"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 24 juin 2010

Villepin : entre escroquerie et populisme




Avant d'entrer dans le vif du sujet, je dois avouer qu'en 2003, comme beaucoup d'autres j'ai été suffisamment impressionné par le discours de Villepin devant le conseil de sécurité de l'ONU pour penser que cet homme avait peut-être un destin politique. Il faut dire que son discours avait de la gueule et qu'en même temps je ne voyais pas de personnage d'envergure capable de représenter la France dans un avenir proche. A cette époque je n'imaginais pas encore Sarkozy succéder à Chirac ni un autre d'ailleurs. Villepin était donc une possibilité sérieuse. En le nommant premier ministre Chirac a sans doute anéanti ses chances en révélant un homme qui n'avait finalement pas la carrure d'un véritable homme d'Etat, dissimulant mal son manque de vision et de fermeté derrière des discours devenus pompeux.
L'homme ensuite semblait être voué à l'oubli. N'ayant jamais (osé ?) affronter les électeurs, il ne disposait d'aucune tribune pour se faire entendre, pour montrer sa différence. Et c'est là qu'intervient Sarkozy en lui offrant une tribune inespérée avec le procès Clearstream. La haine de Sarkozy vis-à-vis de Villepin relance de fait le personnage. La haine de Villepin vis-à-vis de Sarkozy deviendra le moteur de son retour politique qui l'amène aujourd'hui à lancer son mouvement.

 
Donc, le 19 juin dernier, Villepin a lancé son mouvement « République solidaire » destiné à rassembler large. Car il s'adresse s'adressant à ceux de « droite, du centre, de gauche, les gaullistes, les libéraux, les socialistes, les communistes » ainsi qu'aux "orphelins de la République". Du moins ceux qui s'estiment tels. Ce qui néanmoins a permis lors de ce premier rassemblement de voir communier le XVIème et la banlieue. Il faut dire qu'il y en a pour tout le monde chez lui. Que vous soyez de gauche, de la droite la plus libérale, de la banlieue ou des beaux quartiers, vous trouverez ce qu'il vous faut chez Dominique. Et c'est peut-être ça qui devrait inquiéter. Car derrière un discours qui se veut rassembleur il n'y a pas de vision pour la France. Rien qui puisse faire vraiment vibrer. Alors chacun dans le discours fleuve de Dominique trouvera quelque chose pour lui, mais tous rassemblés ne trouveront certainement pas ce qui pourrait les unir. A moins que l'anti-sarkozysme ne soit devenu le nouveau trait d'union.

 
Car le discours de Villepin est pour une large part centré sur la dénonciation du sarkozysme. Si jamais il ne cite le nom de son ennemi, l'ombre maléfique de ce dernier flotte sur l'assemblée. "Nous n'acceptons pas les dérives du débat sur l'identité nationale", "nous n'acceptons pas les petits jeux tactiques de l'ouverture", "nous n'acceptons pas qu'un gouvernement se lance dans une fuite en avant sécuritaire et que le karcher tienne lieu de politique". "Le rendez-vous présidentiel de 2007 a été une occasion perdue de dénouer le drame des divisions françaises".

 
Mais au-delà de l'expression de la haine pour Sarkozy, Villepin fait des propositions. Il s'adresse à chacun en particulier.
 
  • Aux jeunes, en voulant imposer un pourcentage minimum de moins de 25 ans dans chaque entreprise de plus de 500 salariés.
  • Aux patrons,  en faisant  baisser le cout du travail et en supprimant les 35 heures.
  • Aux riches, en supprimant l’ISF
  • A ceux qui n’aiment pas les riches en supprimant le bouclier fiscal (qu’il a lui-même instauré).
  • Aux Allemands en ciblant la baisse des dépenses et en augmentant la fiscalité, y compris celle de l’épargne..
  • Aux nationalistes en condamnant la réintégration de la France dans les structures intégrées de l’OTAN (ce dont il fut un des acteurs)
  • Aux étrangers ou Français d’origine étrangère en proclamant "Notre mémoire ne se résume pas à nos ancêtres les Gaulois", "sortons d'une politique des banlieues encore empreinte de réminiscences coloniales"
  • Aux profs en sanctuarisant les budgets de l’éducation, de l’enseignement supérieur de la recherche.
  • Aux écolos, en liant l’écologie au progrès social.
 
Il y en a donc pour tout le monde. Mais Villepin sait de quoi il parle. Car il connait la France. Il a voyagé dans l'hexagone et a rencontré des gens et même des cochons. "L'humiliation des ouvriers", "l'angoisse des mères", "le désespoir des agriculteurs", "la colère de ceux qui vont devoir payer pour une crise dont les responsables s'en tirent toujours à bon compte", des "Français exaspérés", "la crise qui a ruiné les Etats", "les salaires qui se creusent", "un monde de déséquilibre" ou les "puissances émergentes accumulent le capital et nous le dilapidons", la France qui devient une "puissance secondaire"... Il a vu tout cela en sillonnant la France.

 
Tout cela est beau, séduisant, dit avec emphase sous les acclamations des bourgeois et des jeunes banlieusards qui se souviennent que Villepin était contre la guerre en Irak. Ça ferait presque oublier que l'homme a déjà exercé le pouvoir quand il n'en a pas été très proche. Et que finalement on aurait peut-être aimé qu'il se donne la peine de faire connaissance avec la France à ce moment là.
Villepin semble oublier qu'il fut secrétaire général de l'Elysée de 1995 à 2002, surtout quand il veut "des ministres qui ne soient pas aux ordres des conseillers politiques de l'Elysée sans légitimité politique". A droite, beaucoup se souviennent de la dissolution 1997, son œuvre à lui qui ne fut jamais élu.
Il semble oublier qu'il fut ministre de la République de 2002 à 2007, aux postes les plus élevés (affaires étrangères, intérieur, premier ministre) et qu'il a œuvré pour la mise en place de choses qu'il dénonce aujourd'hui, voire en a été l'initiateur.
La réintégration dans l'OTAN était prévue de longue date. Ça faisait bien longtemps que les états-majors des armées s'y préparaient parce que ça ne se fait pas comme ça un tel changement.
Le bouclier fiscal a été mis en place par lui quand il était premier ministre. Certes, il était à 60%. Sarkozy n'a eu qu'à le porter qu'à 50.
Sans parler de toutes ces mesures qu'il propose mais dont on n'a entendu mot quand il était décideur.

 
Alors M. de Villepin. Amnésique ou imposteur ? Visionnaire ou démagogue ? En tout cas pas gaulliste.

2 commentaires:

  1. avant de l'entendre je me persuadais d'une stratégie de maintien à droite en 2012 par report
    (si on passe à gauche on est mort)
    maintenant j'entrevois que, présidentiable il ratisserait à gauche avec son discours minable au dessous de la ceinture et amnésique comme vous soulignez
    alors, je ferme et ne me pose plus de question: ce type est brisé sans avoir existé et prêt à tout, également à se tirer une balle dans le pied pourvu que ça emm...NS
    Son égérie est pas mal non plus, 5 minutes dans un bureau et on saute par la fenêtre avec sa voie de crécelle
    Je me surprend aux attaques minable moi aussi, que voulez vous, va falloir jouer petit en cette France perdue

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  2. Du vent. Soufflé en effet par une bouche emplie de la haine d'un seul homme.
    vendredi soir arrive : je vais une fois de plus tenter de fourguer mon drapeau sur le trac histoire de faire chier les socialo-cocos pdt 2 jours...!Ollé! Ouvre toi aussi un blog avec une noiuvelle adresse mel. Sinon tu me files ton billet et je le publie sur mon truc. Si j'arrive à me glisser bien sûr sur le râtelier à conneries di BDO.

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