois mieux et continuent en outre à être considérés comme des victimes, victimes du racisme ou de la xénophobie des Français de souche dont ils font partie et qui pourtant leur permettent de vivre par leur travail.
Tant que cet abcès ne sera pas percé, il n'est pas possible pour la droite se s'en sortir. Et c'est bien là-dessus que compte la gauche. En jouant sur de pseudos valeurs humanistes empêchant la droite dite républicaine, car cette expression suppose que le FN ne le serait pas tandis qu'on ne se pose jamais la question quand il s'agit des communistes et des groupuscules d'extrême-gauche, de prendre le problème à bras le corps, elle joue sur la division. Et avec un certain succès. Par exemple des sondages, mais doit-on les croire après toutes ces manipulations des esprits qu'ils pratiquent sous l'influence de forces obscures, disent que seulement 50% des électeurs de Marine Le Pen voteraient pour Sarkozy au second tour. Sans doute parce les autres ne lui reconnaissent pas les capacités de régler leurs problèmes et préfèrent donc rester dans leur isolement.

La droite doit donc et a même le devoir d'évoluer. De toute façon, si Sarkozy perd cette élection, ce qui n'est pas encore sûr, car l'homme a des ressources, bien davantage que son challenger, une évolution se produira forcément car l'UMP, erreur historique de Chirac à mon avis, explosera. Il faudra donc que la droite se recompose avec un regard nouveau vis-à-vis du front national.
Mais de cette recomposition je parlerai plus tard.

3 commentaires:

  1. je crois que le discours centré sur le problème des migrants et des multiculturalismes exaspérants ainsi que de la sécurité et des banlieues reste depuis fort longtemps au rang de discours

    un leurre qui servait à la droite pour garder le report des voix FN

    et du coup la gauche creusait son nid douillet au détriment de la droite pétainiste

    celui qui a enfin profité de cette chasse à la grenouille c'est le FN pendant que les bipolaires se faisaient peur

    on a une ébauche précise de la chienlit future, car il faudra regarder de prés cette extrême droite, recommencer à bosser et faire face à la houle exogène des marchés
    avec Mélenchon qui va faire son troisième round

    mais au fond ça devait arriver, peut être que MLP sur un siège à l'assemblée rendra visible ce qu'il y a derrière le FN et la collera devant ses responsabilités
    et si on pouvait se calmer ensuite et fusiller les médias gourmands de patakes, à midi Lucet nous avait invité Copé/Royal au 13h, je vous dis pas!
    des médias malveillants qui ne font plus leur job

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  2. Je pense que l'UMP va exploser. Un centre droit d'un côté, une droite ressemblant au RPR des années 90 et ayant sur les problèmes de société un vrai discours de droite. Dans cette optique, il ne faudra pas à cette nouvelle droite continuer à regarder le FN en chien de faïence. Le seul vrai moyen d'affaiblir le FN est de l'associer d'une manière ou d'une autre aux affaires. Tant qu'on en fera un parti paria, mais qui pourtant ne dis pas que des conneries quant à certains phénomènes de société (je parle ici ds diagnostics), il continuera à pomper des voies à une droite trop timorée. Sarkozy a effectivement réussi dans un premier temps par le discours à affaiblir le FN, mais derrière il n'y a rien eu de tangible. Il aurait peut-être perdu un peu au centre en agissant, mais gagné beaucoup plus sur sa droite. Et par ailleurs, il est nécessaire d'agir, sans quoi nos enfants et petits-enfants devront s'apprêter à vivre autrement.
    En Europe, des pays ont tenté l'expérience. Je ne sais pas si c'est un succès ou si ce sera un succès, mais en tout cas il n'y a pas eu de perte de démocratie en apparence, ni d'atteintes aux droits de l'homme. On ne se serait pas privé d'en parler.

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  3. il y a une idéologie d'extrême droite beaucoup moins visible que la fanfare rouge

    il faut une solide démocratie pour l'inviter à la table sous le lustre

    on ne voyait que le père, on ne voit que la fille, le jour ou Mégret a flambé Toulon il a sauté parce que trop visible pas parce qu'il avait instauré la terreur dans les quartiers et les claques

    perso je le sens mal tout ça

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