C'est ainsi que se nommait la vente annulée de documents et objets anciens se rapportant aux supplices et à la peine capitale du Moyen-âge à l'époque moderne et qui devait se dérouler le mardi 3 avril prochain.
Cette vente n'a pas été interdite mais les pressions diverses dont politiques ont été telles que l'organisateur a préféré au moins l'ajourner. Ce qui est intéressant c'est de comprendre pourquoi la vente a été annulée.
On peut réprouver en effet la torture, on peut être opposé à la peine de mort, mais sans toutefois ignorer que l'une et l'autre ont fait partie de l'histoire du monde, sans s'illusionner sur le fait que l'une et l'autre sont encore pratiquées dans plusieurs régions de la planète. Et donc, à ce titre, on ne peut nier l'intérêt historique des différents documents et objets présentés lors de cette vente et qui font partie aussi du patrimoine de l'humanité. Tout au plus aurait-on pu s'indigner de la dispersion d'une telle collection qui effectivement malmène l'intérêt historique de la chose. Mais non, ce n'est pas de cela dont il s'agit. Même pas sans doute non plus d'une répulsion pour la torture ou la peine de mort envisagées sous un angle historique, car sinon il faudrait interdire les musées traitant de ces choses ou supprimer les pièces présentées par d'autres. Non, ce qui a ému nos bonnes âmes, au point que cette vente fut même évoquée lors d'une récente séance de questions au gouvernement au sénat par un sénateur PS (le pauvre, il ne devait plus en dormir!), c'est l'individu qui a au fil des années construit cette collection dont il souhaitait qu'elle fût dispersée après sa mort.
Le créateur de cette collection était en effet Fernand Meyssonnier. Fernand Meyssonnier qui participa à l'exécution d'environ 200 individus entre 1947 et 1958 en Algérie. C'est en fait le dernier officiant d'une lignée de bourreau ou plutôt d'"exécuteur des sentences criminelles" puisque son père et lui-même préféraient cette appellation. On peut noter d'ailleurs qu'il officia essentiellement en tant que membre de l'équipe de son père et qu'il ne mena en tant que "chef d'équipe" que deux exécutions. Sa place à lui, c'était "photographe", celui qui tenait la tête de celui qui allait la perdre dans les secondes qui allaient suivre par les oreilles avant de la laisser tomber dans la corbeille prévue à cet effet. Voilà donc, un simple aide-bourreau la plupart du temps c'est ce que fut Fernand Meyssonnier.
Reste que par les raccourcis habituels on en fait désormais un boucher responsable de la mort de 200 personnes. Ainsi le journal algérien El Watan parle de "la vente aux enchères des instruments de torture appartenant à Fernand Meyssonnier, responsable de 200 exécutions en Algérie entre 1947 et 1958…" assertion doublement fausse parce qu'il n'est responsable de rien, je vais y revenir, pas plus que celui qui actionnait la guillotine et parce que les objets en vente, s'il lui appartenaient parce qu'il les avait acheté ici et là, n'ont jamais été utilisés par lui. En effet plus loin dans l'article El Watan parle "d'une partie des 350 outils utilisés par Fernand Meyssonnier et ses tortionnaires, pour la torture et la tuerie des Algériens durant la colonisation." Du côté des autorités françaises on est aussi outrancier puisque Frédéric Mitterrand demande l'annulation de la vente parce que "la collection concernée relève par sa nature plus de la morbidité et de la barbarie que de la culture, et soulève par sa provenance de douloureux questionnements historiques".
C'est d'ailleurs assez drôle que ce soit le neveu de celui qui est pour le coup en grande partie responsable de ces exécutions qui s'exprime ainsi. Car c'est bien François Mitterrand, celui qui allait plus tard abolir la peine de mort en France, , garde des sceaux pendant une partie de cette période, qui allait refuser de nombreuses grâces et donc permettre l'exécution de plusieurs dizaines de membres de FLN. Car ce n'est jamais le bourreau qui est responsable de la mort de ceux qu'il exécute, ce sont et le législateur et le pouvoir politique du moment. Le bourreau en ce sens, et conformément à l'appellation que revendiquaient Meyssonnier et son père "l'exécuteur des sentences criminelles". Mais il est vrai qu'il est plus simple d'aller taper post mortem sur le pauvre bougre qui actionnait la guillotine alors qu'il était appointé par l'Etat pour le faire.
Quant à l'Algérie, rien n'est assez bon pour elle pour taper sur la France. Car évidemment cette vente ne peut avoir, vue d'Alger que des relents néocolonialistes. On lit en effet dans le même article de El Watan "Des démarches auprès du gouvernement français doivent être entreprises dans ce sens. Rien que pour déjouer l'ignoble plan de ces lobbys néocolonialistes qui essayent par tous les subterfuges de raviver des haines enfouies. Que ces lobbys sachent que l'Algérie du cinquantenaire n'est pas celle de 1830".
Eh bien qu'ils se rassurent : ils ont été entendus. Le neveu du responsable de nombreuses exécutions de membres du FLN s'est exprimé. La vente a été annulée.
Et j'ai peine à croire que s'il s'était agi d'une collection Obrecht, nom de" l'exécuteur des sentences criminelles" à la même époque en métropole, il y aurait eu autant d'émotions exprimées et fondées sur le mensonge, car, je le rappelle, aucun des objets en vente n'a été utilisé en Algérie. Et vive la repentance!!!!
Salut expat
RépondreSupprimerBillet intéressant à plusieurs titres
Déjà meyssonnier, un personnage assez étonnant qui a exercé cette activité peu ordinaire, je ne peux que vous recommander la lecture de son livre, paroles de bourreau aux Editions imago, c'est le seul témoignage d'un aide de l'exécuteur en chef des arrêts criminels au 20eme siècle, en l'occurrence son père Maurice
Une de mes connaissances l'a rencontré chez lui il y a quelques années, meyssonnier lui a d'ailleurs fait une démo avec sa guillotine, il l'a filmée et ça calme, radical !!!
Je vous enverrai ça par mail ainsi qu'une émission radio qui lui est consacrée
Ensuite cette vente, une farce, à vue de nez, 90 % des objets sont des copies..... comme ce panier où étaient poussés les corps des guillotinés, je peux même vous dire qui l'a fabriqué, où et quand.....
Ne parlons même pas des épées de justice, idem, des copies...... meyssonnier l'avait confié lui même...
Bref rien de bien méchant mais néanmoins d'un véritable intérêt historique, pour le sujet uniquement
Mais voilà, crac, on prend les mêmes et on recommence ou quasiment, comme pour l'affaire céline, ouinnnnnnnn, les pleureuses rentrent en action, la vaste blague habituelle, une véritable manie chez eux....
D'ailleurs, ceux qui voudraient le voir comme un affreux raciste, je leur dirais juste qu'il avait épousé une tahitienne.... les cons.....
Je rigole en faisant une comparaison, hermann historica ,spécialiste de militaria nazi en allemagne, n'est jamais emmerdé avec de telles conneries, encore une exception gauloise....
Meyssonnier allait fleurir la tombe de lesurques tous les ans , guillotiné qu'il pensait innocent....
Un petit rectificatif expat
RépondreSupprimerIl existe aussi cet ouvrage "le carnet noir du bourreau " de jean ker, qui recueille les souvenirs d'andré obrecht, qui lui a été adjoint avant de devenir exécuteur en chef des arrêts criminels, 322 exécutions au compteur, de tête j'allais dire.....
Ce livre est épuisé depuis longtemps, on peut le trouver d'occasion, à des tarifs relativement élevés
Salut JJ,
RépondreSupprimermerci pour ces précisions concernant Meysonnier et sa collection essentiellement composée de copies, ce qui ne m'étonne guère, certains objets n'ayant guère vocation à traverser les siècles.
Certains musées regorgent effectivement de ces reproductions d'engins anciens qui dévoilent tout de même une certaine ingéniosité de la part de leurs concepteurs. Pour ma part j'ai visité le château de Bouillon (Belgique) d'où partit en 1096 la première croisade dirigée par Godefroy, futur et très éphémère roi de Jérusalem. Château-fort magnifiquement bien conservé d'ailleurs dont je conseille la visite. Ainsi d'ailleurs que celui de Sedan, le plus grand château-fort d'Europe, fief de la famille de la Tour d'Auvergne et qui vit naitre le futur Maréchal de Turenne. Donc une pièce ou deux de ce château de Bouillon sont consacrées aux engins de torture moyenâgeux, bien plus sophistiqués qu'une simple guillotine, sans que pour autant personne n'ait jamais songé à appeler au boycott de la visite du lieu. mais peut-être parce que c'est en Belgique. ceci dit on pourrait quand même reprocher à Godefroy de Bouillon d'avoir été un précurseur dans le massacre des Palestiniens, ce qui pourrait amener à infléchir certaines tolérances ;)
un bourreau, aide bourreau, fils de bourreau sait pertinemment la fascination que provoque les engins de torture de part les siècles, que croisait on dans les regards de la foule quand la guillotine oeuvrait en pleine lumière? pas seulement un devoir citoyen témoin d'une justice rendue
RépondreSupprimerpeut être collectionna t il ces engins de torture pour se convaincre qu'il y eut pire que la guillotine expéditive
le côté mercantile suit
l'histoire s'infantilise et se remanie dans la mémoire de ceux qui ne finiront jamais de demander des comptes à la France, cette unilatéralité à ne considérer que les victimes FLN, algériennes a de long jours devant elle
Jusqu'à imaginer ces reliques comme pièces à conviction et le bourreau comme un activiste OAS probablement, qui peut le plus peut le moins
Je ne veux pas faire de la psychologie à deux balles. mais d'après ce que j'ai pu lire, Meyssonnier n'avait pas une vocation de bourreau. D'autres choses l'intéressaient. il parait qu'il a même été tenté par les ordres.
RépondreSupprimerToujours est-il qu'il se retrouve à assister son père. Parcours assez classique si on considère les dynasties de bourreaux.
Qu'ensuite il ait voulu, inconsciemment peut-être, s'inscrire dans une continuité historique afin d'échapper à sa singularité est une chose possible. Je ne crois pas au côté mercantile puisqu'il a acheté et même constitué un musée donc sans intention de faire commerce. Ce qui est troublant c'st son souhait de voir cette collection dispersée après sa mort. Une autre façon peut-être de ne pas coller post mortem à ce passage de sa vie.
L'absurde ici c'est de s'en prendre au bourreau, parce qu'il a officié à un certain endroit en une certaine époque. Là-aussi, du côté français, c'est intéressant d'un point de vue psycho collectif. On retrouve la théorie du bouc-émissaire avec en plus une projection de celui-ci dans sa collection. Ce qui permet ensuite toutes les fantaisies historiques comme ce sénateur PS qui demande à Fillon en assemblée ce qu'il compte faire pour arrêter cette vente alors que ce sont ceux dont il hérite politiquement qui ont présider à ces multiples exécutions que de Gaulle arrêta. Inversion des responsabilités mais qui ne frappe pas grand monde puisque la gauche a réussi ce tour de force à présenter le colonialisme comme une responsabilité de la droite alors que c'est tout le contraire.
Et de l'autre côté de la méditerranée, on retrouve ces falsificateurs de l'histoire qui s'en donnent à cœur joie depuis 50 ans pour assoir leur triste pouvoir, sans que jamais personne n'ose répondre à leurs mensonges.
Évidemment expat, qui songerait à interdire les collections présentées dans des châteaux ????
RépondreSupprimerHeureusement que la bêtise ne tue pas, car au sein de certaines assos, la réduction d'effectifs serait brutale....
Car si on suit leur raisonnement à la lettre, pourquoi ne pas supprimer tous les musées présentant des armes dans leurs collection, musée de l'armée, de coëtquidan, musées du débarquement de Normandie et j'en passe, cela devient décidément absurde et nôtre ministre qui plonge à chaque occasion,risible
Est ce son rôle de décider de ce qui est moral ou pas ???
On a vu un truc amusant dans le style il y a quelques temps, la présentation de nôtre "rasoir national " au musée d'orsay
Qu'on le veuille ou non, c'est un objet du patrimoine national, et ces 2 guillotines qui étaient entreposées à la prison de la santé jusqu'à la mise à la retraite forcée du dernier exécuteur ,mr chevallier,avaient soit disant disparues et avaient été difficilement retrouvées dans un sous sol du fort d'écouen, quand même surprenant !!!!!!
Et là, badaboum, badinter qui apparaît, on dirait que ces engins sont sa propriété ,et qu'ils ne peuvent être présentés sans son aval ! Quand même bizarre non ?
d'ailleurs je le considère plus comme un abolitionniste de circonstances, on n'a pas dû l'entendre beaucoup lorsque degueldre ,piegts, dovecar et bastien thiry ont été fusillés......
À les écouter, bientôt on ne pourra même plus vendre une baignoire aux enchères, instrument de torture rue lauriston et dans d'autres officines :-)
Tout ceci est purement et simplement imbécile au final
Meyssonnier l'explique bien, il n'a jamais eu la moindre animosité à l'encontre des gens qui étaient guillotinés, ils étaient condamnés par des jurys et des juges, un point c'est tout, il n'était qu'un rouage de la machine judiciaire
RépondreSupprimerConcernant les fln exécutés, majoritairement des crimes de droit commun, très souvent atroces,
les victimes étant très souvent des femmes et des enfants
Il explique qu'il a "merdé " une fois, lors d'une triple ou quadruple exécution.je ne me rappelle plus , il a perdu son sang froid devant un individu au moment de la toilette, ce type se vantait d'avoir pris du
plaisir à massacrer une famille, dont une mère et ses enfants, résultat, il lui a serré les liens plus fort que d'habitude, est ce inhumain ????? Il est de ces questions difficiles à trancher......
De plus expat, il détestait la vue du sang, si si, véridique, comme quoi rien de simple dans ces sujets, problématique bien complexe, questions sans réponse
Bien évidemment, il s'agit encore une fois de s'auto flageller, on ne fait plus que ça ici