Asia Bibi, ce n'est pas une opposante à un régime autoritaire, ce n'est pas un prix Nobel de la paix, non plus. Et c'est sans doute pour cela qu'on n'en parle guère. C'est sans doute pour ça, qu'hier, journée internationale de la femme, alors que nos candidats à la présidentielle rivalisaient de déclarations d'amour et de respect vis-à-vis de la gent féminine, son nom, sont sort furent oubliés. C'est sans doute pour ça que nos chiennes des garde, peut-être trop occupées par de rudes combats visant à éradiquer le terme "Mademoiselle" de la langue française et à réformer une grammaire machiste faisant prédominer encore, et au 21ème siècle c'est une honte, le masculin sur le féminin, ne l'ont pas évoquée, à moins que tout simplement, et c'est sans doute plus vraisemblable, elles ignorent jusqu'à son existence. A moins que cet oubli soit à ranger, comme le refus d'étiqueter la viande hallal, dans le rayon du refus de stigmatiser les musulmans.
Donc loin de la pensée, loin des préoccupations d'à peu près de tout le monde, et surtout des fameuses gens qui comptent, qui forment l'opinion, faut d'aider à la construire par une véritable information, Asia Bibi aura passé une 3ème journée internationale de femmes au fond d'une geôle en attendant la mort.
Pour ceux qui prendraient le train en marche ou qui auraient oublié, tant il est vrai que l'actualité est riche, Asia Bibi est une Pakistanaise d'une quarantaine d'années, mère de 5 enfants et qui possède un lourd handicap, en plus de celui d'être femme en terre d'islam : elle est, en effet, chrétienne. L'histoire qui lui est arrivée est la suivante. Un beau jour, ou plutôt un jour très chaud de 2009, il fait plus de 40° à l'ombre, alors qu'elle effectue des travaux dans les champs avec d'autres femmes, musulmanes elles, elle a commis le sacrilège, selon un de ces femmes de se désaltérer au même puits et surtout à la même timbale qu'elles. Interpelée donc par cette charitables musulmane préférant voir sans doute mourir de soif une chrétienne plutôt que de lui laisser boire de l'eau à partir du même récipient qu'elle, Asia Bibi réagit en lui disant que le prophète ne serait sans doute pas d'accord avec elle, et que d'ailleurs il lui était déjà arrivé de partager la vaisselle de musulmans sans que ces derniers s'en offusquent. Mais seulement voilà, interpréter les pensées du prophète, surtout quand on est femme et chrétienne, non seulement ça ne se fait pas, mais c'est considéré comme un blasphème. C'est donc charitablement que les femmes qui travaillaient dans les champs avec Asia Bibi sont allées la dénoncer au mollah du coin qui a déposé une plainte pour blasphème. Et comme au Pakistan le blasphème est réprimé par une loi de 1986 et passible de mort, c'est donc tout naturellement qu'Asia Bibi est condamnée à être pendue en novembre 2010. Mais comme elle a fait appel de sa condamnation, elle est désormais en l'attente d'un nouveau procès sans cesse différé car la situation est délicate. D'un côté, le gouvernement d'Islamabad ne peut pas ignorer les réactions qui pourraient survenir au niveau international en cas d'exécution de la condamnée. D'autre part, un acquittement ou un amoindrissement de la peine équivaudrait pour celui qui oserait prononcer un tel verdict à une condamnation à mort pour lui-même. Car, jusqu'à présent, les deux seules personnes qui ont osé prendre la défense d'Asia Bibi au Pakistan, à savoir le gouverneur musulman de la province où se sont déroulés les faits et le ministre catholique des minorités religieuses, ont été assassinées pour ce motif. On ne voit donc pas quel juge pourrait remettre en cause cette condamnation à mort. Pas mal de monde espère donc qu'elle aura la bonne idée de mourir pendant son incarcération et avant le procès en appel, ce qui arrangerait bien du monde, et notamment les chancelleries occidentales qui se sont émues de l'affaire parce que ça leur éviterait d'avoir à tenir des propos stigmatisants à l'égard des musulmans. Sinon on aura quand même du mal à éviter la corde pour la malheureuse.
Il faut noter que les condamnations pour blasphème au Pakistan sont fréquentes et touchent d'ailleurs chrétiens et musulmans, mais que le cas d'Asia Bibi est assez emblématique, car c'est la première fois qu'une femme est condamnée à mort pour cette raison. Ce qui explique pourquoi on est quand même au courant de cette affaire, ce qui explique pourquoi, même en faisant pourtant des efforts de non stigmatisation, on ne peut pas facilement ignorer qu'au nom de la religion islamique, au Pakistan, mais aussi dans d'autres pays, on tue des gens en toute légalité.
Dans l'affaire Asia Bibi, on ne peut donc se reposer que sur un mouvement de soutien international, au moins pour lui éviter une mort par pendaison. Or, il aurait paru logique que le 8 mars, journée internationale de la femme, soit le moment idéal pour rappeler aux autorités pakistanaises qu'on ne lâchait pas l'affaire. Ce fut pourtant le silence qui domina. Et on peut se demander pourquoi.
Soit on s'en fout, ce qui est une possibilité. Soit on pense que, puisque les civilisations sont égales, la manière de traiter les blasphémateurs en terre d'islam est aussi honorable que nos principes laïcs, tiens.
Soit on ne veut pas stigmatiser nos musulmans qui n'y sont pour rien, eux, dans tout ça. Car il ne faudrait pas faire des amalgames tout de même, et réveiller l'hydre islamophobe. Il faut au contraire comprendre que grâce à la très bonne intégration des musulmans en France, que grâce à leur pleine adhésion à nos valeurs républicaines et à la laïcité, il n'est pas question de remettre en cause le fait que ce genre de situation les révulse autant que ceux qui auraient une autre religion ou n'en auraient pas du tout. Et donc pour éviter tout amalgame et pour éviter d'altérer notre compréhension de ce qui précède, mieux vaut être discret sur l'affaire. D'autant plus, et ce serait paradoxal, que parler simplement des faits pourrait stigmatiser, en même temps que la communauté musulmane, ce pauvre gouverneur assassiné pour avoir pris la défense d'Asia Bibi.
Et donc pour tout cela, il faut évidemment nous garder de toute analyse critique vis-à-vis de l'islam. Oublier que le sort des chrétiens en terre d'islam est partout déplorable, et c'est un euphémisme. Oublier que la femme conserve là-bas un statut de mineur. Croire que transplantée chez nous cette religion peut changer. Croire qu'il peut exister un islam de France ou européen.
heureuse de votre billet
RépondreSupprimerau début où le net se scandalisait j'ai même lu "vous comprenez le peuple musulman tient à ses préceptes et ces femmes autour du puits sont profondément atteintes par la transgression d'Asia"
oserai je encore m'énerver de ce paradoxe, nous faisons tapis rouge à un certain islam auquel il n'est pas certain que nous ayons le courage de signifier que leurs textes religieux condamnent Asia et d'autres, chrétiens, femmes adultères...
l'argent n'a pas d'odeur et marcher sur des oeufs pour ne pas embraser le géopolitique devient un sport de haut niveau
le pire est que je suis la première à me conforter avec les musulmans français "modérés,moi je dis bêtement normaux et loin des textes , mais ces textes sont et les observer à la lettre peut devenir dés demain une sorte d'inquisition...sur notre sol
mais que les féministes continuent à taquiner le politique sur des conneries internes
et surtout oublier Asia
Salut expat
RépondreSupprimerMerci pour ce billet, car aussi invraisemblable que cela puisse paraître à nos yeux, cette sale affaire illustre parfaitement ce que génère de nocif une telle religion appliquée de façon arbitraire ,mais peut il en être autrement ??? La question....
Ça me fait penser à quelques français, belges, americains actuellement en Iran, occupés à prendre des cours religieux , qui vont rentrer bientôt, et qui, ils le disent eux même dans ce mini documentaire, vont se transformer en "missionnaires " de l'islam et nous prêcher la bonne parole , aïe aïe aïe..... et à les entendre, très offensifs en paroles c'est peu dire...
Bon, la dcri doit les avoir dans le collimateur mais quand même....
Alors évidemment, quand une duflot peine à avouer aimer le grouic avec des patates ,cette femme et ce drame annoncé, passeront au second plan, pas bon pour leurs salades nocives....
Les priorités morales ont changé en France.... incroyable.... de ces silences malsains, même ns a l'air silencieux alors qu'il devrait hurler halte !!!
D'ailleurs, le pakistan, véritable nid de serpents avec la bombinette qui fait boummmmmmmm, pas rassurant, me souvient de leur responsable des services secrets avec ses lunettes de soleil...... sale gueule ce type, plutôt tolérant avec les talibans..... et oussama qui se la coulait douce, pas plus surpris que ça, les amerloques s'en sont occupé, bon débarras..... gros contentieux entre eux remarquez
Je regardais récemment les photos de nos cimetières en Algérie, cataclysme sur les sépultures, des ordures.... alors évidemment, je dirais à nos amis politiques, des faux culs j'en ai vu mais vous êtes une synthèse pour reprendre bernard blier.....
Chrétiens d'egypte, d'irak, même combat
Tristesse.....
Je vais vous faire une réponse collective.
RépondreSupprimerLà où le bât blesse, c'est que quand on se refuse à stigmatiser les musulmans, on considère ces derniers comme un somme d'individus, mais non comme une masse collective.
Bien que n'étant pas du tout porté sur la chose religieuse, n'ayant reçu aucune éducation dans ce domaine, je pense ne pas me tromper en disant que la grande différence entre le christianisme et l'islam, est que dans le premier cas l'individu est seul face à son Dieu (c'est le principe de la confession qui introduit la notion de responsabilité individuelle), alors que dans le second cas c'est affaire de communauté, cad que ce n'est pas dans un rapport entre Dieu et l'individu que la chose se situe, mais entre l'individu, qui de fait n'existe plus et la communauté des croyants. Chacun est davantage responsable des autres que de soi-même, étant soi-même sous le contrôle des autres, et avec donc un climat qui doit sans doute être proche de la société stalinienne, et avec les mêmes conséquences : espace privé réduit au minimum, surveillance permanente, délation, sanction. C'est à ce titre par exemple, que même en France, un arabe évitera prudemment de casser une croute publiquement pendant le ramadan aux heures interdites, même s'il n'est pas croyant, sous peine de se faire éventuellement tabasser.
Ce qui veut dire que l'islam n'a pas vocation à se séculariser, que ses manifestations chez nous sont atténuées par ce qui reste de la rigueur de la loi et de la laïcité, mais comme cela s'estompe au nom de la tolérance, de la non-stigmatisation et de complicités venant d'une gauche considérant l'islam comme la religion des opprimés (on rejoint encore l'analogie avec le communisme - avec un dieu), cette religion gagne du terrain dans son expression publique.
La norme c'est ce qui se passe au Pakistan, en Irak, en Egypte. Pas ce qui se passe chez nous et qui évoluera nécessairement vers cette norme si on n'a pas le courage d'y mettre un terme. Le comprendre et l'admettre, cesser de parler de religion de tolérance, de paix et d'amour, constituent les premiers pas à accomplir pour y parvenir.